Entre médecine et magie, les gestes de beauté (l’Ornatus mulierum)
p. 255-272
Texte intégral
1Emanation essentielle du corps humain, le geste participe, dans la vision médiévale, à la vaste liturgie d’un monde entièrement tourné vers Dieu. Du corps dont il est issu, le geste partage l’ambivalence, maudit par sa responsabilité dans la chute, il n’en est pas moins le lieu où se cristallise l’espoir du salut. C’est dire combien l’homme se doit d’être attentif à la moralité de sa gestuelle. Dans une telle perspective, le petit ouvrage qui sera mon propos ne peut être que profondément immoral.
2Perdu au milieu d’un gros manuscrit de traités médicaux en latin, l’Ornatus mulierum1 se présente à nous sous un titre doublement trompeur ; tout d’abord, il n’est pas écrit en latin mais en anglonormand ; de plus, il partage l’intitulé d’une oeuvre bien connue, le De ornatu mulierum de Trotula, dit encore Trotula minor, qui représente une seconde partie du livre de médecine de la miresse de Salerne, le Trotula Major, étude des maladies spécifiquement féminines2. Or précisément notre Ornatus anglonormand n’est pas une traduction du Trotula Minor. Mais peut-être le rubricateur l’a-t-il cru de bonne foi...
3Il s’agit d’un ouvrage à mi-chemin entre les conseils du médecin et ceux de l’esthéticienne. En soixante-douze rubriques, l’Anonyme nous apprend comment remédier à des ennuis qui ne sont pas véritablement des maladies. Adressé à un public exclusivement féminin, cet ensemble de prescriptions a beau s’appuyer sur un fond de théories galiéniques, ce qu’il nous découvre est bien plus souvent un savoir sans âge, tel qu’on peut déjà le trouver dans les Histoires Naturelles de Pline.
4J’évoquerai d’abord la place de l’Ornatus mulierum dans la littérature médicale et parénétique de son époque, puisqu’aussi bien, comme l’a souligné J.-C. Schmitt, “Le discours médical au Moyen Age n’a pas d’autonomie mais participe de l’éthique et se prolonge dans l’idéologie”3 ; puis je m’arrêterai sur les parties du corps qu’il s’agit de soigner, essentiellement la chevelure et la peau, avant de conclure sur l’art tout féminin des codions, décoctions, onguents et autres lotions qui font la base du geste de beauté, ce geste qu’on hésite à placer du côté de la médecine ou de celui de la magie.
5Si le titre d’Ornatus mulierum est celui d’une oeuvre bien connue, il n’évoque pas moins la littérature religieuse, occupée dès ses origines à vitupérer les gestes des femmes cherchant à s’embellir. Les prêcheurs n’hésitaient pas à s’appuyer sur Ovide, Sénèque ou Juvénal, bien qu’ils eussent à leur disposition une matière particulièrement riche dans les Livres Sapientiaux et dans les invectives des Prophètes, surtout lsaïe.
6Ornatus est précisément le mot retenu par Tertullien dans son De cultu feminarum4 où il traite et condamne en deux livres la coquetterie féminine. Dans le premier, le cultus représente les bijoux et les toilettes dont les femmes se parent afin de mieux se pavaner et séduire les hommes qui passaient pour leur malheur. Cette parade affichée continue de nourrir la verve des poètes du Moyen Age ; l’auteur anonyme des Contenances de fame, par exemple, n’en finit plus de se gausser des couvre-chefs en forme de tour, ou des traînes qu’on appelait alors du terme significatif de “queues”5. Le second Livre de Tertullien, l’ornatus précisément, s’attache aux soins excessifs que les femmes accordent à leur corps, leurs fards et leurs coiffures ; ce faisant, l’auteur antique nous livre quelques recettes que nous retrouverons pratiquement inchangées dans notre traité anglonormand, notamment pour le blondissement des cheveux.
7Avec Tertullien, sont déjà en place les grands thèmes de la prédication contre la coquetterie des femmes. Se farder, s’embellir est doublement mauvais puisque le principe en est l’orgueil et la fin la luxure : orgueil de se présumer assez forte pour savoir garder la mesure, mépris d’autrui dont on ne pense pas qu’il pourrait être assez faible pour succomber. Soigner son corps dans le simple but d’en conserver l’intégrité est le propos d’une femme païenne, ce n’est que demi pudicitia. Car la chrétienne ne recherchera pas une beauté qui n’est en rien nécessaire. La seule personne à laquelle une femme devrait plaire est son époux et celui-ci, à la voir se parer, éprouve plus de crainte que de plaisir... Inutile, la beauté est donc condamnable. Le prédicateur va plus loin ; agir pour s’embellir est un sacrilège, c’est, de la part de la femme, se croire capable d’égaler la création de Dieu ; dissimuler son âge sous un fard habile, teindre sa chevelure, c’est viser la jeunesse éternelle quand on ne doit penser qu’à l’éternité de l’Au-Delà. Pour Tertullien, l’art du maquillage a été donné aux femmes par les anges déchus à seule fin de se venger de leur chute et le religieux n’hésite pas à renforcer sa thèse en l’appuyant sur des apocryphes notoires, Enoch, Esdras.
8Les choses sont donc parfaitement claires du côté de l’Église ; parer le corps de vêtements, de bijoux ou de coiffures recherchées, et farder son visage, épaissir sa chevelure, ou tricher sur son teint sont une dangereuse perte de son temps ; car, pour Tertullien comme pour la majorité des penseurs médiévaux, la tunique de peau dont Dieu a revêtu Adam et Eve n’est que la marque infâmante de leur faute, bien loin de représenter, comme pour de plus récentes exégèses, le geste d’amour d’un Créateur déjà prêt au pardon, l’annonce du futur vêtement de gloire.
9Ce n’est ni dans Galien ni dans Hippocrate qu’on peut espérer trouver une complice indulgence pour les gestes de beauté. Leur intérêt les porte plutôt vers la conception ou la formation de l’enfant et c’est dans cette perspective que peuvent s’inscrire une étude de la physiologie féminine ou une recherche sur ses maladies spécifiques. On peut aussi trouver des explications à la chute des cheveux - et préconiser des remèdes pour la vaincre- dans le cadre de la théorie des humeurs, dans les oppositions du chaud/froid, sec/humide ; mais on chercherait en vain des prescriptions pour faire repousser, drue, épaisse et longue la chevelure, une fois stoppée la chute. C’est pourquoi dans leur belle étude, Danielle Jacquart et C. Thomasset6 jugent pure justice de saluer Trotula - ou qui que ce soit qui écrivit son oeuvre- de cet éloge bien mérité :
La médecine du temps attribue à la femme des qualités et une physiologie qui constituent un réseau impressionnant de contraintes. La volonté de Trotula de venir en aide aux victimes de cette condition ne manque ni d’originalité ni même de grandeur.
10Notre ornatus, outre son titre, a voulu délibérement se placer sous l’autorité de Trotula ; il met même une telle ostentation à répéter maintes et maintes fois ce nom que cela nous paraît un peu inquiétant. Bien sûr, comme Trotula a réellement écrit un traité à visée esthétique, on peut voir dans cette autorité évoquée avec complaisance une mesure de prudence de l’Anonyme ; ce peut être aussi un symbole de sa volonté : décidé à écrire pour les femmes, il ne s’en réclame pas moins d’un médecin. On se souviendra alors du traité de gynécologie écrit en hébreu dans la seconde moitié du xiiie s. par un Juif d’Espagne installé en Provence7. Ce livre est, lui aussi, adressé aux femmes et l’auteur prend grand soin de souligner que la femme ne doit pas essayer de comprendre les processus physiologiques mais se concentrer sur les aspects pratiques du diagnostic et de la thérapeutique. Le livre, pour faire passer son message, a choisi la forme éprouvée du dialogue. Et l’on voit Dinah questionner son père sur des points extrêmement précis auxquels font réponse de non moins précises prescriptions, par exemple sur la façon de baigner un nouveau-né, mais aussi sur les soins à apporter à la poitrine de la jeune accouchée.
11De la même façon, notre Ornatus n’entre pas (ou rarement) dans une recherche de la cause des maux qu’il £énumère, mais il donne un mode d’emploi, des gestes donc à accomplir. Cette pharmacopée implique une connaissance remarquable des simples et de leurs vertus. Or l’on sait que la médecine se partageait également entre savants, très au fait de la réflexion menée dans les grandes facultés, et des praticiens, souvent des femmes8, auxquelles étaient réservés, grâce à leurs connaissances phytothérapiques, l’art des crèmes et des onguents et de plus intimes manipulations. Ces femmes étaient aussi bien sages-femmes que marchandes de beauté. Leur âge souvent avancé, leur sens du secret devaient bientôt en faire les victimes toutes désignées des chasseurs de sorcières.
12Lorsque l’Anonyme rédige l’Ornatus, ses recettes ne sont pas encore suspectes, et l’ombre magnifique de Trotula étend sur elles sa savante protection... certes, mais notre auteur n’avait pas besoin de nous raconter qu’il avait entendu Trotula en personne professer ses remèdes car, au xiiie s, on sait bien que la Salernitaine était morte depuis longtemps... Du coup, comment ne pas penser à un autre bonimenteur9 qui prétendait avec la même impudence avoir vu dame Trote ? celui-là se proclame bien haut un mire, un vrai médecin, non pas un marchand d’herbes ou de parfums :
Ainz sui a une dame qui a nom ma dame Trote de Salerne qui fait cuevrechiés de ses oreilles et li sorciz li pendent a chaaines d’argent par desus les épaules et sachiez que c’est la plus sage dame qui soit enz quatre parties dou monde...
13Assurément le respect n’étouffe pas notre bateleur et Rutebeuf ici parodie à coeur joie... mais qui au fait ? Vise-t-il précisément ceux qui, comme l’Anonyme de l’Ornatus, sous couvert de médecine, sont marchands de vent et de jouvence ? Ou est-ce notre auteur qui, de par son prologue en vers et ses recettes en prose, nous adresse un clin d’oeil ironique quand on sait que ce mélange vers-prose caractérise bien des herberies10 ? Même si le reste du discours ne nous présente guère notre auteur sous les traits d’un plaisantin, on sera peut-être sensible à ses allusions répétées à Salerne lorsqu’on se souvient que, jusqu’en plein xiiie s., la concurrence entre Salerne et Montpellier fit rage. En témoigne Gilles de Corbeil, salernitain convaincu, qui pour injurier la pseudo-science de Montpellier, cette ville pleine de savants juifs et arabes, ne trouve rien de mieux que de traiter ses médecins de marchands de parfums, de pharmaciens pour recettes de femmes11. Or notre traité, tout en se réclamant de Salerne, mais un Salerne doublement féminin, le Salerne de Trotula et celui des “dames de Salerne”, ses autres référents, en appelle encore à l’autorité d’une sarrasine de Messine. Cette musulmane reconnue achève d’ouvrir notre opuscule au domaine de l’Espagne et du midi provençal.
14Nul doute que dans l’art de la parure ne se fasse sentir toute l’influence arabe. Il ne s’agit pas tant ici d’évoquer le talent des femmes des harems pour s’embellir que ces feuilles spécialisées “genre de formulaire médical ou pharmaceutique où l’auteur se contentait, après avoir signalé le mal dont souffre le malade, d’indiquer la composition et le mode d’emploi d’une ou plusieurs recettes propres à le soulager ou à le conduire à la guérison.” Leur nom originel était le grec γραϕιδιov et R. Dagorn en a édité un, précisément consacré à la coquetterie féminine, avec des formules de dépilatoire et des conseils pour l’entretien des ongles ou des mains12.
15Ainsi en replaçant dans son contexte notre Ornatus, on voit se dessiner tout un réseau de significations qui explique que l’art de la parure soit réservé exclusivement aux femmes, destiné à des femmes, préconisé par des femmes, malgré l’invocation préliminaire des Galien, Hippocrate et Constantin l’Africain. Il est néanmoins quasi assuré que l’auteur était bien un médecin ; mais, contrairement à Henri de Mondeville13 qui concède quelques pages à l’esthétique, parce que le public des grandes dames paie trop bien pour qu’on puisse se permettre de le bouder, contrairement même à Aldebrandin de Sienne dont les chapitres sur les soins de beauté ne représentent qu’une mince partie de son gros livre, notre auteur anonyme a bien pour but l’embellissement, ce sacrilège. Mais il s’efface derrière les femmes, son propos et son public : à lui l’écrit, à elles les gestes. Jusque dans la répartition des tâches se marque la dichotomie entre le théorique et la pratique ; maître de la connaissance du nom des plantes, l’Anonyme se présente comme l’auctor des remèdes qu’une autre réalisera et appliquera.
16Le seul moment où l’auteur prenne véritablement la parole en son nom est le Prologue. En quelque 46 vers, il énonce son but et justifie son entreprise. Même si ses talents poétiques n’ont pas grande valeur, ce prologue est fort intéressant car il n’est pas vraiment orthodoxe. Certes le petit rappel qu’Eve fut extraite de la côte d’Adam est tout à fait conforme à la Genèse mais assurer que, lors de la Création, Dieu avait tout spécialement destiné la beauté à la femme, c’est déjà tirer quelque peu à soi le texte sacré. Dans le jardin des origines, Adam et Eve étaient revêtus d’innocence et de gloire et vivaient dans la Grâce ; ils étaient naturellement beaux l’un et l’autre, à l’image de leur Créateur. Dans la logique de son raisonnement, notre auteur réserve à la principale coupable le châtiment qui la touche en son essence même, sa beauté
Mès ele le perdi par le deble
Puis que ele out la pume gusté.
Mult en fu disuneré. (v. 4-6)
17La nudité que découvre sa pudeur nouvelle, la “honte”, est signe de la perte de sa beauté intrinsèque, Eve sur la terre n’est plus qu’un reflet abîmé de l’Eve originelle. Fort bien. Mais la conception du péché originel qui suit ces considérations est, quant à elle, franchement hérétique
Et les dames que ore sunt
Ke de ceo culpes ne hunt
Pur ceo que Heve forfist tant
De lur bauté sunt mult perdant(v.7-10)
18Ainsi donc il n’est que justice de réparer l’ordre du monde déchiré en redonnant aux descendantes d’Eve la beauté qui correspond à leur innocence reconnue. Difficile de dire si l’auteur n’énonce pas cette belle théorie cum grano salis. En revanche, il est à l’évidence convaincu de ses capacités à faire perdurer la fraîche beauté des jeunes filles, à embellir celle qui n’a jamais eu le droit d’être véritablement avenante.
Pur ceo vus fas jeo cest livre
Que tres bien seez delivre
Vus memes en bauté guarder
Et vus acunit del amender.(v. 17-20)
19Soigner une maladie peut s’apparenter à la charité et à la compassion dont le Bon Samaritain reste le modèle. Mais il est plus rare de donner une justification théologique à des gestes visant à embellir le corps et cela non parce que la laideur ou la vieillesse seraient reconnues comme une souffrance que le mire se doit d’apaiser, mais simplement parce que la beauté fut le cadeau premier de Dieu à sa créature qui restaure ainsi en elle le reflet de son créateur. Le geste divin originel justifie tous ceux à venir, accomplis à son exemple.
20Après cette affirmation, l’auteur en passe à l’annonce de son plan qui détaille de haut en bas les parties du corps ; de toutes ces rubriques, la plupart n’ont pas été traitées. Puis ce sont les auctoritates, Galien, Constantin, Hippocrate en tête, suivis de la mystérieuse Sarrasine de Messine "mire en sa loi" et qui a droit à la petite formule épique
Mut fust valiant se ust fei(v. 36)
21Enfin Dame Trotula. Une remarque explique le passage à la prose, plus conforme à un discours médical, et l’auteur conclut sur une courte invocation à Dieu
Ke cest livre tel puisse estre
Que des dames en ai grez
Dunt en sei tut dis amez(v.44-46)
22Mais ce trait galant n’est pas l’annonce d’un quelconque chastoiement. On ne trouvera pas de leçons de courtoisie ou de savoir vivre, il n’est pas non plus question d’un art de dissimuler, non, il s’agit de guérir, de transformer.
23Le traité s’ouvre et se referme sur les soins des cheveux. Les gestes qu’on préconise visent à corriger leur chute, c’est le point le plus important, puis à les faire (re)pousser, les épaissir, les rendre beaux et brillants, en ôter les pellicules, lutter contre la canitie, les teindre enfin, en blond mais aussi en brun plus ou moins sombre, en châtain et même en roux, plus ou moins chaud. Seule la première rubrique évoque en quelques mots les causes possibles de la chute des cheveux : un épisode de fièvre aiguë que l’auteur classe naturellement selon les critères de la chaleur ici anormale, une atteinte des racines et du cuir chevelu avec l’exemple de la lèpre, “pouriture des bulbes”, enfin un “élargissement des pertuis” qui est peut-être une représentation de la chevelure clairsemée où se distinguent mieux les racines - il s’agira bien évidemment de “resserrer” grâce à des astringents.
24La place initiale de la chevelure s’explique aisément, outre l’habitude qu’ont les portraitistes de toujours procéder du haut vers le bas. Chez les Musulmans, dont notre auteur se réclame ouvertement, les soins à apporter aux cheveux sont décrits avec une grande minutie, comme l’avait montré Françoise Aubailes-Sallenave14. La chevelure révèle en ces textes son caractère profondément ambivalent, puisque les cheveux prennent racine dans la tête, haut lieu de la physiologie médiévale, et qu’ils sont une zone de passage ; ils assurent la transition entre l’intérieur du corps et le monde extérieur, entre le microcosme et le macrocosme ; or tout lieu de passage a sens double.
25Dans la religion chrétienne, la chevelure fait l’objet de conceptions tout aussi ambiguës, et plus précisément la chevelure des femmes, la seule dont traite notre Ornatus. “Elle est dite nécessaire aux femmes comme un voile naturel, signe de leur infériorité native, de leur sujétion”15. On sait que cette théorie remonte à la Lettre de Paul aux Corinthiens16 en des lignes passablement difficiles au sujet de l’assemblée liturgique : l’homme se doit d’y assister nu-tête tandis que la femme “a l’obligation de tenir sur sa tête εξουσια en vue des anges”. Dans l’ancien Israël, seuls les nazirs portaient les cheveux longs ; mais c’est Paul qui insiste pour que l’homme “prie et prophétise tête nue” car il y voit un signe de révérence à l’égard du Christ qui est la κεφαλη de l’homme ; la femme, pour sa part, est la gloire de l’homme qui est, de son côté, κεφαλη de la femme et le propre pouvoir (εξουσια) de la femme est de porter le voile - qu’au Moyen Age on appelle parfois imperium, - de la même façon que les Anges soutiennent de leur front la voûte du Ciel. Le voile est donc la marque de la part que prend la femme dans l’Alliance. Mais l’on sait que la plupart des penseurs médiévaux ont fait une exégèse restrictive de ces lignes, interprétant la tête couverte de la femme comme le signe de sa place inférieure dans l’ordonnance divine du monde.
26Notre Anonyme ne possède sans doute pas le bagage théologique nécessaire pour discuter ce point ; il semble participer de l’idée plus simple que, puisque la chevelure est voile naturel grâce auquel la femme affirme son identité, il est légitime de lui apporter des soins lorsqu’elle est atteinte de maladies qui la font tomber. Il se montre surtout attentif au fort pouvoir érotique que la chevelure exerce à l’époque, ce qui explique que seules les femmes soient ici concernées. En effet si l’on suit Galien tel que le cite Oribase, selon la conception antique des médecins, il y avait relation entre la chevelure et la vitalité du cerveau : la chute des cheveux coïncidait avec une diminution de l’encéphale, ce qui est aussi ennuyeux pour un homme que pour une femme.
27Non moins exposée aux regards d’autrui que la chevelure, la peau du visage est à son tour l’objet de la sollicitude de notre Ornatus. On sait que, pour les médecins médiévaux, la couleur du teint est le reflet fidèle du tempérament : vivement colorée de rose, elle est le propre des sanguins, les plus aptes à l’amour, ce qui n’est pas ici sans importance. Les soins du visage visent donc principalement la qualité de la carnation qui doit correspondre aux canons de l’époque, c’est à dire ne présenter aucune tache. L’Anonyme appelle ces dernières des lentilles ce qui recouvre probablement aussi bien les éphélides que le lentigo, voire d’autres taches passagères ; trois rubriques seulement concernent les boutons dont l’une décrit une éruption assez importante pour évoquer la lèpre ; trois autres sont destinées à ôter les verrues, une les dartres, une pour lisser le visage ; une seule, enfin, prétend faire disparaître les rides... c’est que, de fait, les rides devaient assez peu se voir sous la couche épaisse du fond de teint. Dix recettes concernent la coloration du visage et s’occupent en réalité de la fabrication de la céruse ou d’un fard équivalent ; une recette indique les moyens de blanchir le hâle infligé par le soleil.
28Dans le visage encore, les sourcils sont considérés avec beaucoup d’attention et on indique comment les épiler lorsqu’ils sont trop fournis avant d’enduire la peau d’une pâte dépilatoire qui empêche la repousse. En tout sept rubriques concernent les poils et autres duvets superflus, là encore le visage semble seul concerné.
29On notera trois affections plus précisément dermatologiques : un traitement contre la blépharite, trois contre les verrues, un contre la mauvaise odeur qui sort des narines. On aura fait le tour du sujet en mentionnant la confection d’un dentifrice qui blanchisse les dents et deux véritables modes d’emploi, pour fabriquer du brésil et de l’eau d’orge.
30La répartition de nos rubriques est donc sensiblement différente des habituels traités en français où sont abordés les soins du corps ; la diététique n’y a nulle place et les règles d’hygiène se réduisent le plus souvent à des traitement tout externes, essentiellement phytothérapiques, où l’onguent et la lotion jouent le rôle principal. Cependant, sous le nom de Trotula, l’Anonyme accorde une visible importance aux bains, en eau chaude, destinés à préparer le corps à sa médication, peut-être en lui offrant ainsi la détente17 ? On trouve aussi un certain nombre de bains de vapeur pour le visage, visant sans doute à ouvrir les pores pour mieux faire pénétrer ensuite les substances ; ce sont parfois des fumigations au-dessus des pots où l’on a versé les décoctions bouillantes.
31Le traitement contre les parasites peut affecter une grande simplicité ; si les poux et lentes sont combattus par des lotions où le vinaigre joue un rôle essentiel, les morpions sont détruits grâce à la plus élémentaire propreté : on tondra l’endroit où la pédiculose est avérée -aisselles et pénil - puis on lavera très soigneusement avant d’oindre d’huile d’olive ou de savon. Trotula préférait, quant à elle, terminer par un cataplasme de fleurs de genêts écrasées.
32L’ornement des dames présente toujours deux personnes l’une en face de l’autre, la patiente et la miresse qui est le plus souvent une autre femme, parfois le Je du médecin-auteur. Il semble que le soin ne soit pas appliqué par la patiente elle-même. Nous voyons donc Dame Trotula ou sa semblable, agir devant nous, peinte avec exactitude dans la minutie de préparatifs complexes et délicats, puis dans la douceur du geste qui soigne
Voici comment Dame Trote fait disparaître les taches de rousseur. Elle prend du miel débarrassé de ses impuretés et le fait bouillir. Elle prend ensuite de la farine de sénévé et de la poudre de gingembre et d’encens blanc ; elle les met dans le miel puis elle laisse le tout refroidir. Au moment du coucher, elle donne au visage un bain de vapeur et l’oint ensuite avec ce miel. Au matin elle essuie le visage avec une étoffe de lin.(§ XXXVI)
33Le schéma habituel aux recettes ou la posologie sont ici remplacés de façon significative par un petit tableau qui s’apparente au théâtre. C’est souligner sans équivoque l’importance du geste qui est plus qu’un savoir-faire, qui se veut pratique efficiente. Soins qui agissent toute une nuit pour multiplier leur efficacité, confiance accordée à l’eau de pluie, jugée pure et saine, tout repose sur une expérience.
34Je n’étudierai pas ici en détail toutes les substances employées dont certaines paraissent fort douteuses voire dangereuses ! Je ne m’occuperai que des produits tirés des animaux qui révèlent le mieux la mise en oeuvre d’une mentalité magique.
35La partie la plus recherchée dans l’animal, celle qui entre en composition du plus grand nombre d’onguents, est la graisse. On trouve mention de graisse d’ours, de porc, de poule, de mouton. Pline18 notait déjà que la graisse est le plus estimée des remèdes communs et qu’elle est dotée d’une vertu religieuse ; le pouvoir de la graisse d’ours venait de ce que l’animal se nourrit de racines. Il y a peut-être là une des raisons analogiques qui ont fait préconiser la graisse d’ours contre l’alopécie. L’Ornatus évoque l’action de sa Sarrasine de Messine pour une jeune fille qui avait perdu non seulement sa chevelure mais tous ses poils19. La Sarrasine mêla de la graisse de porc avec du vin blanc, fit bouillir le tout avec persil et sauge ; elle recueillit l’écume grasse remontée à la surface du bouillon ; d’autre part, elle broya avec un pilon du cumin, de la résine de lentisque et des jaunes d’oeufs ; les deux résidus mêlés furent mis une seconde fois à bouillir ensemble et se réduisirent à un onguent dont elle frictionna les parties chauves, avec un résultat parfaitement positif.(§VII)
36Là encore le geste avec sa précision pleine de gravité, ou plutôt la succession des gestes, semble impliquer le résultat heureux de l’opération ; porteur de sens, il convainc comme le discours.
37La graisse de porc, dite axonge, entrait dans la composition de nombreuses pommades dermatologiques ; on la mêlait à la céruse pour blanchir des cicatrices trop visibles, on la malaxait avec du miel pour enduire des cils faibles et les fortifier. Elle faisait d’après notre auteur merveille contre les petits boutons, les éphélides ou le simple hâle. La céruse, délayée dans de l’eau de rose, additionnée de blancs d’oeufs en mousse, était mélangée à de la graisse de jeune porc saupoudrée d’os de seiche : il en résultait un onguent blanc et épais qu’il fallait allonger d’un peu de camphre. L’auteur nous glisse que cette recette, inédite naturellement, est le secret des Dames de Pouille à la douce peau blanche. La notion de secret20 est, à l’évidence, essentielle (§ XLVI).
38L’Anonyme ne précise pas toujours quel animal fournira sa graisse pour lier les pommades, par exemple dans cet onguent destiné à colorer un visage pâli21 où le produit est à base de graisse, de froment et de blanc d’oeuf. La graisse semble avoir un simple rôle d’émollient dans une autre recette assez étonnante pour faire pousser le poil : Trotula calcinait la tête de petits oiseaux avec du froment et du vinaigre, elle poudrait ensuite l’endroit malade préalablement enduit de miel et de graisse, sans doute pour retenir la cendre...(§ IX)
39Les cendres conservent les vertus du produit dont elles sont issues, ainsi la Sarrasine calcine du vélin avec un pain d’orge, lie le tout par de la graisse d’ours et frictionne la tête entière de sa patiente avec le produit ; Dame Trote fait bouillir de l’eau de pluie avec des branches de myrte pour allonger la graisse animale ; on ne frictionne que les cheveux avec cette seconde lotion. Et l’auteur n’hésite pas à prétendre qu’il a vu Constantin en personne faire pousser les poils en un endroit parfaitement chauve avec de la poudre de pyrèthre mêlée de graisse d’ours22 : à la notion de secret vient s’ajouter la véracité du témoignage. L’ours est ainsi l’animal spécialisé dans tous les maux de la tête et, par sympathie avec sa belle fourrure, dans les misères des cheveux.
40Pour en finir avec ces graisses à onguents, on épinglera deux manières d’agir très spéciales. La première est l’unique traitement qui concerne les rides. Les dames de jadis s’en plaignaient-elles moins qu’aujourd’hui ? On pourrait le penser en voyant combien cette recette fait appel à des substances coûteuses. On recommande d’abord d’exposer le visage à des fumigations au-dessus d’un récipent où bouillent des mauves et des violettes ; puis on applique sur le visage ainsi préparé un onguent à base de perles finement écrasées, de farine de graines de citrouilles, de fèves et de lupins émulsionnées avec de la graisse de poule23.
41Dame Trotula utilise une autre “graisse” assez peu ragoûtante dans le but de détruire les poils de sourcils trop épais : elle fait bouillir dans du vinaigre des limaces et des grenouilles, elle écume son bouillon dont elle recueille le gras ; ce résidu est appliqué en onctions24. Les limaces sont plus habituellement utilisées comme aphrodisiaque avec d’autres herbes destinées à masquer leur goût, qui devait être particulièrement désagréable ; on ne dit rien de l’odeur de ce dépilatoire peu commun.... Les grenouilles sont, de leur côté, des animaux traditionnellement prophylactiques.
42Les oeufs de fourmi semblent un bon moyen d’épiler puisqu’ils entrent par deux fois dans la composition des pommades ; délayés dans une huile où a cuit un hérisson, les oeufs de fourmi ne devaient pas beaucoup épaissir ce qui restait une lotion, utilisée comme telle par le praticien ; ou bien mêlés à de la gomme de lierre et de l’orpiment qui est un sulfure naturel d’arsenic, on les faisait sécher au feu ou au soleil avant de les diluer dans du sang chaud de porc additionné de jusquiame ! Le hérisson a le même rôle évocateur que l’herbe bryonc, dite navet du diable, aux tiges hérissées de longs poils raides. Elle était toute désignée pour des soins capillaires25.
43Mais la plupart des dépilatoires, affreusement corrosifs, ont recours à la chaux vive. Il est assez inquiétant de voir les dames de Salerne à leurs préparatifs : elles tamisent de la chaux, la placent bien sèche en un tissu propre, précipitent le tout dans un récipient d’eau bouillante et vérifient la qualité de la préparation en y jetant une aile d’oiseau. Si les plumes tombent toutes seules, c’est prêt ! “Alors, elles l’étendent avec leur main tout chaud sur les poils.”26 On admirera ces praticiennes consciencieuses qui n’hésitent pas à mettre la main dans la pâte ! Plus sage nous paraît la bande de cire et colophane étendue chaude sur la peau et retirée ensuite d’un coup sec. Mais qu’importe le matériau si le résultat est là...
“Une vieille me conta qu’elle prenait des crottes de chèvre, les faisait cuire dans de l’huile, oignait les cheveux et ils devenaient fournis”. (§ XIX)
44L’usage des excréments dut être fréquent puisque Rutebeuf le raille dans son Herberie. Quant à l’huile d’olive, véritable bénédiction pour les cheveux, elle est le plus souvent présente à côté du vinaigre dans lequel on fait bouillir les herbes et qui joue un rôle évident d’astringent et de nettoyant.
45D’autres recettes font immanquablement penser à la médecine des mages, déjà condamnée par Pline, avec le pot vierge, le décompte symbolique des heures, la taupe enfin, animal prophétique
“Si vous voulez que les cheveux repoussent longs et serrés, prenez une bonne quantité d’orge et une taupe, calcinez le tout dans un récipent qui n’ait pas encore servi et réduisez en poudre, prenez du miel blanc... jetez-y la poudre et attendez deux jours. Au moment du troisième jour, laver avec de l’eau où l’on aura fait chauffer de l’orcanète, de la menthe et de la sauge...”(§ 6)
46Ce n’est qu’en apparence une recette analogue à celle d’un bon petit plat où le geste purement mécanique ne signifie rien d’autre qu’une technique. La recherche des matières premières insolites, le traitement qu’on leur fait subir et les circonstances de la préparation donnent toute son épaisseur mystérieuse à cette chimie suspecte.
47Autre animal des frontières maudites, le lézard, souvent confondu avec le crocodile. Un Gautier de Coinci s’emporte contre les femmes d’un âge certain dont l’art du maquillage est assez merveilleux pour les transformer en jeunes fées. On se prend à rêver devant un tel résultat mais Gautier nous donne la clef du mystère : elles s’enduisent de “merdier de crocodille” dont l’odeur stercoreuse est opposée par le moine indigné aux effluves de baume des chastes, véritables roses et lys27. Mais dans l’Ornatus, le lézard est utilisé pour blondir les cheveux, une fois que, tête et queue tranchées, on l’a cuit dans l’huile.(§ XVIII)
48Autre substance animale, la moelle que suivant un verbe très évocateur du geste, la Sarrasine trible forment avec de l’aloès pour oindre un visage à rosir. Prise dans l’os de la hanche d’une mule ou d’une vache, la moëlle entre dans un remède destiné aux verrues. Certes il est moins effrayant, sinon aussi efficace, qu’un autre qui indique un fer rougi au feu à poser sur la verrue, détruite, c’est le cas de le dire, radicalement ! Mais Trote, plus douce, compose une petite capsule de cire qu’elle emplit de savon, de chaux et d’orpiment, un tout bien corrosif, et elle y enferme la verrue sans lésionner les tissus environnants. Elle graisse les alentours en cas d’enflure28.
49On ne s’étonnera pas de trouver parmi les masques destinés au teint le cataplasme de pois chiches délayé dans du lait d’ânesse. Les animaux ne sont pas les seuls à prêter leurs liquides corporels. Pour la blépharite, le mire propose de la gomme de sarcocolle et de l’aloès qu’il a dilués dans du lait de femme, il dépose sur la plaie une fine compresse de lin. Pour les dartres, jus de patience et huile d’olive sont parfois remplacée par de l’urine humaine, celle du malade précise-t-on. Enfin, en cas de narines fétides, outre les fumigations sur charbons ardents d’herbes aromatiques, on préconise des pastilles à base de diacastore, sorte de musc produit par les glandes du castor et mêlé de vin en vue d’instillations. Ces derniers maux sont plus des maladies que des problèmes esthétiques, il est vrai. L’auteur ne les range pas sous le gentil label de leger atifement29.
50Il redevient médecin pour le soin des rougeurs excessives, qui ne relèvent plus de traitement externes. Il faut saigner, et à plusieurs reprises, à la veine céphalique, la dame trop rouge, et lui scarifier les jambes. De multiples boutons rouges sont jugés, de même façon, comme relevant de ventouses au cou et de saignées. Quant à la canitie précoce, diagnostiquée comme excès de pituite, elle appelle d’abord une médecine appropriée pour purger, laquelle ne nous est pas donnée30. Cela ne prouve-t-il pas que L’ornatus est bien un manuel destiné à des praticiennes ? Toute recette externe en revanche est minutieusement détaillée. Beaucoup devaient leur succès à un probable effet placebo, tant le geste esotérique a de quoi fasciner :
Il vit un homme qui faisait pousser les cheveux : il prenait des oeufs de corneille pondus en mai, les calcinait dans un récipient qui n’avait jamais encore servi, réduisait en poudre et mélangeait avec de l’huile d’olive (§ XI)
51La délicate chimie des préparations plante devant nous un véritable alchimiste :
(la céruse) “Prenez de minces plaques de plomb et suspendez-les dans un récipient au-desus d’une certaine quantité de vinaigre de telle façon qu’elles ne soient pas en contact avec le vinaigre. Fermez bien le récipient avec de l’argile ou avec de la pâte et laissez en l’état pendant neuf jours. Otez ensuite le couvercle et raclez le blanc avec un couteau(§ XLV)
52Les soins de beauté ont un parfum d’interdit ; présentés par l’Ornatus, ils sont soins à créer la beauté, ils font donc pénétrer l’Auctor dans un domaine dangereux où l’homme en redressant la création côtoie dees chemins du savoir où il ne fait pas bon trop s’avancer... Mais le maléfice semble désamorcé tant cette médecine offre un aspect familier en raison de la simplicité d’un grand nombre des produits dont elle fait usage, du chou à la lie de vin, du pouillot à l’écorce des saules. Rares sont les perles pulvérisées ou le diacastore. Ce côté “cuisine” ancre davantage encore notre traité dans le domaine féminin, femme fée, femme des cueillettes d’herbes sur le bord des chemins, femme remuant lentement les potions, rêveuse au coin des foyers...
53Tous ces gestes que nous laissent deviner nos recettes nous évoquent enfin, pour finir, le dernier et le plus insaisissable, la douceur des mains qui massent et font pénétrer et calment, aussi bien les douleurs que les pauvres et inavouables angoisses d’être vieille et laide et chauve, recréant pour nous, le temps du livre, le lointain reflet des solidarités féminines.
Notes de bas de page
1 Nous citons l’Ornatus mulierum dans l’édition et traduction de P. Ruelle, Bruxelles, 1967.
2 Sur Trotula et autres mss médicaux, cf P. Meyer, Romania XXXII p. 270 sq et xlvi, p. 161-214
3 In la Raison des gestes dans l’Occident médiéval, Paris, 1990.
4 Edité par Marie Turcan, Paris, Cerf, 1971, les lignes qui suivent sont largement redevables à l’Introduction et aux Notes de cette édition.
5 La contenance des fames in A. Jubinal, Nouveau Recueil de contes, dits et fabliaux... Paris, 1842.
6 Sexualité et savoir médical au Moyen Age, Paris, 1985 (p. 467).
7 Le livre de génération, édité par R. Barkaï dans son beau livre, Les infortunes de Dinah ou la gynécologie juive au Moyen Age, Paris, 1994.
8 Mutatis mutandis, on pensera au Manuel de la Médecine de la fameuse Hildegarde de Bingen dont l’édition de G. Hertzka et W. Strehlow donne une bonne approche (Resiac, 1994).
9 E. Faral et Julia Bastin, Oeuvres complètes de Rutebeuf, Paris, 1977, T. II, p. 266-280.
10 On consultera à ce sujet M. Mathieu, Le personnage du marchand de parfums dans le théâtre médiéval en France (contribution à l’étude des débuts du théâtre comique) in Moyen Age, LXXIV, 1968, p. 95-117.
11 Sur ce médecin de Philippe Auguste, cf Gilles de Corbeil, par C. Vieillard, Paris, 1909.
12 Un traité de coquetterie du haut Moyen Age in Revue des Etudes Islamiques, 1974, XLII, 1, p. 163-181. La définition de ces traité est tirée de cet article, p. 163.
13 Sur Mondeville, j’ai consulté Marie Christine Pouchelle, Corps et chirurgie à l’apogée du Moyen Age, Savoir et imaginaire du corps chez Henri de Mondeville, chirurgien de Philippe le Bel, Paris 1983 ; voir aussi M. Balard, Importation des épices et fonctions cosmétiques des drogues, in Les soins de beauté, (Moyen Age-débuts des temps modernes) Colloque de Nice, 1987 (p. 125-133) ; Aldebrandin de Sienne, Le régime du corps, édition de Landouzy-Pépin, Slatkine Reprints, Genève, 1979.
14 Colloque de Nice cité, p. 447-365, Les soins de la chevelure au Moyen Age chez les Musulmans.
15 Histoire de la vie privée, de l’Europe féodale à la Renaissance, Paris, 1985, chapitre Fictions, exploration d’une littérature (Danielle Regnier-Bohler), p. 519.
16 Toute l’esquisse d’analyse qui suit résume les très belles pages qu’a consacrées au sujet E. Haulotte, Symbolique du vêtement selon la Bible, Paris, 1966 (p. 327-270).
17 Cf à ce propos G. Vigarello, Le propre et le sale, l’hygiène du corps depuis le Moyen Age, Paris, 1985.
18 Histoire Naturelle, livre XXVIII, éditions Budé, Les Belles Lettres, Paris, 1962. J’ai consulté les tomes XX-XXVII (remèdes tirés des végétaux) et XXVIII-XXXII (médecine animale).
19 Par suite d’une pelade décalvante ? ce qui expliquerait le bon résultat du traitement...
20 Sur les liens de la médecine et du secret, cf outre l’édition de Le secré de Secrez de Pierre d’Abernun of Fetcham, by O. A. Beckerlegge, Oxford, 1944, on trouve de précieuses remarques et références bibliographiques dans l’Op. cit. de D. Jacquart et C. Thomasset.
21 § XLVII.
22 § IV et V ; Constantin § VIII.
23 § LXIII.
24 § XXIX.
25 Oeufs de fourmis § XXVII et XXVIIII ; sang de porc § XXX ; bryone § VIII.
26 § XXV.
27 Gautier de Coinci, Les Miracles Nostre Dame, Genève, 1970, tome III, p. 183-85.
28 Verrues : § LVII, LIX, LX.
29 Blépharite XXXIV, dartres LII, narines LXIII. “leger atifement” LVI.
30 Rougeur LV, boutons, XLIX, canitie XVII.
Auteur
Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis
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