Les clercs face aux émeutes urbaines au Bas Moyen Âge dans le nord-ouest, nord et nord-est de l’Allemagne
p. 11-29
Texte intégral
1. Introduction
1A partir du xie jusqu’au xiiie siècle, l’Europe a connu une période de croissance démographique et économique énorme qui s’est ralentie plus tard, et à partir de la fin du xiiie siècle, on rencontre des émeutes urbaines un peu partout. Ce développement se prolongeait et s’enforçait au xive siècle qui était une époque particulièrement difficile - pensons seulement a la peste, aux épidémies, aux famines, aux innombrables conflits politiques locaux, régionaux, nationaux et supra-nationaux1.
2Cette étude se consacre uniquement à partir de quelques exemples du xiiie au xvie siècles à l’analyse du comportement du clergé urbain face aux émeutes dans une région géographique restreinte, qui comprend les villes de Brunswick, Erfurt, Halberstadt, Hildesheim, Lübeck, Lüneburg, Minden, Osnabrück et Rostock2.
3Concernant notre sujet, les sources sont assez abondantes, il y a pour ne mentionner que quelques-unes p.ex. les chroniques communales, régionales et nationales, des documents de toutes sortes, des cartulaires, des lettres, des mémoires, des rapports, mêmes des poèmes et des chansons populaires traitant le comportement du clergé qui nous renseignent sur le déroulement des émeutes urbaines.
4Quant à l’analyse du vocabulaire utilisé dans les sources, on peut trouver des expressions très différentes qui caractérisent les événements, p.ex. "uplop", "papenkrych" et "twidracht". Il se faut souvent méfier du sens d’un mot surtout en langue vernaculaire car p.ex. "krych" (guerre) n’indique pas toujours une guerre armée, violente et sanglante. Ce mot peut également décrire un conflit endurci qui traîna pendant des années sans qu’une véritable guerre au sens propre éclata.
5En regardant de plus près le comportement du clergé face aux émeutes urbaines, on peut distinguer des attitudes tout à fait différentes et très variées selon les occasions. Il ne faut donc surtout pas donner des généralisations, car on doit absolument regarder chaque émeute, chaque tumulte, chaque bagarre en soi afin de juger le comportement du clergé. Et il faut tenir un autre aspect en compte qui est assez important. On ne peut pas non plus parler du clergé en général.
6Dans la ville médiévale, le clergé avait des fonctions différentes et variées. Il avait la charge d’âmes et des fonctions religieuses et paroissiales. Le clergé avait des devoirs culturelles concernant p.ex. l’éducation scolaire et universitaire et le développement de l’art religieux. Il était aussi en même temps une puissance politique, sociale et économique en ville3. Mais il faut tenir en compte que le groupe social dit ’le clergé’ n’était pas du tout homogène : il y avait le haut et le bas clergé, le clergé régulier et le clergé séculier. Chaque groupe avait souvent des intérêts assez différents, disposait des ressources économiques assez différentes, avait eu une formation pas du tout comparable. Il y avait même des membres du bas cierge qui étaient quasiment illettrés.
7Il faut donc analyser attentivement les coalitions qui se formaient à chaque fois dans la ville en question. Comme nous verrons par la suite, très souvent même les membres du clergé d’une ville n’étaient pas uni. Cela dépendait p.ex. des intérêts de chaque couvent, chaque chapitre et souvent de chaque paroisse. Il faut également tout de suite oublier le préjugé que les membres du clergé était par définition toujours des gens paisibles. Loin de là, car les clercs avaient très souvent les mêmes attitudes concernant la violence que les autres habitants de la ville, c’est-à-dire de temps en temps ils luttaient eux-mêmes armés ou commettaient même des crimes.
8En analysant donc le rôle des clercs urbains face aux émeutes ou révoltes urbaines dans le nord, nord-ouest et le nord-est de l’Allemagne au Bas Moyen Age, on peut énumérer des manières d’agir tout à fait différentes dont je ne peux citer que quelques-unes :
- Dans un bon nombre de récits sur des révoltes urbaines, les clercs ne sont pas mentionnés souvent ou pas du tout, soit par manque de sources, soit parce qu’ils ne jouissaient pas un rôle considérable. Souvent, il s’agissait d’un conflit entre les corporations ou des groupes rivaux au sein du conseil municipal, c’était donc un conflit qui ne touchait point les biens et les droits ecclésiastiques. Peut-être le clergé se taisait pendant ces jours mouvementés, jouait un rôle neutre et attendait tranquillement la fin du conflit, parce que ses intérêts n’étaient pas touchés. Donc, dans ces cas-là, seulement des hypothèses sont permises quant au comportement des clercs.
- Quelques fois les clercs ne sont pas du tout mentionnés au cours de la révolte, mais ils apparaissent au moment où le conflit est résolu : les membres du clergé participent aux festivités de réconciliation qui se déroulent en ville pour célébrer la fin du conflit.
- Par contre, quelques fois le clergé ne se taisait pas pendant qu’une révolte se déroulait, il s’y mêlait et intervenait en tant que intermédiaire, dans beaucoup de cas l’évêque et ses émissaires jouaient ce rôle. ils participaient à des négociations et essayaient de mettre fin au conflit. Quelques fois ils avaient réussi et on les avait remerciés pour leur courage, d’autres fois leur mission pacificatrice ne fut guère appréciée. Ces clercs furent eux-mêmes des victimes d’attaques et devaient parfois quitter la ville.
- Dans des cas singuliers, on trouve également des membres du clergé à la tête d’une conspiration en préparant une révolte urbaine ou en tant que membres d’une conspiration.
- Assez souvent le clergé d’une ville et dans d’autres cas seulement quelques membres du clergé étaient eux-mêmes à l’origine d’une révolte. Par leur comportement envers le conseil municipal ils provoquaient une émeute urbaine. Dans ces cas-là, on peut également trouver des membres du clergé qui commettaient parfois des actes de violence.
- La situation privilégiée du clergé urbain provoqua très souvent des conflits urbains et par conséquence le clergé était la cible des révoltés. Le clergé n’était pas soumis a la juridiction municipale et ne payait pas d’impôts. Très souvent, le conseil municipal d’une ville qui voulait diminuer le pouvoir économique et politique du cierge essayait d’interdire aux habitants de faire des donations de biens aux églises, monastères et chapitres de la ville. Les bourgeois commençaient à se libérer de la prédominance ecclésiastique ce qui eut pour conséquence très souvent des conflits assez sévères. L’Église réagissait en prononçant contre la ville en question des peines ecclésiastiques comme l’interdit ou l’excommunication.
9On peut donc dire, que dans beaucoup de cas, les causes des émeutes sont multiples en ce qui concerne la participation des clercs, soit qu’ils avaient participé activement au déclenchement d’une telle révolte en tant que conspirateurs ou en tant que provocateurs soit que la situation privilégiée du clergé était à l’origine d’une émeute. Dans beaucoup d’autres cas, les clercs comme "habitants" d’une ville furent mêlés contre leur gré dans une révolte et furent forcés de réagir d’une manière ou d’autre.
2. Le comportement des clercs au cours des émeutes qui ne touchaient pas directement leurs intérêts
10Il y avait des conflits urbains où les clercs ne jouaient pas un rôle important mais ils y étaient quand même de temps en temps présents. Des membres du clergé dont très souvent les ordres mendiants, offraient aux adversaires un lieu de rencontre où ils pouvaient se rassembler, ils hébergeaient souvent des réfugiés, dans d’autres cas ils intervenaient en tant qu’intermédiaires et à la fin du conflit des clercs apparaissaient en commun avec le conseil municipal comme co-organisateurs de la réconciliation.
11A Lübeck, il y avait entre 1380 et 1384 plusieurs émeutes qui sont assez connues sous le nom de "Knochenhaueraufstände" (révolte des bouchers)4. Il s’agissait surtout de confrontations entre les membres des corporations des métiers qui demandaient une participation politique au gouvernement de la ville. Donc, à ce moment le clergé n’était pas directement touché et par conséquence les sources ne le mentionnent guère. Néanmoins, a Lübeck, l’église des franciscains était comme d’ailleurs aussi dans d’autres villes un lieu de rencontre des bourgeois. En 1374, une assemblée avait lieu dans l’église de Sainte-Cathérine à la suite de laquelle le conseil municipal renconça à une augmentation des taxes annoncée auparavant5. Au cours de l’émeute non violente de 1380, nommée "upsate", les adversaires se rencontraient de nouveau régulièrement à Sainte-Cathérine où ils négociaient une paix qui fut finalement promulgée en public dans la cathédrale6. Mais les problèmes économiques et politiques des bouchers n’étaient point résolus et ainsi une seconde émeute, au cours de laquelle les bouchers voulaient renverser ou même tuer les membres du conseil municipal, était envisagée pour le 17 septembre 1384. Elle n’avait pas lieu, car on avait trahi les conspirateurs le jour avant7. Cette fois-ci, le clergé n’est pas du tout mentionné dans les sources.
12A Brunswick, une émeute avait lieu en 1487, parce que le conseil municipal tenta de changer sa politique concernant la circulation de l’argent8. A la suite de ce conflit, un des maires de la ville, Ludeke Holland, prit en 1488 lui-même le pouvoir et échangea les membres du conseil municipal contre ses partisans. Dans les années suivantes, qui figurent sous fie nom de "Schicht Hollandes" dans les chroniques de Brunswick, Ludeke Holland gouverna la ville malgré l’opposition d’un part des habitants qui entamaient des émeutes non-violentes. Le clergé ne jouait pas un grand rôle pendant ces années, mais offrait p.ex. 3e temps en temps un lieu de réfuge pour les maires ou des membres du conseil qui étaient des adversaires de Holland9. Holland vivait quand même en paix avec l’Église. Pendant le régime de Holland, le cardinal Raymond Peraudi venait en 1488 visiter Brunswick pour y prêcher la paix. Les chroniques racontent d’une manière détaillée que toute la ville était décorée et qu’il y avait sept confesseurs qui étaient assis dans la cour de Saint-Biaise et donnaient l’absolution aux pénitents10. En novembre 1490, les habitants parvenaient à terminer le gouvernement de Holland par une émeute armée qui restait à peine sans violence car on pouvait conclure un accord au dernier moment. Holland résigna et quitta la ville en janvier 149111. Il décéda finalement en 151012.
13En 1513, une émeute des pauvres dite "uplop van twen schoten" (révolte des taxes) avait lieu à Brunswick, car le conseil municipal avait décidé en 1512 d’augmenter les tarifs, les impôts et les taxes. Une conspiration se préparait à laquelle participaient surtout les membres les plus pauvres des corporations qui voulaient faire un certein Jean maire de la ville13. Ils renversaient le conseil municipal dont plusieurs membres quittaient la ville, d’autres se cachaient dans les monastères dont celui des cordeliers. Les révoltés en avaient connaissance et menaçaient donc les moines qui furent forcés d’ouvrir leurs portes, l’église et le reliquaire. Les conseillers furent pris, maltraités, ramenés en ville et imprisonnés14. Finalement, la révolte des pauvres qui avaient - selon le chroniqueur - l’intention de tuer les riches, leurs épouses et enfants ainsi que les clercs, pouvait être terminé par le conseil municipal15.
14Dans le cas où un conflit pouvait être résolu par des négociations, le clergé organisait très souvent des célébrations de paix auxquelles participait toute la ville. Très souvent, on faisait des donations pieuses pour le salut d’âme et la mémoire des victimes ; on construisit des chapelles et on faisait des donations pour fêter les anniversaires pour rappeler les années de conflit. La commémoration des morts aune émeute s’inscrit dans la tradition monastique du Haut Moyen Age. Mais dans cette situation, elle avait acquis une connotation supplémentaire en créant un lien entre les vivants et les morts qui devait toujours rappeler aux vivants ce qui c’était passé dans la ville en question16.
15Une analyse de quelques émeutes urbaines à Brunswick révèle très bien, que le clergé ne fut presque pas mentionné17. De 1292 à 1294 une révolte des maîtres des corporations avait lieu18. Apparemment, le clergé n’y était pas mêlé. Mais quand la révolte fut terminée par l’exécution des conspirateurs, le clergé et le peuple furent convoqués par le duc Albert afin de participer à une messe dans la cathédrale et à une procession solemnelle qui se déroula en ville. De plus, le duc donna de l’argent pour assurer une commémoration annuelle de ces événements le jour de Saint-Mathieu, qui était le patron du duc19. Il y a d’autres exemples qui montrent que des négociations de paix ou la victoire d’un groupe urbain dans un conflit aboutissent régulièrement à des cérémonies d’expiation et à une réconciliation publique.
16Entre 1374 et 1380 la ville de Brunswick se trouvait dans un état de crise, il y avait des conflits avec ses voisins à résoudre et à l’intérieur de la ville plusieurs révoltes avaient lieu qui s’adressaient contre le conseil municipal20. Le rôle du clergé n’était pas très important. En 1374, les conseillers municipaux, les maîtres des corporations et d’autres personnes se rencontraient dans le monastère des franciscains à Brunswick qui était un lieu de rencontre préféré21. Les corporations commençaient peu après une révolte violente et sanglante au cours de laquelle beaucoup de gens furent tués. Les révoltés constituaient eux-mêmes le nouveau conseil municipal et emprisonnaient les anciens conseillers municipaux. Ainsi l’abbé du monastère de Saint-Michel de Hildesheim arrivait un mercredi matin accompagné par un avocat devant les murailles de Brunswick afin de négocier et de terminer le conflit. Un peu plus tard, également des conseillers d’autres villes comme Helmstedt et Goslar et même le duc Albert de Grubenhagen qui voulaient aider à rétablir la paix, y arrivaient, mais en vain. Ils ne pouvaient pas empêcher l’exécution des prisonniers par les révoltés qui eut lieu le même jour. Parmi les exécutés furent le maire Tilen vom Damme et des conseillers municipaux. Car le maire était très corpulent, il ne pouvait pas se mettre à genoux dans le sable, on lui permit donc de s assoir dans un fauteuil ou il fut décapité22.
17En 1375 la Hanse décida d’exclure la ville de Brunswick, qui était également membre23. La ville vécut des années difficiles. Finalement, une paix fut négociée, et le 13 août 1380 des représentants de la ville de Brunswick devaient faire expiation et pénitence en public devant l’église cathédrale de Sainte-Marie à Lübeck où à ce moment une rencontre des membres de la Hanse avait lieu par lesquels ils avaient été convoqués. De retour à Brunswick, des fondations pieuses furent faites, une chapelle fut construite24.
18Les chroniqueurs parlent d’une émeute à Minden qui avait lieu en 140525. Il s’agissait d’un conflit interne entre les différents groupes des dirigeants de la ville qui ne visait pas le clergé26. Néanmoins, des membres du clergé et surtout l’évêque Othon de Minden y intervenaient et jouaient un moment un rôle décisif. Avant de donner des précisions, il faut surtout ajouter quelques remarques sur les relations entre cet évêque et les habitants de Minden. En 1403, le siège épiscopal était vacant et il y avait deux candidats pour remplacer l’évêque décédé, l’un était Gérard de Berg, déjà élu par le chapitre métropolitain, et l’autre Othon de Rietberg, soutenu par le pape. Donc, le groupe le plus puissant de conseillers municipaux dirigé par le maire Albrant se prononça en faveur d’Othon qui devint ainsi évêque de Minden27. Des membres du chapitre métropolitain qui étaient en faveur de Gérard, devaient quitter la ville et leurs maisons furent dévastées. Par conséquence, l’interdit fut prononcé contre la ville ; finalement un accord entre l’évêque Othon et son chapitre métropolitain fut conclu28.
19En 1405, le peuple de Minden accusait devant le conseil municipal une commission dite "le groupe des quarante" qui avait la responsabilité d’élir le conseil municipal - de ne pas avoir respecté les lois de la ville. Il se revelait bientôt que le peuple avait raison ce qui mettait en question l’autorité du conseil municipal qui avait été élu par cette commission. Il se formait donc une coalition constituée par des membres du conseil municipal et des membres de ce groupe des quarante qui fut seulement supportée par quelques clercs qui appartenaient vraisemblablement au chapitre métropolitain qui vivait en conflit avec l’évêque. Une conjuration et un "uplop" en ville avaient lieu, l’évêque Othon de Rietberg intervenait et pouvait conclure un accord. Les révoltés devaient quitter la ville. Mais l’évêque Othon mourait peu après et fut remplacé en 1406 par Wulbrand de Hallermund qui voulait également maintenir la paix dans la ville. Mais exactement, a cette époque, le nouveau conseil municipal décida d’exiler également les épouses et les enfants des révoltés de 1405. L’évêque n’étant pas du tout d’accord prononça l’interdit29. L’exemple de la révolte manquée de Minden montre bien que le clergé de cette ville n’était pas du tout uni, car un certain nombre de clercs n’obéissaient point à l’évêque.
20Pour les fêtes de la Pentecôte 1407, il n’y avait donc pas de messes dans la cathédrale et dans l’église du chapitre Saint-Jean tandis que le service religieux était assuré par les curés des églises de Saint-Martin, Sainte-Marie et Saint-Siméon ainsi que dans l’église des dominicains. La prononciation de l’interdit restait donc sans effet sur les habitants de fa ville qui pouvaient aller pour la messe dans d’autres églises. Le conflit continua jusqu’en 1410, l’année où l’évêque qui servait d’intermédiaire pouvait conclure un accord, à la suite duquel les exilés pouvaient rentrer à Minden tandis que les membres du nouveau conseil municipal furent exilés à leur tour30.
3. Des clercs mêlés à une conspiration
21De 1403 à 1408, la ville de Lübeck vivait une crise financière assez grave31. En 1403, une taxe supplémentaire fut imposée, en 1405 le conseil municipal essaya de nouveau d’imposer une autre taxe, mais cette fois-ci un conflit éclata à la fin duquel il y avait entre 1408 et 1416 deux conseils municipaux de Lübeck, dont l’ancien vivait en exil où il fut soutenu par la Hanse et l’Empire32. Deux clercs qui n’étaient pas originaires de Lübeck, Herman Punt, un clerc et notaire de la diocèse de Katzeburg, et Nicolaus Everhardi, un clerc et notaire de la diocèse de Schwerin appartenaient à l’opposition jusqu’en 1408. Punt qui est mentionné dans les sources entre 1395-1408 et Everhardi travaillaient également comme secretaires de la ville33. Le chroniqueur de l’ancien conseil municipal était convaincu qu’il s’agissait de personnes criminelles en disant que Herman Punt était un assassin et que Nicolaus Everhardi avait été arrêté à cause de quelques crimes34.
22A Brunswick, une émeute manquée eut lieu en 1502 à la tête de laquelle se trouvait un clerc35. Il s agissait d’un clerc, appelé Monsieur Nicolas, qui prétendait être également médecin et qui vivait chez le propriétaire de la taverne "Au cheval blanc" Ludeke Erichs. C’était un homme honnête, mais le clerc réussissait à le convaincre de participer à la conspiration. Monsieur Nicolas faisait lui-même les négociations entre tous les conspirateurs qui se trouvaient dans plusieurs villes. Il voyagait entre Brunswick et Helmstedt, organisa tout et prépara l’émeute en cachette. Les conspirateurs voulaient renverser le conseil municipal à Brunswick pour faire de nouveau Ludeke Holland maire de la ville. Le chroniqueur de Brunswick dit clairement que le clerc Nicolas se trouvait à la tête de la conspiration mais qu’il faisait sembler que c’était en vérité le tavernier Ludeke Erichs36. Les conspirateurs s étaient mis d’accord de commencer la révolte exactement au moment où la procession annuelle en honneur du patron de la ville de Brunswick, Saint Auctor, avait lieu. C’était une bonne occasion, parce que normalement tous les membres du conseil municipal y inclus les maires et beaucoup de gens y participaient37.
23Le clerc Nicolas, qui ne voulait pas apparaître personnellement en public en tant que conspirateur avait donc engagé un certain Gautier Holzhausen qui devait être le premier à commencer les bagarres et à commettre les actes de violence en tuant des participants de la procession. Mais Gautier, qui était assez content et fier de cette tache importante, confiait son secret quoique sans mentionner les noms de ses complices à un ami qui ne faisait pas partie des conspirateurs. A la veille de la procession, il allait directement à l’hôtel de ville et informa les conseillers38.
24Donc, le jour suivant, les conseillers préféraient comme mésure de sécurité de rester chez eux. La procession eut quand même lieu pour ne pas avertir trop tôt les conspirateurs, mais seulement des clercs, des femmes et des enfants y participaient. Holzhausen fut arrêté dans la rue tandis que les autres conspirateurs qui n’étaient pas connus, rentraient en toute vitesse chez eux et préparaient la fuite. Ludeke Erichs, le clerc Nicolas et d’autres pouvaient quitter la ville sans problèmes. Après les aveux de Holzhausen, qui fut finalement exécuté, on les chercha plus tard partout dans la région, mais en vain. Le chroniqueur ne savait donc plus rien sur le sort de maître Nicolas, le clerc, qui voulait renverser le conseil municipal de Brunswick par une révolte sanglante39.
4. Le comportement des clercs au cours des émeutes qui touchaient directement leurs intérêts
25On regardant d’autres conflits urbains, on voit très souvent que des membres du clérgé provoquaient des émeutes. A la fin du xiiie siècle, un décret municipal fut promulgé à Erfurt qui interdisait la donation de biens au clergé et ne permettait pas non plus de vendre des biens au clergé. Il était seulement permis de leur donner les taux d’intérêts de certains biens. Le clergé protesta et le conseil municipal devait annuler ce décret l’année suivante40. En 1279 l’interdit frappait la population d’Erfurt qui voulait mettre fin aux privilèges du clergé. Le conseil municipal protesta contre l’interdit et s’adressa directement au pape qui provisoirement annonça une inhibition. Mais les doyens des chapitres et les abbés de Saint-Pierre et de Saint-Jacques d’Erfurt ne respectaient pas la décision du pape et n’offraient point des services religieux aux habitants de la ville. Le peuple réagissait tout de suite, il se révolta et les membres du clergé des églises et chapitres mentionnés ci-dessus devaient quitter par la suite la ville, leurs maisons furent devastées et leurs biens confisqués41.
26L’exemple de la révolte populaire d’Erfurt montre bien qu’au début du conflit le clergé en général était la cible des habitants, mais que dans une seconde phase du conflit seulement un groupe du clergé et il faut le dire - du haut clergé - fut attaqué tandis qu un bon nombre des curés paroissiaux, même quelques chanoines et beaucoup de moines du monastère de Saint-Pierre n’obéissaient point aux ordres de leurs doyens ou abbés. Ils restaient en ville en procurant les soins religieux et paroissiaux aux habitants d’Erfurt. On peut donc constater qu’il y avait même des conflits à l’intérieur d’un établissement religieux comme p.ex. dans le monastère de Saint-Pierre dont l’abbé comptait parmi les exilés tandis qu’un bon nombre de ses moines restaient en ville42 .
27Peu après 1320, des membres du clergé étaient de nouveau à l’origine d’une révolte urbaine à Erfurt. Le doyen du chapitre de Sainte-Marie avait conclu un contrat avec le doyen du chapitre de Saint-Sever selon lequel une sentence d’excommunication prononcée contre les paroissiens d’une église entrait également en vigueur pour l’autre église. Les habitants des deux paroisses en devenaient furieux. Exactement, à ce moment-là, un clerc commettait un vol. Le peuple enragé ne le délivra point à la justice ecclésiastique mais l’exécuta lui-même. Le doyen de Sainte-Marie prononçait donc l’excommunication, le conseil municipal protesta vivement, le conflit éclata. Le chroniqueur parle d’une "magna discordia au cours de laquelle on menaçait des clercs, commettait des actes de violence et détruisait leurs maisons43.
28A Halberstadt qui était membre de la Hanse, un conflit entre les bourgeois et le clergé avait lieu en 133944. A ce moment-là, la situation politique à Halberstadt était assez difficile. L’évêque Albrecht II vivait en mauvaises relations avec son chapitre métropolitain et aussi avec le conseil municipal. L’évêque avait essayé de diminuer les droits du clergé, et par conséquence le chapitre métropolitain et les membres de tous les autres chapitres de la ville formaient une coalition contre l’évêque. Il y avait une émeute qui visait directement le clergé et au cours de laquelle plusieurs clercs furent tués. Mais les sources ne nous informent pas sur le déroulement exact de ce conflit45. A cette époque, le clergé fut supporte par les habitants de la ville tandis qu’à d autres occasions ils étaient des contrahents.
29Un autre conflit éclata à Halberstadt en 1386 quand le conseil municipal essaya de diminuer les privilèges du clergé en général. Donc, à ce moment, les membres du clergé de tous les chapitres et même du chapitre métropolitain de la ville formaient une coalition contre le conseil municipal pour défendre leurs privilèges. Selon les chroniques beaucoup d’actes de violence eurent lieu. un jour, deux bourgeois s’étaient réfugiés sur le territoire de la cathédrale et d’autres gens sur celui d’un chapitre de Halberstadt pour ne pas être jugé par 1 autorité municipale. Normalement, ils y étaient en sécurité, mais dans cette situation de conflit, les bourgeois ne respectaient point les droits de sauvegarde et d’asile ecclésiastique et reprenaient les fugitives avec force. À un autre moment, le conseil municipal ordonnait même des peines contre des clercs qui s’étaient promenés dans les rues tard le soir après la sonnerie des cloches sans porter une torche ce qui était interdit par les statuts de la ville. Par la suite, le clergé décida de quitter la ville comme mésure de sécurité. Une paix fut seulement conclu en 140746. Dans cette situation, le vainqueur était la ville qui se revelait plus puissante que le régime ecclésiastique.
30Il y avait également des conflits dont les noms évoquaient déjà la participation du clergé. Les sources nous parlent d’un grave conflit entre les habitants et le clergé de Brunswick qui fut nommé le "Papenkryg" (guerre des clercs) et avait lieu entre 1413 et 142047. Il s’agissait surtout des différences qui concernaient p.ex. les droits du clergé en villes, les taxes sur les biens ecclésiastiques, la fondation d’écoles qui ne dépendaient pas de l’Église et d’un décret municipal qui interdisait aux gens de transmettre par héritage leurs biens au clergé48. Le conflit éclata au moment où le chapitre de Saint-Biaise tenta de nommer en 1413 un curé de Saint-Udalric, le diacre Jean Munstede, tandis qu’il y avait un deuxième prétendant, le vicaire maître Jean Herbodi, soutenu par le conseil municipal et la plupart des habitants. Jean Herbodi avait finalement reçu une lettre de confirmation de la part du pape, mais les chanoines de Saint-Biaise fermaient l’église et il fallait donc en présence des maires et des conseillers ouvrir les portes avec force49. Le clergé de Brunswick était divisé, quatre paroisses dont des chapitres étaient sous l’interdit, les habitants pouvaient seulement aller à la messe dans l’église des dominicains et celle des franciscains qui était également un lieu de rencontre pour le conseil municipal qui essaya d’intervenir et de terminer le conflit. La situation difficile de Brunswick se voit bien en regardant le comportement du clergé quant à la participation aux processions ecclésiastiques. La procession en honneur du patron de la ville, Saint Auctor avait normalement lieu enjuin, mais la plupart du clergé et des habitants réfusaient en 1413 de laisser participer également les clercs excommuniés. Car ceux-ci voulaient absolument y aller, le conseil municipal annula toute la procession, mais organisa par la suite d’autres processions en changeant l’itinéraire normale pour éviter une participation des excommuniés. Finalement, la procession annulée fut célébrée au mois de juillet 1413, exprès le jour où le chapitre des Saint Biaise fêtait la consécration de son église en buvant beaucoup ce qui était bien connu et empéchait donc les chanoines de participer à la procession. Mais, à l’occasion d’une autre procession organisée au mois d’août par le conseil municipal et le bas clergé, les excommuniés pouvaient empêcher le déroulement de cette procession en se mettant dans la rue. Dans les années suivantes, la lutte acharnée des adversaires continuait, un accord fut finalement conclu en 1420 et par ce compromis le conseil municipal pouvait renforcer son pouvoir50.
31A Lüneburg, il y avait au Bas Moyen Moyen Age seulement un événement qui mettait en danger la paix en ville, ce conflit non sanglant dit "Prälatenkrieg" (guerre des prélats) se déroula entre 1454 l’année où le vieux conseil municipal fut renversé, et 1456, l’année où il fut restauré51. Il ne s’agissait d’abord pas d’un conflit interne de la ville, mais d’une querelle avec des membres du haut clergé qui étaient des co-propriétaires de la saline de Lüneburg et qui venaient des environs de la ville même p.ex. de Verden, Brême, Minden, Lübeck, Hildesheim et Halberstadt. A Lüneburg il n’y avait pas de chapitre métropolitain, seulement l’abbé de Saint-Michel et le prieur de Saint-Jean qui agissaient en faveur de la ville, comptaient parmi le haut clergé52. La ville se trouvait dans une situation financière très difficile et essaya donc d’augmenter ses revenus tirés de la saline au désavantage des prélats. Une lutte acharnée commençait au cours de laquelle également le duc, l’empereur, le pape et les évêques intervenaient en faveur des prélats53. Le monastère des franciscains servait - comme d’ailleurs dans d’autres villes - comme lieu de rencontre où au début du conflit les prélats et le vieux conseil municipal se rencontraient. Le clergé de la ville était partiellement en faveur du vieux conseil municipal, p.ex. le prieur de Saint-Jean. Ceux furent appelés par le chroniqueurs "erbare prelaten" les adversaires du vieux conseil municipal par contre "pleterprelaten"54. On voit bien, qu’en 1452 le clergé paroissial était en faveur du conseil municipal, parce que quand l’interdit arriva, le prieur de Saint-Jean Léonard Lange, ne le proclama exprès pas correctement, donc il n’entra pas en vigueur55. Quand le vieux conseil municipal fut remplacé en 1454, ces membres du clergé devaient quitter la ville. Par la suite, beaucoup de membres du bas clergé ainsi que des artisans qui voulaient participer au pouvoir politique en ville soutenaient les demandes des prélats, qui pouvaient également influencer le nouveau conseil municipal jusqu’au moment ou les habitants demandaient la rentrée du vieux conseil municipal, parce que la crise financière s’était aggravée. Finalement, le conflit entre les prélats et le conseil municipal fut terminé en 1471 par une victoire du haut clergé56.
32A la fin de ce conflit nous trouvons également des rituels de pénitence et expiation, p.ex. plusieurs chapelles furent fondées ou rénovées57. Les habitants de Lüneburg étaient tellement furieux du comportement du haut clergé dans cette affaire qu’ils commençaient également à chanter des couplets de raillerie en se moquant du clergé58 ? En ce qui concerne les revenus tirés des salines de Lüneburg, la ville avait perdu beaucoup de ses ressources, en 1474 les prélats possédaient 70 % des salines et plus de 80 % des rentes59.
33Dans d’autres cas, les villes qui avaient également des problèmes internes, profitaient de la faiblesse du clergé urbain ou d’une élection épiscopale contestée pour renforcer le pouvoir du magistrat. L exemple d’un conflit a Hildesheim dit "uplop van den penninghen" (émeute des sous) est un peu difficile à décrire, car nous ne disposons pas d’une documentation abondante60. Néanmoins, on peut dire que le comportement du clergé urbain était une des causes pour cette émeute à la fin de laquelle le régime urbain fut modifié considérablement. Le conseil municipal se servait des problèmes du clergé pour renforcer son propre pouvoir politique dans la ville et envers l’évêque. A l’origine du conflit se trouvait un problème de succession. Il y avait en 1131 deux candidats pour le siège épiscopal, le comte Eric de Schaumburg qui était soutenu par le pape, et le duc Henri de Brunswick-Göftingen qui était le candidat de l’empereur Louis de Bavière et qui se trouvait comme celui à ce moment sous l’anathème61. En 1343 la majorité de la population de la ville se prononçait contre l’évêque Henri et au même moment une crise financière assez grave inquiétait la ville. Ainsi des querelles entre le conseil municipal et les corporations avaient lieu62. De plus, entre 1340 et 1344 toute la ville sourirait des conséquences de l’interdit qui était en vigueur. Quand l’émeute éclata en 1343, le conseil municipal fut renverse, des actes de violence contre des conseillers furent commis qui se réfugiaient chez l’évêque Henri qui avait dû quitter la ville en 1343. Mais déjà quelques mois plus tard, le nouveau maire et quelques conseillers devaient quitter eux-mêmes la ville. L’autre évêque de Hildesheim, Eric, qui était entré en ville en 1344, pouvait soulever l’excommunication tandis que le nouveau conseil municipal jura de lui obéir. Dans les années suivantes, la lutte entre les deux évêques s’acharnait, la ville fut assiégée, des batailles avaient lieu jusqu’a ce que finalement en 1346 la ville décida de terminer le conflit et de se soumettre au régime de l’évêque Henri qui était toujours excommunié. L’évêque Eric ne pouvait plus rentrer en ville et décéda en 135063. Les sources montrent bien, que le clergé de la ville était également divisé et que des clercs hostiles à l’évêque Henri avaient la permission de rester dans certains quartiers de la ville protégés par les habitants. Il y avait le chapitre métropolitain, qui quittait la ville avec Henri et le chapitre de Saint-Maurice qui soutenait également cet évêque tandis que l’abbé de Saint-Michel et les chapitres de Sainte-Croix et de Saint-André étaient en faveur de l’évêque Eric64.
34Au début du mois d’octobre 1406, le chapitre métropolitain de la cathédrale de Minden s’était réuni pour élire un nouvel évêque après le décès d’Othon de Rietberg, mais il n’avait pas demandé l’avis du conseil municipal. Les bourgeois de Minden qui voulaient voir leur candidat sur le siège épiscopal, fermaient les portes de la cathédrale en la mettant en état de siège. Au cours des négociations, ils accordaient aux chanoines qui n’avaient ni nourriture ni chauffage une levée temporaire du siège du 8 au 12 octobre pour se reposer. Ils furent enfermés de nouveau dans une salle de la cathédrale à partir du soir du 12 octobre et on les priva du chauffage et de la nourriture qu’ils avaient ramassés pendant qu’ils étaient en liberté. Malgré tout cela, ils ne voulaient absolument pas se soumettre et essayaient de se défendre65.
35On sait qu’un jour un duel avait lieu entre un bourgeois et un chanoines, parce que des bourgeois avaient essayé de tirer des chanoines, qui regardaient par la fenêtre, de la cathédrale. La situation restait assez difficile et mouvementée jusqu’au moment où un jour un émissaire du duc de Brunswick jeta un pain par une fenêtre à l’intérieur de la cathédrale, dans lequel il avait caché un message qui proposait aux chanoines d’élire un troisième candidat afin de terminer les conflits. Cela fut fait66. On voit donc, que le chapitre métropolitain de Minden n’avait pas la possibilité de réagir sans recevoir de 1 aide de l’extérieur, parce qu’à l’intérieur de la ville ils étaient quasiment isolés. Le pouvoir de la municipalité était déjà plus fort que celui du chapitre.
36Une histoire semblable se déroula à Osnabrück. Le 18 octobre 1424, un conflit éclata entre le chapitre métropolitain et les habitants de la ville d’Ösnabrück67. Les chroniqueurs appellent ce conflit "twidracht" ou "tumultus"68. Après la mort de l’éveque Othon, les chanoines du chapitre métropolitain se rassemblaient quasiment en cachette et élisaient un nouvel évêque sans démander l’avis du conseil municipal. Les habitants de la ville se rendaient seulement compte de l’élection au moment où les cloches commençaient à sonner pour annoncer l’élection. Les chroniques nous informent qu’à partir de ce moment les tumultes en ville commençaient d’une manière spontanée. Un petit groupe de bourgeois et le maire marchaient en direction de la cathédrale et quand ils arrivaient là-bas, ils fermaient les portes de la cathédrale en mettant ainsi l’église en état de siège. D’autres fermaient également les portes de la ville pour empêcher une fuite de clercs. Plus tard, on organisait le siège de la cathédrale en y amenant des armes de toutes sortes. Le siège, au cours duquel un des chanoines tomba gravement malade et devait mourir quelques mois plus tard des suites de cette maladie, dura seulement trois jours. Mais pour un mois d’octobre, c’était quand même assez long, car les chanoines enfermés n’avaient pas de chauffage, pas de nourriture et disposaient seulement d’un peu d’eau et de vin normalement prévus pour les messes. Le 20 octobre, les chanoines étaient vaincus et prêts à signer plusieurs contrats préparés par le conseil municipal69.
37Regardons un dernier cas pour illustrer qu’il y avait une grande variété d’émeutes et des raisons tout à fait différentes pour entamer un conflit urbain. Dans ce cas, la ville de Rostock s’opposait au duc de Mecklembourg et au haut clergé. Le conflit dit "Van de Rostocker Veide" ou plus moderne "Rostocker Domfehde" ("querelle de la cathédrale de Rostock") est assez connu70. Il suffit donc d’en donner quelques détails. Le duc Magnus II de Mecklembourg et le haut clergé dont l’évêque de Schwerin, avaient annoncé en 1483 l’intention de transformer l’église paroissiale de Saint-Jacques de Rostock en église collégiale dont le chapitre pouvait ainsi contribuer aux besoins financiers de l’université de Rostock qui avait été établie en 1418. Mais la ville n’était pas du tout d’accord avec ces projets ; de plus les habitants n’aimaient pas non plus le comportement des étudiants à Rostock qui selon leur avis buvaient trop, faisaient trop de bruit et causaient trop de bagarres en ville. Finalement, les bourgeois s’opposaient vivement aux projets du duc, parce qu’ils avaient peur de voir augmenter le pouvoir ecclesiastique en ville71.
38Il se formait donc une coalition entre habitants de Rostock, des membres du conseil municipal et quelques clercs contre le duc Magnus, l’évêque de Schwerin et leurs conseillers, qui étaient également des clercs. Ces clercs étaient assez orgueilleux et se comportaient d’une manière présomptueux envers le magistrat de la ville. Parce que le conseil municipal continuait de s’opposer aux idées du duc et de l’évêque, le dernier prononça l’interdit contre la ville72. Mais aussitôt le conseil municipal et beaucoup de curés de Rostock protestaient. Le conflit continua, et en 1485 quelques membres du haut clergé qui étaient en faveur de la fondation du chapitre se plaignaient ouvertement, parce qu’on les avait attaqués en pleine rue en les menaçant aussi. Au mois de mars de la même année, la fondation du chapitre fut annoncée officiellement, mais parce que la ville s’opposait comme avant, l’interdit fut prononcé de nouveau contre la ville. Comme la première fois, le conseil municipal, la majorité des membres du concile de l’université et la plupart du clergé paroissial de la ville firent une appellation73.
39En 1486, le pape décida définitivement et finalement que la ville de Rostock avait tort et qu’elle devait accepter la transformation de l’église paroissiale de Saint-Jacques en église collégiale. Pour le moment, des projets concernant la consécration solemnelle de la collégiale furent repoussés car le conseil municipal ne pouvait pas garantir la sécurité des participants en ville74.
40Finalement, le conseil municipal était d’accord de garantir la sécurité d’un petit groupe de clercs, mais il ne garantissait pas la sécurité du futur doyen du chapitre, Henri Bentzin, qu’on détesta vivement à Rostock. En janvier 1487, le duc Magnus II, son épouse, la duchesse Sophie, qui était enceinte, son frère Balthasar avec son épouse, des évêques et des membres du haut clergé dont Henri Bentzin et le futur prieur Thomas Rode, qui était également chancellier du duc Magnus, arrivaient à Rostock et rencontraient d’abord les maires dans le monastère des dominicains. Le maire parla d’une émeute possible mais le duc n’en avait pas peur. Vendredi, 12 janvier 1487, la consécration eut lieu, un dîner de gala suivait mais tout restait calme. Le chroniqueur parle même des blagues qu’on faisait en se moquant du prieur du chapitre, Thomas Rode. On disait qu’il fallait un martyr pour chaque nouvelle église et qu’il pourrait suivre ainsi l’exemple de son homologue, Thomas de Cantorbéry. Le samedi suivant, beaucoup des invités quittaient la ville, mais le duc Magnus II et la duchesse Sophie restaient. Quand ils préparaient finalement leur départ après la messe du dimanche, l’émeute éclata75.
41Un groupe d’habitants pénétra dans l’église collégiale en détruisant les meubles, mais les membres du haut clergé n’étaient pas là. On entrait donc dans l’église Sainte-Marie où les chanoines s’étaient rassemblés pouf prier, la on prit Thomas Rode comme prisonnier, d’autres chanoines plus jeunes étaient capables de prender la fuite. D’abord on ne savait trop quoi faire avec le prisonnier, des gens proposaient de le noyer. Le prieur qui entendait ces paroles essaya de se sauver et de se défendre, mais en vain. On lui frappait sur la tête, il tomba et on l’assommait en abandonnant ensuite le cadavre dans la rue76.
42D’autres révoltés détruisaient les maisons des clercs et étaient en train de chercher dans les maisons, églises et monastères les propriétaires en fuite. Dans l’hôpital Saint-Esprit on parvenait à retrouver le vieux doyen Henri Bautzin qui s’était caché parmi les vieilles femmes. Il fut battu sévèrement mais pas tué, parce que des gens couragés lui sauvaient finalement la vie en l’enfermant dans une tour de la ville. La duchesse Sophie pouvait s’enfuir à peine, elle fut insultée verbalement et on essaya de renverser sa carrosse, parce qu’on pensait qu’elle cachait des clercs. Et à vrai dire, elle quitta la ville en amenant avec elle un membre du haut clergé, le docteur Henri Marin, qui s’était vraisemblablement caché sous ses jupes77.
43Les membres du clergé qui était en faveur de la transformation de Saint-Jacques en collégiale n’avaient presque pas de supporteurs en ville et pas de moyen pour se défendre, donc la fuite était la seule solution. Dans les années 1487 à 1491 des querelles, des batailles, des nouvelles conspirations, d’autre révoltes urbaines et des négociations eurent lieu78.
44La révolte dite "Rostocker Domfehde" fut finalement terminée en 1491 par un accord conclu à Wismar qui manifestait la défaite de la ville de Rostock qui devait se soumettre, p.ex. on devait payer des amendes pour les torts qu’on avait commis, on devait ériger un monument en honneur de Thomas Rode, etc. La ville ne construisait le monument qu’en 1494 après avoir reçu des exhortations de la part du duc Magnus II. Malgré la défaite de Rostock, la ville essayait de se maintenir et les conflits avec les ducs de Mecklembourg continuaient79.
5. Conclusion
45En tant que conclusion, on peut dire qu’une analyse du comportement du cierge pendant des émeutes urbaines, révèlent beaucoup d’aspects différents. Tout d’abord, on ne peut presque jamais parler du clergé comme un groupe homogène qui avait les mêmes intérêts. Les exemples de Brunswick, Erfurt, Halberstadt, Hildesheim, Lübeck, Lüneburg, Minden, Osnabrück et Rostock montrent bien que des coalitions et alliances de toute sorte étaient possible entre le conseil municipal, les corporations, les habitants, le haut clergé et le bas clergé. Ces groupes étaient même assez souvent subdivisés selon les occasions, c’est-a-dire, ils n’avaient pas les mêmes intérêts. Il est surtout intéressant de voir le comportement des franciscains, qui mérite une étude plus détaillée. Il faut également souligner, que le rôle des franciscains était assez important, parce qu’ils offraient quasiment dans toutes les villes présentées un lieu d’asile pour les réfugiés et un lieu de rencontre pour les adversaires dans un conflit qui y tenaient leurs assemblées.
46Le clergé essayait toujours de maintenir sa position politique, sociale et économique en ville en utilisant souvent des "armes spirituelles" comme l’interdit ou l’excommunication. Le conseil municipal tentait de renforcer sa position et de s’émanciper de l’influence du clergé en ville, tandis qu’en même temps des conflits apparaissent parmi les différents groupes sociaux de la ville qui demandaient également une participation politique au gouvernement de la ville ce qui était la cause d’autres émeutes. On voit donc très bien, qu’il était indispensable d’analyser de tout près les origines des conflits dans chaque ville qui se présentaient toujours d’une manière différente avant de juger le comportement des clercs face aux émeutes urbaines au Bas Moyen Age.
Notes de bas de page
1 Il y a un grand nombre d’études générales qui traitent l’histoire sociale du Bas Moyen Age en Europe, voir p. ex. J. HEERS, L’Occident aux xive et xve siècles. Aspects économiques et sociaux, Paris 1963 ; M. MOLLAT/PH. WOLFF, Les révolutions populaires en Europe aux xive et xve siècles, Paris 1993.
2 Il y a une bibliographie abondante concernant la vie urbaine au Bas Moyen Age, voir généralement J. HEERS, La ville au Moyen Age en Occident. Paysages, pouvoirs et conflits, Paris 1990 et plus spécialement pour les régions étudiées une étude récente d’I. TSCHIPKE, Lebensformen in der spätmittelalterlichen Stadt. Untersuchungen anhand von Quellen aus Braunschweig, Hildesheim, Göttingen, Hameln und Duderstadt (Schriftenreihe des Landschaftsverbandes Südniedersachsen 3) Hannover 1993. A cause de la limite de temps imposée pour cette communication, je peux ici seulement présenter une très brève analyse. Des recherches plus étendues sont en cours et seront publiées plus tard.
3 Voir pour les fonctions du clergé médiéval en ville surtout B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen kirchlicher Machtpositionen in hansischen Städten des 15. Jahrhunderts (Braunschweig, Lüneburg, Rostock, Osnabrück, dans : W. EHBRECHT (éd.), Städtische Führungsgruppen und Gemeinde in der werdenden Neuzeit (Städteforschung, série A t. 9), Köln-Wien 1980, pp. 313-348 ; pp. 313-318 et pour le rôle des mendiants en ville D. BERG (éd.), Bettelorden und Stadt. Bettelorden und städtisches Leben im Mittelalter und in der Neuzeit (Saxonia Franciscana 1) Werl 1992.
4 Voir pour ces émeutes surtout l’étude de A. v. BRANDT, Die Lübecker Knochenhaueraufstände von 1380/84 und ihre Voraussetzungen, dans : Zeitschrift des Vereins für Lübeckische Geschichte und Altertumskunde 39, 1959, pp. 123-202.
5 Ibid., p. 181.
6 Ibid., p. 188.
7 Ibid., p. 190s.
8 Voir pour ce conflit surtout H. DÜRRE, Geschichte der Stadt Braunschweig im Mittelalter, Braunschweig 1861, réimpr. Hannover 1974 ; pp. 246-255 ; H.L. REIMANN, Unruhe und Aufruhr im mittelalterlichen Braunschweig (Braunschweiger Werkstücke 28), Braunschweig 1962, pp. 98-111, p. 102 ; Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, éd. L. Hänselmann (Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert, t. 16, éd. par Historische Kommission bei der Akademie der Wissenschaften) Leipzig 1880, réimp. Göttingen 1962, pp. 349-407.
9 Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, p. 380.
10 Ibid., t. 2, p. 154-156 ; L. HÄNSELMANN, Das Schichtbuch, pp. 157-159.
11 Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, p. 390.
12 Ibid., p. 407.
13 Voir pour cette émeute, Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, pp. 451-468.
14 Ibid., t. 2, p. 455-456.
15 Ibid., t. 2, p. 463.
16 Voir pour la mémoire des morts surtout en général K. SCHMID/J. WOLLASCH (éd.), Memoria. Der geschichtliche Zeugniswert des liturgischen Gedenkens im Mittelalter (Münstersche Mittelalter-Schriften 48) München 1984 ; D. GEUENICH/O.G. OEXLE (éd.), Memoria in der Gesellschaft des Mittelalters, Göttingen 1994.
17 Voir pour l’histoire générale de Brunswick au Moyen Age surtout H. DÜRRE, Geschichte.
18 Voir ibid., pp. 112-125.
19 Die Chromken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, p. 310 : "Hertoge Albert de hadde sunte Mateus vor eynen apostele. unde he gingk uppe de muntsmede unde makede dar den Rad vulmechtich, unde nam eyn part van deme schatte, unde alle papheyt in der stad moste vor de muntsmede komen, unde gingk myt der processien in de borch unde opperde dat gelt sunte Blasius, unde sunderde, dat me to ewigen tiden in dem dome schal uppe sunte Matteus dage umme hoff ghan gelick dem paschedage unde denne eyne myssen singhen godde to love unde to eren unde dem hiligen apostele sunte Matteus. Unde hirmede gingk dat meyne volck Jungk unde olt in den dome unde voldeden ore hende myt oren tranen unde danckeden godde syner gnade, dat de olden heren van deme Rade wedder mochten reygeren, unde weren des willich unde fro, dat se deme angeste unde homod ave weren."
20 Voir pour la situation à Brunswick surtout H. DÜRRE, Geschichte, pp. 151-168 et R. BARTH, Argumentation und Selbstverständnis der Bürgeropposition in städtischen Auseinandersetzungen des Spätmittelalters. Lübeck 1403-1408, Braunschweig 1374-1376, Mainz 1444-1446, Köln 1396-1400 (Kollektive Einstellungen und sozialer Wandel im Mittelalter 3, ed. par R. Sprandel) Köln-Wien 1974, pp. 121-175.
21 L. HANSELMANN (ed.), Das Schichtbuch, Geschichten von Ungehorsam und Aufruhr in Braunschweig 1292-1514. Nach dem Niederdeutschen des Zollschreibers Hermann Bothen und anderen Überlieferungen, Braunschweig 1886, réimpr. Hannover 1979, p. 25.
22 Voir ibid., p. 27-31 ; p. 31 s. : "Mit einem Juristen kam am Mittwoch in der Frühe der Abt von Sankt Michael zu Hildesheim vor die Stadt ; es kamen da Rathsleute von Helmstedt, von Hildesheim, von Goslar, und alle hätten gerne dazwischen gesprochen und Frieden gestiftet. Die ließ man nicht ein. Es kam unser Herr, Herzog Albrecht von Grubenhagen, und bat für die Gefangenen, daß sie nicht gemordet würden (...). Mit Hochmuth und Geprahl zogen sie an selbigem Mittwoch mit Tilen vom Damme und Hans von Himstedt auf den Hagenmarkt und ließen ihnen die Köpfe abschlagen. (...) Dann zogen sie in die Neustadt, und allda vor dem Weinkeller wurden Hermann von Gustedt und Hennig Luzeken geköpft."
23 H. DÜRRE, Geschichte, pp. 163-165.
24 L. HÄNSELMANN (ed.), Das Schichtbuch, p. 40 : "Da standen dann auf den Stiegen vor dem Dom Sankt Marien ihrer acht vor den Boten der Städte, beschämt, in Wollenwant gekleidet, barhäuptig und barfuß, mit brennenden Wachskerzen in den Händen, und baten die Städte allesammt um Gottes willen und unserer lieben Frauen, man wolle ihnen vergeben was sie verübt, sie hätten es ja in hastigem Muthe gethan ; und baten fürder, sie wieder in des Kaufmanns Gerechtsame zu nehmen und zur Hanse zu gestatten." ; p. 41-42 : "Zum ersten sollen und wollen wir an besonderer, ehrlicher Stätte in der Pfarre Sankt Martins zu Braunschweig eine neue Kapelle aus Stein bauen zwischen heut und Sankt Michaels Tag übers Jahr, die Stätte aber ersehen und den Bau beginnen vor nächstkommenden Michaelis ; binnen selbiger Zeit auch zwei ewige Messen und Vicarien fundiren ; zu jeder sechs löthige Mark Geldes jährlicher Rente legen, damit die Kapelle auf ewige Zeiten bewidmen und Kelche, Meßbücher, Meßgewänder und was sonst noch bei selbigen Vicarien von nöthen, dazu zeugen. Zu Anfang sollen zu diesen Vicarien zwei arme Priester nach Anweisung der Städte bestellt werden, nach deren Tode aber wir Rathmannen von Braunschweig auf ewige Zeiten dieselben verleihen wem wir wollen. Und die zur Zeit oder nachmals damit belehnt werden, sollen ewiglich bitten für die Seelen der ehrlichen Leute, die durch uns um ihr Leben gekommen. Soviel deren waren, ebensoviel sollen und wollen wir ferner noch Männer nach Rom senden, dort unsern Herrgott desgleichen zu bitten für die Seelen der Todten." ; p. 44 : "Den Seelen der gemordeten Schuldlosen zu Hilfe und Trost ward alsdann die Kapelle gebaut, wie vorgeschrieben steht, mit zwei Altären, zwei Priestern und jährlich sechs Mark Geldes. Und das ist Sankt Autors Kapelle auf der Breiten Straße neben dem Rathaus. Darin werden die Todten im Jahre zweimal mit Vigilien und Seelmessen begangen : vierzehn Tage nach Ostern auf den Tag, da der Ungestüm ausbrach, und am Montag in der Gemeinwochen (...)."
25 Voir pour cette question surtout l’étude de W. EHBRECHT, Form und Bedeutung innerstädtischer Kämpfe am Übergang vom Mittelalter zur Neuzeit : Minden 1405-1535, dans : W. EHBRECHT (éd.), Städtische Führungsgruppen und Gemeinde in der werdenden Neuzeit (Städteforschung, série A t. 9) Köln-Wien 1980, p. 115-152.
26 Voir ibid., p. 151.
27 Voir ibid., p. 127.
28 Voir ibid., p. 128.
29 Voir ibid., pp. 118-124.
30 Voir ibid., pp. 124-127.
31 R. BARTH, Argumentation, pp. 25-120.
32 Ibid., pp. 25-27.
33 Ibid., p. 34 note 78, p. 57, p. 387, p. 390.
34 Ibid., p. 57 ; Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert, t. 26, Lübeck (ed. par Historische Kommission bei der Akademie der Wissenschaften) Leipzig 1899, réimpr. Göttingen 1967, p. 431 : "(...) de ene het sick her Hermen Punt ande hadde vormals lude dot geslagen binnen Lubek ; de ander hete sick Nicolaus Everhardi und hadde (...) umm siner misdat willen im torne geseten, deme se sententie was over geven (...) also dat he erlos was (...)".
35 Voir pour cette épisode surtout L. HÄNSELMANN (ed.), Das Schichtbuch, pp. 220-235 et Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, p. 391-98.
36 Ibid., p. 220.
37 Ibid., p. 221-222.
38 Ibid., p. 222-224.
39 Ibid., p. 224-229.
40 U. WEISS, Die frommen Bürger von Erfurt. Die Stadt und ihre Kirche im Spätmittelalter und in der Reformationszeit, Weimar 1988, p. 18.
41 Ibid., p. l8s.
42 Ibid., p. 19.
43 Ibid., p. 20s.
44 Voir pour les conflits ä Halberstadt surtout B. PÄTZOLD, Beziehungen zwischen Klerus und Bürgertum in Halberstadt vom 13. bis 15. Jahrhundert, dans : Jahrbuch für Geschichte des Feudalismus, 9,1985, pp. 81-114.
45 Voir ibid., p. 101-105.
46 Ibid., p. 106-110.
47 Voir pour cette épisode surtout Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, pp. 19ss. ; H. DÜRRE, Geschichte, pp. 197-205 ; B.-U. HERGEMÖLLER, "Pfaffenkriege" im spätmittelalterlichen Hanseraum. Quellen und Studien zu Braunschweig, Osnabrück, Lüneburg und Rostock (Städteforschung, série C, t. 2), 2 vol., Köln-Wien 1988, t. 1, pp. 14-82 ; B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, pp. 318-324.
48 B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, p. 319.
49 Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Braunschweig, t. 2, p. 41 : "(...) unde darto was one eyn glasevenster gheopend tovoren van den alderluden myt vorsate, unde openden eyne dore der kerkdore myt ghewalt in jeghenwordicheit (...) borghermestere, radmanne, radsworen und alderlude (...)".
50 B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, pp. 321-324.
51 Voir pour l’histoire générale de Lüneburg, W. REINECKE, Geschichte der Stadt Lüneburg, 2 vol., Lüneburg 1933, réimpr. Lüneburg 1977, pour ce conflit ibid., t. 1, pp. 203-242 et B.-U. HERGEMÖLLER, Pfaffenkriege, t. 1, pp. 112-193 ; B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, pp. 324-332 ; O. MÖRKE, Rat und Bürger in der Reformation. Soziale Gruppen und kirchlicher Wandel in den weifischen Hansestädten Lüneburg, Braunschweig und Göttingen (Veröffentlichungen des Instituts für historische Landesforschung der Universität Göttingen 19) Hildesheim 1983 ; pp. 65-67.
52 B.-U. HERGEMÖLLER, Pfaffenkriege, t.1, p. 320.
53 B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, p. 325.
54 Th. MEYER (éd.), Die Lüneburger Chronik des Propstes Jakob Schomaker, Lüneburg 1904, p. 63.
55 Ibid., p. 64 : "Dat interdict declarerde de prepositus Sancti Johannis dominus Leonardus Langhe, doctor decretorum, unduchtich, den de judex, wo gehort, wedder alle recht procederde, wo he anders in synen absolutionbreven dem rade vorspraken. Dardorch wort de ban vorachtet, und man sank in den kerken."
56 B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, pp. 326-331.
57 B.-U. HERGEMÖLLER, Pfaffenkriege, t. 1, p. 190s.
58 B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, p. 332 ; Die Chroniken der niedersächsischen Städte, Lüneburg, éd. par W. Reinecke (Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert, t. 36, éd. par Historische Kommission bei der Akademie der Wissenschaften) Stuttgart 1931, réimpr. Göttingen 1968, p. 403 : "Wil gi horen einen nien fundt ?/wo des de papen hebben begundt/to Lüneborch in dem lande ?/se hebben mit orer valschen kunst/verworven laster und schande."
59 B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, p. 325.
60 Voir pour l’histoire générale de Hildesheim surtout J.H. GEBAUER, Geschichte der Stadt Hildesheim, 2 vol., Hildesheim et Leipzig 1922-1924 et concernant ce conflit B. SCHWARZ, Der "Pfennigstreit" in Hildesheim 1343. Untersuchungen zur Sozialgeschichte des mittelalterlichen Hildesheim (Schriftenreihe des Stadtarchivs und der Stadtbibliothek Hildesheim 6), Hildesheim 1978 ; B. SCHWARZ, Der uplop van den penninghen in Hildesheim 1343, dans : W. EHBRECHT, (éd.), Städtische Führungsgruppen und Gemeinde in der werdenden Neuzeit (Städteforschung, série A, t. 9) Köhl-Wien 1980, pp. 99-113.
61 B. SCHWARZ, Der uplop, p. 100.
62 Ibid., p. 105ss.
63 Ibid.,pp. 109-113.
64 B. SCHWARZ, Der "Pfennigstreit", p. 50s.
65 B.-U. HERGEMÖLLER, Pfaffenkriege, t.1, pp. 95-97.
66 Ibid., t. 1, p. 97.
67 Ibid., t. 1, pp. 83-111.
68 Ibid., t. 1, p. 83.
69 Ibid., t. 1, p. 97-99.
70 Voir surtout B.-U. HERGEMÖLLER, Pfaffenkriege, t.1, pp. 194-266 ; B.-U. HERGEMÖLLER, Krisenerscheinungen, p. 332-338 ; H. SAUER, Hansestädte und Landesfürsten, Köln-Wien 1971, pp. 101-145.
71 B.-U. HERGEMÖLLER, Pfaffenkriege, t. 1, p. 194-210 ; ibid., t. 2, p. 158 (extrait de la chronique d’Albert Krantz, éd. par Hergemöller :"(...) ut omnes se protinus firment morituros, priusque hoc inducant iugum servitutis, ut patiantur ecclesiasticos in sua urbe latius dominari".
72 Ibid., t. 1, p. 210.
73 Ibid, t. 1, p. 211.
74 Ibid., t. 1, p. 218-223.
75 Ibid., t. 1, p. 223-225.
76 Ibid., t. 1, p. 226.
77 Ibid., t. 1, p. 226-227.
78 Ibid., t. 1, p. 228-266.
79 Ibid., t. 1, p. 260-266.
Auteur
Université de Hanovre, R.F.A.
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