La digression, une technique d’approche paradoxale de l’inconscient du lecteur
p. 301-307
Texte intégral
1Grégoire le Grand compose la Regula Pastoralis à la fin de l’année 590. Il vient d’être élu pape et souhaite adresser à l’ensemble des évêques italiens un ouvrage qui concilie réflexion théologique et conseils pratiques pour le regimen animarum. Le texte connaît immédiatement une très large diffusion. Ce succès s’explique en partie par le fait que la Tertia Pars de la Regula peut être considérée comme l’un des premiers monuments de psychologie humaine. En effet, Grégoire y passe au crible d’une analyse souvent audacieuse trente-cinq couples antithétiques de personnalités auxquelles il convient de s’adapter pour ammonere, c’est à dire, selon le cas, pour avertir, prévenir, mais aussi parfois, pour reprendre et blâmer. La première traduction en ancien français connue à ce jour de cette troisième partie de l’œuvre est celle qui fut réalisée à la cour de Champagne pour Blanche de Navarre dans le premier quart du xiiie siècle.
2Dans le cadre de notre interrogation sur la digression, je me propose d’observer le moment privilégié de ce transfert interlingual. Mais il s’agit dès l’abord de préciser que l’on pourrait aussi bien considérer qu’il n’y a dans la Regula aucune digression au sens strict, aucune enflure qui, selon la formule de Randa Sabry, ne cesserait « de se parler ou de se représenter comme telle1 » et ne se laisserait « saisir que dans l’exubérance de son auto-désignation2 ». Dans la mesure où il nous est donné à lire un texte d’enseignement, conçu par un éminent pédagogue et sans doute par l’un des plus remarquables psychologues du monde antique, débusquer un procédé d’excursus au sens le plus large consistera surtout à observer comment le biais, le détour, le déplacement sont convoqués pour instruire, pour convaincre, pour transformer le lecteur et donc, atteindre son inconscient. Pas l’ombre d’un hors-sujet dans la mise en place de cet appareil car tout ce qui peut apparaître « ajouté » concourt à la cohésion d’un projet et à l’efficacité d’une conversio. Et dans le cas très précieux où l’on a sous les yeux l’original latin et sa traduction en ancien français, il est aisé d’observer l’incidence de cette manipulation de bonne cause sur le lecteur qui nous intéresse au premier chef, la personne du traducteur.
3Pour la commodité de mon observation, j’ai distingué dans le texte trois degrés de détour : le premier relève de la simple technique de l’enseignant, le second ressort du souci permanent du pédagogue, quant au troisième degré, il intéresse l’intuition psychologique de l’un et de l’autre.
4On ne s’attardera que peu sur le premier de ces trois degrés qui n’est somme toute représentatif que d’une technique d’enseignement éprouvée. Le détour est ici une expansion à partir d’un concept ou d’un mot à rendre plus intelligible. Un exemple de la Regula retient l’attention. À la fin du chapitre XXV3 consacré à « ceux qui, bien doués pour prêcher, redoutent de le faire par une humilité excessive, et ceux à qui leur insuffisance ou leur âge interdit la prédication et cependant s’y lancent étourdiment4 », Grégoire clôt son argumentation par une citation de Paul : « Praecipe haec et doce : nemo adulescentiam tuam contemnat5 ». Or, il vient d’être longuement rappelé la nécessité d’attendre l’âge mûr pour prêcher. S’ensuit un cours de sémantique historique sur le mot adules-centia pour lequel l’auteur utilise une autre citation, de Salomon : « Laetare juvenis in adulescentia tua6 » qu’il commente, expliquant que dans le Texte sacré, l’homme jeune est parfois appelé adolescent. On peut légitimement penser qu’avec le grand nombre de citations qu’il avait à sa disposition pour clore le chapitre sans risquer de troubler son lecteur, l’auteur a choisi celle qui lui permettait, justement, cette expansion lexicologique. L’historien de la langue ne pourra que s’en féliciter tant est problématique dans son évolution le mot « adolescent7 ». Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre de relever le contre-sens de l’éditeur de la Regula qui note : « On constatera [...] une propension à résoudre une contradiction de l’Écriture ». Nulle contradiction ici, puisqu’on peut, bien après l’époque impériale à Rome, être adulescens jusqu’à trente ans.
5En bon linguiste et en enseignant roué, le pape a senti qu’en cette fin de vie siècle ce concept long à se stabiliser pourrait faire difficulté pour son public, tout accoutumé qu’il fût au maniement de l’Écriture. À plus de six siècles d’écart, le lecteur-traducteur se trouve confronté à un excursus technique qu’il peut comprendre mais ne peut traduire dans la mesure où aucun mot de l’ancien français ne rend compte de cet état d’âge intermédiaire et non encore délimité. N’ayant donc aucun outil à sa disposition, il est contraint de travestir la citation de Paul ce qui lui permet en conséquence l’économie de l’excursus. Il traduit Paul par : « Conmente et enseigne, nuns n’a en despit ton aaige » et fait dire à Salomon : « Tu qui es jovenceax, esjoï toi ou tens de ta jovente8 ».
6Que montre ici le jeu du transfert de langue à langue ? D’abord simplement, me semble-t-il, que l’expansion est parfois solidaire d’un mot au point qu’il faille trouver de ce mot l’équivalent absolument exact au risque de rendre absurde l’enseignement de l’expansion et donc de l’argumentation tout entière qui lui sert de prétexte. Ensuite, et surtout, par l’appauvrissement que représente dans le texte médiéval la suppression de cette expansion, le transfert met en lumière le choix concerté d’un mot problématique. Nul doute que Grégoire ait vu l’intérêt d’entraîner son lecteur, appelé à prêcher, dans l’entrelacs subtil des notions d’état d’âge. Il le renvoie ainsi, par le détour de la sémantique historique, à un examen de conscience sur l’équivalence intime entre son propre âge et sa maturité, vraisemblablement perfectible, eu égard à sa responsabilité de prédicateur.
7Le second degré d’emploi du détour relève d’une pratique pédagogique permanente. Non seulement cette pratique est observable en maint endroit de l’œuvre mais, s’adressant à un lectorat appelé lui-même à enseigner, Grégoire prend le soin de théoriser la méthode qu’il préconise. Alors que les impudentes9 seront vertement tancés (increpatio dura), il est recommandé au contraire pour les verecundi : Istis autem major provectus adducitur, si hoc quod in eis reprehenditur quasi ex latere tangatur10. Le texte médiéval propose « un grant envahissement de blasmer » pour les premiers ; des seconds, il est dit : « Les vergoingnoux doit l’en toichier ensi conme par dehors s’il a aucune chose a reprendre en euls ». Quant aux protervi11, dont le traducteur fait des « engrés », il convient de même de les ex latere requisitare.
8Mais quel pédagogue, dira-t-on, n’a pas, depuis la nuit des temps, appliqué cette méthode de l’ex latere, du biais, de la tangente, du détour ? La Regula tient son originalité du fait que, si l’on y prend bien garde, cette attitude envahit subrepticement l’écriture et, alors qu’aucune digression patente ne l’a alerté sur un changement de seuil, le lecteur se trouve pris dans un réseau de lignes biaisées qui modifie son rapport au texte.
9C’est dans le traitement des citations scripturaires que s’observe le plus aisément le phénomène. À aucun moment une citation n’est convoquée hors de son champ d’application immédiat, et son usage relève le plus souvent de l’exemplum. Cependant, dans un très grand nombre de cas, la glose de cette citation entraîne le lecteur là où sa conscience ne pensait pas se rendre. Et ce, tantôt en raison d’un jeu complexe de bribes d’autres citations glosant la première, tantôt par le recours à une série de connexions métaphoriques densément localisées. Les quelque trois cents citations de l’Écriture utilisées dans cette Tertia Pars ont presque toutes été restituées ad litteram par le traducteur médiéval. C’est la traduction de leur glose qui sert de révélateur au détour qu’elles contiennent. Par un travail de resserrement de l’énoncé source, de collapses et de déplacements, le texte grégorien apparaît dépouillé de ses bourgeonnements. Le lecteur moderne n’y remarque nulle trahison, nul contre-sens. Ce qu’il peut en revanche observer en miroir, c’est que là où l’écriture médiévale ne lui donne accès qu’à un raisonnement, si riche soit-il, l’écriture latine lui donnait accès aux méandres de sa psyché12.
10Pour être mieux compris, le troisième des trois degrés que je me propose maintenant d’analyser nécessite un bref rappel de ce qui fonde la pratique lacanienne. Les processus psychiques inconscients circonscrits par Freud se trouvent, dans le principe même de leur découverte, inféodés à la dimension psychique du langage ; c’est non seulement dans la parole que l’inconscient trouve son articulation essentielle mais, selon Lacan, il est en outre possible d’affirmer que « L’inconscient est structuré comme un langage13 ». On sait d’autre part, qu’à la faveur de l’étude de l’activité onirique, Freud a défini le double contenu d’un signifiant : un contenu manifeste et un contenu latent et que Lacan, s’appuyant sur les travaux de Jakobson14 a pu mettre en lumière la façon dont ce double contenu s’exprime dans le langage soit sur le mode de la condensation soit sur celui du déplacement.
11Je vais, de manière très modeste, montrer la façon dont Grégoire a pu exploiter une certaine forme de détour vers l’inconscient, celle du déplacement des contenus signifiants et dans quelle mesure la personne du traducteur s’est laissée, ou non, manipuler par ce jeu.
12A l’appui de la méthode de l’ex latere qu’il préconise, Grégoire prend le soin de donner un exemple : le meilleur moyen d’amener le pécheur à la reconnaissance de sa faute est de le confondre par l’évocation d’une autre de ses fautes plus manifeste (alterius culpae manifestions, III 8,17) et il renvoie à Paul qui, voyant les Corinthiens s’opposer les uns aux autres, tout gonflés d’orgueil, leur mit sous les yeux un inceste commis parmi eux et resté impuni (talis fornicatio qualis nec inter gentes ita ut uxorem patris qui habeat). Enfin, introduisant sa glose par la formule ac si aperte dicat, il commente : « Par votre vie dissolue ne montrez vous pas que vous n’appartenez à aucun15 » ?
13Quelque chose dans le montage de cette démonstration attire l’attention. D’une part, la faute qui est rendue « manifeste » n’incombe pas aux intéressés. D’autre part, le choix de la faute, incestus, n’est pas directement lié à celle que l’on se propose de combattre, protervia. La glose, enfin, n’a guère d’évident que la formule persuasive qui l’introduit.
14La lecture de la traduction médiévale confirme ce doute. Le traducteur a bien remarqué qu’il s’agit du « pechié d’un autre qui a esté plus manifestez que le lor (VII, 14) ». De même, il a perçu l’écart entre incestus et protervia et tente de le réduire en glosant beaucoup plus largement que Grégoire : « Quant vous meïsmes mostrez que vous ne doiez riens valoir par ce que vos estes si negligent (VII, 26) ».
15J’ai employé tout à l’heure à dessein l’expression de « montage » car, si l’on se reporte au texte biblique, on constate que Grégoire a fait correspondre un exemple qu’il extrait de Paul en Corinthiens 5, le cas d’inceste, à une situation évoquée par l’apôtre en Corinthiens 1, les divisions entre fidèles. Rien ne relie directement l’un à l’autre l’argument et l’exemple et rien ne permet donc de les gloser de manière aussi évidente dans le sens qui a été choisi. Il revient à l’analyste de « démonter » et de tâcher de comprendre...
16Nulle malhonnêteté de la part de l’auteur, d’autant que l’on sait que Grégoire cite les Écritures de mémoire et que cet écart lui a vraisemblablement échappé. Il semble bien là s’agir simplement d’un jeu, plus ou moins conscient d’ailleurs, sur le contenu manifeste et le contenu latent du discours. Que convient-il de dénoncer, aperte ? La prétention et l’orgueil. Qu’est-ce qui est convoqué pour le faire ? L’abomination d’un cas d’inceste. L’évocation de l’inceste, par son contenu manifeste dans ce contexte, prétend faire réfléchir le lecteur sur la vanité, la labilité des comportements humains mais il est surtout, par son contenu latent, un puissant instrument de terreur archaïque puisqu’il renvoie l’inconscient de chacun à l’interdit absolu.
17L’ambivalence de l’enseignement a ici un triple intérêt. Par la mise en condition de l’inconscient renvoyé à la faute suprême, commise symboliquement par tout lecteur, le premier niveau de l’enseignement manifeste peut pleinement atteindre son but. Par un principe de déplacement, l’exemplum faisant digression par son contenu latent, le sujet du détour contient un enseignement beaucoup plus lourd de conséquences qui subsume le sujet du contenu manifeste. Enfin, confronté par sa conscience au péché d’orgueil, renvoyé par son inconscient à une situation œdipienne, le lecteur se retrouve, quoiqu’il en ait, dans les conditions parfaites d’une identification au coupable, d’un transfert et donc d’une conversio.
18L’attitude de notre traducteur est fort intéressante dans cette situation. En tant que lecteur et disciple de Grégoire il ne peut qu’être lui-même atteint par les effets conjugués des deux contenus, et il dit des coupables : « Ils meïsmes se honissent » mettant bien en lumière le principe d’identification auquel ni les personnages ni lui-même n’échappent. En tant que traducteur, investi du devoir de translater objectivement un contenu donné pour tel, il fait jouer ce que la psychanalyse appelle ses « résistances » et tente de rendre cohérent et univoque le contenu manifeste en le modifiant insensiblement, en amont et en aval.
19Il m’est impossible, dans le temps bref dont je dispose, d’analyser en détails d’autres extraits de l’œuvre. Je voudrais simplement évoquer pour finir trois passages qui me paraissent exemplaires.
20Dans le chapitre XI, consacré aux hommes francs et aux hommes faux16, l’auteur utilise un passage de la « Petite Apocalypse » d’Isaïe (Is. 34,13-15) et compose, avec le plus grand souci du détail, une démonstration fondée sur une ample métaphore filée dans laquelle le hérisson figure l’homme faux. Si l’on y prend bien garde, on peut voir s’inscrire en maint point de la parole manifeste le danger latent de la tentation sexuelle.
21De même, lorsque l’épisode biblique de Balaam et de son ânesse (Nombr. 22, 23-25 et Nombr. 25, 1-2) sert à stigmatiser l’insipientia17, le prophète frappé de cécité met l’inconscient du lecteur sur la voie d’un châtiment infligé à celui qui fit succomber les Israélites aux charmes des femmes de Moab.
22Enfin, l’admirable portrait du jeûneur18 vise à prévenir contre la superbe qui guette l’abstinent mais, par un déplacement de contenus d’une étonnante subtilité, Grégoire peint dans le même temps la peregrina laetitia – « estrenge loesce », dit l’ancien français – qui saisit le vertueux au creux de son jeûne. Il évoque ainsi, comme en toute innocence, cet orgasme de la faim, cette volupté du corps aérien, aujourd’hui bien connus dans l’étude de l’anorexie.
23Bien souvent, en somme, le contenu manifeste de l’ammonestatio : protervia, insipientia, duplicitas, superbia, lorsqu’il se détourne vers son contenu latent, n’a de cesse de prémunir contre ce que l’on sait être pour le pape le danger absolu, celui de la chair, parce que l’idéal de l’homme est, selon ses propres mots, de « mourir à toutes les passions de la chair19 ». Le clerc médiéval ne peut qu’être atteint par cette menace quasi tacite, mais il translate pour une grande laïque, une régente qui, bien que pieuse et vertueuse, doit assumer tous ses devoirs de la vie dans le siècle. La traduction qui lui est destinée, sans trahir le propos, tend donc sans cesse vers le renforcement du contenu manifeste.
24Ainsi, face aux trois degrés de détour que nous venons de décrire, l’œuvre médiévale rend compte de trois attitudes. Elle supprime le détour lorsqu’il est techniquement impossible à restituer, elle le réduit lorsque l’efflorescence du discours ne rend plus à ses yeux la leçon suffisamment linéaire, elle l’adapte enfin, en un compromis plutôt réussi, lorsque la leçon du contenu latent risquerait de rendre trop complexe celle du contenu manifeste.
25Il reste néanmoins à rappeler une évidence qui transcende les époques : un seul et même contenu latent est perçu de manière multiple et protéiforme par chaque individu-lecteur qui l’alimente de sa propre histoire, très ancienne et irréductiblement singulière. La leçon qui s’adresse à son inconscient n’a plus alors qu’à se couler dans cette histoire intime et à y faire résonner tous ses échos.
Notes de bas de page
1 R. Sabry, Stratégies discursives : digression, transition, suspens, éd. de l’EHESS, 1992, p. 9.
2 Ibid., p. 191.
3 Grégoire, le Grand, Regula Pastoralis, éd. B. Judic, trad. Ch. Morel, Paris, Cerf, Sources Chrétiennes n° 382, 1992, p. 428-439.
4 Quod aliter ammonendi sunt qui cum praedicare digne valeant, prae nimia humilitate for-midant, atque aliter quos a praedicatione imperfecto vel aetas prohibet et tamen praecipi-tatio impellit.
5 I Tim 4, 12 : « Prescris cela et enseigne-le ; que personne ne méprise ton adolescence ».
6 Eccl. 11, 9 :« Réjouis-toi, jeune-homme en ton adolescence ».
7 M. Pagan, P. Huerre, J.-M. Reymond, L’Adolescence n’existe pas, Paris, Odile Jacob, 1997, rééd. 2003, p. 29-40.
8 M. Pagan, Etude et édition critique de la traduction médiévale française de la Regula Pastoralis de saint Grégoire le Grand, thèse de doctorat, Paris-Sorbonne (Paris IV), décembre 2001, (à paraître chez Droz), XXI, 106-109.
9 Quod aliter ammonendi sunt impudentes atque aliter verecundi. (III 7)
« Conmant l’on doit amonester ces qui sont sans vergoine et les vergonioux ». (VI)
10 III7, 10-12 : « Ceux-ci, on les conduit plus efficacement vers la voie du progrès en touchant comme de biais l’objet du reproche ».
11 Quod aliter ammonendi sunt protervi atque aliter pusillanimes. (III 8) Trad. : « De ces qui sont engrés et de ces qui sont de simple coraige ». (VII)
12 Il est impossible dans le cadre restreint de cet article de citer tous les passages en latin et en ancien français qui nécessitent, pour ce type d’observation, de l’être in extenso. On observera par exemple RP III 19, trad. XVII 80-85 :
Audiant isti : Quia omnia munda mundis ; coinquinatis autem et infidelibus nihil est mun-dum. Audiant illi : Quorum deus venter est, et gloria in confusione ipsorum. Audiant isti : Discedent quidam a fide. Et paulo post : Prohibentium nubere, abstinere a cibis, quos Deus creavit ad percipiendum cum gratiarum actione fidelibus et his qui cognoverunt veritatem. Audiant illi : Bonum est non manducare camem neque bibere vinum neque in quo frater tuus scandalizatur. Audiant isti : Modico vino utere propter stomachum et frequentes tuas infirmitas. Quatinus et illi discant cibos carnis inordinate non appetere, et isti creaturam dei quant non appetunt, non audeant condemnare. Trad. : « Et ce doit l’en dire as abstinenz que totes choses sont netes a cels qui ont netes pensees, mas nule chose n’est nete es mes-creanz ne a cels qui ont vaines pensees. Ce doivent oïr cil qui font lor Deu de lor ventres, que cele gloire qu’il ont, est a lor confusion. Et ce doivent savoir li gloton, que trop mangier et trop boivre n’est pas bone chose, ne de faire chose par quoi ses freres doie estre corrodez. En autre leu, dit il : « Use atempreemant de vin por l’estomac et por tes enfermetez ». Li abstinent n’ont talent des viendes, ne por ce il ne doivent mie les blasmer. Li gloton ne doivent mie maingier plus que droiz n’est ». On se reportera également à RP III 14, trad. XIII 45-47 ; RP III 17, trad. XV 8-23.
13 J. Lacan, Séminaire, Livre I, Les Ecrits techniques de Freud, Paris, Seuil, 1975.
14 R. Jakobson, Essais de linguistique générale, Paris, éd. de Minuit, 1978-1979.
15 [...] per dissolutionem neglegentiae nullius vos esse monstratis ? (III 8, 28-30)
16 Quod aliter ammonendi sunt simplices atque aliter impuri. (III 11)
De ces qui sont simples et de ces qui sont estout. (X)
17 Quod aliter ammonendi sunt incolumes atque aliter aegri. (III 12)
De ces qui sont aidé et de cels qui sont enfers. (XI)
18 Quod aliter ammonendi sunt gulae dediti atque aliter abstinentes. (III 19)
Conment l’on doit amonester les glotons et conment les abstinenz. (XVII)
19 [...] cunctis carnis passionibus moriens. (RP I 10)
Auteur
Université de Paris-Sorbonne – Paris IV
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