Clio de sept à cinq
Existe-t-il des nuits historiques aux temps modernes ?
p. 105-112
Remerciements
Je remercie vivement Gilles d’Humières et Jean-Marie Le Gall pour leurs remarques suggestives.
Texte intégral
1Entre les oies du Capitole donnant l’alerte et sauvant Rome des troupes de Brennus vers 390 avant J.-C. et l’édification du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 – ou sa destruction du 9 au 10 novembre 1989 –, la nuit participe d’une manière ou d’une autre à la constitution d’événements majeurs qui jalonnent et construisent l’histoire des hommes et des pays. Pareille union institue-t-elle pour autant une catégorie « nuit historique » dans les taxinomies historiographiques ? Associer ces deux éléments dans une même expression n’est-ce pas en outre, pour les périodes anciennes, ici la période moderne occidentale, forger un oxymore ?
2La nuit, en effet, constitue surtout au cours de la première modernité un temps de vacuité normative, où rien d’important ne doit se dérouler pour les communautés comme pour les individus. À loisir, les moralistes, les politiques comme les gens de dictionnaire proclament que la nuit est faite pour dormir1 et que tout autre type d’activité ne peut être tenu que pour suspect et illicite. La nuit deviendrait ainsi la parenthèse indispensable à toute vie sociale collective exclusivement diurne, laissant alors chacun face au risque de ses penchants nécessairement mauvais et peccamineux.
3D’un autre côté l’adjectif « historique » suppose l’émergence brusque d’un événement ou d’une succession d’événements suffisamment importants pour s’inscrire dans un déroulement en rupture, décisif. Comme tel, il possède une intensité, une dramaturgie qui le constitue en fait essentiel, voire traumatique2 fondateur et mémoriel3. Si donc pareil événement n’existe que
4 par « les traces qu’il laisse », témoignant « des formes de penser et d’agir4 », il détermine en rupture un avant et un après. Grâce à son intensité et à son imprévisibilité, il suscite non seulement un retentissement important mais encore des conséquences essentielles.
5En s’appliquant à cerner « l’événement historique » à partir des critères proposés par Michel Winock5, il faut se demander en quoi l’élément nocturne contribue à valoriser pareille construction. Encourage-t-il l’émergence de particularités qui redessine alors « le champ des émotions6 » au regard des événements diurnes ? Favorise-t-il leur dimension pérenne et donc historique ? On tentera de répondre à ces questions à partir d’une petite quinzaine d’événements situés entre la Noche triste de Mexico le 30 juin 1520 et le Tres de Mayo 1808 à Madrid7.
6Caractère inhérent à la nuit, la dissimulation participe largement à la constitution de ces récits. Elle autorise évidemment la tenue de complots qui ne sont que la propédeutique de l’événement comme le montre la réunion du Bois Caïman au cours d’une nuit, située entre le 14 et le 21 août 1791, prélude à la grande insurrection nocturne du 22-23 du même mois8. Elle accentue les craintes des gens de pouvoir qui associent la nuit à toute sorte de danger. Masaniello, chef de la révolte napolitaine de juillet 1647, dans la crainte d’attentats et d’arrivée de brigands à la solde du vice-roi « fit redoubler les lumières aux fenêtres [durant plusieurs nuits] et enflammer les tonneaux et les fagots devant les portes de toutes les maisons et de tous les palais9 » Plus encore la nuit favorise simultanément les stratégies de la surprise, du « voir sans être vu ». Plusieurs des épisodes retenus ici y répondent clairement. Ainsi les troupes de Cortès désertant la forteresse de Mexico à la faveur du noir qui, pourtant, d’allié objectif se mua vite en redoutable adversaire, empêchant les regroupements ordonnés autour des bannières et l’usage de l’artillerie contre leurs poursuivants10. Pareillement, les troupes du duc de Savoie partie à l’assaut de Genève la réformée « entre le 11 et le 12 décembre (1602) au propre moment du solstice hivernal […] qui montèrent près de deux cents à la faveur de l’obscurité de la nuit11 ». Citons encore les deux compagnies du comte d’Argyll surprenant une partie du clan Mac Donald dans la région de Glencoe en Écosse (13-14 février 1692) alors que ces jacobites écossais avaient reçu hospitalité et allégeance au nouveau roi d’Angleterre Guillaume III12. Le nocturne encourage aussi toutes formes d’évitement et de camouflage illustrées par les diverses fuites royales : celle de Louis XIV lors de la nuit des Rois 164913, celle du futur Charles II d’Angleterre après la défaite de ses troupes devant Worcester (3-4 septembre 1651) parti à la recherche de l’ancien monastère cistercien de Whiteladies, celle évidemment de Louis XVI et de son entourage en partance pour l’étranger (20-21 juin 1791). Dans ce dernier cas, seule la protection de la nuit, si courte fut-elle, plus que les déguisements choisis, permit d’éviter aisément les deux mille personnes qui fréquentaient journellement le palais des Tuileries14.
7Cette complicité du nocturne encourageait tout autant l’anonymat de ceux qui pensaient pouvoir échapper ainsi à toute poursuite après l’accomplissement de leurs desseins criminels. Tel fut le cas des premiers assassins de la Saint-Barthélemy (23-24 août 1572) qui se ruèrent vers les demeures des gentilshommes huguenots sises aux alentours de la rue de Béthisy, du Louvre ou dans le faubourg Saint-Germain. Les centaines d’insurgés qui transformèrent Londres en ville révolutionnaire lors des Gordon Riots début juin 1780 réalisèrent leurs coups les plus spectaculaires essentiellement de nuit. Pendant celles des 6-7 et 7-8 juin, terriblement mémorables à certains, des groupes entiers s’attaquèrent aux maisons aristocratiques aux grandes prisons de la capitale (Newgate, Bridwell, Fleet puis King’s Bench et Clink) avant d’échouer devant la Banque d’Angleterre15. On pourrait y adjoindre la première insurrection nocturne de Saint-Domingue de l’été 1791 pendant laquelle plusieurs centaines d’esclaves déclenchèrent le processus de libération16.
8Si l’événement se caractérise toujours par un phénomène d’irruption, le nocturne en accentue la particularité dans la mesure où il souligne et accroît l’opposition brutale entre passé et présent. La rupture de l’ordre du temps qui autorise celle de l’ordre des choses devient beaucoup plus sensible au cours des heures noires. En effet, alors que la nuit est tout à la fois le silence, l’absence de lumière, le temps pacifié, la suspension de l’activité, l’épisode qui surgit vient en briser la nature même et en inverse les formes. Dès lors, la nuit, en servant de cadre à l’événement, devient autre, se transforme en effaçant ses habituels repères symboliques et matériels pour leur substituer des spécificités source possible d’une violence insolite.
9En dépit de l’instrumentalisation du silence à l’œuvre dans les stratégies militaires évoquées ci-dessus, c’est bien son effacement soudain qui peut transformer les initiateurs, donc les vainqueurs potentiels, en véritables vaincus. Ainsi en fut-il des troupes espagnoles de Cortès vite déstabilisées par le cri d’une femme qui donne l’alarme « Holà, Mexicains, comment pouvez-vous dormir alors que vous échappent ceux que vous tenez enfermés ? Prenez garde qu’ils ne s’échappent17. » N’est-ce pas le tocsin de Saint-Germain l’Auxerrois puis l’horloge du Palais qui, se mêlant aux premiers massacres des huguenots, provoqua ce formidable « tumulte nocturne18 » comme un encouragement meurtrier ? Voyez encore les deux cents soldats escaladant les murailles genevoises avec « le moins de bruit qu’il leur était possible. Il arriva pourtant qu’une sentinelle ayant ouï quelque chose appela le caporal et donna l’alarme » permettant ainsi d’épargner « la pauvre innocente Genève d’une invasion furieuse dans laquelle elle auroit vu non seulement la destruction de sa religion, de ses biens et de ses libertés mais le massacre inévitable de la plus grande partie de ses habitants19 ».
10Plus que l’intrusion du bruit, c’est probablement le surgissement de la lumière qui modifie le plus profondément l’environnement nocturne tout particulièrement par l’intermédiaire des incendies, truchement essentiel de cette dislocation. Si le feu destructeur se déclenche aussi le jour, il acquiert pendant la nuit une autre dimension. Accidentel ou compagnon inévitable des insurrections, il est l’instrument d’une discontinuité même provisoire. Momentanément, l’incendie transforme la nuit en jour et modifie radicalement les paysages qui s’offrent aux yeux des acteurs ou des spectateurs. Comment ne pas penser à l’effroi des habitants lors du grand incendie de Londres, survenu dans la nuit du 2 au 3 septembre 1666, déclenché par la maladresse d’un boulanger de Pudding Lane ? Ravageant quatre jours et quatre nuits durant plus de 13 000 maisons, près de quatre-vingt-dix églises, des bâtiments publics20, il imposera à la population des perceptions nocturnes infernales par l’ampleur de la catastrophe désignée pour longtemps comme l’œuvre de papistes sataniques. Une perception maléfique analogue se retrouve insistante chez les témoins ou les narrateurs de la révolution de Naples en 1647 ou des Gordon Riots de Londres de 1780. En dépit de leur durée relativement longue – dix jours à Naples (du 7 au 16 juillet), une semaine à Londres –, ce sont surtout certaines nuits qui accentuent la dramaturgie de l’événement notamment en raison des incendies volontaires qui éclatent alors. Les flammes qui détruisent palais ou demeures nobiliaires transforment la nuit en un moment insolite, dégageant « une lumière si claire qu’on se serait cru à midi21 » ; elles évoquent à certains l’image de l’enfer, assimilent les émeutiers à des suppôts du diable et permettent de faire basculer une fois de plus le nocturne du côté de la damnation et du monde luciférien et de l’assimiler au chaos originel. Parmi d’autres témoignages, qui tous insistent sur la vision traumatique du feu22, celui du révérend George Crabbe fortement impressionné par la destruction de Newgate le 6 juin 1780 au soir où « dix à douze hommes juchés sur le toit pendant qu’elle brûlait apparaissaient entourés d’un halo de fumée noire mêlée à des étincelles soudaines à l’image de l’enfer de Milton23 ». Dans un registre proche, Susan Burney note dans sa correspondance que « les flammes semblaient faire briller les insurgés et le feu qui les séparait de nous ressemblait à une multitude d’enfers24 ». Pour sa part le parlementaire Nathaniel Wraxall accentue la radicalité de l’impression visuelle en y associant les bruits qui la renforcent avec
les hurlements de la populace, les cris des femmes, le craquement des édifices incendiés, […] tous ces sons, toutes ces images laissaient à peine à l’imagination quelque chose à suppléer25.
11Enfin, sans nécessairement s’apparenter à des manifestations prohibées, certaines activités inattendues mais légales qui s’y déroulent alors viennent conforter la particularité de l’événement. Telle peut-être se présente la nuit du 4 août 1789 où plusieurs centaines de députés des États généraux s’engagent à supprimer privilèges et droits féodaux au terme d’un long débat qui s’achève après deux heures du matin. En dépit de quelques réunions antérieures26 qui avaient pu se prolonger au pire jusqu’à dix heures du soir, c’était la première fois27 – exception faite de la tumultueuse soirée du 14 juillet – qu’une séance des États se prolongeait de la sorte, constituant « un véritable imprévu pour la plupart des députés28 ». Mais si la dimension révolutionnaire de la nuit du 4 août tient d’abord et surtout à la teneur des mesures votées, elle se trouve renforcée moins par l’horaire tardif que par l’opposition manifeste entre le dynamisme des représentants de la nation, qui forcent le temps nocturne pour bouleverser l’ordre social ancien, et la vacuité du pouvoir royal en ces heures décisives. Ce que souligne brièvement mais fortement Camille Desmoulins le lendemain
N’a-t-on pas vu Monsieur de Lally (Gérard de Lally-Tollendal) s’égosiller à crier « Vive le roi ! Vive Louis XVI restaurateur de la liberté française ! » Il était vers les deux heures après minuit et le bon Louis XVI sans doute dans les bras du sommeil ne s’attendant guère à recevoir à son lever une médaille29.
12La participation de la nuit à l’instant révolutionnaire réside donc surtout dans le contraste qu’elle fit ressortir entre le souci calculé ou spontané des États pour réduire les désordres inquiétants des campagnes et l’indolence apparente du monarque pour qui la nuit, celle-là ou une autre, est bien faite pour dormir. Il resterait à savoir dans quelle mesure le nocturne, psychologiquement propice à des renversements, à des transgressions, a pu jouer un rôle complémentaire.
13Cette succession de fractures à travers le son, la lumière ou l’action, que l’événement impose au nocturne avant que celui-ci ne les accapare pour devenir autre, donne cependant à la nuit un rôle inégal et ambigu dans la mise en valeur de sa dimension historique. Pareilles équivoques se retrouvent lorsqu’il s’agit de saisir la part prise par les heures sombres dans la mémoire que trace et entretient l’événement afin qu’il acquière totalement son statut référentiel et collectif. L’historicisation des événements nocturnes valorise des critères assez semblables à ceux de leurs répondants diurnes à la fois dans le rythme de la construction mémorielle – de la lenteur (incendie de Londres) à l’empressement (nuit du 4 août) jusqu’à l’amnésie (révolte napolitaine30) ou à la facilité à métamorphoser les échecs en victoire. Ainsi la Noche Triste dans le légendaire de l’épopée conquérante, le massacre de la Saint-Barthélemy pour les protestants ou de celui de Glencoe pour les Écossais deviendront les vecteurs d’une identité revendiquée, pérenne et exemplaire. Pourtant, dans leur ensemble, la plupart de ces phénomènes ne mettent pas en scène la nuit, ne la mobilisent pas ni ne l’isolent comme repère spécifique, fondateur et partagé. Même la tentative de Louis XVI, souvent désignée par sa temporalité nocturne, n’établit la nuit que comme l’élément stable du décor qui garantit l’éternité du temps. En enveloppant la route de la fuite, « elle restitue aux villages leur physionomie d’antan et en efface les traces laissées par la Révolution31 » écrit judicieusement Mona Ozouf. Parmi les composantes de l’inventaire retenu, seuls quelques-uns inscrivent le moment nocturne comme consubstantiel à la mémoire à venir en utilisant des supports divers, inégaux et complémentaires.
14Le récit d’abord, écrit et oral, concerne par exemple la fuite de Charles II après Worcester. L’échec militaire cuisant, la ruine des espoirs stuarts se trouvent retournés lors de la Restauration grâce à la naissance d’un légendaire royaliste qui valorise le courage du souverain, sa persévérance, ses travestissements judicieux, son usage de la nuit dans la recherche de caches (le fameux chêne de Boscobel) afin d’échapper aux républicains32. De la même façon, et jusqu’à une période récente, le récit construit par les élites haïtiennes au cours du xixe siècle a fait de la nuit du Bois Caïman un moment essentiel dans la genèse du soulèvement des esclaves. Alors que « l’orage grondait et que les éclairs sillonnaient le ciel33 », la nuit favorisait le syncrétisme transgressif entre sacrifice vaudou, partage fraternel, conscience politique et projet révolutionnaire.
15L’image, pour sa part, a tenu une place importante dans la construction mémorielle des Gordon Riots, grâce à la gravure de James Heath, faite à partir du tableau de Francis Wheatley, London Riots of 1780 et diffusée à des milliers d’exemplaires, ou dans le souvenir de l’insurrection espagnole des 2 et 3 mai 1808 immortalisée par le Tres de Mayo de Goya. Alors que ces deux événements se déroulent et le jour et la nuit, c’est pourtant cette dernière qui fut choisie pour évoquer l’intensité tragique des révoltes et de la répression34. Mais ce support iconique commun et fondamental n’efface pas les différences entre ces deux œuvres. L’un est une réalisation « libre » de facture classique, produite peu de temps après la rébellion londonienne, l’autre une commande passée à Goya par le roi Bourbon, Ferdinand VII, de retour sur son trône en 1813. L’une eut un succès immédiat surtout peut-être auprès de ceux qui voulaient se prémunir contre un nouvel épisode semblable, la gravure exorciste autorisant le rappel d’une horreur côtoyée de près mais vaincue. L’autre obtint au départ un mince succès d’estime avant de s’imposer comme l’une des sources de la peinture contemporaine. Impression rendue aussi par la radicale complémentarité du noir qui enveloppe tout le tableau et de la lumière qui sourd d’une lanterne, source précise et limitée, « force dépourvue de conscience35 ».
16Enfin des manifestations collectives qui assurent activement la pérennité de l’événement ne manquent pas de mobiliser et d’instrumentaliser la nuit. L’épisode de l’Échelle, signe d’une élection providentielle aux lourdes prémices nocturnales36, fut assez rapidement accaparé par Genève. Dès 1603, on organisa des commémorations religieuses et civiles avec culte, fête et banquet diurnes avant que se profile une seconde forme du souvenir à travers des réjouissances nocturnes au ton plutôt facétieux condamnées dans un premier temps par le pastorat local mais poursuivies jusqu’à nos jours autour de la Mère Royaume37.
17 Au terme de ces brèves observations on peut s’interroger légitimement sur l’existence d’événements historiques nocturnes sui generis. En effet, beaucoup n’ont jamais dépassé le stade de l’épiphénomène38. Pour combien d’autres le poids des heures sombres put-il constituer une réelle originalité ? Probablement assez peu à l’exception des épisodes dont les composantes contribuèrent à transformer radicalement contextes et paysages par l’altération sensible des caractères originaux de la nuit. Pour autant, celle-ci n’en garantit nullement la distinction historique qui dépend à la fois de son élection chronologique au regard des conséquences qu’elle provoque et surtout de la vigueur de l’archive mémorielle qu’elle génère jusqu’à revêtir, pour quelques-uns de ces épisodes (Noche Triste, nuit de la Saint-Barthélemy, nuit de Varennes), une dimension métonymique qui resterait à dater. Dès lors, si plusieurs d’entre eux répondent à de telles conditions en faisant de la nuit un acteur indispensable, la plupart, pourtant intimement associés au nocturne, lui devrait en réalité assez peu dans le durable souvenir des temps.
18En somme, ce qui manque le plus à ces histoires de nuit, c’est la nuit39.
Notes de bas de page
1 Antoine Furetière, Dictionnaire, Amsterdam, 1690 ; Alain Cabantous, Histoire de la nuit (xviie-xviiie s.), Paris, 2009.
2 Paul Ricœur, « Événement et sens de l’événement » dans Jean-Luc Petit, dir., L’événement en perspective, Paris, 1991.
3 Pierre Nora, « Le retour de l’événement » dans Pierre Nora, dir., Faire de l’histoire, t. 1 Nouveaux problèmes, Paris, 1974, p. 210-218.
4 Jacques Revel, « Retour sur l’événement ; un itinéraire historiographique », dans Jean-Louis Fabiani, dir., Le goût de l’enquête. Pour Jean-Claude Passeron, Paris, 2001, p. 95-118.
5 Michel Winock, « Qu’est-ce qu’un événement ? », L’Histoire, septembre 202, p. 32-37.
6 Arlette Farge, « Penser et définir l’événement en histoire », Terrain, no 38, Qu’est-ce qu’un événement ?, mars 2002, p. 69-78.
7 Ont été retenus : la Noche Triste (juin 1520), la Saint-Barthélemy (août 1572), l’Échelle (décembre 1602), la révolte de Naples (juillet 1647), la nuit des Rois (janvier 1649), la fuite de Worcester (septembre 1651), le Grand Incendie de Londres (septembre 1666), Glencoe (février 1692), les Gordon Riots (juin 1780), la nuit du 4 août, la nuit de Varennes (juin 1791), la nuit du Bois Caïman (août 1791), le 3 de Mayo 1808.
8 Les historiens contemporains ont redimensionné le contenu de cette rencontre tout en s’interrogeant sur sa date réelle. David Geggus, « La cérémonie du Bois Caïman » dans Laënnec Hurbon, dir., L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue, Paris, 2000, p. 149-161.
9 Alessandro Giraffi, La révolution de Naples, (1re éd., Venise, 1647, tr. et éd. fr. Jacqueline Malherbe-Galy et Jean-Luc Nardone, Toulouse, 2010, p. 156.
10 Paul Hosotte, La noche triste. 1520, la dernière victoire du peuple du Soleil, Paris, 1993, p. 64. Hernan Cortès dans les lettres qu’il adresse à Charles Quint consacre peu de place à cet épisode nocturne, Cartas de relacion II, Madrid, 2005, p. 45-130.
11 Esaïe Colladon, Journal, 1600-1605, éd. Genève, 1883, p. 43-45. Colladon utilise le comput julien. Selon le calendrier grégorien, l’assaut a eu lieu la nuit du 21 au 22 décembre, date effective du solstice d’hiver.
12 Paul Hopkins, Glencoe and the End of Highland War, Edimbourg, 1986.
13 L’atmosphère nocturne est à peine soulignée par les mémorialistes. Le cardinal de Retz, Omer Tallon, Dubuisson-Aubenay ou Monglat n’en disent rien ou peu. Seule Madame de Motteville évoque l’ambiance qui règne dans les appartements de la reine au cours du soir précédant la fuite. Madame de Motteville, Mémoires, F. Riaux, éd., Paris, 1855, t. II, p. 282-289
14 Timothy Tackett, Le roi s’enfuit. Varennes et l’origine de la Terreur, Paris, tr. fr., 2004, p. 86.
15 Pour l’ensemble du déroulé chronologique cf. George Rudé, The Gordon Riots, Londres, 1970 ; Nicholas Rodgers, « The Gordon Rots Revisited », Historical Papers, vol. 23, no 1, 1988, p. 16- 34 ; Alain Cabantous, « La nuit comme dramaturgie révolutionnaire. L’exemple des Gordon Riots », dans Philippe Bourdin, éd., Les nuits de la Révolution, colloque de l’université Blaise Pascal, Clermont II, à paraître.
16 Un anonymat qui n’empêche ni arrestations ni exécutions.
17 Cité par P. Hosotte, op. cit., p. 58
18 Arlette Jouanna, La Saint-Barthélemy. Les mystères d’un crime d’État, Paris, 2007, p. 167.
19 Maximilien Misson, Nouveau voyage en Italie, 3e éd. augmentée, La Haye, 1698, p. 327-333.
20 T.M.T. Baker, London. Rebuilding the City after the Great Fire, Londres, 2000 ; Stephen Porter, The Great Fire of London, Londres, 2e éd. 2001. Voir aussi le témoignage assez laconique de Samuel Pepys dans son Journal, éd. fr., Paris, 1987.
21 Cf. les nuits napolitaines du 8 au 9 et du 10 au 11 juillet 1647 dans A. Giraffi, op. cit., p. 89 et sq. et p. 109-112.
22 Pour l’analyse de ces témoignages, cf. Alain Cabantous, « La nuit comme dramaturgie », art. cit.
23 George Crabbe, Life of the Rev. George Crabbe by his son, Londres, 1838. L’auteur insère The Poet’s Journal tenu par son père entre le 21 avril et le 11 juin 1780 d’où cet extrait est tire (p. 84)
24 Lettre de Susan Burnay à sa sœur du 8 juin 1780, cité par A. Cabantous, Histoire, op. cit., p. 156.
25 Nathaniel W. Wraxall, Historical Memoirs of my own Time. Part the First from 1772 to 1780, Londres, 1815, tr. fr. Paris, 1817, p. 325.
26 Compte non tenu des différentes réunions de clubs qui pouvaient se dérouler fort tard à l’image de celle que tint le club Breton qui avait débattu dans la nuit du 3 au 4 août des décisions qui seraient proposées par le duc d’Aiguillon le lendemain. Jean-Pierre Hirsh, La nuit du 4 août, Paris, 1978.
27 Entre le 5 mai et le 3 août, sur une trentaine d’indications se rapportant aux clôtures de séance, huit se terminèrent entre 10 et 11 heures et celle, discontinue, du 14 juillet à 2 heures. Archives Parlementaires, t. VIII et IX, Paris, 1875-1876.
28 Remarque du comte d’Antraigues, rapportée par Patrick Kessel, La nuit du 4 août 1789, Paris, 1969, p. 127.
29 Camille Desmoulins, Discours de la lanterne aux Parisiens, cité par J.-P. Hirsh, op. cit., p. 183.
30 Louis de Lavergne, « La révolution de Naples en 1647 », Revue des Deux Mondes, t. 1, 1849.
31 Mona Ozouf, Varennes. La mort de la royauté, Paris, 2005, p. 388-389.
32 Voir l’ouvrage ancien d’Allen Fea, The Flight of the King after the Battle of Worcester, Londres, 1897.
33 Dantès Bellegarde, Histoire du peuple haïtien (1492-1952), Port au Prince, 1953. Cf. les remises en cause de cette version par Carolyn Fick et de David Giggus dans L. Hurbon, op. cit.
34 Aux dires de l’ancien jardinier de Goya qui l’avait accompagné « une nuit de lune » sur le lieu des exécutions, il n’est pas assuré que celles-ci aient eu lieu de nuit. Encore faudrait-il vérifier la véracité de ce témoignage, ce que ne fait pas Pierre Cabanne, La nuit est aussi un soleil, Paris, 1960, p. 57-58.
35 Voir l’analyse de Fred Licht, Goya, tr.fr., Paris, 2001, p. 169-170.
36 Selon M. Misson, « une certaine lueur extraordinaire », apparue aux assaillants peu de temps avant l’assaut, « avoit esté regardée par plusieurs d’entre eux comme mauvais présage », Nouveau voyage, op. cit., p. 327.
37 Corinne Walker et Dominique Zumkeller, La Mère Royaume. Figures d’une héroïne, xviie-xxie siècles, Genève, 2002.
38 Par exemple la prise de Saint-Denis par les troupes de Condé la nuit du 30 septembre 1567 au souvenir pourtant traumatisant pour les catholiques ou les violentes émeutes nocturnes de Birmingham du 14 juillet 1791.
39 Louis Chevalier, Histoire de la nuit parisienne, Paris, 1982, p. 16.
Auteur
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne CRHM-EA 127
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