Le seigneur et le clerc. Sébastien Mamerot et la naissance du dixième Preux
p. 539-553
Texte intégral
1. L’Histoire des Neuf Preux. Quelques repères
1Le xve siècle français connaît nommément un certain nombre de clercs, qui, à la fois scribes et écrivains, travaillent pendant de longues années pour un seul patron. On pense entre autres à Michel Gonneau, copiste de Jacques d’Armagnac, ou à Jean Wauquelin, établi à Mons où il travailla pour Antoine de Croÿ, mais aussi pour la cour de Bourgogne. Jean Miélot et David Aubert, tous deux à la solde du Bourguignon Philippe le Bon, font également partie de cette catégorie d’hommes de lettres, mais le rôle qu’ils jouèrent dans la production littéraire de leur temps reste difficile à cerner. S’il est en effet incontestable qu’ils ont tous écrit des textes, on ne sait pas s’ils les ont simplement transcrits et traduits, ou s’ils les ont aussi réécrits, voire même entièrement remaniés. En simplifiant beaucoup, on pourrait dire qu’on ignore encore leur attitude précise à l’égard des sources, car si l’on sait que leurs œuvres sont en gros respectueuses de leurs modèles, on ne peut pas exclure qu’ils aient aussi introduit des nouveautés dans leur matière.
2J’aimerais ici attirer l’attention sur Sébastien Mamerot, un autre de ces clercs à la fois copiste, traducteur et écrivain, et sur sa relation avec son patron, Louis de Laval. Il me semble qu’on peut voir, à travers le rapport ou, plutôt, la mise en scène du rapport entre les deux hommes, une façon d’introduire « du neuf » dans la matière traditionnelle véhiculée par les sources. En d’autres termes, ce que j’aimerais examiner c’est l’insertion explicite de l’image de l’écrivain et de son patron dans un texte in fieri, au moment de la réécriture d’une œuvre déjà existante.
3Louis de Laval et Sébastien Mamerot, les deux personnages historiques dont je m’apprête à chercher l’image dans les textes, ne sont pas à proprement parler des inconnus. Le premier fait partie de l’une des très grandes familles du xve siècle français1 à laquelle appartient, entre autres, le terrible Gilles de (Laval)-Retz. Notre Louis de Laval n’est ni aussi célèbre ni aussi sanglant. Né en 1411, troisième fils de Guy XIII de Laval, il est choisi par Louis XI, alors dauphin, pour occuper, le 1er janvier 1447, le poste de gouverneur du Dauphiné, qu’il quitte pour celui de Gênes vers 1461. Le 6 août 1465, il est « pourvu du gouvernement de la Champagne, et, un an plus tard, le 18 mai 1466, nommé grand maître et général réformateur des Eaux et Forêts de France »2, fonction importante qui correspond à peu près à un poste de ministre.
4Quant à Sébastien Mamerot3, son fidèle clerc, on ne sait de lui que ce qu’il dit lui-même dans ces textes. Ainsi il traduit en 1458 la Chronique de Martin le Polonais4, et en 1460, disent les histoires de la littérature5, il rédige l’Histoire des Neuf Preux et des Neuf Preues. Six ans plus tard, on le voit à Troyes, en train de traduire le Romuleon, une compilation d’histoire romaine due à Roberto della Porta6, déjà traduite par Jean Miélot7, et vers 1472 il compose, vraisemblablement, un traité intitulé Les Trois Grands, où Alexandre, Pompée et Charlemagne se disputent le titre de « Grand »8. En 1473, Mamerot rédige une histoire de la Croisade arborant le titre Passages d’Outremer faits par les François contre les Turcs depuis Charlemagne jusqu’à 1462, (qui est à distinguer des Passages d’Outremer du noble Godefroy de Buillon, qui fut roy de Hierusalem, du bon sainct Loys et de plusieurs vertueux princes qui se sont croisez pour augmenter et soustenir la foy crestienne). Avant 1488, il part lui-même pour la Terre Sainte et rédige, à son retour, sa Compendieuse description de la Terre de promission. Thématiquement, c’est certain, toutes ces œuvres sont de nature « historique » dans la mesure où elles rapportent des faits du passé. En tant que telles, elles puisent, forcément, leur matériau dans une tradition orale ou, de préférence, écrite9. Comme, de plus, elles se recoupent, par endroits, entre elles, une évaluation en termes d’« originalité » ou de « dépendance » devient encore plus difficile. Ainsi, la partie « Alexandre » des Trois Grands se retrouve interpolée dans le chapitre « Alexandre » des Neuf Preux10 et on a signalé des ressemblances entre le Romuleon et ces mêmes Neuf Preux11.
5Cette Histoire des Neuf Preux et des Neuf Preues est certainement l’œuvre la plus « complète » de Sébastien Mamerot parce qu’elle englobe, pour ainsi dire, toutes les matières narratives existantes. C’est pourquoi je m’appuierai ici uniquement sur celle-ci. Ce choix, j’en suis conscient, est à la fois réducteur, puisqu’il consiste à négliger tous les autres écrits de Mamerot, et prétentieux, puisqu’il fait semblant de pouvoir faire le tour d’un texte immense qui est à l’heure actuelle complètement inédit.
6Le texte en question est conservé dans un seul manuscrit, remplissant deux volumes, aujourd’hui à la Österreichische Nationalbibliothek à Vienne, cotés 2577 et 2578. Ces volumes ont été copiés en 1472 par Robert Bryart, secrétaire de Louis de Laval et ont été superbement illustrés par l’atelier de Jean Colombe12. Je rappelle, pour mémoire, quelques informations essentielles sur cet énorme recueil. L’Histoire des Neuf Preux et des Neuf Preues de Sébastien Mamerot reprend, comme indique le titre, le thème des Neuf Preux, qui a connu une grande diffusion au Moyen Age13. Le noyau de la tradition semble avoir été un bref passage des Vœux du Paon de Jacques de Longuyon14, qui juxtaposait les neuf héros en une longue série de laisses qui se termine sur les vers suivants :
Or ai je devisé lout ordenéement
Les .ix. meillors, qui furent puis le conmandement
Que Diex ot fait le ciel et la terre et le vent.
Il se maintindrent bien et assés longuement,
Mais onques en lor vie, en .i. jor seulement.
Ne souffrirent tel painne, ne tel encombrement,
Com Porrus [ =le héros du roman) [...].15
7A partir de là s’est assez vite cristallisée, en iconographie et en littérature, une série canonique de héros, organisée en triades : aux trois personnages antiques (Hector, Alexandre, Jules César) ont été apposés16 trois héros de l’ancienne loi (Josué, David, Judas Macchabée) et trois héros chrétiens (Arthur, Charlemagne, Godefroy de Bouillon). Cette série masculine a été ensuite doublée d’une série féminine chez Sébastien Mamerot et certains autres auteurs17, ainsi que d’une version « malheureuse », rassemblant des personnages particulièrement infortunés"18. Il faut noter que le thème est répandu dans l’ensemble de l’Europe et qu’il peut apparaître sous de formes très variées, sur toutes sortes de supports, dans des milieux très divers19. On a donc affaire à un phénomène d’envergure européenne, qui, en ce qui concerne la littérature française, peut donner naissance aussi bien à un imprimé populaire intitulé Le Triumphe des Neuf Preux20 qu’à un manuscrit de grand luxe, comme celui de Sébastien Mamerot.
2. Bertrand du Guesclin, un dixième Preux empêché ?
8Cette série des Neuf Preux est donc relativement stable. Il existe cependant des tentatives pour l’augmenter d’un dixième membre. Dans la série masculine, le candidat le plus fréquemment avancé est sans conteste Bertrand du Guesclin ; dans la série féminine, le personnage généralement proposé comme dixième Preuse est Jeanne d’Arc. Le plan originel de la compilation de Sébastien Mamerot devait très probablement comporter les deux. La grande enluminure qui ouvre le recueil montre en effet, à côté des neuf héros traditionnels, Bertrand du Guesclin. Il n’est pas certain, cependant, que Mamerot ait exécuté les deux vitae supplémentaires, en tout cas, elles ne nous sont pas parvenues. Mais on lit dans le prologue conservé dans le manuscrit de Vienne 2577 l’intitulé suivant
Prologuc ou livre des Neuf Preux et de Bertrand du Ghesclin, composé par moy, Sebastien Mamerot, prestre de Soissons, du commandement et vouloir de mon tresredoubté seigneur monseigneur Loys de Laval, seigneur de Chastillon en Vcndelois et de Gael, et gouverneur du Dauphiné et de la cité et seigneurie de Jennes21
9où les mots Bertrand du Ghesclin ont été grattés par une main postérieure. Dans le corps du prologue, l’auteur réitère cependant l’affirmation que son livre comportera une section consacrée au célèbre chef militaire. Après l’énumération des Neuf Preux traditionnels, on y lit :
El a celle occasion, mon tresredoubté seigneur monseigneur Loys de Laval, seigneur de Chastillon en Vendelois et de Gael, et gouverneur du Dauphiné et de la cité et seigneurie de Jennes, la ou il se tient a present, voulant garder que les bons chevaliers et autres nobles par telle tediacion ne delaissent depuis cy en avant enquerir, serchier et sçavoir tant nobles fais, que par raison selon toutes loables meurs ne doivent ygnorer, a voulu que par moy, Sebastien Mamerot, de Soissons, son chappelain et serviteur domestique, ayent esté, cest an mil .cccc. et lx., tiers du papal de nostre Saint Pere le pappe Pius second de ce nom, et .xxxviii.e du regne du roy Charles le VIIe, a present regnant, reduilz et ramenez en ung compendieux volume, ordonnant que je meisse en la fin de leurs fais ceulx aussi du tresvaillant chevaliers Bertrand du Ghesclin, Breton, jadis connestable de France, par le moyen duquel furent, soubz le roy Charles le Quint, dechacez les Anglois et Navarrois de la plus grant partie du royaume de France ; complaisant auquel seigneur, j’ay a mon pouvoir entreprins acomplir son comandement et ordonnance, les mettans l’un aprés l’autre, selon les temps de leurs regnes et chevaleries et commençant en ceste maniere ...22
10Dans le Prologue du Petit traictié des .ix. Preues on trouve la même affirmation, cette fois-ci sous une forme plus explicite encore :
(22la] Par ce que le noble et tresloable vouloir et desir de vous, mon tresdoubté seigneur, monseigneur Loys de Laval, seigneur de Chastillon [22lb] en Vendelois et de Gael et gouverneur du Daulphiné et de la cité et seingeurie de Jennes et des Jennevois, a csté et est de sçavoir [ct| congnoistre en brief les principaulx fais des .ix. dames et princesses dictes Preues, et aussi de la Pucelle, decorees par les anciens selon leur sexe a l’exemple des Neuf Preux tresrenommez [221c] et de Bertrand du Ghesquin, les fais desquelz ont esté par moy, Sebastien Mamerot de Soissons, vostre chappelain et serviteur domestique, ensuivant vostre ordonnance, conmandement et noble vouloir, reddiggiez de nouvel en ung volume ou traictié par moy compendieusement composé l’an precedent, je me suys, en cestuy moys de janvier mil .iiij.c soixante et ung, quart du pappal nostre Saint Pere le pappe Pius second, et neufieme du regne du roy Charles le septieme, regnant a present, mis en peine de redduyre en ung petit traictié par la maniere que vostre noble seingneurie me conmanda proceder ou principal livre des .ix. Preux ...23
11La formulation, en principe, ne laisse pas de place au doute. Le passé composé ont esté reddiggiez indique que la vita de du Guesclin a bel et bien été exécutée. On peut même proposer une fourchette de deux ans, puisque Mamerot, dans le prologue aux Neuf Preux, dit avoir commencé son entreprise en 1460 et affirme, en 1461, dans le prologue aux Neuf Preuses, que la série masculine est achevée. En un an, entre 1460 et 1461, Mamerot aurait donc bouclé son grand ouvrage. Quand on sait que Robert Briart, le secrétaire de Louis de Laval, chargé de copier — j’entends : mettre au net — s’est acquitté de sa tâche en 1472 seulement24, on devient sceptique. Aurait-il mis onze ans entiers pour transcrire les deux volumes de Mamerot ? Même si l’on admet que le secrétaire de Louis de Laval devait certainement vaquer aussi à d’autres occupations, le laps de temps écoulé entre l’achèvement de la composition et la mise au net semble long. A la fin de la section arthurienne, dans l’explicit, se trouve un passage qui peut nous aider à voir un peu plus clair :
... le tresbon roy Artus, des faiz. duquel cest samedi, veille des Sainctes Pasques aprés la benediction du cierge benist, l’an mil. iiij.c lxviij. fais fin en ceste cité de Troyes en Champaigne, en laquelle m’a laissé pour une espace le noble seigneur mon maistre monseigneur Loys de Laval, seigneur de Chastillon en Vaudeloys et de Blanquefort en Guyenne, gouvernant les contez et pays champenoys pour le roy, son lieutenant general, obstant qu’il s’en est alé a Tours aux troys estas y estans assemblez conme on dit pour trouver maniere d’aulcun bon accord entre le roy et monseigneur Charles son frere retrait en Bretaigne. Si prie a tous veans ou oyans ceste myenne petite euvre soissonnoyse qu’ilz leur plaise suppleer par correction de plume et non aultrement en ce qu’ilz congnoistront par vraye consideracion avoir aulcun vice. Et rens loenges a Nostre Seigneur duquel tout bien vient de la grace qu’il ma donnee d’acomplir cestuy present traictié des Neuf Preux, non obstant les prolongacions que j’ay faictes par ce [97b] que j’ay làicte ceste intitulacion la derniere, combien que la couche la .vij.e en l’ordre des aultres, tant par deffault d’en trouver les hystoires selon vrays et renommez historiographes conme pour les diverses maladies et aultres empeschemens qui me sont survenues depuis l’an mil .iiij.c soixante troys que la conmençay en Provence, le noble monseigneur mon maistre y estant retourné de la cité de Saonne en laquelle s’estoit tenu depuis son depart du gouvernement de Jennes.25
12Dans ce passage, Mamerot affirme donc avoir achevé, en dernier lieu, la biographie d’Arthur ; et ceci en 1468, à Troyes, cinq ans après l’avoir commencée en Provence. Cela veut dire d’une part que les neuf (ou dix) biographies des Preux n’ont pas été écrites dans l’ordre et que, de l’autre, il faut prendre cum grano salis la déclaration du prologue au Petit traictié des Neuf Preues, selon laquelle en 1461 toutes les biographies des Neuf Preux traditionnels avec, en prime, celle de Bertrand du Guesclin, étaient rédigées et terminées. Visiblement, en effet, celle d’Arthur n’était pas achevée, ni même commencée à cette date. Du coup, il n’est pas nécessaire d’admettre que celle de Bertrand du Guesclin l’était davantage. Il est même très raisonnable de supposer qu’au moment où Mamerot rédigeait le prologue, la vie du grand stratège français, comme celle du roi de Bretagne, existait uniquement à l’état de projet26.
13Il aurait cependant été naturel que ce soit Mamerot, écrivain fidèle au service des Laval, qui consacre Bertrand du Guesclin et Jeanne d’Arc parmi les Preux et les Preuses, car, comme on le sait depuis longtemps27, le souvenir des deux personnages était particulièrement vivant dans cette famille. La grand-mère de Louis de Laval avait en effet été l’épouse de du Guesclin lui-même et l’épée du grand guerrier était conservée dans la famille. En ce qui concerne Jeanne d’Arc, les deux frères aînés de Louis de Laval ont eu l’honneur de faire la campagne de la Loire aux côtés de la Pucelle et Jeanne d’Arc elle-même les a reçus dans son logis en leur disant qu’elle venait d’envoyer à Jeanne de Laval, leur grand-mère, un petit anneau d’or, probablement, comme pensent les historiens, pour honorer la veuve de du Guesclin.
14A priori, Sébastien Mamerot était donc bien placé pour rédiger les notices sur ces deux personnages légendaires appartenant quasi à l’histoire familiale des Laval, mais s’il les a jamais écrites, nous ne les connaissons plus28, il faut, jusqu’à nouvel ordre, s’y résigner. Cela ne veut pas dire, pour autant, que Mamerot ait renoncé à la création de son dixième Preux. Il a simplement changé de méthode et de personnage. Au lieu d’écrire les fais du tresvaillant chevaliers Bertrand du Ghesclin, Breton, jadis connestable de France, dans un chapitre à part, il insère les hauts faits d’un autre Breton dans la biographie d’un Preux traditionnel.
15Le Preux-hôte est, naturellement, Arthur, le plus glorieux des Bretons, et le personnage accueilli dans sa biographie n’est personne d’autre que Louis de Laval, le patron de Sébastien Mamerot.
3. Louis de Laval, le dixième Preux en filigrane
16Il est assez facile de faire allusion, par personne interposée, à Louis de Laval dans la biographie d’Arthur. Toute cette partie arthurienne suit en effet fidèlement, d’un bout à l’autre, l’Historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, où il est souvent question des Bretons continentaux. Leur chef Hoel est toujours présenté sous un jour extrêmement favorable et le lien entre ces anciens Armoricains et les Bretons modernes est systématiquement mis en évidence par Mamerot, le plus souvent à l’aide de la formule les Armoricains, a present Bretons. En outre, Mamerot, pour rehausser le prestige de son patron, élève au rang de roi ce même Hoel, qui, chez Geoffroy, n’est que duc. Ainsi, au moment de la Pentecôte de Karlion, Hoel est introduit de la façon suivante :
Hoel, duc des Armoricains, a present ditz Bretons, lequel j’appelle tousjours roy obstant les oppinions de pluseurs, a [manuscrit : et] ce que je croy monseigneur mon maistre et ceulx de sa noble maison de Laval estre de luy descendus par succession de temps29
17Plus tard, c’est une donnée acquise, Hoel est toujours qualifié de roi30 ; et le lien généalogique avec les Bretons actuels semble aller de soi. Cette ascendance arthurienne, Mamerot l’a bien vu, doit obligatoirement passer par le biais du roi Hoel, puisque les Bretons insulaires sombrent vite dans la médiocrité après que Mordret et Arthur se sont entre-tués. Sur le Continent par contre, la domination bretonne continue, car, on s’en souvient, Arthur confie une partie de son aimée à Hoel affin qu’il gardast et entretint toute Gaulle en son obéissance et les paciffiast et accordast les ungs avec les aultres31 lorsqu’il rentre lui-même en Logres pour combattre Mordret. Cette filiation, qui va d’Arthur à Louis de Laval via Hoel, revient une dernière fois à la fin du chapitre arthurien des Neuf Preux.
En quoy [= le changement de nom de l’île de Bretagne en Angleterre] appert la lignee du tresvaillant, tresnoble et tresconquerant roy Artus, chief de ceste presente intitulacion estre extirpee totalement de son droit royaume de la Grant Brctaigne, combien qu’elle demore et soit encores en hault estat maintenue par les Armocicains que de present appelons Bretons, lcsquelz, ensuyvans les tresrenommés vaillances tant du trcsnoble roy Artus come de leurs aultres tresauctorisez predecesseurs (97a) se sont depuis trouvez et treuvent encorcs incessamment en tresexcellens fais d’armes, csquelz excercer se reputent et sont tenus en tresglorieux ressemblans et ensuyvans en ce leur droit exemplaire et tresvray introducteur, le tresbon roy Artus32.
18Cette superposition de tous les Bretons, armoricains et insulaires, anciens et modernes, prépare le terrain pour une véritable passation du témoin : après la mort d’Arthur, avant même le récit de la vengeance que son successeur prend des fils de Mordret, Mamerot insère un exploit de Louis de Laval. La transition se fait de façon assez habile puisqu’il utilise précisément le fait que son seigneur lui a demandé de raconter la vengeance du roi Arthur pour attacher au nom de Louis de Laval une proposition relative qui débouche sur le récit de la perte de Gênes. Voici le passage en question :
Toutesfoys est mon entencion d’eclarer cy apres en brief la fin de son cousin, le roy Constantin, son successeur, et aussi de ceulx qui luy succederent en son royaulme de Bretaigne la Grant, maintenant appellé Angleterre, jusques ad ce que les Angloys y regnans a present en boucterent hors les Bretons et en usurperent le regne, car ainsi m’a esté et est ordonne en charge par le noble seigneur de la noble maison de Laval, par le plaisir et conmandement duquel je conmençay cestuy present traictié en Provence, lorsqu’il se tenoit aprés ce qu’il se fut party de Saonne la ou s’estoit tenu depuis son depart du gouverneur de la cité et du chastellet de Jcnnes, le chastel par luy rendu, luy et les sciens, ses biens et les leurs tous franez et avec ce tous les prisonniers françoys prins par les Jennevoys et Mylenoys a la desconfiturc de Godessa rendus aussi et delivrez franchement. Et aussi la quictanec de vint [86c] et cinq mil ducas deuz aux Jennevois par Rcgné, roy de Cecile, qui fit la composicion veant le secours envoyé par le roy Charles .vii.eme s’estre laisser mectre a total desconfiture exceptez ceulx des galees esquelles estoit celluy roy Regné avec pou de gens de guerre qui n’eussent peu avittaillier le chastellet ja fort affamé par six moys de siege, durans lesquelz le noble seigneur mon maistre fisl de tresgrans domages a la cité et aux Jennevoys donc. El par ses engins et par luy et ses gens furent en diverses escarmouches tuez plus de ,vi.c, sans les prins et navrez, et nonobstant leur siege les aloient assaillir tressouvent bien avant dedens leur cité et en rapporterent draps, robes, chausses, solers, cordes, boys, huyles, graisses, pains, chairs, poissons, fromages et aultres garnisons, malgré toute la puissance jennevoyse.33
19Quel est cet événement extraordinaire que Sébastien Mamerot a trouvé le moyen d’intercaler dans la biographie d’Arthur ? Il s’agit du dernier combat, peut-être du seul, que Louis de Laval ait livré pour le roi de France. Comme j’ai eu l’occasion de le mentionner en présentant le personnage, Louis de Laval, en 1461, a été gouverneur de la ville de Gênes, véritable guêpier de la politique européenne. La ville de Gênes, pendant toute cette période, était en effet au centre des intérêts, souvent conflictuels et jamais stables, des Vénitiens, Milanais, Français de France et d’Anjou. De surcroît, elle était en principe elle-même gouvernée par un doge, dont deux factions, les Adorno et les Fregoso, se disputaient avec acharnement la charge, en concluant constamment des alliances avec des puissances diverses. En résumé en peut dire que « toute l’histoire du Quattrocento génois est celle d’une véritable crise sociale et politique »34. En tout cas, le roi de France entretenait à Gênes une garnison assez importante et un gouverneur, dont il fallait bien payer les frais, ce qui faisait naturellement murmurer les autochtones. En l’absence du duc de Calabre, ce gouverneur fut, en 1461, Louis de Laval, « qui n’avait ni la capacité ni le prestige du jeune duc35 ». C’est pourquoi les Génois avaient dépêché un ambassadeur auprès de Charles VII, roi de France, pour lui demander uno savio retore36 étant donné que les habiles Sforza de Milan avaient réussi à passer un traité avec tous les mécontents de la région, qui risquait de perturber sérieusement l’ordre à Gênes. Mais l’arrivée de Jean de Chambes, envoyé spécial du roi, ne change rien aux événements : le 9 mars une révolte éclate, et la ville entière se met en armes. Pratiquement en même temps, les deux factions rivales, respectivement sous la conduite de Paolo Fregoso et Prospero Adorno, pénètrent dans la ville. Pendant un moment, les Adorno semblent vouloir s’allier avec le gouverneur français, mais préfèrent finalement conclure, après l’intervention d’un agent des Sforza, un traité avec les Fregoso à la suite duquel Prospero Adorno se retrouve Doge de Gênes37. Et tous, pour une fois unis, se mettent à assiéger la citadelle où Louis de Laval et les siens se sont retirés. Charles VII décide alors d’envoyer du renfort à sa garnison et bientôt part des côtes de Provence une petite flottille sous les ordres du roi René d’Anjou. René arrive d’abord à Savone, petit port à proximité de Gênes, resté fidèle au roi de France, et cherche ensuite à rejoindre par terre et mer la ville de Gênes. La tentative se solde par un échec total, car les contingents envoyés par voie de terre sont écrasés par les Génois, auquel le duc de Milan avait fourni des cavaliers. Les Français prennent alors la fuite et se dirigent vers la côte, espérant pouvoir atteindre leur flotte et éviter ainsi d’être tués. Thomas Basin, historien du xve siècle, décrit ainsi les événements :
Les fuyards pensaient pouvoir se sauver en courant vers le rivage où ils voyaient les galées à l’ancre et ils s’efforçaient de monter à bord pour éviter d’être massacrés. Mais ceux qui s’y trouvaient les repoussaient, craignant naufrage ou perdition, à cause du trop grand poids, si bien que certains, qui essayaient malgré tout de se faufiler dans les galées, eurent, dit-on, les mains et les bras tranchés.38
20René d’Anjou, qui, lui, se trouve sur une des galées, voyant ainsi anéanties toutes les troupes qu’il avait envoyées par voie de terre, renonce à débarquer dans ces conditions et rebrousse chemin. Louis de Laval, affamé et sans espoir d’être secouru, rend la citadelle de Gênes à ses ennemis, melioribus quas habere potuerunt condicionibus acceptis « aux meilleures conditions qu’ils purent obtenir »39.
21Voilà, en gros comment se présente, d’après les historiens modernes, cet épisode en somme peu glorieux de la perte de Gênes. On peut noter que Sébastien Mamerot, dans le récit qu’il en fait, a mis l’accent surtout sur l’héroïsme de Louis de Laval. Il n’est pas dit, cependant, que la version des faits donnée par Mamerot soit forcément inventées de toutes parts. Tout ce qu’on peut observer c’est que nos autres sources relatant l’épisode de la perte de Gênes ne mentionnent pas les exploits de Louis de Laval ni même son nom. On connaît notamment la lettre envoyée peu après les faits par le duc de Milan à Louis XI, dans laquelle il insiste sur la durée et l’intensité des combats40, et une autre lettre, datée du 19 mars 1461, donc quelques jours après la révolte, envoyée par Bartholomeo et Marco Doria à Charles VII41, qui est également assez détaillée.
22Est-ce que le récit de Sébastien Mamerot a valeur de témoignage oculaire inédit ou s’agit-il d’un simple plaidoyer pro domo inventé d’un bout à l’autre ? Je ne saurais le dire. Toujours est-il qu’en insérant les exploits de son seigneur Louis de Laval dans le chapitre arthurien des Neuf Preux, après la mort du héros de la section, Mamerot réussit à placer son commanditaire aux côtés des Neuf Preux, dont il devient l’égal en vaillance et prouesse. A défaut de Bertrand du Guesclin, dont il n’a probablement jamais couché par écrit la vita, Mamerot assigne la dixième place à son seigneur, héritier légitime, on l’a vu, d’Arthur le Breton. Cette interprétation est d’autant plus vraisemblable que Mamerot, selon ses propres dires, a rédigé la biographie d’Arthur après toutes les autres, au moment où il avait sans doute déjà abandonné le projet d’écrire une vie de du Guesclin. La biographie d’Arthur était donc la toute dernière occasion pour assurer, in extremis, à un Laval une petite place à côté des immortels Preux.
Notes de bas de page
1 Pour une première orientation, cf. l’article d’A. Chédeville, dans le Lexikon des Mittelalters, München- Zürich, Artemis und Winkler, 5. Bd. 8. Lieferung, 1991, v. Lavai, col. 1170, la grande étude d’ensemble sur la famille des Laval reste l’ouvrage d’Arthur Bertrand De Broussillon, La Maison de Lavai 1020-1605, en 4 vol. Paris, Picard, 1895-1900.
2 Sur Louis de Laval cf. A. Bertrand De Broussillon, La Maison de Laval, op. cit., t. III, Les Monfort-Laval, pp. 12-14 ; pp. 13-14 pour la citation.
3 Antoine Thomas, « Notes biographiques et bibliographiques sur Sébastien Mamerot », Romania XXXVII (1908), pp. 537-39.
4 Sur cette traduction de Mamerot, le travail de l’Abbé Lebeuf, « Mémoire sur les Chroniques Martinicnncs », Mémoires de littérature tirés des registres de l’Académie royale des Inscriptions des Belles-Lettres, Paris, Imprimerie Royale, 1753, vol. 20, pp. 224-66, reste instructif, cf. en outre, les remarques de Pierre Champion, Cronique Martianiane, Edition critique d’une interpolation originale pour le règne de Charles VII restituée à Jean Le Clerc, Paris, Champion 1907, (Bibliothèque du xve siècle II) pp. v-viii.
5 Ces informations sont à nuancer. L’élaboration de cette œuvre immense lui a certainement pris beaucoup plus qu’une année et, comme Mamerot dit lui-même dans l’épilogue de la section arthurienne, il n’a achevé ce chapitre qu’en 1468.
6 Selon Claude Schaefer, « Die Romuleon-Handschrift (78 D 10) des Berliner Kupferstichkabinetts », Jahrbuch der Berliner Museen 23 (1981), pp. 125-78, le Romuleon est dû à Benvenuto da Imola.
7 Cf. sur cette compilation Christiane Raynaud, « La violence dans le Romuleon ou Faits des Romains de Roberto della Porta », La Violence au Moyen Age, Aix-en-Provence, Cuerma, 1994, (Senefiance 34), pp. 427-453 qui ne semble pas connaître l’étude de Schaefer.
8 David John Atholc Ross, « Les Trois Grands. A Humanist Historical Tract of the Fifteenth Century », Classica et Mediaevalia XXVII (1966), pp. 375-96. Cf. aussi, du même auteur, « Les Trois Grands : a New Manuscript and the Identity of the Author », Medium Aevum LV (1986), pp. 261-65. Il serait intéressant de comparer ce texte à l’imprimé du Triomphe des Neuf Preux, où le narrateur, dans un récit-cadre, est sollicité par Dame Triumphe afin de désigner le plus vaillant des Neuf Preux.
9 Bernard Guenée, Histoire et Culture historique dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 1980, pp. 77-128.
10 Ross, « Les Trois Grands : a New Manuscript ... », art. cit.. Le texte des Trois Grands du fr. 5594 apparaît en effet interpolé dans le manuscrit de Vienne. En ce qui concerne la chronologie relative, Ross pense que les Trois Grands ont été écrits après les Neuf Preux (que Mamerot dit avoir composés en 1460) et insérés dans la compilation au moment de la copie par Robert Bryart (1472).
11 Schaefer, « Die Romuleon-Handschrift... », art. cit. Il serait certainement possible, à mon avis, de trouver en outre des emprunts à la section « Godefroy de Bouillon » des Neuf Preux dans les Passages d’Outremer, qui traitent en gros le même sujet.
12 Pour une description du manuscrit, cf. Otto Pächt & Dagmar Thoss, Französische Schule I, Wien, Österreichische Akademie der Wissenschaften, 1974, Textband, Veröffentlichungen der Kommission für Schrift-und Buchwesen (Österreichische Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-historische Klasse 118. Band), pp. 68-79 (avec bibliographie).
13 La monographie la plus complète est celle de Horst Schroeder, Der Topos der Nine Worthies in Literatur und bildender Kunst, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1971. Pour l’aspect iconographique, cf. Robert L. Wyss, « Die Neun Helden. Eine ikonographische Studie », Zeitschrift für schweizerische Archäologie und Kunstgeschichte, XVII (1957), pp. 73-106.
14 C’est Paul Meyer, « Les Neuf Preux », Bulletin de la Société des Anciens Textes Français 9 (1883), pp. 45-54, qui a établi cette filiation.
15 Je cite d’après Meyer, « Les Neuf Preux », art. cit., p. 52.
16 Parfois, les héros bibliques précèdent les personnages antiques, ce qui nuit quelque peu à la perspective eschatologique de la composition.
17 Entre autres chez. Thomas de Saluce. Cf. Anna-Maria Finoli, « Le donne, e’ cavalier ... : il topos dei nove prodi e delle nove eroine nel Chevalier Errant di Tommaso III di Saluzzo », Il confronto Letterario VII, 13 (1990), pp. 109-22.
18 Gianni Mombrllo, « Les complaintes de .IX. Malheureux et des .IX. Malheureuses. Vanations sur le thème des Neuf Preux et du vado mori », Romania LXXXVII (1966), pp. 345-378.
19 Pour une vue d’ensemble, on consultera Wyss, « Die Neun Helden... », art. cit. et Schroeder, Der Topos .... op. cit. Pour un bref aperçu de la tradition littéraire anglaise, cf. T. F. S. Turville-Petre, « A poem of the Nine Worthies », Nottingham Medieval Studies XXVII, (1983), pp. 79-84.
20 Description détaillée chez Louis-Fernand Flutre, « Li Fait des Romains » dans les littératures française et italienne du xiiie au xvie siècle, Paris, Hachette, 1932, pp. 178-83, David John Athole Ross, Alexander Historizatus. A Guide to Medieval Illustrated Alexander Literature, London, The Warburg Institute, 1963, pp. 109-10. Cet imprime est sorti en 1487 des presses de Pierre Gérard à Abbeville. L’ouvrage est dédié à Charles VIII. En 1507 le parisien Michel Le Noir réimprime le volume en remplaçant le nom de Charles VIII par Louis XI. Le volume contient les biographies de Josué, David, Judas Macchabée, Hector, Alexandre, Jules César, Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon. Chaque biographie débute par une xylographie montrant le portrait du personnage en question, une dixième inclut aussi Bertrand du Guesclin.
21 Manuscrit de Vienne, Ö. N. 2577, fol. 1a. Ce prologue, ainsi que le suivant, a été transcrit par Marcel Lecourt, « Notice sur l’Histoire des Neuf Preux et des Neuf Preues de Sébastien Mamerot », Romania XXXVII (1908), pp. 529-37, p. 531. La transcription de Lccourt comporte plusieurs erreurs assez graves, dont la plus gênante est certainement l’omission de David dans la liste des Neuf Preux, due à un banal saut du même au même.
22 Manuscrit de Vienne., Ö. N. 2577, fol. 1c-d.
23 Manuscrit de Vienne., Ö. N. 2578, fol. 221a-c. C’est nous qui soulignons. On voit d’ailleurs, en-dessous de la rubrique Prologue du Petit traictié des .ix. Preues une ligne réservée. Il est problable qu’une mention concernant Jeanne d’Arc a été grattée. On n’arrive cependant pas à déchiffrer, sur le microfilm, les traces qui subsistent.
24 Lecourt, « Notice sur l’Histoire des Neuf Preux », art. cit., p. 531.
25 Manuscrit de Vienne, Ö. N. 2578, fol. 97a-b, c’est nous qui soulignons.
26 Il est en effet probable que les dates contenues à la fin de la section arthunenne sont justes, car grâce à elles, le délai entre l’achèvement de la rédaction et la mise au net des volumes se raccourcit considérablement. Si l’on admet 1468 comme date de l’achèvement de la composition par Mamerot, seulement quatre ans — au lieu de onze, écart entre la date annoncée dans l’explicit du scribe Robert Bryart (1472) et les dates figurant dans les prologues (1461) — se sont écoulés avant que le texte de Mamerot soit couché dans le superbe manuscrit aujourd’hui conservé à Vienne.
27 Lecourt, « Notice sur l’Histoire des Neuf Preux », art. cit., pp. 534 et 536.
28 Il existe, en littérature et en iconographie, d’autres réalisations qui placent du Guesclin aux côtés des Neuf Preux. Pour du Guesclin, voir les tableaux de Schoeder, Der Topos op. cit., pp. 261-92, n° 6, 8, 15, 17. Le même auteur n’enregistre aucun exemple de Jeanne d’Arc en tant que dixième Preuse.
29 Manuscrit de Vienne, Ö. N. 2578, fol. 64b.
30 Ainsi, Manuscrit de Vienne, O. N. 2578, fol. 65c : roy Hoel, roy des Armoricains, a present Bretons, et fol. 82a : le tresvaillant et tressage roy Hoel.
31 Manuscrit de Vienne, Ö. N. 2578, fol. 82a.
32 Manuscrit de Vienne, Ö. N. 2578, fol. 96d-97a.
33 Manuscrit de Vienne, Ö. N. 2578, fol. 86b-c.
34 Jacques Heers, Gênes au xve siècle, Paris, Flammarion, 1971 (1ère édition 1961), p. 411.
35 Cf. G. Du Fresne De Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. VI, Paris, Picard, 1891, pp. 332-33, p. 332 pour la citation. Cf. aussi les pages de Giovan Pietro Cagnola, Cronache Milanesi, Firenze, Gio. Pietro Vieusseux, 1842, (Archivio storico italiano t. III), pp. 153-55 et, surtout, de Jean-Claude Simon De Sismondi, Histoire des républiques italiennes, Paris, Treuttcl & Würtz, 1826, t. X, pp. 125-35.
36 Dépêche de Camulio du 11 mars 1461, citée par Du Fresne De Beaucourt, Histoire op. cit., p. 332, note 5.
37 Il allait être déposé et remplacé peu après par les Fregoso.
38 Thomas Basin, Histoire de Charles VII, éd. et trad. Charles Samaran, Paris, Belles Lettres, 19652 (Les Classiques de l’Histoire de France au Moyen Age vol. 21), t. II, pp. 273, où se trouve aussi le texte latin.
39 Thomas Basin, éd. et trad. Samaran, pp. 274 et 275.
40 Lettres de Louis XI, roi de France, publiées par J. Vaesen et E. Charavay, t. I, Lettres de Louis Dauphin. 1438-1461, publiées par E. Charavay, Paris, Rcnouard, 1883, pp. 354-56. La lettre du 20 juillet 1461 rend compte au dauphin de la défaite des Français et de René d’Anjou par les Génois et de la déposition du doge Adorno, remplacé par Spineta di Campo-Fregoso : .... ibi ab hora undecima usque quintam decimam diei decimi septimi instantis mensis acerrime utrinque pugnatum est. (p. 356).
41 La lettre a été transcrite par Jules Quicherat dans son édition de l’Histoire des règnes de Charles VII et de Louis XI par Thomas Basin, évêque de Lisieux, Paris, Renouard, 1869, t. IV, pp. 361-62. Le document n’est pas facile à comprendre, et malgré le recours à la pièce originale (Paris, BN f. fr. 6963 [papiers de l’abbé Le Grand], fol. 43) des passages obscurs persistent. Une autre version du déroulement de la révolte se lit dans une chronique de Bologne, (éd. L. A. Muratori, Raccolata degli Storici italiani dal cinquecento al millecinquecento, nuova edizione, t. XVIII, parte I, Bologna, Nicola Zanichelli, 1924, pp. 279-80), sans que Louis de Laval y soit mentionné.
Auteur
Université de Zurich (Suisse)
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