Des Bā : Ntu à saint Thomas d'Aquin : la mesnie (domum apud Tomam et africanos)
p. 567-602
Texte intégral
1Introduction. Brusquement née à la fin de l'11ème siècle après trois millénaires de latence, l'Europe est la dernière des grandes civilisations historiques après Orients, Afriques, Chines, Indes et Indes Occidentales. De toutes elle participe, à toutes elle emprunta et se définit justement par son sens de la mise au point, sa correction critique. L'humour à se remettre en cause est son autorégulation et lui procure le sens de l'analyse diacritique. Elle a discriminé le réel de l'illusoire, le praticable du rêve, l'opératoire du désiré, la science et la religion de la magie. Du passage continu à la limite conceptuelle jusqu'à la réduction aux éléments simples, elle a fait de l'analyse un système qui raffine heureusement le magma initial pressenti et instruit par les civilisations premières nêolithico-antiques. Ces structures convaincantes fonctionnaient en prenant les convergences dans leur ensemble mais faute des distinctions méthodiques poussaient l'indivision du regard et de l'action jusqu'à l'indémêlable indécision. De Pierre Abélard à Thomas d'Aquin, l'Europe naissante avait précisément mis au point l'université soit le génie de la définition, de la taxinomie c'est-à-dire apprenait par des dénominations construites à distinguer la grâce et la science de la magie, le préternaturel du naturel et du surnaturel.
2Mais récemment l'Europe a versé sur l'autre rive de la fine ligne de la sagesse en poursuivant de dissocier jusqu'à destructurer et décomposer. Elle est ainsi passée au verso, de la division à la destruction. Sur son sol le glas d'Auschwitz sonne qu'il faut revenir aux définitions vraies de l'homme et de notre civilisation comme de toute autre. Il faut retrouver le sens du dialogue, de la relation entre choses et êtres et ne plus s'abandonner à imaginer que la réalité sécable à l'infini n'a pas souci de lien. Cette décadence n'est plus analyse mais catalyse qui chute vers l'abîme et contredit la définition même de l'autorégulation. Dé-lié certes supérieur à engoncé, mérite d'être re-lié en choisissant les fils souples du dialogue des êtres au concert des mondes. Pour le moment stoppé aux quarks enfermés, l'atomos indivisible nous cacherait-il l'univers ? L'individu né orphelin et mourant célibataire nous ombre et masque aujourd'hui communication et convivialité. S'écartant des cousins à la mode de ma Bretagne, le haïssable moi devenu au 18ème siècle le Je sujet-auteur par Lévi-Strauss condamné, au 20ème siècle, se révèle inanité, Ue soli1. Des Ba:Ntu aux Innuit et des millénaires premiers è nos jours, tous les peuples, tous les hommes refusent la notion franglaise de l'homme et que l'individu jailli des communautés brisées serait le secret du monde comme de l'histoire, la cellule de base de toute explication et action.
3Le plus grand professeur et épistèmologue qu'ait jamais eu l'université de Paris Fra Tommaso d'Aquino (1126-74) sut jalonner en la querelle des universaux, et tenir, le chemin ascendant et malaisé du juste milieu. Sa logique montante, ana-logie, qui donne l'universal comme fondé au réel nous préserve è la fois de la pulvérulence équivoque des catalyses de la dissociation et du précipité marécageux des univocités qui durcirait en béton de gulag. Depuis 732 ans le meilleur des thomismes est toujours è venir puisqu'on repart sans cesse du texte, des savoirs meilleurs que nous en élaborons et de l'intuition toujours correctible procurée par la fréquence et l'intensité de ce bain mental : thomistisch, thomasisch Ceux mêmes qui croient penser sans lui passent au fait devant les mêmes problèmes, aux mêmes croisements et ont parfois tort de cheminer sans lui, sans son sentier mental ou son autoroute conceptuel signalisé. Penser avec, à l'appui de son texte et de diverses scolies enrichies de réflexion, est une méthode organisée, puissante, de haute complexité et claire de haute résolution. Non terminée, elle est è l'inverse ré-itérable et toujours ouverte. Ce n'est pas un jeu mais une systématique que de reprendre des milliers d'incises et de péricopes aux textes de Saint Thomas traitant de sujets autres, pour faire émerger ce qu'il pensait et vivait personnellement de divers problèmes que nous nous posons comme les limites du contrat de louage, du marché, de la coercition, de l'avortement. Certains de ces problèmes d'ailleurs ne sont que depuis peu explicités. Mais ses dires et ses implicites ne cessent en se recoupant de logique façon, d'effleurer bien des détours majeurs et tous les axes de la pensée dans l'espèce humaine. Cette cohérence limpide de ses mots et attitudes à nos questions, en caresses sémiologiques, ne dessinent d'ailleurs pas mais esquissent en filigrane et susurrent un système que par ailleurs nous cherchons et sommes inaptes à bâtir seuls. Ce système pourrait ne pas du tout nous satisfaire ni même nous convenir mais sa puissance rationnelle sera toujours utile à nos constructions è venir, à l'organisation des réponses nécessaires è notre Vie.
4Sentier en holzweg ou autoroute, toujours supérieure à l'esseulement d'un fourré sans tracé, la pensée de Saint Thomas peut renverser nos solitudes, contribuer au sauvetage de notre civilisation, en ré-équilibrer la marche. Nous allons tenter de la saisir en son vaste milieu réel et mental et d'y suivre le traitement, par allusions fugitives cohérentes et systématisables de la fabrication, de la définition et du pouvoir de la première relation entre les hommes, de la première communauté : la mesnie ou maisonnée.
***
I. 'γμην
5A. La fabrication du groupe débute a l'incontournable rencontre du spermatozoïde et de l'ovule, donnée issue des gamètes de cryptogames pour aboutir aux mammifères supérieurs qui de la chatte à la femme sont évidemment matrilinéaux. La lignée est ainsi le fait biologique et social qu'une femme reçoive la semence d'un homme et en accouche enfant en série linéaire fémininement continue2. Coît et naissance, tout est maternité et Dieu radicaliter eminenter toute virtus, est aussi mère que père. Il fit l'homme mâle et femelle et vit que cela était bon, voire utile, délicieux et tendre. Les hommes aînés indiquent parallèlement et comme symboliquement une lignée semblable, moins biologiquement certaine mais sociologiquement très affirmée en présence du groupe car la chasse des jeunes mâles rapporte la viande à manger : la patrilinéarité3 ne porte pas enfant mais constitue la série historique des primogénitures qui donne le pouvoir et transmet à défaut de bébés, des ordres, des actes. Paternitas seu maternitas et filiato non competunt in quacumque generatione sed in sola generatione uiuentium...que proprie nativitas dicitur4. Patronymie et terre du père à patrimoine, la patrie dont on ne sort jamais car on n'abdique pas ses parents, son ADN, se corrige en mère-patrie et la langue maternelle vernaculaire à chacun pour qu'il y filosofe. Somme toute l'espèce est bilinéale, même chez les dits patri- ou matrilinéaires. La génération éternelle des trois personnes de Dieu présentes bien une filiation5 du Père qui se nomme toute paternité au ciel et sur la terre6 au Fils-image-Verbe ; mais l'éternel regard d'amour de Dieu è Dieu qui est l'Esprit procède en spiratio. Tandis que chez les animaux raisonnables, la filiation diminue de génération en génération comme l'ancienne noblesse chinoise7. Les collectivités artificielles copient les communautés naturelles en déclarant af-fili-er un entrant. Double genèse de l'homme aux deux lignages - Stamm - la lignée crée la consanguinité8. Pendant dix millénaires on a cru que les cellules sanguines portaient l'hérédité et se transmettaient d'engendreurs à engendrés. Linea ordinata collectio eodem stipite9. Certes les groupes cellulaires dits sanguins sont bien l'un des éléments mais ce que transmettent les gènes des chromosomes est tout autre et vient aléatoirement par les parents, non d'eux. Les anciennes croyances enracinées dans le langage ne sont pas en concordance avec d'actuelles connaissances génétiques. On disait consanguins tantôt pour les humains issus d'un même père, tantôt pour ceux issus d'un même couple ; le droit romain affirmait le père et l'Eglise les deux sexes10. Le lien de consanguinité s'étend de proche en proche è ceux qui se mettent en couple, mélangent leur sang et constituent un contrat d'origine entre deux souches.
6Quels que soient les aléas de la transmission des gènes manifestes ou latents, le contrat social fait estimer en chaque groupe une définition topique de la consanguinité dont l'enveloppe incluante sépare d'une hiérarchie d'exclus11 : affins, alliés, parentèle, voisins, inconnus, étrangers, ennemis, etc. Naturellement osmotique, cette membrane laisse sortir qui épouse dehors et entrer qui se marie dedans ; ou encore qui est adopté en filiation ou fraternité volontaire par échange de quelques gouttes de sang aux poignets. Apostoli dicuntur fratres Christi dupliciter.... naturam... gratiam. Fratres Christi sumus per adoptionem12 Les enfants d'un couple sont ainsi consanguins de nature et les époux par irréversible choix ; les enfants des enfants le sont encore entre eux du chef de leurs aïeux et contractent consanguinité avec leurs conjoints jusqu'à la quatrième génération d'amont en aval et horizontalement avec les collatéraux. Saint Thomas témoigne que l'antiquité allait jusqu'au 7ème puis 6ème degré et manifeste là son sens d'être un modernus13. La consanguinité se perd par la mort ancienne des ancêtres éloignés des troncs communs et ne gagne plus que vers l'avenir. Epoux, géniteurs, frères, soeurs, enfants et quelques autres...Frater in sacra scriptura dicitur quadrupliciter nature gente cognatione et affectus14. Fratres s'emploie pour consobrini et, comme toute malédiction, inuidia fraterne gratie, blasfema15. Issue de l'éongation, la segmentation lignagère distend les noeuds sociaux et biologiques : remotiores nullum foedus, longinauam generationem voire abdicantur propter eliouam offensam qui est la vendetta des Calabres éternelles16. La parenté latérale s'amenuise plus vite que la verticale. Consanguin de votre conjoint, vous ne l'êtes pas de sa lignée originelle puisque votre sang ne gegne que vos communs descendants. Le lien avec les ascendants et latéraux de l'autre, porte le nom d'affinité ; non lié à la transmission génétique, il procède de la commixtio conjugale comme aura du contrat d'alliance. Même à épouser en secondes noces, on devient consanguin du premier conjoint et ses frères et soeurs deviennent affins17. Certes les chromosomes frétillent autrement que dans l'archaïque croyance et aussi que dans notre haute ignorance de la transmission génétique effective entre personnes réelles. Néolithiques et actuels savent que beaux-frères et belles-soeurs ne sont pas de même souche que l'ego du stemma. De nos jours séparetistes où le coït n'a plus guère de rapport avec le meriege, ni l'un ni l'eutre evec procréation et éducation ; où l'alliance entre deux lignages est une expression désuète à peu près vide de sens, on n'épouse pourtant guère après divorce un ex-beau-frère ou une ex-belle-soeur. La puissance contraignante de la nature des choses nous arrive autant de notre extraordinaire aptitude à nous brouiller que de vagues coutumes archaïques ni conservées ni oubliées. La confraternité artificielle était au 13ème siècle par exemple celle des couvents in religione fratrum predicatorum quod est melius et dont les gérants temporels quod uidentur amittere de quiete recupeant in obsequio caritatis pro confratribus18.
7Religieux pétri d'obéissance et professeur brillant d'intelligence, Thomas apparaît discret et original à la fois quand on compare son texte à celui du corpus iuris canonici. Sans s'en écarter il ne lui accorde aucune soumission mécanique et ne le répète pas. Beaucoup plus bref que l'indigeste juridique - excusez du pléonasme - Thomas clarifie, adapte, critique, interprète. De la famille du bois, lignum, le lignage arborescent n'apparaît au lexique de Thomas qu'aux environs du ligamen et de lier avec linea : productio animalis a corde et domus a fundamento et linea a puncto19. Jolie définition du mariage d'amour productio animalis a corde pour que punctum-père déroule sa lignèe-linea et construise depuis le fondement sa domus. Ce sourire de péripatéticien caché en banale logique est perdu pour qui n'a pas manoeuvre quotidienne du latin théologique.
8B. Circulatio. Sur quinze milliards de possibles à la production de chaque individu, le calcul aléatoire ne permet aucun déterminisme sociobiologique. Jamais réellement divisé de ses ancêtres réels indéterminés qui lui ont communiqué gènes, aucun être humain lié au milieu par chaque seconde de respiration n'est individu diuisum ab omni alio mais personne, c'est-à-dire être en communication. La totalité non réalisée des liens possibles entre les hommes relèverait d'une théorie de la percolation des fractales20. Cette notion de liens semi-saturés revient en somme sur l'abandon idé-éliste de la théorie thomasique des universaux en affirmant le lien, nuancé de non-saturation : tous les liens possibles entre les hommes, et entre les neurones de chacun, ne sont pas constitués. Parmi les mammifères, notre espèce se caractérise par la prohibition de l'inceste, de l'endogamie au premier degré de directe consanguinité21 : père-mère-frère-soeur-fils-fille. En percolant les fractales dès le premier ensemble, cela bloquerait l'espèce dans la circulation ultra-restreinte. L'exogamie des relations interhumaines exige que l'on épouse loin de son sang et lignage, hors de consanguinité et même d'affinité charnelle ou spirituelle ce qui favorise le mariage en l'éloignant vers la circulation généralisée22 Au principe le punctum de départ est la consanguinité père-fils dont la lignée verticale englobe ascendants et descendants directs. Puis elle déborde évidemment sur les lignées collatérales du même sang des mêmes grands parents, sur patruelus et amintina, cousins germains issus de l'oncle ou de la tante paternels canoniquement placés au 13ème siècle sur la deuxième ligne transversale au quatrième degré comme leurs homologues cognats consobrinus et consobrina. Toutes les antiquités disent frères et ces termes n'apparaissent que trois fois dans la Bible : la notion de cousin tient aux débuts de notre modernité23. Lignes, grades et transverses ne sont jamais détaillés par notre théologien qui les admet, les utilise en progrès sur Pierre Damien mais sans en reprendre la définition24. Cette exogamie déborde le sang et englobe l'affinité dont le tableau simple en quatre lignes offre d'anciennes prohibitions, tombées avant le 12ème siècle : l'épouse abandonnée d'un mari lâché par la soeur et son pendant l'époux abandonné d'une épouse répudiée du frère relictus relicte fratris et relicta relicti sororis25.
9De ce troisième type revenons au second de la cognatio car ce mot26 en tous âges latins dépasse le simple cognat des modernes et s'étend, agnats inclus à toute parenté, presque à toute cognoissance. L'affinité n'est pas consanguinité carnis copula et propagatione, lui est antérieure27 mais en conjonction ordonnée. Comme le consorzio italien, c'est une commixtio issue du mariage par les liens qu'il constitue entre deux lignages et pas seulement entre deux personnes. Elle rapproche en propinquitas des gens auparavant lointains extranei. L'affinité spirituelle se crée par le parrainage sacramentel du baptême, de la confirmation, de la confession de Pénitence ou direction spirituelle et dans l'Ordre par la cura animarum, ars artium : dicitur ex hoc quod concepit et genuit28. Le défaut de paternité qui ne provient pas d'un hasard ou d'un incident mais d'une profession supérieure fait appeler par excellence "Père" celui qui ne l'est justement pas biologiquement mais spirituellement comme parallèlement les religieuses sont "Mère"29. L'affinité ad finis rend limitrofe et voisin, parent par alliance en étroite relation de similitude et par conséquent interdit le mariage entre parrain et filleule, confesseur et pénitente, et même en compaternitas et commaternitas entre parrain et marraine30. Causée par tout coït même illicite, elle se constitue è la commixtio seminum et n'y suffisent ni le viol ni l'homosexualité31. Les fiançailles n'y suffiraient pas si la décence publique ne donnait force à cette propinquité ; bien entendu les fiançailles des autres n'entraînent rien comme l'impuissance où les mariages d'enfants n'entraînent que cette publica honestas32. Une affinité antérieure prohibe et dirime le mariage et non la postérieure33. Les termes de paterterus, matertera tante maternelle soulignent combien ces théories sont linguistiquement liées à la filiation ou lignée34. Parens et le pluriel parentes signifie les géniteurs, parere engendrer puis tous les ancêtres et enfin tous les apparentés parentels et finalement toute la parentèle. Cette propinquitas-relatio n'est pas une proximitas et son extension même cause la segmentation, le lien s'étend dilué et le français répercute ici l'instinctive pensée latine. D'autres mots affleurent au texte de Saint Thomas : connexio, coniuctio, conubium, matrimonium, matrinoxium, amor sponsalia, sexus et nexus qui n'attendent pas plexus. Lignage, Village et Mariage n'ont pas fini de faire le délicieux tracas des anthropologues quorum primi theologi35.
10Thomas d'Aquin aborde la consanguinité auprès d'in-cestus, luxuria, uirgo, etc., à propos de mariage et pour exposer l'adoption surnaturelle de l'homme par Dieu. Cet ensemble n'apparaît guère que dans 25 des 118 titres d'ailleurs fort inégaux en valeur et longueur retenus à l'Index36 ; jamais dans les traités, 19 fois dans les questions, 51 fois seulement aux commentaires (18 pour Aristote et 33 sur la Bible). L'essentiel donc du demi-millier d'occurrences est concentré dans les Sommes, pertinemment au 4ème Livre sur les Sentences du Lombard et aux q 101-54 de la 2a 2ème. En ajoutant le de Ueritate, Uirtutibus et Malo à quelques quodlibeta, on a la moitié du stock. Notre maître occupé de théologie propre pense peu à l'aspect anthropologique, ce qui rend sa limpidité à en écrire passim d'autant plus lumineuse. Bien entendu les limites de l'exogamie font partie de la coutume et de la doctrine juridiques ; Tommaso y procède aux allusions attendues plures uxores discordia in domestica familia37. Son intérêt réel porte sur la valeur sacramentelle et l'extension sacrale ; il évoque les sentiments, la communication, la constitution d'une communauté, la vigueur et la valeur des relations de parentèle. Il n'est pas besoin d'être grand clerc avec lui pour deviner que la filiation divine dans la grâce aboutit à la communauté du Paradis : là est le sujet que notre mystique traite avec dilection car les bonheurs humains dans les relations naturelles et historiques sont le signe et l'antétype des liens éternels de la béatitude.
11C. Sfere amorum. En fait, si l'on accepte de reconstituer en échelle notionelle les péricopes jetées au gré du texte volant d'un livre à l'autre, on s'aperçoit qu'à la base Thomas parle de l'amour. L'homme s'aime lui-même, moins que Dieu ne l'aime et l'humanité est plus que l'isolé, le tout que la partie38. Dans la série des hommes règne un triple ordre temporel, spatial et social de proximitas, le cercle des relations, car si tout homme est prochain, chacun l'est plus ou moins. On doit aimer ses consanguins, auréole concentrique intime avec qui on fait corps avec propinquité. Ce uinculum n'est pas collectio mais relatio39 ; l'une de mes recherches africanistique a rencontré ce problème : l'oburu teke serait corporate group selon lan Vansina, absolument pas selon mes informateurs40. Pour Tommaso comme pour les Tio la parentela n'est qu'une relatio et le groupe réel est la mesnie restreinte. Il n'y a donc pas évolution de "famille large" à restreinte vers l'individu41 mais un univers à trois sfères concentriques : la proximitas à l'extérieur, la propinquitas de parentela au milieu et la consanguinitas au centre avec in propinquiori, la mesnie42 cette propinquitas la plus étroite où la communication naturelle est fondée sur l'acte de génération. Cette structure trisférique est donc essentiellement une histoire de propagatio car tout mariage déplace sans arrêt enveloppes et lisières des entrants et sortants, morts et nouveaux-nés ; exogamies, prohibitions, relations43. Le prénom44 reste mais changent adresses, rapports et personnalités : on n'est beau-frère de quelqu'un qu'après qu'il ait épousé votre soeur et ensuite cet inconnu ou extérieur devient un affin familier. Depuis la fin de l'11ème siècle, l'Europe en procès d'expansion a commencé de dénommer chacun par deux noms, celui du saint protecteur suivi de celui du père dont s'appelle toute la mesnie : prénom et patronyme. Thomas est de ce nouveau monde mais il étend la cognoissance d'Adam connut Eve45 jusqu'à la cognatio spiritualis dont il est maître. A la limite d'un conflit, mieux vaut aimer davantage un bon extraneus ou commilito qu'un consanguin adverse car au paradis on préfèrera l'étranger bon au parent mauvais46. Fra Tommaso détaille avec pertinence l'ordre des amours qui suit, sauf contradiction, celui de la propinquité et il y procède è un méticuleux dosage. Tous les hommes sont à aimer également en eux-mêmes mais différemment quant à leurs actes et un proche plus par plus grande union. Toutefois s'aimer soi-même mauvais ou préférer son père mauvais est naturel sans en venir à aimer le mal même47. Les consanguins sont à aimer plus que les autres et les paternels plus que les maternels du moins dans l'ordre naturel ; mais dans l'ordre civique on aime ses concitoyens, dans l'armée tous les camarades, en spiritualité tous les fidèles, etc. Les fils sont plus à aimer que les frères et avec l'épouse plus que les parents. L'épouse et les enfants sont au même degré dans l'amour de bienveillance, mais l'amour d'épouse est plus fervent et celui de mère plus naturel48. La mère aime davantage ses enfants que le père en raison du labeur qu'elle leur prodigue, de la plus ferme certitude qu'ils soient siens et par raison de conversation familière. Le frère est plus aimé que la soeur pour la plus grande ressemblance au modèle du père. Ce point où Tommaso affirme un paternalisme de noble campanien n'est pas le seul à nous étonner puisque les filleuls filii fontis sont in spiritualibus à plus aimer que les enfants charnels préférés in aliis49. Le bienfaiteur aime plus que le bénéficiaire et la dilection des ennemis est plus méritoire que celle des amis. Plus debeo diligere christianum quam patrem infidelem licet affectus naturalis sit e conuerso50...amando magis amicabiliter... in honestis Quantum ad societatem... ad patrem qui in istis mihi non communicat. Il faut en somme distinguer la passion de l'amour naturel qui est simple connaturalitas rei51. On préfère naturellement sa mère par tendresse et son père par respect et autorité. Ceci ne se reporte pas en éternité où Dieu aussi enclin è la colère que prompt à la tendresse est radicaliter eminenter mère autant que père52.
12Constamment notre texte magistral équilibre les définitions de longue durée avec un sens subtil des courants propres au temps. Le plus acharné sinon le plus brillant de ses adversaires dans la grande querelle universitaire, Guillaume de Saint-Amour, témoigne de cette même structure exsudant la conception de la parenté et de la mesnie au milieu du 13ème siècle. Son testament connu seulement par des traductions françaises du 17ème siècle, procède à l'évidence d'un original latin certain quoique perdu et porte justement ces mots de neveu, cousin, mon parent, propinquité, sang et lignage. Au 15ème siècle, le mistère du Vieil Testament53 délivre 38 occurrences de lignage (plus 8 de ligne) et une dizaine de sang mais jamais ensemble si ce n'est semence et lignage de Noë. Sang désigne les seuls consanguins et lignage s'étend aux entrants et affins. Venus après l'ego considéré, la mesnie intègre des (post)entrants et (post)affins comme le montre le testament de Guillaume. Suivant des normes connues, il dose ses dons et legs d'un petit domaine (maison et courtil) à 10 ou 20 livres par fille à marier et monte de 30 à 100 livres pour les plus proches ; son neveu principal, fils aîné de sa sœur aînée hérite la prébende et la quarte avec 500 livres, autant que l'hôpital fondé à Saint-Amour. Vivant portrait d'un chanoine au milieu des siens cousins-serviteurs et neveux hiérarchisés "à l'africaine". Adam de la Hale et ses "charnels amis" ou tout autre alors porte les mêmes sens. Alliance et naissance garantissent sécurité et puissance. L'origine de cette structure n'est pas une influence de Guillaume sur Thomas ou l'inverse mais le temps de tout le siècle enraciné dans les passés profonds du mode lignager néolithique assis en dix millénaires54 selon un comparatisme provoquant d'ultra-rapidité mais non faux. Or ce que Guillaume expose, Thomas l'explique et son dessin critique de la signification esquisse les variations de l'aurore de la modernité. Chrétien de Troyes fut des premiers à manifester cette élongation entre le temps lignager-villageois et le sien, courtois puis urbain55. Écriture de fantasmes passés marqués comme tels, il exprime la particularité de son actuel en même temps qu'une conception idéale, éventuellement à venir ou en venue ; comme le refus d'endogamie souligné chez Gauvain56. Aujourd'hui encore en un village pyrénéen, on constate le refus de ce mariage arrangé de proximité, comme en pays kö:Ngo ; cette nouvelle liberté émerge au 12ème siècle. Comme le défi aux prétentions lignagères, à la morgue de naissance, le double sens de neveu, la fin de la faide, de la fratrie, de la forte vassalité...57.
13Mais notre théologien ne suit pas toute cette précision sociale, les situations littéraires étant plus détaillées que ses incises allusives et plus expressives encore les listes directes de parenté explicitement constituées. En Pologne du 14ème siècle, les registres expriment la différence du rural et de l'urbain comme la dénivelée entre lignes paternelles et maternelles que notre filosophe-théologien se contente d'effleurer58. Nous reste cependant l'ampleur du champ de pensée de Saint Thomas d'Aquin et sa profondeur épistèmologique et historique. Sur plusieurs millénaires, un fond néolithique commun à toutes les civilisations, il exprime un refus des décadences antiques par la vertu de l'espérance biblique. Il élabore donc les traditions de la mesnie naturelle à l'espèce en direction du sacrement qui donne la vie, le mariage et de celui du pain et du vin qui nous gage le Paradis et nous y engage. Dès Chrétien de Troyes, l'histoire est secrètement présente è la structure ; chez notre maître en plus, l'histoire s'anime de la présence du sacré. Notre scriba doctus in regno celorum en tirant de son trésor noua et uetera apparaît ainsi similis patrifamilias59.
II. Oikia : Domus et familia
14A. Domus. L'engendrement en série détermine donc une lignée comme la redondance caractérise l'information reproductrice des hélices d'arn-adn, séquence codée d'acides aminés. Les implications d'enroulement se répercutent en liaisons fractales productrices d'un vaste ensemble, le lignage. Cette donnée causale cependant ne suffit pas à serrer le réel, à expliciter les multe mansiones apud patrem60 car les marches du lignage qui n'a pas de frontières selon un proverbe pove61 sont mouvantes et non contigües mais dispersées dans le temps, l'espace et la mobilité des personnes. Une telle fermentation à développement irrégulier avec métastases n'est que le cadre systémique ; l'ordre de la structure concrète en est issu fonctionnellement et causalement mais fonctionne différemment. Dans le tangible immédiat de la vie quotidienne il y a davantage de consistance avec les personnes que l'on voit, entend et touche ; avec qui on travaille, mange, parle et dort. Certes les morts demeurent de domo mais non in, comme ceux qui vont naître et ceux qui sont au loin. Le groupe réel contigu est du lignage, pas le lignage : c'est la maisonnée ; ou, pour profiter d'un léger parfum d'archaïsme qui surplombe de dix siècles la langue courante et lui échappant délivre un taxon parfait ; la mesnie62. A la maison, chez nous, a casa... Le groupe réel de la vie souvent nié a été redécouvert au bout de l'analyse structurelle entre les Kwakiutl et la Germania du Sacrum Imperium au 13ème siècle63. Le caractère abstrait du lignage et de sa modélisation mathématique ne mesure pas aussi bien l'homme tel qu'il vit au groupe immédiat communicatio personnarum domesticarum ad inuicem est secundum quotidianos actus64. Au lieu est le lien. De son enfance campanienne jusqu'à ses couvents, au bord de la cour du roi et près de ses groupes d'étudiants, Thomas vécut le concept sous toutes ses formes et limites. Aux châteaux de Roccasecca ou Montesangiovanni comme au pičele des Mundan, au Baz des Kwel et à la Nzo ou Nzobo de tous les peuples de l'ouest équatorial africain des Fan aux Ko : Ngo : un espace de terrain à plusieurs constructions et fonctions se compose en zone réservée et personnalisée de la vie domestique en groupe avec un père aîné comme chef. Les peuples de chaleur humide tressent des cases rectangulaires de bambous et branchages à toits végétaux de deux ou quatre pentes ; les peuples du sec moulent des ellipses d'adobe, de glaise séchée ; les peuples à hivers contraignants bâtissent des édifices de pierres. Mais tous organisent le rectangle ou le cercle à diverses fonctions ou édicules où se côtoient poulets et jeux d'enfants et travaux de femmes, réservant une zone de convivialité et une autre aux nuits de couples : Domus65.
15Maître Thomas emploie évidemment ce terme aux divers sens latins de maison-unité, maison-groupe ou maison-mythe car de la construction par la société, le théologien professionnel gagne le signe de l'au-delà. Sur 1724 occurrences66 du vocable, 60 % visant bâtisse concrète, la case, l'édifice trabes domus ; 15 % peuvent paraître ambivalents mais 25 % désignent ouvertement le groupe habitant. Dicit augustinus si puis uideret fenestras confuse dispositas in domo non delertaretur in illis... ordo naturalis hominis67. La symétrie de la prétendue renaissance est au mental du 13ème siècle en continuité antique avec toutes les remarques de Saint Jérôme68 sur les beth-el, saida,-fagê, etc. Si l'on replonge les incises au contexte, elles servent toutes à fonder l'analogie finale avec domus Dei à travers la réflexion architectonique du domificator ou la logique grammaticale de la forma domus : compositio uel ordo dat esse et speciem toti et cuilibet parti ; voire domus non est unum simpliciter sed aggregatione69 ce qui évoque à la fois sinon l'éclatement du moins la diversité des bâtiments et la complexité du groupe. Axiale digression, ô dialectique, étalons les significations du sens de species : espèce, nature, structure, beauté... La maison peut être une comme celle de Pythagore à Metaponto ou ces maison urbaines vendables et non partagées au sort mais elle est souvent composée en construction comme en communauté. Au banal mot camera, confus au 13ème siècle, Thomas expose qu'il s'agit d'une pièce intime, privée70 hors de l'édifice public et principal du père, avant la chambre du prince, ce uestibulum encombré de uestes. Il y en a toute une typologie et il ne convient pas de confondre les lieux à dormir avec celles où l'on grimpe par échelle ou escalier pour y dîner ; et cela implique serviteurs et gens. Tinel, dormir, manger d'une part, archives, vestibule et réception de l'autre sont camere. La complexité des bâtiments sous-tend celle du groupe. Gazofilacium dicitur arca thesauri et domus in oua est. Il faut donc sans compter la chapelle et l'atrium admetre au moins six pièces au premier étage, les communs, entrées et écuries assis au rez-de-chaussée71. Dans un palais d'importance où se reçoivent d'autres princes et dignitaires, il faut de facto plusieurs logis ou suites sinon Charles 5 n'aurait pu recevoir Charles 4 ni Louis 9 Henri 3 ; l'archéologie de Saint Germain comme des Cluny, du palais de la Cité ou du Louvre corrobore cette évidence et dès le 12ème siècle, il y a au moins trois pièces caractérisées principales par logement72. Bien immergé en son temps, Thomas d'Aquin effleure en ses incises comparatistes, réflexives ou seulement stylistiques de théologien ce que l'on trouve dans les édifices et les textes mêmes si l'enquête reste à mener73. Il appert à le lire que c'st le vieil franchois qui a transféré le groupe de vie quotidienne du mot domus aux 1500 occurrences bibliques sur mansio, maison, demeure, mesnie aux milliers d'emplois littéraires74 dont Thomas répercute neuf fois les six apparitions bibliques. Il lie ce terme è mensa, quies, sedes, motus et perctio soit à un schéma pêripatéticien d'histoire du salut. Aduena qui non habet mansionem, peregrinus oui non habet affectum75.
16B. Familia. Susceptible d'encore plus banales significations, voire familières et domestiques, le mot familia76 cache en ce flou même une complexe richesse en ses 615 occurrences. Avec erreurs, doublets stylistiques, inclusions d'objection et approximations ambivalentes, ce compte est comme toujours douteux mais pas trop iréel. Domus et familia ensemble offrent ici plus de 2 000 occurrences, familia visant d'ordinaire le corps des gens divers qui habitent ensemble la domus Quidam de familia, heredes siue nuntius siue officialis77, fabulas auiles.conuersantur cum pueris et cum familia soit enfants, femmes et serviteurs sans les hommes masculins adultes et importants. Domus désigne les bâtisses et l'institution de communauté. Quand notre théologien veut souligner le phénomène, il métisse les mots domestica familia comme Claude Meillassoux, groupe domestique ; mais si le communiste veut supprimer cette barrière anticollectiviste, le théologien en magnifie à l'inverse la communauté naturelle de maisonnée78. Cela procède du lignage exogame mais s'en distingue : omnes ille persone excepte sunt a matrimonio que in una familia cohabitare soient... de eadem stirpe sed non de eadem familia79. Tommaso sait que la maisonnée comprend plusieurs "sangs" : dos datur quando sponsa de nouo introducitur in domo sponsi et sic uidetur ad sponsam pertinere. Le mariage est toujours mixte, clé commune d'interlignager et dans la cohabitation de couple donne naissance è une lignée au lieu du lien : connexio, combinatio, coniungatio. Les trois liens majeurs domini ad seruum, patris ad filium, uiri ad uxoremen dépendent amicitia coniugalis habet utilitatem in quantum scilicet eam fit sufficientia uite domestice : le couple fait la mesnie80. Une mesnie contient autant de lignages qu'il y a d'entrants plus un, celui du nom patronymique. Le recto du groupe, familia, congregatio, dort au verso plus ou moins dysharmonique du bâti institué, domus. Liée è ceux du lignage-père qui vivent ailleurs, la mesnie est cette cellule de et du lignage qui noue le lien du mariage aux autres lignages propinquitas propter consanguinitatem siue propter aliquam fmailiaritatem81. Fédéraliste né, maître Thomas esquisse naturellement l'extension gigogne à la communauté civique, professionnelle, régionale, régno-nationale ou impériale et passe aisément de la respublica à l'ecclesia vers la finalité mystique homo omni homini essset naturaliter familiaris et amicus ; paterfamilias deus cuius familia est totus orbis. Et paradisus82.
17Frate Tommaso n'est pas ethnografe et ne dessine pas la mesnie au sol mais son dire se réfère à un lieu pourvu de bâtiments. Le comparatisme doit ici avancer notre référence africaine. Le pičele elliptique en boue des Mundan, la Nzo des Teke et voisins, la concession des coloniaux, le baz kwel et le muhomba (barrière) des Pove sont à d'autres dates et climats, cet espace des loca familiaria83 où la convivialité de conversation est permanente joie. La force de ce familiaris amor limite le mèphs des imperfections et assure le respect jusqu'à l'excellence de Dieu ; familiaritas excedit amicitiam in multis84 ; Sponsus sponsam alloquitur gaudio gaudet. Aux marches du palais se retrouvent même mendiants et puissants, constat d'Aristote è nuance critique. Thomas n'hésite jamais à répéter Aristoteles déclarant que tout paysan nourrit deux familles : la sienne et celle du maître ; car de l'esclavage urbain au servage seigneurial, c'est l'un des sens de familia que cette unité des domini et domestici en un seul corps institué en un seul lieu et organisme de vie domestici perpetuo commensuros85. Depuis domesticare au sens obvie d'élevage opposé à syluestris et seluaticus, domus en effet couvre ces significations élaborées. Chez les Bwa, la marmite repose sur trois pierres au foyer nommées père-mère-voisins tandis que les hautes maisons fermées des Mosi se tournent le dos de chaque côté des vastes rues balayées par le vent seul car aucune structure villageoise ne les municipalise. Là le mode lignager a fleuri directement en une sorte de féodalité où des cavaliers à lances et boucliers armoriés multicolores se regroupent en "maisons". Ce mode de production-organisation-sacralisation dont notre féodalité n'est qu'une cas doit s'appeler prestataire, constitué qu'il est d'une pyramide synallagmatique de prestations mutuum obsequium sibi a coniunqibus écrivit Thomas car tout part de la mesnie, première communauté naturelle86. Il suffit de passer contrat de clientèle pour que lignages mineurs et majeurs s'emboîtent ainsi en pyramides de services et de fidélités. En forêt équatorîale on a préféré juxtaposer les "concessions" domus-nzo en leur éclosant des arbitres et cette première institutionnalisation politique publique entre chefs de maisonnée est le village, mode de production villageois.
18C. La mesnie è trois étages (degrés). Dans les deux cas, le sec à atrium proche de la méditerranée et l'humide de l'équateur ou de l'Europe océanique, la mesnie constitue la cellule première de toute construction malgré d'actuelles réactions aux simplifications traditionnelles. L'incurable nominalisme de certains anglosaxons fait aujourd'hui avancer qu'il n'y a pas de "famille étendue" en Europe éo-moderne et que le foyer nucléaire était déjà la règle87 tandis que des sociologues datent du second 20ème siècle la disparition de la grand-mère à domicile. Une de mes photos d'enfance offre mes parents, frères et sœurs, mais en rentrant à. la maison cet après-midi de 1931 nous y retrouvâmes naturellement un grand-père, deux grands-mères, une grand'tante qui n'ont jamais cessé d'y vivre avec nous. Cet irréfutable souvenir détruit tout documentarisme abusif Un brillant collègue affirma de même à un séminaire du Collège de France qu'il n'avait jamais rencontré dans les textes que des foyers monogames simples88. Or un collègue brazzvillois me traîna un jour en témoin d'un acte notarial nommant femme et fils seuls. Or la bière de l'amitié en rentrant en sa triple case fut avec ses trois femmes et nombreux enfants : le document seul est monogame et ne dénomme que l'utile. Il le faut corriger par l'expérience, l'enquête orale et le monument : César y nomme deux catégories sociales mais à Bibracte la fouille rencontre les trois quartiers du trifonctionnel classique. La véracité du document n'est pas vérité car exprimant ce qu'il vise avec erreur, omission ou mensonge officiel, il gome parfois l'essentiel. Le texte réponde aux questions de ses auteurs, pas aux nôtres ; une épistémologie n'est pas une langue idéologique de bois, fût-elle d'époque, mais un élan σὺν ὁλη τῇ ψuχŋ contrôlé par la critique. Tout témoignage est incomplet ou douteux et le vestige l'emporte car il ne transmet guère d'intentions mais affûte nos questions ; la nouvelle histoire se fait avec textes mais pas par eux.
19Calme rebelle aux châteaux familiaux de sa mère et de ses frères de l'ordinaire et turbulente mesnie des Aquini, Tommaso devint célèbre en celle des studia et couvents de son Ordre. Fidèle à tous, il revint arbitrer, et pacifier nièces et arrières-neveux mais fit corps avec ses secrétaires, traducteurs et étudiants, avec ses amis Renaldo di Piperno, Romano da Roma, Annibaldo degli Annibaldi, Tolomeo da Lucca. Quand il entre en querelle pour son poste et sa notoriété, il défend son studium, sa mesnie conventuelle, tout son Ordre et de l'ecclesia universalis débouche aisément à sa troisième et définitive mesnie du paradis éternel où se contemple Dieu89. l'expérience d'une enfance occidentale et d'une recherche bâ:Ntu comme du texte de Saint Thomas devrait décrypter un jour les prises complexes de ces humanismes semblables et contrastés. En attendant, la domus esquissée par notre châtelain campanien est patrilinéaire sous un adulte masculin ou son énergique veuve. Le modèle ethnografique vétèro-testamentaire du paterfamilias modèlise tout orient, le doctus lui-même, son papa Landolfo d'Aquino, tout chef de cellule sociale comme Louis 9, tout maître de maison, le maître de l'Ordre, celui de l'Église, et enfin le Maître de tout a quo omnis paternitas in celis et in terra nominatur90. Theodora, sa mère, mulierem fortem n'est nullement exclue aux incises de son fils où se dessine le triple rôle de la materfamilias : épouse et veuve, génitrice et maîtresse de maison pour la bougie, les soins, la nourriture, mère enfin éducatrice tendre et disponible semper in conuersatione suorum91 ; même toujours en leur cœur quand elle se tait en sa mort92. Le maître de l'Église joue son rôle papa solos espiscopos uocat fratres alios filios mais c'est dans un texte thomiste et non thomasique que se lit le mieux cette exponentiation de l'amour plus amandus est Deus quam uir ab uxore et e conuerso quia maximum et oerfectissimum matrimonium est inter deum et animam93. Thomas cependant a bien écrit amantes Dei pour en préférer la troisième sorte qui ne s'appliquent pas aux choses terrestres ut Deo seruiant in salute proximorum. Mais surtout amor sui disgregatius ce qui réduit tout individualisme ; et ce qui grandit la mesnie puisque c'en est la visée infinie amor Dei congregatiuus.
***
III. Kὐρos : dominium
20Destinés à une simple clarification par tous admissible, les efforts de taxinomie comme les autres ne sont jamais tout è fait récompensés. La longue durée d'acceptation correspond évidemment à un consensus flou et le contrat net ne peut durer car les significations se dédoublent en cascade comme forme au Littré ou, d'espèce è beauté, species au Gaffiot94. N'attendons pas ici, n'attendons donc de personne de décider de dominus et dominium. Traversant cependant la masse sémiologique de domus è dominer, découvrons une structure de sens dans la répartition thématique et révolution historique des signes et termes.
21D'ordinaire exprimé en son chef, le pouvoir de la mesnie est variable et complexe è souhait. Il s'exerce sur elle-même jusqu'à la mort, dans les deux sens structural de droit sur la vie et historique de fin biografique, et au delà par la protection/réprobation de et aux ancêtres et le système hiérarchique de succession. Il s'exerce sur le lignage c'est-à-dire les autres mesnies par le cousinage et l'exogamie ; sur les lignages soumis, clients, alliés et voisins jusqu'au village des mesnies étrangères contigùes tant dans le droit d'ester en cette structure englobante et publique que dans le devoir d'arbitrage elle exerce entre toutes les mesnies de lignages divers qu'elle juxtapose. Multitudo ordinata ad totam uitam95. La succession historique des structures va justement des modes de production-organisation-sacralisation du lignager libre puis semi-libre au villageois fédérateur de mesnies contigües. L'idéal "mesniel" serait alors que le chef de mesnie, maître de maisonnée, soit chef de tout le lignage en ses maisons d'ailleurs qui lui rendraient hommage et obéissance à ses convocations sacrales ; tout en exerçant la présidence du conseil villageois, de l'assemblée de toutes les mesnies voisines sicut eorum qui simul nutriuntur simul negotiantur96 L'expérience bá :Ntu fournit ce cas mais notre Thomas n'en écrit guère, parvenu qu'il est déjà au stade antique de la ciuitas ou moderne de la nation, regnum.
22A. Infra. Le premier pouvoir du dominus domus et familie est alimentaire et depuis donc dix millénaires, foncier : domus uel agrum97 (uel et non aut). Il assure production, transport, transformation, engrangement et garde seruare, et sauvegarde contre bêtes, accidents et bandits, de la nourriture qu'il doit distribuer cibos sumptos domi, Pascitur, prebet paruulis, dispensare cibum, subueniendo oroximorum necessitatibus...98. Seruare, seruire, seruus et serf vont dans la foulée, nécessaires à, et membres de, la mesnie. Au dîner, le père-chef officie à réunir la familia, mesnie domi cum suis cenabat, cena autem domini est communis toti familie99. A cette menasa domini, gratis fieri debet naturaliter : c'est la manus domini, sicut eorum qui simul...
23In domestica communitas tres combinationes : ad seruum, ad filium ad uxorem partent du dominus-uir-pater et cette pôté, potestas diverse est despoticum sur serfs et enfants mais plus souple sur les siens, épouse tout à fait à part100, sub dominationem uiri, subdita uiro101. Le fils aîné a part in his que pertinent ad disciplinam uite et curam domesticam102. Si par suite du péché d'origine, le maître gère et régit seruilia opera exequenda, le terme de heres qui caractérise Jésus et les hommes par Dieu adoptés, implique une liberalitas et une auctoritas participées103. Comme en 400 langues bā:Ntu sur 480, le dominus est propriétaire Nga, épouse et fils ne peuvent faire aumône si ce n'est de leur strictement propre ni même sauf extrême nécessité, restituer nolente marito104. Repetere quod suum est...domini as seruum nec patris ad filium iustitia dicitur esse quia res eorum sunt105. Seul le maître peut transférer, décider, restituer possidet ut suum106.
24Ce pouvoir domestique groupe une série d'actes de domination des autres qui suppose une uirtus plus vigoureuse qu'à se dominer soi-même, déjà rare et difficile car il y e péril de mort selon des exemples bibliques107. Toutefois des hommes qui se gouvernent mal peuvent à la rigueur régir les autres et il arrive qu'un médiocre chef de mesnie soit capable au dehors car l'exercice d'une fonction est charisme non lié aux vertus du titulaire, à sa science, à sa foi mais à sa valeur opérationnelle108. Ibn Taymiyya, fondamentaliste de l'Islam écrivit de même et Tommaso, pourvu qu'ils fussent bons capitaines, admit que les capitaines du roi de Napoli soient musulmans. Mais la domination privée est interne, domestique et domiciliaire imperfecta communitas ; ses ordonnances et statuts n'en font pas une magistrature. Le contrôle du fils aîné, le consentement du groupe, les résultats profitables et la douceur de l'épouse-mère la sous-tendent109. Incomplète avant délibération et complète après, ordre, pouvoir, et terme comme la volonté de l'homme sur lui-même, la dure liberté de cet inflexible gouvernement mène au désir de Dieu le parfait miserator et misericors. Introduite ex iure humano110 cette responsabilité est de droit naturel. On ne peut faire voeu en un Ordre sine consensu patris ni donner hors nécessité sinon pour changer de statut111. Cette liberté opère le bien des subditorum et son injustice grauat seruos qui doivent seruitium, y compris l'intendant dispensator seruus constitutus super familiam112. Il existe d'ailleurs une amicitia domini ad seruum113. Quant à l'épouse, Saint Thomas repousse la polygamie quoiqu'elle soit naturelle. L'épouse aînée choisissait les concubines à qui Abraham ou Jacob rendaient leur dû debitum comme au Kurän car c'étaient de vraies épouses secondes : et Abraham n'a pu chasser Agar que par ordre de Yawe pour le mystère114. L'expérience africaine recoupe le miroir biblique de notre dominicain sur la mesnie ancienne. Quant au divorce, Thomas le prohibe mais le préfère à l'uxoricide antique. Issu de la haine consécutive à l'adultère, ce crime relativement fréquent est donc plus puni que le matricide, pire mais si rare115. La généalogie de toutes façons se prend plutôt du père chef de mesnie quoique la mater (d'où materia si antiquement fondamentale à l'hylémorfiste), soit maîtresse de maison à un haut degré de noblesse qui aboutit è la mère de Dieu116. Enfin la maîtrise, l'arbitrage, le dominium du chef de mesnie n'est pas une magistrature non simpliciter iustum sed dominatiuum iustum117.
25B. Medio. Ainsi le second pouvoir du chef de mesnie demeure un pouvoir privé et non une justice publique. Cependant cet arbitrage n'est plus nourricier mais banal ius paternum et non plus yconomicum. Il règle la domus, des serfs à l'épouse et l'heres par des statuts sans déroger au droit, divin., naturel ou même civique deus solus dominator, eductationem prolis118. Ce dominatium n'est pas domatus politique mais dominium interne. Le terme domus donne donc base au premier degré du sens puis envol aux autres significations des pouvoirs publics, les magistratures du dominatus qmui est l'au-delà de l'ordre domestique et son encadrement. Toute la riche tradition des orients conflués dans l'héllénistique trébucha un essai taxinomique mal traduit en latin qui se bouscule sous les plumes des anges et des écrivains ecclésiastiques : trônes, dominations, vertus, puissances, principautés, archanges. Le dictionnaire français témoigne de la difficulté à déterminer ces définitions, et leur cascade hiérarchique. Les nocturnes lumières du pseudo-Διονύσοs enivré de ses μυστικά dansent leurs ombres aux parois de mystère de sa platonique caverne. Tirés d'Isaïe, Ezéchiel et Saint Paul, ces termes se rencontrent diversement traduits et ordonnés chez Denys, Augustin ou Grégoire entr'autres ; frate Tommaso n'a pas tranché en sa clarté coutumière : il préféra marquer en doute léger son incertitude de l'invisible et de ses cheminements119. Notre campanien sait qu'il est ici plus lucide que limpide, que la sainte tradition du plus mystes des Pères garde quelque parfum de littérature puisque Saint Grégoire peut réciter un autre ordre sans le troubler. De toutes façons, le pouvoir chez les hommes n'est pas non plus un décalque simple des hiérarchies angéliques dont les dénominations ne sont pas non plus objet de foi. Le mot importe moins que la réalité qu'il échoue à désigner si quis diligenter consideret dispositionem ordinum secundum dionysium et gregorium parum uel nihil differunt si adrem referantur120. Presque toute la question 108 s'escrime à découvrir les différentes valeurs de significations des noms de ces ordres angéliques : imperfecte cognoscimus angelos ut dicit Dionysius 6 Cel Hier.
26Le pouvoir domestique en tout cas n'en est pas copie ; ni vaste comme le ciel à anges. Marqué d'un diminutif, le iustum dominatium est limité pertinet ad domum uel pater (uel.) : il s'agit d'ester et représenter conueniunt uiro... exterius agenda et quedam uxori sicut nere et alia que sunt domi. Dehors, la femme se tait121. On dirait du bā:Ntu ; on médite à la maison, on s'y cache ; domi uiros interrogent ; mariam domi sedet quieti contemplationi ; abscondit se domi. Cependant c'est l'espace du maître uineam domini et sa richesse gregem suum. On en fait les animaux pour le pacage ; on y engrange portabant domi et le pain même azyme doit s'y trouver122. Là le chef a dominium actionis et exercere actionem. Il pouvait tuer, il peut fouetter. Comme de tout autre pouvoir, en abuser fait mériter de le perdre gubernatio est rem ad debitum finem conuenienter perducere et paterfamilias gubernat domum, rex ciuita123. Ils doivent donc de même garder bonum usum potestatis ad regendum alios. Domum bene ordinatam arbitre, juge, administre par consilium ad intra124. Ad extra, le paterfamilias représente la mesnie au concilium du village en tant que dominus domus, mestre d'ustaw125. La force ne le fonde en rien et l'usurpation ne donne pas le dominium tandis qu'un indigne, parvenu par droit naturel et humain debitis modis, habet uerum ius dominii et ses soumis sont tenus de lui obéir. Mais la volonté de puissance est toujours occasion de péché. Etrangement maître Thomas reconnaît un droit de vindicte licite au pouvoir légitime126 si ce n'est pas le soulagement d'une haine. Il n'est pas clair toutefois qu'il s'agisse de la vieille vendetta méditerranéenne et néolithique des chefs de mesnie car la typologie de la uindicatio trop rapidement esquissée à propos de théologie désigne peut-être la seule vindicte publique du juge et du prince.
27C. Supra-structurel. Le troisième pouvoir, continuement privé, du chef de mesnie est d'ordre sacral. Il consiste à convoquer ou suggérer et présider ou symboliser les cérémonies rituelles de la maison. Les mythes et rites de la santé, de la sécurité spirituelle, la prière, le rapport aux ancêtres, le sacrifice pour se concilier les invisibles forces de l'au-delà et l'assurance de la survie du groupe par les rites et actes du mariage sont les propos principaux de cet aspect fonctionnel de la chefferie de domus. Des 600 occurrences de matrimonium où s'enliser, retenons en deux. Barbarus coeundo cum parentibus contrarius nature montre l'anthropologie de notre structuraliste avant la lettre : l'interdit de l'inceste caractérise l'espèce. Ancilla est domini Quoad obsequium non quoad concubinatum127 résume pertinemment toutes remarques sur divorce, adultère, polygamie et concubinage. En filigrane implicite, la variation historique des structures socio-morales va des patriarches néolithiques à la mesnie de la loi nouvelle. La stratégie matrimoniale du groupe pour sa reproduction biologique et sociale reste dans la main du chef qui juge de l'envoloppe exogame dans les limites du droit ecclésiastique. Notre professeur de théologie manifeste sa conscience historique des structures anthropologiques en précisant qu'autrefois l'enveloppe exogame passait au septième degré puis au sixième et avait été ramenée au quatrième par l'Église plus progressiste que le Code. La lutte des investitures et du sacerdoce contre l'Empire reposait en effet sur un recul des facilités accordées aux divorces des rois sous prétexte de parenté128 Le théologien se révèle alors non seulement comme un examinateur correct des structures et de leur histoire mais encore un acteur de cette histoire, de ce progrès129.
28L'ancien culte domestique des ancêtres présidé par le chef de mesnie des Bâ:Ntu au Viêt-Nam130 est remplacé en milieu chrétien par les repas d'enterrements, la journée des saints et celle des défunts les 1er et 2 novembre et par la prière du soir en "famille". Le paterfamilias est le chef de ces rites et le symbole même du lien aux ancêtres dont il est le premier héritier et le premier cooptable. Thomas traite passim de défunts, sépulture, funus, prière pour les morts et précise que les héros sont des mânes131 mais n'en traite pas132. Domus quiescentium in patria, ianua paradisi. Cependant il déclare que la valeur des rites de spulture cera, ornatus, oleum et huiusmodi n'est pas sacramentelle mais sacramentale ou dévotionnelle et précise ex opere operante ce qui désigne à l'évidence au prix de la cire et de l'huile, le chef-père. La continuité entre rites antiques et ceux des chrétiens n'est pas sa spécialité mais il l'indique parfois, l'implique toujours et en traite discrètement dans la mesure du sacral et de la dévotion. Le Kibila des Kō:Ngo n'apparaît pas à notre texte car cette réunion de toutes les mesnies d'un lignage pour conjurer magiquement tout problème grave comme la mort répétée des bébés, s'attribue è l'envoûtement133. Mais des allusions limpides à ces pratiques "païennes" montrent le recul du théologien devant les secrets anthropologiques de l'envoûtement. Derrière une majorité de charlataneries, Thomas croit là derrière à quelque vérace diablerie superstitiosa, uana, falsa, illicita. On n'en finirait pas d'apercevoir les menus passage du maître en ses vastes questions où il rencontre serment, rite, duel, ordalie et simple psychologie inquisitio de agendis et persuasio amicabilis. La femme certes ne dirige jamais ces cultes mais, à peine ombré, son rôle y demeure pertinent car desponsata signifie domi habita dans toute la richesse de habitare et habitus134. Qui commiscuit se feminis qentilibus... ad domum iuda debuit amittere nomen trace la limite de l'exogamie et de lagamie où l'on perdrait son Nom, sa Maison. A l'inverse celebratio nuptiarum et tunc tradebatur ad domum uiri souligne l'exogamie virilocale qui enrichit d'une femme pour gérer et procréer. Masculin, féminin, sacrement et rite, tout chez Thomas relève de la mesnie.
29Quand celle-ci devient trop nombreuse, la segmentation lignagère s'opère in domo non est ad semper sed quousque hereditatem diuidant et unusquisque domum suum regat135. Le pouvoir des clés qui désigne explicitement le pouvoir sacré est lexicalement de maison. Thomas par ailleurs le concède partiellement aux femmes nullam clauem sed in temporalibus sicut nunc presunt alique mulieres. La maison peut être diverse non d'architecture actuelle éclatée mais comme les cases d'une mesnie tropicale ; cependant les princes divisent leur maison d'hiver chauffée d'un frais palais d'été136. Passons sur la sécurité spolia de domibus per fenestras et de lumière ou symétrie au même mot car il les évoque médiocrement. Les trois métaux qui symbolisent et parfois signifient les trois pouvoirs domestiques sont le soc de charrue, le four du bannum et le bracelet ou anneau de la com-union. Frère Thomas ne s'étend pas sur ces symboles de tradition néolithique puisqu'il ne pourchasse pas une anthropologie de la transmission des rites ni ne constitue cette modernité que promeut son épistémologie137 mais poursuit un engagement de sa science de théologien dans l'union à Dieu dès ce monde visant la patrie, il n'a nullement traité non plus en filosofe de l'histoire le passage de la mesnie-domus aux constructions politiques village-citè-nation uicus-ciuitas-regnum en sa langue classique sicut uicus constituitur ex pluribus domibus ita et ciuitas ex pluribus uicis138. Dans la polysémie de societas, il prend parfois l'exemple inverse du politique pour le domestique ciuitas habet collegium politicum domus autem economicum139. La fédération des mesnies en lignages, villages, principautés "féodales" puis ou en cité-Etat ou en royaumes-nations n'émerge pas clairement au texte de Saint Thomas mais affleure aux alternatives de son temps140. Jamais il ne choisit explicitement entre république urbaine à la grecque antique ou italienne récente et Etat national moderne : rex gubernat civitatem les confond. Thomas demeure ainsi en équilibre suspensif entre la tradition du passé qu'il exemplarise en théologie et la création d'un avenir de modernité qu'il esquisse en novateur.
***
Conclusion.
30Arrêtons ce survol mal défini des taxons issus du texte de Saint Thomas, analysés à la lumière de quelque expérience anthropologique surtout bā:Ntu.
31On y lit une structure de domestica familia et une histoire de cette structure, de ses tensions bilinéales et de ses types de segmentation et/ou sublimation qui donnèrent l'exponentiation à l'État et procurent la subdivision jusqu'au couple et à l'individu. Le comparatisme lit, lie, délie et dénoue le texte, ses imbrications et ses relations de structure à d'autres parts de la terre des hommes voire du ciel. Seuls des irréfléchis non épistémologiques croient ces diversités sans rapport mais l'université ne saurait oublier l'unie diversité du réel è étudier. Toute l'espèce humaine au lendemain des grandes glaciations a distillé en diverses séquences une même série en enfilade de structures historiques. Les variantes écoclimatiques du processus d'humanisation c'est-à-dire de la civilisation au travers des civilisations, obéissent à des lois de démografie bio-sociale et d'échanges économiques, matrimoniaux et spirituels semblables à dates irrégulières. L'immense savoir et l'attention savante de Thomas d'Aquin résume ces groupes naturels tissés par les sociétés néolithiques agraires et laisse même entrevoir leur évolution au cours des âges des métaux avec ce mystérieux double pouvoir que nous devinons derrière des taxons encombrés pour nous de connotations et scolies brumeuses partiellement perdues uilla, fundus, uicus... Leur cellule première est la domus qui du fond des âges atteint sans traverser aucun âge moyen, la modernité destructurante. Inaccessible au contemporain, le texte discret de l'Aquinate exige une sorte de varappe en latin théologique. De l'analyse structurelle nous voilà donc passés à la structure synthétique de toutes les parentés, dans une communauté-type dont les autres sont la combinaison. La mesnie, réalité imparfaite et imprescriptible, nécessaire et insuffisante, est la réalité naturelle de l'homme, sa communauté spécifique, la base de sa communication et par conséquent de sa marche surnaturelle, en cheminement personnel, vers la communion à l'indivisible substance de la trine unité des trois personnes de Dieu : Père, Verbe et Amour.
Notes de bas de page
1 Ecc. 4,10. Gen 2,18. Mat 19,5...2a2e188,8, etc.
2 Opposition inutile : pas de filiation sans alliance H9, fig 1 p 15
3 G 84, J. DUPUY, Au nom du père, Histoire de la paternité, Monaco 1987
4 Pot 9,6 ad 1+6/alia in equo alia in homine
3a 35, 3 ad 1 ; 4 ad mater Dei non diuinitatis sed persone
5 Filiatio 200 occ. Multitudo exeuntis a generante 1a2è,2 et 4.3a 32, 3 + 9-
6 Ef 3,15. Infra n8. Spiratio et hereditas 1a95,1 ad.2.
7 RP 4,26 Scipio. des continuateurs Reginaldo et Tolomeo
8 Geschlecht. Littré 1,744 b. IT 2 I 15, 107-09, 1981 ; 216 occ. la moitié à la Summa et aux Sentences ; 1/3 sur deux q seulement 4S40-41. 2a2e101,1 ; 102,3 ; 122,5 ; 154,9.
9 4S40,2 al. Non collectio sed relatio, uinculum ad 1. Infra 38-39
10 Tableaux 1-3-5- Littré 1,744-4S40,2 al ad 5. P. LAMAISON, Parenté. Patrimoine et stratégies matrimoniales, Thèse, Paris IV, 1977 cf A 1979, 721
11 4S39,3 ad 3. Adoptio 42,2, a3 ad 4. 3a3,5 ad 2 + 10.68 occ.en tout.
12 in Ps 21 fin (autonomase cf Urbs = Roma, s Rom 1 fin) 3S10, 2 a 1 qua 2 ad 2 ; 30,2 a 3 ad 4.1a 33,3 ; 41, 3.3a23,2 ad 2.i Ps 48 mil. s Gal 5 fin.
13 4S40, 1A 4.M.M. DUFEIL, De antiquitate coll. Amiens 1982, 49-65
14 3a 28, 3 ad 5 + a Mat 12 s Gal 1. s Heb 11, 8. Cf Gen 3,13 ; Ps 131,2 corr frat et denonciation Quod 6,11 + 6. 1a2e 33,5 + 15.2a2e 33,7 ad 5.
15 3a 28, 3 ad 5 + 30. s Mazt 1 mil : Zorobabel. 2S43, 4.2a2e 14,2 ; 30,4 ad.2 sMat 12 mils Rom 2,1 fin. Usure interdite entre frères 1a2e 105,3 ad 3 + 30. s Tit 3,1
16 s Pol 2,3 n1. 4S40,l a 4. Peter LASLETT, A 43-1 (j 1988)5-24 contre H41 -43 p. 118-21 et fig 52 p. 153. Vendetta G 89 Heers 115
17 4S41,1 a 1 qua 2 et 5 ad 1. G 91. Tableaux 1 et 2
18 2a2e 186,9 ad 1. Quodl 1,20 + 37. CG 3,135 ad 3.
19 IT 2 I 12, 979 sv 46684-96, 46661-700 (976-86) 46867=2S1, 1a6ad 4.4S40, 2a 1.
20 R 204 (1988), 1305 etc. 1362-71. EU enjeux 313-18 et 319-23. H cherche à tort toute la complexité parentale.
21 Uxorem extraneam 2a263,2 ad 1 ; 154 nl et 9Mal 15,3. 4S40, 1 a 3 scl + 8 occ. Cl. LEVI-STRAUSS, Structures élémentaires de parenté
22 4S42,1 a 3 qua 2 ad 4 (père-fils obj5/adj5) Digeste 38,8,4. Enéide 2 86-87. Tertullien de Heret. 32.
23 3a28,3 ad 5 + 29. Gen 29,10. Tob 2. Co19,1. Cf. supra n 12-13 Gender (anglais signifie genre, sexe et non gendre. Consobrinus 2 15,325 : 20077 (6 occ.) Nepos : i Rom 10-1 ;12,4 ; 13,6 etc. Socrus : IT : 2 121, 75940 (10 occ.) surt. i Mar 8,3 ; 10,2.1a2e 105,4 ad 6
24 Petrus Damianus, de parentele gradibus PL 145, 191-208 : exogamie jusqu'au 6e degré. H 166 n2
25 Tableau 3. Stemma surimposé à l'affinité (Edition Thurnis, 1717, 1122 -7)
26 4S34, 1+13 dont 5 cas de lignage
27 4S41,1 qua 1 et 4 ad 3
28 CG 4,45 fin. Rat fid 221-22.3a35,3 ad 4
29 Richesse de Pater et mater au lexique de St Thomas.
30 4S41, la 2 qua 3 ; a 3 ; 42,1 a 3 qua 2 ; 3 ad 1 ; 42,2 a 3
31 4S41, la 2 qua 3 ; 4 ad 3 ; qua 2 ad 4 ; 42,1 al qua 2, 3ad3. Concubitus / concubinatus. CG, 3,125 fin. 2a2 e 154, 2. 4S33, 1 a 3 qua 3 ; 2 a qua 1 ad 2
32 4S41,1 a 1 qua 4 c + ad 3
33 4S34,5 ; 41,2
34 4S21,1 qua 4 ad 2 ; 42, 1-2. C. THOMASSET, Représ. de sexualité et génération de la pensée scientifique médiévale (G. de CONCHES, V. de BEAUVAIS, AVICENNE, G. de ROME) Love and Marriage XIIth c. ML 8 (1981 1-7 (tte livraison).
M. BENABOU et Mir. CORBIER A 42-6 (nov. 1987) 1255-66 + 1267-85 sur le crépuscule des comportements et stratégies romains.
R. SALLER, Stereotyp of roman family, Continuity and Change 1,1 (1986) contre, ils durent jusqu'à la Toscane du 15e s. A 4-1 (j 1988) 21-22 n 19. En tout cas c'est la mesnie groupée qui l'emporte chez les mérovingiens : Margarete WEIDMANN Adelsfamilien im Chlolt harreich Verwandscherftliche Beziechangen der fränkischen Aristokratie im I mittel des 7 Jahrhunders 829-51 in Francia Forschungen zur westeurospäischen Geschlichte 15 (1987) 829-59
35 4S21,1 qua 4 ad 2 ; 42, 1-2. C. THOMASSET, Représ. de sexualité et génération de la pensée scientifique médiévale (G. de CONCHES, V. de BEAUVAIS, AVICENNE, G. de ROME) Love and Marriage XIIth c. ML 8 (1981 1-7 (tte livraison).
M. BENABOU et Mir. CORBIER A 42-6 (nov. 1987) 1255-66 + 1267-85 sur le crépuscule des comportements et stratégies romains.
R. SALLER, Stereotyp of roman family, Continuity and Change 1,1 (1986) contre, ils durent jusqu'à la Toscane du 15e s. A 4-1 (j 1988) 21-22 n 19. En tout cas c'est la mesnie groupée qui l'emporte chez les mérovingiens : Margarete WEIDMANN Adelsfamilien im Chlolt harreich Verwandscherftliche Beziechangen der fränkischen Aristokratie im I mittel des 7 Jahrhunders 829-51 in Francia Forschungen zur westeurospäischen Geschlichte 15 (1987) 829-59
36 IT 500 occ. directes mais avec mots liés plus de 2000.
37 4S 33,1 a 1. CG 3,124, n 6
38 2 a 2e 26, 12 ad 3.1 a 60,5 + 13
39 4S40,2 a 1 ad 1. cf. supra n 9
40 Enquête avec Fr. EWANI mars 1974 Jambala contre I. VANSINA The Tio Kingdom in the 1880's Madison up 1972
41 Ecole fr. de Rome, Famille et Parenté occident médiéval, colloque 1977 245/170 474 p. intr. G. DUBY qui montre la nouveaut historique
42 4S40, 1 a 1 obj 2 ad 4 ; a 2 ad 2 ; a 4 obj 3 ; 41,1 a qua 2 sc 1 ; qua 5 obj 6 consanguinitas fortius uinculum quam affinitas ; magis consanguineus quam non sit propinquiori 40,1 a 2 ad 2 R. WALL Family Forms in historic Europe, Cambridge up 1983 x + 606 p.
43 4S40 a 1 a d 1 ; a 2 obj 4-5 + c. J.M. BENNET, Weemen in the medieval english Countryside. Gender and Household in Bridgestock before the Pleague, Oxford up 1987 322 p.
44 A. BIDEAU + M.E. DUCREUX + J. DUPAQUIER, Prénom, mode et histoire, entretiens de Mahler 1980 EHESS 1984 225/150 400 p.
Fr. ZONABEND, Prénom et Identité 23-8 in L'Homme 1980
A. BRUGUIERE. Prénom et Parenté, ibid. 29-36
A. FINE, L'héritage du nom de baptême 42-4 (jt 1987) 863-77
Coll. Genèse médiévale de l'anthroponymie moderne, Tours 1989 (10 articles)
Fr. ZONABEND, Pourquoi nommer, l'identité sém. Levi-Strauss, 1977, 257-59
45 Gen 4,1.s Rom 2,2. 4S40,1 a 1 obj 4
46 3S31, 2 a 3 qua 2.2a2E26, L3. Uirt 2,9 ad 12. DUFEIL. Alter, Senefiance, 25 (1988), 189-219
47 2 a 2e26,6 o + ad 1.3 S 29 6, ad 1
48 3S20 2a2e6, 8 + 8. DUFEIL, Regards coll. Amiens 1984 Mariage, 535-59.Id. Beatitudo in Bonheur coll Amiens 1985. ss presse
49 3s29,7 ad 6 1 a 96, 3 ad 2, s Ef 5,10 déb. s Tit 2,1 fin
50 3S29,6 a 1. Uirt 2,9 ad 5
51 1 a 2e 26, 1-2 2a2e26,12 ; 27,7 + 6
52 Num 14,18. 2a2e 28, 13. Cf. supra n 2
53 Par courtoisie de Mme H. CHARPENTIER univ. Pau. Tableau 4 et 2. In présent colloque, Mme I. WEILL, généalogie d'Auberi le Bourgoin. Sang et lignage (et mesnie) Homère, Odyssée 8,583. J. de La FONTAINE. Fables, 3.8 v 3. 8,16 ; 10,2
54 M.M. DUFEIL, Afrique, Taxinomie, Histoire, Cah. congolais Anthrop. Hist. 5 (1980), 7-30 + 7 (1983), 7-37
55 G 79 ; 81 neveu ; 82 prétention lignagère ; 84 vendetta ; 89 endogamie...
56 G 93. Tableau 6. Cl. LEVI-STRAUSS, Anthr.Struct.2, 33-34 a le premier signalé Oedipe inversé en Perceval mais se trompe de signe : le mythe de catastrofe, sexuel négatif, est froid et le pur voyant est chaud.
57 G 87 Jean de MEUNG. 85 oncle maternel gratifiant, Nga Kazi en kikö :-Nga Village ko : Ngo près KiNdaMba ; pyrénéen : Artigue. Sans les noms de personne vivantes. 2a2e 108, 2. 3a3,5 ad 2
58 H. SAMSONOWICZ, Familles nobles et bourgeoises Pologne xiii-xve, 309-17 in Famille-Parent (sup n 40) et tout ce colloque.
W. BERSCHIN sur Bonizo da Sutri, de arbore parentale, ms Barb lat 484 Bibl. Vat, in ML 8 (1981), 118-29
59 Mat 13,52. Cf s 1 Cor 5,2 + 2
60 Io 14,2, 1 a 2e 3,2 ad 3 + 15.Cf. infra n 73-74
61 En extension il traverse les frontières ethno-linguistiques ; en compréhension il coule entre les rives de l'enveloppe endogame. Pove peuple du centre Gabon i lob 18 de domo.
62 F. GODEFROY. Dict. Anc. Langue Fr. 1880 reprint Kraus NY 1961 : 10 vol 5, 291 ; 294-95 centaine de citations. W.V. WARTBURG,
- Französische Etymologisches Wörterbuch Mesnie, etc. A. TOBLER + E. LOMMATSCH, Altfrang. Worterbuch. Berlin, reprint Wiesbaden 5,2, 882-83, 890-98. Dizaine occ.
63 LEVI-STRAUSS, La voie des masques, 2-72 etc. (cite Fr. BOAS, A. SCHMIT). HEERS, la cour en campagne, le quartier et la tour en ville (151, 156-7, 208) lignage 219, vendetta 115. Clan terme non scientifique à éviter. J.B. ANIZOCK, Baz, structure totale de civilisation kwel CCAH (sup n 53) 11 (1986), 57-66. Abandonner mots non diacritiques comme famille
64 s 2 Cor 11, 6. 3 S 29, 1 a 6. 1a2e 105,4. CG 3,123. i lob 31
65 IT 2 I 7, 961-62∞ 26362 Haus house... cf 1025-43, 2666666624, p. 1628 "Dont le zèle dévore" Ps 68, 10 : antienne du Ps 68 au 1er nocturne de Matines du Jeudi-Saint ; texte effleuré 8 fois : 3a15, 9 sc ira = impetus, cf Is 2,17 et Aug super lo, 10. 131 L prol. 3S26,1 a I. 1a2e28, 4. Uer 26, 4 c+ad 1.s 1 Cor 14 ; s 2 Cor 11 ; s Gal 4,4. Cicéron Atticus 4,12. Virgile, Enéide 1,284 etc. Rutebeuf dizaine occ. Ste Elysabel 585, 618
66 F.P. DUTRIPON, Bibl. Concordantie. 158-60,2250 occ.
67 N° 00289 : Serm 14,2 ligne 162-258, 5 ad 4.2a2e 134,1 ad 3. s Io 14.1 mil ; 3 fin. i Metaf 7,8 n 21.
68 De nominibus hebraicis PL 23, 221. IT 2I 7, 1042 n° 01647-76. 4S49,4a 1.1a2e 102,4 ad 6
69 1a 76,8 Q Anim lo ad 16 domificator IT ibid 26369e 4 occ.
70 WARTBURG (sup n 61) 66, 245 a menial = intime IT 213, 13846-57. Serm 2, 3i Ier 22,2 observatoire, i 1er 3,5,1 ; 38,1. i Ps 9,16. Signifie aussi baraque ; boutique, étal léger collé à un édifice, en bord de rue
71 Contre B. JESTAZ, Bull Monum 146-2 (1988), 109-120 : entre Split-Salone et le 16e s. il n'y aurait ni description ni pièces spécialisées Si !
72 Petrus Comestor PL 198, 1053 recevoir, manger, dormir (répercuté par Guiart des Moulins en sa Bible historiale.
73 M. WOOD, S. ROUX, A. CHAPELOT débutent l'histoire archéologique de la "maison".
74 WARTBURG 66 (1959) 235-53 et 242-44. Cf. GODEFROY, TOBLER sup n 61. Centaines de Mesnie, maisnage, mesnil etc.
75 i Ps 28 fin. CG 3,51 n 6 ; 4,58 et 91 n 6. 4S49, 1 a 4 qua 3-4 la9, 1 ; 36.2 ad 4. 1a2e 5,2 c + ad 1. Exod 17,1 ; 40,36. Num 33,1. Tob 6,1. Io 14,2 et 23 (cf. Aug in lo 67)
76 IT 2 1 9, 272-78, 31929-65. Bible 238 occ. depuis Gen 10,5 Secundum Linguas et Familias. Cf sup n 61 et tous dict. GAFFIOT, BAILLY, etc.
77 s Io 4,7. s Tit 2,1. M. SECKLER, Heil und Geschichte München 1964 trad fr. Cerf 1967. DUFEIL, Jal Philos. 8 (1986), 138-50
78 s Pol 1,2 n 3. s Eth 1,1 n 5. Cl. MEILLASSOUX, Femmes, greniers, capitaux. Tableau 7 connexio.
79 4S40, 1 a 4.s Mat 1,4. s Pol 12,2 n 3. Cf sup p 6-9
80 4S49, 4 a 1 ad 4 ; a 3. s Ef 6,1. s Pol 1,2 n 3 ; 1,11 n 6. s Eth 8,12 n 21-22 2a2e 57,4 et 58,7 ad 3. Patemum = uxorium etc 3S34,3 a 4 qua 5 obj 4 - ad 4.
81 s Pol 1,1 n 5. s Eth 8, 1 n 4. s Io 2,3. s Mat 12,2-5. s 1 Tim 3,2. i Ps 47 Uer 5,3 ; 6 ad 7
82 1 S prol L. Princ bibl 2. Serm 3,9. CG 3,117 n 6. 4S 15,2 a 4 qua 1 s 1o 18,1 ; 19,6. s Mat 20,9. 2a2e 32,6 ; 47, 11, 57,4 obj 2,117, 1ad2
83 Q Anim 10 ad 16. Is 50,57. Cf. sup n.53,60,62 2a2el29,3 ad 5 ; 177,2 3a 20,1. Clausura horti, pourpris, courtil. s Io 28,2
84 2a2e 177, 2.3a40, 1. CG 3,88 n 7. s Eth 9, 12 n 8 DilDei 54+11. s 103,5 4,6 + 8
85 Cl 2, 16-17 s lo 12,2 ; i Ps 8,4. Serm6,2.CG 3,123. i lob 40,2 (éléfant)
86 4S26,1 a 1 ; 27,1 a 1. ATH (cf sup n 53) 2,12 sv 3S29,6. Uirt 2,9 ad 5
87 Cf sup n 16 et 43 P. LASLETT et A. BRUGUIERE. Ch.M. de La RONCIERE, Une famille florentine xive, Fam. et Parenté (sup n 40) 227-48.
Ch. KLAPISCH-ZUBER, Structure de ménage Prato XIV-XV, ibid., 255-68. Id.Ruptures de parenté, A 43-5 (1988) 1201-56 (dossier florentin) M. PASTOUREAU, Stratégies héraldiques (dossier florentin) ibid. 1241-56. Hannelore Tucci, Un linguagio feudale, l'araldica, Storia d'Italia 1 (Torino, 1978) 835-901
88 P. TOUBERT exlamation orale au séminaire G. DUBV, Collège de France
1976. A rencontre, l'expérience de mon enfance occidentale rencontre l'humanisme bä:Ntu de ma recherche africanistique.
89 P. NOVARINA, St Thomas d'Aquin, 188. DUFEIL, Histoire classique, histoire critique, History and Theory, 21 -2 (1982) 223-33
Hannelore TUCCI, Un linguagio feudale : l'araldica Storia d'Italia 1 Torino 1978), 835-901&.
90 Ef 3,15 visé au moins 4 fois : 1S21, 1 a 1 ad 5 ; 1a31, 3 ad 3 ; 33,2 ad 4 ; 45,5 ad 1.
91 Prov 31,10 cité RP 4,6. Mater 3a35, 3-4. CG4, 45. Ratfid 221-22 + 100aine Uxor CG 3,124 pluralitas uxorum omnino tollit significationem. 4S33-38. 1a2e105,4 ad 8, 107,2 ad 2
92 2a2e26,10. s Eth 9,7 fin. S Ef 5,10. 3S29,7 ad 3 cf sup ordre d'amour
93 De dilect. Dei et proximi, inauthentique, attribué pour mouvance de style et esprit, 13. s 2 Cor 13,1 fin
94 Cf sup p. 10 GAFFIOT, dic latin, 462-63. Littré, 2
95 2a2e 48,2. Cl 3,4 = Ar, Eth 8,9-1159 b,27 sv
97 Sort 1.3 Mat 19,2. i Dior DivNom 4,20. Gourmandise contre bien domestique la2e 100,11 ad 3
98 s Ef 1,5. s 1 Tim 1,1. 4S8, 1 a 4 qua 1 ad 2. 3a80,8 obj 2.2a2e62,3 ad 2 ; 78,1. Quod 1 3,19 +2
99 Report ined 3,11.20. 4S8, 1a 4 qua 1 obj 2. 1 Cor 11,4. Off. Corp 4,1 i Ps 31,2. Cf sup n 95
100 s Pol 3,5 n 5 et 13,5 n 5. S eth 5, 11 n 16 ; 8, 11-12. s Tit 2, 5 .s Ef 5, 8 ; 6,1. 1a 81,3 ad 2. 1a2e 17,7
101 1a 12, 2 uir caput femine. 1a2e 87,8 ad 3 ; 104,4. 2a2e 164,2
102 2a2e 104,5 ; 105,4 ad 4. s 1 et 3 Pol. 1a92,1 ad 2 + 20
103 s Pol 3,5n5 2S44,1 a 3. s 1 Tim 3,3. s Heb 1,1
104 4S15,2 a5 qua 1 ad 2 ; qua 2-3. 2a2e32, 6 ; 7 ad 3 + 4. 2a2e117, 1 ad 2. 1a93, 1 ; 98,2 ; 6 ad 2. extrema necss. persone, reipublice, ecclesie 4S 15,2 a 4.
105 2a2e57,4 ad 1-2. 2S44,2 a 1. 3S9,1 al qua 4
106 2S35, 4. 4S17, 2 a 2 qua 5 ad 1. 2a2e78, 3 + ad 3 etc.
107 RP1, 10.1a2e1, 1-2 ; 6,2 ad 2 ; 15,2 ; 21,2 ; 109,2 ad 1 : 158,2 ad 2...30 occ. directes. 2a2e123, 5 ad 2. s Mat 4,1
108 1a2e19,8. s 1 Tim 3,2.Al Kisba fi al Islam, 43. Cf AD ul MAJD, Ibn Taumiyya et le mvt Salafiyya Orient Maghreb, thèse Montpellier, 1988, 2a2e 10,10
109 1a 82, 1 ad 3. 1a2el, 1 + 5. 2a2e65, 2 ad 2. 2S24, 3 a 2. Pot 7,10 ad 4.
110 Ps 85, 15 (8 occ.bibl.) Off Corp 1,1 ; 7,4.1a108,5 ad 2. iure 1a21,3 ad 2 + 5 ; 25,3 ad 3.2a2e10,10 + 5 ; 12,2. i Ps 24.i Ex 22,11 ; 34,4.i Deut 33,6
111 2a2e 32, 6 ; 117,1 ad 2. 4S15, 2 a qua 1
112 s Col 3,4. 2S44,1 a 3 ad 1 + 10. Uirt 2,9 ad 14.4S24, 1 a 3 qua 5 Quodl 8,4 a 1 ad 4 = Cor 4,1
113 s Eth 8, 1n12-13. s Fil 2,1
114 Al Küran 4, 3. 4S33, 1 a 3 qua 3 ad 2-3 CG 3,124 n 6. s 1 Cor 7,3.i Is 3-21 45 37,2 ad 1 + 3 ; 38,2 ad 2 + 2 1a2e105,4 ad 8
115 4S37,2 ad 1 + 3 ; 38,2 ad 2 + 2. 1a2e105,4 ad 8
116 3a28, 1ad2 ; 29,1 ; 31,2 + 10. 3a35, 3-4. CG 4,45 centaine d'occ.
117 Cf Ar, 5 Eth. 4S 14,1 a 1 qua 5
118 2S24,2 AL.S ETH 5,11. 2a2e 57,4.4S46,1 a 1 qua 1 ob 4. CG 3, 127 n 7
119 Is 6,3. Ez 10,15. Ef 1,21. Col.1,16
120 1a108, 5 sc. DUFEIL, Ierarchia MM 12 (1978). Ch. V. HERIS, op, Le gouvernement divin I trad Summa Theologie éd Cerf 1958, 277-83
121 2a2e57,4 obj 2. s Pol 1,5. s Eth 8,12 n 20. s Pol 1,10 n 11. duo prec 8 s lo 11,4.1 Reg 10,22. s 2 Cor 11,16
122 s Tit 3,2. s Ef 2,5. s lo 2,2. 4S11,2 a 2 qua 3 sc l. CG 4,69, n 6 3a 74n4 c + ad 1 ; 83,3 ad 2
123 Uer 5,9 ad 4.2a2e65,2-3 ; 66,8 ; 72,6.Uer 5,3. i Metaf 12,12 n 7 1a103,1
124 1a2e2,4 ad 2.2a2e65, 3 ad 1.1a103,1.Uer 2,8 ad 3.1a2el08,4.2a2e52,4
125 1a33,1 ad 1. 2a2e58,5 ad 3. maître d'oustau en graphie ordinaire.
126 2S41, 2 a 2 + 18. i ls 3 déb. 2a2el08, 2-3. G 89. Heers 115
127 4S40, 3 ad 2.1a2e94,4. 4S33,1 a 3 qua 1 ad 4. Ma 115,1 ad 2. Gen 19, 19,34
128 G. DUBY, Chevalier, femme, prêtre. Hachette 1981 in-8° 314 p
129 DUFEIL, Signification historique, MM 10 (1976) 95-105, El concepto de historia, Congreso mundial de filosofia cristiana 1979 5,2126 sv
130 F. SABELLI, Le pouvoir des lignages en Afrique, Harmattan 1986 214/135 200 p. ; rites funéraires et pouvoir des ancêtres, 167,181 etc. 2a2el00, 3 ad 2 + 20. s Heb 11,5 mil
131 2a2e158, 17. Mal 12,5 = Gen 31,19-34. CG3,120. s Eth 7,1 4S15, 2a3 qua 1 ad 1-2
132 i Ps 29, 1.3S18,1 a 6 qua 2.4S45,2 a 3 qua 3 qua c + ad 1 -5.
133 M. AUGE, Le génie du paganisme. Pot 6,5 ad 8. Mal 16,1 ; 9 ad 10. 1 a89,8 ad 2 ; 117,4 ad 2.2a2e96,2-4 ; a 5 ad 2-4. 3a36,3
134 Uer 17,3 ad 2.1a2e44,2 ad 3.3a29,2 ad 3. s Mat 1,3-4
135 s Pol 1,5 n2. 4S18,1 ad 1 ; 19,1 a 1 qua 3 ad 4,25,2 a 2 qua 1 ad 2
136 i Fis1,9n16. s Pol 2,6n19 ; 11,1n20. s 1er 36,5 = 1er 36,22. i Is 6,1. i Is 6,1. i lob 24. i 1er 1,4
137 s 1 Cor 9,1 mil et 2. Eccli 25,2 = Serm 7.2a2e1 35,2. 4S24,3 a 3 ; 27,1 a 2 qua 1-3 ; 30,2 a 1 qua 2-3
138 s Pol 1,1n21-23 ; 2,2n2 ; 13n5. s Io 14,1.1a 11,2
139 Societas Cl 2,2 ad 3 ; 3,4 (A65-6) ; i Ps 24,6. i lo 13,3. s Ef 2,6
N.VILLEY, Quest, de St Thomas sur droit et politique PUF 1987,187 p
140 ATH (sup.n.53) s Eth 8,10. s Pol 1,1n29.2a2e33,5 ad2,12 ad 1.CG 3,123n8
Auteur
Université Paul Valery Montpellier
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Fantasmagories du Moyen Âge
Entre médiéval et moyen-âgeux
Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
Par la fenestre
Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003