L'or du texte : la plénitude et la fissuration dans l'économie héroïque du Roland d'Oxford et du Lion de Bourges
p. 415-433
Texte intégral
1En déployant l'unité paradoxale d'or absent/présent pour fixer l'identité héroique, deux extrêmes de l'expression épique française — le Roland d'Oxford au commencement du douzième siècle et le Lion de Bourges a la fin du quatorzième siècle — révèlent leur résistance a la métamorphose comme l'essentiel du dynamisme structural de la narration1. Ces textes ne développent pas alors une série de transformations de tous les rapports structurants : la masse textuelle se crée par la multiplication des fissures successivement creusées et remplies par le dynamisme ambigu de l'or contrôle au fond par le pouvoir héroique.
2Associés au dynamisme également ambigu de la lumière et de l'ombre dans le Roland,2 les objets dorés expriment la force royale et chevaleresque des groupes opposés au même temps qu'ils concrétisent la trahison3. Ce n'est qu'à travers le développement de ses rapports avec le rouge sanglant que l'or est figé comme l'emblème de l'unité héroique de Roland qui contrôle le système d'échange entre les paiens et les chrétiens dans l'or absent de son olifant brisé (2295-6) et dans l'or présent du pommeau reliquaire de son épée indestructible, Durendal (2345-2351)4 Cette conjonction paradoxale de l'absence/présence de l'or même dans les objets qui garantissent la stabilité morale de la narration épique démontre la force culturelle du noeud entre l'or et l'ambiguïté existentielle du héroisme humain.5 C'est-à-dire, le héros mort reste toujours comme une garantie fondamentale de la forme de sa culture en face des autres cultures et du chaos de la nature. Après la mort de Roland, l'or reflète le pouvoir des antagonistes dans les épisodes de bataille et du procès, mais son mouvement — comme celle de l'épopée — est maîtrisé par sa fixation de l'héroisme dans le moment de défaite triomphale qui était la mort de Roland6 L'olifant et l'épée, plus tard sonnés et portés pour Charlemagne par Rabel et Guinemanz (3014-20) ne suppléent7 pas Roland d'autant plus que ces deux braves chevaliers ne peuvent pas remplacer Roland eux-mêmes8 Ces objets expriment plutôt la distance entre la fissuration pré-Rencesvalienne et sa forme subséquente plus extrême mais encore basée sur la plénitude héroique de Roland qu'ils matérialisent par l'absence/présence de leur or.
3Dans un système pareil, 1'absence/présence de l'or nécessaire pour atteindre le cor magique dont la valeur surpasse celle de tout or garantit l'identité héroique des héros multiples dans l'énorme Lion de Bourges (34, 298 vv. !) à travers son mouvement parmi les antagonistes. Le fourmillement obsessionel des épisodes est ainsi contrôlé par l'homogénéité spéculaire9 du fond commun d'or absent/présent.
4Alors, l'économie héroique, définie comme le système d'échange dynamique où le héros s'identifie par la continuité de sa valeur supérieure a toutes les autres, reste la même pour ces deux épopées des structures et des époques si diverses. La valeur de leurs héros repose sur leur domination du paradoxe fondamental de l'absence/présence de l'or. La brève discussion de ces constations qui suit ne prétend qu'esquisser les complexités de la circulation et de la fixation de l'or10 dans ces fissures narratives qu'il transforme en masse épique par sa concrétisation du heros.
5Au commencement du Roland d'Oxford, l'or apparaît d'abord dans l'ombre du verger royal de Marsile à Saragosse parmi la liste de dons proposés par le conseiller Blancandrin pour acheter aux niveaux de negociation ouverte et de trahison couverte la liberté des paiens de l'économie destructive de Charlemagne (II-III).11 Cette liste présuppose un manque chez l'empereur chrétien de bêtes exotiques mais surtout d'or e argent (32) dont il a besoin pour luer ses soldeiers (34). Cette théorie de manque ne tient pas compte de la fissure morale qui divise l'économie basée sur l'or qui semble les joindre. Tandis que les transactions entre les paiens sont opérées par la marchandise d'or (V) qui est aussi la matière des conquêtes chrétiennes (VIII), les transactions chrétiennes avec les paiens sont actuellement promues par le manque spirituel des non-chrétiens. En tout cas, les chrétiens possèdent déjà une plénitude de l'or à cause de ces conquêtes mais la continuité de leur vouloir de conquête signifie seulement le manque aux paiens matérialistes.
6La coincidence néanmoins partielle de leurs valeurs est évidente dans leur partage de la même sémiologie lumineuse de pouvoir. Le caravan or, blanc et argent (VII) envoyé par les paiens trouve Charlemagne dans l'ombre d'un verger (cf. VI, Marsile) également illuminé par or, blanc et argent (VIII). Blancandrin annonce le système d'échange paien à Charlemagne (IX) mais Charles ne lui répond qu'après le propos du baptême—selon le niveau non-matériel de l'économie chrétienne : Uncore purrat guarir (X, 155).12 L'instabilité génératrice de la narration tire sa force dynamique de ce but métamorphique de l'économie chrétienne qui est le point de rupture avec la spécularité paienne (Cf. la conversion de Bramimunde par amur après la destruction de toute la matière païenne en Espagne (CCXC).
7Après une séquence naturelle de lumière-ombre-lumière (XI), le conseil des français a lieu dans l'ombre (XII). Charles annonce les termes réellement dorés et apparemment métamorphiques des paiens (XIII). Maigre le désaccord fatal entre Roland et Ganelon, le débat figé sur la réalité du vouloir13 transformationnel des paiens confirme la distance économique des chrétiens (XIV-XVI). Ce n'est que plus tard, lors du débat sur le choix du messager/opérateur des termes d'échange que le matérialisme de la fureur du nommé Ganelon démontre qu'il partage la vision des paiens (XXII-XXVIII). Les reproches de Charlemagne critique la réaction émotive de Ganelon (XXIII-IV) et ne reconnaissent pas son aveuglement matérialiste paien.
8La conversation de Blancandrin et Ganelon en chemin établit la communalité de leurs valeurs. L'anecdote de la vermeille pomme (XXIX), raconté par Ganelon, montre son incompréhension matérialiste ainsi paienne du système d'échange chrétien.
XXIX
Dist Blancandrins : "Francs sunt mult gentilz home !
Mult grant mal funt e cil duc e cil cunte
A lur seignur, ki tel cunseill li dunent :
Lui e altrui travaillent e cunfundent."
Guenes respunt : "Jo ne sai veirs nul hume,
Ne mes Rollant, ki uncore en avrat hunte.
Er matin sedeit li emperere suz l'umbre,
Vint i ses niés, out vestue sa brunie,
E out predet dejuste Carcasonie ;
En sa main tint une vermeille pume :
Tenez, bel sire, dist Rollant a sun uncle,
De trestuz reis vos present les curunes.
Li soens orgoilz le devreit ben cunfundre,
Kar chascun jur de mort s'abandunet.
Seit ki l'ociet, tute pais puis avriumes."
9Dans l'ombre lumineux du matin, le Roland lumineux (cf. la brunie metallique, v. 384) de la conquête présente la vermeille pume (386) des couronnes (en or, sans doute) de trestuz reis à l'empereur (386-8). L'érudit anglais, Tony Hunt, a bien montre dans un article récent la nature non-péjorative de cette pomme qui symbolise 1 monde chrétienisé plutôt que la corruption d'un Roland pécheur qui tend la belle pomme pourrie à l'avarice de Charlemagne.14 Cette masse de couronnes couverte par le rouge et donnée par le chevalier en tenu de combat résume la plénitude non-fissurée qui est l'objet de l'économie métamorphique des chrétiens. Ou l'économie paienne ne donne que l'orgueil d'un rapace de pouvoir, l'économie chrétienne produit le ritualisme de l'échange idéal.
10L'équivalence de l'or sanglant et l'héroisme chrétien sert aussi comme le fond Imagé de l'argument de Roland dans son débat avec Olivier à Rencesvals quand lui non plus ne voit que la folie de la mort et l'orgueil dans les termes d'échange valorisés par Roland. Si Olivier aussi manque la compréhension de l'économie héroique, il agit quand même selon le système d'echange défini par Roland (LXXXVIII, XCII). Il n'y a que Ganelon qui juge et qui agit selon l'économie plus limitée des paiens. Quand Ganelon regarde Roland, il ne voit qu'une pomme avaricieuse (XXIX)-ou le butin dore que Roland déploie pour s'acheter les Français (XXX, 399-402). Aveuglé par sa propre avarice devant le mystère métamorphique or-sang compris par Roland et Charlemagne qui en fixent l'économie chrétienne, Ganelon se trompe en trompant les paiens sur la vulnérabilité matérielle de ce système profondément spirituel.
11Pendant la négotiation a Saragosse, l'or matériel qui joint Ganelon et Marsile apparaît d'abord dans les armes qu'ils sortent en préparation du conflit (Marsile, 439 ; Ganelon, 465). En opposition, Ganelon vérifie quand même la mutualité de leur système d'échange en fondant l'intensité de sa vocation messagère sur tut l'or que Deus fist (457). Le système d'échange du message interprété par Ganelon propose un choix entre la diminution matérielle qui sera le prix d'une métamorphose en chrétien (L'Espagne divisée et partagée avec Roland) et la déprivation totale qui sera le prix d'un refus. Si la réaction des paiens après avoir lu la lettre (495-8) suggère que Ganelon a dépassé les bornes des termes écrits (cf. XXXVI-VII), il les a néanmoins réinterprétés selon l'économie paienne. Par contre, le contenu annonce par Marsile est structuré selon l'économie chrétienne ou chaque vie compte dans la réalisation rédemptrice (488-94 ; cf. l'Uncore purrat guarir de Charlemagne, v. 156). Pour les paiens, la grandeur de la menace matérielle rend insignifiante la vie humaine (cf. III, IV, etc.). Ganelon comble cette fissure dans le réseau d'échange par son avidité de l'or paien et de la mort de Roland. Avec une plénitude de l'or et d'autres richesses, Ganelon équilibre la différence de valeur culturelle entre lui et les douze pers qui a resulté dans son envoi comme messager seul en pays étranger. Également, ce butin de trahison remplit l'espace psychologique et physique entre lui et la cour lointaine : il la touche en la vendant. L'isolement mortel des messagers Basan et Basile chez les paiens a produit Ganelon isolé dont la trahison a rempli la fissure qui aurait du être élargie par le baillement de ses blessures mortelles.
12Pendant le voyage de Ganelon, Roland a intensifie l'isolement paien exigé par l'économie chrétienne (LIII). L'arrivée expansive d'un Ganelon gonfle de trésor efface ce vide. Le traître comble aussi l'absence de l'hôtage le plus essentiel, l'algalife, avec la grande image fausse de la noyade catastrophique de l'algalife et son immense armée dorée en fuite des chretiens. Car Ganelon maintenant imite l'économie spiritualisée des chrétiens, Charlemagne accepte la plénitude offerte et répète ce modèle dynamique en lui promettant mult grant prod (699). Sous la pression de cette fermeture apparente de toute fissuration, les chrétiens charges vident le pays tandis que les paiens remplissent l'actualité fissurée avec la matière de guerre (LV).
13Le déséquilibre moral cause par l'engouffrement des chrétiens dans cette plénitude fausse crée une crise d'échange ou Charlemagne semble perdre son contrôle du cours des valeurs. La valeur moindre de Ganelon s'impose à la valeur supérieure de Roland quand le traître achève l'isolement du héros dans l'arrière-garde. Ce renversement ou les valeurs moindres forcent les plus grandes à subir la fissuration signale la présence d'un chasme secret. Dans les vers qui suivent cette dévaluation opérée par Ganelon (745-50, 779-847), l'incertitude manifestée par les Français montre que la plénitude du côte chrétien se creuse maintenant vers la fissure textuelle et actuelle ou s'accumule la masse des paiens — Rencesvals !
14Au moment du déploiement des forces de Marsile, la requête des dons témoigne d'une réorganisation des valeurs matérielles des paiens. Le système d'échange paien partage maintenant la matière sinon la spiritualité de la vermeille pume : le sang de Roland et ses compagnons est valorisé au dessus de l'or (888,965-8,984-98). Quand le dynamisme de fissuration s'intensifie comme ici, la pression de l'homogénéité s'accroît car la supériorité fondamentale des valeurs chrétiennes limite l'écartement des oppositions.
15La découverte de la vraie position païenne par Olivier mène a son effort de combler les discontinuités d'échange et d'espace entre eux, l'arrière-garde, et Charlemagne par un appel a l'empereur. Bien que ce soit sur un autre niveau matérialiste, c'est quand même le dynamisme qui a contrôle les actions de Ganelon à Saragosse. Roland ne peut pas déclarer l'insuffisance des valeurs chrétiennes devant un marché ou le sang doit dominer l'or (p-ex., 1053-8, aussi LXXIX-LXXXVIII) et surtout quand le marche d'or était crée par une valeur d'évaluée qui menace celle de sa famille (1024-7 ; 1145-51). Ces constatations de la valeur supérieure matérielle des Français sont fondées sur la ritualisation de leur valeur spirituelle par Turpin (LXXXIX). Encore, les économies des paiens et des chrétiens convergent mais la spiritualité chrétienne les séparent.
16Dans les laisses de bataille (Saragosse, Baligant et le procès inclus) ou le cours d'échange des coups est ajuste dans chaque combat, c'est important de souligner que sans distinguer ni paien ni chrétien, ni victime ni conquérant, l'or n'est presque jamais signalé sur les deux antagonistes pendant la narration d'un combat. L'or est sans doute porte par tous les combattants comme l'ornement typique de leur équipement. Souvent, celui, dont le matériel doré n'est pas mentionné dans une lutte, se trouve sur le côté dore dans une autre. Un phénomène trop bien défini pour être du entièrement au hasard de la structure hautement formulaire du combat, on peut suggérer qu'elle trouve sa forme dans la conception économique de la bataille ou le cours de l'or est domine par celui du sang. La supériorité de l'or chez un combattant ou l'autre est 'établie par son énonciation mais c'est la supériorité de la force rouge du sang qui décide leurs valeurs matérielles relatives. La superiorité spirituelle des chrétiens n'est jamais mise en question car ce n'est pas un bien sujet à échange avec un paien (conversion exceptée). En tout cas, la supériorité spirituelle du groupe chrétien est maintenue par Roland qui appelle à Charlemagne en dépit d'Olivier et qui garantit enfin le dessus chrétien à Rencesvals et au-delà.
17Malgré l'ouverture de toutes ces fissures dans l'économie textuelle, il n'y a jamais une transformation du système dominé par les valeurs chrétiennes. L'olifant brisé et l'épée indestructible qui résument toutes les positions de l'or en bataille (absent ou présent) expriment l'état fendu mais non-métamorphosé du texte aussi bien que l'état meurtri mais non-battu de Roland et ses compagnons.
CLXIX
Halt sunt li pui e mult halt les arbres.
Quatre perruns i ad luisant, de marbre.
Sur l'erbe verte li quens Rollant se pasmet.
Uns Sarrazins tute veie l'esguardet,
Si se feinst mort, si gist entre les altres.
Del sanc luat sun cors e sun visage.
Met sei en piez e de curre s'astet.
Bels fut e forz e de grant vasselage ;
Par sun orgoill cumencet mortel rage ;
Rollant saisit e sun cors e ses armes
E dist un mot : "Vencut est li niés Caries !
Iceste espee porterai en Arabe."En cel tirer li quens s'apercut alques.
CLXX
Co sent Rollant que s'espee li tolt.
Uvrit les oilz, si li ad dit un mot :
"Men escientre, tu n'ies mie des noz !"
Tient l'olifan, qu'unkes perdre ne volt,
Sil fiert en l'elme, ki gemmet fut a or :
Fruisset l'acer e la teste e les os,
Amsdous les oilz del chef li ad mis fors,
Jus a ses piez si l'ad tresturnet mort.
Après li dit : "Culvert paien, cum fus unkes si os
Que me saisis, ne a dreit ne a tort ?
Ne l'orrat hume ne t'en tienget por fol.
Fenduz en est mis olifans el gros,
Caiuz en est li cristals e li ors."
18L'économie de l'or en bataille décrit en-dessus structure également ce dernier combat bien que la présence de l'or soit signalée sur les deux antagonistes. Ce dédoublement de l'or rehausse plutôt la résolution de la valeur morale de l'or dans le Roland d'Oxford et la fixation de sa valeur dynamique dans le programme de structuration narrative plénitude/ fissuration.
19Dans la fissure actuelle (paysage hautement accidente) et dynamique ou le système d'échange parait avoir atteint la viduité mutuelle, un paien dont l'or guerrier est faussement couvert de sang essaie de prendre l'epée d'un Roland apparemment mort comme témoignage de sa réalisation de la vermeille pomme paienne. Roland affirme la continuité pleine de l'économie chrétienne en détruisant sa surface dorée et en renversant les valeurs de sa structure corporelle — l'intérieur flou couvre maintenant l'extérieur dur. Le sarrasin mort reflète encore la structure de la vermeille pomme mais la signification du côté paien est tout autre : la fissuration plutot que la plénitude. Pendant la lutte, l'or était typiquement cite du côté d'un des antagonistes, mais immédiatement après l'or dépensé ici par Roland pour garantir l'économie chrétienne à Rencesvals est souligne : la force de ce dernier coup a fait tomber l'or de son olifant (2295).
20Si 1 or de 1 olifant est absent car dépensé dan la valorisation du coup héroique—ainsi fermant le système d'échange de cette série de combats—l'or qui enferme les reliques dans le pommeau de l'épée divine n'est pas sujet à la dépense matérielle.
CLXXIII
Rollant ferit en une perre bise.
Plus en abat que jo ne vos sai dire.
L'espee cruist, ne fruisset ne se brise,
Cuntre ciel amunt est resortie.
Quant veit li quens que ne la freindrat mie,
Mult dulcement la pleinst a sei meisme :
"E Durendal, cum es bele e seintisme !
En l'oriet punt asez i ad reliques.....
21L'or absent de l'olifant fendu dans la bataille et l'or présent de la spiritualité de Durendal fixe le dynamisme de l'économie chrétienne où l'absence fissurée de la narration humaine est remplie par la présence de la narration spirituelle. Cette fixation de valeur immortalise également l'identité héroique de Roland.
CLXXIV
Co sent Rollant que la mort le tresprent,
Devers la teste sur le quer li descent.
Desuz un pin i est alet curant,
Sur l'erbe verte s'i est culchet adenz,
Desuz lui met s'espee e l'olifan,
Turnat se teste vers la paiene gent :
Pur ço l'at fait que il voelt veirement
Que Caries diet e trestute sa gent,
Li gentilz quens, qu'il fut mort cunquerant.
Cleimet sa culpe e menut e suvent,
Pur ses pecchez Deu en puroffrid li guant.
22Enfermés par le corps du héros, les valeurs de l'olifant et de l'épée sont le dépôt double qui garantit le cours supérieur des chrétiens dans tous les échanges qui s'étalent à l'infinité. Quand la métamorphose risque de brouiller les pans du texte ouvert en éventail, cette actualisation de la fermeture d'or au dernier moment renforce la stabilité structurale.
23A l'autre bout de la textualité médiévale, Lion de Bourges démontre aussi cette hantise de valeurs qui garantissent la narration de rupture métamorphique sinon des fissures qui deviennent alors le lieu d'épreuve de l'économie qui produit la masse narrative. Les épisodes et les personnages qui lient Lion aux romans et aux épiques médiévaux sont bien établis par Kibler, Picherit et Fenster dans leur édition récente15 mais sa structure esthétique reste à saisir. Une comparaison de l'économie textuelle du Lion avec celui du Roland d'Oxford révèle comment le texte du quatorzième siècle est beaucoup plus ouvert à son contexte contemporain.
24Lion ne commence pas avec une déclaration des relations entre les deux économies opposées comme le Roland. L'auteur se sent obligé de maintenir la valeur supérieure de sa version avant d'exposer les économies des antagonistes. Comme œuvre alors, Lion existe en compétition avec d'autres chansons sur la même matière aussi bien qu'avec toutes les chansons depuis le temps Salomon16 Par contre, le Roland d'Oxford attend son milieu et sa fin pour faire quelques références a des documents (p-ex., 2095-8) et aux objets/ cadavres déposés en église (l'olifant maintenant rempli d'or sur l'autel de St. Seurnin, 3685 ; Roland, Olivier et Turpin enterrés à St. Roman en Blaye, p-ex. CCLXVII) qui peuvent témoigner de sa véracité. Il n'y a jamais question de sa précellence esthétique.17
25L'auteur du Lion se présente comme un nouveau Salomon dans la supériorité de son savoir, dans son pouvoir lyrique et dans son contact avec l'inspiration divine (8).
I
Signour, or faite paix, chevaillier et baron, 1
Bourgois et clerc et prestre, gens de religion,
Et je vous chanterait une bonne chanson :
Teille ne fuit chantée pues le tempz Salmon. 4
Oyr avés chanter dou riche duc Lion
Qui fuit sire de Burge la noble region,
Maix cil qui vous en chante(nt) n'an scevent ung boton
Enver ceu que dirait, s'i plait au roy Jheson ; 8
Si en pores oyr la droite estraccion.
26Avant que la narration valable puisse être produite, l'auteur invoque l'accord social de l'auditoire variée qui doit permettre et reconnaître cette valeur. Ce souci de la structure du groupe de réception n'entre pas en jeu dans le Roland d'Oxford (cf. 1466). Quand même, les proclamations de la valeur suprême de l'oeuvre dans le prologue ne sont pas étrangères à des chansons des troubadours de l'époque Oxfordienne ni aux premiers romans dans le vernaculaire.18 Néanmoins, le désordre social du quatorzième siècle sonne dans l'appel à la paix sociale pour créer un espace où l'artiste peut mettre en valeur l'ordre esthétique. Dans cette époque de guerre interminable, les querelles et les explosions de conflits violents entre ces classes étaient également constantes. Par la haute valeur de cette oeuvre, l'auteur propose ainsi de combler les fissures sociales. L'immensité de cette narration témoigne de l'intensité du vouloir artistique de faire taire les hurlements de son monde violent.
27Il procède alors à une esquisse des relations économiques qui controlleront toute 1'expansion énorme de son ouvrage car son but est de montrer la stabilité de valeur esthétique à travers toutes les forces de désordre. La prolifération des personnages avec les mêmes noms et la répétition des mânes circonstances montrent que c'est une structure qui développe par fissuration plutôt que par une série de transformations.19 Ce procédé textuel reflète aussi la forme du quatorzième siècle ou la peste s'est répétée quatre fois— à différentes époques dans des endroits différents mais toujours dans la même forme double (lymphatique et pulmonaire), où la guerre entre les Français et les Anglais a duré presque tout le siècle et ou les combattants n'ont pas cessé de répéter les mêmes folies et d'imposer des taxes à des populations souvent en révolte. Le fruit de ces mêmes circonstances, les projets de conquête en Italie s'étaient reproduites sans fin comme les appels à la croisade lances par le pape français et le pape italien. Si l'auteur souligne au début l'importance de la répétition dans une forme aussi ouverte à son contexte social que Lion, cela n'a rien d'etonnant.
De son perre Herpin icy commancerons, 10
Coment il fuit banis dou riche roy Charlon,
Et comment il allait a grant perdicion 12
Entre lui et sa femme a la clere fesson ;
Maix puis revint lour filz en teilt pocession
Qu'il rout son yretaige et sa grant mancion,
Car il sonnait le cor que pais n'est de laiton 16
Que sonner ne poioit nulz hons, bien le set on,
C'il n'estoit hoirs de Bourge de droite estraçon ;
Puissedit fuit il roy et tint plux d'un roion,
Et ot trois filz a roy tout d'unne norison. 20
Ci commance l'istoire, ains millour ne dit on :
28L'homogénéité de cette économie textuelle est basée sur l'unité familiale dont chaque génération est garantie par les mêmes valeurs à" travers les mêmes aventures. Les événements se reproduisent dans la même espèce comme les protagonistes eux-mêmes. La plénitude de la possession se fissure en l'isolement appauvri mais l'identité héroique et les biens familiaux restent récuperables à travers le cor magique.
29Malgré la grande différence de longueur entre le Roland (4002) et le Lion (34, 298 !), la forme beaucoup moins complexe du Lion est évidente dans la juxtaposition du contrôle unique opéré par ce cor rendu indestructible par Dieu (27747-72) et le contrôle dédoublé exercé par l'olifant brisé/l'épée indestructible. En plus, la complication économique et existentielle de l'or absent/présent de ces objets rolandiens manque au cor magique qui est censé dépasser la valeur de l'or (p-ex., 27688). Ce concepte d'une stabilité qui échappe à la valeur de l'or, était probablement influencé par la fureur de tout acheter et de tout vendre au prix des florins dans un quatorzième siècle ou la dépopulation causée par la peste a crée un surplus de valeurs — surtout de l'or — en circulation. Cette hantise du prix en florins se manifeste en effet par rapport aux autres objets et aux autres activités dans le Lion. Par contraste, dans le Roland, l'or existe surtout en masse, comme don ou comme ornement de l'équipement guerrier. Les prix y sont très peu mentionnés (cf. XXXIX) dans une économie où on vend principalement sa vie pour le plus grand nombre possible de morts ennemis. L'or reste néanmoins la base de cette économie dans la stabilité complexe de l'olifant et l'épée. Quand l'auteur du Lion insiste alors à la superiorité de l'histoire du Lion (21), c'est peut-être que la base de l'économie héroique n'a pas de valeur en or.
30Si le cor reste extérieur aux complexités dorées des accumulations textuelles, les étapes qui mènent à sa possession exigent le paiement de l'or et c'est bien cet or qui résonne dans le c(or) supérieur à l'or aussi bien que dans les noms et des descriptions des femmes qui aident les heros appauvris avec leur propre plénitude de l'or : Florantine et Florie dont l'isotopie associée est la même—Flor, Florin, Florence (ville), l'or. La fissuration narrative se développe à travers la mobilité de l'or tandis que le cor unifiant est rarement sonné et figure d'habitude comme le but lointain des programmes héroiques. Néanmoins, si l'or du texte résonne dans le cor extérieur au mouvement de l'or, le corrarement sonne sonné toujours dans 1'incomplétude phonétique et morale de la répétition obsessive des isotopies basées sur l'or.
31Après le prologue, l'épopée commence par fissure : Herpin est absent de la cour de Charlemagne. Cette séparation d'Herpin de Charlemagne crée l'opportunité pour la calomnie qui aboutit à un écartement plus grand. Herpin est banni de Bourges et de France avec sa femme qui est sur le point d'accoucher. Puis, il la perd, elle perd leur enfant et elle finit par se déguiser en garcon de cuisine chez l'émir paien de Castile (séparée même de sa religion et de son identite sexuelle) tandis qu'Herpin se fixe dans l'hermitage près de Rome (sevré de son identite sociale). Quand leur bébé, nourri d'abord par un lion et ainsi appelé Lion, est reconnu comme noble par la croix rouge qu'il porte à l'epaule, il est élévé dans un château près de Florence comme le fils d'un aristocrat médiocre, Bauduyn de Monclin. La dynamique de la fissuration continue ainsi car le vide entre Lion et son origine riche ne peut pas être comblé par Bauduyn.
XVII
Ansi li filz Herpin fuit per deden Monclin
Noris et alevéz a loy de pallasin.
A l'escolle fuit mis pour apprandre laitin ;
Dez tablez et dez delz, de l'eschecquier d'or fin
Ait aprins le stille : il fuit de boin destin.
Ains qu'il eust douze ans savoit poindre ung roncin.
Li chevalier s'amaie quant persut son covin,
Maix tant l'ayme en son cuer qu'a vespre et a matin
Ne puet san lui durer ne estre en nulle fin,
Tant amoit l'anffanson de loialz cuer et fin ;
Et l'anffe devint grant, en lui ot bel meschin.
Joste, tornois et feste que font cilz de frant lin
Volt adés poursuyr en demenant grant brin.
Ne contoit ung bouton d'aloweir ung florin
Ne d'ossire a la joste palleffroy ne ronsin.
Si loing c'on faisoit feste se metoit au chemin ;
Mener fait aprés lui doulx solmier ou quarmin.
A la guise d'un conte demenoit son hustin ;
Vingt escuier ou trante le suyent au trayn
Ad cui robez donnoit, et pain et char et vin.
Ces sire qui ll'amoit de cuer san mal angin
Avoit joie en son cuer de son jonne meschin,
Et dist : "Per celui Dieu qui de l'yauwe fist vin,
Mes filz tanrait foialme ansois qu'i prengne fin !"
Et dist : "C'il despandoit d'or. fin plain ung escrin,
S'an serez vous paiér enneut ou au maitin."
32Bauduyn est ruiné par l'intensité des dépenses de Lion (XVI-XXI). La multiplication des fissures productrices de la masse épique ici dépend de l'insuffisance de l'or et des efforts de Lion pour l'obtenir et pour regagner ainsi son pouvoir d'agir en chevalier (c'est-à-dire, tournoyer, donner des festins, etc.).
33Cette fissuration ne procède pas en série comme celle du Roland d'Oxford, mais plutôt par reflet. Par exemple, de l'absence de l'or chez Lion, le narrateur se déplace pour évoquer la plénitude de l'or chez Florantine que Lion gagnera lui-même éventuellement (p-ex. CIV). Après l'introduction de Florantine, une autre plénitude dorée, celle de la cour paienne prend forme—surtout en la personne de la fille de l'emir, Florie. Cette surface, fissurée en facettes par les reflex ions structurelles entre les épisodes, développe selon un programme horizontal qui est parfois réorganisé en série verticale quand les événements extérieurs à la narration propre sont esquissés ou quand l'essentiel du récit est résume.
CCXXV
Au roy et au baron s'avanture contait : 11413
Comment (vint) a Florantine es pallais per dela,
Et comment per Genoivre on lou raivisait,
Et comment Florantine fuyt et escheppait, 11414
Et comment a Clarisse son desduit demenait,
Et comment de prison tous armez le getait.
Pour lez mourdrouz don boix comment on li robait,
Et du malvais chaistel ou il se herbergait, 11420
Et du Blanc Chevalier aussi qu'il encontrait,
Et comment son peschief durement li blafmait.
Et quant li roy l'oyt, grant joie en demenait ;
34Si ce procédé facilite la lecture, il crée un effet esthétique très important dans une narration de cette longueur. Cette forme immense semble fuir hors d'haleine à travers les exigences d'un champ de production textuelle beaucoup plus vaste—celle de son époque.
35Par exemple, si Lion ramasse de l'or pour payer ses dépenses chevaleresques et s'il conduit alors des royaumes en Italie, c'est qu'il s'engage dans une entreprise très couteuse qui a connu un grand nombre de réalisations désastreuses pour les grands seigneurs français. La malignité des paysans opprimes de dettes peinte dans le portrait des parents adoptifs ruines par les goûts seigneuriaux d'un fils perdu de Lion (Olivier), la pauvreté des petits aristocrats comme Bauduyn, le haut prix de l'équipement chevaleresque, les décisions souvent douteuses d'un pape opprimé par les grands seigneurs sont témoignes dans une multitude d'événements au quatorzième siècle. L'unité du cor magique devant l'or qui sonne d'un côté à l'autre de la fissuration historique et textuelle est ainsi l'aspect le plus artificiel de cette oeuvre d'art qui est Lion de Bourges.
XCIV
— Sire, s'ai dit Ganor, foid que doie sant Richier,4827
Il ait ung cor a Bourge ains ou pallais plennier
Qui est de teilt vertu, ceu oi je bien noncier,
Que nulz ne lou poroit sonner ne grailloier,
Se droit hoir n'est de Bourge et du pays anthier. 4828
Le cor est de miraicle, d'un yvoire tres chier,
Et vint de faierie, s'ai oyr retraitier.
Doulx cent ans ait paisser, s'ai oyr tesmoingnier,
Qu'il ait estéit a Bourge qui tant fait a prisier, 4832.
Et serait tant que Dieu vanrait le monde jugier."
36Au quatorzième siècle, la magie était bien valorisée mais aucune force magique n'a produit la plénitude existentielle pour cette humanité angoisée.
37La narration épique s'interrompt avec la citation d'un proverbe qui résume le dynamisme de fissuration basée sur l'or sans mentionner le cor qui porte un remède existentiel seulement au héros.
Pour ceu dit ung proverbe, que on norist tel garson 34294
Que sault puisse dit au maistre guerguechon.
Ici endroit deffine l'istoire de Lion,
Si prions Dieu de gloire qui souffrit passion
Qu'i vuelle tous ceulx garder qui ont oyr ma chanson.
38Les fils perdus nourris par les parents adoptifs dans Lion ruinent leurs parents à cause de l'absence de l'or suffisant a réaliser leurs identités héroiques. Le cas d'Olivier, adopté par un berger, est assez typique et, sur un niveau plus dégradé, répète celui de Lion et Bauduyn.
CCCCXXXI (24194-24202)
— Oyr, dit l'escuier, ammis, que voullés ?
— Per foid, dit Ollivier li preux et li senés,
Se vous me vollez vandre le. armure qu'avés 24196
Et vous riche destrier ou vous estes montéz,
Je l'aicheterait, sire ; bien paiéz en serés
Comment que soie si povrement atornés ;
J'arait bien cent florin ains qu'i soit avesprer." 24200
Et cil li respondit : "Amis, bien dit avés !
Faitez que vous aiez les cent florin contez ;
CCCCXXXII (24230-3 ; 24240)
Or s'an vait Ollivier a grande compangnie
De vaiche, de buef et de telle merchandie.
A la ville s'an vint, que point ne se detrye. 24232
Les vaiche amenait droit a la boucherie.
La ressut Ollivier des florin grant pugnie. 24240
CCCCXL (24597-24602)
Benoy soit li perre qui vous corpz engenrait !
— Elais, dit Ollivier quant celui escoutait,
Ceu fuit li boin vaichier que ja preu n'i arait
Pues que je sai ceu faire et qu'ansement me va.
Vaiche, buef ne berbis ne li demourerait ;
Je li despanderait tout ceu qu'il arait."
39C'est seulement après avoir acquérit et dépense une grande quantité d'or qu'ils atteignent l'absence de l'or qui garantit l'économie héroique, le cor d'ivoire.
40Ce proverbe affiche à la fin ne présente alors que la moitié du système textuel mais telle sera la narration actuelle qui entoure l'auditoire que l'auteur met dans les mains de Dieu. L'importance de la réalité historique au système d'échange de Lion de Bourges est bien démontrée dans ce refus de la totalité artificielle qui termine avec sauvagerie ce qui a commencé dans le rehaussement de la perfection artistique. La possibilité du désaccord social qui a menace l'existence textuelle au commencement cause maintenant sa rupture.
41L'or dans le Roland d'Oxford et le Lion de Bourges est ainsi la matière de la fissuration narrative. Ce qui différencie ces deux oeuvres des époques si diverses, c'est que l'absence et la présence de l'or sont superposées dans la base unifiante du Roland : l'olifant et l'épée Durendal. Dans Lion, ces deux catégories existentielles restent nettement divisées. Enfin cette division détruit l'oeuvre car la textualité unifiée par le cor (or absent) est étouffée par la coincidence du dynamisme historique avec le dynamisme de fissuration artificielle. L'or du texte Rolandien est déposé à l'intérieur de l'histoire chrétienne qui dompte la sauvagerie de la réalité contemporaine par sa valeur éternelle.
Notes de bas de page
1 Pour l'analyse de la narration comme système métamorphique, v. "L'analyse Structurale du Récit", Communications VIII (1966), 1-171 ; "On Narrative and Narratives : II", New Literary History, XI (1980), 387-592 ; Jean-Claude Coquet, Sémiotique Litteraire (Paris : Mame, 1973) ; A.J. Greimas, Du Sens (Paris : Seuil, 1970) ; ed. A.J. Greimas, Essais de Sémiotique Poétique (Paris : Larousse, 1972) ; ed. Josué V. Harari, Textual Strategies : Perspectives in Post-Struc-turalist Criticism (Ithaca, N.Y. : Cornell U.P., 1979), v. surtout pp. 7-72 ou Harari met en question l'approche transformationelle. Au sujet du problème de la structure épique et du débat sur la métamorphose dans le Roland, v. Paul Zumthor, Essai de Poétique Médiévale (Paris : Seuil, 1972) ; P. Karl Uitti, Story, Myth and Celebration : Old French Narrative Poetry (Princeton, N.J. : Princeton U.P., 1973) ; Larry S. Crist, "Deep Structure in the Chansons de Geste : Hypothesis for a Taxonomy", Olifant, 3 (1975), 3-35 ; Joseph J. Duggan, The Song of Roland : Formulaic Style and Poetic Craft (Berkeley/L.A./London : U. of California P., 1973) ; ed. Gérard J. Brault, The Song of Roland : An Analytical Edition, vols. I,II (University Park/London : Pennsylvania State University P., 1978) — v. compte rendu par William C. Calin, Olifant VII (1980), 359-64 ; ed. Pierre Jonin, La Chanson de Roland (Paris : Gallimard, 1979) ; Eugene Vance, "Roland and the Poetics of Memory", Textual Strategies, 374-403 ; Patricia Harris Stablein, "The Structure of the Hero in the Chanson de Roland : Heroic Being and Becoming", Olifant V(1977), 105-119. Pour une analyse du système meta-morphique/non-métamorphique dans la littérature médiévale, v. Patricia Harris Stàblein, "Catastrophe Theory in Reading Narratives : A Way to Figure Out Raoul de Cambrai and Its Role in the Lyrics of Bertran de Born", a paraître, Olifant ; "Transformation and Stasis in Cliges", Mélanges Lewis Thorpe, ed. K. Varty (Glasgow : U. of Glasgow P., 1981), 151-60 ; Stephen G. Nichols, Jr., "Rhetorical Metamorphosis in the Troubadour Lyric", Mélanges Le Gentil (Paris : SEDES, 1973), 569-85.
2 v. Brault, I ; Eugene Vance, "Roland, Charlemagne and the Poetics of Illumination", Olifant VI (1979), 213-25 ; Larry S. Crist, "Halt Sunt Li Pui : Remarques sur les Structures Lyriques de la Chanson de Roland", Actes du VIIIe Congrès de la Société Rencesvals (Pamplona : Institucion Principe de Viana Diputacion Forai de Navarra, 1981), 93-100.
3 v. Brault, I.
4 Cf. Roman Ingarden, The Literary Work of Art (Evanston : Northwestern U.P., 1973), 217-304 ; The Cognition of the Literary Work of Art (Evanston : Northwestern U.P., 1973), 19-145.
5 René Girard, La Violence et Le Sacré (Paris : Grasset, 1972) ; W.T.H. Jackson, The Hero and the King : An Epic Theme (New York, Columbia U.P., 1982) : Ed. Norman T. Burns and Christopher Regan, Concepts of the Hero in the Middle Ages and the Renaissance (Albany, N.Y. : S.U.N.Y. P., 1975) ; Thomas M. Greene, The Descent from Heaven : A Study in Epic Continuity (New Haven/London : Yale U.P., 1963).
6 Cf. Vance, "Poetics".
7 v. Jacques Derrida, De la Grammatologie (Paris : Ed. de Minuit, 1967), 203-34 (II, cap. 2, "Ce dangereux supplément...") ; "The Supplement of Copula : Philosophy Before Linguistics", Textual Strategies, 82-120 ; Josué Harari, "Critical Factions/Critical Fictions", Textual Strategies, 7-72 ; sur Rabel et Guinemanz, v. Brault, pp. 288 et 459.
8 Stablein, "The Structure of the Hero".
9 Lucien Dallenbach, Le Récit Spéculaire (Paris : Seuil, 1977) ; René Girard, Violence, 213-48, 373-481 ; "To Double Business Bound" : Essays on Literature, Mimesis and Anthro-pology (Baltimore : The Johns Hopkins U.P., 1978).
10 Cf. Discussion des structures économiques dans la littérature médiévale : Larry S. Crist, "Pathelinian Semiotics : Elements for an Analysis of Maistre Pierre Pathelin", L'Esprit Créateur XVIII (1978), 69-81 ; Peter Haidu, "The Narrative of the Appropriated Self : Chretien de Troyes' "D'Amor qui m'a tolu a moi, Stanza I", L'Esprit Créateur, XVIII (1978), 19-27 ; Suzanne Fleischman, "Dialectic Structures in Flamenca", Romanische Forschungen 92(1980), 223-46 ; Gerald Antoine, "La Place de l'argent dans la littérature française médiévale", Mélanges Rychner I (Strasbourg/Paris : Centre de Philologie et de Littératures Romanes/à Klinck-sieck, 1978), 17-31. Sur le problème du guarant, v. Wolfgang Van Emden, "E Cil de France le Cleiment a Guarant : Roland, Vivien et le thème du guarant," Actes du VIe Congres Société Rencevals (Aix-en-Provence : U. de Provence, 1974).
11 ed. Joseph Bédier (Paris : Edition d'Art H. Piazza, 1966).
12 v. commentaire de Brault sur ce passage (I, 128-30). Bien que je ne sois pas nécessairement d'accord avec les constations de M. Brault, il souligne très bien le rôle important de la convoitise matérielle dans le Roland ici et ailleurs.
13 Larry S. Crist, "Roland, héros du vouloir : contribution à l'analyse structurale de la Chanson de Roland", Marche Romane (1978), 77-101.
14 "Roland's Vermeille Pume", Olifant VII (1980), 203-11. Cf. Brault I, 141-3.
15 Lion de Bourges : Poeme Epique du xive Siècle, ed. critique par William W. Kibler, Jean-Louis G. Picherit et Thelma S. Fenster, tome I, II (Geneve : Librairie Droz, 1980) ; cf. compte rendu par Larry S. Crist, Olifant, à paraître ; cf. compte rendu par Patricia Harris Stablein, French Review, à paraître.
16 v. Albert B. Lord, The Singer of Tales (Cambridge, Mass. : Harvard U.P., 1960).
17 v., p-ex., Stephen G. Nichols, Jr., "The Spirit of Truth : Epic Modes in Medieval Literature", New Literary History I (1970), 365-86.
18 V., p-ex., ed. Nicolò Pasero, Guglielmo IX, Poesie : Edizione Critica (Modena : S.T.E.M.-Mucchi, 1973), VI, Ben vueill que sapchon li pluzor ; eds. William D. Paden, Jr., Tilde A. Sankovitch, Patricia H. Stablein, La Poésie de Bertran de Born (Berkeley/L.A./London : U. de California P., a paraitre 1983), III Un sirventes on motz non faill ; Chrétien de Troyes, Le Roman de Perceval, ed. William Roach (Geneve/Paris : Droz-Minard, 1959), w. 1-68 ; Guillaume D'Angleterre, ed. Maurice Wilmotte (Paris : Champion, 1962), w. 1-17.
19 L'orientation sur l'epoque de Lion est basée sur le portrait presenté dans A Distant Mirror par Barbara Tuchman (New York : Knopf, 1978) ; cf. le compte rendu par Charles Wood qui critique fortement Mme. Tuchman mais qui ne dispute pas les faits historiques du XIVe, Speculum, LIV (1979), 430-5.
Auteur
Université de grand junction, Colorado
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Fantasmagories du Moyen Âge
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Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
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Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003