Or et code moral dans les Pragmaticas des rois catholiques
p. 273-292
Texte intégral
I
1Les Pragmaticas dans le système législatif espagnol apparaissent au xiv ème siècle. Elles s'ajoutent aux lois votées pas les Cortes et permettent aux Monarques de légiférer sur des questions d'intérêt général avec autant de force que si la Loi avait été votée par les Cortes.
2Ce sont donc en réalité des Ordonnances Royales.
3Celles des Rois Catholiques sont pour nous une source précieuse d'information : de nombreux textes ne nous sont connus que par elles, et leur reproduction in extenso nous permet de connaître les motivations de certaines décisions qui révèlent l'état moral et politique de la Castille à cette époque.
4A première vue, le nombre considérable d'Ordonnances reproduites dans les Pragmaticas ne répond pas à un plan d'ensemble, et les différents textes se présentent à nous pêle-mêle.
5Toutes cependant répondent au même impératif : elles ont été rédigées pour le bon gouvernement du royaume, comme le précise l'Introduction à l'édition de 1511.1
6Une bonne partie d'entre elles a pour mission de moraliser certaines pratiques qui existent au sujet et autour de l'or, ainsi que les corps de métiers qui lui sont associés.
7Elles s'étendent, pour l'essentiel, sur 15 ans du règne des Rois Catholiques : de 1488 à 1503. Années où tout bascule en Castille et où tout devient différent à la suite de deux évènements majeurs survenus la même année, en 1492 : Prise de Grenade et découverte du Nouveau Monde.
8Ces faits de premier ordre vont bouleverser certaines habitudes et l'or sert alors de miroir à ces bouleversements, que ce soit en tant que monnaie, que ce soit en tant qu'ornement sous forme de bijoux ou d'étoffes rehaussées d'or.
II
9La prise de Grenade a provoqué à l'époque, chez les espagnols, des sentiments non étudiés encore, où le soulagement le dispute à l'euphorie.
10Quelques années plus tôt, un témoignage littéraire de l'importance de la Celestina présente encore comme impossible la prise de Grenade2, et voici qu'elle survient.
11Sept longs siècles de lutte armée se terminent tout à coup.
12Le sentiment que la guerre est finie à jamais, gagne les espagnols qui, ne se sentant plus motivés militairement, vendent chevaux et armures, ce qui produit un impact économique certain dans le pays.
13Nombre de nobles, grands et petits, qui avaient reçu, pendant des siècles, des terres et des rentes des rois d'Espagne pour soutenir l'effort de guerre, et maintenir en permanence des troupes avec leurs armes et leurs chevaux, se sentent libérés de ces obligations militaires et veulent consacrer à la vie civile l'argent et les rentes qui auparavant allaient à l'effort de guerre.
14En Mai 1493, depuis Barcelona, une Ordonnance des Rois Catholiques fait savoir que beaucoup d'espagnols, à la suite de la chute de Grenade, sont en train de vendre leurs chevaux et leurs armes, et de liquider par là leur armée3.
15Ainsi, à partir de 1493, par ces deux voies : vente de chevaux et d'armes et libération de rentes, un afflux de monaie-or se deverse sur le marché espagnol.
16Or, -reprenant ce qu'un historien connu a dit de ces années- : "Pour qu'un afflux d'or ait un sens économique profond il faut qu'il ait une raison économique profonde, qu'il corresponde à un élan d'échange et de production, non à une injection guerrière"4.
17Ici, c'était un élan effréné de consommation. Cependant la Société étant ce qu'elle était, la consommation s'oriente surtout vers l'or sous forme de bijoux et d'étoffes de prix ornées d'or.
18On recherche tout ce qui éloigne d'une société de guerre et rapproche d'une société de temps de paix, raffinée et civilisée, dont bijoux et parures sont les témoins.
19Aussi, un an après l'Ordonnance sur la vente d'armes et de chevaux, et seulement deux ans après la chute de Grenade, les Rois Catholiques sont-ils obligés de constater dans une autre Ordonnance que leurs sujets, tout dernièrement, ont perdu la tête, pris par la folie des achats d'étoffes rehaussées d'or et de bijoux en or massif ou recouverts d'or :
"A todos es notorio cuanto de poco tiempo a estas partes todos estados e profesiones de personas nuestros subditos e naturales se han desmedido e desordenado en sus ropas e trajes y guarniciones y jaeces, no midiendo sus gastos.....mal baratando sus rentas y otros vende η y empeñan y gastan sus bienes y patrimonios ο rentas vendiendolo y gastandolo para comprar brocados e paños de oro, e berdados de hilo de oro e de plata para se vestir, para dorar espadas, espuelas y puñales"5.
20Une telle pratique n'allait pas sans danger pour les moeurs austères d'une société chrétienne telle que l'était celle-ci, et pour l'économie du pays aussi.
21Les Rois Catholiques vont essayer d'y remédier : entre 1494 et 1499 une série d'Ordonnances s'attaquent à la réforme de cette conduite nouvelle des espagnols dans sa pratique morale et économique.
22L'ordonnance de 1499, qui fait suite à celle de 1494 et à ce que les Cortes réunies à Tolède avaient déjà décidé en 1498, donne à la pratique nouvelle des espagnols sa dimension morale en la présentant comme un gaspillage insensé et déraisonnable de rentes et de biens, et comme un luxe contraire à la simplicité et à la modération propres à une société chrétienne6
23Aussi les Rois Catholiques vont-ils non seulement interdire -et cela depuis les Infantes, les ducs, les comtes, etc. jusqu'au plus humble de leurs sujets- de s'habiller avec des tissus parés d'or7, mais en plus limiter le nombre de vêtements d'apparat que l'on peut porter sur soi, à un seul8.
24A ce niveau-là, un problème de société et de conscience semble s'être posé en Espagne, problème qui n'a pas manqué d'inquiéter les Rois Catholiques.
25Le Problème de société a été le suivant : Par une Ordonance de 1500 nous savons que les "Justicias del reino" ont mis un zèle extraordinaire dans l'exécution de l'Ordonnance de 1499. Ces argousins ont perquisitionné dans les maisons et emporté tout vêtement orné d'or. Et ne trouvant pas cela suffisant, ils ont même arraché les bijoux d'or que les femmes portaient aux oreilles ou dans leurs coiffes9.
26De sorte que des Provinces entières, dans le Nord, des Asturies au Guipuzcoa, viennent se plaindre aux Rois Catholiques car, diront-elles, -et cela est important pour mesurer déjà la différence socio-économique entre les provinces du Nord et la Castille-, cet or et ces bijoux que les "justicias" leur prennent, n'ont pas été achetés au détriment de leurs biens, mais leur viennent par héritage et leur ont été transmis de père en fils10
27Face à cette contestation de toutes les Provinces du Nord, les Rois Catholiques doivent consentir certains aménagements aux Ordonnances de 94 et 99, en permettant aux femmes le port de bijoux et de quelques ornements d'or dans les coiffes, et pour celles dont le mari aurait un cheval, c'est-à-dire, pour les classes sociales plus élevées, une ceinture tissée d'or11.
28Quant au problème de conscience nous ne le trouverons pas directement exprimé dans les Ordonnances mais indirectement, en cherchant dans les écrits de l'un des inspirateurs de ces Ordonnances.
29En effet, les Rois Catholiques, dans l'Ordonnance de 1499 justifient leur décision en s'appuyant non seulement sur les Cortes de 1498, mais aussi sur les Conseils et avis des Prélats et Grands d'Espagne. Rien de tel ne se trouvait dans la première Ordonnance de 1494, où la décision était prise de motu proprio.
30Pourquoi cette insistance à se justifier ? On la comprendra en lisant les écrits de l'un de ces Prélats-Conseillers, -sans doute le premier d'entr'eux- le directeur spirituel des Rois Catholiques, fray Hernando de Talavera, premier archevêque de Grenade12.
31Deux livres sont intéressants de ce point de vue. Le premier, Breve forma de Confesar, -adressé à Isabel et Fernando dont il était le confesseur-, est un code de morale dont le contenu apparaît parfois dans certaines Ordonnances des Rois Catholiques. Il y est affirmé déjà, par exemple, que le luxe et l'excès dans l'habillement est un péché contre le premier commandement.
32Mais c'est sans nul doute et de loin son deuxième livre qui nous explique le mieux la nature du problème de conscience que l'Ordonnance de 1494 a fait naître, et par la suite l'insistance mise par les Rois Catholiques à se justifier devant l'opinion publique au moment de renouveler en 1499 les décisions prises cinq ans auparavant.
33Son titre est déjà explicite : "Contra la demasia de vestir y de calçar". Nous y apprenons qu'il y a eu des gens qui n'ont pas voulu obéir et qui ont constesté le bien-fondé juridique et moral de l'Ordonnance13. Et cela pour une raison simple : chacun est libre de s'habiller comme il l'entend, à son gré, puisqu'il n'y a pas, en la matière, de norme, de règle ou de loi14.
34Fray Hernando de Talavera leur accorde que ce raisonnement est juste : l'habillement est une affaire personnelle et libre, mais il ajoute aussitôt que chaque fois que cette liberté dépasse ce qui est raisonnable et naturel, la faute apparaît15. Ce qui est en train de se passer en Espagne où l'ont voit les Dueñas sortir à la rue parées avec beaucoup trop de pompe et chaque jour porter des robes différentes16.
35Sur cette base, Fray Hernando de Talavera tient un raisonnement à la fois moral et politique. S'habiller avec tant de luxe et à ce prix est mauvais du point de vue moral ainsi que Saint Paul l'a dit : "Reprehende en las dueñas diciendo que no traigan oro ni perlas ni vestiduras preciosas"17.
36Mais, d'un point de vue politique, la condamnation est sans appel car ce que certains ont en trop, aussi bien dans l'habillement que dans les biens précieux, tels l'or et l'argent, ils l'ont pris sur la misère des autres et cette trop grande richesse doit être rendue à ces derniers : "Y es del desnudo la vestidura que puedes excusar y del menesteroso la plata y el oro que tienes en tesoro ; y a tantos robas e injurias a cuantos menesterosos no comunicas lo que podrias"18.
37C'est pourquoi l'intervention des Rois était non seulement souhaitable, mais encore nécessaire pour mettre un frein à cette ostentation d'or et de richesses dans les étoffes et préserver la santé morale du royaume qui, d'après Talavera, est toujours à l'image du Prince19.
38Une autre motivation qui pousse les Rois Catholiques à agir, -avions-nous dit-, c'était de remédier aux dangers économiques que représentait une telle pratique du luxe au moyen de l'or.
39Il faut rappeler à ce propos ce qu'un Historien a dit sur l'Or en Europe avant 1500 : La quantité en était tellement réduite qu'elle eût tenu dans un bloc de 2 m. de côté. Cela veut dire que de très faibles apports, de très faibles déplacements, pouvaient bouleverser le marché de l'or20.
40C'est dans cette optique et dans ces circonstances que les Rois Catholiques, -parce qu'il y avait perte abondante d'or, sans profit-, vont interdire non seulement les étoffes rehaussées d'or mais encore la fabrication des bijoux recouverts d'or21.
41C'est aussi pour la même raison : stabiliser le marché de l'or, qu'ils vont intervenir et mettre de l'ordre dans la joaillerie car voici que les bijoutiers vendent des bijoux en or, trompant le client sur le titre de ces bijoux : les alliages qui vont de 12 à 24 carats dépendent seulement de la probité du bijoutier22.
42Pour remédier à ces abus il leur est fait obligation de vendre dorénavant des bijoux en or de 24, 22, et 20 carats et jamais en dessous23.
43Mais c'est surtout aux Marchands qu'ils vont s'attaquer.
44A cet élan de consommation des espagnols que nous évoquons, à cette "faim de l'or", à la charnière du xv ème et xvi ème siècles, dont P. Vilar parle24, repondent massivement les marchands étrangers, bête noire des Rois Catholiques. Ils arrivent en nombre car nous savons que les marchés espagnols regorgent de tissus parés d'or et brodés de fils d'or25.
45C'est pourquoi il leur est interdit en 94 l'importation de tissus rehaussés d'or, au détriment même du Trésor royal de par les droits non perçus sur ces marchandises interdites26.
46Mais plus grave encore pour l'économie espagnole : ces marchands exportent des capitaux, se livrent au trafic de devises, puisque le prix des marchandises apportées est rapatrié en pièces d'or de Castille27.
47Quinze ans durant, de 1488 à 1503, les Rois Catholiques ne publieront pas moins de six Ordonnances qui vont toutes dans le même sens : les nombreux marchands étrangers, surtout français et anglais, qui débarquent dans les ports du Nord de l'Espagne ne pourront plus sortir de pièces d'or28. Il leur faut pratiquement faire du troc et exporter autant de marchandises espagnoles qu'ils importent.
48Cette sortie d'or espagnol, -si convoité hors du royaume-, finit par créer une sorte de pénurie, ainsi que le font savoir les Consuls et Marchands de Burgos aux Rois Catholiques : entre 94 et 98, années pendant lesquelles les marchands ont semblé se plier aux règles du jeu, ce commerce d'import-export avec l'étranger a laissé aux castillans un bénéfice de 80.000 marcs d'argent. Mais depuis 1498 ils emportent pièces d'or et d'argent au point que dans Burgos on ne trouve plus de "reales de una pieza de oro"29.
49Les marchands étrangers ont résisté à ces Ordonnances en essayent de trouver un équilibre entre ce qu'ils apportent et ce qu'ils sont obligés d'exporter : en 1498 ils ne voulaient sortir que pour 5 % de leurs marchandises en marchandises espagnoles, le reste en pièces d'or et d'argent. Ce taux assez bas a été remonté par la suite car nous savons qu'en 1501 ils acceptent d'exporter jusqu'à 25 % de marchandises espagnoles pour couvrir leurs importations, le reste toujours en pièces d'or30.
50Comme nous le voyons, par ce biais le problème de l'or-monnaie en Castille est soulevé. Les Rois Catholiques vont essayer par d'autres Ordonnances de maîtriser son cours et de moraliser certains de ses aspects et certaines de ses pratiques.
III
51La réforme monétaire des Rois Catholiques connaît deux moments importants mais bien distincts : 1488 et 1497, dates qui reflètent clairement les changements historiques que le Pays est en train de vivre.
52En 1488 la Castille sort à peine du chaos où les luttes politiques internes du temps de Juan II et Enrique IV avaient plongé le système monétaire du royaume.
53Les Rois Catholiques confrontés à ce grand désordre monétaire vont essayer d'en sortir le Pays en promulgant un ensemble d'Ordonnances : les unes traitant plus particulièrement du problème de la monnaie, et les autres des corps de métiers qui gravitaient autour de l'or-monnaie : les Cambiadores et les Monederos. Et dans toutes, souci d'ordre moral et souci d'ordre économique se juxtaposent.
54Deux Ordonnances promulguées la même année, en 1488, la première à Valence au mois d'avril, et la seconde en Octobre à Valladolid, vont essayer de mettre un terme au dérèglement monétaire que connaît la Castille.
55Celui-ci présentait trois défauts majeurs : l'existence, tout d'abord, parmi les monnaies en cours, d'une Dobia de la banda frappée par Juan II, qui était en quelque sorte non pas une monnaie dévaluée mais de la fausse monnaie puisqu'elle titrait non pas à 23 3/4 carats, soit de l'or presque pur, mais à 19 carats, soit pour le même poids beaucoup moins d'or.
56Le deuxième grand inconvénient était le trop grand nombre et la trop grande diversité de monnaies d'or en circulation, non seulement castillanes, mais encore des autres pays d'Europe.
57Parmi les pièces en circulation recensées par les Rois Catholiques eux-mêmes dans l'Ordonnance d'Octobre 1488, on ne compte pas moins de neuf monnaies différentes venant d'Italie, de France, du Portugal et de l'Aragon31. Aux quelles il conviendrait d'ajouter d'autres monnaies, anglaises notamment, qui ne figurent pas dans cette liste mais qui circulaient en Castille32.
58Toutes ces monnaies lorsqu'elles titraient à 24 carats n'avaient pas le même poids, donc leur valeur réelle était très différente.
59Le troisième inconvénient se trouvait dans la frappe elle-même, souvent défectueuse ou mal faite, ce qui entraînait un taux de dépréciation de la pièce en question, taux que les agents de change d'alors, les Cambiadores, appliquaient à leur guise sans règle ni contrôle.
60A ces trois inconvénients majeurs les Rois Catholiques vont remédier avec le souci d'éviter la fraude dans les transactions commerciales et dans les rapports humains noués autour de l'or.
61Tout d'abord, ils reviennent au type de monnaie classique en Castille, le Castellano, Dobia ou Excelente, qui avait toujours titré à 23 3/4 carats et à 1/50 ème du marc, en d'autres termes, une monnaie d'or presque pur pesant 4,5 grammes d'or la pièce33.
62Quant à la diversité des monnaies une grande réforme dans les poids officiels est entreprise : tout d'abord on fabrique un Marc de 8 onces, qui restera à la Cour, et qui servira d'étalon à tous les autres Marcs du royaume. En même temps que ce Marc-étalon on fabrique 8 nouveaux poids-étalons correspondant au poids exact des 8 monnaies mentionnées qui avaient cours en Castille.
63Pour compléter la série des poids on fabrique des grains en laiton ou autre métal, et l'on supprime les grains de blé qui servaient à la pesée auparavant, de même que l'on supprime tous les autres poids employés jusqu'alors34.
64Cette réforme des poids, dont le but était de connaître avec exactitude la quantité d'or qui correspondait à chaque pièce d'or, c'est-à-dire, sa valeur réelle en or et non sa valeur nominale, s'est accompagnée d'une autre qui conduisait la frappe et la distribution par le biais surtout de ceux qui s'en occupaient : Monederos et Cambiadores.
65Les Cambiadores sont certainement avec les Marchands deux professions que les Rois Catholiques n'affectionnent pas particulièrement. Ils sont constamment accusés de fraude et leur profession sans cesse réglementée de 1488 à 1503 pour lui donner un certain contenu moral.
66Quels sont les manquements qu'on leur reproche ? Tout d'abord de se livrer à un trafic de grande envergure sur les pièces d'or mal frappées ou abîmées. Pour obtenir d'eux des pièces bien frappées il fallait leur payer des droits : cela coûtait entre 15 et 20 maravedis le millier de pièces d'or bien frappées.
67Le problème de ces pièces d'or mal frappées est un fait reconnu par les Rois Catholiques eux-mêmes : ils parlent par exemple d'une pièce d'or, "la descabezada de las de Segovia" qui était une Dobia frappée à Ségovie en 1455 par Enrique IV, mais sans l'effigie du roi35.
68Aussi acceptent-ils que l'on puisse donner pour dix bonnes pièces d'or une pièce mauvaise, mais ils réduisent en même temps les droits des Cambiadores à 5 maravedis par millier de bonnes pièces36.
69Ce trafic de pièces d'or mal frappées auquel se livrent les Cambiadores ira même plus loin : lorsque la deuxième grande réforme de 1497 introduira sur le marché espagnol des pièces plus parfaites et plus modernes, alors les Cambiadores trient les pièces pour faire partir les bonnes à l'étranger et les mauvaises sont gardées pour servir au change dans le royaume. D'où l'ordre qui est donné d'interdire cette profession aux étrangers en Castille37.
70Un autre grief important a trait aux poids. Bien que l'Ordonnance d'avril 1488 leur fît obligation d'avoir dans leurs officines, visible sur le comptoir38, la série complète des nouveaux poids (marc de 8 onces, 8 pièces de monnaies et 4 poids en laiton pour les grains), ils ont vite tourné cette obligation de la façon suivante : lorsqu'ils achètent des pièces d'or tout se fait régulièrement dans l'officine en utilisant les nouveaux poids, mais lorsqu'ils sont vendeurs les transactions se font alors chez eux avec des poids faux39.
71Les Rois Catholiques avaient bien prévu dans l'Ordonnance d'avril 1488 des contrôles à l'improviste par le Maire accompagné d'un autre agent municipal, mais sans résultat apparent si nous en jugeons par cette Ordonnance promulguée à Séville en 1491, et confirmée par une autre, onze ans plus tard, en 150240, où ils demandaient encore l'inspection des officines de change pour s'assurer de la conformité des poids.
72Avec les Monederos le problème est tout autre. Ce corps de métier, en contact et en rapport direct avec l'or et la frappe de monnaie, avait été amplement privilégié au début du xv ème siècle, par une charte de 1404.
73Ces privilèges, qui devaient de toute évidence servir à supprimer d'éventuelles velléités de fraude et de falsification monétaire, étaient exhorbitants. Jugeons-en :
- Exonération de toute sorte d'impôt.
- Jurisdiction propre accordée à ce corps de métier aussi bien pour les affaires civiles que les criminelles.
- Nombreux avantages pour leurs biens, leurs maisons, leur bétail, etc.
74De sorte qu'un trafic immédiat et important s'organise autour de la charge de Monedero pour jouir de ces avantages fiscaux et juridictionnels. Le titre est donc mis en vente et les acheteurs sont bien_ sûr les "pecheros mayores", soit les plus gros contribuables du royaume qui n'ont rien de commun avec un ouvrier qualifié.
75Juan II et Enrique IV essaient bien évidement d'y remédier en demandant en particulier une liste nominative des Monederos en exercice dans les Casas de Moneda et en exigeant que le recrutement se fasse parmi les "pecheros medianos y menores".
76Mais le pouvoir politique était trop affaibli pour parvenir à un résultat.
77En 1480 les Rois Catholiques sont obligés de constater que la situation n'a guère évolué : les riches et les gros contribuables, sans aucune connaissance du métier, se font Monederos, uniquement pour être exemptés d'impôts et jouir des privilèges juridictionnels41. Et cela au détriment des gens pauvres qui supportent le poids de l'impôt à la place de ces gros contribuables exonérés par ce biais de l'imposition42.
78Dès 1494, lorsque pouvoir politique et économique se raffermissent dans le Pays, et plus encore en 1497, deux nouvelles Ordonnances vont mettre un terme à ces abus et réduire considérablement les privilèges économiques et juridictionnels des Monederos, de la façon suivante :
- L'exonération d'impôt est maintenue mais elle ne se transmet pas aux héritiers, comme c'était le cas auparavant.
- La jurisdiction propre à ce corps de métier est maintenue pour les affires civiles. Elle est supprimée pour les affaires criminelles et pour les délits économiques contre l'Etat, c'est-à-dire, la fraude et la fausse monnaie.
- Ils fixent autoritairement le nombre de Monederos à ne pas dépasser dans les Casas de Moneda. Par exemple, pour Séville et Burgos 160, et pour Grenade 100.
- Enfin, un contrôle effectif de résidence est exigé43 tous les deux ans dans les villes où sont installées les Casas de Moneda44.
79Ainsi donc ta réforme de 1488 est avant tout un essai de clarification et de mise en ordre à l'intérieur du système monétaire castillan par la suppression de la fraude née autour du poids de l'or-monnaie et par la réforme de certains corps de métiers qui y contribuent.
80Par contre, la réforme de 1497 est de toute autre nature.
81Nous savons45 qu'en Europe, au xv ème siècle, la chute des prix par rapport à l'or est constante. Autrement dit, les hommes qui disposent d'or achètent de plus en plus de marchandises46 avec la même quantité d'or tout au long du siècle. Il était donc normal que cette valorisation des métaux précieux ait poussé les gens à rechercher l'or.
82Dans ces conditions, l'arrivée de Christophe Colomb au camp de Santa Fe, sous Grenade assiégée, n'est pas un hasard extra-économique : c'est le couronnement d'un processus de l'économie espagnole, et occidentale en général, à la recherche de l'or et des épices.
83Christophe Colomb est l'instrument d'hommes d'affaires de l'entourage de Ferdinand le Catholique, animés par cette soif de l'or et l'espoir du commerce des épices47.
84Le fait que la découverte de l'Amérique ait lieu l'année de la prise de Grenade est donc l'oeuvre d'un même dessein : expansion économique, commerciale et territoriale.
85A ce point de vue, et en ce qui concerne l'Amérique, les évènements commencent à prendre tournure lors du deuxième voyage de Colomb, de 1493 à 1496. On a pu dire qu'à l'occasion de ce deuxième voyage la recherche d'un passage vers l'Inde et l'idée de Mission ont cédé la place à la" volonté d'exploiter, de coloniser, de faire du commerce48.
86Aussi le retour de Colomb en 1496, qui en ces trois ans d'expédition a eu le temps de draîner tout l'or produit en mille ans par les indiens des îles des Antilles, est-il un triomphe49.
87C'est donc dans ce contexte et à l'intérieur de ces deux phénomènes concomitants : -valorisation de l'or et arrivée du premier or et des premières marchandises d'Amérique-, que se situe la deuxième grande réforme monétaire des Rois Catholiques en 1497.
88A quoi répond-elle ? A la recherche d'une monnaie plus compétitive d'un point de vue commercial.
89En effet, la monnaie espagnole, le Castellano, en 1497 se trouve surévaluée et cela pas seulement du fait de la valorisation de l'or : alors que les deux grandes monnaies commerciales de l'époque, le ducat de Venise et le cruzado portugais, titrent à 23 3/4 carats pour un poids de 3,54 grammes d'or fin, le Castellano, frappé à 1/50 ème du Marc, titre aussi à 23 3/4 carats, mais pour un poids de 4,485 grammes d'or.
90Il sera donc question de se doter de moyens monétaires comparables à ceux des autres nations commerciales : Portugal et Cités Italiennes, et nécessaires à une politique commerciale qui s'annonce en pleine expansion, après ce retour de Colomb en 149650.
91Pour ce faire les Rois Catholiques vont frapper une nouvelle monnaie : l'Excelente de la Granada, titrant toujours à 23 3/4 carats, mais dont le poids sera non pas 1/50 ème du Marc mais 1/65,3 ème du Marc, soit de 3,43 grammes d'or.
92Ce faisant ils augmentent en même temps de 30 % la masse monétaire entraînant une plus grande circulation de la monnaie et par voie de conséquence une réactivation du commerce.51
93Ces deux aspects : compétitivité commerciale de la monnaie sur le plan international et réactivation du commerce par injection d'une masse monétaire plus grande, transparaissent dans la rédaction de l'Ordonnance portant création de la nouvelle monnaie d'or : les Rois Catholiques décident d'aligner leur monnaie sur le ducat parce que celui-ci est : "el mas comun por todos los reinos cristianos, y el mas usado en todas las contrataciones"52.
94Et si la quantité d'or est abaissée de 4,48 grammes à 3,43 grammes c'est en raison du besoin qui se faisait sentir dans le royaume d'accroître la masse monétaire : "En es-tos nuestros dichos reinos hay falta de moneda asi de oro e plata como de vellon, por lo que tratos y contrataciones de unas personas con otras disminuyen, y los pueblos y es-pecialmente la gente pobre recibe daño"53.
95Pour réussir cette réforme monétaire et garantir la qualité de la monnaie dans le royaume et au dehors, une série de sévères mesures tant sur le plan technique que sur le plan humain, vont être prises pour assurer la perfection de l'Excelente de la Granada.
96Sur le plan technique on veut obtenir la perfection dans le poids : le défaut ou l'excès d'un Tomin par Marc d'or frappé, soit 0,596 grammes par défaut ou par excès sur 230 grammes, entraînait la refonte de la monnaie.
97La perfection aussi dans la forme. Les Pièces devaient sortie toutes identiques, les unes aux autres, comme si un même et seul sceau les avait frappées. Dans le cas contraire, si l'on trouvait dans le royaume trois pièces d'or mal frappées provenant de la même Casa de Moneda, celle-ci était fermée pour un an54
98Perfection enfin dans la pureté de l'or qui est très contrôlée aussi55.
99Sur le plan humain, l'Ordonnance exige un savoir-faire et une probité irréprochables des ouvriers, des administrateurs et des vigiles qui interviennent dans la chaîne de fabrication.
100Savoir-faire et probité garantis et assurés par des contrôles multiples et par des peines très sévères. Citons quelques exemples :
- La monnaie n'est frappée ni livrée que "de sol a sol"
- Dans chaque Casa de Moneda il y a un Notaire (Escribano) qui note et authentifie par écrit les arrivées d'or, les comptes, les livraisons de monnaie, etc.
- -S'il y a négligence dans la pesée, les "Oficiales" doivent payer une amende de 10.000 maravedis par Marc pesé.
- La monnaie une fois frappée est gardée dans l'Arca del Encerramiento qui ferme avec trois serrures et dont les trois clefs sont respectivement sous la garde de l'Escribano, des Guardas et de l'Ensayador.
- Les villes doivent nommer des Diputados chargés de venir à l'improviste inspecter les Casas de Moneda et contrôler la frappe56.
IV
101Au terme de cette étude sur l'or dans las Pragmaticas des Rois Catholiques on peut dire que ceux-ci l'abordent en tant que fait de société et en tant que fait économique.
102Mais lorsque l'on parle de l'or la frontière est bien mince entre d'une part la morale publique et de l'autre l'intérêt économique du royaume.
103Dans le cas présent, à la charnière des xv ème et xvi ème siècles, souci moral et souci économique au sujet de l'or se confondent. Le Bien Commun est à l'époque des Rois Catholiques un mélange des deux et passe même avant l'intérêt économique de la couronne.
104Les mœurs bien réglées de la Nation servent l'économie, semblent penser les Rois Catholiques dans ces Pragmaticas.
Notes de bas de page
1 Libro de Bulas y Pragmaticas de los Reyes Catolicos, Madrid 1973, pg. 11. - Edition facsimilée de celle de 1511, par l'Instituto de España.
2 "Qué tanto te maravillarias si dijesen....ganada es Granada, el rey entra hoy". (La Celestina, éd. CSIC, Madrid 1970, pg. 71).
3 "Sepades que despues que a Dios Nuestro Señor plugo de dar bienaventurado fin à la conquista del reino de Granada, muchos de nuestros subditos e naturales venden los caballos que tienen, de cuya causa diz que se amenguan los caballos y las armas que en nuestros reinos solia haber. Y porque si a esto se diera lugar se per-deria en nuestros reinos la nobleza de la caballeria y se olvidaria el ejercicio militar de que nuestra España ha alcanzado gran fama y loor". (Pragmaticas, T.II, pg. 280)
4 P. Vilar, Or et monnaie dans l'Histoire, éd. Flammarion Paris 1974, pg. 42.
5 Pragmaticas, T.II, pg. 272
6 "Para que no gasten sus haciendas desordenadamente y las conserven y guarden para sus menesteres y necesidades". Pragmaticas, T.II, pg. 265.
7 "Que no traigan chapado de plata ni de oro de martillo, ni tirado, ni filado, ni tejido" (Pragm. Τ. II, pg. 265).
Les Rois Catholiques ont pu très bien s'inspirer pour leur Ordonnance d'une Loi qu'Alfonso X fit voter par les Cortes réunies à Séville en 1252. Cependant les motivations, bien qu'économiques dans les deux cas, ne sont pas tout à fait de même nature : Si Alfonso interdit, lui aussi, l'Oropel (plaqué-or) dans les vêtements et dans divers objets d'usage courant, ainsi que les coiffes ornées d'or ou d'argent : "Ni traigan tocas orilladas de oro", son but est -en réduisant les dépenses somptuaires et en fixant par ailleurs autoritairement le prix de certains articles- de freiner le prix de l'or et de lutter contre la hausse accélérée des prix qui ravage le pays : "los daños que se hacian con las carestias grandes de las cosas que se vendian". (Memoria sobre el valor de las monedas de don Alfonso el Sabio, Vicente Argũello, Real Academia de la Historia, sans année, pgs. 29, 30, 31).
8 "Que no traigan ni vistan mas de una ropa ni pongan tiras de oro tirado, ni tejido ni filado" (Pragm. T.II, pg. 265)
9 "Que a otras habeis tomado las sayas e ropas en sus casas.......habeis tomado muchas ropas de vestir porque estaban guarnecidas con oro, ο algunas trenas de oro que diz que vale la vara a diez ο a doce maravedis....e que a otras algunas tomasteis algunas cosas de oro ο de plata porque la traian colgadas de las orejas ο de las tocas". (Pragm., Τ. II, pg. 268)
10 "Las dueñas son fatigadas por maneras exquisites por las Justicias...las mujeres casadas e mozas e niñas diz que suelen traer en los cuellos cadenas e agnus dei e sortijas de oro...sin desorden alguno porque esto guardan e tienen de padres a hijos". (Pragm/. T.II, pg. 270)
11 "Que las mujeres puedan traer oro colgado de las tocas y de las orejas. Que puedan traer tocas y gorgueras de seda con orillas de oro…….Que las personas que tuvieren caballo y sus mujeres, y no otras algunas, puedan traer cintos labrados de hilo de oro tirado" (Pragmaticas, T. II, pg. 268)
12 Breve y muy provechosa doctrina de lo que debe saber todo cristiano con otros tractados muy provechosos compuestos por el arzobispo de Granada. (Madrid, Bibliothèque Nationale, INC. 2489)
13 "Algunas personas no quieren obedecer y cumplir el mandamiento de sus regidores y prelados sin que les den razon y cuenta porque se movieron a mandarlo. Y aun lo que es peor, sin que examinen primero si tienen ο tuvieron poder para mandar aquello". (Ibidem, chap. I)
14 "Muevelos a créer (a estas personas) que los trajes no se pueden vedar porque piensan que cada uno e cada una se puede vestir a su voluntad y piensan que en el vestir no hay regla cierta". (Ibidem, chap. 3).
15 "Voluntario es en la vestidura que sean de lino, de paño de oro, de seda, sin pliegues ο plegada. Y en esto que es voluntario acaece muchas veces pecar segun que la persona se aparta de lo natural y necesario...y segund razon ordenado". (Ibidem, chap. 8)
16 "Verdad es que las dueñas salen con tanta pompa y con tanto aparato". (De como se ha de ordenar el tiempo, chap. 13)
"Mas tienen para mudar cada mes e cada semana y aun cada dia e cada rato....no se contentan de salir a las visparas con las ropas que llevaron a las misas". (Contra la demasia de vestir y de claçar, chap. 12).
17 Ibidem, chap. 14
18 Ibidem, chap. 13
19 "Mucho y mas que mucho deberia mirar en esto el Principe, Rey y Reina de cualquier reino. Porque es regla general que no puede faltar que cual el rey e cual la reina en lo malo y en lo bueno, tal es todo el reino... y por el contrario los buenos principes, queles quiera Nuestro Señor que siempre sean los nuestros" (Ibidem, chap. 15).
20 P. Vilar, op.c., pag. 23
21 Pragmaticas, T.II, pg. 272
22 "Algunos plateros labran oro de baja ley y lo venden y truecan diciendo que es de mas ley de lo que es, y la causa de esto es que las cadenas y collares y joyeles y sortijas hacenlo de muchas leyes, en tal manera que desde veinte y cuatro quilates hasta abajar a 12 quilates cualquier de los dichos plateros labra de la ley que quiere". (Pragmaticas, II, pg. 228)
23 Pragmaticas, T.II, pg. 226.
24 P. Vilar, op.cit., pag. 71
25 "Lo cual es de creer que no harian si no hallasen luego a la mano y en mucha abundancia los dichos paños de oro, e bordados de hilo de oro y de plata". (Pragmaticas, T.II. pg. 273.)
26 Pragmaticas, T.II, pg. 272
27 "Por esta causa se saca el oro y la plata de nuestros reinos". (Pragmaticas, T.II, pg. 272.
28 Ordonnances de 1488, pg. 193, 1491 pg. 294, 1498 pg. 295, 1498 pg. 317, 1501 pg. 296, 1503 pg. 317.
29 Pragmaticas, T.II, pg. 318.
30 Pragmaticas, T.II, pgs. 318 et 296 respectivement.
31 Voici la liste telle que les Rois Catholiques la donnent : Castellanos, Ducados, Cruzados, Doblas, Florines Salutes, Coronas, Aguilas y Excelentes.
32 Le Noble était une monnaie d'or anglaise d'emploi courant au temps des Rois Catholiques.
Il y avait aussi le Moto ou Molton qui était frappé au duché de Brabant.
Cf. Narciso Sentenach, "Monedas castellanas de oro", in Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos, año IX, Julio-Diciembre 1905.
33 Pragmaticas, T.II, pg. 232. - Cf. aussi Narciso Sentenach, article cité.
34 Pragmaticas, T.II, pg. 222 et 232, avril et octobre 1488. Les Rois Catholiques confient au Marcador, chargé de marquer de son sceau l'argent pour authentifier sa valeur légale, la garde d'une copie du Marc-étalon et de la nouvelle série de poids. Dans chaque Chef-lieu il devait y avoir un Marcador. Il était chargé aussi de vendre les nouveaux poids. Sa charge ne durait que deux ans.
La série complète de poids était : 1 Marco de 8 onzas : il coûtait 6 reales d'argent. 8 poids correspondant aux 8 pièces d'or qui avaient cours en Castille. Leur prix était de 5 maravedis à l'achat. 4 poids : d'un grain, 2 grains, 3 grains et 6 grains, en laiton, ils coûtaient 5 maravedis à l'achat.
35 Pragmaticas, Τ. II, pg. 231. - Cf. aussi Narciso Sentenach, article cité, pgs. 187-188
36 Pragmaticas, T.II, pg. 230
37 Pragmaticas, T.II, pg. 226
38 "...para las monedas de oro que de aqui en adelante hubieren de pesar...los Cambiadores tengan los dichos pesos en guindaleta publicamente en su cambio sobre la tabla de él". - (Pragmaticas, T.II, pg. 225).
39 Pragmaticas, T.II, pg. 230
40 Pragmaticas, T.II, pg. 213
41 "Muchos hombres ricos y pecheros mayores se hacen obreros y monederos.... no seyendo habiles para los dichos oficios salvo para exentarse de la jurisdiccion ordinaria". (Pragmaticas, T.II, pg. 217)
42 "Los cuales (monederos) diz que son pecheros mayores debiendo ser de los menores y medianos. Y por se excusar ellos diz que se carguen los pechos reales e concejales que ellos debian pagar sobre los pobres y viudas y huerfanos que no son exentos ni tienen de que buenamente puedan pagar" (Pragmaticas, T.II, pg. 215)
43 "Mandamos que el Corregidor ο juez de residencia de cada una de las dichas ciudades donde hay casa de moneda, de dos en dos años, tomen e reciban residencia en la ciudad donde estuvieren, del dicho tesorero y oficiales y obreros y monederos y alcaldes de ella". (Pragmaticas. T.II, pg. 219).
44 "En voici la liste : Burgos, Toledo, Granada, Sevilla, Segovia,Cuenca y la Coruña.
45 P. Vilar, op.cit., pg. 45, 55
46 Hamilton, cité par P. Vilar, a établi les indices comparés des prix nominaux et des prix-or pour Valence et l'Aragon au xv ème siècle. Il en résulte que la baisse des prix nominaux s'accompagne d'une baisse encore plus sensible de leur équivalent-or. Il faut donc, chaque fois moins d'or pour acheter la même marchandise. Cf. P. Vilar, op.cit. pg. 55
47 P. Vilar, op.cit. pg. 73
48 Ibidem, pg. 79
49 P. Chaunu, Séville et l'Atlantique, T. 8, V. I, pg. 104. Paris 1959
50 Un témoignage clair de cette expansion commerciale qui s'annonce et commence, se trouve certainement dans une Ordonnance promulguée à Grenade en 1499. Celle-ci ne s'applique qu'à la ville de Séville, pour mettre de l'ordre dans les paiements des marchands, des commerçants et des agents de change, tant est grande la confusion qui y règne en matière de paiements ; pour ceux-ci dorénavant on acceptera l'or et l'argent sous forme de "pasta, bajilla, ο moneda".
Lorsque l'on sait que la Casa de Contratacion était à Séville, et que les arrivées d'or d'Amérique n'ont été recensées qu'à partir de 1503, on peut bien voir déjà par cette Ordonnance que quatre ans plus tôt, en 1499, l'or et les marchandises d'Amérique attiraient les marchands et activaient le commerce.
(Pragmaticas, T.II, pg. 228).
51 Il était prévu en même temps le retrait de toutes les anciennes monnaies qui avaient cours en Castille.
52 Pragmaticas, T.II, pg. 198
53 Pragmaticas, T.II. pg. 198
54 "....e asi bien hechas que todas parezcan de un cuño, y es de creer que esto haciendose asi las dichas monedas seran graciosas e hermosas...los quales tesoreros tienen poder de apremiar a los entalladores que hagan los cuños muy buenos, y a los guardas a que hagan que los obreros e monederos labren e acuñen bien las taies monedas o se las quiebren y no las pasen". (Pragmaticas, II, pg. 208)
55 Pragmaticas, T.II, pg. 202
56 Pragmaticas. T.II, pgs. 200-202, 205, 201, 203, 208-209, respectivement.
Auteur
Université de Nantes
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