Vol puni, vol impuni dans les fabliaux
(Contribution à l'étude des rapports de la littérature et de la société au xiiie siècle)*
p. 25-41
Texte intégral
1Rares sont les fabliaux où le vol se situe au cœur de l'action. Dans son ouvrage sur Façons de sentir et de penser : les fabliaux français1, Marie-Thérèse Lorcin relève seulement six cas où le vol joue un rôle dans l'action. Cela n'empêche pas que le vol soit mentionné, représenté, jugé plus souvent et le concept de vol sera élargi ici à toutes ses formes : cambriolage (Barat et Haimet2), larcin (Estula3, Brifaut4, Des III dames de Paris5, Le Boucher d'Abbeville6), abus de confiance (Les III aveugles de Compiègne7, escroquerie (Estormi8, les différentes versions du Sacristain), vol qualifié (Le meunier et les deux clercs9), filoutage (Du Prêtre et des II ribaus10), abus de pouvoir (De la Vieille qui oint la paume au chevalier11), appropriation frauduleuse (De Brunain la vache au prêtre12), resquille (Du provost à l'aumuche13, Du vilain au buffet14). Certains des fabliaux figurant dans ce corpus ont fait l'objet de la sévérité des critiques : Bédier classe Estula. Brifaut. La Vieille..., Barat et Haimet, Brunain parmi les fabliaux simplistes. Quelle que soit leur valeur littéraire - à coup sûr inégale - l'intérêt des fabliaux utilisés est pour nous ailleurs : notre propos est en effet de définir le regard porté sur le vol par les conteurs et par le public du xiiie siècle. Le vol provoque parfois la réprobation du trouvère qui la fait partager à son public. Il arrive au contraire qu'il ne soit l'objet d'aucune sanction. Ceci peut tenir à des raisons littéraires liées à la fonction du fabliau défini comme un "conte à rire en vers" (Bédier), dont la matière de prédilection est le "bon tour" (A. Dubuis), dont le schéma est parfois importé ou emprunté au folklore. Mais l'impunité peut être accordée ou refusée au voleur suivant sa personnalité, sa condition, sa catégorie sociale. La sanction peut épargner le vol suivant sa nature et ses mobiles, si bien qu'il n'est pas impossible, pourvu que la gamme des fabliaux examinés soit assez étendue, d'y relever un ensemble de signes révélateurs d'une mentalité. Notre propos s'inscrit donc dans l'étude plus générale des rapports de la littérature et de la société et cette communication n'est qu'un appendice aux pages magistrales qui lui ont été souvent consacrées. Mais son mérite pourrait bien tenir aux limites même du sujet. Il écarte en effet la presque totalité des thèmes érotiques pour nous placer, auprès du trouvère et de son public, dans la situation d'arbitre entre le riche et le pauvre, l'exploiteur et l'exploité, le nanti et le démuni, les catégories qui prospèrent et celles qui déclinent. Il concentre l'intérêt sur "l'arrière plan social" des fabliaux où, comme l'écrit Dominique Boutet "prendre pourrait bien être le maître mot de l'activité des héros"15.
2On connaît la rigueur de la justice médiévale à l'égard des voleurs. Le vol relève de la Haute justice, de la Justice du Sang, comme l'homicide16. Dans la société du xiiie siècle, il est encore considéré comme un crime. "S'attaquer aux biens d'autrui, écrit M. Th. Lorcin, est puni aussi durement que s'attaquer à la personne"17. Le châtiment destiné aux larrons est en principe la mort par pendaison. Dans nos fabliaux on ne plaint pas les voleurs de grand chemin qui, comme dans le fabliau Du Segretain moine, guettent le passage des convois de marchands, surprennent en pleine forêt le marchand isolé, lui ravissent son argent et lui tuent son serviteur18. Mais, même pour un simple larcin, les fabliaux ne prêchent pas l'indulgence. Le "joliz clers" qui composa le fabliau du Povre Mercier vante la rigueur d'un seigneur qui, sans accepter de rançon, fait pendre sur le champ "totes genz de malveisse vie19 Le pauvre mercier, héros de l'histoire, déclare à un marchand qu'il hésite à laisser son cheval paître en liberté, de peur qu'il ne lui soit volé. Mais l'autre le rassure : la justice du seigneur est si sévère, lui dit-il, que, si son cheval disparaît, il lui sera rendu et le larron pendu20. Dans la Contregengle qui, dans l'édition de Montaiglon et Raynaud, est la continuation du Dit des II Bordeors ribaus21, où deux jongleurs de mauvaise vie vantent chacun leurs propres talents et rabaissent leur concurrent, l'un de ceux-ci, loin de s'offusquer de la rigueur du châtiment, reproche à l'autre que son père a été pendu à Bar-sur-Aube pour le vol d'un manteau, que la sœur et le mari de celle-ci ont été "plantés", c'est-à-dire pendus la tête en bas, à Meaux, en Brie, pour le vol d'un simple surcot, puis il lui prédit également la pendaison pour ses propres larcins22. Personne donc, ni le conteur, ni le jongleur, ni le public du xiiie siècle ne déplorait, semble-t-il, la cruauté de la sanction pénale qui frappe normalement le voleur. Mais, à l'exception des fabliaux cités - encore La Contregengle n'est-elle pas un fabliau mais un dit - la sanction pénale n'est guère évoquée. On peut bien imaginer parfois que la victime aille se plaindre en justice du vol subi. Mais le fabliau se clôt sans que ce prolongement soit nécessaire pour l'économie du récit ou pour la satisfaction du public. Imagine-t-on les trois dames de Paris, ramassées ivres mortes dans la ville, se plaignant du polisson qui leur a chipé leurs vêtements, ou le prêtre du Boucher d'Abbeville dénonçant le vol du mouton gras qu'il a dégusté en compagnie de son voleur ? La sanction dont nous parlerons, c'est le jugement que le conteur amène son public à prononcer, même si, comme dans les Deux chevaux, Jean Bodel ouvre la perspective d'un procès qui n'est pas près de finir23. Les fabliaux se situent dans un autre monde que celui de la réalité, ils infligent autrement la sanction, accordent autrement l'impunité.
3Non seulement en effet aucune allusion n'est faite généralement à la sanction pénale du vol qui demeure impuni, mais celui-ci n'est souvent frappé d'aucune réprobation. Le voleur n'est pas un personnage négatif. On ne rit pas à ses dépens. On rit de son adresse ou de sa ruse. Le fabliau est alors un jeu littéraire, étranger à la réalité sociale et morale. Ainsi, dans Barat et Haimet, ni le voleur ni sa victime ne sont négatifs ou positifs - Jean Bodel réunit trois voleurs, deux frères et leur compagnon qui, rivalisant d'adresse, se volent mutuellement. Il n'y a ni voleur ni volé ; chacun étant à la fois l' l'un et l'autre. C'est ainsi que Barat défie Haimet de remettre à leur place les œufs qu'il a volés à la pie en train de couver et, pendant qu'Haimet s'y applique, lui retire ses braies24.
B. et H. v. 94 Ben est lerres qui larron enble
4L'enjeu de la rivalité des deux frères et de leur compagnon Travers est ensuite un jambon tour à tour dérobé et récupéré que, de guerre lasse, son possesseur Travers consent à partager. Se dispensant de juger le voleur, le public de tous les temps et de tous les pays s'est amusé de sa dextérité, comme le montre la diffusion de ce thème dans les contes populaires25. Dans les Trois dames de Paris le jeune Druin qui se met au service de celles-ci et profite de leur ivresse pour les délester de leurs vêtements est au moins aussi coupable que le ribaud de la Contregengle menacé de pendaison par son confrère pour le vol "présumé d'un surcot. Mais qu'importe ! De même que la boule de neige grossit en roulant, la structure du comique veut ici que l'état des trois dames empire progressivement avec l'ivresse et les ripailles jusqu'au moment où Druin les laisse
v. 175 ………..… totes nues gisanz au fuer de bestes mues
5Druin est une "utilité". Il fallait bien quelqu'un pour aider les dames à se déshabiller. Ceci fait, notre voleur disparaît impunément et pour toujours de la scène, oublié de tous et à l'abri de toute réprobation. Dans le fabliau des III aveugles de Compiègne, le conteur ne prend pas non plus la peine d'excuser la fourberie du clerc. Après nous avoir divertis au détriment des aveugles, le conteur veut que nous nous divertissions aux dépens de l'aubergiste. Ayant fait mettre généreusement à son compte la note des aveugles insolvables, le clerc fait croire à l'aubergiste que le curé payera pour lui. Mais il fait croire également au curé que l'aubergiste devenu fou doit être exorcisé : malentendu qui prive l'aubergiste de son dû. Le conteur paraît aussi peu préoccupé du sens positif ou négatif attaché à la ruse du clerc que le clerc lui-même, lequel, riche, élégant, préoccupé surtout de s'amuser, "bien et mal assez savoit". La même ruse figure, on le sait, dans l'Histoire des artifices de Dalila-la-Rouée des Mille et Une Nuits où Dalila la voleuse se débarrasse non moins cyniquement de l'ânier dont elle a volé l'âne26.
6Il arrive plus souvent que le conteur prenne parti. Plus d'une fois il infléchit notre jugement en faveur des voleurs, mais exceptionnellement en faveur du voleur professionnel. Ceci ne se rencontre en effet qu'une fois, dans le fabliau de Brifaut. Le voleur y est désigné deux fois par le terme de larron (v.49 et 69). Talonnant dans la foule un marchand qui porte sur ses épaules plusieurs aunes de toile, il en déleste le propriétaire, coud la toile à ses vêtements et s'éloigne. Quand le marchand s'aperçoit du vol, il vient se planter devant lui et lui conseille de faire comme lui la prochaine fois : coudre sa toile à ses vêtements. Pour qui le conteur prend-il parti ? - Pour le voleur contre le volé. Ce dernier est un marchand qui fréquente les villes commerçantes d'Arras et d'Abbeville mais ce bourgeois est désigné par le terme dépréciatif de "vilain". Il est riche et il est sot. Et notre conteur de conclure que, quiconque ne sait pas garder ce qu'il a, mérite bien d'être volé. Si le volé est riche et sot, si le voleur est astucieux, c'est très bien ainsi. Le vol rend au mérite ses droits !
7A cette exception près, tous les vols considérés ici sont occasionnels et toujours excusables à cause de leurs motifs ou de leur finalité. Le vol n'est pas toujours en effet appropriation égoïste du bien d'autrui. Il peut avoir un sens qui le dépasse : réparer une injustice ou servir de leçon. Dans le fabliau du Povre Clerc, le vilain hospitalier, voulant récompenser le clerc de lui avoir signifié, par un récit métaphorique, la présence du prêtre son rival, se saisit des vêtements et de la chape de celui-ci pour en revêtir le clerc démuni. Le vol a la double fonction d'être pour l'un récompense, pour l'autre amende.
v. 263 Bien li a randu sa mérite
Et li preste ot assez de honte.
8Le boucher d'Abbeville, dans le fabliau du même nom, n'est nullement un voleur. C'est lui plutôt qui a lieu de craindre les larrons. Car il a beaucoup d'argent sur lui. Aussi, la nuit venue, il s'inquiète de trouver un logis. Mais, voyant le prêtre lui refuser l'hospitalité, il décide de lui donner une leçon. Il lui vole son mouton le plus gras, revient chez le prêtre avec l'animal et l'invite à le manger en sa compagnie. Quant à la peau du mouton, il l'échange une première fois contre les faveurs de la servante, puis contre les faveurs de la prêtresse, et, par dessus le marché, il la vend également au prêtre. Notre voleur occasionnel s'instaure en justicier et notre prêtre pourrait tirer de l'aventure la même leçon que le prêtre inhospitalier du Prêtre et du chevalier
v. 781 La grans convoitise d'argent
M'a déchut et mis a se part ;
Si m'en repent, mais ch'est a tart.
9Tous les vols ne sont pas aussi désintéressés. Sont-ils pour autant moins exusables ? Dans le fabliau d'Estula deux jeunes gens volent, l'un des choux, l'autre un mouton. Mais ce sont deux orphelins. Une nuit qu'ils souffrent "de soif et de faim et de froit" (v. 12), ils se résolvent à voler. Il n'ont pas loin à aller : leur voisin est riche et ce riche est un sot. Ayant réussi leur coup, ils se réjouissent et le conteur avec eux
v. 136 Si ont assez gabé et ris
Que li rires lor fu renduz
Qui devant lor fu desfenduz.
10C'est que, pour les deux maraudeurs, ce double larcin est la condition de leur survie. Ils ont volé par nécessité. Pour de tels vols notre conteur est plein d'indulgence.
11Cette indulgence s'étend aux cas où le vol sert à réparer une infortune, où l'escroquerie permet à certains de retrouver dans la hiérarchie sociale le rang qu'ils occupaient. Ainsi, dans Estormi et dans les diverses versions du Sacristain. Un marchand naguère riche, étant tombé dans la misère, un moine (ou des prêtres) offre à sa femme une somme folle pour obtenir ses faveurs. Avec la complicité de son mari celle-ci fait mine d'accepter. Le plan imaginé est simple : faire tomber le galant dans le piège d'un rendez-vous, accepter son or et le congédier aussitôt sans compensation. Le mari prétendument absent, surgira au bon moment pour chasser l'imprudent : escroquerie licite, car elle restaure un ordre social accidentellement perturbé en redistribuant les richesses. Les prêtres ont trop d'argent, le couple ruiné trop peu
Estormi v. 59 S'ont trop dont nous avons petit.
12On le voit : lorsque le vol est impuni c'est que, pour le volé, la privation de ses biens est la sanction d'une faute ou bien qu'il est, pour le voleur, la seule chance de survie, ou bien qu'il permet au bourgeois de réparer l'injustice de la fortune en lui rendant sa place dans la hiérarchie sociale27.
13Toutefois on ne peut comprendre les raisons profondes qui font que le vol paraît excusable à nos conteurs sans tenir compte de ce qu'ils nous apprennent sur leurs personnages, sans rechercher les valeurs auxquelles ils se réfèrent et sans considérer l'arrière-plan social des fabliaux. Il apparaît d'abord clairement que nos conteurs éprouvent de la sympathie pour les petites gens. Nulle part ailleurs que dans Estula, classé avec raison par Bédier parmi les fabliaux simplistes pour sa valeur littéraire, on ne trouve un plaidoyer aussi ému pour les petites gens. Réduits à voler, les orphelins n'ont d'autre amie que "Povreté" (v. 4) et le conteur parle de cette maladie ("malages" v. 8) comme s'il la connaissait bien lui-même. Dans le fabliau du Povre clerc28, le vilain, désigné par le mot "prodom" (v. 94), croise en revenant de chez lui le clerc que sa femme a éconduit et qui se plaint de ne savoir où loger (v. 92-93) ; il le rassure, le prend par la main, l'emmène à son foyer, l'y accueille chaleureusement et lui fait partager généreusement les mets que son épouse infidèle destinait au prêtre. Notre vilain met en pratique les prescriptions évangéliques suivies par un autre vilain : celui qui conquist Paradis par plait29
v. 129 As povres donai de mon pain,
Ses herbergai et soir et main,
Ses ai a mon feu eschaufez...
14Tel est notre voleur occasionnel.
15Méprisé par le prêtre inhospitalier, le boucher d'Abbeville, se voit attribuer par Eustache d'Amiens d'incomparables mérites. C'est un homme honnête (loiaus hon de son mestier, v. 11), humain ("N'estoit pas fel, v. 9), aimé de ses voisins (v. 8), serviable envers ceux d'entre eux qui sont dans la nécessité (v. 13), ignorant la médisance, la convoitise, l'avarice (v. 14 et v. 160). L'escroquerie perpétrée par le bourgeois ruiné et sa femme dans les différentes versions du Sacristain est moins excusable mais, si l'on considère la personnalité des coupables, il n'y a pas d'escrocs aussi honnêtes. Dans la version Du Segretain Moine30, Guillaume, ruiné, a remboursé ses créanciers en leur abandonnant ses biens immobiliers (v. 62-67) et, du temps de sa richesse, il ne refusait rien à personne (v. 17), sa huche à pain n'était jamais fermée (v. 15-16).
16Si nous passons maintenant de la justification morale au plan de la réalité historique et sur le terrain des mentalités, l'escroquerie de Guillaume se justifie par la richesse excessive du clergé. Dans le Dit du Secrétain31, le moine galant est un moine de Cluny, ordre dont la richesse est proverbiale. Rappelons que non seulement chez un moraliste comme Etienne de Fougères, qui écrivait vers 1175, mais également dans l'Eglise même, s'était élevé un mouvement de protestation contre la richesse et le luxe des prêtres32. La partie que jouent entre eux le voleur et le volé, dans cette série de fabliaux, est moins le conflit de la pauvreté et de la richesse que celui de la largesse et de l'avarice. Presque tous nos voleurs occasionnels sont des fripons au grand cœur. Dans la version Du Segretain ou du Moine33, le bourgeois est ruiné, non par le fait des larrons mais par son train de vie dispendieux et ses largesses. Au contraire ceux qui sont volés sont avares ; le prêtre du Boucher d'Abbeville "moult goulouse autrui avoir" (v. 165). Dans ce conflit, la largesse, vertu si chère aux conteurs, l'emporte toujours sur l'avarice. Rutebeuf, dans le Testament de l'Ane34, préfère au prêtre avare l'evêque prodigue qui l'accuse d'avoir enterré son âne dans le cimetière pour l'amener à lui donner de quoi poursuivre ses largesses. Une des justifications essentielles du vol c'est qu'il remet en circulation l'argent thésaurisé.
17Critiques à l'égard du clergé trop riche, indulgents pour les petites gens, les conteurs sont ici favorables aux bourgeois. Ils ne condamnent pas leur ascension sociale. Le jeune bourgeois Du Segretain ou du Moine se ruine par son train de vie seigneurial, ayant la passion du jeu, des chiens et des oiseaux (v. 12-13), il veut "tos jors... cort tenir" (v. 15). Le boucher d'Abbeville ne se venge pas seulement de l'hospitalité refusée, mais de l'humiliation que lui inflige le prêtre "plains de grant orgueil" (v. 89), en lui déclarant qu'un laïc (V. 96), un vilain (V. 105) ne peut coucher sous son toit
v. 106 Vilains ! Sire, qu'avez-vous dit ?
Tenez vous lai homme en despit ?
18Passons maintenant aux fabliaux où le vol est sanctionné. Dans un premier groupe le voleur est toujours un riche ou un homme en place qui exploite le pauvre. Seul le fabliau Du Prêtre et des II ribaus fait exception. Deux tricheurs essaient avec des dés pipés de déposséder un chapelain de son palefroi donné en gage. Le conteur prend parti pour le prêtre riche qui, par ruse, rentre en possession du cheval. Il en est autrement dans les autres fabliaux : le meunier malhonnête du Meunier et des deux clercs s'approprie la jument et le sac de blé de deux pauvres clercs (v. 92-95). Le prévôt de la Vieille qui oint le chevalier confisque les deux vaches de la paysanne pour lui estorquer son argent contre leur restitution (v. 6-7). Le chevalier du même fabliau se fait graisser la patte pour faire rendre son bien à la victime (v. 50-55). Le prêtre de Brunain la vache au prêtre, exploite la naïveté d'un vilain persuadé que, s'il lui donne sa vache, Dieu lui en donnera deux (v. 6-9). Le moine des Deux chevaux propose au vilain un concours hippique grotesque entre le cheval de l'abbaye et celui du vilain et, voyant son cheval perdre, fausse au dernier moment les conditions du jeu (v. 217-223). Ici le vol est rarement larcin. Le riche, l'homme en place a des moyens que n'a pas le chapardeur : il abuse de son pouvoir, de son savoir, de son statut pour délester sa victime. Quant à celle-ci : la famine, la condition, la naïveté la mettent en situation d'infériorité : clercs faméliques, paysanne, vilains. Dans les fabliaux précédents le pauvre qui volait le riche était excusé. Ici le riche qui exploite le pauvre est condamné. Une nouvelle fois les conteurs prennent parti pour les humbles.
19Cependant, dans deux fabliaux de cette série le vol est l'exploitation d'un puissant par un inférieur. Dans le Prévost à l'aumuche, un prévôst indélicat dissimule dans son capuchon une pièce de lard subtilisée au cours d'un festin offert par son seigneur (v. 81-82). Le sénéchal du Vilain au buffet, s'engraisse aux frais du comte (v. 79-83). Ces fabliaux contredisent-ils les précédents ? Ils s'accordent au contraire en ceci que toujours l'avarice est le mobile du vol. L'exploitation du faible par abus de pouvoir, l'exploitation du seigneur par abus de confiance remontent au même travers : l'avarice. Le sénéchal du Vilain au buffet est qualifié d'avare (v. 59), le prêtre de Brunain est, nous dit-on, toujours avide de prendre (à prendre bée toz tans, v. 32) "chacuns a prendre s'abandonne" conclut le fabliau de La Vieille.
20Il n'est pas indifférent que certains de nos exploiteurs soient des prévôts et un sénéchal. Leur statut particulier nous amène en effet à passer une nouvelle fois du plan des valeurs morales à l'arrière-plan social. Ils appartiennent en effet à la catégorie des ministériaux35, ces agents du pouvoir féodal qui suppléaient le seigneur dans l'exercice du ban, le sénéchal remplissant les fonctions d'intendant, les prévôts, à la fois administrateurs, juges et trésoriers36. Issus historiquement de la "familia" du seigneur, simples serviteurs (sergents), ils étaient d'ascendance servile. Cette origine est rappelée dans nos textes : le prévôt à l'aumuche est qualifié de vilain (v. 14) et de cuivert (v. 23). Il est de put aire (v. 23), de basse naissance, comme son physique, sa grosse teste quarree" (v. 22), le signifie. Historiquement les prévôts oppressaient les petites gens d'autant que certains percevaient une part des ressources recouvrées sur les vilains37. On ne leur pardonne pas surtout leur désir de se surclasser. "Indiscutablement, écrit Guy Fourquin, ces hommes s'enrichissent38". Ils forment, écrit G. Duby, "une petite aristocratie rurale"39. Nos conteurs leur reprochent leur ascension sociale. Ils vilipendent les agents du pouvoir. Mais ils font, dans nos textes, l'éloge du pouvoir. Le seigneur du Provost à l'aumuche est un comte riche, aimé de tous pour ses largesses40. Le comte du Vilain au buffet n'est pas moins généreux, lui qui, invitant tout le monde à sa cour, vilains compris, laisse à qui veut en prendre "vins et viandes sanz dangier" (v. 103).
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21La lecture de cette seconde série de fabliaux confirme et complète l'interprétation de la série précédente : une même sympathie pour les petits et les démunis, voleurs ou volés. S'il est vrai, comme l'écrit Philippe Ménard que, d'une façon générale, "on ne voit guère dans les fabliaux la revanche et la victoire des déshérités41", le vol apparaît, dans le regard des conteurs, soit comme la juste réplique du pauvre sur lé riche, de l'humilié sur le notable, de l'infortuné sur le fortuné, soit comme la forme condamnable et réprouvée de l'oppression du plus fort sur le plus faible. Notre étude met également en lumière les différentes tensions qui parcourent le xiiie siècle, où s'exprime, comme l'écrit Dominique Boutet, "un sentiment de bouleversement des valeurs"42. Sur ce plan on discerne dans nos fabliaux une constante et une contradiction. La constante c'est la haine de l'avarice et de la thésaurisation, 1 exaltation de la largesse et, inversement, la condamnation des catégories sociales qui ne la pratiquent pas. Ce qui justifie le vol c'est en effet qu'il est la sanction de l'avarice, ce qui le condamne c'est qu'il est, conformément au sens etymologique du mot avarice, désir de ceux qui ont déjà, d'avoir plus, toujours plus. La contradiction consiste d'une part dans l'acceptation de certains changements dans la société, de l'autre dans l'attachement à l'ordre traditionnel. D'une part en effet nos conteurs paraissent favorables à la montée de la bourgeoisie active et généreuse, acceptant qu'elle s'arroge, avec l'élégance de la vie aristocratique, la vertu chevaleresque de largesse. D'autre part cependant, attachés à la haute noblesse et à ses valeurs traditionnelles, ils acceptent mal l'accès d'ex-vilains au pouvoir par l'avarice, et à la richesse par le pouvoir.
22Ces conclusions ne sont pas originales. L'éloge de la largesse, l'horreur de l'avarice s'expriment partout dans les textes contemporains. Notre propos nous a amené à considérer les fabliaux où se manifeste plus particulièrement une certaine sympathie pour les humbles. Mais ce trait a été plus d'une fois noté. Après K. Kasprzyck43, Arié Serper écrit que l'examen des contes laissés dans l'ombre par Nykrog (parmi lesquels figurent précisément les fabliaux non érotiques considérés ici) révèle une attitude "favorable aux classes humbles"44 et Dominique Boutet reprend cette affirmation. Une telle prise de position, morale et non sociale, n'est nullement en contradiction avec le conservatisme des conteurs qui, comme le montre Dominique Boutet à propos du Vilain au buffet, loin de prétendre abolir les rapports hiérarchiques, se montrent au contraire soucieux de les maintenir au profit de l'édifice féodal traditionnel45. La banalité de nos conclusions paraît donc en garantir a priori l'exactitude.
23Toutefois, quand il s'agit de l'arrière-plan social des fabliaux, on ne saurait se montrer trop prudent. "Il serait maladroit, écrit Philippe Ménard, de vouloir exploiter ces textes pour essayer d'y découvrir une image de la société ou même des représentations sociales"46. On admet que les fabliaux apportent de nombreux renseignements sur la vie de tous les jours47, sur la vie urbaine en particulier48, mais on doute qu'ils soient "utiles à l'histoire sociale"49. Une telle prudence se fonde sur de solides raisons.
24Nos fabliaux en effet reprennent des structures narratives simples, plus ou moins stéréotypées50. Pour l'histoire sociale, écrit Philippe Ménard, "ils n'ont pas plus de valeur documentaire que les contes populaires. Ces histoires sont de tous les temps et de tous les pays. Elles échappent à l'histoire. Elles appartiennent vraiment au folklore"51. C'est pour cette raison, rappelons-le, que nous n'avons pas utilisé pour cette étude le fabliau de Barat et Haimet et un épisode particulier des III Dames de Paris, ni mentionné le fabliau d'inspiration folklorique du Chevalier qui fist parler les c., où figure pourtant un vol. D'une façon générale on admettra pourtant que le fabliau ne se réduit pas à un schéma narratif. Comme le remarque très justement D. Boutet il en va du fabliau comme de la chanson de geste. On peut, pour un genre comme pour l'autre, parler de la faculté de leur structure narrative simple d'absorber des éléments idéologiques52. Il importe de souligner cette différence essentielle entre le conte populaire et le fabliau que, contrairement au conte populaire, le fabliau évoque une époque, une culture, une société particulière. Ce n'est pas parce qu'on aura "débrouillé avec autorité les fils" de la tradition dont "procède un conte", écrit Jean-Charles Payen53 à propos du fabliau De Dieu et du Pescheor, qu'on devra nier toute attitude critique de la part du conteur. Le témoignage fourni par les conteurs sur leur temps, souvent involontaire, est certes difficile à interpréter. Il doit être soumis au contrôle de "sources historiques certaines", comme le rappelle A. Serper54 et comme le fait Ph. Ménard. Pour notre part nous avons rapproché plus d'une fois de l'histoire le témoignage des textes : richesse des prêtres, arrivisme des ministériaux, impopularité des prévôts, promotion sociale de la bourgeoisie.
25Un second argument engage à la prudence : la fonction essentielle du fabliau qui est de provoquer le rire. Comment peut-on en effet prendre pour argent comptant le témoignage d'amuseurs professionnels ? "Les fabliaux, écrit justement Ph. Ménard, sont trop courts, trop avares de détails gratuits, trop attentifs à l'histoire piquante qu'ils narrent pour être utiles à l'histoire sociale"55. Un partage est effectivement à faire entre la représentation de certaines catégories sociales par les conteurs et la réalité. L'éminent médiéviste rétablit ainsi, par une confrontation du texte avec l'histoire, la vraie figure du clergé séculier dont le portrait, "toujours orienté à des fins comiques"56, ne coïncide pas, à force de simplifications et d'exagérations, avec la réalité. Tous les conteurs pourtant ne sont pas si "attentifs à l'histoire piquante" qu'ils renoncent à s'exprimer et à infléchir le jugement du public sur le comportement des personnages mis en scène. De là vient souvent la faiblesse littéraire de plusieurs de nos fabliaux. Aux dépens de la brièveté, au détriment de la force comique, le conteur traduit son émotion (Estula), donne son avis personnel (Estormi, Du Segretain moine), témoigne des bons sentiments de ses voleurs sympathiques (Le Povre Clerc, Le boucher d'Abbeville). Par là s'exprime le jugement qu'il porte sur la société de son temps et cette prise de position doit nous paraître d'autant plus chargée de sens qu'elle est gratuite, qu'elle nuit au comique et détourne le genre du fabliau de sa fonction première. Nous nous sommes mis à l'écoute, dans notre analyse, de cette émotion, de ces inflexions, de ces reflexions.
26Dans son important article K. Kasprzyck, suivi d'A. Serper, a montré que, dans de nombreux fabliaux, l'appartenance sociale des personnages est secondaire. Ce qui importe pour le conteur, c'est la fonction qu'il leur attribue dans l'action : "comtes, chevaliers et écuyers, bourgeois et artisans, citadins et villageois, enfin paysans et larrons assument tour à tour les rôles des dupeurs et des dupés, des amants victorieux ou punis, des maris trompés, complaisants ou vengeurs"57. La même fonction est attribuée indifféremment aux représentants des différentes catégories sociales. Ces dernières sont donc interchangeables et le jongleur peut, par "tactique", pour gagner la bienveillance de son public du moment, substituer le prêtre, le vilain, le clerc au bourgeois... etc... ou vice versa. Peut-on encore, dans ces conditions, attribuer, comme nous l'avons fait, à une catégorie sociale définie un comportement particulier ?
27En réalité, dans les fabliaux de notre corpus, le conflit n'est pas entre les représentants d'une catégorie sociale et d'une autre, mais entre le voleur - sympathique, généreux, excusable - et sa victime - riche, avare, cupide, stupide -indépendamment de toute appartenance sociale. Nos voleurs sont des villageois (Estula) un vilain (Le Povre clerc), un citadin aisé (Le Boucher d'Abberville), des bourgeois (Estormi, Le Sacristain). Leurs victimes sont un riche paysan (Estula), un marchand (Brifaut), des prêtres (Estormi, Le Boucher d'Abberville). Pour ceux-ci le trait commun n'est pas la catégorie sociale, mais la richesse. Pour ceux-là c'est le besoin ou le désir de faire un exemple. Nos exploiteurs sont un villageois (Le Meunier et les deux clercs), un chevalier (La Vieille...), un prêtre (Brunain), sans oublier les prévôts et le sénechal sur lesquels nous reviendrons bientôt. Leurs victimes sont des clercs, une paysanne, un vilain, un comte. Nos personnages sont bien interchangeables. Les conteurs n'incriminent ni n'épargnent aucune classe sociale. Ils s'érigent en arbitres, du voleur et du volé, en s'en tenant à la nature du vol, à ses circonstances, à la personnalité du voleur et de sa victime. Ils définissent une attitude en face de l'argent et du pouvoir. Le vrai débat est entre la richesse et la nécessité, l'avarice et la largesse, ou, plus concrètement, entre tout détenteur de biens ou de pouvoir et tout nécessiteux. Aussi est-il normal que, parmi les riches et les avares, figurent les représentants de catégories sociales historiquement privilégiées : les prêtres par exemple.
28L'occasion nous est donnée ici de montrer les limites de l'article de K. Kasprzyck. C'est avant tout la critique de Nykrog qui, dans un chapitre de sa thèse58, prétend démontrer que, dans le conflit erotique, le succès ou l'échec, soit de l'amant soit du mari, sont liés à leur condition sociale. Or, c'est également dans les limites du corpus des fabliaux erotiques et en particulier des fabliaux à triangle59 que K. Kasprzyck démontre que, pour une même fonction, les protagonistes sont interchangeables, indépendamment de leur condition. Les exemples analysés par K. Kasprzyck pour justifier sa théorie appartiennent au même corpus des fabliaux erotiques60. Pour les autres fabliaux il n'est pas sûr que nous assistions à la même mobilité. Il peut en effet exister entre les protagonistes un conflit moins banal que celui d'une rivalité amoureuse, une relation plus étroitement liée à la structure sociale. Le conflit qui oppose la vieille au prévôt, la vieille au chevalier est celui de l'exploité et de l'exploiteur. On peut bien substituer à la vieille un autre exploité, au prévôt un autre exploiteur. On ne peut supprimer cette relation sans détruire le fabliau. On ne peut même remplacer le prévôt par un autre exploiteur sans arracher la matière même du conte à son temps, sans le détacher de l'histoire qui, précisément, nous renseigne sur l'impopularité des prévôts. Le sénéchal du Vilain au buffet, le prévôt à l'aumuche sont par rapport au comte leur seigneur dans une situation si particulière qu'on ne voit pas bien qui pourrait les remplacer si ce n'est un autre sénéchal, un autre prévôt.
29Il faut le répéter : "Les fabliaux ne s'affichent pas comme des œuvres d'analyse de la société"61, mais, comme le remarquent K. Kasprzyck et A. Serper "l'arrière plan social est une constante du genre"62 et il y a fort à penser qu'inlassablement les chercheurs tenteront d'y capter quelque lumière sur la société qui y est représentée. Pour y parvenir bien des écueils sont à éviter : tel savant signale que ces contes, produits d'une lointaine tradition, se situent hors du temps, un autre recommande de les soumettre au contrôle de l'histoire, un troisième, rappelant qu'il s'agit de bons tours" nous met en garde contre les recettes du métier d'amuseur, un autre enfin montre que l'appartenance sociale des personnages n'est qu'un leurre. Est-ce parce que notre sujet, à cause de ses limites, a bénéficié d'un itinéraire plus facile, nous croyons avoir évité tous ces risques, pour aboutir à une conclusion fondée.
Notes de bas de page
1 M. Th. Lorcin, Façons de sentir et de penser : les fabliaux français, Paris, 1979.
2 Jean Bodel, Fabliaux, éd. critique, avec notes et glossaire par Pierre Nardin, Paris, Nizet, 1965, pp. 119-148.
3 A. de Montaiglon et G. Raynaud, Recueil général de fabliaux, tome IV, pp. 87-92.
4 Ibid., pp. 150-153.
5 Fabliaux français du Moyen Age, éd. critique par Philippe Ménard, Droz, Genève, pp. 119-127.
6 M. et R., o.c., tome III, pp. 227-246.
7 Fabliaux français du M. A., o.c, pp. 109-118.
8 Ibid., pp. 29-46.
9 Ibid., pp. 73-82.
10 M. et R., o. c., t. III, pp. 58-67.
11 Ibid., t. V, pp. 157-159.
12 Jean Bodel, Fabliaux, o.c, pp. 95-97.
13 M. et R., o.c, t. I, pp. 112-116.
14 Ibid., t. III, pp. 199-208.
15 Dominique Boutet, Les Fabliaux, P.U.F., 1985, pp. 94-
16 Yvonne Bongert, Recherches sur les cours laïques du xe au xiiie siècles, Paris, Picard, pp. 125-126.
17 M. Th. Lorcin, La France au xiiie siècle, Nathan, 1967, p. 56.
18 Twelve Fabliaux, éd. by T.B.W. Reid, Manchester University Press, 1958, pp. 34-35, v. 32-52.
19 M. et R., o. c., t. II, p. 115, v. 13.
20 Ibid., p. 115, v. 72-73.
21 Ibid., t. II, pp. 1-12.
22 Ibid., t. II, pp. 260-261, v. 112-121 et v. 150-151.
23 Fabliaux français du M.A., o.c., p. 157, v. 228-233.
24 Ibid., pp. 121-124, v. 44-94.
25 St. Thompson, Motif - index, t. IV, K. 305-1.
Charles Foulon, L'œuvre de Jehan Bodel, Rennes, Imprimeries Réunies 1958, p. 61 ss.
26 Mille et une Nuits, trad. Mardrus, Paris, Fasquelle, re-production de l'édition de 1911, Cercle du Livre Précieux, Paris, tome IV, p. 306 ss.
27 M. et R., o.c., t. II, pp. 46-91.
28 M. et R., o.c., t. V, pp. 192-200.
29 Twelve Fabliaux, o.c. pp. 19-22.
30 Ibid., pp. 34-53.
31 M. et R., o.c., t. VI, pp. 117-118.
32 A. Fliche et V. Martin, Histoire de l'Eglise depuis les origines jusqu'à nos jours, t. IX 2e partie, p. 293 et t. X, p. 142 ss.
33 M. et R., o.c., t. V, pp. 115 ss.
34 Ibid., t. III, pp. 215-221.
35 Guy Fourquin, Histoire économique de l'Occident médiéval. Paris, 2e éd., 1971, pp. 200-203.
36 Yvonne Bongert, o.c, pp. 150-152.
37 M. Th. Lorcin, La France au xiiie siècle, o.c., pp. 64-65.
38 Guy Fourquin, o.c, p. 202.
39 G. Duby, cité par G. Fourquin, ibid.
40 Ibid., pp. 29-46.
41 Ph. Ménard : Les fabliaux contes à rire du Moyen Age, P.U.F., 1983, p. 116.
42 D. Boutet, o.c., p. 94.
43 K. Kasprzyk, Pour la sociologie du fabliau : convention, tactique et engagement, dans Kwartalnik Neofilologizny, t. 13, 1976, pp. 153-161.
44 A. Serper, Le monde culturel des fabliaux, dans Third International Beast Epic, Fable and Fabliau Colloquium, Munster, i.w., 1979, Proceedings, Köen-Wien, 1981, p. 394.
45 D. Boutet, art. cit., p. 103.
46 Ph. Ménard, o.c, p. 106.
47 Ibid., pp. 46-47.
48 G. Bianciotto, Le fabliau et la ville, dans Third International Beast Epic, art. cit., pp. 43-65.
49 Ph. Ménard, o.c, p. 107.
50 D. Boutet, art. cit., p. 98.
51 Ph. Ménard, o.c, p. 107.
52 D. Boutet, art. cit., p. 99.
53 J. Ch. Payen, Goliardisme et fabliaux, dans T.I.B.E., pp. 282-283, sur l'article de F. Lecoy : A propos du fabliau de Gautier Le Leu : De Dieu et du Pescheor, dans Mélanges Maurice Delbouille, Gembloux 1964, II, pp. 367-379.
54 A. Serper, art. cit. p. 393.
55 Ph. Ménard, o.c, p. 107.
56 Ibid., pp. 72-73.
57 A. Serper, art. cit., p. 398.
58 Per Nykrog, Les Fabliaux, Publications Romanes et Françaises CXXIII, Genève Droz 1973, pp. 52-66.
59 A. Serper, art. cit., pp. 396-397.
60 Ibid., pp. 399-401.
61 D. Boutet, art. cit., p. 87.
62 A. Serper, art. cit., p. 396.
Notes de fin
* Il ne sera pas parlé ici de Trubert où figure pourtant un vol, celui des chevaux du comte (Douin de Lavesne, Trubert, fabliau du xiiie siècle, éd. par G. Raynaud De Lage, T.L.F., Droz 1974, v. 848-857). Parler de l'impunité de ce vol nous entraînerait à parler de l'impunité totale de Trubert et donc à poser le problème du sens de ce fabliau singulier, ce qui dépasserait les limites de cette communication.
Auteur
Université de Provence (Aix)
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