Le double discours de Joachim de Flore
p. 307-327
Texte intégral
1S'il est un nom et une œuvre abondante (une dizaine d'ouvrages) qui répondent à l'intitulé de ce colloque, c'est bien celui et celle de Joachim de Calabre, d'abord cistercien, originaire de la localité de Flore (francisé en "Flore") dans la seconde moitié du xiie siècle.
2A condition de ne pas les assimiler hâtivement et totalement à des termes par Joachim lui-même contestés : ceux de "mi millénarisme" et de "prophète" auxquels pourtant son nom et son œuvre reste rattachés, de par la tradition du moins, ou par l'institution officielle (manuels, encyclopédies, dictionnaires, monographies...).
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3Au regard de la double perspective énoncée par l'intitulé de ce colloque, intitulé à double sens, réversible, apocalyptique et eschatologique, il conviendra d'être prudent et aussi mesuré qu'est dans la réalité, la pensée joachimite heureusement réévaluée et considérablement affinée ces vingt dernières années dans le cadre du puissant renouveau des études consacrées au mystique et à l'exégète calabrais, seule appellation - cette dernière véritablement reconnue par l'ensemble de la critique et de l'Eg1ise.
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4En effet, en dépit de brillants essais du type des deux tomes du Père H. de Lubac1, le nom de Joachim de Flore ne laisse pas encore de faire problème si l'on songe à l'attitude très critique d'un Renan à son égard qui, dans un article célèbre de la Revue des deux Monde. de 18862, minimisait son influence, la portée de sa doctrine, noyant sa figure dans un faux éloge du soi-disant "prophète" ; ou, plus proche de nous, si l'on prend en compte l'étrange silence manifesté à l'égard de Joachim par le Pape Jean-Paul II, en 1984, à l'occasion d 'un voyage de célébration effectué en Calabre,3 terre de saints, de mystiques et de prophètes s'il en est (Joachim lui-même au xiie siècle, Saint François de Paule au xve siècle, Telesio au xvie, Campanella au xviie jusqu'à Padre Pio à notre époque) ; silence confirmé deux ans plus tard en juin 1985 lors d'une audience accordée à des fidèles calabrais, à Saint Pierre de Rome.
5Silence qui, à l'époque, ne passa pas inaperçu, tant s'en faut et qui en dit long sur les controverses dont le nom de Joachim fait l'objet, à notre époque encore.
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6Le double discours dont il va être question dans cet exposé s'articulera autour de trois axes différents : le premier relatif à la personne de Joachim, c'est-à-dire à sa fonction ou si l'on préfère à sa vocation d'abbé v/s Prophète, sous la double désignation de laquelle, en dépit de ses protestations concernant le second terme de la relation, il a été "popularisé", et a été divulguée ainsi une véritable légende joachimite.
7Un second axe développera le rapport allégorie (ou métaphore, ou figure) - conceptualisation, ce second terme étant à entendre dans un sens schématique qui repose, chez Joachim de Flore, sur le modèle de "concordances". Une œuvre tout particulièrement illustrera cet axe, la plus célèbre déjà en son temps, la plus curieuse aussi et la plus insolite, ce Liber figurarum somptueusement réédité il n'y a pas si longtemps4 avec ses schémas d'abord énigmatiques, ses miniatures didactiques et apologétiques bourrées de symboles arithmologiques.
8Enfin, un troisième et dernier axe portera sur l'étude des autres traités et opuscules, relatif au rapport histoire-transcendance, ce dernier terme, certes très vague pour l'heure, mais désignant l'entreprise joachimite d'instaurer une "autre" histoire qui est tout le contraire de la "fin des temps" au sens catastrophique de l'expression consacrée.
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I. PROPHETE A SA MANIERE
9L'on s'apercevra vite, ce faisant, que d'une part l'œuvre écrite, fondamentalement et constamment exégétique de Joachim débouche sur une certaine pratique ou applicabilité au-delà de son caractère éminemment visionnaire mais non fanatique ; et que d'autre part, le ton, le style et la facture de ces écrits divers jusqu'à la fin de sa vie (en 1202) lorsque la mort le surprend dans la rédaction d'un nouveauté traité ce que son testament de deux ans antérieur mentionnait explicitement, ne sont en rien, contrairement à ce qui court indûment sur son compte, ceux d'un "inspiré" qui vaticine et tonitrue, ou, si l'on veut, d'un mauvais prophète qui en appellerait à la venue d'un quelconque Ange Exterminateur ; témoignent de cet aspect et son refus constant de la Croisade, et également sa répugnance à l'égard de l'action violence que l'on peut en revanche retrouver chez un Thomas Munzer ou chez un Campanella.
10En effet, le trait dominant de là personnalité de ce fils de notaire (ou de paysan, selon certains critiques et érudits ?) - un temps mais un temps seulement fréquentant les Grands de son époque, laïques et religieux - de cet adepte au début de sa vie comme Saint François d'Assise du pèlerinage (en Terre Sainte), est pour une large part de son existence le refus du Monde.
11Tous les critiques à son sujet, soulignent chez ce réformateur d'ordre et chez ce penseur réformateur de l'Eglise de son temps et annonciateur "de temps nouveaux", la vocation à l'humilité, terme d'ailleurs qui, accolé à celui d'"abbé", revient plusieurs fois sous la plume de son secrétaire-biographe.5 Et mieux même, si celui-ci le compare à un Ange, il faut s'empresser d'ajouter "de douceur" et non pas "exterminateur" à quoi pourrait faussement le faire comparer6 le caractère prophétique et eschatologique de ses œuvres.
12Celles-ci se subdivisent en deux catégories : d'une part celles qui quantitativement abondantes s'articulent en plusieurs "livres" ou "'parties" ; d'autre part celles, infiniment plus minces, qui se réduisent à un opuscule.
13Les premières relèvent d'une entreprise énorme, exégétique des Ecritures : ainsi le Liber concordiae Novi ac Veteris Testamenti. (cinq livres) qui expose au complet le système joachimite et qui, à travers l'analyse comparée des événements et de la symbolique biblique vise à dégager un sens à l'histoire de l'Humanité sur une trajectoire d'interdépendance étroite, passé-présent-futur liés entre eux par la prédestination.
14Autre ouvrage : le Commentaire de l'Apocalypse (Expositio ad Apocalypsim) qui, à partir du livre canonique johannique de la fin des temps, tend à proposer l'interprétation dans un sens ecclésiologique des "mystères" et des "signes", et à dresser un cadre eschatologique de l'Eglise projetée en direction de la fameuse troisième étape de sa vision trinitaire (le 3e âge) : ère ou avènement du Saint-Esprit après celui du Père, puis du Fils, successivement 1er et 2e âge.
15A cette même catégorie d'ouvrages se rattache encore le psautier à Dix Cordes ( Psalterium decem chordarum) qui, au sein du Liber figurarum déjà cité, figure en bonne place comme l'instrument symbole de la Trinité avec sa forme triangulaire se prêtant d'une manière concrète parfaitement au réseau de "concordances" maniaques propres au système joachimite, pareilles aux cordes d'une harpe.
16Ces trois œuvres majeures constituent ce qu'on appelle encore la trilogie de base joachimite, même s'il convient dès à présent de leur adjoindre une quatrième œuvre synchrétique de ces trois traités essentiels de l'idéologie du moine calabrais ; précisément ce Libei Figurarum qui, texte et images confondus, reprend des éléments des trois traités cités et auquel nous consacrerons brièvement le second volet de notre exposé. Un ouvrage dont on ne peut pas (dont on ne doit pas) faire l'économie pour les raisons autres que nous évoquerons plus loin.
17Or, cette abondante activité herméneutique de nouveau déchiffrement et de réinterprétation des Ecritures, ne s'accompagne jamais d'une surévaluation personnelle de la part de l'exégète : celui-ci se garde bien de se montrer lié par une quelconque prédestination à prophétiser ou, à tout le moins, de se déclarer porteur ou investi d'une précise mission d'ordre divin.
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18Les autres écrits, infiniment plus brefs et comme en raccourci, traitent néanmoins de points capitaux de la doctrine joachimite, complémentaires ou accidentelles des premiers nommés. Ainsi pêle-mêle, entrent dans cette catégorie d'opuscules : le De articulis fidei sur les principes de la Foi (baptême, eucharistie et surtout le mystère trimtaire ; le Adversus Judaeos, titre trompeur donnant faussement à croire en une vive invective là où au contraire, il ne faut voir qu'un pressant appel aux Juifs à rallier les rangs des Fidèles, une exhortation à la fusion en vue de recréer l'unité du monde catholique menacé de scission, sous le coup d'un périlleux démembrement.
19Autres ouvrages encore : le De ultimis tribukationibus, qui fait partie comme le précédent opuscule, de ces objectifs constructivistes de l'énonciation positive à bâtir l'Eglise des temps nouveaux sous les auspices du "Troisième Age" d'une humanité régénérée, purifiée, ressourcée. Enfin, deux opuscules qui reviennent sur "le temps de la fin", l'un comme l'autre consacrés à l'Apocalypse : Des Sept Sceaux (De semptem sigillis7, de moins d'une dizaine de pages, et le bref essai introductif à l'Apocalypse intitulé Enchiridiom super sigillis, publié assez récemment, en 1986, à Toronto.8
20Bref, à quelque catégorie appartiennent ces écrits, une constante est l'attitude circonspecte, d'humble recherche et proposition qu'adopte l'abbé calabrais vis-à-vis de son lecteur. Rien chez lui de comparable à celle, enflammée dans le ton hyperbolique et au regard du lexique (images de feu, du glaive, du sang) et puissamment visionnaire de certains saints, saintes ou religieux comme Angèle da Foiigno (seconde moitié du xiiie siècle surnommée la "formatrice des théologiens"9, comme Savonarole défini "le prophète désarmé' par Machiavel10, à la fin du xve siècle ou encore, au siècle précédent (seconde moitié du xvie siècle), comme Catherine de Sienne.
21A l'opposé de toutes les fortes personnalités du mysticisme ou du prophétisme (même si ce n'est pas la même chose) des trois siècles successifs après celui où Joachim de FLore laisse son empreinte, ce dernier n'oublie jamais le caractère tâtonnant quoiqu'inspiré jusqu'à un certain point, de sa critique de l'état ancien de l'Eglise romaine et de sa recherche (et de sa promotion) d'un âge nouveau susceptible de racheter l'Eglise de ses erreurs passées et de lui redonner un nouvel élan.
22En répétant qu'il n'est qu'un abbé qui, en dépit de l'audace consciente de sa méditation (laquelle ne peut s'effectuer relativement qu'en marge du tumulte des cités, au sein d'une règle monastique telle celle de Bernard de Clairvaux) ne cesse de redire l'humilité de sa réflexion et de sa tâche de réformateur, Joachim de Flore prépare - ne l'oublions pas - ou justifie la portée téléologique de son système ternaire qui coïncide avec l'"âge monastique".
23En effet, comme il l'exprime dans ses Concordia (pp. 52-53 de l'édition vénitienne du xvie siècle), le refuge dans la méditation solitaire est hautement nécessaire pour "purifier les yeux de l'esprit". Hostile au prêche tonitruant répété comme dans la mise en scène dominicaine d'un Savonarole fanatisé appelant authentiquement sur les foules florentines, ta foudre bien autant que les foudres, Joachim adversaire résolu du message oral (rien qu'oral à la manière d'un Saint François d'Assise adepte de la "parole nue") confie à la métaphore du Livre, le soin de livrer les secrets de Dieu.
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24Prophète, mais à sa manière, c'est-à-dire de manière contrôlée, Joachim l'est indubitablement. La critique joachimite telle qu'elle s'est développée toutes ces dernières années autour (et dans le sillage) du très actif Centro Internazionale. di Studi Givochimiti. (11) de Calabre, s'est attachée à bien mettre en lumière le prophétisme spécifique. de Joachim de Flore.
25Il y a, on le sait, prophète et prophète : celui qui, telle Catherine de Sienne la Dominicaine,brandit la menace devant les Grands de son temps, laïcs ou religieux, les poursuit de sa vindicte, prêche la Croisade (Pise, 1375), et confie à la seule parole enflammée la ferveur militante et la pression constante de son apostolat ; ceux qui, tel l'autre Dominicain Girolamo Savonarola, allient le prestige de l'écrit et de la parole en chaire, tonitruent et fustigent en choisissant la voix menaçante du châtiment, n'hésitant pas à se confondre - audace qui lui sera fatale -avec la Parole d'un Dieu de colère au point qu'une curieuse loi du talion lui fera payer son langage et ses métaphores de feu. Joachim de FLore, lui, répétons-le, se situe à l'opposé de ces deux attitudes extrêmistes, de ces deux apostolats d'un Verbe vengeur et de solutions violentes, définitives, adeptes de moyens pour le moins expéditifs et négatifs, dignes d'un Jugement dernier.
26Par ce biais d'un prophétisme modéré, lucide, à visage humain, peut se comprendre parallèlement la méfiance vis-à-vis du millénarisme signalée au début de cet exposé. A la recherche de la vérité en vue de l'avènement d'un monde de paix sous la férule d'un Pape-Ange, Joachim se défie pareillement d'un quelconque messianisme titanesque où la voix de l'abbé se substituerait à celle de Dieu, d'un Dieu menaçant semblable à celui qui brandit bien haut le bras dans le Jugement Dernier peint par Michel Ange, plus tard, à la Chappelle Sixtine, à Rome.
27Les œuvres de Joachim quelles qu'elles soient (traités ou opuscules) figurent d'ailleurs sous l'humble mention d'opuscula mea, en appellent toutes au discours critique et vérificateur de ses Supérieurs, et corrigent souvent des assertions apparemment hardies par une clausule de prudence tactique du type de celle que consigne 1 ' Enchiridion : "si in aliquibus erravi sicut homo..."
28"Sicut homo" : l'abbé calabrais reste avant tout un homme, et en tant qu'homme et humble croyant, reste sujet à l'erreur. Ceci pour le discours des autres, celui de la postérité sui sait si bien sanctifier et construire les légendes.
29Mais comment se définissait-il lui-même qui, dans toute son œuvre, n'a pas cessé sous le baptême du chiffre "3" d'opérer des distingos. Comment aussi le désignait-on dans son entourage immédiat ?
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30Double discours, compliqué même de perspectives dualistes. Se faire d'abord l'éxégète des Ecritures (jusqu'à son dernier traité inachevé sur les quatre évangiles) et l'un ne va pas sans l'autre - se déclarer herméneute d'un nouvel esprit de recherche visant à fonder pour les temps futurs une nouvelle Eglise, n'allait pas - on le devise sans poser à l'intéressé de sérieux problèmes psychologiques en premier lieu, à celui qui revendique pour lui le titre d'abbé (et rien de plus) et qui en même temps repousse celui de prophète dans le sens classique de cette appellation.
31Abbé... prophète : double polarisation qu'il convient de préciser du fait que l'acceptation de l'humble état de religieux serviteur d'une religion et d'un Dieu qu'il ne remet par en cause, rencontre la défiance du même moine à l'égard d'une surévaluation de sa parole inspirée, de nature pseudo-démiurgique.
32L'unique biographie, du vivant de Joachim de Flore, celle de son secrétaire confident et... premier critique Luca Campano, confirme cette désignation probablement partagée par l'intéressé sous le contrôle duquel s'effectuait la rédaction : dès le début de celle-ci et plus loin, c'est bien le terme d'"abbé" seul qui est employé.12
33Notation d'ailleurs confirmée par l'auto-désignation que Joachim mentionne dans son testament de 1200 (soit deux années avant sa mort)13 : "frater Joachim abbas de Flore", écrit celui-ci dans les salutations liminaires de cet acte testamentaire où il passe en revue ses différentes œuvres avec leur titre, et où l'on apprend qu'il s'attache encore à travailler sur un traité concernant les quatre Evangiles.
34La postérité proche ou plus lointaine de Joachim enregistrera aussi fidèlement l'humble dénomination : depuis Dante (Par. XII, 140) jusqu'à l'ouvrage tout récent de 199014 de Bernard Mc Ginn consacré à Joachim de Flore "dans l'histoire de la pensée occidentale" et intitulé "L'abbé calabris. De plus, ses anciens coreligionnaires cisterciens composeront une épitaphe à sa gloire qui va dans le même sens que les témoignages précédents.
35Pourquoi ce simple titre si humble dans la hiérarchie ecclésiastique, aux antipodes d'autres charges plus en vue (son propre scribe, Luca Campano, ne fimra-t-il pas archevêque de Cosenza ?), a fortiori si éloigné de la canonisation ?
36Pour demeurer dans l'optique d'une réforme qu'il s'était fixée, d'une réforme "par le bas" de la hiérarchie qui avait perdu depuis fort longtemps le sens du salut, et étant donné aussi les visées orientées vers une réforme de l'Eglise dévoyée par le biais du monachisme : telle peut être la vraie réponse à ce vœu d'humilité inscrit au cœur d'une pensée rénovatrice.
II. ALLEGORIE et CONCEPT
37L'œuvre de Joachim de Flore étant si importante quantativement d'abord - au regard de l'exégèse directe des Ecritures, il ne saurait être question ici de l'envisager dans son ensemble. Qu'il nous suffise de nous concentrer sur l'une de ces œuvres qui a longtemps fait problème et continue de le faire, très originale et qui, sur le thème qui est le nôtre dans ce colloque, associe graphisme (nous devrions dire plutôt l'image entendue bien avant l'heure au sens tridentin de ce terme) et texte c'est-à-dire commentaire collatéral ou si l'on préfère, représentation conjuguée des temps de la fin et de la fin des temps.
38Il s'agit du Livre des Figures (Liber figurarum) qui aura tant de succès à son époque et que Dante, parmi d'autres, au xive siècle a aussi connu : œuvre composite avec ses vingt-sept tableaux (19 du codex de Reggio, sauf le xie, 4 du codex d'Oxford remplaçant ceux perdus du codex précédent, soit XX à XXIII ; enfin 4 de codex divers, soit les tableaux XXIV et XXVII).
39Pour cerner davantage notre propos, nous laisserons de côté bien entendu toute l'histoire technique, complexe des différents codex (Reggio Emilia, et Oxford les plus complets, la Vaticane, la Bibliothèque Nationale de Paris et leurs codex plus fragmentaires) dont les vicissitudes sont fidèlement et longuement rapportées dans la préface de l'édition citée précédemment.
40Nous nous contenterons de rappeler en quelques mots préliminaires, la destinée longtemps problématique de cette curieuse projection mentale (esquisse arithmologique très précise), doublement visionnaire par son côté paradoxalement rétrospectif et prospectif, par ses claires visées téléologiques. En premier lieu, d'où vient la réputation d'originalité suscitée par ce type d'ouvrage qui se situe entre peinture et écriture, comme une grammaire non pas normative à partir d'un état donné de langue et en fonction d'une évolution "jusqu'au moment où..." mais bien plutôt comme un itinéraire schématique iconographique et textuel ? Repenser l'ordre vicié du monde conduit à se choisir un style à la mesure des bouleversements idéologiques et des mutations eschatologiques envisagés dans le cadre d'une refonte de l'Eglise.
41L'allégorie bien évidemment s'impose par mimétisme critique puisque par définition la Bible est le livre de chevet de l'examen critique assidu de Joachim de Flore, qui, toute son existence, travaille et jusqu'à son dernier souffle, sur les textes scripturaires. Allégorie au double sens d'attitude ou d'aptitude mentale à (se) saisir des réalités spirituelles difficiles d'accès sans ce voile herméneutique notamment pour tout ce qui concerne l'allégorie maximale de l'Apocalypse (de St Jean) à laquelle Joachim consacre pas moins de deux ouvrages : l'Expositio et l'Enchiridion ; puis au sens de figures locales qui entrent en jeu comme autant de composantes en cours de projection.
42Dans ce domaine, on peut distinguer un double discours : d'une part, une échelle systématique de "concordances" confiées sous formes de verticales, de spirales ou de transversales, à de savants tableaux comme le sont par exemple les tableaux n° IX (sur les Sept Sceaux) ou XIX (sur les générations du misterium ecclesiae), circulaire ce dernier avec ses cercles concentriques ; et, d'autre part, un texte adjacent à des figures complexes qui sont à entendre comme schémas allégoriques chiffrés, imagés, personnifiés, sous des emblèmes de bestiaires tels le tableau n' VI ("à tête d'aigle") dont Dante se serait inspiré (cf. Par. VI, XIX, XX) ou encore celui de l'interprétation allégorique du char divin d'Ezéchiel (tableau n XV avec, aux quatre angles, l'aigle, le lion, le veau et... l'homme avec recentrage sur la caritas).
43Ce texte marginal qui côtoie le déploiement figuré des dessins (ou plans ou schémas conceptuels et allégoriques) est chargé de traduire sous forme sensible, lisible, la démarche eschatologique de l'abbé calabrais qui se refuse à être qualifié pour autant de prophète. Cette "textualité des images" (ou rapport étroit iconographique-textuel) est elle-même parcourue de figures de style chargées cette fois de commenter le curieux ouvrage confié en fait à des copistes et à des miniaturistes du temps de Joachim pour synthétiser sa pensée, celle de la triade majeure composée de la Concordia, de l'Exposition et du Psautier. à Dix. Cordes.
44Mais le sens de l'allégorie comme celui du symbole chez cet abbé à l'esprit et à la culture si étrangers à l'appareil logico-rationnel de la phisolophie thomiste, est caractéristique du processus de schématisation clarificatrice en vue de la promotion constructive d'une ère de simplicité et de paix contemplatives, c'est-à-dire au profit de l'édification d'un monde nouveau, prévue (prédestinée selon Joachim de Flore) dans et par l'histoire antérieure, celle des fondateurs et des (vrais) Prophètes.
45Pour Joachim, l'allégorie est une similitude (commode) "de n'importe quelle petite chose à une plus grande" au point qu'on n'a pas manqué de reprocher à celui-ci son goût excessif, permanent, pour les signes d'égalité ou plutôt d'équivalence (similis, idem...), préoccupé qu'il ne cesse d'être, dans son réexamen des textes de l'histoire biblique, de ménager des passages obligés entre Ancien Testament et Nouveau Testament, entre les Trois âges confiés à chacun des éléments de sa triade divine, co-impliqués par leur interrelation divine selon la succession chronolgique d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
46Pour ne nous en tenir qu'à ce très bref aperçu, de la double façon d'appréhender une situation historique au départ viciée et en fin de compte décadente,et d'en proposer une autre qui rétablisse dans l'ordre nouveau des choses capables de l'instaurer, une histoire pacifiée, on conviendra qu'en fait, aux yeux de l'éxégète Joachim de Flore, ces deux manières de convaincre sont conçues pour se conforter l'une l'autre : dualité méthodoligique. que l'on retrouverait dans le prolongement de toute une tradition de penseurs chrétiens tels Saint Jean de la Croix ou Pascal (cf. esprit de finesse v/s esprit de géométrie ; les deux Infinis )
47Quoi qu'il en soit, c'est l'Histoire de l'Eglise et de l'Humanité qui est en jeu. Reste à savoir de quelle "histoire" il s'agit.
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III. HISTOIRE..... et HISTOIRE
48Un jugement d'ensemble des écrits de Joachim de Flore laisse voir d'entrée un double discours afférent au traitement de l'Histoire à plusieurs niveaux, et visant une reconstruction historicisée d'un type spécial.
- En premier lieu, c'est de l'histoire générale de son temps que se préoccupe Joachim à laquelle il ne tourne pas le dos, tant s'en faut. Rien de moins utopique là-dessus en ce qui touche au constat global et affligeant d'une discorde, permanente pour employer un antonyme d'esprit joachimite, sous forme de violences répétées excessives, gratuites telles que celles offertes par le spectacle renouvelé et si pernicieux des Croisades, ou telles que celles perpétrées par les conflits armés périodiques, par les luttes intestines issues de l'affrontement bicéphale Empire-Papauté, du chapelet des tumultes citadins dérivés, eux, du désir d'indépendance soulevé par l'espoir bientôt trahi de l'émancipation des Communes dans le Nord de l'Italie du moins, jusqu'à Florence, au Sud.
- Ce qui amène aussi, parallèlement, Joachim de Flore à une autre forme de procès historique, moral celui-là ; et ses écrits autres que les traités et exégèses bibliques importants comme les Sermons et Epistole.15 en peuvent témoigner : cela le pousse à fustiger mais sans véhémence excessive, à travers un tableau des maux qui frappent la condition humaine tout entière, une nature foncièrement pervertie et dévoyée qui, sous l'égide d'une Chrétienté malade ne peut, si l'on n'y veille pas, si on ne la réveille pas (métaphore courante chez Joachim de la "surdité")16, que glisser vers un inéluctable chaos.
49Mais, répétons-le, il s'agit là d'un avertissement mesuré, raisonné qui sait faire l'économie des grands moyens rhétoriques de la menace, voire de l'anathème. Ne serait-ce qu'à ce double titre, la fin des temps est forcément proche, inexorable : et pour son annonce, point n'est besoin d'être grand et bon prophète, et surtout pas visionnaire apocalyptique, ce qu'il s'est toujours refusé d'être.17
50Francesco d'Elia, auteur d'une remarquable et toute récente anthologie commentée d'écrits majeurs de Joachim de Flore, rappelle justement (et avec lui bien d'autres le soulignent en cette fin de xxe siècle) que "le mystique écrivain est plus réaliste qu'il ne parait".
51En effet, co-impliquée dans et par les deux visions d'ensemble ci-dessus évoquées, image bien vivante et lamentable d'une dégradation de l'humaine condition à laquelle se rattachent l'assemblée des Fidèles et la masse des croyants, l'histoire plus proprement dite de l'Eglise que Joachim vit de l'intérieur, au sein du bas-clergé rural de l'Italie méridionale elle-même si différente du reste de l'Italie, enseigne au moine calabrais que la décadence en ce domaine, s'il n'y est point porté rapidement remède, conduira et l'Eglise et l'Italie à la ruine : pareille à l'Eglise concrètement de guingois que Giotto, au xive siècle, représentera ébranlée dans sa structure et dans ses fondements, sur les parois de l'Eglise Supérieure d'Assise. A cet égard, les écrits mineurs (par leur minceur d'abord) sont particulièrement éloquents à la fois du constat négatif qu'entraîne une situation présente et ancienne et de la nécessité d'un impérieux rachat : des Chrétiens, de l'Humanité tout entière, de l'Eglise ubi et orbi. Ainsi ce dialogue sur.la presidence de. Dieu et la predestination des élu. (une soixantaine de pages seulement) où son interlocuteur est Saint Benoît et l'opuscule Intelligentia. super calathis18 encore plus réduit (une quinzaine de pages) témoignent de cet état de fait, le dernier tout particulièrement avec "ses" paniers remplis de figues bonnes ou... mauvaises !
52Au regard de ce triple constat amer que lui offre la situation historique particulièrement défavorable, Joachim peut légitimement écrire que "celui-ci est le temps de l'Eglise durant lequel doit commencer la plénitude des temps", d'une ère radicalement nouvelle de paix universelle qui fera taire à jamais le fracas des armes (Concordia, f. 135). On n'aura point manqué de noter, dans la citation joachimite, la collusion du singulier et du pluriel ( temps / tempora) qu'une autre formule tirée celle-là de Daniel VII, 25 confirme, solennisant l'avènement de temps futurs meilleurs, régénérés :
"in tempus et tempora et dimidium temporis.
53La double. écriture (liturgique chiffrée d'abord, banalisée ensuite) est symptomatique de celui qui ne se considère pas du tout comme un prophète mais, de façon plus terre à terre, comme un simple agriculteur / ( Expositio ad Apocalyspssim f. 175, f. 223 ; Enchiridion p. 10), expression que l'on trouve même à trois reprises :
"qui sum homo agricola a iuventute mea ".
54En restant proche de la terre des hommes, Joachim refuse qu'on le prenne pour ce qu'il n'est pas : un illuminé décollant de la réalité historique, un inspiré gratifié d'un don de prédiction supérieur d'inspiration divine, porte-parole d'une voix dont il aurait - privilège inouï délégation indue.
55Ce qui est certain, c'est que la critique ante ne lui appartient pas en propre ; elle participe du vaste mouvement de création ou de rénovation du monachisme qui secoue tout l'Occident chrétien bien avant Joachim, et bien après aussi. Ce n'est point ici le lieu ni le moment pour débattre de tout ce qui oppose Joachim de Flore à la vision historique augusti nienne (celle de De civitate Dei) : qu'il nous suffise de redire après d'autres qu'au delà d'un monumental appareil critique soucieux de schématisme trinitaire et de ménager des passerelles d'aspect chronologique mais qui reposent en fait sur une symbolique formaliste constamment chiffrée (3, 7 et 15) de la lettre aussi (A, O), Joachim croit, à la différence d'Augustin, en la possibilité de réalisation de la perfection au plan terrestre, sans concevoir un report d'espérance au-delà des réalités d'ici-bas.19
56Ne quittant pas d'un pas l'enseignement biblique de la lettre des Ecritures Sacrées, Joachim prétend retirer un esprit qui serait selon lui, une mise à jour des mystères et des signes bibliques. A cet égard, on n'a pas manqué de noter les deux principes qui guident non plus en-deça mais au-delà la seule quête de l'exégète : d'une part, l'idée d'une attente proche du dénouement et, d'autre part, l'idée de progrès " suivi " de manière dialectique de l'Ancien Testament jusqu'au Nouveau Testament ; et ce d'autant plus facilement réalisable que la vision joachimite est celle d'un retour à la nature première des choses (ora et labora) par le truchement de la voie monachiste, mais quasiment ascétique puisque la règle de sa nouvelle congrégation florense20 apparaît comme nettement plus sévère et rigide que celle des Cisterciens ; mais, à tout le moins, une histoire qui reprend racines avec le monde rural, c'est-à-dire, une réévaluation des travaux manuels et le retour à la pauvreté angélique.
57On a vu quel champ métaphorique prédomine et de quel type d'images agrestes, "géorgiques" le moine calabrais se sert pour étayer son savant échafaudage de "correspondances". On se souvient aussi, à partir du Liber Figurarum (notamment le tableau XIV), du raccourci métaphorique anthropomorphe dont Joachim se sert pour accréditer la prière, le travail manuel, l'écriture : le pied, la (les) mains(s), la bouche. Quoi qu'il en soit, du texte réexaminé (biblique), de la pratique de l'exégèse biblique assidue à la pratique d'une culture retrouvée à tous les sens de ce terme (manuelle, spirituelle), on peut considérer que dans les deux cas, et en dépit de l'immense construction interréférentielle noyée sous un symbolisme arithmologique pesant, l'Histoire commandait : qu'elle fût rapportée et textuelle, ou bien qu'elle fût appliquée et repensée dans un retour aux sources naturelles et indistinctement communautaires.
58Dans son petit ouvrage de 1966 réédité en 1984 et consacré aux rapports entre Joachim de Flore et Dante21, Antonio Piromalli ne manque pas de rappeler que de la Bible elle-même confrontée ensuite avec les réalités du temps, provenait la conception de la misère et de la faute de l'Homme, le sentiment de la caducité et de la vanité de toutes choses, bref la conviction d'une pesante fatalité conduisant au châtiement la nature humaine viciée et dévoyée.22
59Ce qu'il faut retenir en fin de compte, c'est, à l'opposé d'un millénarisme assimilé négativement aux "terreurs" à venir et aux châtiements faisant régner Enfer et damnation, renvoyant un futur aussi radicalement nocif dans un au-delà de terriblilità c'est une histoire entendue comme liberté, enfance retrouvée puisque les métaphores anthropomorphiques et agricoles employées font se côtoyer dans une heureuse harmonie physique, mentale et spirituelle, le blé des moissons, le lys de pureté, le langage innocent des enfants et la saison d'été.
*
CONCLUSION
60Ni véritablement utopie (puisque partiellement ancrés dans le renouveau monastique d'une nouvelle congrégation en rupture de ban avec les Cisterciens), ni à proprement parler apocalypse (entendue dans le sens négatif de destruction absolue, de catastrophe finale sur fond de violence verbale suivie d'effets évoquant Dies Irae et Jugement Dernier), la pensée et les écrits finalisés de Joachim de Flore jouent bien davantage sur le pragmatisme d'un constructivisme axé vers la renovatio, le temps de la fin ne coïncidant pas du tout avec une volonté démiurgique du châtiement, de chaos universel, et la fin des temps s'assimilant au contraire avec le début d'une ère nouvelle de paix et d'harmonie retrouvée.
61Avec Joachim de Flore, c'est une Histoire qui recommence "autrement", qui corrige dans la pratique ce que de déviant, de corruption, de pervers avait celle de l'Humanité et de l'Eglise de son temps et,bien évidemment, de l'Humanité et de l'Eglise antérieures.
62Ce qu'il faut relever de ces soixante-dix ans ou à peu près de réflexion et d'action joachimites, (l'une ne va pas sans 1'autre), dans cette Calabre de la fin du xiie siècle à la croisée d'influences gréco-byzantines, latines et islamiques (de la proche Sicile), c'est la logique et l'humilité d'une idéologie qui se marquent :
63- d'abord par une fidélité exemplaire jusqu'à la fin de sa vie (jusqu'à ce Tractatus super quator Evangelia inacheva)23 de l'examen critique patient, tâtonnant des Ecritures et des Pères de l'Eglise constamment soumis au jugement de ses supérieurs hiérarchiques (le Testament de Joachim le rappelle encore à la veille de sa mort).
64Rien d'indivuellement titanesque, de la rébellion isolée d'un Savonarole, ou du harcèlement fanatisé épistolaire d'une Catherine de Sienne auprès des Grands de ce monde ;
65- ensuite, en termes plus politiques cette fois quoique la solution du monachisme rénové (micro-société d'"hommes nouveaux") ne débouche pas explicitement sur une réelle critique politique de la Société tout court de son temps, une idéologie qui se marque par une soumission humble de ce simple abbé à l'autorité tant papale qu'impériale ou royale puisque de la part de l'une comme de l'autre, il n'a reçu que des encouragements, et que nulle entrave n'est venue contrarier de son vivant la doctrine et son œuvre de fondateur réformateur (congrégration florense)
66Rien par conséquent d'ouvertement et d'agressivement contestataire, protestataire à l'égard de l'institution laïque et religieuse de son époque. De l'Eglise qu'il n'osait affronter (à travers l'autorité de son Chef Suprême), il attendait qu'elle se réformât et se régénérât de l'intérieur.
67La critique la plus récente est unanime à déclarer, en cette fin de xxe siècle... et à l'aube du second millénaire, qu'avec Joachim de Flore, il est impropre et il serait injuste non seulement de parler d'apocalypse terrifiante et négatrice mais encore de "fin des temps" puisqu'en vertu d'un certain prophétisme constructiviste, avec la fondation d'une nouvelle Congrégation de Flore en rupture avec l'ancien ordre cistercien, Joachim voyait là l'occasion d'une renaissance d'un monachisme à l'ancienne, mais revivifié d'une autre manière par une forte tendance à la contemplation.
68Son modèle n'est-il pas d'ailleurs Saint Benoît, à qui il consacrera une biographie spirituelle24, et où il rappelle, parallèlement à d'autres œuvres comme la Concordia, le Liber figurarum (aux tableaux XIV et XX), le De Septem Sigillis encore le tout dernier Traité sur les Quatre Evangelis que sous l'égide du Saint Esprit, en ce Troisième Age de purification et de libération, peut s'ouvrir définitivement dans l'histoire du monde, une nouvelle ère de paix contemplative et d'harmonie retrouvée :
"Nunc ertit labor et gemitus
"Sed requies et otium
Et abundantia pacis
(Vita. S. Ben, p. 90° 525°)
69Du reste, l'épitaphe sous forme de distique, gravée sur son tombeau calabrais de l'Abbaye de Flore, met justement la rosée à la place du feu, qui sied bien mieux à la parole rafraîchissante, ressourcée, longuement pesée et mûrement dosée de Joachim "abbé calabrais d'esprit prophétique doué" comme le définit Dante au Paradis (XII, v. 140)25.
"Hic Abbas Floris
"Calelestis gratiae roris
"Ici repose l'abbé de Flore
"Rosée de grâce. celeste.
70Le prénom du moine et abbé d'ailleurs (Joachim) n'évoque-t-il pas la Vierge Marie dont ce saint, époux de Saint Anne est le père ? Et ne signifie-t-il pas en hébreu ("Yaveh disposera"), "préparation du Seigneur" ?26
71Pour un si patient et si obstiné exégète des "mystères" et des "signes" chrétiens comme le fut Joachim de FLore, ce signe-là quasiment patronymique ne pouvait pas ne pas signifier beaucoup plus qu'un banal prénom, comme un appel à la source du Divin.
Notes de bas de page
1 De Lubac Henri, La postérité spirituelle de Joachim de. Flore (t. I de Joachim à Schelling ; t. II : de Saint Simon à nos jours), Paris, Lethielleux, 1979-1981.
2 Ernest Renan, "Joachim de Flore et l'Evangile Eternel" republié dans Nouve études d'histoire religieuse Paris, 1884, pp. 220 - 222.
3 Pietro De Léo, Gioacchino da Fiote, aspetti inedit della vita e delle opera, introd. p. 4-5, présentation de Jean Leclercq, Rubettino edit., Catanzaro, 1988.
4 Il Libro delle Figure dell'abate gioacchino da Fiore, edit. Leone Tondelli, Marjorie Reeves, Batrice Hirsch-Reich, tavole XXIX di cui XIII a colori, testo relativo su grafici, Torino, Società Editrice Internazionale, 2a ediz., 1953, 2 vol.
5 Luca Campano, in Francesco d'Elia, Giocchino da Fiore, un maestro della civilità europea (antologia di testi gioachimiti, tradotti e commentati), Rubbettino Edit. (Centro Int. di Studi Gioachimiti), Saverio Mannelli (Cosenza), I, p. 15.
6 Enciclopaedia Universalis , année 1968, t. IX, p. 498 (article de Maurice de Gandillac). Fr. D'Elia, op. cit., passim.
7 Publié dans le n 21 (1954) de la revue "Recherches théologie ancienne et médiavale, pp. 239-247.
8 Chez l'Editeur E.K. Burger.
9 Angèle de Foligno. Le Livre des visions et instructions de la bienheureuse A. de Foligno, traduit par Ernest Hello, préface de Sylvie Durastanti, Paris, Seuil, coll. "Points", 1991. La sainte est baptisée "theologum magistra".
10 N. Machiavel, Le Prince, chap. VI, & 6-7 ("Des principautés nouvelles qu'on acquiert par ses propres armes et sa propre vertu").
11 Centro Internazionale di studi Gioachimiti : intense activité tournée vers les publications (ou rééditions) d'oeuvres du moine, articles, essais, mises au point bio-bliographiques, conférences, séminaires et organisation de colloques. A déjà organisé trois grands colloques internationaux ; le dernier en date (1989) a été consacré au "prophétisme joachimite aux xve et xvie siècles" ( Atti del III Congresso Internaz. di Studi Gioachimiti, S. Giovanni in Fiore, 17-21 sett. 1989, a cura di Gian Luca Potestà, Genova, Marietti, 1991 (strumenti 3).
12 Francesco d'Elia, op. cit. p. 137-138.
13 Eptistola prologale ibid. p. 151 in Concordia. 4-6.
14 B. Mc Ginn, l'Abate calabrese. (Gioachino da Fiore nella storia del pensiero occidentale), Centro Internaz. Studi Gioachimiti (opère - 2), Genova, Marietti, 1990.
15 Fr. D'Elia, op. cit. "le opère di Gioacchino", p. 186.
16 Ibidem p. 35, p. 145 et Concordia. (f. 35, a-b) : "quin potius quos surdiores sunt aliqui eo altius clamare compellor".
17 Fr. d'Elia, ibid. p. 29, chap. II - "la missione profetica".
18 Dialogi de praescientia Dei et praesistinatione electorum ed. P. de Leo in Gioacchino da Fiore, Aspetit inediti della vita e delle opere, op. cit 1988, pp. 65-123.
N'est-il pas d'ailleurs souvent représenté, ce Joachim-là qui est un saint, soit avec la Vierge Marie assise à ses côtés (dont il est le père), ou bien tenant à la main un bourdon avec un panier où se trouvent deux oiseaux symbolisant l'arrivée de l'Esprit Saint ? (c-f. Dret et Lerouge, vie des saints pour tous les jours de l'année, traduit des légendes du Bréviaire et divers suppléments, Paris, Beauchêne, 1938).
Voir également Juan Ferrando Roi g, Iconografia de los santos, Barcelona, Ediciones Omegan s. a. 302 p., cf. page 150 b.
19 Herbert Grundmann, Studi su Gioacchino da Fiore-, prefazione di Gian Luca Potestà, p. ix, postfazione di Kurt-Victor Selge, coll. "opère di G. da Fiore" - strumenti 1, Genova, Marietti, 1989 (première trad. de l'allemand en 1975) ; thèse déjà ancienne de 1927.
20 Notamment G. Lef f, Heresy in the Later Middle Ages, Manchester - New-York, 1967.
21 Antonio Piromalli, Gioacchino da Fiore e Dante (I, Ambiente storico e cultura), coll. "Continente Calabria n° 9, Biblioteca di cultura diretta da Agostino Cajat, Edit. Rubbettino (Cantanzaro 1982 (reprint de l'édition 1966) p. 8.
Plus ancien est l'ouvrage de C. Jannaco consacré au même parallèle, Gioacchino e Dante tra. i -simboli medievali (coll. studi di letteratura italiana) ; plus ancien encore celui de LeoneTondelli, Da Gioachino a Dante, Torino, 1944.
22 A. Piromalli, op. cit. chap. II " la dottrina de ll'Evangelo eterno", p. 19.
23 Ed. E. Buonaiuti, Roma, 1930 ("Fonti per la storia d'Italia") coll. "scrittori secolo xii.
24 De vita sacti Benedicti et de officio divino secundum euis doctrina Ed. Barault in Un tratado inédito de Joaquin de Flor (Analecta sara Tarraconensia, 24 1951, pp. 42-118.
Dialogi de praesentia Dei et predestinatione electorim : ce dialogue fait intervenir un certain Benoît, interlocuteur de Joachim qui lui donne la réplique.
25 Fr. d'Elia, op. cit. p. 167.
26 Gutierrez Tibon, Diccionario estimologico comparado de nombre propios, Mexico, Union Tipogràfica Editorial Hispano-American, 1956, XI, 569 p. ; voir pp. 289 b - 290 a.
La fête de ce saint-là est le 16 août, le lendemain de celle de la Vierge Marie.
Auteur
Université de Montpellier
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