Banquets et festins dans la pensée sociale de Francesc Eiximenis
p. 125-139
Texte intégral
1Dans Lo libre de les Dones, œuvre probablement écrite dans les dernières années de la dixième décennie du xivème siècle par Francesc Eiximenis (c. 1327-1409) (évêque d'Elne, 1408-1409)1, dans le Terç del Crestià2, et dans le Dotzè del Crestià ou Regiment de prínceps e de comunitats3, l'auteur a l'occasion d'écrire longuement sur les banquets et les festins médiévaux qui se déroulaient à l'époque en Catalogne, à Toulouse et à Valence, en remarquant la participation de la femme mariée, veuve ou célibataire dans les dites fêtes. La femme4 en peut se surpassée dans les festins et banquets et le frêre franciscain punit tout ces surplus5. Tout dégénère entre les mains... banquets, symbole de dépravation... Les femmes ne peuvent s'éclairer sans se corrompre, comme l'a signalé un classique français. L'ivresse de la femme, et de plus s'il s'agissait d'une personne religieuse, incitait à la fureur et à la perte de la compréhension aussi bien qu'au manque de jugement6.
2Sa présence dans la cour catalane-aragonaise ou son séjour à Toulouse — où il a fait le doctorat en Théologie7 — a donné l'occasion à Eiximenis de connaître l'atmosphère des courtisans lors des banquets et des festins de la seconde moitié du xivème siècle dans les mots de vieux français donc "accotements et ambiances" que fréquantait le franciscain géronais. Dans la première il faut noter la protection que sur Eiximenis avait établi la reine Marie de Luna8, ce qui a permis d'affirmer que la table du roi doit être servie par le majordome (maître d'hôtel du souverain) qui était chargé de surveiller la qualité des aliments et les conditions hygiéniques et diététiques de ceux devant être consommés par sa Majesté. Une condition très importante était la présence du médecin royal durant les repas du Roi, en estimant non seulement l'état dans lesquels se trouvent les aliments, la quantité que le roi peut prendre et aussi le dosage des boissons9. Les relations d'Eiximenis avec le monarque Jean I10 sont connues, ce qui explique que l'atmosphère qui entourait le souverain, ses conseillers, les serveurs de table, chef de salle, etc., ne lui était pas méconnue. Eiximenis fût nommé confesseur de Jean I en 138411.
3Un chapitre important qui apporte un remarquable intérêt culturel et social12, plus qu'économique ou diététique, est le réalisme sans idéalisation dont fait preuve Eiximenis sur les détails descriptifs de l'éducation de la table13. Il ne rentre pas dans des grandes divagations, sinon qu'il offre une répétition avec une valorisation et une photographie en même temps, par le naturalisme qu'il démontre, des excellences et des défauts sur la forme de manger, des caprices et des vices14. Les Catalans, différemment des valenciens ou des espagnols (pour Eiximenis espagnols sont tous ceux qui habitent dans les territoires de Castille et Léon) evitent tout ce qui est nécessaire à la table, en combinant le goût avec la bonne éducation, en essayant de ne pas tomber dans la superficialité et en s'imprégnant de simplicité et d'ordre naturel. La manière des catalans de se comporter à table est la plus religieuse, la plus honnête et la plus chrétienne. Le superflu est éliminé par la “nation catalane” dans l'alimentation, car il se contentent de manger de la viande où du poisson, et pour le dîner ils ne prennent que des aliments légers (œufs, poisson, etc.). Au cours de leurs repas les catalans boivent du vin modérément, alors que les anglais et les allemands — selon Eiximenis— boivent de la bière et le médo sans modération. Les français et les lombards n'ont pas l'habitude de se priver de bonnes quantités de vin, d'aprés l'avis du franciscain15. Par contre, les italiens sont si sobres comme les catalans durant leurs repas, cependant ils manquent d'une préciosité et fine saveur comme gourmets de différentes classes de vin16.
4Par rapport à la forme de couper la viande, les catalans le font d'une forme nette et propre, en s'assurant que la manière de couper les différents types de viande soit distincte dans chaque cas, et ils la mangent directement dans l'assiette, alors que les français, les allemands, les anglais et les italiens coupent la viande en petits morceaux avec un couteau, la prennent avec les mains en la posant sur un peu de pain, et sur un autre morceau de pain ils sèment du sel et ils mordent un et l'autre avec des formes qui, pour Eiximenis, sont “misérables et obscènes”17. En outre le franciscain remarque qu'une coutume bonne et saine des catalans, à la différence des autres peuples, est celle de manger premièrement le rôti, c'est-à-dire, la viande qui a été faite dans une rôtissoire composée d'un fer quel'on fait tourner, à une distance prudente du feu, alors qu'en second lieu ils mangent le reste des aliments cuisinés dans la marmite, qui d'habitude sont des restes de viandes et de légumes, et qui constituent le deuxième plat. C'est pour notre auteur un signe de courtoisie et de bonnes manières que, dans le xive siècle seulement, ceci était pratiqué par les catalans parmi les peuples civilisés de l'Europe chrétienne. En outre la viande dans les banquets en Catalogne n'était pas trop excessive. Les catalans étaient, à l'heure de manger, assis sur une haute table, alors que les castillans étaient assis sur le sol18. Les catalans mangent d'une forme honnête, modérée et avec un régime equilibré. Pour Eiximenis, le mot nodrir a un sens de nutrition non seulement en proportion de l'aliment végétal ou animal que reçoit l'homme ou la femme, pour sa croissance ou développement, sinon aussi comme signe évident d'un sens éthique et moral pour augmenter ou pour donner des nouvelles forces à un corps qui soutient l'âme. À la différence d'autres peuples et nations, qui mangent d'une manière horrible, en faisant des bruits désagréables qui non seulement constituent une erreur mais qui sont une manière contraire à l'humanité19. Les catalans mangent seulement deux fois par jour, au contraire des allemands qui le font sans mesure, ni sens, de façon absurde et inexplicable20. Les français ne restent pas en arrière, quoique ceux ci fassent particulièrement des excès sur la boisson dans les banquets et festins. Les allemands mettent les mains dans les marmites sans se retrousser les manches. Les castillans le font avec les bras nus21, en ressemblance avec les portuguais qui montrent leurs jambes quand ils sont assis car ils utilisent des jupes très courtes, alors que les catalans mangent couverts sur la partie inférieure du corps22. Une autre idée d'Eiximenis est que durant le repas ce n'est pas de bonne éducation de se relâcher la ceinture, ni de se déboutonner ou alléger la robe étroite, et si on le fait, on doit le faire avant de s'assoir à table, et d'une manière discrète, pour ne pas être vu par les autres commensals23. Et, en conséquence ce qui dérive de tout ceci, c'est qu'on ne doit pas se lever de la table en courant, en montrant certaines parties du corps, pour après en avoir de la honte. En outre et alors que l'on se trouve en train de manger on ne doit pas toucher les souliers, ni les chaussettes et encore moins mettre une ou deux jambes sur la table24. Aussi on ne doit pas faire un clin d'œil à personne des invités à manger, pour être vaniteux de l'invitation à laquelle ils ont été reçus.
5Mais, la plus importante observation et prudence qu'Eiximenis manifeste, est sur la forme de se moucher le nez à table. On ne doit jamais le faire avec la main sans mouchoir, et on doit essayer d'attendre la fin du repas. Si on est enrhumé et, si le nez coule, n'invitez personne à manger chez vous, et n'acceptez pas d'invitation pour aller chez d'autres25. Si tu sens que tu vas éternuer, baisse la tête sous la table et protège-toi — dit Eiximenis— avec le mouchoir ou avec la jupe. Si on a besoin cracher, il faut ouvrir les jambes, baisser la tête et le faire entre les deux jambes, et ensuite couvrir l'inmondice en mettant le pied dessus.
6On ne doit pas rire à table, et si on doit le faire, on doit se couvrir la bouche avec la main, pour ne pas faire de l'ostentation vis à vis des autres alors qu'on mastique26.
7Comme signes de bonne éducation à table avec les invités, signale Eiximenis : 1°) Ne pas donner des nouvelles, ni des nouveautés désagréables ; 2°) Ne pas donner des lettres avec un contenu qui ne mérite pas de contenance de l'invité ; 3°) Ne pas inviter, ni faire apparaître durant le repas des autres personnes qui sont ennemies ou peu agréables pour l'invité ; 4°) Ne pas utiliser des mots à double sens, ni discuter chaudement ; 5°) pas apporter à la mémoire des affaires douloureuses ; 6°) Maintenir le visage gai27.
8Chacun doit manger pour soit même et ne doit pas utiliser le même couteau pour plusieurs, à moins que ce soit l'époux et l'épouse. A une personne aimée ou de la famille, on peut donner du plat, du pain, du fromage, un peu de fruit, la moitié de sa collation, ou une partie de son repas.
9Quand on est invité à manger chez quelqu'un, la première chose à faire, c'est arriver à l'heure au rendez-vous, et ne pas faire attendre les autres, et à table on ne doit pas parler de femmes, ni de grands seigneurs — dont l'on fréquente l'amitié —, ni de vengeance, ni de bousculade, sinon de choses qui plaisent à tout le monde et n'offensent personne28. Pour commencer à manger on doit attendre que les autres le fassent. Ne pas refuser un plat dans l'autre maison, ni viande, sauf la viande les vendredi et pour des raisons d'abstinence, ne pas bailler, ne pas se lever de la table pour aller a un “coin réservé” même pas pour servir les exigences les plus nécéssaires que demande la nature29.
10Si l'on a une grosse barbe il est convenable qu'ils ne restent pas des restes d'aliments dans celle-ci, et qu'il ne tombe rien sur la poitrine — aspect sur lequel doivent faire spéciale attention les femmes —, ni sur les habits. On ne doit pas mettre les coudes sur la table, ni manger crochu, ni avoir les couteaux trop prés, ni prendre l'écuelle avec les deux mains, sinon avec la main droite. Tout aliment qui est déjà dans la bouche ne doit pas retourner au couteau ou au plat. Ne pas cracher les aliments dans la main, ce qui est une grossièreté en grand superlatif, et ceux qui mangent des fruits avec des noyaux ne doivent pas les cracher dans la main, mais en se baissant et en inclinant la tête, ils peuvent le faire sous la table. Cependant, Eiximenis admet dans une autre occasion que l'on puisse cracher l'aliment de la bouche, mais pas sur la table, ni sur le plat ou le banc où on se trouve assis, mais en arrière, s'il y a de la place suffisante, ou entre les jambes, et de la forme la plus discrète possible, sans que personne ne le voie. Eiximenis signale comme absolument digne de réprobation de cracher de tel façon que cela tombe sur quelqu'un dans la zone occupée par la table, ou dans le plat30. Pour terminer la viande des os ou le poisson des épines, on doit le faire avec beaucoup de prudence et sans trop d'embarras, mais sans utiliser le couteau. Ne pas se sucer les doigts, jamais, et moins encore chez autrui. Encore, il est convenable d'être prudent au moment de choisir les aliments, et de ne pas prendre que les meilleurs. En les laissant pour les autres, on aura gagné en dignité et en honneur devant les compagnons de table31.
11Par rapport à la place à occuper à la table, et en suivant le précepte du Seigneur exposé en Lc, XIV, 7-1l32, Eiximenis recommande d'occuper la dernière place et que ce soit le maître de la maison qui fasse ce qui est nécessaire. Cependant et chez soi, selon le franciscain, il faut agir discrètement s'il y a des invités, ou si on est en présence d'une personne qui, par son âge ou dignité, mérite un spécial respect ; ici sont aussi inclus le père, la mère et les grands-parents du maître de la maison.
12Personne ne peut vivre du vent, ni les hommes manger comme de petits oiseaux (“mangiare come un uccellino”, que remarque le proverbe italien), mais Eiximenis recommande la modération dans les banquets, festins et repas habituels, ni trop de quantité, ni les aliments trop variés, car même les bêtes, animaux irrationnels, ne tombent dans ces types d'excès33.
13Le vice principal où l'on peut tomber dans les grands festins est celui de la gourmandise. Dans ce sens c'est l'élément moral qui interdit les excès dans les banquets et festins, et Eiximenis est aussi conscient de ce qu'ont déjà dit les classiques à savoir que, d'un ventre plein, rempli, il peut difficelement résulter une speciale sensibilité. On peut suivre ici le clasique aphorisme de Pline "ex ventre crasso tenuem sensum non nasci"34. La gourmandise et la luxure des moines sont les deux péchés les plus fustigés par Eiximenis. Ainsi, les religieux comme les religieuses qui seulement peuvent apprecier les bons repas et les beaux habits par rapport à leur métier, sont méprisables35. Les ecclésiastiques doivent s'abstenir d'assister à certains banquets pour éviter de tomber, de différentes manières, dans le péché de la gourmandise36. Les invitations qui se font à l'occasion de mariages ne sont pas autorisées aux moines et encore moins aux religieux37. Cependant, au Pape, comme aux évêques, sont permises certaines invitations, celles qu'ils doivent accepter pour la dignité de leur état, à l'occasion de visites d'invités importants38. Sont aussi autorisées les invitations qui sont faites d'une façon altruiste ou de charité, pour conserver une amitié ou pour faire honneur aux invités. Sur toute autre les interdictions du Decretum, alléguées par Eiximenis, sont très évidentes.
14Les banquets constituent un danger pour les clercs pour plusieurs raisons. En premier lieu, car ils s'exposent à ne pas vivre la vertu de l'abstinence ; aussi, car ils ne se préoccupent pas des fins spécifiques de l'attention aux pauvres et nécessiteux et, finalement, car les effets narcotiques de la boisson, où il y a beaucoup de consommation durant les banquets et festins, prédispose à de nombreux vices39. D'autre part, c'est le propre de l'homme vertueux40 et encore plus du moine et de la moniale, car l'abstinence des religieux et des religieuses doit être discrète, et la discrétion est une vertu propre de l'homme qui s'abstient et vit avec modération et privations.
15La femme doit manger pour satisfaire sa nature, pouvoir vivre et travailler, sans excès, car, comme dit le proverbe français, « gourmandise tue plus de gens qu'épée en guerre tranchant ». En outre la table est une école de bénignité et de courtoisie, où on ne doit pas faire attention à la façon dont les gens mangent ou boivent41.
16La femme du paysan, du pagès, se trouve rejetée dans la critique généralisée qu'Eiximenis lance contre ce groupe social, en démontrant aussi que son inculture devant toutes les manifestations de la vie est évidente par la façon de se comporter à table. Face à la rusticité, il fait l'éloge de la cour du Roi et de l'atmosphère sociale de la ville. La femme du pagès méconnait à table les règles les plus élémentaires de la bonne éducation, de l'amabilité, de la courtoisie, de la politesse...
17En référence aux religieuses, Eiximenis établit un ensemble d'admonestations qu'elles doivent tenir en compte à table. La première c'est que l'on doit manger pour couvrir une nécéssité, pour pouvoir vivre et travailler, et ne pas donner au ventre tout ce qu'il demande, car les excès se payent. La sœur doit éviter toute invitation42, les vins forts et de haute graduation, ainsi comme le mélange des vins —Eiximenis admet cependant que la religieuse peut prendre du vin lave et doux—43 toutefois que toute classe de confiture44. Quand elle mange en présence d'autre personnes, elle ne doit pas mettre un mauvais visage, ni prendre double ration, ni parler de trop pour ne pas oublier l'abstinence et ne pas se laisser tromper par l'appétit45. Quand une religieuse se rend compte que quelque chose lui plait spécialement, il lui convient de le laisser46. Aussi elle ne doit pas montrer une speciale préférence pour le pain de blé au lieu du pain d'autre céréale.
18En outre, Eiximenis signale comment la moniale doit s'accuser dans la conféssion des péchés commis de gourmandise, qui representent pour lui plusieurs manifestations, que l'on peut grouper en sept cas ou suppositions : 1) si la religieuse a trop bu ou mangé plusieurs fois ; 2) si elle a trouvé un grand plaisir dans les aliments délicats et précieux ; 3) si elle se donne du plaisir avec de bons vins ; 4) si elle n'a pas practiqué le jeûne ou l'abstinence qui sont établis ; 5) si elle a reçu ou fait de façon excessive des invitations ; 6) si elle n'a pas béni la table ; 7) si elle est tombée dans l'ivresse ; 8) si dans le jeûne elle ne se préoccupe pas du temps consacré au repas ; 9) si elle mange sans proportion et sans harmonie et de façon peu éduquée47.
19Dans une autre partie de son Libre de les Dones, Eiximenis offre une série de recommandations sur les bonnes manières de table qui doivent être observées par la personne religieuse. Celle-ci, quand elle s'approche de la table, doit y aller avec prédisposition de ne pas pécher, en mangeant avec bonne composition. Si elle parle avec une autre religieuse, elle ne doit pas tourner la tête vers elle pour ne pas lui cracher au visage les aliments. On ne doit pas boire de vin ni aucune autre boisson en ayant des aliments solides dans la bouche. Eviter des aliments qui puisse produire de l'indigestion48.
20En définitive, sur les banquets et manières de table, Francesc Eiximenis maintient une façon moralisante, qui augmente au sujet des personnes religieuses et en particulier par rapport aux moniales, qui s'inspire de Saint Augustin, du Decretum de Gratien, de la Summa Theologiae de St. Thomas et notament de St. Grégoire le Grand, qui à travers ses Commentaires du livre de Job, a eu une notable influence sur la pensée du franciscain. À tout cela, il ajoute une sagesse populaire, ses goûts, la beauté du palais, la fréquentation des lieux de culte et son ample et considérable expérience de la vie... « ce fruit tardif, le seul qui mûrisse sans devenir doux » dont parlait Barbey D'Aurevilly.
Notes de bas de page
1 Eiximenis fut consacré évêque par le Cardenal Jean d'Armagnac le 15 novembre 1408. Il existe une bulle de Bénédicte XIII au roi Martin I d'Aragon du 15 mai 1409, lui communiquant la nomination d'Alphonse de Tous comme évêque d'Elne. La vacance se produit par la mort du Patriarche de Jerusalem Francese Eiximenis, administrateur perpétuel de ce diocèse. Le monarque calalan-aragonais prétendait jadis au siège épiscopal de Barcelone pour Tous. Mais comme elle ne lui a pas été concédée, Bénédicte XIII essaya de compenser en lui donnant celle d'Elne. Voir l'édition de cette bulle dans J. BANCHS DE NAYA, Aporlación al estudio de Benedicto XIII (1394-1423), thèse de licence, Université de Barcelone, Faculté des Lettres cl Sciences Humaines, 1971, pp. 134-136, n° 16. L'acte original portant le sceau pontifical se trouve aux Archives de la Couronne d'Aragon, Fonds de bulles, leg. 62, n° 14. C'est plus important ce que dit F. MONTSALVATGE i FOSSAS, El Obispado de Elna, Olot, 1910, vol. I, pp. 263-267.
2 C'est la plus monumentale oeuvre d'Eiximenis. Elle contient de 1060 chapitres groupés en douze parties, dont les dates d'élaboration devraient se situer parmi les années 1384-1389. Josep TORRAS i BAGES donne la date du dimanche 16 juillet de 1389 comme celle de la fin de la rédaction de l'oeuvre (IM traditió catalana. Estudi sobre el valor étic i rational del regionalisme calalà, Barcelone, 1924, 4ème éd., p. 326) alors que M. de BARCELONA, “Fra Frswsssssancese Eiximenis, OFM (1340?-1409?). La seva vida. Els seus escrits. Sa Personalitat literària”, dans Estudios Franciscanos, XL (1928), p. 457 et Jill WEBSTER, éd. de Francesc Eiximenis. La societat catalana al segle XIV, Barcelone, 1967, dans la chronologie, p. 93, pensent comme la plus certaine celle de 1384. Par rapport à son siècle c'est un traité de morale d'une catégorie exceptionnelle, où le point de départ est la notion du mal et du péché pour definir ce qu'est la faute, les vices, el quelles sont ces circonstances. On peut lire dans le Segon del Crestià, ch. 239 (Bibliothèque Nationale, Madrid, ms. 1971) au respect. « E aquest pus prop seguent libre sera appellat le Terç, segons l'orde a ell dat en lo començament del primer. E aquí veurem largament qué és colpa e peccai c vici e ses circumstàncies, començant a tractar aquí primerament qué és mal » (fol. 163ra). Eiximenis fait la différence entre le péché originel (qu'il detaille minutieusement), avec les differents péchés qu'il entraîne, pour analyser qu'il ensuite le péché veniel el mortel et les moyens qu'utilisent l'homme et la femme pour s'en débarrasser. Mais à première vue ce qui ressemblerait à un traité monumental de règles théologiques sont en réalité des exemples et des histoires, qui rendent agréable la narration et donnent un coloris inusité. La demande sociale, la critique des aberrations sexuelles, la gourmandise, les excès dans la boisson, l'incorrection dans les manières de table, dans les festins et des autres aspects juridiques et sociaux font apparition dans le Terç. D'autre part, cette critique du comportement de certains religieux, hommes et femmes, qui méprisaient la morale et qui devaient aider le peuple spirituellement avec teneur, n'a pas engendré un clément de rupture dans la fidélité de la population civile au monde clérical. Voir mss. du Terç del Crestià dans la Bibliothèque Nationale de la Catalogne, 457, xvème s. et 458, xvème s. ; Bibliothèque Universitaire de Barcelone, 21-1-3, a. 1389 ; Archives du Chapitre de Barcelone, 47, xvème s. ; Bibliothèque Nationale de Madrid, 1792, a. 1419 et 1793-1794, du xvème siècle, Bibliothèque du Palais Royal, Madrid, II-N-1, xvème s. ; Archives de la Cathédrale de Valence, 42 et 43, xvème siècle. Le principal analyste de ce livre d'Eiximenis el éditeur partiel de certains de ses chapitres, est J.J.E. GRACIA. Voir Francese Eiximenis "Terç del Crestià" : Edition and Study of Sources (Chs. 353-430), thèse du doctorat d'état, Université de Toronto, 1971 et l'édition des chapitres 350-397 del Terç, qui a le titre Com usar bé de beure el menjar, Barcelone, 1983, où sont inclus quelques un du Terç, qu'il accompagne d'une petite note biographique d'Eiximenis (pp. 5-11). Il existe une autre édition partielle aussi, faite par P. MARTÍ DE BARCELONA et FELIU DE TARRAGONA, Terç del Crestià, Barcelone, 1929-1932, 3 vols., qui groupent les ch. 1 a 352 du livre.
3 El Dotzè del Crestià traite du gouvernement des affaires publiques et des différentes communautés politiques. Cette oeuvre d'Eiximenis est, avec Lo Libre de les dones, celle qui a provoqué les plus grands commentaires et études. Aussi connue, parmi d'autres titres, comme le Regiment de Princeps e de comunitats, elle aurait été écrite en 1385. Elle avait été faîte dans ses principes de sept parties, après agrandie à huit par la division du cinquième en deux et de 907 chapitres, groupés en deux grands blocs qui, pour des raisons historiques, sont apparus séparés.
En 1391, Eiximenis fait l'interpolation de sept chapitres de plus à la fin de la quatrième partie ; ce sont du 467 au 473, devant la protestation du monarque Jean I, motivée par les apocalyptiques descriptions du chap. 466. La première partie (ch. 1-68) étude la naissance des communautées politiques et les raisons qui depuis l'antiquité, se sont élevées sur la construccion des villes. Dans la deuxième (ch. 69-356) il analyse en quoi consiste une cité (ciutat), l'ensemble des cléments de la communauté et son assimilation avec un être vivant.
La troisième (ch. 357-395), qui groupe les chapitres du Regiment de la cosa pública, et analyse tout l'assemblage des relations Eglise-État, les opinions des romanistes et canonistes el le gouvernement universel du pontife sur la Communitas Christiana. Ces quatre parties apparaissent dans les manuscrits cl dans l'édition du Palmart (Valence, 1484), séparés des autres quatre, desquels on conserve un texte manuscrit. (Voir E. OLMOS CANALDA, Catálogo descriptivo de los códices de la Catedral de Valencia, Madrid, 1953, 3ème éd., p. 125). Eiximenis analyse la figure du Prince (ch. 467-675) et des membres du conseil royal (ch. 676-773), la sociabilité naturelle (ch. 774-832) et la légalité (ch. 883-907). Dediée au Marquis de Villena et Denia, fils de l'infant franciscain Pierre d'Aragon, il contient toute l'accumulation des doctrines politiques d'Eiximenis : l'organisation de la société, la théorie du pouvoir, la doctrine de la liberté politique et la tyrannie, et la configuration du pacte dans l'ordre et la disposition de la communauté politique, le respect de la loi commune et le royaume mondial. L'ordre juridique et la société organisée arrive quand les hommes s'accordent pour une personne pour accomoder la protection du nécéssaire pour sa subsistance et son bienêtre, en remarquant la confiance sur ce sujet. Voir Curt WITTLIN, “El vuité tractat del Dotzè del Crestià de Francesc Eiximenis”, dans Actes del Segon Colloqui d'Estudis Catalans a Nord-Amèrica, Abadia de Montserrat-Barcelone, 1983, pp. 139-152 et “Models i fonts jper l'estructura del Dotzè de Francese Eiximenis”, dans Actes del Quart Colloqui d'Estudis Catalans a Nord-Amèrica, Barcelone-Abadia de Montserrat, 1985, pp. 103-120 ; Albert HAUF, “Eiximenis, Joan de Salisbury i Fr. Joan de Galles, O.F.M.”, dans Miscellània Sanchis Guarner, Valence, 1984, vol. I, pp. 167-174 ;
El Regiment de la cosa pública, comme l'on vient de préciser, groupe les ch. 357-395 del Dotzè, sauf le ch. 39 final (« qui dona conclusió a tot lo tractat »), comme résultat le numéro 38 se divise en deux. Nous ne conservons aucun manuscrit et les éditions de Daniel MOLINS DE REI, Barcelone, 1927, qui fut conseiller de la Generalitat Antoni-Maria SBERT i MASSANET, Méxique, 1947, et de M. SANCHÍS GUARNER, Valence, 1972, se sont faites sur l'édition de Valence, 1499. Celle de Sanchís est une éd. en facsimilé.
4 La femme à été étudiée dans la pensée d'Eiximenis par Curt WITTLIN, “Introducció” à l'oeuvre d'Eiximenis, Lo Libre de les dones, édition critique scientifique de Frank NACCARATO et Joan COROMINES, Barcelone, 1981, vol. I, pp. XI-XXXVII ; J. MESEGUER FERNÁNDEZ, “El traductor del Carro de las donas, de Francisco Eximénez, familiar y biógrafo de Adriano VI”, dans Hispania, XIX (1959), pp. 230-250 ; J. FITZMAURICE-KELLY, “Vives and the Carro de las donas”, dans Revue Hispanique, 81 (1933), pp. 530-544 ; G.E. SANSONE, “Sulle lezioni comuni al Cercapoli e al Llibre de les dones de Francese Eiximenis”, dans Studi di Filologia romanza offerti a Silvio Pellegrini, Padova, 1971, pp. 546-564 ; Isaac VÁZQUEZ JANEIRO, “En busca de un nombre para el traductor del Carro de las donas”, dans Antonianum. LVI (1981), pp. 172-205 ; David J. VIERA, “Alejo Venegas y el Carro de las donas”, dans Archivo Ibero-Americano, XXXVII (1977), pp. 249-257 ; David J. VIERA, “Más sobre Vives y el Carro de las donas”, dans Estudios Franciscanos, 74 (1974), pp. 141-161 ; David J. VIERA, “« El hombre cuerdo no debe fiar de la mujer secreto », un tópico de la literatura antifeminista en las letras hispánicas”, dans Thesaurus, XXX (1975), pp. 557-560 ; Joan COROMINES, “Sobre les prosificacions de poemes didàctics en el Llibre de les dones d'Eiximenis”, dans Entre dos llenguatges, Barcelone, 1976, vol. I, pp. 166-240 ; David J. VIERA, “Un estudio textual del Carro de les dones”, dans Estudios Franciscanos, LXXVII (1976), pp. 153-180 ; David J. VIERA, “¿Influyó el Llibre de les dones de Francese Eiximenis (13407-1409 ?) en el De Institutione Faeminae Christianae de Juan Luis Vives ?”, dans Boletín de la Sociedad Castellonense de Cultura, LIV (1978), pp. 145-155 ; David J. VIERA, “Francesc Eiximenis y el homicidio de la mujer adúltera”, dans Estudios Franciscanos, LXXIX (1978), pp. 1-20 ; Annie FREMAUX-CRUZET, “La religion du pouvoir. Interprétation démoniaque du Libro de las donas de Francisco Ximénez”, dans Histoire et Civilisations Ibériques. Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, 30 (1978), pp. 49-68 ; T. VINYOLES VIDAL, Les barcelonines a les darreries de l'edat mitjana, Barcelone, 1976, pp. 16, 23, 27-28, 33 36, 70 et 111 ; Curt WITTLIN, “De Lo Libre de les dones a la Scala Dei”, dans Actes del Tercer Colloqui d'Estudis Catalans a Nord-Amèrica, Barcelone-A badia de Montserrat, 1983, pp. 139-152 ; David J. VIERA, “Los Capítulos del Carro de las donas sobre Isabel la Católica”, dans Archivo Ibero-Americano, XLIX (1989), pp. 531-543 ; David J. VIERA et Jordi PIQUÉ ANGORDANS, La dona en Francese Eiximenis, Barcelone, 1987 ; Manuel J. PELÁEZ, “La mujer en la obra de Francese Eiximenis. Un ejemplo de literatura antifeminista en la Baja Edad Media”, dans Collectanea Franciscana, 53 (1983), pp. 41-49 ; Manuel J. PELÁEZ, Jean-Louis HAGUE et Josep Mana PERAL DE ADRINAL i DE SOCÍAS, "La femme veuve dans l'oeuvre de l'évêque d'Elne, Francese Eiximenis", dans le volume collectif La femme dans l'histoire et la société méridionales, 66e Congrès de la Fédération historique du Languedoc méd. et du Roussillon (Narbonne, 1994), pp. 117-128. El Carro de las donas a été dedieé a Cathèrine d'Austrie, soeur de Charles V. La thèse de doctorat d'État de David J. Viera a la Catholic University of America, c'est The « Carro de las donas » : Translation and Adaptation of the « Llibre de les dones » of Francese Eiximenis, Washington, 1972.
5 « Que avorrescha totes carnats consolacions, axí com de mengare de beure desordonadament c curiosament, e excessivament e massa ricosament » (Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 355).
6 Lo libre de les doues, Vème part, le traité, ch. 178.
7 Dans une lettre du 25 avril 1373, Pierre III le Cérémonieux, informé de ce que Francesc Eiximenis est sur le point d'avoir le grade de maître en Théologie, et en reconnaissance pour les services qu'en certaines occasions il lui avait rendu, demande au Duc d'Anjou de le recommander au doyen de l'Université pour qu'il puisse faire sa graduation en 1373. Le monarque assigna a Eiximenis, en août de 1373, 59 florins d'or pour qu'il puisse se maintenir dans la ville française. Il le qualifie de « dilecto nostro fratri ». Voir A. RUBIÓ i LLUCH, Documents per l'història de la cultura catalana mig-eval, Barcelone, 1909, vol. I, pp. 168, 244-245, n° CLXXVI et CCLV.
8 Nous utilisons l'article du P. Andreu IVARS, “Franciscanismo de la reina de Aragón Doña María de Luna (1396-1406), su privanza con Fr. Francisco Eximénez”, dans Archivo Ibero-Américano, XXXVI (1933), pp. 259-281, 416-432 et 568-594. Pour l'étude de l'oeuvre et de la personnalité d'Eiximenis, continue à être une des plus importantes publications l'article du franciscain P. IVARS, “El escritor Fr. Francisco Eximénez en Valencia (1383-1408)”, dans Archivo Ibero-Americano, XIX (1920), pp. 76-104 ; XV (1921), pp. 289-331 ; XIX (1923), pp. 359-398 ; XX (1923), pp. 210-248 ; XXIV (1925), pp. 121-122 et 325-382 et XXV (1926), pp. 5-48 et 289-333. Le 27 janvier de 1405, la reine Marie demandait a Francesc Eiximenis de prier Dieu pour la santé de la famille royale et, spécialment, pour l'ainé le roi de Sicile, qui devait revenir d'Italie, et pour qu'il n'ait pas de problèmes dans son voyage, en même temps qu'elle le remerciait des prières en d'autres occasions.
9 J.H. PROBST ne donne presque pas de détails sur le particulier, car il précise que ce type de questions n'est pas d'intéret dans une étude comme le sienne, cependant, il procède à déterminer, en suivant le Dotzè del Crestià, VIème part, ch. 746, quelles sont les conditions qu'il doit avoir : « Il doit : 1° être âgé ; 2° inaccessible aux louanges et très poli ; 3° prendre conseils de gens compétents pour les grands repas ; 4° traiter de son mieux surtout les convites étrangers ; 5° ne jamais refuser quelque chose, même s'il ne l'a pas, quitte à l'envoyer chercher en secret ; 6° ne pas laisser encombrer la table de mets, etc. » ["Francesch Eiximeniç, ses idées politiques et sociales", dans Revue Hispanique, XXXIX (1917), p. 40].
10 Voir A. RUBIÓ i LLUCH, “Joan I humanista i el primer període de l'humanisme català”, dans Estudis Universitaris Catalans, 10 (1917-1918), pp. 1-117. Pour étudier Eiximenis, les pp. 6, 13, 16-18 et 91-93. Pour notre travail le livre de R. TASIS, n'a pas d'intéret, Joan I, reí caçador i músic, Barcelone, 1959.
11 A. LÓPEZ, “Confesores de la familia real de Aragón”, dans Archivo Ibero-Americano, XXXI (1929), pp. 194-201.
12 Un des meilleurs travaux écrit en langue française sur les idées sociales et politiques d'Eiximenis continue a être celui que l'on vient de citer de J. H. PROBST, "Francesh Eiximeniç, ses idées politiques et sociales", dans Revue Hispanique, XXXIX (1917), pp. 1-82, quoique, nous le regrettons, il ne s'occupe pas des banquets, festins et manières de tables en Eiximenis. PROBST fait la suivante et complète évaluation de sa pensée « Eminemment pactiste, partisan libéral d'une discipline sociale modérée, autant que de garanties effectives de bon gouvernement, solidariste, ami des travailleurs qui sont l'espoir des cités prospères, ennemi déclaré des inutiles, des paresseux, des parasites et des mauvais citoyens, le grand polygraphe catalan demeure, encore aujourd'hui, une des gloires les plus brillantes de sa petite patrie méditerranéenne » (pp. 80-81). PROBST est auteur aussi d'une autre étude sur Eiximenis où il ne manifeste rien de nouveau qu'on ne sache par son autre travail.
13 Voir Josep TORRAS i BAGES, La tradició catalana, ouvrage precité, p. 65 et aussi Jordi RUBIÓ i BALAGUER, Vida española en la época gótica. Ensayo de interpretación de textos y documentos literarios. Barcelone, 1943, pp. 246-248.
14 J.J.E. GRACIA, “Rules and Regulations for Drinking Wine in Francesc Eiximenis Terç del Crestià”, dans Traditio, XXXII (1976), pp. 369-385.
15 Terç del Crestià, ch. 372, 2-4.
16 « La nació catalana era eximpli de totes en altres gents cristianes en menjar honest e en temprat beure ; c sens tot dubte aquesta és la veritat, que catalans són los pus temprats hòmens en viure qué sien al món. Los italians són fort temprats en menjar, mas beuen massa curiosament, no en quantitat, mas en preciositat de vins, que fan grans tacanyeries en la manera del beure, així com damunt és ja dit » (Terç del Crestià, Vème part, ch. 372, 13).
17 « Catalans tallen la carn netament e polida, guardant-li lo tall qui es varieja per diverses carns de diverses maneres, e la mengen en tallador netament. E les altres nacions, així com franceses, alemanys, angleses e itàlics, ne fan trossos, e tallant dels dits trossos un poc ab son coltell, contracten la carn ab les mans a cada vegada que en prenen, c posen-les davant en un poc de pa, e solament se n'hi posen un bocí, e han a posar la sal en altre poc de pa, e sullen lo pa e la tovalla per força en son menjar, les quais coses són fort miserables e sútzees ; dones, milis n'usen catalans » (Terç del Crestià, Vème part, ch. 372, 4).
18 Terç del Crestià, ch. 372, 7.
19 Terç del Crestià, ch. 372, 8.
20 « Altres nacions no hi tenen cap ne centener, ans n'hi ha qui de nit se Ileven a menjar, així com alemanys, c altres beuen sens manera, així com los franceses » (Terç del Crestià, ch. 372, 9).
21 Terç del Crestià, Vème part, ch. 372, 11 : « Car altres nacions quan mengen meten les mànegues, que porten llongues, fins en l'escudella, així com franceses e alemanys, e els castellans mostren los braços nuus ; mas Catalans no fan aixó ne allò, car porten les manegues per bona guisa ».
22 « Car les altres nacions quan serveixen a menjar mostren la carn, així com castellans o portugaleses, o mostren les anques mes car les llurs faldes són fort curtes, així com se fan los franceses, car així mateix amaguen la cara ab lo caperó estret. Les quals coses de veure son incompetents a aquell qui menja ; e lo contrari fan los Catalans, qui són bé coberts en la cara » (Terç del Crestià, Vème part, ch. 372, 12).
23 Terç del Crestià, Vème part, ch. 378.
24 Terç del Crestià, Vème part, ch. 378.
25 « Sobiranament le guarda que en taula no et mocs ab la mà nua, ne en faces gran brogit, ne et mocs jamés en taula tinent alt lo cap ; e si pots excusar ton mocar a temps, excusa-ho mentre puixes, e si no-ho pots, fer-ho la pus amagadament e la pus neta que puixes al món, car cosa és en si fort vil. Per tal serva açò per ta honor, que mentre que per cadarn hages lo nas fluent ne degotant no convits a negú ne sies en taula d'altre si fer-se pot » (Terç del Crestià, Vème part, ch. 378).
26 Terç del Crestià, Vème part, ch. 378.
27 Terç del Crestià, Vème part, ch. 379. « En convit en què sies, no parles per res de grans senyors, ne de dones, ne de venjances, car com aquí haja moites orelles e moites llengües c diverses cortages, pories molts ofendre e procurar a tu mateix e a la tua casa prou de mal. Parlar en convit deu ésser de rialles o de matèries plaents qui negú no ofenen, e de coses agradables qui no toquen negú en especial ».
28 Terç del Crestià, Vème part, ch. 379.
29 « Jamés en taula d'altre no comences a menjar primer, si, doncs, no n'est forçat, ne et frecs ab major que tu ; ans te tira queucom atràs per ferli reverència. / No estigues en taula que no mengs queucom, per tal que ensenys que et plau lo menjar. / Neguna vianda que davant te sia posada no rebuigs, si, doncs, per raó dcl dia aquell no era vedada, així com carn és vedada en divendres e en vigflies. / E tostemps està ab la cara esclarida e plaent en taula, e majorment en taula d'altre. / No et faces tan рос bocí que sia escarn, així com feia aquella nòvia qui d'un pinyó se feia dos bocins о tres. / Si est convidat, guarda que no t'hagen a esperar los altres, mas vine ab temps. / Tostemps guarda que peixen a tu mateix de qualsevol cosa, que jamés los caps dels dits ab què et peix no entren dins los llavis de ta boca, per tal que quan los engitasses no els haguesses a Ilepar ab los llavis ; basta que ab los caps dels dits poses la vianda dins los llavis о en los llavis. / Null temps te Ileus de taula per anar al Hoc privat ne per a servir secretament a natura, ne aprés dinar tantost no iràs a fer semblants coses, car gran viltat és. E si és necessitat de fer lo contrari per qualque accident, no mengs ab altres, mas tot sol en ta cambra » (Terç del Crestià, Vème part, ch. 379).
30 « Tostemps que hages a escopir en taula, escup detràs lu si hi ha espai convinent, no escopent jamés en lo banc en que scus, о si espai no hi ha, escup entre les tues cames, amagant ton escopir aitant com puixes. Null temps no escupes per tal guisa que l'escopina per res naja a passar sobre la taula ne davant negú » (Terç del Crestià, Vème part, ch. 379).
31 Terç del Crestià, Vème part, ch. 378.
32 « Dicebat autem et ad invitatos parabolani, intendens quomodo primus accubitus cligerent, dicens ad illos : cum invitatus fueris ad nuptias, non discumbas in primo loco, ne forte honoratior te sit invitatus ab illo, et veniens is, qui te et illum vocavit, dicat tibi : Da huic lucum : et tune incipias cum rubore novissimum locum tenere ; sed cum vocatus fueris, vade, recumbe in novissimo loco : ut, cum vencrit qui te invitatit, dicat tibi : Amice, ascende superius. Tune erit libi gloria coram simul discumbentibus : quia omnis, qui se exaltat, humiliabitur : et qui se humiliat, exaltabitur » (Lc XIV, 7-11).
33 « Conscylla que en ton mengar no solament te guarts de massa en quantitat, ne de massa sovín, ans encara te guarda que menges nodridament. Car no est bèstia, mas persona rahonable qui deus attendre, en ton mengar, de no fer-te força, car no ha bèstia al món qui meng ne begua per força. Donchs, no.u façes tu, qui est hom rahonable » (Lo libre de les dones, Vème part, ch. 217, 3).
34 PLINIUS, Naturalis Historia, XI, 79, 200.
35 Voir Vida de Jesucrist, chapitre s. n., éd. J. WEBSTER, La societat, p. 77.
36 Terç del Crestià, Vème part, chapitre 325.
37 Decretum Gratiani, c. “Praesbiterii”, Dist. 34.
38 « E aytals convits fa lo Sant Parc Apostòlic sovin a aquells qui.s presentan a la sua reverència, e los prelats que bé viven » (Terç del Crestià,Vème part, ch. 325).
39 Terç del Crestià, Vème part, ch. 326.
40 Terç del Crestià, Vème part, ch. 327.
41 Terç del Crestià, Vème part, ch. 379.
42 « No.t plàcien convits per res, ne mengars, ne vins delicats, car molt noen al cors e a la anima » (Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 382).
43 « Lo sant abat Efrem conseylava a tota gent, special mente als scus monges, que fossen fort temprats en lur beure, assignant-hi grans rahons. La primera car vi temprat agúa l'enteniment e fa molt gran bé al cors, segons que posa Avicenna. La segona, car vi begut desmesuradament fa rebel.lar la cam a l'esperit. La terça, car veure destemperadament procura malalties grans c fa pudir lo alende, en tant que negú no.t porà estar de cara. La quarta és que aytal beure embriagua l'om, qui és una de les pus leges legees e viltats qui sien en hom. Car per aquesta l'om torna com a bèstia, e per la raó e.s posa a perill de fer mals sens fi, e ret l'om fort diffamat e suyllat e menyspreat davant tota creatura. E majorment és gran tacca en dona més que en hom, e subira-nament en dona religiosa » (Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 218).
44 Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 219, 1-5.
45 Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 219, 8-9.
46 Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 219, 10.
47 « "Sisenament, me confés del peccat de gola, car moites veguades he massa mengat e begut, e trob massa gran delit en viandes delicades e precioses, e en bons vins. He trencada la corema o aytals dejunis manats c aytals", Así digues si fas excés en fer o en reebre convits, si t'est embriagat, o si en los dejunis cuytes massa lo temps dcl mengar, o si asseent benceys la taula, e levant fas gràcies a Déu he t senyes, o si menges mal nodridament he t peys axí como a porchàs, c axí de les altres coses » (Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 328, 6).
48 « Tostemps ve ab paor de peccar a la taula, e tostemps te'n leva ab alcun appetit de més a mengar. Menga nudridament ; està compostament ; no parles, o si parles, not girs a aquell ab qui parles, per tal que no li estufs en la cara. Bevent, no leus los huyls de la taça a anap ab que beus ; beu lo vi ben amerat e no begues prestament, com est en taula, si dondis necessitat no te'ns forçava ; per res no begues brou ne vi estant res en la bocha. No t plàcien convits per res ne mengars ne vins delicats, car molt noen al cors e a la ànima. Mengant, pensa qui-t dóna a mengar ; car Déus e les gens per amor d'Ell, per les quais te convé a satisfer a Déu tostemps » (Lo libre de les dones, Vème part, 4e traité, ch. 382).
Auteur
Université de Málaga
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