Langue française, identité nationale et antisémitisme chez les Européens antijuifs d’Algérie (XIXe siècle-1939)
p. 155-168
Texte intégral
1L’antisémitisme des Européens d’Algérie, généralement appelé sur place antijudaïsme1, jette ses premiers signes avant-coureurs dès l’époque du débarquement2 français de 1830, explose à l’époque du décret Crémieux de 1870 qui naturalise en masse les juifs d’Algérie et perdure jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Ce mouvement de masse permit notamment l’élection de municipalités et de députés antijuifs à la fin du xixe siècle et pendant l’entre-deux-guerres.
2La pensée antijuive imprègne profondément la plupart des milieux européens3 et s’exprime par un bain culturel4 polymorphe considéré comme naturel, banal, qui forme « l’air qu’on respire ». Une partie de l’arsenal dont elle dispose pour s’exprimer au grand jour se compose de journaux, de livres, de caricatures, d’écrits divers, le tout soutenu par une langue5 bien spécifique, qui révèle aussi bien l’idéologie que l’être antijuifs. C’est cette langue comme moyen privilégié d’expression idéologique qui est approchée ici, d’abord en tant que signe primordial et indiscuté d’appartenance à la nation, puis en tant qu’instrument aux mains des antijuifs.
Le poids de la langue dans l’idée nationale
L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une nationalité.
Jules Michelet6
Une seule langue
3La France entretient des liens forts et anciens avec sa langue7, considérée comme constitutive non seulement de l’être de chaque Français mais aussi de l’appartenance à l’État-nation, l’un des ferments premiers de « l’esprit français » et de la « mentalité française ». Chacun doit s’y plier, à l’école comme à l’armée, à l’exclusion de toute autre langue ou parler local. Au-delà de l’aspect coercitif, le français représente donc non seulement un instrument politique mais aussi un instrument d’intégration et de promotion sociales.
4Puisque la langue nationale véhicule les valeurs et les mœurs propres à la France, son utilisation et sa maîtrise sont un aspect important de la politique. D’autant plus que le rôle de la langue devient primordial quand il s’agit d’emporter l’adhésion du public et, plus précisément de l’électorat. La concurrence faite au français en Algérie par des langues étrangères très parlées localement, l’espagnol en particulier, devient donc une question politique. C’est pourquoi un débat parlementaire de 1899 en pose clairement les enjeux8.
Des craintes pour l’avenir
5Les 19 et 24 mai 1899, Gustave Rouanet prononce à la Chambre des Députés un discours9 qui met en cause les députés antijuifs algériens fraîchement élus : Édouard Drumont et Charles Marchal à Alger, Firmin Faure à Oran, Émile Morinaud à Constantine. Il reproche à ces députés d’avoir utilisé la langue espagnole à côté de la langue française dans une affiche électorale.
6Il faut replacer ce discours dans le cadre de l’inquiétude que faisait naître en Algérie ce qu’on appelait le « péril étranger10 ». De nombreux Français d’origine craignaient, entre autres, la « défrancisation » du département d’Oran en raison de ce qu’ils ressentaient comme leur submersion politique et sociale par de très nombreux naturalisés restés Espagnols de cœur, de mœurs et de langue. Ceci, remarque-t-on, alors même que le nombre des Espagnols naturalisés et non naturalisés est considérable11 et ressenti comme politiquement et socialement dangereux.
7Rouanet reproche aux députés d’Algérie d’avoir utilisé à Alger la langue espagnole dans une affiche électorale. Mais, dans sa réponse, Charles Marchal le rejoint justement sur ce même terrain de la prédominance de la langue nationale. Il déclare que, par la publication de cette affiche en français et en espagnol, lui et Édouard Drumont12 voulaient « protester contre des affiches écrites en espagnol au profit du candidat adverse » et donc bien restituer sa place au français à côté de l’espagnol. Diffuser une affiche bilingue est déjà une forte concession à cette langue étrangère que le poids électoral des « néos » ou Européens naturalisés peut faire admettre, mais qui n’est pas, aux yeux de nombreux Français, sans risque politique sur le plan régional. Marchal reste d’ailleurs discret sur le fait que ces affiches portaient la signature « Edouardo Drumont » et « Carlos Marchal », pas plus qu’il ne rappelle que Firmin Faure terminait ses discours électoraux par la phrase « Vive l’unité franco-espagnole » et signait Firmino. Enfin, il ne s’explique pas non plus sur l’impact probable de cette publication bilingue sur un électorat d’origine espagnole toujours considéré comme trop proche de son pays d’origine, ni sur le fait que des Espagnols naturalisés avaient défilé à Oran derrière le drapeau espagnol. Mais il dit bien, donc, que Drumont et lui auraient agi pour réintroduire le français dans le discours politique et non pour imposer cette langue étrangère dans un débat politique français. Rouanet et Marchal montrent ainsi qu’ils considèrent l’un comme l’autre la langue française comme un élément intouchable du fonctionnement de la politique et, plus largement, du vivre ensemble en terre française.
8Cependant Rouanet persiste en rappelant les liens entre langue d’une part, culture politique et religieuse irriguant l’identité nationale d’autre part. Il précise que les populations européennes de l’Algérie (Espagnols, Italiens, Maltais) qu’il appelle « populations inférieures », formées et recrutées sur place, ont donné naissance à une génération d’instituteurs et de professeurs éloignés de l’esprit français. Ces enseignants transmettraient, dit-il, aux futures classes dirigeantes d’Algérie « une éducation qui n’était plus du tout une éducation française [car] Espagnols et Italiens, contrairement à ce que dit M. Morinaud, gardent leur langue et pénètrent nos compatriotes d’Algérie de l’esprit et même de leurs mœurs ». Y compris sur le plan religieux puisque le clergé étranger suivait ses propres règles. Ils auraient donc fait à ses yeux de l’Algérie une terre où les « opinions religieuses fanatiques très ardentes » que ces populations professent dans leur langue, les éloignent de la spécificité française. Il constate que le jeune Algérien13 ignore l’histoire de la France, notamment l’histoire contemporaine, qui lui aurait fait connaître l’Empire, la réaction, le cléricalisme. Il n’aurait pas lu les grands textes de la littérature et de la philosophie qui devaient orienter son comportement d’adulte. Cette situation aurait conduit à ses yeux, à partir de 1893, à la « crise pathologique de l’antisémitisme » et au soutien par les antisémites de populations hostiles ou pour le moins indifférentes à la culture française. À nouveau, la langue est sur la sellette. On évoque des conseillers municipaux naturalisés ne parlant pas le français dans les villages du département d’Oran, on se plaint de prêches prononcés en espagnol et de nombreuses affiches rédigées dans cette langue14. Rouanet redoute, avec beaucoup d’autres, que les jeunes Algériens d’origine française ou non, s’enferment finalement dans une « nationalité mixte algérienne, insoucieuse de ses diverses origines, n’ayant pas d’autres objectifs que son bien-être et ses intérêts locaux15 ». C’est l’époque où l’immigration dite latine et composée de tous les ressortissants de peuples issus de la rive nord de la Méditerranée, fait penser à la naissance d’un peuple néo-français ou encore « latin », mot qui prendra toute son ampleur au xxe siècle. Et ce mot confirme les craintes de ceux qui se réclament uniquement de la France.
Défendre les « bons Français » contre les « exotiques »
Le citoyen « français » comme mesure de tout
9Au xixe comme au xxe siècle, on considère chez les Français d’origine que toute vertu est « gauloise » ou « française », tout défaut « exotique », donc provenant en grande partie des juifs ou des judaïsants16. Est « bien français » tout comportement digne d’éloge, toute vertu sociale, morale et politique. C’est le mythe gaulois, qui est l’inverse de ce que l’on pourrait appeler le mythe juif, et qui conduit insidieusement les individus à suivre les codes de l’antijudaïsme. Le Français d’origine se dépeint comme « noble et généreux », « chevaleresque ». Fier de son passé, il se pense le continuateur dans le présent de l’héritage révolutionnaire qui a apporté la liberté et l’égalité entre les hommes. Il se dit patriote, bon soldat, républicain « par tempérament » et respecte les règles du suffrage universel. On peut donc faire confiance à cet homme honnête, lui donner sa voix lors d’une élection, ou acheter dans son magasin sans craindre de se voir volé ou trompé sur l’origine « nationale » des produits et des commerçants. D’où le recours aux inscriptions « maison française », « bonne maison française » ornant les devantures et qui indiquent que les commerçants ne sont pas juifs voire, mais, c’est là aussi sous-jacent, pas Espagnols ou Italiens et qu’on peut s’y fournir en toute confiance.
10Ces mots de « français » ou « gaulois » signifient aussi non-juif ou non-judaïsant. Dans ses Mémoires (1941), Émile Morinaud parle ainsi de Constantine comme comprenant « d’une part la ville juive et ses alliés judaïsants, de l’autre la ville française et nos vaillants faubourgs17 ». Les émeutes de mai 1934 à Constantine témoignent de leur côté de la contamination du discours d’exclusion des juifs sur la population musulmane, notamment en ce qui concerne l’emploi du mot « français » signifiant aussi pour eux dans ce cadre, non-juif. Par ailleurs, le mot juif se trouve parfois opposé ou associé au mot naturalisé, les naturalisés étant eux aussi considérés, mais à un niveau moindre, comme ne faisant pas partie des « vrais français ». La plupart des Français d’origine, bien au-delà des cercles antijuifs, mesurent aussi chaque être à l’aune de la francité qu’ils lui concèdent et acceptent cette définition du mot « français ».
11Dans la presse et les discours, le mot « antijuif » représente de son côté l’équivalent du mot « français », un passe-partout qu’on martèle à tout propos. Les députés, les conseils municipaux, les partis politiques, les militants, les meetings, les banquets, les journaux, les agences de publicité, les imprimeries, les anisettes, les cigares, les cafés (« inutile de dire qu’on ne sert pas les juifs »), et les magasins se déclarent « antijuifs » ou « français ». Rien ne peut y échapper, y compris les cigarettes et les absinthes.
12Les termes Français et Algérien se complètent et s’opposent tout à la fois. Le mot Algérien désigne communément le Français installé en Algérie, celle-ci comprise comme une province française ordinaire. On serait algérien comme on est auvergnat ou breton, les autochtones étant des Indigènes. Les Européens venus s’installer en Algérie se sentent rapidement eux aussi Africains et Algériens mais pas encore Français. La littérature nous donne encore ici quelques exemples. Cagayous, le personnage algérois de milieu populaire à la langue improbable décrit par Musette dans ses brochures à succès et en particulier dans Cagayous antijuif18, se trouvant en visite à l’Exposition de Paris avec trois amis, répond à la question : « Vous êtes français ? » – d’un visiteur que leur accent étonne – « Algériens nous sommes… que19 ! » Ce que confirme cette assertion : « primo, y dit, si je suis pa Français naturel, je suis Algérien20 ». Mais plus tard, dans l’entre-deux-guerres comme le rappelle Emmanuel Roblès dans son ouvrage Jeunes saisons, les néos affirment avec force leur appartenance à la citoyenneté française, au-delà même de leur algérianité.
13On est donc Français de souche ou néos mais tous les Européens appartiennent à la catégorie des Algériens. Et ces Algériens n’hésitent pas à se comparer favorablement aux Français de France. Cagayous fait remarquer que c’est l’Algérie qui a lancé l’affaire Dreyfus et qu’ici « le sang il est pluss mieux qu’en France21 ». Le Français métropolitain nouvellement débarqué est, lui, considéré comme quelqu’un de maladroit, comme un « pato », c’est-à-dire comme une espèce de canard gauche, toujours à côté de la plaque. Plus largement, disons pour résumer qu’on est Français par rapport aux juifs, aux Européens et aux néos qu’on appelle « français à 1 franc » en référence à la taxe demandée lors de la naturalisation. Mais les Français, les néos et les Européens sont algériens par rapport aux Français de France. À la limite, encore une fois, le mot « français » signifie simplement « juif exclu » si l’on considère que la société sportive « française » d’Oran, L’Oranaise, était ouverte aux Européens et aux Indigènes, donc à tout le monde, sauf aux juifs. L’identité française se montre ainsi, sous plusieurs aspects, comme étant à géométrie variable.
14Pour en revenir à mai 1899, lorsque Rouanet dénonce l’action des antisémites en Algérie, un député, Prache, déclare : « Nous ne pouvons pourtant pas laisser traiter les Français de la sorte. ». Ce qui lui vaut cette réponse de Rouanet : « Mais ce sont des Français ces juifs, ce sont nos compatriotes. » On aurait aimé connaître le contenu des « interventions sur divers bancs à droite » soulignées par le compte-rendu mais tel quel, l’échange montre bien que, dans l’esprit de certains, les termes de français et de juif ne peuvent parvenir à cohabiter.
Attaquer les juifs
Une langue travaillée idéologiquement
15En Algérie même, la langue de l’antijudaïsme s’exprime dans la rue lors des manifestations, dans les discours des partis, sur les murs et dans les divers écrits. Cette « langue de métier » domine et donne en définitive un sens précis à tous les autres moyens d’expression. À travers les attaques contre les juifs, et de façon souvent induite, s’expose une conception globale de la société, ce qui inclut aussi bien le présent que l’avenir, la sphère dite domestique et la sphère dite publique. On balaye ainsi la politique, l’économie, la vie sociale, les mœurs et les rapports de genre à l’intérieur d’un monde colonial où des populations diverses se côtoient et où les femmes et les hommes disposent de statuts divers en fonction de facteurs ethniques, politiques et culturels. Et les lignes qui suivent montrent que beaucoup de mots et d’expressions donnent à la langue de l’antisémitisme une même coloration de part et d’autre de la Méditerranée.
16Pour être immédiatement compris, hommes politiques, écrivains et journalistes, manifestants n’utilisent pas une langue savante mais une langue de tous les jours, une langue où certains mots et expressions, appartenant au patrimoine de l’antisémitisme et sans cesse rabâchés, ont une force de persuasion qui ne faiblit pas avec le temps. Cette langue simple, énergique, de peu de profondeur intellectuelle, aux multiples aspects, constitue une arme idéale de combat qui fait naître l’émotion autant qu’elle échauffe l’imagination, reste concrète, tient son public en haleine et ne laisse pas de place au doute22. Elle se forge et se complète au fil des ans, le fond commun entre les époques s’enrichissant progressivement des nouvelles expériences du moment. Comme l’image23, cette langue synthétise, standardise, concentre, facilite la mémorisation des stéréotypes et entre ainsi aisément dans les cerveaux. Elle peut devenir populiste et démagogique quand elle fait disparaître la réflexion, se contentant de ressasser des injures. Elle veut avilir, séparer, exclure et aussi faire accepter l’idée que tous les antijuifs forment un groupe homogène, incluant indifféremment l’ensemble des Français et naturalisés qui se reconnaissent dans le mouvement antijuif24. Pour y parvenir, il se crée progressivement en Algérie un « référentiel culturel » formé de représentations, de mots, de situations, en bref d’images forgées idéologiquement, dans lequel on puise régulièrement. Le langage des antisémites, défini par P.-A. Taguieff comme reprenant constamment les mêmes accusations et dénonciations, se formule avec des mots, là aussi, pratiquement toujours les mêmes. Il prend les formes d’un système clos25, stable et plastique, un langage orienté vers la défense de l’idéologie et l’attaque contre les juifs et les judaïsants. Mais l’événement y trouve aussi sa place, s’insère dans l’ensemble, qu’il conforte, complète et nuance.
Déprécier l’adversaire
17L’antijudaïsme veut prouver que l’altérité juive et les contre-valeurs qu’elle porte sont antithétiques de l’idée nationale et de son propre système de valeurs, que les juifs sont responsables de tous les méfaits et que, par conséquent, il faut s’en éloigner et, si possible, les éloigner. Pour cela, l’écrit et l’image construisent les figures du juif et de la juive comme des catégories opposées aux figures du français et de la française et, quand on y trouve avantage, à celles des autres Européens et des Indigènes des deux sexes.
18Les mots des antijuifs d’Algérie s’articulent autour de quelques points principaux : la barrière infranchissable du « eux » et du « nous » qui crée ou renforce l’identité du groupe, le patriotisme et ses mots dérivés, l’indignation et la colère qui montent chez les opprimés et les justes, l’aspiration à la délivrance, l’appel au passage à l’acte. En reprenant l’expression de Victor Klemperer26 à propos de la langue du IIIe Reich, on peut dire que la langue devient prisonnière de l’idéologie. Dans le cas présent, elle cherche en premier à discréditer les juifs et les judaïsants par le biais d’un discours bourré de rumeurs, de délation, d’injures, de portraits au vitriol. En désignant les juifs comme seuls responsables de tous les problèmes de la société, elle simplifie les situations, indique la cause unique des malheurs et propose une solution simple : s’éloigner de « l’élément juif ». « Comme ça quand personne y fréquentera vec juifs », reprend Cagayous, « tout le monde y poudra manger le morceau de pain et boire le café. Challah27 ! »
19Dans cette langue de la dénonciation, les mots « jusif » ou « juive » et tous les surnoms et autres épithètes injurieux qu’on leur affecte occupent tout naturellement une place de choix. On les utilise comme substantifs mais aussi comme adjectifs. Être juif est condamnable en soi, le signe d’une tare indépassable et traiter quelqu’un de juif (ou de judaïsant) devient une injure, qualifie une personne dont on pense qu’elle agit comme un juif, donc comme un être méprisable à rejeter. Le conseil municipal antijuif d’Oran déclencha le scandale des modérés en s’exprimant en 1898 sur Édouard Laferrière, nouvellement nommé Gouverneur général. « S’il n’a pas nos idées, il ne restera pas longtemps. Si c’est un juif, il sera balayé28 ». Être juif devient un état qui s’applique à tout sujet déconsidéré et dont la définition dégringole successivement de « mauvais français » à « judaïsant » puis, à « juif ».
20De son côté, l’expression de « race juive » s’emploie au xixe siècle dans le sens traditionnel de groupe humain, doté d’une histoire et d’une culture. Toutefois, le côtoiement en Algérie de populations européennes et indigènes rapidement hiérarchisées entre elles facilite le glissement vers la racialisation. Ainsi les images et les écrits stigmatisent physiquement très tôt les juifs (on parle et on montre des nez et doigts crochus, des dos voûtés, des femmes squelettiques ou trop grasses). Francisés au xxe siècle, ils sont malgré tout décrits comme toujours déplorablement habillés, affublés d’un accent navrant et transmissible jusqu’à l’entre-deux-guerres aux nouvelles générations. Les « Arabes », les Espagnols ont aussi leurs représentations « ethnicisées », généralement dénuées de tendresse, mais les juifs restent les seuls dont la représentation est toujours négative.
Injures et menaces
21Il suffit de lire quelques pages de journaux antijuifs des xixe et xxe siècles pour mesurer l’importance des injures et des menaces proférées ou dessinées. Ces injures reposent sur une base29 historique et religieuse (circoncis, bout coupé, Moïsard), économique et sociale (usurier, exploiteur, capitaliste, juiverie internationaliste, juif-monde), nationaliste (cosmopolite, internationaliste, juifs négation des bons français, vrais français, français de France). D’autres dérivent du latin (judaïsant), de l’arabe (cachir, youdi, youpin), de l’allemand (youtre). Dès la fin du xixe siècle, on définit le juif comme ploutocrate, cosmopolite, internationaliste non intégrable en définitive à la nation. Des expressions courantes naissent dans la langue antijuive d’une situation historique donnée et finissent par disparaître ou se transformer en s’imprégnant dans la culture, témoignant après coup de cette circonstance et de l’adaptabilité du discours antisémite. « Le traître Dreyfus », expression paradigmatique des années 1898, devient sous la plume des journalistes, « les juifs sont tous des traîtres », ce qui condamne le groupe entier tout en laissant subsister le souvenir du traître absolu, Alfred Dreyfus. Les journalistes et autres publicistes antijuifs citent encore Les Protocoles des Sages de Sion et avancent que les juifs participent à tous les complots : judéo-maçonnique, judéo-dreyfusard, judéo-bolchevique et l’Algérie, tombée entre les mains des juifs prend le nom de « terre juive », Constantine celui de « Youpinville » et Alger « Algérusalem ».
22Pour justifier les émeutes, les pillages, les mesures vexatoires, il fallait des mots très forts, ne reposant pas sur les seules idées. Les leaders antijuifs invoquent alors l’instinct, la révolte des populations européennes et indigènes et la réponse violente justifiée par les actions des juifs. Pour Lucien Chaze, théoricien de l’antijudaïsme, qui écrit dans L’Antijuif algérien sous le pseudonyme de Jacques Defrance, les juifs doivent être expulsés sous les huit jours, les possesseurs de grosses fortunes jugés et leurs fortunes vérifiées, les coupables (juifs ou non) exécutés publiquement30. Vues de l’esprit, espoirs, projet réel ? Comment trancher dans le contexte exacerbé de l’époque ?
23Au xixe comme au xxe siècle, les slogans de base de l’antijudaïsme sont peu nombreux et constamment répétés dans le temps. « À la porte les juifs ! », « La France aux Français », « Vive la France », « Mort aux juifs ! » ou « À mort les juifs ! » apparaissent communément dans les manifestations antijuives. L’expression la plus fréquemment employée en Algérie reste toutefois « À bas les juifs ! », définie par Louis Durieu comme le « rituel de la secte ». Cette dernière expression devient « En bas les juifs ! » sous la plume de Musette. Pour le linguiste Paul Siblot31, elle signifie « À mort les juifs ! ». Non pas la mort d’un ou deux individus, mais bien la mort de tous les juifs comme le suggère à nouveau Cagayous :
Qu’on se jette à la mer tous les juifs ensemble, bon ! Si on veut se les mettre dedans une caisse grande et qui reste qu’un trou pour qui respirent, moi je bouche le trou ! Mais escarminter deux juifs de misère, ça c’est pas bien32 !
24Ce ne sont que des mots et atténués par la tendresse envers les individus en particulier. Toutefois les mots possèdent une charge propre et résonnent dans les esprits de qui les entend ou les lit. Prononcés par temps calme, ils peuvent ne pas avoir d’efficacité réelle, mais leur signification profonde se révèle pendant les conflits et les violences. Car, si la langue exprime les pensées, elle canalise aussi les sentiments, l’« être moral », comme l’écrit Klemperer, et libère la volonté d’agir, notamment si on lui laisse toute latitude dans les écrits, les manifestations et les émeutes.
25Des menaces concernent, avant les élections, les juifs qui voteraient mal, suivies de menaces après les élections sur le maintien de leur présence en Algérie. On emploie les mots d’expulsion, de départ pour la Palestine, on promet de mettre les juifs au pas. Cette langue de la menace devient pendant les crises une langue de fanatiques. Le Petit Africain parle de « recourir à la guerre matérielle », de « couper les juifs en deux », de pratiquer « la reprise individuelle33 » c’est-à-dire le pillage, d’expulser les judaïsants de leur logement. Les menaces par lettres de délation, articles, caricatures ou photos au xxe siècle s’adressent aussi aux adversaires antijuifs appartenant à d’autres tendances politiques et qu’il est toujours bon de déconsidérer, notamment quand on les suspecte de ne pas respecter les consignes de boycott et de se servir chez les juifs.
26Les expressions dévalorisantes se maintiennent longtemps elles expriment non seulement des situations vraies ou fausses mais aussi des habitudes et des convictions ancrées dans les esprits. Ces expressions, les tournures qui les accompagnent, voire les formes syntaxiques et, au-delà, les stéréotypes, s’enracinent au plus profond des consciences, leur emploi devient mécanique, suscite des comportements adaptés et permet à la culture antijuive de se maintenir en période calme. De même, les légendes des caricatures insérées dans les journaux se fixent dans les cerveaux, leurs mots pénètrent l’inconscient et y font souche. Le martelage idéologique et linguistique permet de faire passer à force ce qui est mensonger. Il faut ajouter aussi que, de toutes façons, la société européenne d’Algérie tolère et même accepte la culture antijuive et ceci, bien au-delà des cercles antijuifs, comme le reconnaissent eux-mêmes les opposants à l’antijudaïsme34 pour qui seules les méthodes employées séparent les uns des autres.
Non-dit et culture antijuive
Le non-dit
27Le non-dit est une méthode couramment employée par les antijuifs. Quand on ne médit pas directement des juifs, on fait l’éloge d’un non-juif, on utilise des mots et des situations qui dessinent et renvoient à une aura négative dans laquelle les juifs sont pris par comparaison mentale. On peut aussi utiliser des signes de ponctuations comme les points d’interrogation, les trois points ou les guillemets pour souligner l’incongruité de propos divers. En somme, on suggère plutôt qu’on ne démontre. La Libre Parole d’Alger du 16 avril 1936 annonce que de 1914 à 1918, « pendant que les Algériens se faisaient tuer dans les tranchées », on a enregistré en Algérie 65 % de naissances juives et seulement 35 % de naissances françaises. Le discours ne va pas plus loin mais tout le monde comprend que les juifs (des embusqués…) et les juives se sont bien amusés pendant que les Algériens mouraient au front par devoir patriotique. Et quand on ne peut donner de preuves, on insinue. Ainsi pour La Libre Parole d’Alger du 6 octobre 1936, le nouveau gouverneur Lebeau s’appellerait en fait Lebhar, un nom juif qui devrait entraîner la méfiance. L’insinuation prend forme plus complète avec la caricature accompagnant cette légende et montrant la figure d’un juif sous le masque du gouverneur.
Non-dit et culture antijuive
28La culture antijuive, en essentialisant le français et le juif, propose un prêt à penser simpliste auquel les antijuifs ont régulièrement recours. Au xixe comme au xxe siècle, les textes expriment des situations et des idées associées à un non-dit qui renvoie à cette culture antijuive. Globalement, les juifs y sont montrés porteurs d’une culture inchangée et qui s’oppose point pour point à travers les siècles à celle des autres « nations ». En 1890, paraît L’Algérie telle qu’elle est de Raoul Bergot35. À un certain moment, le livre met en scène un jeune juif organisant une partie fine chez lui. Apparaît le père :
Furieux de trouver son fils dans cette joyeuse compagnie, il l’accable aussitôt, en arabe, d’injures. Il lui reproche avec force anathème de venir avec des Nazaréens, dépenser son argent. Et, en réponse à l’argument que le jeune homme pouvait faire valoir en raison de ses vingt ans et de ses besoins d’amour, il lui cria : « mais, tu as ta sœur à la maison… et pour rien » (p. 88).
29Comptabilisons les traits antijuifs de ces quelques phrases. Le père ne dit rien de précis sur le besoin qui s’exprime chez son fils de passer du bon temps en frasques diverses. Mais il a tout à dire sur le sans-gêne de ce fils qui s’installe chez lui à plusieurs et dépense l’argent de son père dans une partie galante. Remarquons que bien des pères non-juifs auraient aussi reproché ce comportement. Il l’injurie en arabe, ce qui met l’accent sur le fait que, soixante-dix ans après l’arrivée des Français et vingt ans après la naturalisation de 1870, les juifs restent inassimilés linguistiquement et que la langue arabe demeure usuelle pour la génération suivante, elle aussi non assimilée à ce point de vue. Il lui reproche encore de s’amuser en compagnie de chrétiens (et non de juifs, peut-on supposer), ce qui est contraire à la vie séparée que doivent en principe mener les juifs et augmente d’autant la faute du fils. Le texte se termine sur le cri du père rappelant à son fils qu’il dispose gratuitement de sa sœur à domicile. C’est le reproche d’immoralité juive, très fréquent à l’époque ; une immoralité vécue en famille et qui concerne même les toutes jeunes filles, une immoralité approuvée ici par le père qui y voit une économie toujours bonne à prendre. Le texte condamne donc toute la famille, à l’exception de la mère dont on ne parle pas, ce qui ne l’innocente pas pour autant.
30Les histoires amusantes, poèmes, chansons, bons mots, slogans, petites phrases, entrefilets, jouent un important rôle formateur et ludique auprès du public en mettant en valeur l’un ou l’autre des travers supposés des juifs. Dans un petit texte publié en 1936 dans La Libre Parole, un juif parle à son amie juive en ces mots :
Malaise
– Mon Esther, voyons, réponds-moi
Quoi ! tu fais toujours la verticale ?
Voyons, ma gazelle, tu en as après moi,
Non ! Alors ? Comme tu es pâle !
Tu as perdu dix sous ?
T’en fais pas, je volerai dix francs
Je comprendrais si c’était cent sous,
Faut pas pleurer pour de l’argent !!!
Alors ? Tu es malade ! Vite un docteur,
Cohen-Solal ou Tubiana, non, trop cher pour ça
Tu as mal au ventre, mal au foie, mal au cœur ?
Tu as mangé trop de merguesse, trop de z’labias ?
T’as trop bouffé de raha-loukoum ?
Parle, qu’as-tu ?
– J’ai le béguin pour Léon Blum !
André Marcé
31En quelques lignes et sur le ton de l’ironie, l’auteur passe en revue une bonne partie des reproches faits aux juifs, les présentant comme une expression naturelle de leur être et en utilisant lui aussi le non-dit qui renvoie constamment à la culture antijuive déjà établie et qu’il n’est donc pas nécessaire d’expliciter. Le texte commence et finit par un reproche de type sexuel : les juifs et les juives sont dominés par une sensualité maladive et constante qui dicte leurs actes. Le texte ne le dit pas explicitement mais renvoie aux caricatures et à la littérature antijuives, très prolixes sur le sujet. Se refusant à son partenaire, Esther est obligatoirement malade et malade à cause d’une somme d’argent perdu, ce qui nous amène au second reproche : l’amour de l’or. L’homme lui propose alors sans gêne aucune de voler une plus forte somme pour la consoler. Les juifs sont voleurs, troisième reproche. Il lui cite deux médecins à consulter, juifs bien entendu, car les juifs font tout entre eux, c’est le quatrième grief, mais il les trouve trop chers, ce qui nous ramène à l’argent et aussi à l’avarice, nouveau constat. Esther s’est-elle laissée aller à trop manger ? Les antijuifs reprochent souvent aux juives leur intempérance, leur amour des pâtisseries orientales qui les font rapidement grossir comme les femmes « indigènes » qu’elles n’ont cessé d’être. Voici le cinquième grief, les juives – comme les juifs – ne sont jamais devenus réellement français. Mais non, finalement, Esther est simplement amoureuse de Léon Blum, montrant qu’elle reste bien juive puisqu’amoureuse d’un juif et qu’elle se sent proche d’un socialiste, ce qui constitue le dernier grief. En Algérie, les juifs sont en effet considérés à l’époque par leurs adversaires comme étant tous socialistes ou communistes, donc à l’opposé des positions politiques des nationaux.
32Cette approche de la langue des antijuifs indique que la terrible épreuve subie par les juifs d’Algérie entre 1940 et 1942 du fait de la politique suivie par la Révolution Nationale menée par Vichy ne s’abattait pas sur un terrain vierge. Ce que les antijuifs avaient espéré, programmé, demandé avec force des décennies durant, reçoit alors son application et même au-delà : perte de la citoyenneté française et retour au statut de sujets français sans retrouver l’autonomie juridique d’autrefois, application du statut des juifs, épuration, confiscations de biens, déportations… Pendant cette courte période, il se trouve des journaux d’Algérie pour célébrer ces faits dans une langue triomphante et des hommes politiques de premier plan comme Émile Morinaud pour s’en féliciter. Ainsi les actes finissent-ils par rejoindre les mots.
Notes de bas de page
1 En Algérie, le terme d’antijudaïsme a été employé au xixe comme au xxe siècle pour caractériser le mouvement antijuif, même si le terme d’antisémitisme apparaît dès la fin du xixe siècle. Le mot d’antijudaïsme tel qu’on l’emploie en Algérie recouvre donc la période qui précède l’antisémitisme au sens convenu du terme, pendant laquelle l’antijudaïsme algérien a un caractère traditionnel accentué (religieux, mais aussi économique, social et même racialisant). Elle recouvre également la période ultérieure qui condamne les juifs principalement en tant que tels, au-delà des autres dimensions qui sont conservées.
2 Geneviève Dermenjian et Benjamin Stora, « Les juifs d’Algérie dans le regard des militaires et des juifs de France, 1830-1855 », Revue historique, 1991 p. 332-339.
3 Geneviève Dermenjian, La crise antijuive oranaise, 1895-1905. L’antisémitisme dans l’Algérie contemporaine, Paris, L’Harmattan, 1986.
4 Le terme « “culturel” renvoie à l’usage établi en histoire culturelle, laquelle explore l’ensemble des représentations collectives propres à une société. » Marie-Anne Matard-Bonucci, Antisémythes, L’image des juifs entre culture et politique (1848-1939), Nouveau monde éditions, 2005, note 8, p. 35.
5 Jules Michelet, Histoire de France, éd. Chamerot, 1861, t. 2, livre III.
6 Voir sur ce sujet Pierre-André Taguieff, L’antisémitisme de plume, 1940-1944, Paris, Berg international éditeur, 1999.
7 Pierre Nora, dir., Les lieux de mémoire, t. 3, Gallimard, Paris, passim, 1997.
8 Cf. Laurent Joly, « Antisémites et antisémitisme à la Chambre des députés sous la IIIe République », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2007/3, no 54-3, p. 63-90.
9 Discours prononcé à la chambre des députés par Gustave Rouanet, député de la Seine, précédé d’une préface par Gérault-Richard, en vente aux bureaux de « La Petite République », 111 rue Réaumur, Paris. gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75402d.
10 Le 9 mars 1899, La Vigie algérienne donne ces chiffres pour le département d’Oran, où les étrangers sont essentiellement des Espagnols :
11 Le recensement de 1906 estime le nombre de Français d’origine à 85192 et celui des « Espagnols » naturalisés ou non à 156925.
12 Sur Drumont, voir Grégoire Kaufmann, Édouard Drumont (1944-1917), Paris, Librairie Académique Perrin, 2008.
13 Voir infra.
14 Le petit Africain, 15 septembre 1895.
15 Écho d’Oran, 6 avril 1895 (?) Voir aussi la déposition de Félix de Solliers devant la Commission de 1900 (p. 14-19).
16 Sont appelés judaïsants les amis des juifs ou ceux qui se comportent comme eux.
17 Émile Morinaud, Mes Mémoires, Première campagne contre le Décret Crémieux, Alger, éditions Baconnier frères, 1938, p. 129.
18 Cagayous antijuif, Alger, Ernest Mallebay, 1898 p. 5, 25-26.
19 Cagayous à l’exposition, Alger, Ernest Mallebay, 1900.
20 Cagayous antijuif, p. 18.
21 Ibid., p. 25.
22 Sur cette question, voir Serge Tchakhotine, Le viol des foules par la propagande politique, Gallimard, 1952
23 M.-A. Matard-Bonucci, op. cit., p. 439 sq.
24 C’est ce que suggère Émile Morinaud, député-maire antijuif de Constantine pratiquement de la fin du xixe siècle à la Seconde Guerre mondiale, en jouant sur les mots quand il parle dans ses Mémoires du « parti français, plus communément qualifié de parti antijuif ». Émile Morinaud, op. cit., p. 122.
25 P.-A. Taguieff, op. cit., p. 14.
26 Les liens entre langue et idéologie dans l’Allemagne nazie ont été étudiés dans le détail par Victor Klemperer dans LTI, la langue du IIIe Reich, carnets d’un philologue, traduit de l’allemand et annoté par Élisabeth Guillot, présenté par Sonia Combe et Alain Brossat, Paris, Albin Michel, collection Pocket, 1996. Voir aussi Élisabeth Roudinesco, Retour sur la question juive, Albin Michel, 2009.
27 Op. cit., p. 26.
28 Écho d’Oran, 30 juillet et 3 août 189.
29 Jean-Paul Honoré, « Le vocabulaire de l’antisémitisme en France pendant l’affaire Dreyfus », in Mots, mars 1981, no 2, p. 73-92. http://www.persee.fr/web/revues/home/ prescript/article/mots_0243-6450_1981_num_2_1_1021.
30 Cité par Claude Martin, Les Israélites algériens de 1830 à 1902, Paris, 1936, p. 312
31 Paul Siblot, « “Cagayous antijuif”. Un discours colonial en proie à la racialisation », Mots, 1987, vol. 15, p. 53-75. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ mots_0243-6450_1987_num_15_1_1352.
32 Op. cit., p. 59.
33 20 juillet 1898, 13 mars 1897, 13 janvier 1898.
34 Par exemple le journaliste Lys du Pac, interrogé en 1900 par la commission venue enquêter sur la crise antijuive en Algérie à la fin du xixe siècle. Cf. Enquête parlementaire de 1900. Chambre des Députés. 7e législature, 1900. Déposition Lys du Pac, p. 487.
35 Bergot Raoul, L’Algérie telle qu’elle est, Paris 1890, 316 p.
Auteur
Aix Marseille Université, CNRS, UMR 7303 Telemme
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