Le clerc marié
p. 231-242
Texte intégral
1"Clericus conjugatus". Voilà une alliance qui dans les termes sonne comme une dissonance, un peu comme le mariage de la carpe et du lapin, tant l’image dominante est celle du chacun dans son ordre occupé à son propre salut.
- Le clerc du côté du sacré, la part de Dieu, dans la pureté, à l’écart des souillures du monde, plus élevé que le laïc dans l’échelle des perfections,
- Le laïc, du côté du profane et de la génération, interdite au clerc, et dont la vocation, le schéma est bien en place au moins depuis les temps carolingiens, est précisément dans le mariage.
2Deux positions et une opposition encore accentuées par la solennisation progressive du mariage qui devient un sacrement, réservé au laïc, avec à la clé la chasse faite aux "mariages clandestins", l’union requise et la seule reconnue faite "in facie ecclesie", garante de la validation du mariage et de la légitimation des enfants, ce qui n’est pas rien, car elle assure la transmission du patrimoine.
3Longtemps les seules voies d’accès des laïcs à la clergie auront été celle du convers, celle des veufs et des veuves s’assurant au cloître une retraite paisible ou encore les formes un peu marginales et même franchement dissidentes de la vie érémitique.
4Le premier effet de surprise passé, la présence du clerc marié dans la société médiévale pose donc la question de la place de chacun, clerc et laïc.
5Comme l’a souligné le rapport général présenté à Paris sur l’état de la recherche en histoire médiévale dans ces vingt dernières années1, la société des clercs séculiers n’est pas la mieux connue. C’est que son étude est aussi d’une grande complexité2. La diversité des origines, des formations, des fonctions occupées dans l’Église par tous ceux que l’on nomme des clercs et dans un groupe traversé par de puissants clivages, en rend l’approche très difficile. Le rapprochement entre histoire sociale et histoire religieuse caractéristique de ces dernières années en éclairant de nouveaux domaines de la société ecclésiale : l’encadrement paroissial des fidèles, la prédication, les organisations confraternelles, a éloigné l’intérêt de l’institution ecclésiale elle-même3, alors même que, circonstance aggravante pour mon propos, l’historiographie du clerc "uxoratus", en puissance d’épouse, traditionnellement avait bien peu retenu l’attention des historiens.
6Les définitions canoniques qui font la force du statut clérical et lui confèrent à la fois essence et existence, font peu de place, voire négligent tout à fait nos clercs mariés4. Dans le domaine provençal, les prescriptions synodales de la province d’Arles leur réservent la situation ingrate de laissés pour compte ; sans doute parce que dans le giron même de l’Église, ils tiennent fort peu de place, n’appartenant à aucun des modèles de vie parfaite que suppose l’appartenance au groupe des hommes de Dieu, n’étant pas même reconnus dans leur choix de la vie active comme les agents d’un christianisme de service, tenus toujours en suspicion, placés qu’ils sont à la frontière ou sur la marge de deux ordres antinomiques, inférieurs même dans la hiérarchie aux "clercs absous", les "clerici soluti", clercs de plein droit, mais sans charge pastorale et comme les clercs mariés exclus par là du système bénéficiai. Une exclusion qui, pour une bonne part, explique le silence des textes. Lorsque le pape Grégoire IX, autorité suprême, admoneste vers 1230 l’archevêque d’Arles Hugues Béroard pour qu’il remette de l’ordre dans son diocèse "tam in capite quam in membris", selon la formule consacrée par les idées et les intentions réformatrices5, qu’il lui enjoint de séparer, comme le dit le texte, "le bon grain de l’ivraie", il énumère dans l’ordre : moines et moniales, clercs réguliers et clercs séculiers et termine sur une formulation vague : "les autres clercs" où il n’est pas interdit de reconnaître nos clercs mariés. Est-ce à eux que s’adresse le reproche, brutal, mais la chancellerie romaine s’exprime ainsi, contre les clercs "incontinents" accusés de" se complaire dans la fornication et de s’y vautrer comme des juments dans leur fumier" ? Du prudent anonymat où l’Église les tient, les clercs mariés sortent bien peu. Vers 1267, les décisions conciliaires d’Arles6 les mentionnent tout à la fin d’un long texte réglementaire, après les signes de validation, dans la compagnie douteuse des mères infanticides, pour se souvenir d’eux "in extremis", en les plaçant sous la garde générale réservée aux gens d’Église et aux "res sacrae". Au point qu’on peut s’interroger à bon droit sur leur degré ou leur sentiment d’appartenance à la communauté des tonsurés.
7Car c’est très précisément la tonsure, cette marque de consécration à Dieu, qui fait le clerc7. Sous le règne du pape Urbain V, le concile d’Apt8 exige que la "couronne" bien large, bien ronde et bien apparente, soit rafraîchie tous les mois, sous peine pour les clercs bénéficiers de la perte du centième des revenus de leur bénéfice. En 1337, le concile de Saint-Ruf organise la chasse aux barbus dans les rangs des clercs, autre détail de toilette masculine encore plus anodin pour nous mais de première importance aux yeux des pères conciliaires. L’habit aussi est très important et le même concile d’Apt édicte en 1365 une réglementation sévère contre les habits à la mode et contre ceux qui dans la suite des clercs, écuyers et damoiseaux," se font friser comme des femmes, s’habillent de trop court et portent des chaussures de couleur changeante comme le font les histrions". A tous les clercs le port des armes est interdit sous peine de 10 livres d’amende le jour et du double la nuit9. Enfin, les clercs mariés, comme les autres, doivent pouvoir exhiber en cas de besoin leurs lettres de cléricature enregistrées auprès des tribunaux d’Église et qui sous l’appellation commune de "lettres de tonsure et d’ordination" sont taxées auprès des officialités d’Aix ou de Marseille à un gros d’argent.
8Car cette clergie là est surtout affaire de juridiction et de "for" ecclésiastique. Roger AUBENAS, il y a bien longtemps10 a dressé l’inventaire des cas épineux auprès des officialités d’Aix, d’Arles et de Marseille, alimentés à la source d’affaires réelles faisant jurisprudence. En parfaite opposition avec la documentation ordinaire de l’Église évoquée plus haut, on voit apparaître là une forte population pénale, réelle ou virtuelle de clercs mariés dont l’auteur souligne lui-même dans sa préface la présence anormale ; je cite : "C’est surtout à propos des crimes et des délits perpétrés par les clercs mariés — "clerici conjugati" — que les conflits paraissent avoir été fréquents". C’est que placés à l’exacte frontière entre laïcat et cléricature, nos clercs mariés se trouvent tout naturellement dans la situation, confortable ou inconfortable, c’est selon, d’enjeux très disputés entre la justice ordinaire des cours "temporelles" et celle des officialités. Plusieurs cas sont évoqués dans ce recueil de conflits de juridiction auxquels s’ajoutent ces misérables affaires de vol, de dettes impayées, de faillites frauduleuses, avec par exception le cas d’homicide évoqué devant les mêmes tribunaux. Car les clercs mariés se livrant par état laïc à toutes les besognes du siècle sont aussi exposés à tous ses périls.
9Rapprochant de façon plaisante nos clercs mariés des "arts mécaniques", ces arts qui ne sont pas "libéraux" et auxquels les clercs mariés bien immergés dans le siècle consacrent beaucoup de leur temps, Robert-Henri BAUTIER a consacré une belle étude aux "clercs mécaniques"11. Ainsi la profession de boucher qui, parce qu’elle verse le sang, cette souillure, devient à la fin du Moyen Age tout à fait incompatible avec l’état de clergie et tombe sous la condamnation des officialités provençales précitées qui somment les clercs mariés d’abandonner dans les dix jours ce "métier déshonnête"12 ; ceci en conformité complète avec le canon 41 du second concile de Saint-Ruf qui, en 1337, interdit" aux clercs qui sont boucher ou tavernier de jouir du privilège de clergie, à moins d’abandonner leur métier"13.
10Répulsion cléricale au moins égale à celle du sang, celle du sexe. "Omnis coïtus immundus". Saint Jérôme, "adversus Jovinianum". Ces clercs mariés auront donc un statut marital très précis, bien codifié par les règlements conciliaires. Comme les laies ils sont mariés mais "cum unica et virgine" la formule remonte aux plus anciens conciles, avec une seule épouse, le remariage devenu si commun à la fin du Moyen Age, leur demeurant interdit. A moins de "bigamie", qui entraîne la perte du statut de clergie et dans un champ d’application du mot extrêmement large ; l’Église dénonce comme "bigames" tous ceux qui se remarient, épousent une veuve ou une femme déjà "connue" par d’autres, ajoutent une ou plusieurs maîtresses à leur épouse légitime14.
11Dans les deux derniers siècles du Moyen Age, de manière intéressante pour mon propos, une protestation s’élève, au nom des droits d’"humaine nature" et dans l’héritage des débats universitaires et du Roman de la Rose, contre le célibat des prêtres15. Les textes sacrés eux-mêmes ne disent-ils pas que le Christ a institué le mariage chrétien dans la cérémonie des Noces de Cana et la Genèse ne commande-t-elle pas aux hommes" de croître et de multiplier, de remplir la terre entière" ? Dans le bouillonnement des idées réformatrices et quand l’Église a besoin de la bonne volonté de tous ses enfants, ne faut-il pas forcer la coutume, infléchir la discipline en faisant que chacun, même marié, puisse la servir ? C’était alors revenir sur une règle de vie dont diverses études ont montré qu’elle a accompagné dans les siècles centraux du Moyen Age la promotion de l’état sacerdotal, l’exigence progressive de pureté alors commune à l’Église et aux laïcs réformateurs pour ceux qui approchaient le Saint Sacrifice et les espèces consacrées.
12Au concile de Latran II (1139), toute clérogamie était proscrite, de façon irréversible semble-t-il, tant la cour romaine depuis la pénitencerie a verrouillé dans les années récentes la question du "saint célibat". Après l’an mil, les découpages réglementaires et idéologiques de la société se font plus stricts et il y a peu, André VAUCHEZ a fort justement souligné dans le schéma trinitaire et trifonctionnel, le rapprochement des clercs séculiers et des moines dans le même idéal de vie angélique qui les isolait de la foule des laïcs, le célibat imposé, non sans résistance, devenant l’un des signes majeurs de la dissemblance et de la supériorité du clergé16. Vers 1400, s’observe la marée montante des reproches conciliaires contre les prêtres "fornicateurs". La nature humaine restant en gros la même, un fort pourcentage de clercs "incontinents" vit dans un concubinage plus ou moins notoire. C’est ce que prétendent au moins les textes réformateurs et dans les trop rares visites pastorales qui nous sont conservées, il y a toujours un temps où le visiteur, l’évêque ou son vicaire, s’inquiète auprès de quelques fidèles sûrs et dans un entretien secret pour éviter toute occasion de scandale, des mœurs du clergé local. Toujours cette difficulté permanente de faire du clerc "un homme à part" (Francis RAPP), cette gageure qu’il soit à la fois dans le monde et pourtant différent du reste des autres hommes. Cette revendication du mariage des prêtres, bien timide en cette fin du Moyen Age, plus intellectuelle que véritablement préoccupée de ses applications pratiques, n’a guère dépassé le cadre étroit de quelques cercles de pensée ouverts à l’idée de réforme17. Cette avancée facilement brisée par la résistance de la haute Église est sans effet sur le statut diminué de nos clercs mariés, dans les degrés inférieurs de la hiérarchie où l’obligation du célibat est faite dès le sous diaconat et la qualité de "clerc absous", ce double inversé du clerc marié. Régime d’autant plus sévère que la charge peut être réglementairement reçue ou imposée dès l’âge de 14 ans et l’enfant à un âge encore tendre voué pour toute sa vie au célibat et à la virginité.
13Diverses circonstances m’ont empêché de pousser plus loin que je l’aurais voulu cette petite enquête ; je le regrette car, sous une apparence anodine, c’est un sujet dont l’intérêt s’est révélé progressivement et j’ai levé là un lièvre que je ne pourchasserai pas jusqu’au bout. Pour poser seulement quelques jalons et préciser un peu mieux la question, je prendrai maintenant appui sur deux petits dossiers, traités de façon rapide, sous la forme de croquis historiographiques.
14L’un est avignonnais et je dois sa découverte à Anne-Marie HAYEZ qui a dirigé la publication des lettres communes du pape Urbain V (1362-1370)18. L’autre est martégal, sur les bords de l’étang de Berre qui est dans mon domaine de recherche.
15L’exemple avignonnais est un long texte relatant en détail une affaire de justice complexe. C’est une supplique adressée au pape Urbain V qui est alors parti pour Rome, et que reçoit le cardinal de Saint-Marc. Elle vise, comme toujours, à gagner une faveur et à rétablir un droit prétendument spolié par la justice ordinaire. De ce récit minutieux, on ne retiendra, faute de place, que les grandes lignes.
16Un père de famille, Zanubio, citoyen et changeur avignonnais marie sa fille, Bénédicte, à Francesco d’Arezzo qui a su gagner sa confiance et dont il a fait son associé. Il a un fils unique, Gentile, qu’il a placé par testament sous la tutelle du jeune couple déjà installé. Cette simple affaire de curatelle tourne mal car un parti adverse et professionnellement concurrent où l’on reconnaît au passage les Altoviti, suborne le jeune Gentile et fait de ce jeune homme sous influence l’époux de Catherine, la fille du meneur de jeu ; le texte dit "moins par amour de Gentile que par désir de ses richesses". Les noms cités suffisent à caractériser le groupe où se déroule cette affaire : c’est le milieu des changeurs toscans, c’est aussi, et c’est là que le texte prend tout son intérêt, un milieu de clercs mariés, au moins pour les deux protagonistes et adversaires du procès qui s’ensuit, François et Gentile, les deux beaux-frères, qui, à ce titre, relèvent tous les deux de l’officialité d’Avignon et éventuellement des protections de la cour pontificale. François, qui a obtenu la curatelle de Gentile paraît bien introduit dans le milieu des clercs de la cour pontificale, mais là où l’affaire se complique et prend même un tour imprévu c’est qu’à la suite de ce que le texte de la supplique nomme les "manigances" de la partie adverse, on voit Gentile se dérober à la cour de l’official pour lui préférer la cour temporelle du viguier d’Avignon, en choisissant par là même un juge favorablement prévenu et gagné à sa cause, le texte le laisse entendre. Il a été facile de convaincre Gentile de déposer ses habits de clerc, d’échanger contre ses vêtements sombres une robe de couleur, le texte précise "bipartite". Rendu à l’état laïc, Gentile pourra attaquer François sur le terrain de son choix et obtenir de la cour temporelle que la maison de son adversaire soit forcée, mise à sac dans une perquisition éclair en l’absence du propriétaire interpellé un peu plus tard en pleine rue au milieu de ses amis qui offrent en vain de se porter caution face à un juge obstiné qui pratique la détention arbitraire ; le texte dit "en compagnie des larrons et des homicides" ; sans doute pour briser la résistance de François. La supplique s’achève en faisant appel à la justice du Pape de cette déroute du bon droit et du triomphe complet mais peut-être provisoire, on ne connaît pas la suite, de Gentile et du parti des malfaisants.
17L’autre exemple, celui de l’étang de Berre, découvre le terrain plus ordinaire des visites pastorales de l’archevêque d’Arles qui dans son circuit autour de l’étang confirme dans le même geste les jeunes enfants et procède à la tonsure des jeunes clercs19. C’est ce qu’a vu le témoin, Gaufré Astier, le prêtre de l’Ile de Martigue, à l’église Sainte Marie-Madeleine. La documentation atteste la présence de "clercs mariés", mais parmi des centaines d’autres fiches nominatives, leur liste se ramène à quelques noms, deux ou trois mentions, pas plus, où le "clerc marié" apparaît comme un simple prédicat et dans des situations sans rapport avec la qualité de clerc. Il importe pourtant de les relever dans la mesure où les individus mentionnés appartiennent aux familles dominantes du lieu, bien représentées au conseil de ville, actives dans le milieu des bouchers, des lainiers et des "bourdigaliers" qui tiennent les pêcheries fixes à l’entrée de l’étang, un groupe en pleine ascension qui opère une belle concentration de fortunes, les clercs mariés se retrouvent sans méprise possible dans le rang des notables qu’on nomme ici les "hommes probes"20. Il me paraît nécessaire d’ajouter enfin que plusieurs de ces familles sont liées entre elles par des parentés charnelles et spirituelles aux dominicains marseillais. Un questionnaire très précis tournerait vite au pur inventaire de nos ignorances mais il me paraît toutefois indispensable de souligner pour terminer la continuité sociale entre nos clercs mariés et le milieu clérical qui, lui, l’est statutairement de plein droit : les "chapelains curés " issus pour une part de ces mêmes lignages de notables locaux qui casent leurs enfants dans la cléricature en constituant une clientèle qui a part ou non aux bénéfices ecclésiastiques, qui gère les biens d’église en faisant l’acquisition du fermage des biens paroissiaux.
18Essayons, pour conclure, de tirer l’enseignement ou la morale de ces deux exemples dans un sondage peu appuyé mais appliqué à faire ressortir ce qui peut l’être. En Avignon, au milieu du xivème siècle, dans une seule famille et une seule génération, deux clercs mariés qui sont aussi deux beaux-frères ; ailleurs, à la même époque, les clercs mariés sont d’une extrême rareté, ce qui ne marque pas seulement la distance normale entre la ville et la bourgade, mais aussi l’écart entre la capitale de la chrétienté, à forte concentration cléricale et la réalité ordinaire de la société. Deux milieux d’affaires pourtant et c’est ce qui les rapproche : ici des changeurs toscans proches de la cour pontificale, là des bouchers, des éleveurs, des bourdigaliers et dans l’un et l’autre cas la qualité de "clerc marié" est manifestement favorable à l’avancement des affaires, un argument en justice auprès des officialités.
19A travers la méfiance, voire les condamnations des autorités ecclésiastiques, nous n’avons du "clerc marié" qu’une image négative ou un portrait en creux, dans l’habileté dont il fait preuve à jouir d’un double statut : laïc pour ses affaires, clérical pour la juridiction, la protection et la bonne marche de ces mêmes affaires. Mais sans doute faudrait-il pouvoir ne pas s’arrêter à cette seule image réductrice, dans les traces les plus évidentes qu’en donne la documentation, pour replacer le clerc marié, c’est ce que suggèrent nos deux exemples, dans un ensemble et une plus longue continuité sociale.
Notes de bas de page
1 Michel BALARD (sous la direction de) : L’Histoire médiévale en France. Bilans et perspectives, Paris, (1991). Marcel PACAUT et Bernard GUILLEMAIN, pp. 128 et suivantes : Le Clergé séculier. A son propos, les auteurs parlent d’une " relative faiblesse de la production " et même d" une rétraction de l’histoire de l’église séculière ".
2 Le clerc séculier au moyen âge, actes du congrès de la Société des médiévistes de l’Enseignement supérieur public, Paris, (1993).
3 La paroisse et l’encadrement des fidèles du xivème au xvième siècle, actes du 109ème congrès national des Sociétés savantes de Dijon (1984), Paris (1985), tome 1.
4 R. NAZ (sous la direction de) : Dictionnaire du droit canonique, Paris, (1942) article " clerc ", tome 3. Au cours du débat et au vu de la rareté des textes littéraires méridionaux mentionnant les clercs mariés, Alain LABBÉ, penche pour un phénomène plutôt septentrional.
5 ALBANES-CHEVALIER Gallia Christiana novissima, Arles, n° 957.
6 Ibidem, Arles, n° 1257.
7 Jean FAVIER : Dictionnaire de la France médiévale, Paris (1993), article " clerc ".
8 ALB ANES-CHEVALIER, Gallia Christiana novissima, n° 1621.
9 Ibidem, n° 1520, canon XXXIX du concile de Saint-Ruf (1337)
10 Roger AUBENAS : Recueil des lettres des officialités de Marseille et d’Aix, xiv-xvème siècles, Paris (1937), 2 volumes.
11 Robert-Henri BAUTIER : Clercs mécaniques et clercs marchands dans la France du xiiième siècle, Comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 3 (1981), pp. 209-242.
12 Roger AUBENAS : Recueil des lettres .... op. cit., tome 1, acte n° 43.
13 Charles GIRAUD : Essai sur l’histoire du droit français au Moyen Age, Paris (1846), tome 2, pp. 88-128.
14 C’est bien la mésaventure advenue au clerc marié de Troycs, auteur de Renard le Contrefait et présenté par Chantai de SAULNIER dans ce même colloque.
Autre exemple : avec cette impudence qu’autorise l’argent, un clerc marié, riche banquier d’Arras, à la fin du xiiième siècle, se remarie après son veuvage. Il fait alors l’objet d’un retentissant procès qui agite toute la ville. Cas signalé par Félix LECOY, lors du débat, et amplifié au Moyen Age par la littérature frondeuse des " puys " d’Arras. R. BERGER : Littérature et société arrageoises au xiiième siècle. Les chansons et les dits artésiens, Arras, (1981). On connaît la position d’Adam de la Halle dans son " jeu de la fouillée ". De fait, cette situation scandaleuse paraît assez commune puisque dans cette opulente cité d’Arras, la meilleure esquive à l’impôt communal paraît bien être la prise d’habit et le choix de la tonsure qui pour autant ne privent pas leurs bénéficiaires des charmes de la vie civile. Bernard DELMAIRE : Le diocèse d’Arras de 1093 au milieu du XIVème siècle. Recherches sur la vie religieuse dans le Nord de la France au Moyen Age, Arras (1994), pp. 265 et suivantes : Les conflits du xiiième siècle, donne plusieurs exemples de la résistance communale à cette dérive des riches vers l’état de clergie.
15 Nicole GREVY-PONS : Célibat et nature. Une controverse médiévale, à propos d’un traité du xvème siècle, Paris (1975).
16 André VAUCHEZ : L’Église et le mariage des prêtres in L’Histoire n° 185 (février 1995) pp. 56-63.
17 Christiane DELUZ, Aspects de la nouvelle clergie, xiv-xvème siècles, a dégagé dans le présent colloque les contours d’une clergie nouvelle, ouverte aux idées neuves et humanistes, aiguillonnée par l’appétit de savoir (la "curiositas") et alimentée à de riches bibliothèques.
18 Michel et Anne-Marie HAYEZ : Les lettres communes des papes du xivème siècle, Urbain V (1362-1370), Rome (1964-1972), Acte n° 22052, pp. 267 à 270, daté du 20 juillet 1368.
19 Archives communales de Martigues, DD 28. Enquête sur les pêcheries du Caronte opposant l’archevêque d’Arles, Gasbert de La Val à la juridiction comtale (oct. 1332).
20 Vincent TABBAGH, Effectif et recrutement du clergé séculier français à la fin du Moyen Age, dans Le clergé séculier au Moyen Age, cité en note 2, p. 185, a très justement noté que la tonsure revêt dans le milieu des clercs séculiers une signification sociale plus encore que religieuse et souligne dans le monde élitiste des villes un certain niveau de fortune, la marque d’une réussite à la fois sociale et culturelle.
Auteur
Université d’Avignon
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