Sémiotique de la tonsure, de l’"insipiens" à Tristan et aux fous de Dieu
p. 244-275
Texte intégral
1Par un Motu Proprio du 15 août 1972, le pape Paul VI supprima la tonsure cléricale et avec elle les ordres mineurs.1 Depuis, le sujet de la tonsure a perdu toute actualité. Pour nous qui étudions le monde médiéval, il garde, au contraire, sa pertinence. Rappelons que la tonsure, comme tout ce qui tient au paraître de l’homme, relève du domaine des signes et que pour une mentalité placée sous l’empire de l’église, tout ce qui touchait à cette dernière s’inscrivait dans un champ référentiel d’une richesse quasi illimitée. Or, nous avons été frappées par la multiplicité des coiffures profanes qui peuvent être désignées par le nom de tonsure. Il nous a donc paru utile de la tirer pour un instant de l’oubli pour tenter de décoder son langage et le saisir dans sa pluralité.
2Dans ce qui suit, nous étudierons deux groupes de tonsures : celles portées par les clercs et celles portées par les "fols" au moyen age. Par l’intermédiaire de sources religieuses comme le Psautier et de sources profanes telles qu’entre autres la Folie Tristan, nous disposons à la fois de descriptions et de représentations iconographiques de ces tonsures.
La tonsure cléricale
3Avant de présenter quelques images de la tonsure, rappelons comment, au milieu du xie siècle, la tonsure dite "couronne cléricale", ou "tonsure de Saint Pierre",2 a pu s’imposer comme norme dans le monde ecclésiastique occidental.
4A priori, la tonsure est une coupe de cheveux stéréotypique. Elle apparaît, selon les sources, en Gaule à la fin du vie siècle et gagne l’Espagne au premier tiers du viie siècle, puis l’Italie, au milieu du viie siècle, et finalement l’Angleterre. Au Ville siècle, elle est connue dans tout l’Occident, mais ses formes varient légèrement. La tonsure celtique,3 importée d’Irelande sur le Continent par Saint Colomban, connaît une apogée à cette époque, ainsi que la tonsure des lecteurs espagnols de Galice (cheveux longs et petit cercle tondu sur le sommet du crâne).4 Au début, la tonsure ne signifiait pour les communautés chrétiennes qu’une pratique coutumière permettant la reconnaissance mutuelle des fidèles. Mais dès le ixe siècle, elle est pourvue de sens juridique : on ne pouvait être admis aux ordres mineurs sans avoir subi la "première tonsure".5 Progressivement, les divers usages sont réunis en une législation unique et forment une véritable institution d’Église, d’ailleurs soumise à la très attentive vigilance des autorités ecclésiastiques. Ce processus de "régularisation" est achevé au milieu du xie siècle par la réforme dite de Grégoire VII (1073-1083).6
5L’événement qui marque alors le monde ecclésiastique est le conflit dogmatique et politique entre le pape Léon IX (1049-54) et le patriarche Michel Cérulaire (1043-1059), conflit qui se termine par la rupture définitive de communion entre l’Église byzantine et l’Église romaine, en 1054. Une des conséquences de ce conflit fut la volonté de part et d’autre de s’identifier à des rites différents.7 La tonsure de Saint Pierre en forme de couronne dont la dimension augmente avec le degré d’ordre reçu,8 devient alors obligatoire pour les clercs occidentaux. Depuis, nous fait remarquer l’abbé Trichet, "lorsque les clercs d’Occident auront adopté la couronne, on parlera de tonsure de Saint Paul pour désigner l’usage des Orientaux qui ont seulement les cheveux coupés court".9 Ainsi, d’un signe de reconnaissance mutuelle, la tonsure a évolué vers un signe de distinction de différents groupes tout en introduisant un critère permettant d’identifier l’initié en tant que tel en même temps que sa place dans la pyramide ecclésiastique. Ajoutons, pour fermer cette parenthèse, que le schisme a été levé en 1966 par le pape Paul VI en accord avec le patriarche Athénagoras, bien que l’Union spirituelle de l’Église chrétienne n’ait pas été rétablie jusqu’à présent.
6La couronne cléricale nous servira ici de référence pour mesurer son degré de similarité ou de différence à certaines "tonsures irrégulières" portées par les fous médiévaux. Depuis que Bède le Vénérable l’a mise en relation avec la couronne d’épines du Christ,10 la tonsure peut être lue comme un signe de dévotion à Dieu,11 au delà de sa signification purement pragmatique d’"enseigne".12
7La tonsure comme signe distinctif du clerc médiéval est mise en valeur dans nombre de Bibles manuscrites enluminées, et en particulier en tête du prologue par l’effigie du copiste. Même s’il occupe une place d’une importance moindre dans l’illustration des marges et des bas de page, le clergé est toujours représenté avec la tonsure en sens propre : les cheveux sont coupés en forme de couronne. Le clerc assis à côté de l’évêque en bas du fol.1 d’une Bible latine du xiiie siècle (Paris, B.N., ms.lat.22, f.1) se distingue de son entourage par cette même tonsure régulière (fig.l) que le scribe dans la miniature qui ouvre une Bible historiale du xive siècle (Paris. B.N., ms.fr.20090, f.l).
La tonsure profane dans les textes sacrés
8Comme pour le clergé, la chevelure est, pour les laïcs, un symbole, alors que les différences sociales sont marquées plutôt par les distinctions des couvre-chefs.13 La chevelure intacte est le signe de l’intégralité de la personne.14 Inversement, l’absence de cheveux ou le manque de soins leur apportés signifie l’aliénation au sens propre : cheveux rasés et cheveux hirsutes évoquent l’asservissement, le dénuement, la marginalisation et le châtiment.
9Pour ce qui est des tonsures des "insipiens", les images ainsi que le texte nous offrent une certaine homogénéité dans la négativité, mais une diversité dans le détail : l’éventail s’étend, on le verra, de la tête rasée jusqu’à la tignasse. Les miniatures présentées ici ont été choisies pour illustrer ces deux extrêmes ainsi que deux formes intermédiaires : celle de la tonsure à deux couronnes et celle de la tonsure à calotte. Les images sont extraites de Bibles, de Psautiers et de Livres d’Heures manuscrits latins et français du xiiie au xvie siècle, mais concentrées sur un seul thème iconographique, celui de l’"insipiens" ou "fou" du Psaume 52.15 C’est à ce terme-là que se réfère le petit personnage qui figure dans l’illustration accompagnant le texte du Psaume.
La tonsure, signe d’infâmie
10En commençant par l’extrême de la tonsure totale, le premier exemple (fig.2) provenant d’une Bible latine du Vatican du xive siècle (Bibl.Apostolica, Reg. lat.87, f.327), montre donc l’"insipiens"chauve et habillé d’un long vêtement vert retroussé à la taille. Aux pieds, il porte des chaussures noires. D’une main, il tient une massue appuyée sur son épaule. Avec l’index il pointe vers le haut sur l’image de Dieu qui apparaît dans un nuage. Ce geste traduit le message des premiers mots du Psaume : "dixit insipiens deus non est". L’"insipiens" d’un Bréviaire latin du xiiie siècle (Charleville-Mézières, Bibl.mun., ms.42, f.7), est, hormis la cape, entièrement nu. Il est chauve, mais sa tête est recouverte comme d’éteules. Sur l’image extraite d’une Bible Historiale du xive siècle (Paris, Bibl.nat., ms.fr.2, f. 227v), on voit encore un "insipiens" chauve. Mais la calvitie a ici un aspect différent : elle pourrait être aussi bien imputable à la vieillesse, impression qui est d’ailleurs soulignée par la couleur grise de la barbe, par le dos courbé et le fait que le personnage s’appuie sur sa massue comme sur une béquille. Ces exemples montrent que l’absence de cheveux peut être due à une "tonsure totale", ainsi qu’à la calvitie naturelle. Mais le crâne rasé est un signe ambigu et doit être interprété en relation avec le contexte. Symbolisant la servitude, réelle ou spirituelle, ainsi que la sottise, 16 la tonsure totale peut s’avérer signe d’infâmie.17
11Les cheveux ébouriffés peuvent indiquer un cas particulier de tonsure totale. L’exemple d’une Bible latine de Troyes du xiiie siècle (Bibl.mun., ms.577, f. 146) présente un "insipiens" assis sur un arc-en-ciel et tenant une sorte de sceptre dans sa main droite. Sa main gauche est serrée contre son coeur, illustrant ainsi le dixit in corde suo du premier verset du Psaume. Le visage est déformé en une grimace d’enragé. Les cheveux sont courts et hérissés et renforcent cette impression de fureur sombre exprimée par les traits du visage. Dans la miniature du Psautier Floriansbiega de Cracovie du xve siècle (Bibl.Jagelonska, Rps.1255, f.23v), les cheveux de l’"insipiens" sont coupés courts et mal coiffés (fig.3). Debout et pieds nus, il est habillé d’un vêtement à capuchon bleu et vert. De sa massue, il se sert à la façon des bergers et, en pointant de l’index vers sa bouche, il illustre le mot dixit du début du Psaume.
12Les cheveux courts paraissent à première vue être moins un signe d’infâmie que d’hérésie puisqu’ils rappellent la tonsure de Saint Paul. Cependant, puisque une tonsure devait être entretenue, leur aspect négligé ou hirsute rappelle la possibilité de faire disparaître une tonsure en laissant simplement repousser les cheveux.
La tonsure, signe ambigu
13Conçus comme deux extrêmes, ces deux cas de tonsure totale incluent toute l’échelle des formes intermédiaires. Dans ce qui suit, nous en présenterons une qui apparaît dans les manuscrits avec une certaine fréquence, à savoir la tonsure à une double couronne de cheveux. Dans la miniature tirée d’une Apocalypse glosée de Paris du xiiie siècle (B.N., ms.fr.403, f.2v) qui met en image l’arrestation de Saint Jean l’Evangéliste, un petit personnage est accroupi à côté de l’empereur Domitien (fig.4). Il porte une double couronne de cheveux et n’est vêtu que d’une chemise coupée à la taille. Le bas du corps, les jambes et les pieds sont nus. Ce bouffon de cour est représenté comme s’il s’agissait d’un "handicapé". L’"insipiens" de la Bible Historiale fr.156 de Paris (Bibl.nat., f.263v) du xive siècle (fig.5), ainsi que le bouffon de cour ou Narr d’un jeu de cartes viennois (Hofàmterspiel) de 1450 (Kunsthistorisches Museum, no. 5077-5124) portent cette même forme de tonsure (fig.6). Un quatrième exemple est tiré du Bréviaire Grimani de 1510/16 (Venice, Bibl.Marciana, ms.lat.I 99, f.7). Sur la miniature représentant le mois d’Avril (fig.7), on voit à gauche un bouffon de cour coiffé de cette double couronne de cheveux et portant de souliers, bas, et pourpoint mi-parti jaune et bleu. Dans sa main, il tient une grenouille, geste qui a été interprété en rapport avec le cortège de mariage dont il fait partie.18
14Ici, il est difficile d’attribuer à la tonsure des fous une signification infamante. Etant donné qu’il s’agit surtout de "fols naïfs" devenus amuseurs, on pourrait imaginer que le dédoublement de la couronne exprime une intention dérisoire comparable au dédoublement des syllabes de celui qui begaye. Par ailleurs, la double tonsure pourrait être lue comme une insigne spirituelle et temporelle, à l’image de la mitre papale.19
15La deuxième forme intermédiaire de tonsure que nous étudierons n’est pas moins énigmatique. C’est une tonsure en forme d’une hémisphère située au milieu du crâne. Cette calotte peut être chauve ou, au contraire, représenter une touffe de cheveux tondus. La lettre initiale du Psautier de Vesoul du xiiie/xive siècle (Bibl.mun., ms.6, f.85v) montre le premier cas (fig.8). L’"insipiens" est en chemise et pieds nus. Appuyé sur la massue, il souffle dans une corne. Ses cheveux sont courts, mais le sommet du crâne semble chauve ou bien recouvert d’une sorte de calotte. On trouve une variation de ce cas dans la miniature tirée d’une Bible Historiale de Berlin de 1358 (Staatsbibliothek, ms.Phill.1906, f. 231). Elle montre l’"insipiens" accompagné d’un petit chien qu’il tient en laisse. Ses jambes et ses pieds sont recouverts de "bas" bleu et rouge dont le premier n’est pas fixé à la taille et laisse entrevoir une culotte blanche. Le haut du corps est nu. De nouveau, le personnage tient dans les mains les deux objets caractéristiques : le pain et la massue. Comme dans le cas précédent, les cheveux sont courts, mais le sommet du crâne paraît chauve ou surmonté d’une sorte de calotte. Le dernier exemple dans cette série provient d’une Bible latine de Paris du xiiie siècle (Bibl.nat., ms.lat.22, f. 199). L’"insipiens" est assis sur un banc et boit dans un bol (fig.9). Il tient dans l’autre main un bâton blanc avec un bout en forme de cloche. Il donne l’impression de porter une fausse couronne de cheveux par dessus une sorte de cagoule qui ne laisse découvert que le visage.
16Le sommet du crâne râsé impose un parallèle avec la tonsure des lecteurs espagnols de Galice. Dans le cas où on lirait plutôt une calotte à la place du rond rasé, on peut penser à celle portée par les juifs pratiquants20. Ces deux formes intermédiaires de tonsure à double couronne et à calotte symbolisent donc, outre l’infâmie, l’hérésie et la déraison.
17L’exemple tiré d’une Bible Historiale de La Haye de 1371 (Mus.Meerman-Westrenianum, ms.10 B 23, f.293), nous amène à une forme de tonsure rarement mise en image dans un contexte sacré, mais mentionnée à plusieurs reprises dans la littérature profane. On y voit l’"insipiens" assis par terre en train de mordre dans la queue d’un chien dont il retient les pattes avec les deux mains. Il est habillé uniquement de culottes. La massue au bout sculpté en tête de mort est coincée par la jambe pliée. Les cheveux sont tondus de manière à former une couronne dans laquelle les touffes de cheveux inscrivent une croix. Cette tonsure, comme le montrera maintenant Jacqueline Schaefer, joue dans les documents profanes un rôle particulièrement intéressant.
La tonsure dans les textes profanes
Le témoignage des textes
18L’ambiguïté et la polyvalence de la tonsure n’est pas moindre dans les textes profanes : deux cas nous serviront d’exemples, celui de Tristan fou, tiré de la littérature dite arthurienne, et celui de Fol d’Alexandrie, tiré de la littérature pieuse.
19Selon certains textes, Tristan, pour pénétrer clandestinement à la cour du roi Marc et retrouver Iseut, se déguise en "fol". La manière dont il altère sa coiffure habituelle joue un rôle primordial dans ce déguisement :21
Folie Tristan de Berne (Fb) (v. 105-106) "O en abit de fol ombrage/Por li me ferai rere et tondre"; (130) "Tondre a fait sa bloie crine": (152-153) "Haut fu tonduz, lonc ot le col/A mervoille sambla bien fol"
Folie Tristan d’Oxford (Fo) (209-211) "Od les forces haut se tundi/Ben senlle fol u estourdi/Enapres se tundi en croiz"; (559-560) "Kar laenz est un fol venu/Ki mult est haut en croiz tunduz"
Continuation du Tristan de Gottfried von Strassburg par Ulrich von Türnheim (G/UT), "Gesnitenz har ab oren".
20Or, la chevelure blonde de Tristan était presque aussi célèbre que celle d’Iseut. Aussi, cette mutilation volontaire prend-elle valeur d’exemple dès le moyen âge, au point qu’elle sert de critère pour mesurer le dévouement de tous ceux qui prétendent à l’amour total.
Dimnei des Amanz (v. 668-670), "Rere se fit dreit cume fol/Barbe, guernon, chef e col/E bricun se feseit clamer"
Lai de l’ombre (v. 124-126), "Onques Tristans, qui fu a force/Tondus come fous por Isot/N’o le tierz d’ahan que cil ot"22
21Dans les Roman de Tristan en prose, la nature de la folie de Tristan diffère essentiellement puisqu’elle y est vraie ; dans ce cas, les bergers trouvant dans la forêt ce dément, hirsute, réduit à l’état sauvage, lui coupent les cheveux. Un texte fait exception : dans la version particulière au ms BN fr. 103 l’égarement de Tristan est un masque comme dans les textes en vers que nous venons d’examiner. Mais il faut ici noter que c’est l’aspect des cheveux du héros, coupés au cours d’une longue maladie, qui suggère à un jeune valet l’idée du travestissement : "car vous me ressembles mieulx sot, ad ce que vous estes tondu et a la playe que vous aves eu visage, que nul homme qui soit", déclare-t-il au f. 375va.23
22Ainsi, d’après les descriptions contenues dans les textes concernant Tristan, les tonsures qui signalent la folie peuvent se présenter sous des aspects variés.
23L’histoire de Félix et celle du bon fol d’Alexandrie nous sont contées respectivement dans la Vie des Pères anonyme et dans les Miracles de Notre Dame de Gautier de Coinci. Les deux textes entretiennent d’ailleurs une étroite relation thématique.
24Dans "Fou", Dixième conte de la Vie des Pères,24 conte édifiant "Des III envoisiez clers qi se convertirent par un cimetière",25 la méditation sur la mort amène les trois héros à quitter la vie aisée que leur procure leur service à l’église (v. 38-41), "chiens et oisiax/Et tos autres soulaz" (v. 53-62), pour fuir le monde et se faire ermites. Félix, l’aîné, choisit de pousser encore plus loin le renoncement en adoptant l’apparence d’un pauvre insensé : "fols tonduz et folz pelez/Vuel estre en cest monde apelez" (v. 133-34). Cette tonsure en fou devient l’un des signes auxquels le saint homme peut être reconnu de ceux qui viennent le consulter ou implorer son intercession : "Haus tonduz et la barbe grant/Si ke les genz et li enfant/Amont et aval le mooient/Qar entr’els comme fol l’avoient" (v. 199-202), "Et tant cercheroiz par la ville/Q’un fol tondu simple sans guile/Troverez ki a non Felis" (v. 543-545).26
25Le même type de saint homme reparaît dans le trente-neuvième27 des Miracles de Nostre Dame de Gautier de Coinci où il s’agit" D’un escommunié qui ne pouvait trouver qui l’assousist",28 pas même le pape. Après sept ans d’errance, le malheureux s’entend conseiller par un sage ermite d’aller consulter à Alexandrie un "fol" (v. 686). L’excommunié le découvre en effet, "Tout bertundez et touz tondus/Bien sembloit estre hors du sens" (230-231), conspué, comme Félix, par la foule qui le poursuit en lui jetant objets, crachats, en le ruant de coups et en criant "au sot, au sot" (239). Plus tard, il racontera à l’excommunié finalement absous par l’intercession de la Vierge, comment il a choisi d’abandonner pouvoir et richesse et de se faire fol "por Dieu en crois tondus !".
26La tonsure de la folie expiatoire présente donc des points communs avec celle de la folie amoureuse dont elle partage également la diversité.
Le témoignage des images
27Dans l’espoir d’obtenir plus de précision sur les signes visuels que suscitaient dans l’imaginaire médiéval les désignations verbales des tonsures de fous, nous avons entrepris l’examen des enluminures accompagnant, dans certains manuscrits, les récits concernés.
28Pour ce qui est de Tristan, nous avons montré dans une autre étude29 ce que la présentation de la folie profane devait à la figuration de l’"insipiens" dans les textes sacrés. Précisons brièvement que dans les textes en prose les enlumineurs illustrent la coiffure de Tristan fou, soit par une chevelure abondante, soit par un crâne totalement rasé comme dans le manuscrit Chantilly, Musée Condé, folio 147 (fig. 10).30 Parmi les rares manuscrits enluminés des Tristan en vers, deux représentations de la folie retiendront notre attention. A l’expression" Gesnitenz har ab oren" de la Continuation de Gottfried von Strassburg par Ulrich von Türheim correspondent les miniatures du codex Munich, Bayerische Staatsbibliothek Cgm. 51 (1er quart xiiie), par exemple le folio 101 r (fig. 11, deuxième et troisième registres) où seule la moitié frontale du crâne est rasée, comme pour l’"insipiens" de Cracovie, Bibliothèque Jagellonienne ms 289, Biblia Latina (provenance de Bologne, 3e quart du xiiie), folio 241 (fig. 12) Quant à la tonsure "en croix" de la Folie Tristan d’Oxford, encore cause de perplexité pour certains,31 elle est clairement représentée (fig. 13) sur un coffret d’ivoire parisien (c. 1300-1340) conservé au Musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg.32 Nous verrons que ce type de tonsure est attesté dans d’autres textes. De plus, la figuration du coffret se trouve confortée par certaines miniatures d’"insipiens", comme Angelika Gross l’a montré plus haut.
29Pour le fou de Dieu, les manuscrits enluminés, bien que riches et nombreux,33 ne nous fournissent en général pas beaucoup de précisions sur les formes de tonsure spécifiques. Souvent, le fol des Miracles en dépit du texte ne porte pas de tonsure (Paris, Arsenal 3527 (xive) [f], f. 146v ; Paris, BN fr. 22928 (xive) [L], f. 122 ; BN fr. 1533 (xiiie) [H], f. 108 ; BN fr. 15110 (xiiie) [x], f. 87). Mais trois images présentent des détails qui intéressent notre propos. La miniature du f. 75 dans le beau manuscrit dit de Soissons, conservé à Paris, BN n.a.f. 24541, illustre la condition du fol à Alexandrie (fig. 14) ; l’excommunié, reconnaissable à son bâton de pélerin, observe les tracasseries qu’enfant, adultes, et chien font subir au saint homme. La figure de ce dernier rappelle celle des "insipiens" du type maladif : décharné, à demi drapé dans une guenille, il tient un objet rond et blanc et une massue, attributs des insensés. Il a le dessus de la tête chauve, à l’exception d’une boucle sur le front, et cette tonsure se complète par des cheveux qui retombent des tempes sur le cou. Or, dans ce manuscrit très soigné, tous les clercs portent des couronnes de cheveux finement taillées sur des chefs par ailleurs entièrement rasés. Ces images mettent donc en évidence le souci des enlumineurs de signaler par le contraste l’anormalité de la tonsure infamatoire, insigne des fols. La même remarque s’applique au f. 75v du ms Paris, BN fr. 25532 (xiiie) [N] des Miracles (fig. 15). La majuscule historiée partage le récit en deux scènes. Celle de gauche illustre le moment où, devant quelques badauds, l’excommunié aborde le fol. Ce dernier, comme le Tristan de la figure 10, pieds nus, est vêtu d’une simple chemise. Son crâne tondu mais négligé reste parsemé de cheveux ras et fait contraste avec la chevelure abondante et ondulée de son interlocuteur. Dans la scène de droite, c’est l’épilogue du miracle qui est représenté ; on y voit simultanément l’étrange tonsure du fol et la fine couronne cléricale du prêtre excommunicateur absolvant le pénitent agenouillé, sous le regard approbateur de Notre-Dame, accompagnée de saints, et sous le feu de l’Esprit Saint. Dans le manuscrit 10747 de la Bibliothèque Royale de Bruxelles (xiiie), l’intéressante initiale du folio 75 (fig. 16) recompose aussi l’histoire en deux temps. La scène principale illustre l’apparition, sous les yeux de l’excommunié, de la Vierge et de l’ange, en réponse aux ardentes prières du fou intercesseur. Celui-ci, pieds nus, vêtu d’une courte tunique qui découvre ses jambes, a le crâne tondu. L’absolution, résultat de cette miraculeuse intervention, complète la miniature dans une seconde et minuscule image. Ainsi, les enlumineurs de ces trois manuscrits, ont traduit la tonsure décrite dans le même portrait verbal du fol par trois figurations de tonsures différentes qui n’ont en commun que leur anormalité par rapport à la tonsure cléricale.
30Dans l’ensemble, les miniatures du Dixième conte de la Vie des Pères s’attardent moins volontiers sur le véritable héros du conte que sur l’instant où les trois clercs décident de quitter leur vie raffinée pour choisir l’érémitisme (Paris, BN fr. 1039 (xiiie), f. 37 ; Paris, Arsenal 5216 (xve), f. 93v ; Arsenal 5204 (xive) [g], f. 132). Exceptionellement, l’enlumineur du ms Paris, BN n.a.fr. 13521 (fin xiiie), f. 302v, les a dotés de tonsures : le dessus du crâne est rasé jusqu’à la hauteur des oreilles bien que, contrairement aux clercs dûment couronnés, ils aient gardé le reste de leurs cheveux dont les ondulations encadrent leurs visages. Nous retrouvons une variation de ce type de tonsure dans un autre codex du même texte : Bruxelles, Bibliothèque Royale 9230 (xive), au folio 106 (fig. 17).
31De la tonsure totale ou partielle à la tonsure en croix, ces signes visuels ont donc bien pour effet de renchérir sur l’exclusion, la marginalisation que les textes explicitent. Toutefois, il manque entre les deux formes d’expression les correspondances systématiques qui permettraient de définir les variations que nous avons rencontrées de part et d’autre.
Lexicologie de la tonsure
32Il reste donc à voir si le lexique de la tonsure peut nous être de quelque secours. Le dépouillement des articles pertinents dans les dictionnaires de Godefroy et de Tobler-Lommatsch confirme la richesse et la variété que nous avons rencontrées dans les récits et les images. Aux verbes dénotant l’action de tondre, "bestondre", "rere" (raser, tonsure totale ?), "röoigner", "estaucier", "touser", "coroncr", s’ajoutent des expressions explétives de manière comme "haut", "en croix", "par lieux". Il est toutefois possible, au terme d’un examen attentif de ce champ lexical et de son contexte, d’arriver à quelques remarques de synthèse.
33Pour commencer par la tonsure de type clérical,34 l’on remarque que l’expression "tondre haut" ou "haut tondu" constitue un signe distinctif, voire une désignation, du clerc :
Renclus de Molliens 98, 6 : "Ordre de clerc est k’il se tonde/Haut tout entour a le röonde/Chou est signes ke il s’esmonde /Dou monde et prent Dieu a sa part".
Le Dit de Robert le Diable (v. 325-326) :35 Robert vient de massacrer sept ermites et s’écrie" Ne voudroie plus vivre mais que tous hauz tondus/Qui sont parmi le monde fussent ainsi tenus".
34Le dictionnaire de Godefroy (p. 742) indique "tondu (haut), loc, prince de l’Église". Dans les exemples donnés, les constructions syntaxiques accompagnant l’expression impliquent un rapport avec la position dans la hiérarchie de l’Église, par exemple "n’est si haut tondu que...", "qu’il ni ait si haut tondu que...". La même expression se rencontre, rappelons-le, pour décrire le fou dans le vers 130 déjà cité de la Folie Tristan de Berne : "Haut fu tonduz, lonc ot le col".36 Mais, plus souvent, c’est la combinaison" tondre comme fol" qui signale la tonsure de la folie profane, simulée ou vraie, dans d’autres références littéraires :
Ipomedon (XIIe) (v. 9253-54),37 "Lunge barbe out e res le col/ Si resteit tundu cume fol".
Dans Robert of Sicily (c. 1390) (v. 153-155),38 l’ange vient de se substituer au Roi Robert qu’il a transformé en fol, pour le guérir de son orgueil : "“Thow art my fol" seide fhe angel/“Thou schal be schoren, euerichdel/Lych a fool, a fool to be”". 39
35L’on constate également que la tonsure du clerc le fait ressembler à un fou : dans La vie de Saint Thomas Becket, Guernes de Pont-Sainte-Maxence dit du clerc "Li clerc porte sun mere en sum le chief adès.../Tunduz est comme fous e de luinz e de pres" (v. 1248). Cette association est liée à la pratique de l’humilité par le clerc : "Humbles doit estre a tuz" (v. 1250). De même, la tonsure du fou ressemble à celle du moine, comme dans Robert of Sicily déjà cité, où l’ange fait tondre le roi "He heet a barbur him before/that as a fool he schulde be schore/Al around, lich a frere/An honde-brede boue either ere"40
36Donc, si l’on ajoute les termes relevés dans les récits de Tristan, de Félix ou du fol d’Alexandrie que nous avons analysés plus haut, l’on est amené à conclure que, par un effet de syncrétisme verbal, la tonsure de type clérical peut associer par un même signe, la folie profane, vraie ou feinte, la folie expiatoire finalement acceptée qui mène par exemple Robert de Sicile au salut et la folie sacrée qui conduit à la béatitude.
37Entre les mots qui spécifient les formes des tonsures, "coroné", indiquant un "bourrelet de cheveux sur un crâne rasé",41 réfère en premier lieu à la couronne du sacerdoce royal. Ainsi dans la Chanson de Roland, on trouve côté chrétien des "proveires coronez" (v. 2956) ; à propos de Turpin il est dit que "Tels curunez ne cantat unkes messe/Ki de sun cors fëist tantes prôeces (v. 1563). Par contre, son absence signale les prêtres païens "ordres nen unt ne en lor chefs corones" (v. 3639). De plus, les proportions de la couronne mesure la clergie ou le degré d’ordre de celui qui la porte : tel cet impressionant personnage dans Aiol (v. 6579) : "Bien sambloit ordene/Grant corone ot el cief".
38Mais la tonsure en couronne peut avoir une application négative. Infligée, elle se transforme en un signe de sévice (rappelons Robert of Sicily) ou en une insulte :
Ogier le Danois (v. 107, 12) "mes messages m’a fait si vergonder/Corones faire et les grenons couper"
39On ne s’étonne donc pas de trouver cette couronne humiliante associée aux pauvres fols dans le même texte : Ogier le Danois (v. 11728) "Coroné m’as aussi come autre fol".
40En ce qui concerne la tonsure "en croix",42 elle n’est pour Tobler-Lommatsch (p. 1089) que synonyme de "tondre", mais nous avons vu que le cas n’est pas si simple. Cette tonsure est appliquée à des fous profanes, outre Tristan :
Amadas et Ydoine (v. 2723)43"Aval la rue a grant air/Amadas trestout nu venir/Tous deguises, en crins (en crois) tondus/Com cil qui a le sens perdus"
Le Roman des deduis (v. 9196), "fol en croiz tondu".44
Continuation de Guillaume de Tyr, "puis le fist bertauder et tondre en crois"45
41On rencontre également la tonsure en croix en référence à la folie expiatoire : dans Robert of Sicily, pour parfaire la coiffure de fou imposée à Robert sur les ordres de l’ange, le barbier ajoute une croix, "And on his crowne made a crois" (v. 170-173).46 Et encore en référence à la folie pénitentielle du "fol" d’Alexandrie de Gautier de Coinci (v. 686), et de Meon, "Mout fu escopiz et soilliez/En crois conduiz (tondus) et bertoudez/Et bricon le fol apelez" (II 184, 361). Mais il faut ajouter qu’à notre connaissance la formulation tonsure en croix ne semble pas s’appliquer à la tonsure de clercs.
42Parmi les termes désignant la tonsure sans précision de forme, "röoignure", venu de "röoignier",47 est considéré par les dictionnaires comme un équivalent du terme "tonsure" et, selon les exemples du Tobler-Lommatsch, "haut rôegniez" est un terme général s’appliquant aussi bien au prêtre, au moine et au clerc. Il convient pourtant de noter que dans "Fou" les trois "clercs gentilz homs", après avoir décidé de renoncer aux conforts de ce monde, se rendent à un monastère, se confessent, quittent leurs atours, "Et furent rooigne entor" (v. 178). Or, étant clercs, ils devaient déjà porter la tonsure. La "röoignure" signalerait-elle alors un sacrifice, donc un engagement, plus radical ?48
43Pour le verbe "bestondre" et ses variantes, on lit dans le Glossaire de l’édition Poquet des Miracles de Gautier de Coinci :"Bertonder, tondre, raser les cheveux inégalement à la façon des anciens moines".49 S’agirait-il de la tonsure de Saint Paul ? En tout cas, cette tonsure grossière n’est pas l’apanage du moine, car elle démarque aussi le fou : "Et comme fox fu par lieux bertaudez", Gaydon (XIIIe), p. 61. "Bestondu" se rencontre encore en référence à la folie sacrée : dans le codex Paris, Arsenal 3641 de la Vie des Peres, c’est le mot qui remplace "tondu" au folio 95a, pour s’ajouter à "fol" et désigner Félix. On trouve à la fois "Touz bertundez et touz tonduz" dans le miracle de l’excommunié (v. 23).
44Enfin "rere", que nous avons noté dans la Folie Tristan de Berne et Donnei des Amants, apporte encore moins de précision. Dans le Moniage Guillaume, nous assistons au sacrifice qui marque l’entrée du preux dans les ordres : "Li quens Guillaume l’abé en araisone/Pour Dieu, beaus sire, et car me faites mone/...Prent(li abes) unes forces, si li a fait corone/Quant il fu rés, mout fu bele persone". Rutebeuf interpelle un moine en l’appelant "sire haut rez". Et dans Aliscans, le terme sert à évoquer le fou :"Bien sembles fox, se tu estoies rez".
45Si ce parcours du champ lexical et sémantique de la tonsure ne suffit pas à jeter toute la lumière souhaitée sur sa complexité sémiotique, il permet au moins de conclure avec assurance que la terminologie de la tonsure associe, dans la singularité, le clerc, l’athée, le fol naïf et le "sage fou".
Conclusion
46Pour nous résumer, disons que la tonsure démarque celui qui la porte. Elle fait du clerc un être privilégié. Mais elle peut aussi mettre l’individu au ban de la société. Signe d’opprobe pour les insensés agnostiques et les fous ordinaires, elle peut encore, suivant le contexte, changer de sens et repasser du signe négatif au signe positif. Elle redevient alors signe d’élection mais à un degré plus élevé.
47Tristan, choisissant de se "feindre fol" par amour, médite dans la Folie d’Oxford sur le bon sens de cette folie, "Feindre mei fol faire folie/Dune nest co sen e grant veisdie ?" (179-82), et sur la folie de ceux qui le tiendront pour fou :50
Tels me tendra pur asote
Ke plus de lu serrai sene
E tels me tendra pur bricun
K’avra plus fol en sa maisun (185-188)
48De même, dans le prologue du miracle de l’excommunié, Gautier de Coinci développe longuement le paradoxe du "sages foux" (421) :
Mais tant est sages, c’est la somme
Que par l’amor de Dieu conquerre
Por fol se fait tenir en terre (150-153)
49Robert le Diable, Felix ou le fol d’Alexandrie suivent donc le précepte de l’Apôtre (J, Cor. IV), selon lequel il faut se faire passer pour un insensé aux yeux du monde afin de venir à Dieu, car c’est le chemin qu’il a lui-même choisi : "Soies por Dieu povres tenuz/Por folz fu-il tenu por toi" admoneste Gautier de Coinci (586-587). Marginaux comme Tristan, comme lui ces fous de Dieu se détachent de la société pour entrer dans une élite qui ose rejeter l’appropriation des normes en faveur de la plénitude ontologique.
50Dans ce cas, la tonsure visualise l’association de la folie au monde avec la consécration à une valeur qui dépasse ce dernier. Cette valeur plus haute, c’est l’amour absolu, pour la créature de Dieu et -précisons-le- avec le soutien de celui-ci dans le cas de Tristan, et pour Dieu même dans le cas de ceux qui sont appelés à la sainteté.
51Compte tenu de la complexité de cette sémiotique, se repose alors la question de la lecture de ce signe ambigu. Bien entendu, la signification de la tonsure du clerc n’échappait à personne, pas plus que la chevelure mutilée du fol naïf. La tonsure de l’"insipiens" athée ne pouvait se comprendre que par ce qu’elle n’était précisément pas, puisque la carence de celui qui ne sait pas sous-entend la référence à celui qui sait. Mais, lorsque cette référentialité négative se retournait sur elle-même, qui était en mesure de la décoder ? Déjà, seule Brangien, dans la Folie Tristan de Berne, est saisie d’une intuition en observant l’aspect du fou : "En son cuer panse qu’il est sage/Et meillor mal a que n’est rage" (294-95). Mais, d’ordinaire, le regard s’y trompe : "au siecle es fou, soz et lunages/A Dieu soutiez, discrez et sages" (573-574) déclare Gautier de Coinci. Il constate encore : "Assez souvent tient Dieu por sage/Tel que les gens tiennent pour fol". Ainsi, le prieur de Vic, en dénotant l’aveuglement de la masse, semble s’en distinguer, en tant que locuteur et auteur du récit, comme tous les clercs lettrés et littérateurs qui se faisaient à la fois les transmetteurs d’un réseau d’indices culturels qu’ils ne cessaient d’enrichir et les meneurs d’un jeu intertextuel dont seule l’élite initiée qu’ils constituaient pouvait percer les subtilités. Au moyen âge, la tonsure, à l’origine métaphore visuelle issue du sacré, puis signe autoréférentiel, renverrait donc par ses variantes à un "montage normatif"51 incluant aussi bien l’avilissement que la sublimation. Aujourd’hui, comme alors, seul le contexte permet d’en décider.
Notes de bas de page
1 Louis Trichet, La tonsure, 1990, p. 12 ; voir aussi l’article "tonsure" du Dictionnaire de Théologie catholique, Paris, Letouzcy & Ané, 1946, col. 1231.
2 D’après Grégoire de Tours, Miraculorum libri. I, De Gloria Martyrum, cap. 28 "De sancto Petro apostolo" (Migne, P. L., t. 71, col. 728) : Petrus Apostulus ad humilitatem docendam caput desuper tonderi instiluit. Quae quidem Tonsura Petri. Non alia est ab ea quam Coronam Clericalem appellamus.
3 Ou tonsure de Saint Jean. Selon le Dictionnaire de Théologie catholique (1946), col. 1231, cette tonsure qui a été porté par les moines écossais, fut appelée à Rome par dérision "tonsure de Simon le Magicien". Pour la forme de la tonsure cf. Du Cange Gloss., "tonsura" : Monachi Scotici aliter tondebantur quippe ab aure ad aurem per frontem in coronae modum incisus erat capillus, ab aure ad aurem per occipitium capillis intonsus dependebat ; Bède le Vénérable Historia Ecclesiastica, pars IV, sect.III, cap. 22 (Migne, P. L., t. 95, col. 730) mentionne cependant une tonsure sans couronne.
4 Lorsque le IVe Concile de Tolède (633) decréta que tous les clercs et les lecteurs devaient tondre le crâne du haut et du bas en sorte qu’il n’en restait que le cercle d’une couronne au milieu, la tonsure des lecteurs galiciens qui n’avaient dégagé que le sommet du crâne fut remarquée comme un exemple à éviter car trop proche à la coiffure laïque : Isidore de Séville, Dissertationes in canones Ecclesiae Hispanae, can.41 (Migne, P. L., t. 84, col.377B) ; cf. Trichet (1990), p. 9 et pp. 69-75. Depuis Tolède, la couronne cléricale représente le sacerdoce et le règne de l’Église : Isidore de Séville De Ecclesiasticis Officiis Libri, lib. II, cap. 4 "De tonsura" (Migne, P. L., t. 83, col. 779).
5 Cf. Corpus Iuris Canonici, Pontificale Romanum, causa 108, § 1.
6 Cf. dans le Sacramentaire grégorien l’"ordo ad clericum faciendum" (Migne, P. L., t. 78, col. Z33BC) et Trichet (1990), p. 33.
7 H.G. Beck, Geschichte der orthodoxen Kirche im byzantinischen Reich. Göttingen, 1980, p. 147.
8 Autrement dit, plus la dignité est élévée, moins la couronne est épaisse : Dictionnaire de Théologie catholique (1946), col. 1231 et Trichet (1990), p. 11.
9 Trichet (1990), p. 46 et Dictionnaire de Théologie catholique (1946), col. 1231.
10 Bède le Vénérable, Historia ecclesiastica, pars IV, sect. III, cap. 21 (Migne, P. L., t. 95, col. 277s) :...Formam quoque coronae quam ipse in passione spineam portavit in capite ut spineas ac tribulos peccatorum nostrorum portare ! (..) doceant : ut coronam vitae aeternae (..) designent.
11 La coupe des cheveux était depuis l’antiquité un signe de déférence et de sujétion. Par extension, elle désigna la prise en protection par la personne à qui les cheveux étaient offerts. Ceci valait également pour les moines : Du Cange, Gloss., "capilli" : capillorum positionem symbolum fuisse servitutis quam Deo per votorum emissionem profitebantur : unde Servi Deo vulgo appellati. Nam servi tonsi erant.
12 D’après Grégoire de Tours, la tonsure en forme de couronne a été l’insigne du métier que Saint Pierre exerçait avant sa conversion, celui d’un récenseur grec ; cf. Du Cange, Gloss., "corona" : Dignitas clericalis, sacerdotalis, episcopalis, pontificalis : quia corona est insigne praecipuum Clericatus et Sacerdotii ; pour le jeu de mots enseigne/insigne, cf. dans les Miracles par personnages celui du paroissien excommunié (Paris, B. N.. ms. fr. 819, f. 181) : "vous ne vous doutez garde quant/sur la couronne si ataindre/vous sentirez qu’en clerc sanc taindre/La vous feray jusques au front/Sire prestre quelle enseigne ont ceulx qu’escoumenier voulez/Plus que ceulz que vous absolez ?"
13 Pour distinguer la triple couronne impériale des couvre-chefs ecclésiastiques, le Ceremoniale Romanum, Lib.1, sect.V donne une excellente description de ceux portés par les plus haut dignitaires de l’Église. Le couvre-chef commun à tous les clercs etait un bonnet en feutre appelé mitre : cf. Du Cange, Gloss., "mitra" : Mitra est pileum Phrygium caput protegens quale est ornamentum capitis devotarum ; (..) Mitras omnibus clericis communes fuisse (Synode de Tournai de 1366).
14 Le droit alémannique sanctionnait par une peine de 12 sols celui qui coupait les cheveux à quelqu’un d’autre malgré lui : si quis alicui contra Legem Tondent caput liberum non volenti, cum 12 sol componat ; cf. Lex Alamann. cap. 65 § 1.
15 Comme traduction du terme "insipiens" en français, on trouve dans les Bibles françaises et les Bibles Historiales l’expression "celui qui n’est pas sage", "fol", "foui" ou "fou" ; seules les éditions modernes de la Vulgate le traduisent par "insensé".
16 Pour le crâne rasé comme "stultitiae indicium" ; cf. Du Cange, Gloss., "capillorum Detonsio" : apud Joannes de Veneta Carmelita anno 1357 "Et pour lui plus encore confondre/Tous les cheveux ly firent tondre/Comme à un fol marquiçon.
17 Ceux qui prétendaient l’état de clerc, subissaient la peine prévue en cas d’adultère ; la "tonsura adultera "ou" corona adulterina" qui consistait à retirer une plaque ronde de cuir chevelu à l’aide d’un rasoir : cf. Du Cange, Gloss. : in Constitutiones Jacobi II regum Aragonum anno 1312 (Paris, B.N., ms.lat.4673) : Si decernimus puniendos (=eos qui statum clerici mentiuntur) videlicet ut in quantum corona adulterina protendatur corium cum rasorio a capite abscindatur. Une autre peine similaire était infligée aux voleurs : c’était la "decalvatio" qui consistait à écorcher également le cuir chevelu : cf. Hermann Nehlsen, Sklavenrecht zwischen Antike und Mittelalter. (Göttinger Studien zur Rechtsgeschichte, vol.7) Göttingen, 1972, p. 224. Ainsi, dans les Leges Visigotorum. On "décalvait" les sorciers et les faiseurs de pluie soupçonnés de détruire, grâce à leur magie, les vignobles et la récolte des champs par une chute de grêle, et on fustigeait publiquement de 200 coups de fouets, décalvait et montrait en cet état dans les villages environnants ceux qui perturbaient le sens des gens par la conjuration des démons et qui faisaient des sacrifices nocturnes aux esprits maléfices. Les sanctions corporelles ont été transformées, après le xive siècle, en peines infâmantes. Le malfaiteur ne perdait plus la peau, mais simplement les poils : cf. Robert Généstal, "Le procès sur l’état de clerc aux xiiie et xive siècles". Ecole Pratique des Hautes Etudes, Section des Sciences Religieuses, 1909-10, p. 18, note 3.
18 D’autres exemples de double tonsure se trouvent dans Oxford, Bodleian Library, ms. Douce 21 I, f. 258v et La Haye, Bibl. royale, 71.G.61.
19 La première couronne de la mitre papale, la couronne spirituelle, représente la dignité du pontife qui a la charge de l’Église universelle, tandis que la deuxième couronne, la couronne épiscopale, indique le principat, la succession de Pierre comme prince des Apôtres. Une troisième couronne, la couronne impériale, a été rajoutée par Urban V (1362-1370) : cf. la miniature du ms.136, f.241 de la Bibl.mun. d’Avignon. La tiare n’est plus en usage actuellement.
20 Les Statuto Massiliensia, lib.5, cap. 14, p. 515 obligèrent les juifs à porter, dès l’âge de sept ans, une calotte jaune (calota crocea), et une large roue bien visible sur la poitrine, tandis que le Concilium Arelatense de 1234, cap. 16 imposa aux femmes juives âgées de 12 ans, de couvrir dorénavant d’une voile (oralis) la tête et la bouche en dehors de la maison.
21 Pour les références concernant Tristan, nous avons utilisé les éditions suivantes, Fo.La Folie Tristan d’Oxford, éd. par Ernest Hoepffner, 2e éd., Paris, Belles Lettres, 1963 ; Fb, La Folie Tristan de Berne, éd. par Ernest Hoepffner, 3e éd., Paris, Belles Lettres, 1949 ; G/UT, Continuation de Gottfried von Strassburg par Ulrich von Türheim, Tristrant, éd. Thomas Kerth, 1977. Pour les travaux d’érudition concernant notre propos, on pourra consulter : A. Graf, Giornale storico della letteratura italiana V (1885), 102-130 ; Léopold Sudre, "Les allusions à la légende de Tristan dans la littérature du moyen âge", Romania XV (1886), 534-557 ; Joseph Bédier, "Appendice II, Allusions à la légende de Tristan dans la littérature du moyen âge". Le roman de Tristan de Thomas, poème du xiie siècle, 2 vols, Société des Anciens Textes Français #46, Paris, Firmin Didot, 1905, II, 397-400 ; Harry F. Williams, "Allusions à la légende de Tristan", Bulletin Bibliographique de la Société Internationale Arthurienne XII (1960), 91-96 ; Philippe Ménard, "Les fous dans la société médiévale. Le témoignage de la littérature au xiie et au xiiie siècle", Romania 98 (1977), 433-459 ; Gunnar Tilander, "Origem e evoluçao de esp. esquilar e port.tosquiar", Revisla de Portugal - Lìngua Portuguesa XXIII, 425-439 ; Gunnar Tilander," O uso de rapar a cabeça aos loucos e a etimologia do port., esp. , it., tonto, rom. tînt, tont (louco)", Revista de Portugal XXIII, 223-232 ; Jacqueline Schaefer, "Tristan’s Folly : Feigned or Real ?", Tristania III. 1 (1977), 3-16 ; Sandra Billington, A Social History of the Fool, Brighton, The Harvest Press, 1984 ; Frances Sautman, “Les métamorphoses du fou à la fin du moyen âge”. Pour une mythologie du moyen âge, éd. Laurence Harf et Dominique Boutet, Paris, PENS, 1988 ; Philippe Ménard, "Les emblèmes de la folie dans la littérature et dans l’art (xiie-xiiie siècles)", Hommage à Jean-Charles Payen, Caen, Centre de Publication de l’Université de Caen, 1989, 253-265, Planches l-X. Ajoutons que Ménard (1989) distingue parmi les emblèmes de la folie : tonsure totale, 255-56 ; tonsures spéciales : tonsure ecclésiastique, 256-57 ; tonsure irrégulière, 57 ; tonsure en croix (surtout Ménard 1977).
22 Felix Lecoy, éd., Jean Renart, Le lai de l’ombre, Paris, Champion, 1983.
23 Cité selon Bédier (1905), op. cit., p. 375.
24 Jacques Chaurand, éd.. Fou, Dixième conte de la Vie des Pères, Conte pieux du xiiie siècle, Genève, Droz, 1971.
25 Ici, on reconnaîtra aisément le motif des "trois morts et des trois vifs". Le sous-titre de ce conte varie selon les manuscrits, par exemple pour celui du manuscrit Bruxelles Bibliothèque Royale 9230 voir notre figure 17
26 Le deuxième clerc, Deudonnez, nous est présenté : "Chauves est et entrepelez" (v. 419).
27 Selon la numérotation d’Ariette Ducrot-Granderye, Etudes sur les Miracles de Notre Dame de Gautier de Coinci, Helsinki, 1932.
28 Cité d’après Frédéric V. Koenig, éd.. Les Miracles de Notre Dame de Gautier de Coinci III, Genève, Droz. 1966 et Abbé Poquet, éd., Les Miracles de La Sainte-Vierge de Gautier de Coincy, Paris, Parmentier, 1857. Notre miracle figure sous le numéro 39 dans la sélection de Eric von Kraemer, éd., Huit miracles de Gautier de Coinci, édités d’après le manuscrit de Leningrad (Bibl. publ. fr. F. v. XIV.9), Helsingfors, 1960.
29 Angelika Gross et Jacqueline Thibault Schaefer, "Tristan, Robert le Diable und die Ikonographie des Insipiens : der Hund als neues Motiv in einem alten Kontext, I. Die Narrheit im religiösen Kontext, II. La folie dans le contexte profane, "Schelme und Narren in den Literaturen des Mittelalters, éd. Daniel le Buschinger et Wolf gang Spiewok, Wodan, Greifswalder Beiträge zum Mittelalter, Band 31, Greifswald, Reineke Verlag, 1994, p. 55-72.
30 Voir aussi les miniatures du ms Malibu, Getty Ludwig XV 5, aux folios 224, 226 et 228v que nous avons également publiées dans l’article cité ci-dessus.
31 Ménard (1989), p. 256 : "Je n’ai rien à changer à ce que j’ai dit sur la tonsure en croix, attestée dans la Folie Tristan d’Oxford, sauf pour suggérer que c’est une tonsure très visible d’une part et que c’est peut-être aussi une façon de mettre le fou sous la protection de Dieu. Les miniatures ne m’ont apporté aucune information complémentaire sur ce point.".
32 Les scènes du coffret ont été publiées dans Roger Sherman Loomis and Laura Hibbard, Arthurian Legends in Medieval Art, Kraus reprint, 1975, (New York, Modern Language Association of America, 1938). p. 55-56, fig. 91. Sur ce coffret, voir également A. Darcel, Collections Basilewsky, Catalogue raisonné. Texte, Paris, 1874, p. 196 ; R. Koechlin, Les Ivoires gothiques français 1, 1924, p. 392 ; O. von Falke, "Das Tristanminnekàstchen der Eremitage", Pantheon I (1928), 75-80 ; Norbert H. Ott, "Katalog der Tristan-Bildzeugnisse", Text und Illustration im Mittelalter. Aufsätze zu den Wechselbeziehungen zwischen Literatur und bildender Kunst, hsg Norbert H. Ott, München, Beck, 1975, p. 140-71, particulièrement p. 159-60.
33 Pour le miracle 39 des Miracles de Notre Dame de Gautier de Coinci, les manuscrits enluminés sont : Paris, BN fr. 1533 (xiiie) [ms H, selon le classement Ducrot-Granderye], f. 108 ; BN fr. 15110 (xiiie) [x], f. 87 ; BN fr. 22928 (xive) [L], f. 122 ; BN fr. 25532 (xiiie) [N], f. 75v ; BN n.a.f. 24541 [S], Soissons), f. 75 ; Paris, Arsenal 5204 (xive) [g], f. 62 ; Arsenal 3527 (xive) [f] f. 146v ; Bruxelles, Bibliothèque Royale ms 9229 (xive) [a] f. 37v ; Bibliothèque Royale ms 10747 (xiiie) [B], f. 75 ; Saint Petersbourg, Fr. F. v XIV 9 (xive) [R], f. 110 ou 109, CAP. XXVIII ; Besançon, Bibl. mun., 551 (xive)\T\, f. 68 ; La Haye, Bibl. Royale 71.A.24 (anc. Y 389) (xive) [d], f. 35. Pour le dixième conte de la Vie des Pères, voir Paris, BN fr. 1039 (xiiie), f. 37 ; BN n.a.fr. 13521 (fin xiiie), f. 302 ; Paris, Arsenal 5216 (XVe), f. 93v ; Arsenal 5204 (XIVe) [g], f. 132 ; Bruxelles, Biblio. Royale 9230 (xive), f. 106 ; Londres, BM Addit. 32678 (fin xiiie), f. 36v ; La Haye, Bibl. Royale, 71.A.24 (xive), 107.
34 Billington appelle les fous auxquels le type clérical de tonsure est appliqué "Friars’" ou "tonsured Fools", op. cit., p. 12 ; voir aussi Ménard (1977), op. cit., p. 437, et (1989), p. 256-57.
35 Karl Breul, "Le Dit de Robert te Diable, "Abhandlungen Adolf Tobler, Halle, 1895, p. 464-509.
36 Aussi dans le Chevalier au Barillet, "Entrepelez et haut tonduz", cité dans l’introduction de Chaurand, op. cit., p. 18.
37 E. Koelbing et E. Koschwitz, éd., Ipomedon, Breslau, 1889.
38 Walter H. French et Charles B. Hale, "Robert of Sicily, "Middle English Metrical Romances, New York, Prentice-Hall, 1930.
39 A ces exemples et à ceux donnés par Ménard (1977), p. 437 et dans les articles de Tilander déjà cités, on peut ajouter "tondre/Comme fol" (v. 5488-89), "fol tondu" (v. 10522) dans Le Roman des deduis (1359-77), de Gace de la Buigne, éd. Ake Blomquist, Karlaham, 1951. Voir également "Mout est il les, mes ce li vient/De ce que trop li mesavient/Sa tete qu’en li a tondue/Il ne li faut fors la macue/A sembler fol le plus a droit/Du mont ; fous est il orendroit" (v. 4943-48) dans Meraugis de Portlesguez, Raoul de Houdenc XIIIe, éd. Mathias Friedwagner, Halle, 1897.
40 French/Hale, op. cit.. v.170-173.
41 Cf. Tobler-Lommatzsch I, 890.
42 L’expression, déjà signalée, de la Folie Tristan d’Oxford "a cruces" (v. 211, 559) a ses équivalents dans d’autres langues : Glossarium. Du Cange : "tondere ad modum crucis" : Grimm, DWB, "scheren kreuz und quer". En espagnol, on la retrouve dans des serments comme "que me tresquilen a cruzes", proféré par exemple par Sancho dans Don Quixote, II, 23, et par Sosia dans La Celestina, Acte 17, CC 23.
43 J. R. Reinhard, éd., Amadas et Ydoine, Paris, 1926.
44 Gace de la Buigne, Le Roman des deduis, op. cit.
45 Cité dans Tobler-Lommatsch.
46 French/Hale, op. cit.
47 Tobler-Lommatsch définit "rooigner"comme" 1) couper en rond, autour, tonsurer 2) couper les cheveux "et cite" la rogneure ne fait mie lo clerc" G Metz.
48 Voir, à l’appui, cette notice relevée dans Tobler-Lommatsch : “"Ele.../En une cambre va tous ses dras cangier/ A unes forces a ses cheveus trenchiés/ Bien se rooigne et avant et arrier/ D’une herbe taint son viaire et son chief", BHant. festl. II 12600”.
49 Tobler-Lommatsch cite encore “Barb. u. M. 1 350, 108 : "Moines tondus et bertaudez/Seroie anchois..."”
50 Pour de plus amples details, voir Jacqueline T. Schaefer, "Specularity in the Medieval Folie Tristan Poems or Madness as Mctadiscourse," Neophilologus 77 (1993), p. 353-368.
51 Nous empruntons cette formule à Pierre Legendre ; voir, en particulier, Pierre Legendre, Dieu au miroir, étude sur l’institution des images. Leçons III, Paris. Fayard. 1994.
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