Les plaques aux aigles porteurs de guirlandes du théâtre d’Orange
p. 111-128
Résumés
Le Musée d’Orange conserve trois plaques de marbre ornées d’aigles affrontés tenant dans leur bec une guirlande et dans leurs serres, un foudre. Dans l’état actuel, il s’agit d’une recomposition à partir de fragments épars. Un nouvel inventaire des fragments, complété par l’étude de ceux qui sont conservés au dépôt archéologique, ainsi qu’une série de dessins inédits de R. Amy permettent de reconstituer un nombre minimum de quatre plaques : en dépit d’un schéma de base commun à toutes les compositions, chacune est singulière et met en œuvre des variantes iconographiques combinant divers motifs « intercalaires », en nombre limité (instruments cultuels, type de foudre, type de guirlande). Si le motif de l’aigle tenant un foudre est courant sur les supports les plus variés depuis l’époque hellénistique, et fréquent dans l’iconographie funéraire d’époque impériale, l’association à des guirlandes est plus rare ; elle se rencontre en particulier sur trois autres séries issues de Gaule Narbonnaise, à Narbonne, Arles et Nîmes. Cette spécificité provinciale invite à s’interroger sur la signification et les contextes d’emploi spécifiques de ce décor ; les exemplaires d’Orange, dont la restitution au théâtre est probable, constituent un jalon important dans l’étude de sa diffusion.
Il Museo di Orange conserva tre lastre di marmo bianco decorate con aquile ghirlandofori che stringono negli artigli un fulmine. Nello stato attuale si tratta di una ricomposizione a partire di frammenti sparsi. Un nuovo inventario (completato tramite lo studio dei pezzi conservati nel deposito archeologico) e una serie di disegni inediti di Robert Amy consentono la ricomposizione di un minimo di quatro tavole; a partire di uno schema compositivo comune, ciascuna delle tavole presenta un’iconografia unica, proponendo delle varianti iconografiche risultanti della combinazione di un numero limitato di « motivi intercalati » (strumenti sacerdotali, fulmine, ghirlanda di frutta o di alloro). Il motivo dell’aquila stante su fulmine è frequente in contesti diversi sia in età ellenistica che in età imperiale, ma viene più raramente associato al motivo delle ghirlande; si riscontra invece su tre serie di tavole dalla Gallia Narbonensis (Arles, Nîmes e Narbona). Tale specificità provinciale invita ad interrogarsi sul significato e sui contesti specifici di apparizione di questo motivo; gli esemplari di Orange, la cui restituzione nel teatro è probabile, rappresentano una fase importante per lo studio della sua diffusione.
Texte intégral
1Le musée et le dépôt archéologique de la ville d’Orange conservent de nombreux fragments de plaques de marbre ornées d’aigles porteurs de guirlandes1. Nous souhaiterions en offrir l’étude à Xavier Lafon, qui a tant contribué à la reprise des recherches sur Orange et son centre monumental.
2Il est plus que probable qu’elles proviennent du théâtre. Certains fragments, déjà présents dans la publication d’A. Caristie2, sont mentionnés comme provenant du théâtre ; d’autres ont été trouvés lors de la fouille de la fosse de la scène en 1931 (Fig. 1)3 .
La restitution des schémas de composition
3Trois grands ensembles de fragments jointifs permettent de comprendre l’organisation générale de la composition.
4Le plus complet rassemble les fragments C10 à C20 + 580, mais l’association de C10-C11-C12 à C13-C19 ne paraît pas justifiée. Tous sont sculptés sur une plaque dont l’épaisseur varie entre 5 et 6,5 cm. (Fig. 2).
5Ce fragment montre, à droite, la naissance de la patte, le corps et la tête d’un aigle vers la gauche, qui tient dans son bec le lien d’une guirlande de feuilles de laurier. L’extrémité gauche de la guirlande n’est pas conservée au-delà du manchon qui marque la naissance des feuilles, mais la présence d’un fragment d’aile ouverte sur la bordure inférieure atteste l’existence d’un aigle symétrique.
6Ce schéma est confirmé par l’ensemble de fragments A21 à A28 (Fig. 3) : la plaque présente une iconographie identique, mais son épaisseur est moindre ; elle varie entre 1 et 2,5 cm.
7En plus du schéma des deux aigles guirlandophores, l’ensemble C10 à C20 + 580 atteste la présence de deux rubans (vittae) qui convergent, depuis le bec de l’aigle, vers l’axe de la composition, dans le champ libre, l’un au-dessus et l’autre au-dessous de la guirlande. La vitta supérieure droite conserve la totalité de son ruban, dont l’extrémité se dédouble en deux brins et se redresse pour laisser place à un objet axial, probablement un urceus, comme le suggèrent le col et le fragment d’anse conservés. Le lien de la composition formée par la guirlande et les deux aigles avec une bordure est assuré par les collages C13 à C15 et C20. La bordure est composée d’un talon orné d’un rai de cœur en ciseaux couronné d’un bandeau lisse.
8Le troisième ensemble B25 à B30, sculpté sur une plaque de faible épaisseur, complète les deux précédents en précisant la symétrie de l’aigle de gauche (Fig. 4), mais avec une variante introduite dans la nature de la guirlande : il s’agit ici d’une guirlande de fruits.
9L’aigle présente son aile gauche ouverte de manière à épouser la courbe de la guirlande qui est conservée jusqu’à son axe, marqué par une face de joint (B30). La base du manche d’un objet pourvu d’un renflement inférieur et légèrement déversé vers la droite est visible sur le bord supérieur ; il pourrait s’agir d’un aspergillum.
10Outre ces trois ensembles, fondamentaux pour la compréhension du schéma de composition, sont conservés des fragments isolés dont un corps d’aigle à gauche (Fig. 5), des fragments de vittae4, un manchon de guirlande (Fig. 6), une panse de vase ou de cruche à godrons (Fig. 7), un fragment de foudre tridenté5, et une aile d’aigle repliée à droite (Fig. 8).
11Parmi les nombreux fragments de bordures conservés, qui se signalent par une grande unité stylistique, plusieurs fragments ou groupes de fragments associés à des motifs permettent de compléter la restitution.
12En effet, la conservation de deux angles inférieurs gauche B1 (Fig. 9) et A3-A8 (Fig. 10), et d’un angle inférieur droit C4-C9 (Fig. 11) atteste la présence d’un foudre dans les serres des aigles, tout en confirmant l’encadrement systématique des panneaux par un talon de rais de cœur. Seul diffère le type de foudre qui est enserré dans un trident sur A3-A8 et non sur B1 et C4-9.
13Les deux angles inférieurs A3-A8 et C4-C9 conservent en outre, le long du talon d’encadrement, les extrémités de plusieurs plumes qui permettent de préciser la position repliée des ailes en bordure de panneau. Nombreux sont les fragments de bordure présentant des mortaises qui ont reçu des agrafes ou des tenons permettant de fixer les plaques.
Les dimensions des panneaux
14L’observation des séquences conservées montre qu’aucune longueur et aucune hauteur totale de panneau ne peuvent être restituées avec certitude. Pour la hauteur, la dimension maximum conservée est donnée par la séquence C10-C20 : elle est de 64,5 cm, auxquels il faut ajouter (au minimum) la hauteur du listel et du talon, soit 9 cm. En effet, le raccord des pattes des aigles et des foudres n’étant nulle part attesté, on ne peut être assuré de la hauteur qu’il convient de restituer aux pattes des oiseaux.
15Les mêmes incertitudes subsistent sur la longueur, puisqu’aucun raccord des ailes extérieures, repliées le long de la bordure, avec le corps des aigles n’est attesté. Toutefois, la présence d’un joint à l’extrémité gauche de l’ensemble C4-C9 (Fig. 11), d’une longueur de 95,7 cm hors-tout, permet de restituer une longueur totale de 1,914 m, si l’on suppose que le joint se situe dans l’axe de la composition.
La composition théorique
16L’organisation du décor est de type héraldique : chaque plaque complète accueille deux aigles affrontés tenant dans leur bec une guirlande et se détachant sur un fond lisse. Chacune d’entre elles a son autonomie décorative, garantie par la présence d’un cadre mouluré constitué de rais de cœur et d’un listel. Les rais de cœur sont composés de demi-feuilles qui se referment sur une lancette dont l’extrémité supérieure circulaire se détache de la bordure de la feuille par une forte ligne d’ombre. Les demi-feuilles sont solidaires à leur extrémité inférieure, mais sont parcourues par une profonde incision axiale qui s’achève en V à l’extrémité supérieure. Leur limbe est concave et un léger bourrelet borde le « ciseau ». La séquence des plaques ne formait donc pas une frise continue. Le corps des aigles se présente de manière frontale ; leur tête, en revanche, est figurée de profil, et ils la tournent l’un vers l’autre. L’aile située du côté de la bordure de la plaque est repliée, l’autre est déployée. Dans leur bec, les aigles soutiennent une large guirlande qui occupe tout le champ médian de la composition. La guirlande est maintenue à ses deux extrémités par un manchon constitué d’une double collerette qui se prolonge en un ruban. Ce ruban flottant se déploie de part et d’autre de la guirlande en une série d’enroulements très décoratifs qui en suivent la courbe et convergent vers l’axe de la composition. Dans leurs serres, les aigles tiennent un foudre.
17Les éléments iconographiques précédemment décrits sont communs à toutes les plaques attestées. Trois d’entre eux sont soumis à variation d’une plaque à l’autre : le foudre, la guirlande, et l’objet qui venait prendre place dans l’axe médian de la plaque, au-dessus de la guirlande.
18Le foudre est présent selon deux types : il peut être simple (Fig. 9 et 11) ou inséré dans un double trident (Fig. 10). Il en va de même pour les guirlandes, qui sont composées de laurier ou de fruits6. Enfin, le motif axial couronnant la guirlande est lui aussi attesté sous deux formes : vase à anse de type urceus (Fig. 2) ou aspergillum (Fig. 4) (cf. supra).
19Dans l’état de notre documentation, les trois éléments ou attributs susceptibles de variatio au sein de la composition « de base » sont attestés chacun selon deux variantes. Deux questions se posent alors : en premier lieu, d’autres objets étaient-ils présents ou l’alternance binaire que laissent entrevoir les éléments conservés est-elle un reflet fidèle du principe de composition originel ? En outre, comment ces éléments variables se combinaient-ils entre eux ? Un même type de guirlande était-il toujours associé à un même type de foudre ou d’instrument cultuel ? On ne saurait trancher avec certitude : la série d’Orange pouvait être beaucoup plus fournie que ne le laisse entendre le nombre minimum de plaques attestées. Il est par ailleurs possible de donner une liste des possibilités d’association théorique de ces motifs, qui sont au nombre de huit, si on considère en outre la variable introduite par les objets de culte (Fig. 12).
20Ces combinatoires portant sur des éléments secondaires de la composition permettaient d’éviter la monotonie d’une reproduction à l’identique de chaque « plaque aux aigles », tout en introduisant de légères nuances symboliques. C’est là un mode opératoire courant de sculpteurs devant composer de vastes décors sériels à partir d’un répertoire de figures relativement restreint.
Le nombre minimum de panneaux conservés
21Les fragments conservés attestent l’existence de plaques à un aigle et une demi-guirlande (B3, B30 et C4) et d’autres, deux fois plus longues, avec deux aigles et une guirlande complète (ensembles C13-C20 et A24-A28, Fig. 2 et 3). La question se pose de savoir si les plaques à un aigle étaient ou non associées à des plaques symétriques. La logique du motif et la présence d’un objet sur la guirlande du fragment B30 plaident en faveur de cette hypothèse, mais d’autres indices laissent penser qu’il a existé des plaques à un aigle qui n’avaient pas leur répondant : la présence d’un joint axial est inattendue dans un décor héraldique ; les feuilles de ciseau des rais de cœur qui se trouvent en bordure des joints de B3 et C4 sont plus larges que les autres, trop pour avoir pu constituer un ciseau normal avec une plaque conjointe ; la feuille, enfin, du ciseau qui borde la face de joint de C4 est inachevée et semble donc avoir été placée en bordure d’un angle interne.
22Les différentes plaques ne se distinguaient pas seulement par leur longueur. On observe aussi deux variantes dans l’épaisseur des fonds sur lesquels sont sculptés les reliefs, qui permettent de définir une série dont l’épaisseur est comprise entre 1 et 2,5 cm (fragments A et B, à compléter avec les fragments du dépôt) et une autre dont l’épaisseur est comprise entre 5 et 6,5 cm (fragments C, à compléter avec les fragments du dépôt). Les deux critères de sériation – la longueur et l’épaisseur – ne se recoupent pas. Il existait au moins une plaque mince avec un aigle à gauche et une guirlande de fruits (B25-B30), une plaque épaisse avec un aigle à droite (C4-C9), une plaque mince à deux aigles et une guirlande de laurier (A21-A28) et une plaque épaisse à deux aigles et une guirlande de laurier (C13-C20 + 580, fig. 2a). Les autres fragments peuvent ou non provenir de ces quatre plaques.
23R. Amy, architecte ayant travaillé sur le théâtre antique d’Orange dans les années 1950, a effectué des relevés des fragments restitués sur les plaques du musée, à partir desquels il a effectivement proposé quatre dessins de restitution. Deux sont publiés ici pour la première fois (Fig. 13-14) ; ils prennent en compte l’épaisseur différenciée des plaques ainsi que la bipartition de certaines d’entre elles ; ils respectent par ailleurs la cohérence iconographique de l’ensemble, mais associent des ensembles disjoints dont l’appartenance à une même plaque n’est pas garantie. C’est ainsi que sur l’un d’entre eux (Fig. 13), si l’ensemble formé des aigles et de la guirlande est cohérent, l’orientation des deux angles supérieurs peut en revanche être inversée. En effet, l’angle inférieur gauche, présentant un foudre tridenté, est sans raccord avec le reste, de même que le fragment de foudre, dans l’angle inférieur droit, qui en est rapproché uniquement en raison de sa similitude iconographique. En réalité, ces trois ensembles pourraient avoir appartenu initialement à trois plaques distinctes, mais portant des motifs identiques.
24Les fragments de motifs isolés relevant du même répertoire figuratif ne permettent pas d’aller au-delà du nombre minimum de quatre panneaux de deux dimensions obtenu grâce à ces critères : on ne peut en effet attribuer d’orientation précise aux fragments d’angles dépourvus de motifs (A16, A15, B9, B6, C1, C2). Quant aux deux fragments de foudre tridenté (579 et A13) et de bordure avec aile repliée (aile droite d’un aigle à gauche et aile gauche d’un aigle à droite7, Fig. 8), ils ne peuvent être attribués avec certitude à des plaques différentes. Le nombre total de panneaux ne peut donc être estimé avec précision.
Les compositions
25Création de l’hellénisme, la composition des frises à guirlandes avec éléments porteurs se diffuse en Italie dès le début du Ier s. av. J.-C8. Composées de fruits le plus souvent, mais aussi de feuilles de chêne ou de lierre, les guirlandes sont portées par des éléments divers (bucranes, têtes de bœufs, erotes, candélabres, personnages féminins), d’où sont absents les aigles. Les compositions d’époque tardo-républicaine en Italie, répertoriées par H. von Hesberg, n’en conservent aucun exemplaire. Il faut attendre le début de la période flavienne pour voir se diffuser à Rome, sur des monumenta de petites dimensions, urnes et autels funéraires, des compositions qui associent la guirlande et l’aigle. Mais, dans le plus grand nombre de cas, les oiseaux se dressent aux angles du monument sous les éléments porteurs qui sont le plus souvent des erotes, des têtes de Jupiter Amon ou des masques9, et n’interviennent qu’exceptionnellement en tant que guirlandophores10. En Gaule même, on les trouve sur les côtés d’un sarcophage arlésien en marbre du second siècle11. Dans un contexte monumental, les exemples sont peu nombreux : la frise continue composée de cinq aigles guirlandophores qui couronnent le temple sur le relief des Haterii place la scène dans un espace idéalisé12, et une plaque de revêtement de la Via Casilina à Rome montre le départ d’une guirlande de fruits portée par un aigle. Ces deux reliefs appartiennent au décor de monuments funéraires ; dans un contexte officiel, on ne peut citer à Rome que le couronnement du piédestal de la Colonne Trajane, où des aigles dressés aux angles retiennent dans leurs serres – et non dans leur bec – l’extrémité de guirlandes de feuilles de chêne13. À Baiae, en Campanie, un complexe monumental d’époque sévérienne a livré plusieurs blocs d’un entablement à ressauts sur lequel des aigles occupent la face antérieure, tandis que sur les deux faces latérales sont figurées des guirlandes de fruits14 (Fig. 15), sans que la liaison entre oiseaux et guirlandes soit parfaitement nette. Néanmoins, les parties rectilignes de la frise étaient très vraisemblablement ornées de guirlandes, de sorte que l’effet visuel frontal devait être celui d’aigles guirlandophores. Des blocs d’architrave provenant du même site, mais pas nécessairement du même monument, présentent une fasce également ornée d’une séquence décorative encadrée par deux aigles15 : au centre, un protomé de lion, de part et d’autre duquel se déploient deux guirlandes de deux cornucopiae liées à leur extrémité. Enfin, des consoles à décor d’aigles enserrant des foudres flammés16 (Fig. 16) montrent que le motif était décliné selon diverses formules sur cet ensemble architectural, qui pourrait constituer l’un des rares parallèles d’une mise en œuvre véritablement monumentale, dans un contexte peut-être officiel, du motif des aigles associé à des guirlandes, sinon guirlandophores au sens strict du terme.
26Dans un tel contexte, la série de compositions héraldiques avec aigles guirlandophores conservées dans quatre colonies de Narbonnaise (Arles, Nîmes, Narbonne et Orange) paraît tout à fait exceptionnelle17. À première vue, les schémas de composition générale semblent identiques sur les quatre ensembles, soit deux aigles affrontés portant une guirlande et toujours contenus dans un cadre, mais un examen plus attentif laisse voir d’importantes différences dans la mise en page de chacun des éléments de la composition.
27La première différence tient à la position du corps des aigles : frontale à Orange et Arles, de profil à Nîmes et Narbonne ; la seconde tient à celle des ailes intérieures, repliées à Orange et à Narbonne (Fig. 19), où elles accompagnent la courbe de la guirlande, ouvertes à Nîmes où elles lui servent de fond. À Arles, les deux schémas se côtoient : ailes intérieures ouvertes sur la plaque 7957 (non reproduit) et ailes fermées sur la plaque 160 (Fig. 17).
28Dans tous les cas, les guirlandes sont composées de feuilles de laurier ou de fruits, mais leur position dans le champ vertical du panneau varie : elles reposent sur la bordure inférieure sur les exemplaires de Nîmes et d’Arles, mais sont suspendues, laissant un champ libre sous la courbe, sur les exemplaires d’Orange et Narbonne.
29Dans toutes les compositions, les vittae qui s’échappent des manchons des guirlandes sont portées à leur naissance dans le bec des aigles et se dédoublent en deux rubans qui ondulent sur et sous la courbe vers l’axe des panneaux. Pour pallier l’absence d’espace sous les guirlandes de Nîmes, un schéma singulier a été mis en œuvre : la vitta renvoyée sur la tête de l’aigle redescend sur son aile extérieure (Fig. 18).
30Enfin, un objet occupe systématiquement le centre de la composition, entre les extrémités des vittae supérieures ; on reconnaît à Arles une patère (Fig. 17) et un aspergillum18, à Orange un urceus et un probable aspergillum (dans la même position que celui d’Arles), enfin à Narbonne, un foudre flammé en partie recouvert d’un tissu (Fig. 19).
31En dernier lieu, il convient de souligner que les aigles d’Orange constituent la seule des quatre séries de Narbonnaise à tenir dans leurs serres un foudre : les autres aigles sont « posés » directement sur le cadre des différentes plaques – ce qui peut expliquer en partie la position variable des ailes.
32Si les plaques aux aigles porteurs de guirlandes semblent constituer une spécificité de Gaule Narbonnaise19, les différences importantes que l’on observe d’une ville à l’autre dans le détail de l’iconographie, le style, la qualité de la facture ou encore l’ordinatio de la composition interdisent d’y voir un ensemble homogène, réalisé à partir d’un carton unique. Malgré l’indéniable fortune provinciale du motif, chacune des quatre séries reste singulière, au plan figuratif comme au plan stylistique.
Comparaisons par type de figure
33Cette remarque invite à revenir, à propos des plaques d’Orange, sur le constat initial selon lequel les éléments constitutifs de la composition « fonctionnent » indépendamment les uns des autres : dans ce cas, il est envisageable que les comparaisons ne soient pas tant à chercher dans la composition globale des aigles guirlandophores, que dans chaque figure isolée – une composition étant le fruit de la combinaison de cinq éléments : aigle, foudre, guirlande, vittae, instrument cultuel.
34De fait, les décors de guirlandes qu’a étudiés M. Honroth pour l’Urbs comptent parmi les plus répandus des « décors religieux » sériels, au sens large du terme, que l’Antiquité nous a légués. Ces guirlandes ornaient autels ou urnes cinéraires, mausolées et podiums d’édicules, temples ou bases de statues. Comme on l’a rappelé, les figures portantes sont de nature variée, et les aigles n’y apparaissent que très rarement hors de la Narbonnaise.
35L’aigle tenant dans ses serres un foudre, motif qui associe l’animal emblématique de Zeus / Jupiter à son principal attribut, ne se retrouve sur aucun des ensembles de Narbonnaise. Il reprend en revanche une iconographie traditionnelle dont les prototypes remontent à des modèles monétaires d’époque hellénistique, notamment ptolémaïques, où l’emblème tenu par les oiseaux diffère d’une série à l’autre : on trouve notamment des palmes de victoire. Les ateliers d’Alexandrie et d’Antioche ont assuré une étonnante postérité au motif, qui est toujours reproduit au revers des frappes d’époque impériale, à la seule différence que l’aigle a désormais les ailes éployées20. Le motif de l’aigle au foudre, en se fixant, a fait l’objet d’une transposition dans la sculpture en relief ; dans le monde romain, il fait son apparition en contexte officiel sur la base capitoline connue sous le nom de « monument de Bocchus21 », mais c’est dans le domaine funéraire qu’il trouve sa plus large diffusion. Le foudre de ces aigles funéraires stadtrömisch – qui ne portent pas réellement les guirlandes, comme on l’a vu – finit par constituer un élément horizontal et, paradoxalement, une ligne de sol fictive, de sorte qu’ils apparaissent comme « posés » sur ce dernier, alors qu’on pourrait penser qu’ils sont figurés en vol ; c’est le cas notamment de l’autel funéraire de Crenaeus22. Des indices supplémentaires de l’autonomie des motifs singuliers résident dans le caractère interchangeable des attributs associés et dans la position fixe des aigles : l’oiseau présent sur l’autel funéraire exposé actuellement à l’entrée de la Crypta Balbi (Fig. 20) est représenté à côté d’une guirlande qu’il ne porte pas ; il tient en revanche dans son bec un ruban qui se déploie, de manière inhabituelle, vers le haut. De même, les exemplaires isolés d’aigles sur foudre présentent systématiquement une tête marquée par une forte torsion qui ne se justifie pas réellement s’ils ne portent rien : c’est ainsi que le modèle de l’aigle apparaissant sur les consoles de Baiae (Fig. 16) paraît être une citation « prélevée » sur un ensemble où l’aigle était associé à d’autres motifs ; on retrouve ce même motif « extrait » comme couronnement de stèles funéraires en Italie.
36À l’époque impériale, l’association des guirlandes à divers instruments cultuels placés en position axiale se retrouve sur de très nombreux monuments en marbre, officiels et privés, à Rome comme dans les provinces – il s’agit le plus souvent d’autels. Les grands monuments officiels pourraient avoir donné le ton : la frise interne de l’enclos de l’Ara Pacis, composée de guirlandes de fruits surmontées de patères à libation, est d’une exceptionnelle qualité, mais le motif traverse tout le Haut-Empire, jusqu’à l’époque sévérienne. Un ensemble de guirlandes présente un intérêt particulier dans la perspective d’une confrontation avec Orange : il provient du Panthéon de Rome, dans sa version de l’époque d’Hadrien.
37Le temple romain comprenait d’une part une frise continue de guirlandes soutenues par des candélabres, qui ornait le mur extérieur du pronaos et d’autre part, une série de plaques moulurées, aujourd’hui visibles de part et d’autre de l’entrée de la cella (Fig. 21). Comme à Orange, la base de la composition est identique pour chaque plaque : seuls varient le décor du pied des candélabres et l’instrument cultuel médian ; on y trouve successivement un bonnet de flamine, un aspergillum, un urceus, un lituus et deux clochettes croisées. Peut-être certains de ces insignes de prêtrises ou objets cultuels étaient-ils aussi présents sur la série d’Orange (on les trouve en tout cas sur celle d’Arles, Fig. 17). D’une certaine manière, si l’on substitue virtuellement des aigles aux candélabres du Panthéon, on obtient une série de plaques très proche de celle qui ornait le théâtre de la colonie gallo-romaine, puisque tous les autres éléments constitutifs – guirlandes, manchons, rubans, motifs intercalaires – s’y retrouvent. Seul le ductus et la composition des rubans, pour autant qu’on puisse les reconstituer à Orange, paraissent fondés sur une symétrie moins stricte que sur le monument romain.
38Si la série du Panthéon constitue, pour la composition, l’un des référents les plus pertinents pour l’étude des plaques orangeoises, et si les séries de Narbonnaise se révèlent plus proches au plan iconographique, deux monuments offrent quant à eux des exemples non sériels de compositions héraldiques centrées sur des guirlandes que portent non des aigles, mais des cygnes. Ces deux monuments sont issus comme les plaques d’Orange de colonies de Gaule méridionale. Il s’agit d’abord, en contexte théâtral de nouveau, d’un des autels néo-attiques de la cavea du théâtre d’Arles : il présente sur sa face principale l’association de l’animal et du végétal emblématique d’Apollon, cygnes et laurier, dont la thématique à la fois actiaque et palatine est indéniable23. Par ailleurs, à Vienne, des cygnes figurés en vol ornaient seuls un probable autel – ou une base24. L’oiseau guirlandophore est donc bien présent dans des monuments du début de l’époque impériale en Narbonnaise, mais dans une tonalité avant tout apollinienne, donc liée à l’idéologie augustéenne. La tonalité jovienne et / ou impériale des compositions aux aigles pourrait être révélatrice d’une datation ultérieure et d’une évolution tant décorative que sémantique du motif.
39Au terme de cette ébauche d’analyse comparative, il apparaît donc que si le motif spécifique des aigles guirlandophores se rencontre de manière privilégiée, pour ne pas dire exclusive, en Gaule Narbonnaise, il ne s’y trouve néanmoins jamais mis en œuvre d’une manière identique à celle d’Orange ; en revanche, chaque élément iconographique constitutif de l’ensemble, pris isolément, trouve des antécédents et des parallèles précis dans l’architecture publique et funéraire de la pleine époque impériale, de même que le principe de composition héraldique autour d’un motif central de guirlande. Par conséquent, ni les éléments singuliers ni la composition ne sont inédits, mais la forme d’association spécifique qu’ils offrent à Orange est originale.
Chronologie
40L’analyse stylistique invite à prendre en compte les éléments isolés et conduit à adopter une démarche similaire pour tenter une approche de la chronologie. Plusieurs éléments permettent de croiser les indices. C’est tout d’abord la typologie de la guirlande. Si les guirlandes de lauriers ne diffèrent que par la position des baies par rapport aux feuilles – sur l’axe longitudinal de la feuille sur l’autel de Mérida25, ou émergeant entre deux feuilles sur les plaques de Nîmes et d’Orange ou sur celle attribuée à l’Ara Pietatis Augustae26 –, les guirlandes de fruits, beaucoup plus nombreuses, sont caractérisées par une grande diversité dans la composition et le mode de représentation des fruits. Ces derniers sont bien souvent associés à des fleurs, épis, bouquets de feuilles et rubans, comme c’est le cas pour les guirlandes de l’enceinte intérieure de l’Ara Pacis, qui constituent la composition fondatrice pour l’ensemble des guirlandes des provinces occidentales d’époque impériale. L’impression naturaliste donnée par la grande variété des composantes distribuées sur plusieurs plans, mais aussi par la qualité sans égal de la sculpture du modèle romain, trouve un écho dans des compositions occidentales de la première moitié du ier siècle, comme l’autel de Mérida27 ou, de manière plus significative pour notre propos, dans la guirlande qui orne la retombée orientale de la grande voûte de l’Arc d’Orange28 (Fig. 22). Or, les guirlandes trouvées au théâtre semblent avoir intégré des transformations ornementales qui affectent les modèles augustéens dans la seconde moitié du premier siècle ; les fruits y sont rangés sur un seul plan, ils sont nettement individualisés et chacun a un volume bien défini29. Les feuillages sont rares – on distingue seulement deux feuilles qui enveloppent une grappe de raisin – et sont contenus dans le champ de la guirlande ; les fleurs et les épis en sont absents. À ces transformations s’ajoute, à la fin du ier siècle, une présentation des fruits en lignes biaises, séparées par des rubans artificiellement enfoncés entre celles-ci30, une caractéristique que l’on retrouve sur les guirlandes orangeoises. Les modes d’accroche constituent également des indices non négligeables. En effet, si des manchons fins et étroits apparaissent déjà à Rome sur l’autel tardo-augustéen de Iulia Panthea31, il faut attendre la fin de la période julio-claudienne pour voir des manchons à double collerette marquer la naissance de la guirlande32. Sur les exemplaires d’Orange, les manchons de même emprise que la guirlande, divisés en deux collerettes d’égale hauteur refendues en trois, s’apparentent à des modèles romains du début du iie siècle33, parmi lesquels figurent les plaques à guirlandes et candélabres du Panthéon, évoquées plus haut. Si l’on ajoute la similitude typologique du rais de cœur qui orne le talon de la bordure avec celui qui couronne l’architrave portant une dédicace à Vespasien34 (Fig. 23), on aboutit à un faisceau d’indices chronologiques qui ne peut guère se placer avant la fin du ier siècle et permet à tout le moins d’écarter la possibilité d’attribuer cet ensemble décoratif à la première phase de l’ornementation du théâtre.
41À partir de cette proposition qui fournit selon nous un terminus post quem, on ne peut passer sous silence des différences significatives entre les plaques, tant dans la technique de fabrication (une ou deux plaques, plaque fine ou épaisse) que dans la plastique des composantes. Celles-ci peuvent signaler soit des mains différentes, soit de possibles réfections, sans que l’on puisse en déduire avec certitude une portée chronologique.
Interprétation
42L’aigle est bien évidemment l’animal emblématique de Jupiter ; son association systématique, à Orange, à un motif de foudre qui renvoie au « mode d’action » du dieu renforce, de manière quelque peu redondante, la thématique jovienne. Néanmoins, il ne faut sans doute pas interpréter cette dernière en termes trop restrictifs : la présence de tels motifs renvoie sans doute davantage au domaine d’action générique du dieu, autrement dit à l’idée de souveraineté, qu’à un acte de dédicace spécifiquement adressé à Jupiter – la présence fréquente des aigles sur les monuments funéraires le prouve.
43Les guirlandes sont sémantiquement associées à la sphère de la piété. Ce symbole cardinal de sacralité, d’atmosphère festive liée à un sanctuaire ou à un ensemble de rites, entre ici en résonnance avec le caractère emblématique des figures portantes. Leur mise en œuvre sérielle, quoique non continue, pourrait viser ici l’encadrement sacral, au sens propre comme au sens figuré, d’un espace spécifique du mur de scène ou d’un décor figuré particulier à ce dernier. Cette dimension est confirmée par la présence des vittae, qui ont une signification équivalente à celle des guirlandes, auxquelles elles sont d’ailleurs très fréquemment associées, mais surtout par les objets et instruments cultuels, qui insistent cette fois sur l’activité humaine : c’est bien une même idée de ritualité festive qui est ici évoquée.
44Les éléments végétaux et floraux dont se composent les guirlandes, ici attestés selon deux variantes, contribuent à mieux ancrer encore ce symbole générique dans une « réalité » rituelle et à en préciser ainsi les connotations spécifiques : si les fruits associent l’idée de souveraineté à celle de prospérité et d’abondance, les lauriers sont marqués par leur habituelle ambivalence sémantique, entre symbole de victoire et symbole apollinien. Il serait imprudent de trancher, puisque les deux valences ne s’excluent pas, mais se cumulent.
45De l’association des éléments constitutifs du décor émerge un triangle notionnel liant la souveraineté à la pietas et à l’abondance ou la prospérité. En dépit de l’abstraction inhérente à tout décor symbolique, on peut voir dans cet ensemble une transposition emblématique des fondements, des conséquences et des garants de la souveraineté humaine autant que divine. Il ne serait peut-être pas illégitime d’y lire en filigrane une allusion à la souveraineté impériale, dans la mesure où l’exaltation conjointe de la uirtus et de la pietas constitue l’un des leitmotiv les plus constants des grands décors historiques ou symboliques du Principat et où, surtout, l’aigle devient, dans l’art romain, le « véhicule » habituel des apothéoses impériales. Une fois encore, ce type de décor ne saurait être lu au prisme de son originalité, qui était sans aucun doute bien moins recherchée que la simplicité, la lisibilité et l’efficacité sémantique caractéristiques d’une composition répétitive sans être monotone.
46Les ailes éployées des aigles d’Orange, tout comme le foudre placé entre leurs serres, invitent à s’interroger plus avant sur l’interprétation du motif : les oiseaux y étaient-ils représentés en vol ? La question est peut-être moins anodine qu’il n’y paraît. Ainsi, certains des aigles du « nymphée » sévérien de Baiae, déjà évoqués, ornent des consoles, en un motif qui crée la fiction d’oiseaux « portant » l’architecture, en quelque sorte ; ils rappellent en cela les aigles corniers de la frons scaenae du théâtre augustéen d’Aphrodisias35. Si les cygnes présents sur le rinceau de l’Ara Pacis sont posés, mais ailes éployées, ceux des autels d’Arles et de Vienne sont indéniablement figurés en vol. Ce détail iconographique signifie non seulement la dimension vivante et dynamique du rituel en train de se dérouler, mais dénote également au plan esthétique un jeu sur la légèreté et la pesanteur. Une confrontation de ces autels, issus eux aussi de monuments publics de Narbonnaise, avec les compositions d’Orange fait émerger avec netteté leur caractère quelque peu rigide et leur académisme, qui pourrait tenir en partie aux modalités de transmission des cartons et donc au caractère non organique ou « recomposé » de l’assemblage iconographique originel.
47En conclusion, pouvons-nous tenter de restituer l’emplacement des plaques aux aigles dans le théâtre ? L’entreprise est particulièrement risquée, dans la mesure où le nombre initial de plaques nous échappe – nous avons seulement pu déterminer un ensemble minimal de quatre panneaux de deux longueurs – et où la frons scaneae est loin d’être le seul emplacement possible. Les propositions de localisation se voient donc démultipliées, et avec elles, les risques d’erreurs. Néanmoins, la nature sérielle du motif, les dimensions maximales des panneaux et une confrontation avec des séries du même type dans d’autres édifices théâtraux autorisent à proposer, sinon des restitutions assurées, du moins des catégories d’emplacements possibles, et en tout cas à en exclure certains. En premier lieu, la hauteur des panneaux, ainsi que la présence de cadres moulurés sur les quatre côtés des grandes plaques semblent interdire leur attribution à l’une des frises continues des cinq ordres du front de scène. De même, la hauteur des podiums des deux ordres latéraux supérieurs (1 m) semble insuffisante pour recevoir les panneaux des aigles entre une moulure de base et une moulure de couronnement (Fig. 25, A et B). Seuls les corps des podiums des deux ordres centraux ainsi que celui du premier ordre latéral auraient une hauteur suffisante (Fig. 25, H, E et C). La comparaison avec la série du Panthéon de Rome (Fig. 24) invite en outre à poser la question de leur éventuelle situation derrière les colonnes des deux ordres centraux, où l’entrecolonnement est plus important (Fig. 25, G et D).
48Toutefois, on ne saurait exclure totalement la frons pulpiti, dont la hauteur permettrait de placer les panneaux entre une assise de plinthe moulurée et une de couronnement. Cette hypothèse conduirait à restituer un nombre important de panneaux, puisque la longueur du pulpitum atteignait 46,87 m (Fig. 25, I). Enfin, l’on pourrait également songer aux tribunalia, dont la restitution reste à préciser, voire à une base ou à un autel.
49Si nos propositions de datation et d’attribution sont exactes, plus d’un siècle après la construction du théâtre d’Orange réapparaît dans le programme décoratif un motif dont la tonalité sacralisante fait écho à l’ornementation de la première frons scaenae, sur un mode plus explicitement lié à une exaltation de la souveraineté impériale. En effet, lors d’une précédente étude, consacrée à l’ornementation de la partie centrale du mur de scène du théâtre, nous avions suggéré de reconnaître dans sa composition plusieurs éléments qui se trouvent aussi dans l’architecture des temples36. L’analyse des plaques aux aigles conduit à souligner une fois de plus les liens qui les unissent.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Bibliographie
Amy Robert, Duval Paul-Marie & al., 1962, L’Arc d’Orange, Gallia suppl. 15, Paris, C.N.R.S.
Badie Alain, Moretti Jean-Charles, Rosso Emmanuelle & Tardy Dominique, 2011, « L’Ornementation de la frons scaenae du théâtre d’Orange : l’élévation de la zone centrale », dans T. Nogalès-Basarrate, I. Rodà dir., Roma y las provincias : modelo y diffusion, Coloquio internacional, Mérida, 2009, Rome, L’Erma di Bretschneider, p. 193-202.
Caristie Auguste, 1856, Monuments antiques à Orange, Arc de triomphe et théâtre, Paris, Firmin Didot.
Chaisemartin Nathalie de, Theodorescu Dinu, 1991, « Recherches préliminaires sur la frons scaenae du théâtre d’Aphrodisias », dans R. R. Smith, K. Erim dir., Aphrodisias Papers, II, The Theatre, a Sculptor’s Workshop, Philosophers, and Coin-types, Ann Arbor, JRA suppl. 2, p. 29-65.
De Fine Licht Kjeld, 1968, The Rotunda in Rome. A study of Hadrian’s Pantheon, Aarhus, Universitetsforlag.
Espérandieu Émile, 1907, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, 1, Alpes Maritimes, Alpes Cottiennes, Corse, Narbonnaise, Paris, Imprimerie Nationale.
Espérandieu Émile, Lantier Raymond, 1938, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, 11, Suppléments, Paris, Imprimerie Nationale.
Formigé Jules, 1916, « Bas-reliefs romains figurant des guirlandes portées par les aigles trouvées dans le Midi de la france », BSNAF, p. 340-340.
Formigé Jules, 1933, « Théâtre d’Orange (Vaucluse). Notes sur la scène », Mémoires présentés par divers savants à l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, p. 697-712.
Ghedini Francesca, 1980, Sculture greche e romane del Museo civico di Padova, Rome, Bretschneider.
Honroth Margaret, 1971, Stadtrömische Girlanden. Ein Versuch zur Entwicklungsgeschichte römischen Ornamentik, Vienne, Österreichisches archäologisches Institut.
Koch Guntram, Sichtermann Hellmut, 1982, Römische Sarkophage, Münich, Beck.
La Rocca Eugenio, Parisi Presicce Claudio, Lo Monaco Annalisa dir., 2010, I Giorni di Roma. L’età della conquista, Catalogue de l’exposition, Rome, 2010, Milan, Skira.
Maniscalco Fabio, 1997, Ninfei ed edifici marittimi severiani del Palatium imperiale di Baia, Naples, Massa Editore.
Mørkholm Otto, 1991, Early Hellenistic Coinage from the Accession of Alexander to the Peace of Apamea (336-188 B.C.), Cambridge, Cambridge University Press.
Nash Ernest, 1961, Bildlexikon zur Topographie des Antiken Rom, 1, Amphiteatrum Castrense, Lacus Curtius, Tübingen, Wasmuth.
Nogalès-Basarrate Trinidad, 2000, « Un altar en el foro de Augusto Emerita », dans Actas de la III reunión sobre escultura romana en Hispania, Madrid, Ministero de educació, cultura y deporte, p. 25-46.
Robert Renaud, 2005, « Le monument aux cygnes de Vienne (France) », dans X. Lafon, G. Sauron dir., Théorie et pratique de l’architecture romaine, études offertes à Pierre Gros, Aix-en-Provence, PUP, p. 247-253.
Sauron Gilles, 1991, « Les autels néo-attiques du théâtre d’Arles », dans R. Étienne, M.-Th. Le Dinahet dir., L’espace sacrificiel dans les civilisations méditerranéennes de l’Antiquité, Actes du colloque, Lyon, 1989, Lyon, Bibliothèque Salomon-Reinach, p. 205-216.
Sautel Joseph, 1939, Carte archéologique de la Gaule romaine, Vaucluse, Paris.
Sinn-Henninger Friederike, 1987, Stadtrömische Marmorurnen, Beiträge zur Erschliessung hellenistischer und kaiserzeitlicher Skulptur und Architektur, 8, Mayence, von Zabern.
Sinn-Henninger Friederike, Freyberger Klaus S., 1996, Vatikanische Museen, Museo Gregoriano Profano Ex-lateranense, Katalog der Skulpturen, Die Grabdenkmäler, 2, Die Ausstattung des Hateriergrabes, Mayence, von Zabern.
10.3998/mpub.8062 :Torelli Mario, 1982, Typology and Structure of Roman Historical Reliefs, Ann Arbor, University of Michigan Press.
vonHesbergHenner, 1981, « Girlandenschmuck der republikanischen Zeit in Mittelitalien », RM, 88, p. 201-245.
Annexe
Annexe – Numérotation des fragments conservés au Musée d’Orange37
Notes de bas de page
1 Au musée, une partie de ces fragments ont été replacés après la fouille de 1930 sur trois plaques de marbre. Comme ils sont aujourd’hui indissociables de leur support, ils ont été inventoriés en fonction de celui-ci, soit plaques A, B et C. (cf. les trois figures en annexe). Les autres fragments sont conservés au dépôt archéologique.
2 Caristie 1856, C15 et C19, notamment.
3 Formigé, 1933 : 708-709 ; Sautel, 1939 : 116. Le cliché Abel montre un fragment de grappe de fruit et de feuilles, joint à l’ensemble B25-B30. Il a pu être identifié au fragment 591, mais appartient à une frise.
4 Fragments inv. no A29, B21, B12, 577, 590, 3238.
5 Fragment inv. n° 579.
6 Il est d’ailleurs à noter que l’attache de chaque guirlande est constituée d’une collerette double et d’une première « couronne » constituée de trois feuilles de laurier, quel que soit le type de la guirlande (Fig. 4).
7 Fragments B24 et 405.
8 Von Hesberg, 1981 : 201-245 ; sauf indication contraire, les dates sont entendues apr. J.-C.
9 Cf. les autels funéraires de Crenaeus et Apusulenus Caerellianus, Honroth, 1971 : 32-33, Taf. 3-4. Dans ces deux exemplaires, les guirlandes sont portées par des erotes ; cf. l’importante série d’urnes romaines avec des aigles dressés aux angles et des guirlandes portées par des têtes de Jupiter Amon, Sinn-Henninger, 1987, n° 205, 206 et 209 et une même série avec des masques porteurs, Sinn-Henninger, 1987, n° 217, Taf. 42.
10 Cf. deux exemplaires d’urnes funéraires datées de la fin du ier – début du iie siècles, Sinn-Henninger, 1987, n° 384, Taf. 62a et n° 481, Taf. 74b ; un aigle guirlandophore sur un sarcophage daté également du début du iie siècle, de l’agora romaine d’Athènes, Koch – Sichtermann, 1982, no 408, fig. 2, 1180.
11 Espérandieu, 1910, n° 2 539.
12 Sinn-Henninger – Freyberger, 1996 : 51, Taf. 11. De même, sur le relief du musée des Thermes (inv. 247) représentant un front de scène, la bordure antérieure du toit en appentis est ornée de guirlandes portant des erotes.
13 Nash, 1961 : 286, fig. 337.
14 Maniscalco, 1997 : 49-50, n° 20, fig. 36-37.
15 Maniscalco, 1997 : 41-42, n 12, fig. 23.
16 Maniscalco, 1997 : 22, fig. 2-3.
17 Pour les exemplaires d’Arles, Espérandieu, 1907 : 129, bloc n° 160 (Fig. 17) ; Espérandieu, 1907 : 132, n° 162 et Espérandieu – Lantier, 1938 : 526, n° 7957, pl. xxix ; pour les exemplaires de Nîmes, Espérandieu, 1907 : 306, no 451 ; Espérandieu, 1907 : 306-307, no 452 ; pour les exemplaires de Narbonne, Espérandieu, 1907 : 370, n° 574 ; Espérandieu, 1907 : 372, n° 578 ; Espérandieu, 1907 : 373-374, n° 582.
18 Espérandieu – Lantier, 1938 : 526, n° 7957.
19 L’ensemble des panneaux aux aigles de Narbonnaise fera l’objet d’une étude collective, de la part de A. Badie, T. Bartette, D. Darde, Y. Maligorne, E. Rosso, D. Tardy et S. Zugmeyer. L’approche comparative qui est donnée ici a seulement pour objectif d’éclairer les compositions orangeoises.
20 Mørkholm, 1991 : 63-66.
21 Rome, Centrale Montermartini, inv. MC2750. Sur ce monument triomphal d’époque syllanienne, cf. en dernier lieu R. di Cesare dans La Rocca & al., 2010 : 285-287, cat. noII.19.
22 Cf. supra n. 9.
23 Sauron, 1991.
24 Robert, 2005.
25 Nogalès-Basarrate, 2000 : 44.
26 À cet autel dédié par Tibère au numen Augusti, qui devait reprendre l’organisation de l’Ara Pacis, est attribuée une plaque portant une guirlande de laurier soutenue par des candélabres, Torelli, 1982 : 28, fig. III.
27 Nogalès-Basarrate, 2000 : 43, fig. 1.
28 Amy & al., 1962, pl. 15.
29 Ces caractéristiques se retrouvent sur deux frises de Padoue attribuées par F. Ghedini à un monument du type Ara Pacis et datées du milieu du ier siècle, Ghedini, 1980 : 75, n° 31 et 76-77, n° 32.
30 Cf. les guirlandes de fruit du Panthéon ; De Fine Licht, 1968 : 83, fig. 89-90 et une frise de monument funéraire trouvée à Rome Via Casilina et datée de la période de Trajan, Sinn-Henninger – Freyberger, 1996 : Abb. 32, Taf. 57.
31 Honroth, 1971 : Taf. III, 1.
32 Cf. les plaques à guirlandes de laurier attribuées à l’ornementation de l’autel de Mérida, Nogalès-Basarrate, 2000 : 44, fig. 5-6 et les guirlandes des autels funéraires d’époque flavienne, Honroth, 1971 : Taf. V, 3-4.
33 Cf. en particulier la frise du monument funéraire évoquée à la n. 23 dans Sinn-Henninger – Freyberger, 1996 : 129, n° 32, Taf. 57 et une frise appartenant à une plaque de revêtement montrant le départ d’une guirlande soutenue par un aigle, Sinn-Henninger – Freyberger, 1996 : 94-95, Taf. 46,19.
34 AE 1999.1023.
35 De Chaisemartin – Theodorescu, 1991 : 55-56, fig. 10D.
36 Badie & al., 2011.
37 L’inventaire des fragments a été réalisé avec l’aide de L. Rabatel, la préparation des documents photographiques avec celle de V. Picard. Qu’elles soient toutes deux chaleureusement remerciées.
Auteurs
Aix-Marseille Université IRAA – USR 3155, CNRS
Université Lumière Lyon 2
IRAA – USR 3155, CNRS
Université Paris-Sorbonne Rome et ses Renaissances – EA 4081
Université de Pau et des Pays de l’Adour IRAA – USR 3155, CNRS
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Peupler et habiter l’Italie et le monde romain
Stéphane Bourdin, Julien Dubouloz et Emmanuelle Rosso (dir.)
2014
Archéologie au présent
Les découvertes de l’archéologie préventive dans les médias
Catherine Dureuil-Bourachau
2015
Sarta Tecta
De l’entretien à la conservation des édifices. Antiquité, Moyen Âge, début de la période moderne
Charles Davoine, Maxime L’Héritier et Ambre Péron d’Harcourt (dir.)
2019
Gérer l’eau en Méditerranée au premier millénaire avant J.-C.
Sophie Bouffier, Oscar Belvedere et Stefano Vassalo (dir.)
2019
Le village de la Capelière en Camargue
Du début du ve siècle avant notre ère à l’Antiquité tardive
Corinne Landuré, Patrice Arcelin et Gilles Arnaud-Fasseta (dir.)
2019
Les métaux précieux en Méditerranée médiévale
Exploitations, transformations, circulations
Nicolas Minvielle Larousse, Marie-Christine Bailly-Maitre et Giovanna Bianchi (dir.)
2019
L’Homme et l’Animal au Maghreb, de la Préhistoire au Moyen Âge
Explorations d’une relation complexe
Véronique Blanc-Bijon, Jean-Pierre Bracco, Marie-Brigitte Carre et al. (dir.)
2021