Le personnage du clerc dans les Jeux allemands de Carnaval
p. 449-469
Texte intégral
1Burlesques et comiques pour bon nombre d’entre eux, les quelque 250 Jeux de Carnaval de Nuremberg du xve1 et du xvie siècle, dont les Jeux de Hans Sachs2 et de Jacob Ayrer3, prennent pour cibles principales les stéréotypes qu’en sont les personnage obligés du marchand, du médecin, du paysan surtout et, pour une moindre part, du clerc. Burlesques comme les Jeux auxquels ils appartiennent, ces personnages sont par essence objets de raillerie et -genre oblige- n’en retiennent de ce fait que les travers. Comme les autres, la figure du clerc y apparaîtra donc de manière essentiellement négative. Notons néanmoins dès à présent que la part que les Jeux lui réservent révèle le degré d’acuité des problèmes que posa pour chaque époque le personnage du prêtre ou du moine. Notons d’abord que les Jeux du xve siècle s’y intéressent beaucoup moins qu’on ne pourrait le penser : 15 % seulement des quelque 130 Jeux de ce siècle mettent ainsi en scène le clergé, proportion qui passera à 40 % dans la première moitié du xvie siècle avec Hans Sachs, la contestation luthérienne prenant le pas sur l’aspect plus librement ludique des Jeux, lesquels deviennent un moyen de propagande partisane, le vecteur de la propagation d’une meilleure foi chrétienne. Passé ce cap bien particulier, le personnage du clerc se fondra dès la fin du siècle dans la masse plus hétéroclite des figures du Jeu : 20 % seulement des Jeux de Jacob Ayrer traiteront en effet du clerc, dont les traits conserveront toutefois le plus souvent la coloration polémique que Sachs leur avait donnée cinquante ans plus tôt.
2Les Jeux de Nuremberg évoquent ainsi tour à tour les péchés et les vices, les défauts, les forfaits et les insuffisances du clerc. Les Jeux mettent en scène en effet la plupart du temps le prêtre du village, dont les revenus ne permettent manifestement pas de faire ripaille. Le prêtre aime certes manger et boire, mais comme tout autre, et le trait accompagne communément chez Hans Sachs le thème des aises que se donnent en bons amants le prêtre et la paysanne ; mais le poète, enclin pourtant à charger les prêtres, n’en fait ni le thème du Jeu ni la pièce à charge d’une satire du personnage4. Les auteurs de Jeux en réservent en fait le reproche aux dignitaires de l’Eglise, attaquant par là l’un des signes de leur richesse dans des Jeux marqués par le souci d’une peinture sans indulgence de l’ordo, le monastère en est ainsi la cible dans deux Jeux du xve siècle. Dans le premier, l’abbé, conseiller de l’empereur, n’est guère compétent qu’en matière de libations et de nourriture5 ; dans le second, voué au personnage de l’Antéchrist, l’abbé Gôdlein Waltschlauch accepte de rallier le camp satanique en échange de promesses de ripailles et de Libations (605, 3-8) ; comme le souligne l’abbé, il faut à tout le monastère vins, viandes et poissons à satiété (605, 10-23)6. Sachs en fera à son tour l’un des traits les plus cinglants de l’un de ses Jeux : le personnage infâme de l’inquisiteur y charge le bedeau de faire donner par les moines au bon peuple l’image de la piété et de la sainteté la plus exemplaire, afin de récolter l’argent qui permettra d’acheter les meilleurs mets, les rôtis et les poissons dont ils ne donneront aux pauvres que le bouillon ; les braves gens croiront ainsi que les moines mangent aussi mal qu’eux (v. 169-196)7. Bien qu’empreint de bonhomie à l’égard du saint et bon prélat qu’est ailleurs l’abbé de Cluny, le Jeu chez Sachs égratigne quand même le bon clerc, malade pour avoir surtout, comme il le reconnaît lui-même, trop bien mangé au monastère (v. 318-322)8.
3Les Jeux condamnent plus encore la cupidité des clercs, source de la richesse contestée des monastères. Dans les deux Jeux du xve siècle déjà mentionnés, les prélats sont ainsi par trop intéressés par les biens de ce monde. Dans le premier, l’abbé reconnaît avoir assuré la sécurité du monastère en payant les brigands dont l’empereur cherche à se défaire par les armes (200, 19-25). Mécontent des conseils de l’abbé, par trop enclin à se réfugier sans grand courage derrière sa fonction, l’empereur essaie d’extorquer à l’abbé partie de sa trop grande richesse en lui soumettant trois énigmes qui feront sa perte (201, 19-28)9. Dans le Jeu de l’Antéchrist, le châtelain de l’évêque de Lucerne ralliera le clan démoniaque en échange de biens en quantité (604, 30), ce que fera tout autant l’abbé Schludreich (605, 25-30)10. Sachs, bien que présentant avec bonhomie un autre abbé, metteur en scène d’un simulacre de descente au Purgatoire, égratigne encore le prélat qui fait payer de sept livres ses services (v. 110-116) et doit pourtant déjà sa richesse au labeur de paysans traqués par la misère (v ; 181-188)11. Ayrer ira plus loin encore. Le moines y font ainsi d’un abominable usurier du Décaméron, Serciapel, un saint, et le poète stigmatise les monastères dont les trésors ont été trop souvent amassés par des coquins (2996, 1-17), les moines ayant pour triste habitude de faire argent de tout (2998, 30-36)12. Sachs toutefois n’épargne pas de ce trait le plus pauvre des clercs. Un drôle reproche ainsi à un frère mendiant de voler la moitié des offrandes pour boire et jouer à l’auberge ; ce drôle de pèlerin est en effet un moine paillard (v. 205-208)13. Il en va de même pour les prêtres de village, toujours empressés à solliciter les paysans pour quelque aumône. Sachs fait dire ainsi par l’un des paysans adultères traqués par le prêtre qu’il s’agit là de chantage à l’aumône et que le prêtre est comme un tonneau sans fond :
"Wer künd den podlosen pfaffen fuellen ?" (v. 175)14.
4Tout comme le frère mendiant, le prêtre de village n’a guère bien acquis l’argent dont il dispose ; un étudiant vagant se félicite donc d’avoir extorqué au prêtre paillard douze thalers (v. 319)15.
5La cupidité sans frein, l’argent mal acquis, voilà donc ce que le dramaturge reproche, en bon luthérien, au prêtre. Certains Jeux du xvie siècle chargent encore le trait et font du moine un voleur. Un moine ermite se voit ainsi brosser un portrait peu élogieux de sa personne : il a volé pain et vin chez ceux qui l’hébergeaient, vendu pour reliques des ossements pris au gibet (871, 26-27) et forcé un tronc (v. 38), comportement qui lui aurait valu les fers (v. 28-33)16. Ce Jeu alémanique n’est guère différent du contenu d’un Jeu d’Ayrer dans lequel le héros, Fritz Dölla, réussit par la magie de son violon à extorquer à un frère mendiant les cent couronnes qu’il a volées à l’abbé de son monastère (2836, 12-16)17. Reflets de préjugés ou fruits de l’observation, ces faits reprochés à certains clercs sont certainement plus que de simples effets de réel. Les Jeux du xvie siècle contiennent en effet plus d’une revendication, plus d’un trait de nature sociale et se font manifestement l’écho des craquements qui accompagnèrent la fin de la féodalité.
6Un Jeu du xve siècle est à cet effet exemplaire. Le pape, l’empereur, le roi, les princes et les prélats sont réunis pour faire régner la justice et la paix. Un chevalier reproche aux princes de l’Eglise de participer aux guerres et aux rapines qui dévastent villes et campagnes : les pasteurs tondent à l’excès et massacrent les brebis qu’il leur est pourtant donné de garder (642, 15-22). Outré, le pape demande à l’empereur de destituer les évêques pillards (9-19). Les prélats font alors valoir qu’ils sont contraints de faire cause commune avec les princes (643, 21-30). Ceux-là se défendent et allèguent qu’ils se sont alliés pour résister à la menace des paysans et des villes. Les prélats sont donc aux yeux de l’empereur des brigands (645, 4-8), du fait qu’ils ont partie liée avec les princes. Le Jeu a certes plus pour objet d’accuser la noblesse, il n’en montre pas moins, mais sans la critiquer, l’union des deux premiers états de l’ordo médiéval contre le troisième, les paysans et les villes.
7L’idée du Jeu reflète l’état de l’ordo et les soubresauts qu’il connaissait alors. Les paysans et les villes, dit le duc, deviendraient trop riches et trop puissants si on les laissait toujours en paix (645, 24-25). Le chevalier approuve les dires du duc : paysans et bourgeois n’ont qu’à respecter l’ordo et rester dans leur rang, comme ils le faisaient cent ans plus tôt (646, 19-20). Les Jeux rejoignent ainsi chroniques et traités d’alors qui, tel le De nobilitate du Zurichois Félix Hemmerlin, fustigeaient la révolte des villes et prônaient la nécessaire et régulière humiliation des paysans pour qu’ils ne sortent pas de leur état. N’oublions pas que ce qu’on a appelé la Markgrafenkrieg vit en 1440-1450 les villes, liguées autour de Nuremberg, tenir tête aux princes et aux nobles conduits par Albrecht de Brandenbourg18. Faits pour docere autant sinon plus que pour delectare, ces Jeux graves ne remettent donc aucunement l’ordo médiéval en question, bien au contraire. Sachs ne fera pas autrement : les Jeux de l’abbé de Cluny et le Jeu du paysan au Purgatoire montrent la même bonne entente et le même profond respect témoignés par deux abbés vis-à-vis d’un seigneur, fut-il chevalier pillard, et des deux seigneurs vis-à-vis de l’abbé19.
8Gourmands, cupides, voleurs parfois ou pillards, les clercs sont encore hypocrites. C’est, au xve siècle, le Jeu de la papesse, dans lequel l’intrigante Jutta et son amant de clerc feignent les bonnes moeurs et la piété pour mieux abuser leur monde (920, 25-30)20. Au siècle suivant, c’est l’hypocrisie des moines qui feignent l’abstinence et se régalent des meilleurs mets21, ou encore le prêtre qui déambule en feignant de lire son livre de prières pour mieux songer au moyen de rejoindre la jolie jeune femme du tailleur (v. 77-80)22. Ces deux Jeux de Sachs complètent donc la liste des défauts et des vices que le poète énumère à charge au sujet des clercs.
9Sachs ajoute à ces défauts le forfait de dévoiement du sacré dont les clercs ont pourtant la charge. La vente de fausses reliques apparaît certes aussi dans le Jeu alémanique déjà cité d’Elslin trag den knaben, mais c’est chez Sachs et Ayrer que le comportement blasphématoire des clercs est le plus clairement dénoncé. Dans le Jeu du tailleur aveugle, le prêtre fait demander à saint Stolprian le miracle sacrilège de rendre aveugle un tailleur jaloux, ce qui causera la perte du clerc23. Chez Ayrer, le prêtre organise un simulacre d’exorcisme pour duper le mari jaloux24, et l’on demande au pire des usuriers pris pour un saint d’intercéder en faveur des bons fidèles25. Chez Sachs encore, le frère mendiant ne respecte pas le secret de confession et accuse le marchand de fautes qu’il lui avait avouées26. Il en va de même pour le prêtre de village dupé par Till Eulenspiegel : Till s’y confesse avoir couché avec la servante du prêtre ; ce dernier le reproche à la servante qui reproche à son tour à Till cette invention, lequel menacera à son grand profit d’accuser auprès de l’évêque le prêtre d’avoir ainsi divulgué le péché avoué27.
10Les Jeux les plus graves dénoncent enfin les insuffisances qu’on pouvait noter chez les clercs. Ce reproche n’apparaît que dans les Jeux du xvie siècle. Chez Sachs, un paysan, opportunément dénommé "fort en gueule", Muntschaweck, fait à sa propre demande le portrait du prêtre du village qui pourchasse les paysans adultères, ce portrait édifiant fait du prêtre un ivrogne (v. 319) qui ne sait ni lire ni chanter correctement la messe (v. 320) et qui, pire encore pour un adepte de Luther, connaît mal la Bible :
"Der schrift pistw geleret seicht" (v. 323)28.
11Jacob Ayrer reprendra le trait plusieurs fois. Moritz, jeune prêtre à Delphin, doit sa cure à la facilité de sa parole, Mundwerck (2651, 6), alors qu’il a bien peu fait d’études (v. 8) ; il sait lire un peu -Jedoch ein Mass ich lesen kan (v. 9)-, ce qui lui suffit amplement dans le milieu de paysans un peu simples qu’est le sien (v. 10-12)29. Dans un autre Jeu, Ayrer est plus féroce : Hans, le jeune prêtre, devait apprendre le droit ; mais il a préféré la vie facile d’un étudiant prodigue ; n’ayant plus de quoi vivre et ne sachant rien faire d’autre (v. 25-26), Hans est donc devenu prêtre. S’il sait lire la messe, il ne comprend pas grand chose au latin qu’il débite, ce qui toutefois ne l’a pas empêché d’accéder à la prêtrise et d’avoir un bon revenu (2701, 2-29 et 2702, 1)30. On ne saurait mieux dire que le prêtre lui-même. Par le même procédé, un frère mendiant dépeint l’image que se font de ses semblables les paysans qu’ils sollicitent : parmi les griefs qu’on leur fait figure le peu de goût pour l’étude, faiblesse qu’on ne leur connaissait pas autrefois (2836, 17-22)31.
12Soiffards, voraces, pillards, les clercs de bas étage sont donc ignards. Prélats et moines sont en outre parfois frappés d’une crédulité ou pour le moins d’un manque coupable de curiosité et de perspicacité. Les prélats du Jeu de la papesse se font ainsi eux-mêmes le reproche de s’être laissés abuser par la bonne mine des amants diaboliques (917, 29-30) et jurent de ne pas recommencer (943, 11-24), et le Diable en personne accuse les prélats romains d’aveuglement fatal (926, 1-3)32. Chez Ayrer, la satire devient mordante, et le Jeu fustige les moines qui ont trop vite et sans précaution sanctifié le faux dévot. Les fidèles ne croiront donc plus les moines ni les prêtres (2998, 28-29) ; ils s’en prennent au pape (2998, 35-36 et 2999, 1-2), maudissent dans ce Jeu réformateur les prêtres et leurs boniments et décident de se tourner vers l’enseignement de la vraie parole de Dieu (2999, 8-16)33.
13Mais pour la moitié des quelque quarante Jeux qui nous occupent, le vice avéré du clerc est la lubricité. Dans les Jeux du xve siècle, les clercs prennent place parmi la foule des galants dont traitent les Jeux. Le paysan reproche ainsi à sa femme de passer son temps chez le prêtre (41, 18-19), un compère l’accusant par ailleurs d’avoir un jour satisfait vingt gars dans une pâture (43, 23-30)34. Dans un Jeu de mariage paysan, la future a pour réputation d’avoir connu le prêtre en plus des gars du village (70, 19-21)35. Le prêtre y est donc un homme comme un autre. Dans le Jeu de l’entremetteuse et du chanoine, il accepte le rendez-vous galant sans plus de manière que le mari de la belle qu’on lui envoie36, l’occasion y faisant d’un même coup deux larrons. Sachs, lorsqu’il traite plus tard du même thème, souligne le trait : le chanoine s’y promène expressément pour voir si parmi les jolies femmes l’une ne le voudrait pas pour amant (v. 33-39). Sachs l’assimile d’autant plus au commun de mortels qu’il lui attribue pour servante et maîtresse une harpie qui veut régenter son intérieur et dont il souhaite se débarrasser (v. 40-50). Le prêtre connaît ainsi le même problème de ménage que le mari recruté par l’entremetteuse, hormis le fait qu’il peut congédier à tout instant celle qui n’est officiellement que sa soubrette37. Ayrer reprendra ce type de trait, et le prêtre, après qu’il a envoyé en pèlerinage le mari jaloux, passe le plus clair de son temps chez sa belle, à laquelle il fera même un enfant38.
14Le prêtre est donc le rival des galants des Jeux, surtout dans les Jeux de revue du xve siècle. Dans le Jeu des fols porteurs de cuirasse, l’un des sots trouve ainsi un prêtre auprès de la belle qu’il courtise39. On rencontre aussi la situation inverse : un paysan de Sachs est ainsi l’amant de la servante et ami du prêtre, ce qui brise le coeur de ce dernier et lui inspire une rancoeur tenace40. Dans ces jeux, le clerc doit ses succès nombreux à ses qualités intrinsèques, à sa compétence. Dans un concours de mésaventures galantes du xve siècle, l’un des sots raconte ainsi comment il avait fait sa cour à la meunière, mais comment il avait découvert que deux prêtres la courtisaient aussi, possesseurs d’un plus grand âne que le sien. Les ayant vus courir moudre leur grain auprès de la belle, le sot déconfit renonce à la courtiser41. Il en va de même dans le Jeu du moine Bechtolt. Ce moine, concède-t-il lui-même, a la faveur de toutes les jolies femmes, ce qu’il doit à son beau tôldrian, apte à s’occuper d’elles et à les combler (571, 21-25). Accompagné de son beau bertold, il saura sonder Hilla, jeune paysanne que son père vient marier, pour voir si elle est faite comme les autres femmes (573, 2-5), et ce à la grande satisfaction de la belle (572, 33) que le moine décrit avec une complaisance très mstique42. Le clerc est en effet le meilleur amant. Comme le montre un Jeu du xve siècle, il est pour le moins meilleur que les paysans, décrits sales et de peau trop noire par la belle qui se choisit un amant (614, 22-25), mais cette dernière préfère au prêtre et au moine, dont la violence lui fait peur (6-16, 2-20), un secrétaire, le schreiber, qui aurait dû devenir prêtre et sait comme eux lire, écrire et avoir le temps et l’esprit libre pour s’occuper des femmes (619, 23 - 620, 5)43. Vivant parmi les paysans, les prêtres et les moines des Jeux ont la partie facile et ne redoutent guère de rivaux.
15Experts en amour, les clercs sont en outre les amants les plus discrets. Liée au trait de l’hypocrisie, cette discrétion garantie n’apparaît que dans les Jeux du xve siècle. La jeune et jolie femme d’un bourgeois laid, vieux et rustre qu’elle n’a pas choisi se résout ainsi chez Hans Sachs à prendre un amant. Elle se décide vite pour un chanoine, car, comme elle le déclare à sa mère, un prêtre, à l’inverse d’un noble, n’a pas à se venter de ses amours et saura tout faire pour dissimuler l’affaire :
"Der darff sich keiner Bulschaft rhumen,
Hilfft mir die sach heymlich verblumen" (v. 48-49)44.
16Ayrer va surenchérir sur ce trait. Le prêtre Moritz sait dire à son amie qu’il sait ne rien dire lorsqu’il connaît de bons moments (2653, 8-10)45. Le secret est donc l’une des armes du prêtre galant, celui que ces Jeux tardifs stigmatisent sous l’appellation cinglante de prêtres à femme ou, plus crûment, de "putassier de prêtre", ein verhurten Pfaffn, comme le dit Ayrer46. Dans la version qu’il donne ici du Jeu du chanoine et de l’entremetteuse, cette dernière prie instamment le prêtre de garder le secret sur l’affaire amoureuse qu’elle engage. Comme chez Sachs, le prêtre se vante de sa discrétion : il n’est pas homme, dit-il, à parler quand une aubaine se présente. Il y va, dit-il, de son propre intérêt :
"Auch thets mir nicht zu guten reichen" (2750, 19)
17Car il y perdrait trop sinon, lui qui visite sans cesse églises et monastères. Il s’est donc toujours efforcé de tenir cachées ses aventures, mein Bulerei zu halten still (v. 23). On ne saurait mieux dire.
18La force du clerc tient aussi à la position qu’il occupe. On recherche la protection du prêtre, son appui et, pour ce faire, on se gagne son amitié, y compris en lui laissant en échange les faveurs de l’épouse. Il y a dans ce cas consentement du mari, comme dans ce Jeu de justice du xve siècle qui met en scène un paysan tout à fait satisfait de son sort et qui se plaint au juge du reproche qu’on lui fait d’impuissance. Le paysan attaque donc les médisants, eux-mêmes représentant à leur manière l’ordre public, le respect des règles de vie de l’ordo chrétien médiéval. Sa femme passe donc son temps chez le prêtre et le mari doit en plus s’occuper des enfants (958, 25-30). Le tribunal certes condamne ce mari qui s’achète ainsi l’amitié du prêtre, Der meint im freuntschaft kaufen mit (959, 5), mais il le fait de manière comique et pour garder l’humeur fantasque et joyeuse du Jeu (v. 8-12). Indulgents à l’égard des hommes, les Jeux tolèrent les écarts de comportement et ne dénoncent que le mauvais exemple qu’ils donnent et le trouble communautaire qu’ils suscitent47. Comme à l’ordinaire, Sachs stigmatise plus durement le trait et fait de cet atout de situation sociale l’un des abus de la position du prêtre. L’exploitation de cet avantage appartient à l’art de séduire du clerc et au souci de s’assurer l’impunité. Dans l’un des Jeux, la femme du paysan fait ainsi valoir que le mari soupçonneux ne peut suspecter un prêtre qui les préfère à tous les paysans du village (v. 53-57). Il est leur compère et se doit à ce titre de leur rendre visite soir et matin. Le compérage légitime ainsi la présence assidue du prêtre et les circonstances du rapprochement des amants. Le prêtre joue tout autant de l’argument (v. 117-123)48, car il apparaît dans ces Jeux comme un fin tacticien. Il n’est qu’à voir ce qu’en dit le prêtre Moritz d’un Jeu d’Ayrer. Pour la moitié des ménages, dit-il, la femme du paysan convainc le mari de prendre le prêtre pour compère, ce qui lui permet de se mettre avec elle sans que les paysans y voient le moindre mal (2651, 11-17) : le mari, comme chez Sachs, n’a rien à craindre du prêtre, puisqu’il est son compère (2654, 18-20)49.
19Liée à l’ancrage villageois, cette rente de situation est en fait l’apanage du prêtre. Les mêmes auteurs du xvie siècle montrent en effet combien le frère mendiant, errant par vocation, perd à ce manque d’enracinement. Chez Sachs, le frère mendiant déplore sa vie d’errance, la raillerie des paysannes qui le traitent de fainéant et ne cessent de lui parler de Luther (v. 148-158). Pis encore, les paysans le traitent de moine paillard, de drôle de pèlerin toujours prêt à s’occuper des filles de ferme (v. 159-161 et 201-204). Seules le protègent et l’aident quelques petites vieilles (v. 162-167). Bref, la vie d’errance ne vaut pour lui guère mieux que le monastère, où le prieur le met au cachot, au pain sec et à l’eau, le fait jeûner, veiller, rouer de coups et l’oblige au silence (v. 169-184)50. Le parti pris luthérien de dénigrement de la vie monacale n’est pas non plus absent chez Ayrer. A l’instar de la pièce de Sachs, le frère mendiant y déplore la dureté de la vie monastique et la mauvaise réputation dont jouit son ordre dans les campagnes. Les paysans accusent en effet les moines de leur avoir fait perdre la foi avec toutes leurs fariboles de messes pour les morts et de Purgatoire. Le frère pense que les paysans sont tous devenus luthériens, raison pour laquelle ils le chassent comme un loup, comme un drôle et comme un voleur (2836, 22-33). Le malheureux doit donc coucher seul sur la paille, sauf quand quelque fille de ferme un peu simple lui fait oublier ses maux (2835, 33-36). Aussi son but unique n’est-il plus que de tirer parti de l’argent qu’il vient de voler pour faire -enfin !- comme ses prédécesseurs et coucher en cachette avec les filles (2836, 1-11)51.
20Au xvie siècle, le célibat des clercs est ainsi condamné par la bouche même de ceux qui le pratiquent. Cette revendication des clercs d’avoir une femme parcourt tous les Jeux du siècle. Chez Ayrer, le jeune prêtre Hans veut à tout prix se trouver une femme, jeune et jolie, qui lui fasse la cuisine et le reste. L’entremetteuse lui procure une jeune paysanne, Gretha, qui, à défaut du jeune paysan dont elle aurait bien voulu, préfère encore vivre avec un prêtre plutôt qu’avec le vieux que son père veut lui donner (2710, 5). L’affaire conclue, Hans conduit sans délai dans son lit Gretha pour ce qu’il appelle ses "noces de prêtre" (2717, 11-15). Il est remarquable que d’emblée le poète dénonce ce travers des prêtres qui cherchent à réunir ainsi les avantages liés à la prêtrise et le bénéfice d’un mariage dont ils rejettent toutefois les inconvénients. Comme le proclame Hans, une cuisinière de ce type est de loin préférable à la femme du couple laïque, car lui, le clerc, peut se débarrasser de sa femme dès qu’elle ne lui plaît plus (2702, 7-8)52. C’était déjà l’analyse du chanoine de l’un des Jeux de Sachs, lequel s’apprête à se débarrasser de la vipère qui s’est nichée chez lui53.
21Mais la situation n’a pas que des avantages. Attaché à la servante qu’il aime, le prêtre s’expose à connaître le sort commun des maris, le cocufiage et les peines du coeur qui s’ensuivent, comme dans cet autre Jeu de Sachs où le prêtre mortifié cherche à se venger de son rival54. Pour Sachs comme pour Ayrer, le mauvais prêtre est dont un profiteur. Le bon prêtre au contraire doit se garder de la tentation de prendre femme, seul moyen de connaître une sérénité que ne procure guère le mariage. C’est ce que le poète fait dire au chevalier, compère de l’abbé dans le Jeu du Purgatoire55. A l’étonnement du chevalier, le riche abbé se plaint d’un sort qui le prive du saint état de mariage et du plaisir d’avoir une descendance (v. 10-15). Le chevalier a beau jeu de rétorquer qu’il n’a rien à regretter, car ce sort enviable lui épargne l’ennui d’une femme acariâtre ou d’enfants qui tournent mal, le souci d’avoir à régenter serviteurs et servantes, la jalousie enfin et les ressentiments (v. 16-35). L’abbé reconnaît être à l’abri de tout cela et se résigne à ne rien changer à son état. Chacun restera donc à sa place malgré ses petites misères :
"Nun wol wir es gleych treiben hin,
Wie irs getrieben habn bisz her" (v. 38-39).
22Sachs en effet respecte l’ordo et loue ceux qui le confortent. Le xvie siècle poursuit ainsi le XV° : le prêtre ne doit pas prendre femme. Seul le Diable pourrait le lui accorder. Et c’est bien ce que montre expressément le Jeu de l’Antéchrist. Un chapelain y demande au suppôt de Satan pour lui-même et pour tous les prêtres le droit de prendre femme et d’en partager la couche, ce que l’Antéchrist, bien sûr, accorde derechef (604, 18-34)56.
23Outre l’aspect eschatologique du péché du clerc, la faute sexuelle du prêtre place ce dernier dans la situation délicate d’un homme qui ne peut plus assumer les devoirs de sa charge parce qu’il s’est mis lui-même en tort et ne peut plus reprocher aux autres ce qu’il a fait lui-même. Car, malgré l’astuce qui le caractérise, le prêtre n’est pas à l’abri des revers. Il se croit certes protégé par l’impunité que lui garantit l’autorité de son état, mais les choses, dans les Jeux du xvie siècle, tournent très souvent mal pour lui. Chez Sachs, le prêtre, qui se sait en situation doublement irrégulière, puisqu’il court l’aventure alors qu’il a déjà une femme à la maison (v. 60-62), se permet d’accueillir avec la plus grande dureté l’étudiant qui le surprend chez sa paysanne en l’absence du mari (v. 71-99). Comme l’annonce sentencieusement le vagant, le prêtre aura bientôt à regretter sa superbe (v. 10) ; il devra payer douze thalers à l’étudiant et quitter honteusement la place teint comme un diable57. Ailleurs, un autre prêtre va chèrement payer son refus de vendre son cheval au duc de Brunswick. Dupé par Till Eulenspiegel, le prêtre, qui a trahi le secret de confession, ne peut rien répliquer à Till qui le menace d’en référer à l’évêque. Il n’a non plus rien à répondre à sa servante qui le quitte et l’accuse de courir sans cesse les filles (v. 236-263). Le prêtre se traite à juste titre de sot ; il a perdu cheval et femme sans rien pouvoir pour autant révéler de l’affaire (v. 311). Comme le conclut le duc, on ne peut être ferme à l’égard d’autrui lorsqu’on est attaquable soi-même58.
24Dans le Jeu du prêtre en butte aux paysans adultères, Sachs est plus acerbe encore. Le prêtre voudrait châtier le séducteur de sa chère servante, mais ce dernier le renvoie à sa propre turpitude en le menaçant de publier à son tour la vérité sur les bâtards qu’il a semés. Rien ne sert au prêtre de brandir sa menace de l’excommunication et pour argument de sa pureté la sainteté de son état ; accusé de donner en mauvais prêtre le mauvais exemple, le clerc concède qu’il est en ce genre d’affaire à la fois juge et partie, prêtre le matin, garçon l’après-midi. Il devra donc renoncer à sa vocation de redresseur de torts et pactiser avec les pécheurs à la taverne (v. 265-350)59. Dans un autre Jeu de Sachs, un tailleur tient tête encore au prêtre qui a séduit sa femme. La menace d’excommunication ne l’intimide aucunement : il ira chez l’évêque se plaindre du clerc s’il le faut, ce qui fait réfléchir le prêtre, en butte déjà à l’hostilité générale des paysans du village60. Chez Ayrer enfin, le moine accuse tout aussi imprudemment Fritz Dölla de lui avoir volé cinquante couronnes d’offrandes au monastère. Dölla lui fera avouer qu’il les a volées lui-même au prieur, et le moine confondu prend au tribunal la place qu’il destinait à Dôlla61.
25Si l’amour des femmes met en péril le clerc, l’amour des clercs est pour la femme la pire des fautes. Quelques Jeux du xve siècle sont exemplaires à cet égard. Dans l’un d’eux, Lucifer donne à ses diables l’ordre de lâcher prêtres et moines pour ruiner les bons couples et les transformer en gibier d’Enfer (500, 1-8). Sur quoi un prêtre courtise une jeune mariée qui finit par s’apprêter à lui céder du fait qu’on lui fait croire que son mari la trompe avec une jeune paysanne. La stratégie échoue de justesse62. Il est symptomatique à cet égard que Jutta, la papesse diabolique, soit tout au long du Jeu l’amie d’un clerc dont elle aura un enfant. Exemple même de la pécheresse démoniaque, elle est ainsi précisément l’amante d’un clerc63. Pour Hans Sachs, le mauvais prêtre, celui qui court après les femmes, est en effet un suppôt du Diable et rien ne ressemble plus au Diable que le prêtre teint, bossu et boiteux de l’un de ses Jeux64. Dans un autre Jeu, des plus édifiants, une fille mal mariée veut prendre un prêtre pour amant. Sa mère a beau lui expliquer que ce sera pour elle honte, faute et damnation, rien n’y fait. La fréquence du fait sanctifiant à ses yeux l’usage, la jeune femme persiste, décidée à tout risquer pour l’amour du prêtre (v. 54-68). Sa mère lui fera néanmoins par trois fois tester la patience du mari, lequel fera finalement saigner si fort sa femme qu’elle renonce exemplairement aux clercs, remercie sa mère pour les sages avertissements sans lesquels elle serait, comme elle le concède elle-même, tombée dans les griffes du Diable (v. 332-348)65.
26Jacob Ayrer reprendra ce thème de manière plus démonstrative encore. Le jeune prêtre Hans concède à l’entremetteuse qui lui cherche une femme que les jeunes filles pieuses répugnent à se mettre avec un prêtre, car elles se couvriraient de honte, tant la réputation des prêtres est mauvaise (2713, 8-9). L’entremetteuse essaie donc de disculper la jeune Gretha du péché dont elle se chargerait ; son père, dit-elle, aurait à l’expier pour n’avoir pas marié plus tôt sa fille (2714, 19-20). Tout irait donc bien, mais Gretha a toujours entendu dire que le Diable emportait les femmes de prêtres (2715, 8-10), et cela la tourmente fort. Ayrer fait alors déployer par le prêtre et l’entremetteuse toute la casuistique dont ils sont capables pour rassurer la paysanne : d’abord le prêtre ne le ferait pas si c’était un péché ; il aurait ensuite, si c’en était un, le pouvoir de le pardonner (2715, 16-25). Le prêtre en outre possède une lettre du pape autorisant les siens à prendre une cuisinière. Il saurait de toute manière exorciser le démon qui prétendrait la prendre (2716, 23 - 2717, 6). Mais une fois la fille dans son lit, le Diable surgit, remercie sa meilleure rabatteuse, l’entremetteuse, et confirme que les femmes de prêtre sont toutes vouées à l’Enfer (2717, 17-36 et 2719, 21). Le prêtre explique alors à sa cuisinière qu’elle vit certes dans le péché, mais qu’elle jouit d’une situation très enviable et qu’en outre ils sont heureux tous les deux (2719, 29 - 2720, 8). Cette vie est en effet pour elle, elle le reconnaît, le Paradis, n’était cette peur du Diable (2720, 10-17). Le Diable apparaît, le prêtre veut l’exorciser ; en vain, car il se moque bien des lettres du Pape, qu’ils retrouveront d’ailleurs tous deux en Enfer pour avoir écrit pareille sottise (2721, 31 - 2722, 8). Il ne reste au prêtre dépité qu’à quitter son état, à se convertir afin d’échapper à ces griffes du Diable dont le Pape n’a pas su le protéger. Il enseignera désormais sans la falsifier la parole de Dieu pour vivre honnêtement comme il convient à un bon clerc (2722, 14-32).
27Voilà donc le prêtre converti au luthéranisme. Les Jeux du xve siècle sont ainsi des pièces polémiques, didactiques à souhait, et celle-là réfute et récuse, argument par argument, et par l’issue fatale qui la conclut, les assertions de ceux qui prétendent autoriser les femmes auprès des clercs. Mais il serait erroné de penser que tous les Jeux donnent du clerc une image négative. Au xve comme au xvie siècle, les Jeux qui ne parlent qu’incidemment du clerc n’en donnent pas une mauvaise image, et l’on y fait référence au prêtre sans le charger, qu’il s’agisse des valets de prêtre66, des fous qui ne veulent pas aller à confesse67 ou qui ne veulent pas partager la continence des clercs68. Sachs dépeint avec les couleurs les plus riantes le prêtre et le père abbé qui châtient les défauts de leurs ouailles par une mise en scène burlesque69. Chez Ayrer, un prêtre sait sagement conseiller pour tout exorcisme une volée de coups pour dessoûler une paysanne éméchée70, et l’abbé d’un monastère se divertit sans méchanceté d’une mésaventure du clown Jahn Posset, et ce dans une scène de moeurs qui n’est pas dénuée d’intérêt pour l’étude des monastères d’alors71.
28Il existe en effet dans les Jeux de bons clercs. Sachs lui-même donnait l’exemple de l’abbé de Cluny72. Le suisse Pamphilus Gengenbach donnait aussi en 1515 à un saint ermite le rôle de meneur de Jeu d’une pièce édifiante et sentencieuse73. Sachs fera de même en 1555 dans un Jeu où l’ermite mène une vie sainte à l’écart du monde, se prive de tout, prie, jeûne et ne songe qu’à servir Dieu. Le saint homme connaît en outre les Ecritures et sait les citer opportunément. Son comportement découle de l’enseignement de la Bible. Il sait que l’argent ne fait pas le bonheur, qu’il n’a pas à donner en aumône l’argent d’autrui et laissera à d’autres le trésor maléfique qu’il a trouvé dans un tronc d’arbre. Les trois larrons qui l’assaillent et le tuent en auront même du repentir et le dernier à mourir reconnaît que l’ermite avait raison et se repent (v. 300-314)74. Il y a donc pour Sachs aussi de bons clercs. Mais il les voit plutôt dans la sylve érémitique. Il les met sinon peu en scène, même s’il les appelle de ses voeux. Dans le Jeu du tailleur aveugle, ce dernier fustige les mauvais prêtres dont il dit qu’il faut les chasser de chez soi comme il l’a fait lui-même :
"Die sol kain pidermon ladn zu haus" (v. 361)
29Mais il faut au contraire, dit-il encore, savoir accueillir les bons prêtres, ceux qui connaissent les Ecritures, ceux qui mettent en accord leurs actes et leur foi. Ceux-là, les bonnes gens peuvent les recevoir sans danger et les vénérer sans réticence :
"Hie aber sint gar aufgenumen
Die zichtigen gelerten frumen,
Die uns vurtragen guete ler,
Mit dem lebn pezewgen mer,
Das ir 1er sy gerecht auf ert,
Die sint zwifach eren wert,
Diese mag man zu haus wol laden
Und vereren an allen schaden" (v. 363-370).
30Et Sachs conclut en souhaitant que les bonnes moeurs et l’honneur croissent chez les prêtres :
"Das zucht und ere aufgewachs
Bey der priesterschaft, wunscht Hans Sachs" (v. 371-372)75.
31Comme on le voit, à la stoïque indulgence des Jeux du xve siècle succède l’âpreté de la dénonciation partisane ; aux effets de réel succèdent les scènes satiriques destinées à dénoncer, à avertir le public d’agissements auxquels les hommes avaient pu s’habituer, mais que les auteurs des Jeux prennent pour cible de leurs flèches. Il y avait eu à Nuremberg un Carnaval à rire, il y eut ensuite le théâtre moins burlesque d’un Carnaval engagé dans la contestation luthérienne. Les temps avaient changé.
Notes de bas de page
1 A. von Keller, Fastnachtspiele aus dem 15. Jahrhundert, vol. 1-3, Darmstadt, 1965-1966.
2 H Sachs, Sämtliche Fastnachtspiele, E. Goetze, vol. 1 -20, Halle, 1881 -1887.
3 J. Ayrer, Dramen, A. von Keller, 1865, BLV 76-80.
4 H. Sachs, Goetze 65, Der pfarrer mit sein eprecher pawem, v. 330-335 Goetze 37, Der farend Schuler mit dem Teuffel pannen, v. 32-39.
5 Keller 22, Ein spil von einem keiser und eim apt, v. 200, 10-14.
6 Keller 68, Des entkrist vasnacht.
7 Goetze 53, Ketzermeister mit den vil kessel suppen.
8 Goetze 27, Ein edehlman und zwen knecht, ein abt und ein knecht, und heist : Das wildbad.
9 Keller 22, op. cit.
10 Keller 68, op. cit.
11 Goetze 42, Der Pawr inn dem Fegfewer.
12 Keller 56, Der falsch Notarius mit seiner unwarhafften Beicht.
13 Goetze 13, Ein wirt, kerner, kremer, petelmunich, rewter und ein ziegeuner und heist : Die 5 elenden wandrer.
14 Goetze 65, op. cit.
15 Goetze 35, op cit.
16 Keller 110, Elszlin trag den knaben.
17 Keller 49, Fritz Dölla mit seiner gewünschten Geigen.
18 Voir E.G. Gudde, Social Conflicts in Medieval German Poetry, University of California Press, Berkeley, 1934, pp 112-113 et 122-123.
19 Goetze 27 et 42, op. cit.
20 Keller 111, Ein schön spil von fraw Jutten, de Theodorich Schernbeck, composé en 1480.
21 Goetze 53, op. cit.
22 Goetze 69, Der plint messner mit dem pfarer und seim weib.
23 Ibidem, v. 177-187.
24 Keller 41, Die besessene Baürin, mit ihrem Pfaffherrn bulent.
25 Keller 56, op. cit., 2999, 16-25 et 2998, 3.
26 Goetze 13, op. cit., v 126-134.
27 Goetze 58, Eulenspiegel mit der pfaffen kellerin und dem pfert.
28 Goetze 65, op. cit.
29 Keller 41, op. cit.
30 Keller 43, Von einem Pfaffen, der den Teufel beschwem wolt, dass er ihm sein Köchin nicht hinfühm solt.
31 Keller 49, op. cit.
32 Keller 111, op. cit.
33 Keller 56, op. cit.
34 Keller 3, Ein spil von einem schweher, schwiger, tochter und eiden.
35 Keller 7, Ein spil, ein hochzeit zu machen.
36 Keller 37, Ein spil von ein thumherrn und einer Kuplerin.
37 Goetze 57, Die alt verschlagen Kuplerin mit den Thumbherrn.
38 Keller 41, op. cit.
39 Keller 99, Di harnaschvasnacht.
40 Goetze 65, op. cit.
41 Keller 94, Di vasnacht von der müllnerein.
42 Keller 66, Vasnachtspil von münch Bachlolt. Voir notre article "Typologie et topologie de la séduction dans les Fastnachspiele du quinzième siècle", Fifteenth Century Studies 19, Medieval Institute Publications, Western Michigan University, 1992, pp 165-176.
43 Keller 70, Die vasnacht vom werben umb di junkfrau.
44 Goetze 56, Die Burgerin mit dem Thumbherrn.
45 Keller 41, op. cit.
46 Keller 45, op. cit., 2749, 32.
47 Keller 112, Von einem pawrngericht. Voir notre article "Le personnage du cocu dans les Jeux allemands de Carnaval", in Der Hahnrei im Mittelalter. Le cocu au moyen âge, Wodan 43, Greifswald, 1994, pp 87-100.
48 Goetze 69, op. cit.
49 Keller 41, op. cit.
50 Goetze 13, op. cit.
51 Keller 49, op. cit.
52 Keller 43, op. cit.
53 Goetze 57, op. cit., v. 40-50.
54 Goetze 65, op. cit., v. 204-208.
55 Goetze 42, op. cit.
56 Keller 68, op. cit.
57 Goetze 37,op. cit.
58 Goetze 58, op. cit.
59 Goetze 65, op. cit.
60 Goetze 69, op. cit.
61 Keller 49, op. cit.
62 Keller 57, Ain guot vasnachtspil.
63 Keller 111, op, cit.
64 Goetze 37, op. cit.
65 Goetze 56, op. cit.
66 Keller 64, Ein spil von den zwelf pfaffenknechten.
67 Keller 71, Aschermitwochvasnacht, vom peichten.
68 Keller 86, Vom heiraten spil.
69 Goetze 42, op. cit., et 41, Der gestolen Pachen.
70 Keller 40, Ein possenspil, von einer versoffenen Baürin, wie sie umb jhren Kram und Kleider betrogen und jhrem Mann fast nacket heimgeschickt ward.
71 Keller 50, Der uberwunden Trummelschlager.
72 Goetze 42, op. cit.
73 Keller 119, Die X alter dyser welt.
74 Goetze 70, Der tot im Baumstumpf.
75 Goetze 69, op. cit.
Auteur
Université de Rouen
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