De l’habit paradisiaque au vêtement eschatologique
p. 93-124
Texte intégral
1L’objet du présent article est d’éclairer brièvement à partir des métaphores utilisées par les Pères de l’Eglise le lien qui unit dans la pensée médiévale le temps du péché et le temps final de la résurrection des morts. Parmi ces deux temporalités fondatrices, les sources textuelles et iconographiques du Moyen Age central sont imprégnées d’un symbolisme vestimentaire qui traduit par l’idée du dépouillement ou du revêtement une véritable quête de l’habit salvateur destiné à retrouver au jour du jugement dernier une harmonie initialement rompue1.
2Pour reconquérir le vêtement d’immortalité et d’incorruptibilité, le chrétien, devenu mortel à travers Adam, exprime aux xiie et xiiie siècles la volonté de se départir de la symbolique tunique de peau qui pèse sur ses épaules depuis l’origine des temps.
3Les différents modes d’expression pour signifier ce dépouillement sont ceux auxquels nous nous attacherons afin de montrer combien le vêtement dans l’image médiévale de la chute et de la résurrection est au cœur d’une dialectique sans cesse renouvelée.
***
4Dans les commentaires patristiques de la Genèse, Adam et Eve au paradis sont présentés revêtus de la gloire divine. Ce vêtement paradisiaque, symbolisant à la fois l’innocence et l’incorruptibilité du couple avant la chute est évoqué le plus souvent sous une forme métaphorique. Ainsi saint Jean Chrysostome dans ses Homélies sur la Genèse écrit au sujet d’Adam et Eve :
"la gloire céleste les parait comme d’un superbe vêtement2".
5Ce n’est qu’après avoir mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 3, 6-7) que la transparence qui les unissait à leur Créateur est troublée. L’état de l’homme après le chute a fait l’objet d’une glose très abondante qui met en priorité l’accent sur la perte de la vêture de gloire dont le couple était enveloppé :
"Le péché, en les dépouillant de la grâce céleste, leur donna le sentiment de leur nudité (...). La transgression du précepte divin les avait dépouillés de la gloire et de la grâce céleste qui les revêtaient comme d’un splendide vêtement3".
6Dès le ier siècle après Jésus-Christ, cette idée est présente dans un texte apocryphe intitule La Vie d’Adam et d’Eve. Au sein de ce recueil de récits d’origine juive rédigés en grec, la stupeur d’Eve est ainsi décrite :
"Alors mes yeux s’ouvrirent : j’étais nue et privée de la justice dont j’avais été revêtue. Je pleurais et je dis au serpent : "Pourquoi m’as-tu fait cela ? Pourquoi m’as-tu dépouillée de la gloire dont j’étais vêtue ?" Et Adam dit à Eve : "Femme maudite, que t’ai-je fait, pour que tu me dépouilles de la gloire de Dieu4 ?".
7La découverte par le couple de sa nudité est, non seulement le résultat de la transgression d’un interdit fixé par Dieu, mais également la révélation de leur nouvelle condition d’êtres dépouillés, privés de la gloire divine, laissés seuls face à leur propre dénuement. L’expérience de la nudité devient alors l’amorce d’une quête destinée à retrouver le temps de l’innocence. La première étape pour surmonter ce désaccord initial sera la confection par Adam d’un vêtement de feuilles de figuier (Gn 3, 7) qui apparaît chez Irénée de Lyon comme un vêtement de substitution désagréable à porter en regard de la sanctitatis stola. Irénée prête à Adam les paroles suivantes :
"Puisque cette robe de sainteté que j’avais reçue de l’Esprit, je l’ai perdue par ma désobéissance, je reconnais maintenant que je mérite un tel vêtement, qui n’apporte au corps aucune jouissance, mais qui le pique au contraire et le déchire5".
8Chez Grégoire le Grand, la perte du vêtement paradisiaque est liée à l’image de l’homme prisonnier de sa faute jusqu’à la mort :
"Comme nous sommes tous enchaînés dans le péché, nous mourrons tous de la perte même de la justice : du vêtement d’innocence qui nous avait été accordé un jour au paradis nous sommes dépouillés, et par la mort de la chair qui en est la conséquence nous sommes aussi consumés. Ainsi pécheur, l’homme meurt dans la faute, il est dépouillé de la justice, il est consumé dans le châtiment6".
9L’idée fondamentale sous-jacente à l’ensemble de cette glose est exposée le plus explicitement chez saint Augustin. Adam, dépossédé du vêtement de l’immortalité du corps (indumentum corporalis immortalitatis), a été contraint d’endosser "l’habit du vieil homme7". Yahvé Dieu en revêtant l’homme et sa femme de tuniques de peau (Gn 3, 21), substitue à la robe de sainteté l’habit symbolique du péché. Sur la base de cette substitution, saint Augustin souligne le fait que "la justice et la sainteté de la vérité" (Eph. 4, 24) "qu’Adam a perdu par son péché8" ne pourront être rétablies qu’en se dépouillant du vieil homme, c’est-à-dire en se défaisant des inclinations de la nature corrompue afin de "revêtir l’homme nouveau" :
"La peau est la figure de notre condition mortelle (...). Alors, pour leur signifier cette condition mortelle, Dieu les revêtit de tuniques de peau, et ils reçurent en effet des mains de Dieu des vêtements faits de peaux de bêtes. Or, on n’enlève la peau des animaux qu’après leur mort ; les peaux de bêtes sont donc le symbole de notre condition mortelle9".
10Si l’expulsion d’Adam et Eve hors du paradis (Gn 3, 23-24) place l’homme face à une Aventure ouverte sur la reconquête d’une gloire perdue, seule la robe blanche du baptême anticipe le moment où il pourra retrouver le vêtement de gloire. Par le baptême, ce sont les vêtements du "vieil homme" que le chrétien dépose, ce sont les tuniques de peau dont il se dépouille :
"Ce vêtement que nous avons possédé et perdu et que nous ne cessons de chercher (...), nous est donné dans le saint baptême (...). Le prêtre donne au baptisé un vêtement blanc en disant : "Prends le vêtement blanc afin de le présenter sans tache au jugement de Notre Seigneur J.C. afin d’avoir la vie éternelle10".
11Ainsi, en ne limitant pas l’histoire du vêtement d’Adam et Eve à celle des tuniques de peau, il est possible d’appréhender le récit du péché originel autrement que comme un simple passage du corps nu au corps vêtu.
12L’habit divin devient l’élément d’une quête dont la tension est assimilable à celle qui s’exerce dans l’Aventure chevaleresque. L’Aventure des héros arthuriens répond à une logique qui a été définie comme une "tentative de reconquérir le sens de la vie pour l’individu et la communauté", de "rétablir une harmonie troublée11".
13Le déséquilibre qui fonde le principe de la quête du vêtement de gloire perdu sera suspendu le jour de la résurrection des morts où selon l’enseignement de la Première Epître aux Corinthiens "il faut (...) que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité" (1 Co.15, 53). Le vêtement établit une correspondance symétrique entre le dépouillement originel et le revêtement des justes au jour de la résurrection. Au Moyen Age central, cette polarité a donné lieu dans l’iconographie à des représentations qui mettent en scène la valeur polysémique d’un même geste : d’une part, celui de Yahvé revêtant le couple pécheur, et d’autre part, celui des anges apportant aux élus des vêtements blancs.
14L’épisode du revêtement des tuniques de peau a rarement été figuré dans l'iconographie des manuscrits des xiie et xiiie siècles12. Le plus souvent, c’est sous l’œil réprobateur de Yahvé qu’Adam et Eve nus, tenant devant leur sexe une feuille, sont chassés par un ange brandissant une épée13. Le passage de l’intérieur à l’extérieur du jardin d’Eden s’effectue directement par le franchissement de portes qui marquent la frontière symbolique entre les deux mondes.
15C’est en marge de ce type de figuration classique de la chute qu’émergent des miniatures révélatrices de l’importance accordée au symbolisme par cette nouvelle "civilisation du geste14". Que ce soit dans la Bible moralisée de Vienne15, d’Oxford16 ou dans l’exemple moins connu du folio détaché d’un Psautier anglais réalisé dans les années 1230-124017, les tunicae pelliciae prennent l’aspect d’un vêtement dont la couleur vient parfois souligner la fonction hautement péjorative de certains colorants dans la sensibilité médiévale18.
16Le geste du revêtement n’est pas là par simple fidélité au texte de la Genèse. Par ce geste, l’enlumineur choisit de figurer dans la séquence narrative de la chute le moment qui symbolise le mieux la mutation opérée par le péché. Le vêtement endosse agit ici comme un révélateur de la nouvelle condition des deux pécheurs. Une fois investi - au sens premier du terme - de leur être corruptible et mortel, c’est à l’autre extrêmité de la chaîne qu’il faut fixer notre attention en vue d’examiner la contrepartie telle qu’elle a été figurée dans l’iconographie de la fin des temps de la même période.
***
17Il est frappant de constater que face aux problèmes formels auxquels se sont heurtés les sculpteurs et les enlumineurs du xiiie siècle pour figurer la résurrection des corps, rares sont ceux qui ont eu l’ingéniosité d’utiliser les ressources symboliques du vêtement afin de signifier, par le dépouillement, la libération du corps mortel.
18L’iconographie de la résurrection des morts au jour du Jugement dernier présente des constantes dans l’art monumental et la miniature. La manifestation glorieuse du Fils de l’homme est, d’une façon générale, assez stéréotypée. Celle-ci s’accompagne du réveil des ressuscites qui sortent de leurs tombeaux à l’appel des anges buccinateurs. Les morts sont le plus souvent empêtrés dans un linceul, certains enjambent la paroi du sépulcre alors que d’autres sont encore mal éveillés.
19Telle est leur attitude au portail des Libraires de la cathédrale de Rouen19 et au tympan du portail de la façade nord de la cathédrale de Reims20. Identiques sont les corps des ressuscites du Psautier d’Ingeburge (fig. 1), nus ou partiellement libérés de leur entrave. De part et d’autre de Jésus montrant ses plaies, les anges portent les arma Christi : la croix et les instruments de la Passion. La partie inférieure de la miniature est occupée par deux anges qui donnent le signal du grand rassemblement des élus. Comme le mentionne la rubrique, il est ici question de la résurrection des justes au dernier jour. L’avènement du Fils de l’homme correspond en tout point au texte des Evangiles :
"Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme ; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine ; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents, des extrémités des cieux à leurs extrémités" (Mt 24, 30-31).
20L’Evangile selon saint Luc précise : "Quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance est proche" (Lc 21, 28). En effet, la délivrance passe par un dépouillement de l’enveloppe corporelle et de tous ses oripeaux. C’est ce qu’enseigne saint Paul dans un passage complexe de la deuxième Epître aux Corinthiens. Paul invite les Corinthiens a "quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur" (2Co 5, 8) car "demeurer dans ce corps, c’est vivre en exil loin du Seigneur" (2Co 5, 6). Sous la forme d’une mise en garde, Paul établit une comparaison entre ce qu’il nomme "la tente", "la maison terrestre", c’est-a-dire le corps de l’homme corruptible et mortel et "la maison éternelle", "notre habitation céleste", c’est-à-dire le corps incorruptible et immortel. Le passage de l’un à l’autre s’effectue par un abandon nécessaire du "vieil homme" et de son carcan vestimentaire :
"Nous savons en effet que si cette tente - notre maison terrestre - vient à être détruite, nous avons un édifice qui est l’œuvre de Dieu, une maison éternelle qui n’est pas faite de main d’homme, dans les cieux. Aussi, gémissons-nous dans cet état, ardemment désireux de revêtir par dessus l’autre notre habitation céleste, si toutefois nous devons être trouvés vêtus, et non pas nus. Oui, nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons accablés ; nous ne voudrions pas en effet nous dévêtir, mais nous revêtir par dessus, afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie" (2Co 5, 1-4).
21Par delà le caractère abscons de ces emplois métaphoriques rarement commentés21, il semble que le sens général de cet avertissement prenne toute sa valeur à la lecture du dernier verset souvent oublié :
"Il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal" (2Co 5, 10)
22Une fois le corps mis à nu, les morts ressuscites seront alors prêts pour revêtir la gloire du Seigneur :
"En un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité" (1Co 15, 52-53).
23Le processus de dépouillement/revêtement qui accompagne la Resurrectio carnis a été décomposé de façon très lumineuse par saint Jérôme dans un commentaire sur la "véritable croyance à la résurrection" adressé à Pammachius, contre Jean de Jérusalem :
"La vraie croyance à la résurrection est celle qui accorde la glorification de la chair pour ne pas ternir la vérité. Quant aux épithètes "corruptible et mortel" (1Co 15) employées par l'Apôtre, elles s’appliquent au corps, c’est-a-dire à la chair visible ici-bas. Et lorsqu’il y ajoute" se revêtir d’incorruption et d’immortalité", cela ne signifie pas que le corps soit remplacé par ce vêtement qui l’ornera dans la gloire ; mais, lui qui était auparavant sans gloire, deviendra glorieux, en sorte qu’ayant rejeté son misérable vêtement de mortalité et d’infirmité, il sera pour ainsi dire vêtu de l’or de l’immortalité et de la béatitude de la force et de la vertu. Nous voulons donc, non pas être dépouillé de la chair, mais qu’elle soit revêtue de la gloire, désirant que notre demeure, qui est du ciel, soit recouverte de manière que ce qui est mortel soit dévoré par la vie. Assurément, nul ne peut être revêtu, s’il n’a pas été vêtu auparavant22".
24Avec la résurrection des morts ressurgissent les métaphores originellement appliquées à Adam et Eve. Derrière ces corps "sans gloire" qui doivent maintenant se débarasser du "misérable vêtement de mortalité et d’infirmité" se profile le symbolisme de la tunique de peau.
25L’idée d’une libération se rencontre donc parfois dans l’iconographie de la résurrection des morts sous la forme de corps qui se dégagent de leur linceul en le repoussant afin de s’extraire de l’étoffe dans laquelle ils sont empêtrés. Saint Jérôme utilise une métaphore qui exprime pleinement cet aspect sous-étudié de la délivrance liée à la résurrection :
"Les morts sortiront de leurs sépulcres, comme de petits mulets délivrés de toute entrave23".
26L’idée du lien, de l’entrave (vinculum) est précisément celle que l’on retrouve dans le terme "empêtrer". C’est à partir de la racine pastoria ("entrave à bestiaux") qu’est forgé au xiie siècle le verbe empaistrier. Dire des morts qu’ils sont empêtrés dans leur linceul c’est dire combien ils sont prisonniers de leur entrave. En se dépêtrant, en se dépouillant de ce linge, les morts sortent de leurs sépulcres libérés et prêts à comparaître devant le Juge.
27Au Moyen Age central, parallèlement aux représentations les plus courantes de ce thème figurant les ressuscités nus ou à demi-nus, coexistent de très rares exemples où les enlumineurs ont poussé jusqu’au bout la logique du dépouillement vestimentaire.
28Composé en Allemagne, dans les années 1179-90, le Livre de prière dit de Hildegarde de Bingen contient l’une des représentations atypiques les plus anciennes de la résurrection des morts. Ce manuscrit, particulièrement représentatif en ce qui concerne l’étude des gestes "apparaît comme une sorte d’ancêtre du livre d’heures de la fin du Moyen Age24".
29Le folio 71, sur lequel nous nous attarderons, comporte deux registres superposés (fig. 2). Dans la partie supérieure, deux anges sonnent de l’olifant. Au-dessous, les morts ressuscitent et se dépouillent de leur vêtement. La légende qui accompagne ce folio mentionne que "les morts se lèvent de leurs tombes" (Hi stent di thoden fan den greberin). Face à une image aussi déroutante, on a cru voir dans le rapport entretenu par les ressuscités avec leur vêture, la scène du revêtement des justes25. A priori, l’ambiguïté des gestes en rend difficile l’interprétation. Mais la prise en compte du contexte et la comparaison avec d’autres manuscrits révèlent deux éléments qui permettent de trancher sans équivoque. D’une part, dans ce type spécifique d’iconographie, seuls les anges ont la charge de vêtir les justes. Or, en l’occurence, aucun des ressuscités ne reçoit directement des mains angéliques un vêtement. Le rapport qu’ils entretiennent avec leur vêture n’implique qu’eux-mêmes. D’autre part, lorsque la question du revêtement se pose - comme nous le verrons ultérieurement - il s’agit obligatoirement de celui des âmes et non des corps. Ici, en revanche, nous sommes en présence de la mise en image de la résurrection du corps des morts comme le rappelle la légende. Reconnaissons toutefois que le geste du dépouillement de ce folio nous a longtemps laissé perplexe avant que nous aboutissions à cette conclusion26
30L’idée essentielle est d’avoir greffé sur la scène de la résurrection des morts un élément nouveau. En choisissant de figurer les justes au sortir de leur sépulcre en train de se dépouiller, l’accent a été porté sur la fonction symbolique du vêtement qui, une fois ôté, anticipe le moment de la réception de la robe d’incorruptibilité et d’immortalité. Rappelons-nous les paroles de saint Jérôme précitées : "nul ne peut être revêtu, s’il n’a pas été vêtu auparavant". Le dépouillement vestimentaire confère à la résurrection une dimension nouvelle, celle d’un authentique passage. Le corps nu, débarrassé de l’ultime vestige humain, est disposé à endosser le suprême vêtement divin. Alors que certains joignent les mains dans l’attitude de la prière, l’un d’entre eux soulève la pierre de son sépulcre au premier plan pendant qu’un autre, derrière lui, se libère de son vêtement. Les deux mouvements vont de pair et renforcent la notion de libération. Quant au mort central, engoncé dans un habit dont il cherche à se dépêtrer, son visage apparaît au niveau de l’encolure comme à travers une lucarne27. Les manches vides et démesurément longues de son vêtement lui donnent une allure fantomatique. La plupart de ces remarques s’appliqueraient à un Psautier allemand plus tardif, composé dans les années 1275 (fig. 3) qui se situe dans le prolongement du Livre de prière d’Hildegarde, tant la similitude des gestes accompagnant le dépouillement est grande28. Cependant, le dépouillement le plus magistral qui soit est très certainement celui du Psautier de Bamberg (fig. 4). Egalement d’origine germanique et réalisé vers 1255, ce manuscrit comporte dans la partie centrale du folio 109 V° un ressuscité qui se dresse hors de son sépulcre en se dégageant avec vivacité de son linceul. Au-dessous, un autre se tient debout, encore entièrement enveloppé de la pièce de toile dans laquelle on ensevelit un mort. Au-dessus, c’est pareillement d’un sépulcre en forme de cuve qu’un troisième ressuscité se dégage avec difficulté du linge dans lequel il se trouve enpêtré. On notera, par ailleurs, que la miniature de ce Psautier se singularise par la présence d’un animal fabuleux et d’un oiseau qui "restituent" à deux justes, sous la forme de ce que l’on a coutume d’appeler l’expectoration, un pied et un bras dont leur corps avait été démembré29.
31A côté de ces "gros plans" focalisés sur la résurrection des justes, le thème du dépouillement vestimentaire à parfois été utilisé dans le contexte plus large du Jugement dernier traité dans sa globalité. C’est le cas de deux miniatures provenant de manuscrits anglais réalisés au début du xiiie siècle (fig. 5-6).
32Le Jugement dernier du Psautier de Munich (fig. 5), à partir duquel a été élaboré celui d’un Psautier londonien daté des années 1220-30 (fig. 6), présente la même structure d’ensemble. Ces miniatures sont fondées sur la source des Evangiles. En premier lieu, tous les éléments condensés dans ces images sont ceux que l’on rencontre dans l’Evangile selon saint Matthieu :
"Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs" (Mt 25, 31-32).
33L’Evangile selon saint Jean apporte des précisions sur le sens de la résurrection :
"N’en soyez pas étonnés, car elle vient, l’heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et sortiront : ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement" Jn 5, 28-29).
34La scène du Jugement est divisée en deux parties. Au-dessous du Fils de l’homme trônant, figure la séparation des bons et des méchants. Les uns sont accueillis par un ange qui les mène au paradis ; les autres sont entraînés vers la gueule de l’enfer.
35Dans le Psautier de Munich (fig. 5), deux démons réunissent les condamnés en les tirant vers eux à l'aide d’un lien, tandis qu’un ange se charge de refouler la masse des réprouvés qui se pressent les uns contre les autres30 Au milieu de ce tumulte prend place, au premier plan, la résurrection des morts. Deux ressuscites nus s apprêtent à sortir de leur tombe, pendant qu’un troisième, en position centrale, se dépouille de sa tunique.
36Le Psautier de Londres (fig. 6) reprend cette idée en délimitant la zone de la résurrection d’un trait qui enferme les ressuscites dans un espace bien défini. Deux morts lèvent les bras dans un geste de prière, l’un portant sur la tête un tissu rejeté en arrière, l’autre une couronne. Les deux Psautiers ont en commun la figuration des élus, après la résurrection, revêtus des costumes et des attributs de leur ancien état (couronnes royales, mitres épiscopales).
37L’apport des théologiens est ici déterminant pour justifier la présence de ce dépouillement vestimentaire au moment précis de la résurrection. Indirectement, Honorius d’Autun éclaire cet aspect dans l’Elucidarium (c. 1100). Sous la forme d’un dialogue consacre à la fin du monde et au Jugement de Dieu, il démontre que les justes seront nus, vêtus seulement de leur innocence et de la splendeur de leur beauté :
"Seront-ils vêtus ou nus ? - Ils seront nus, mais pleins de beauté et ne rougiront d’aucune partie de leurs corps. Cependant, les justes auront pour vêtement le salut et la joie : en effet, le Seigneur revêtira leurs corps du vêtement du salut et il revêtira leurs âmes de joie31".
38Antérieurement, Julien de Tolède (c. 642-690) s’interrogeait déjà sur la présence ou l'absence de vêtements lors de la résurrection. En intitulant le chapitre XXVI du Prognosticon "De ce que notre nature n’aurait pas besoin de vêtements charnels", Julien de Tolède entendait montrer que les corps des ressuscites ne seront aucunement vêtus. Reprenant l’opinion générale des Pères de l’Eglise, voici la conclusion à laquelle il aboutit :
"Parce que dans cette gloire future de la résurrection, où n’existera nulle déformation des corps saints, non plus que l’adversité d’aucune douleur et d’aucun labeur, l’usage des vêtements ne serait pas non plus nécessaire, pour ceux pour qui le Christ sera tout et en tous32".
39A la suite de cette citation, l’auteur mentionne avec précision la référence au chapitre III de l’Epître aux Colossiens concernant l’union au Christ comme principe de vie nouvelle :
"Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l’image de son Créateur" (Col 3, 9-10).
40Si la nudité est une étape nécessaire lors de la résurrection comme s’accordent à le montrer Julien de Tolède et Honorius d’Autun, la boucle ne pourrait être bouclée sans la phase terminale du revêtement des justes.
41Cette scène se rencontre précisément dans le programme iconographique de la châsse mosane de saint Servais (c. 1160-70). Entièrement consacrée au Jugement dernier, celle-ci présente l’intérêt d’avoir été composée sur le principe d’une bipartition (fig. 7-8). De part et d’autre de la toiture se trouvent les élus et les damnés. A la Misericordia distribuant des couronnes aux élus, correspond la résurrection de l’âme des justes vêtus par deux anges de leur robe d’immortalité (fig. 7). Derrière cette image semble résonner les versets du Livre de Baruch :
"Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, revêts pour toujours la beauté de la gloire de Dieu, prends la tunique de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de gloire de l’Eternel ; car Dieu veut montrer ta splendeur partout sous le ciel, et ton nom sera de par Dieu pour toujours : Paix de la justice et gloire de la piété (Ba 5, 1-4).
42Sur l’autre versant figure Veritas tenant une balance qui fait pendant aux réprouvés dépouillés de leur robe baptismale (fig. 8). La présence dans une même représentation de deux gestes antithétiques (revêtir/dévêtir) place le symbolisme vestimentaire au cœur d’une oeuvre dont saint Servais détient la clef :
"Le pignon oriental est occupé par une Majesté apocalyptique, le pignon occidental par l’intronisation au paradis de saint Servais qu’accompagnent dans son introductio deux figures dont l’une tient sa crosse et l’autre un livre ouvert où est écrit : indue immortalitatem, formule qui fait du saint le modèle et le garant de la vêture de la robe d’immortalité des Justi par la main des anges33".
***
43L’immortalité dont les justes sont revêtus nous ramène à l’habit paradisiaque : l’harmonie est rétablie, l’incorruptibilité est définitivement acquise. Avec la vêture eschatologique des justes, la résurrection des morts s’achève en point d’orgue.
44Au fil de ces textes et de ces images, le symbolisme vestimentaire qui transparaît aura permis de mettre en lumière l’existence d’une temporalité de la vêture dont la cohésion est assurée par un ensemble de gestes permettant d’appréhender l’imaginaire de la fin des temps comme un tout organisé, avec un début et une fin.
LEGENDE DE L’ICONOGRAPHIE
45Fig. 1 Psautier d’Ingeburge, France, c. 1210, Chantilly, Musée Condé, Ms. 1695, fol. 33.
46Fig. 2 Livre de prière dit de Hildegarde de Bingen, Allemagne, c. 1179-90, Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 935, fol. 71
47Fig. 3 Psautier, Allemagne (région de Thuringe), c. 1275, collection allemande (H. Fuld), folio isolé.
48Fig. 4 Psautier de Bamberg, Allemagne, c. 1255, Melk, Stiftsbibliothek, Ms. 1833, fol. 109 V°.
49Fig. 5 Psautier de Munich, Oxford, c. 1200-10 (?), Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 835, fol. 30
50Fig. 6 Psautier, Londres, c. 1220-30, Cambridge, Ms. B. 11.4, fol. 11
51Fig. 7 Châsse de saint Servais, Maastricht, église Saint Servais. Détail de la châsse (c. 1160-70) : Justi, les justes sont revêtus.
52Fig. 8 Idem. Maledicti, les réprouvés sont dépouillés.
Notes de bas de page
1 C’est dans le cadre d’une thèse d’anthropologie historique de l’Occident médiéval en cours d’achèvement à l’EHESS (sous le direction de J.-C. Schmitt) que le présent article a été réalisé. Le titre retenu est le suivant : "Le Temps du Dépouillement. Etude du sybolisme vestimentaire à travers l’image et l’imaginaire du Moyen Age central (xiie - xiiie siècles)".
2 Saint Jean Chrysostome, Homélies sur la Genèse, XVI, 1, dans Œuvres complètes, trad. par M. Jeannin, Paris, 1865, T. 5, p. 87.
3 Ibid., XVI, 5, p. 91.
4 La Vie d’Adam et d’Eve, ch. XX, cité par E. Haulotte, Symbolique du vêtement selon la Bible, Paris, Aubier, 1966, p. 187, d’après R.H. Charles, The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, Oxford, 1913, T. 2, p. 146. Sur cette question, d’une manière générale cf. E. Haulotte, op. cit., p. 181-190 ; J. Hani, La divine liturgie, Paris, 1981, p. 122-123 ; et plus particulièrement E. Peterson, Pour une théologie du vêtement, trad. de M. J. Congar, O.P., Lyon, 1943, p. 6-9.
5 Irénée de Lyon, Adversus Haereses, Livre III, 23,5, éd. A. Rousseau et L. Doutreleau, S.J., T. II, collect. "Sources chrétiennes", n° 211, Paris, le Cerf, 1974, p. 458-459. A défaut de place dans un article aussi bref, tous les textes dorénavant cités seront en français. Dans la version définitive de la thèse ils le seront simultanément en latin.
6 Grégoire le Grand, Moralia in Job, VI, 9, éd. A. Bocognano, T. 2, "Sources chrétiennes", n° 221, Paris, le Cerf, 1975, p. 160-161.
7 Saint Augustin, Les douze livres de la Genèse au sens littéral, Livre VI, chapitre XXVI, dans Œuvres complètes, éd. par MM. Péronne, Vincent, Ecalle, Charpentier, H. Barreau, Paris, 1873, T. 7, I, p. 193.
8 Ibid.
9 Saint Augustin, Discours sur les Psaumes, I, Psaume CHI, op. cit., 1872, T. 14, p. 263-264. Sur la peau comme symbole de notre condition mortelle cf. par comparaison : J. Daniélou, "les tuniques de peau chez Grégoire de Nysse" dans Glaube Geist Geschichte. Festschrift für Ernst Benz, E. J. Brill, 1967, p. 355-367.
10 E. Peterson, op. cit., p. 14-15.
11 E. Köhler, l’aventure chevaleresque, trad. par E. Kaufholz, Paris, Gallimard, 1974, p. 96-97. Plus largement, cf. chapitre III : l’aventure : réintégration et quête de l’identité, p. 77-102. Sur la forme la plus achevée de l’aventure individuelle cf. A. Pauphilet, Etudes sur la Queste del Saint Graal, Paris, Champion, 1980, p. 53-et ss.
12 Cf. l’article de F. Garnier, "De la tunique d’Adam au manteau d’Elie", dans Les Cahiers du Léopard d’Or, n° 1, Le vêtement au Moyen Age, Paris, 1989, p. 287-288. A partir d’exemples représentatifs, les problèmes chronologiques et iconographiques que posent ce thème sont plus largement développés dans le 1er chapitre de ma thèse.
13 Cf. la Bible dite du Cardinal Maciejowski, c. 1250-1255, New-York, Pierpont Morgan Library, ms. 638, fol. 2, d’après l’édition fac-similé de S.C. Cockerell, Old Testament miniatures, New-York, 1969.
14 J. Le Goff, La Civilisation de l’Occident médiéval, Paris, Arthaud, 1964, p. 440.
15 Bible moralisée, c. 1220-30, Vienne, Bibl. nat., codex vindobonensis 2554, fol. 2. Reproduit dans F. Garnier, op. cit., fig. 2, p. 296.
16 Bible moralisée, c. 1250, Oxford, Bodleian Library, ms. 270b, fol. 7V°, cf. F. Garnier, ibid, fig. 1, p. 295.
17 Ce folio isolé appartient à un Psautier conservé à Baltimore (Walters Art Gallery), ms. 106.cf. le folio complet reproduit dans Le catalogue de la Collection Wildenstein, Musée Marmottan, Paris, 1980, n° 113.
18 Ainsi la tunique jaune portée par Eve dans la Bible moralisée de Vienne fait d’elle l’incarnation totale du Mal. Cf. M. Pastoureau, "Formes et couleurs du désordre : le jaune avec le vert", dans Figures et couleurs, Paris, Le Léopard d’Or, 1986, p. 30. De même, couvrir la nudité d’Eve de la couleur verte dans le Psautier anglais, c’est utiliser une couleur qui fait écart et qui transgresse un ordre établi. Pour le rôle dépréciatif de la couleur verte dans d’autres domaines, notamment littéraires, cf. ibid et d’une façon générale, cf. du même auteur "Rouge, jaune et gaucher. Note sur l’iconographie médiévale de Judas" dans Couleurs, images, symboles, Paris, Le Léopard d’Or, 1989, p. 69-83.
19 E. Mâle, l’art religieux du xiiie siècle en France, Paris, Armand Colin, 1948, réed. Livre de Poche, 1987, fig. 180, p. 672-673.
20 G. Duby, Le Moyen Age. L’Europe des cathédrales 1140-1280, Genève, Skira-Flammarion, 1984, fig. 6, p. 156-157.
21 Cf. J.F. Collange, Enigmes de la deuxième épître de Paul aux Corinthiens, Cambridge, 1972, p. 199-222 et M. Tardieu, "Les vêtements de lin", Le temps de la réflexion, 1982, III, Paris, Gallimard, p. 47-48.
22 Saint Jérôme, A Pammachius, contre Jean de Jérusalem, 29, in Œuvres complètes, trad. par l’Abbé Bareille, Paris, T. III, 1878, p. 43-44.
23 Ibid., "Et exibunt de sepulcris suis, veluti hinnuli de vinculis soluti" (p. 48).
24 J.C. Schmitt, La raison des gestes dans l’Occident médiéval, Paris, Gallimard, 1990, p. 155.
25 E. Klemm, Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 935 (éd. Fac-similé), Wiesbaden, 1982, p. 262-265. Nous renvoyons à l’étude d’Elisabeth Klemm en nous écartant toutefois de son interprétation du fol. 71. Sur ce manuscrit cf. E. Klemm, "Das sogennante Gebetbuch der Hildegard von Bingen", Jahrbuch der Kunsthistorischen Sammlungen in Wien, 1A, N.F., XXXVIII, 1978, p. 58.
26 Je remercie J.C. Bonne et J. Baschet de s’être penchés avec moi sur la question, ainsi que J.C. Schmitt pour la consultation d’une représentation similaire à Cambridge que nous analyserons plus loin.
27 Notons que cette façon de représenter le visage cerné par un linge se rencontre au xiiie siècle chez certains ressuscités sculptés aux portails de Reims et de Rouen.
28 Une structure d’ensemble et une conception identiques se rencontrent dans un Psautier du Diocèse d’Augsburg (c.1235) conservé à New-York, Pierpont Morgan Library, Ms. 280, fol. 13 (Reproduit dans H. Swarzenski, Die Lateinischen illuminierten Handschriften des XIII jahrhunderts in den Ländern an Rhein, Main und Donau. Berlin, 1936, n° 64, p. 140, pl. 772.
29 Sur le Psautier de Bamberg (Melk, Stiftsbibliothek, Ms. 1833, fol. 109 V°) cf. H. Swarzenski, ibid, n° 94, p. 163, pl. 1067 et pour l’analyse particulière du corps fragmenté, cf. C. W. Bynum, Fragmentation and Redemption, New-York, 1991, p. 239-297.
30 Sur l’iconographie de l’enfer et de l’Au-delà, cf. la thèse de J. Baschet, Les justices de l’Au-delà. Les représentations de l’enfer en France et en Italie (xiie-xve siècle). Thèse de l’EHESS dirigée par J. le Goff, Paris, 1988.
31 Honorius d’Autun, Elucidarium, Livre III, P.L. 172, col. 1169 : "Erunt vestiti, an nudi ? - Nudi erunt, sed omni decore fulgebunt ; et non plus de aliis membris, quam nunc de gratiosis oculis erubescent. Salus autem justorum et laetitia erunt illorum vestimenta : nam Dominus induet corpora eorum vestimento salutis, et animas eorum indumento laetitia".
32 Julien de Tolède, Prognosticon, III, 26, P.L. 96, col. 509 : "Quod in illa futura gloria resurrectionis, ubi nulla corporibus sanctis deformitas, nulla quoque doloris aut laboris erit adversitas, non sit quoque tegminum necessarius usus, quibus erit omnia et in omnibus Christus". (Quod carnalibus indumentis natura nostra non egeat).
33 Ph. Verdier, "Les staurothèques mosanes et leur iconographie du Jugement dernier" dans les Cahiers de civilisation médiévale, 16, 1973, p. 199-200. Sur la figuration de la résurrection, cf. S. Collon-Gevaert, J. Lejeune, J. Stiennon, Art roman dans la vallée de la Meuse aux xie, xiie et xiiie siècles. Bruxelles, 1965, p. 232-234, pl. 42. Cf. la récente synthèse dans G. Schiller, Ikonographie der christlichen Kunst, Gütersloh, Band 5, Textteil (I), 1990, p. 197-199 ; Bildteil (II), 1991, fig. 804, 806.
Auteur
Archives Nationales, Paris
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Fantasmagories du Moyen Âge
Entre médiéval et moyen-âgeux
Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
Par la fenestre
Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003