Magie et illusion au Moyen Âge
Extrait
Voici bien l'occasion de commencer par cette constatation d'Hegel : « La magie se rencontre chez tous les peuples et dans tous les temps ». Cependant que Michel Meslin remarque dans sa récenteEncyclopédie des Religions (Bayard 1997) que derrière tous ses oripeaux la magie pose en réalité le problème de la liberté de l'homme affronté à son destin.
En effet, contrairement à la religion dont les rites s'évertuent à « concilier le divin avec l'ordre des choses du monde des hommes », la magie...
Éditeur : Presses universitaires de Provence
Lieu d’édition : Aix-en-Provence
Publication sur OpenEdition Books : 17 janvier 2014
ISBN numérique : 978-2-8218-3614-3
DOI : 10.4000/books.pup.3355
Collection : Senefiance | 42
Année d’édition : 1999
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-901104-43-8
Nombre de pages : 634
Roger Bellon
Quand Renart se fait magicienÀ propos de l'art d'enchantement dans l'unité 24 du manuscrit M du Roman de Renart
Anne Berthelot
Merlin magicien ?Anne Bouillot
Quand l’homme se fait animal, deux cas de métamorphose chez Marie de France : Yonec et BisclavretDanielle Buschinger
Magie et merveilleux chrétien dans de Wigalois de Wirnt Von GravenbergCarlos F. C. Carreto
Ce est Mervoille et Deablie : économie du désir et magie verbale dans quelques récits arthuriens en versIsabel de Barros Dias
Les lecteurs de signesFrancis Dubost
L'enchanteur et son double, Mabon et Evrain : thématique de la dualité dans le Bel inconnuPascale Dumont
Andrieu de la Vigne l'Enchanteur : magie dramatique et illusion temporelle dans le Mystère de saint Martin (1496)Claudio Galderisi
“La femme et le pantin” : la statue de cire du Jehan de Saintré, entre pratique pieuse et réification magique.Francis Gingras
Les noces illusoires dans le récit médiéval (xiie-xiiie siècles)Marie-Geneviève Grossel
L'illusion diabolique dans les Vies des Pères dédiées à Blanche de Champagne (Lyon, ms 0868)Jean-Charles Herbin
L’enchanteur Tulles dans Anseÿs de MetzDenis Hüe
De quelques transformations animalesMiren Lacassagne
Eustache Deschamps : “démonstration” contre “sortilèges”Dominique Lagorgette
Tabourets du diable ou crédules innocentes ? Les Évangiles des Quenouilles dans la France de l’InquisitionSantiago López Martínez-Morás
Magie, enchantements, Autre Monde dans JaufréAndré Moisan
De l’illusion à la magie dans la geste de RainouardValérie Νaudet
Archefer aux marches de l’enfer : heros, pratiques magiques et rencontres diaboliques dans deux mises en prose du xve siècleCristina Νοaccο
Par nigromance et par enchantement : niveaux et nuances du magique dans les romans de Chrétien de TroyesManuel J. Pelaez
La magie et sa repression dans la pensee politique et sociale de Francesc Eiximenis et de Saint Vincent FerrierGilles Polizzi
Le crépuscule des magiciens : topiques de l’enchantement dans le Livre du Cuer et les Amadis françaisMarylène Possamai-Pérez
Les “mutacions des fables” : illusion et tromperie dans l’Ovide MoraliséAgata Sobczyk
Le lai de Tydorel ou la magie du silenceWolfgang Spiewok
Clinschor/Klingsor. Variations sur un magicienMercedes Travieso Ganaza
L’échec de la magie dans le Jeu de la FeuilléeJean-René Valette
Illusion diabolique et littérarité dans la Queste del Saint Graal et dans le Dialogus Miraculorum de Césaire de HeisterbachPatricia Victorin
La fin des illusions dans Ysaÿe le Triste ou Quand la magie n’est plus qu’illusionJean-Jacques Vincensini
De la fondation de Carthage à celle de Lusignan : “engin” de femmes vs prouesse des hommesRomaine Wolf-Bonvin
Amadas, Ydoine et les Faes de la dort-veilleVoici bien l'occasion de commencer par cette constatation d'Hegel : « La magie se rencontre chez tous les peuples et dans tous les temps ». Cependant que Michel Meslin remarque dans sa récenteEncyclopédie des Religions (Bayard 1997) que derrière tous ses oripeaux la magie pose en réalité le problème de la liberté de l'homme affronté à son destin.
En effet, contrairement à la religion dont les rites s'évertuent à « concilier le divin avec l'ordre des choses du monde des hommes », la magie, intervenant également auprès des puissances supérieures, le manipule, les instrumentalise, et tente de les contraindre à satisfaire les désirs humains, n'hésitant pas à transgresser les règles sociales ou morales. René Mabille en son temps avait déjà établi cette distinction dans le champ commun du sacré.
L'Europe (pour ne citer qu'elle) a connu une longue tradition où la magie se confondait avec les sciences ésotériques, largement héritées de l'Égypte et de la Kabbale juive. Et il faut reconnaître que durant le Moyen Âge, la magie se mélange à diverses sciences qui n'ont pas encore trouvé leur indépendance ni leurs méthodologie propre. Ainsi, la chimie, la médecine, la pharmacologie, l'astronomie. Il suffit d'ouvrir le « grand Albert » (15e siècle) attribué au maître de Thomas d'Aquin, pour distinguer à travers le fatras des recettes délirantes, des notations très justes sur les maladies, les plantes, les poisons, etc. ce qui explique que cet ouvrage fut sans cesse réédité jusqu'à l'aube du xxe siècle.
Il n'est donc pas excessif d'affirmer que la magie par son aspect technique et utilitaire, tint lieu de science exacte durant le Moyen Âge européen, et fut prise au sérieux par les plus grands intellectuels de cette époque.
Rappelons cependant que la magie même alors conserva un statut éminemment ambigu ; elle fut condamnée à intervalles réguliers par l'Église chrétienne, cependant qu'elle était pratiquée dans les couvents des Bénédictins, des Cisterciens et des célèbres Templiers.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Fantasmagories du Moyen Âge
Entre médiéval et moyen-âgeux
Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
Par la fenestre
Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003