Préliminaires
p. 1-4
Texte intégral
[1r] Cy commenche les croniques des... de chevalerie de haulz et nobles... et Milon, Gerard et Regnier enfa[ns]... de Guarin de Monglenne et d[e Mabillette]... noble dame son espeuse et... Monglenne...
1Au temps que regni... en grant domination... maintenir en he... [lv]... nee en si grant bruit que... et doubte Et assez notoire... conquestes et mains viaux... l’ayde aussi et moyen... nnues qui lors le servoient... Naimon de Baviere, Ogier... amis Gerart de Rucillon...n quel vindrent quatre...s furent de grant venin et... soing en France comme les... d’iceulx enfans ne vault... home. Gerart de Vienne... [Ch]arlemaine en fut l’un et... hoirs masles dont il soit...[a]utre fut Renier qui puis...ite Et de lui issi Olivier de compagnon Rolant, le tiers... conquist Beaulande, du quel... [N]erbonne le vaillant chevalier, qui.. [Guillau]me d’Orange et ses freres... maintes chevaleries faittes et...nt fut Milon le duc de Puille... [par]lera l’istoire a son tour.
2...ir comment Garin conquist Mon[glenne]... non mie que je qui l’ay leu... leu en livre vuelle1 a present [2r] tout descrire, si non en courant, par brief mos dit histoire que comme d’un temps furent Doon de Mayence, du quel issirent.xij. filz masles, qui moult firent de haulz fais durant leur temps. Si ne se ressamblent ne peuent aussi tous ressambler les enfans d’une mere ou d’un pere. Pour ce le di que Griffon de Haultesseille, qui fut pere Guennelon, fut l’un d’iceulx.xij. enfans. Ce fut une geste qui moult greva les Sarasins, dont pour lors estoit tant que merveilles. L’autre geste fu de Garin de Monglenne, et la tierche vint de Pepin, qui engendra le roy Charlemaine. Garin estoit de hault lignage et peu avoit de terre ; si n’en volut rien tenir, mais de si hault voloir estoit qu’i[l] laissa deux freres qu’il avoit pour aler la ou avanture le poroit conduire. Voy parler de Charlemaine, qui gaire n’avoit qu’il estoit couronnez roy en France, dont il avoit esté fuigitif et chassié par deux bastars que son pere Pepin avoit engendrez en une moult belle damoiselle qui lui fu baillie par mauvais malice la nuit de ses nopces et couchee notablement en son lit en lieu de Berthe au grant Pié, fille d’un roy de Hongrie. La quelle Berthe2 porta puis Charlemaine et sa seur Gille, qui puis fut femme du conte Guennelon et paravant [2v] fut femme du duc Milon d’Aiglent. Ces deux enfans bastars gouvernerent le royaulme longuement, et avoient aucuns grans signeurs qui les soustenoient et avoient tant aidié qu’il convi[n]t Charlemaine aprés la mort Pepin son pere soy absentir. Et puis revint par grace de Dieu, qui garder l’avoit volu et voloit pour justicier et seigneurier pluiseurs terres et royaumes qu’il conquist. Si ne parle a present l’istoire des fais qu’il fist lui estant hors de son pays, et en poura bien par avanture parler ailleurs selon la disposition de la matiere. Et parlera de Guarin de Monglenne, qui vint ung jour a Paris, au quel lieu estoit Charlemaine, qui moult joyeux estoit, et tout Paris fut depuis quant il veoit venir gens a sa court.
3Moult fut recheu Guarin hautement, et en grant honneur se demena auecq Charlemaine, qui encore estoit en grant jonesse, et, pour abregier, volu une fois jouer aux eschés contre le duc Garin, qui assez en savoit. Si s’eschaufferent tellement petit a petit que Charlemaine gaga pour la plus part de son royaume qu’il gaigneroit ung peu ou que d’icellui le rendroit mat. Ce qu’il ne peut mie faire. Pour quoy Charlemaine, veant sa faulte, soubzmist sa terre au vouloir du duc Garin, qui rien [3r] n’en volut avoir, ainsi comme tesmongne l’istoire. Ainchois pour payement requist au noble empereur presens ses barons qu’il lui donnast Monglenne, que Sarasins possidoient adont. Et qui demanderoit qui mennoit3 Garin a lui revertir Monglenne, l’istoire respond et dit que ce faissoit amour seulement et le bon voloir qu’il avoit, car l’empereur lui departoit toute Picardie quitement. Et plus lui eust donné du sien s’il eust volu. Le duc Garin, sachans par ouïr dire que le sire de Monglenne avoit une fille, belle, plaisant et sur toutes pucelles amiable, ne volu aultre don que icellui qui n’estoit mie ou commandement de Charlemaine. Sy lui octroya l’empereur avecq son effort de gens et ayde d’or, d’argent et de puissance ainsi que Garin le vouldroit requerir.
4Alors party le noble combatant de Paris, et puis fist tant a l’ayde de Dieu et d’un jayant nommé Robastre qu’il conquist Monglenne et Mabillette la damoiselle, dont issirent les quatre damoisiaux devant nommez, et maintint la terre contre Sarasins et tous aultres jusques a ung temps que l’istoire devisera. Et durant le mariage doncques de Garin de Monglenne et de Mabilette la noble dame furent quatre [3v] damoisiaux engendrez par le noble prince, gouvernez a Paris et nouris ainsi qu’il y parut. Enfin sy s’avisa leur pere ung jour, veant leur estat, leur croissance et maintien, appella leur mere et lui dit qu’il les voloit mettre hors d’entour soy. Sy en fut la dame dolante de prime face, pour ce que volentiers les veoit. Mais pour ce ne se desment le duc qu’il ne exposast sa volenté devant eulx, voire doulcement. Et tant fist par belles parolles en leur remoustrant sa vie, ses fais, le lieu du quel il estoit venu et comment il avoit Monglenne conquise que chascun fut a lui obéir enclin.
Comment les quatres enfans Guarin de Monglenne se partirent de leur pere et de leur mere pour cerchier chascun son aventure
5Dit l’istoire que Garin envoya Hernault et Milion chascun en ung paÿs, et Gerart avecq Renier envoya en France. Et bien commanda qu’ilz feussent humbles, obeïssans et paisibles, car a la court Charlemaine, ou Gerart et Regnier devoient aler, sourvenoit de jour en jour tant de nouvelletez que les plus sages avoient assez affaire d’eulx y conduire. Et pour ce leur introduisi le noble duc et moustra maniere de gouvernement ; et jasoit ce qu’en faus par nature n’ayent cure de doctrine, niantmains retindrent ilz les mos du pere qui, present [4r] sa dame Mabillette, les chastoyoit. Dont ilz ne valurent que mieulx en la fin, car puis eurent eulx enfans, ausquelz ilz ensignierent a bien vivre comme nature la noble nouriche l’avoit piecha commandé, ce que jamais ne pouroit faillir.
6Si devez savoir que a la departie y eust ploryé maintes4 larmes, et maint regret y fut piteusement reclamez de la partie, de la noble dame en especial qui maternellement regardoit ses enfans, les quelz avoient les cuers si endurcis que il n’y avoit cellui qui de son cuer5 eust rendue une larme de pleur. Ançois se partirent le plus joieusement par samblant que ilz peurent. Et quant ilz furent hors de l’ostel leur pere, lors descouvry chascun son coraige, et bien affermerent que jamais en Monglenne ne retourneroient se chascun n’avoit aussi ou plus grant signourie que leur pere. Mais gaire ne furent eslongies que de leur mere leur souvint qui si tresdoulcement les avoit nouris que par naturelle amour les convint larmoyer. Et de toutes leurs parolles ou lamentations ne poroit l’istoire faire memoire. Finablement ilz se departirent. Hernault et Milon se mirent a une part pour tirer l’un en Lombardie, l’autre en Aquitaine. Et Gerart et son frere Renier [4v] se remirent d’autre part chevauchans vers France, ainsi que leur pere l’avoit commandé.
7Ainsi que les deux enfans chevauchoient par Prouvence, comme leur chemin si adonnoit, oïrent parler d’une cité riche et puissant pour lors nommee Vienne. Si se delibererent lors de passer par icelle, et fin de compte y furent, et tant pleust a Gerart que depuis en fut il signeur, comme l’istoire le dira. Mais moult greva depuis le royaume et l’empire, si ne se puet l’en bonnement garder de son avanture. Ilz exploiterent tant au fort que a ung jour pour certain vindrent a Paris, ou estoit le roy et pluiseurs princes que l’istoire ne nomme mie a present. Et pour abregier l’istoire se comparurent en salle ou estoit l’empereur, le quel demanda qui estoient les deux damoisiaux. Gerart, qui plus estoit hastifz sans comparaison que Renier, ne se peust taire, ains prist la parole devant son frere, sentant en soy ce que son pere Garin de Monglenne leur avoit autrefois dit. Le quel tantost se mist a genoulx devant le roy en le saluant et disant : « Nous sommes freres et enfans du noble duc Garin de Monglenne, le quel nous a donnee office en vostre court, et bien le puet faire ainsi, comme autreffois lui ay oÿ racompter. Pour ce nous a vers vous envoyez, affin que icellec vous plaise confermer et nous retenir en vostre service par ainsy que en obeïssant a lui. Nous sommes appareilliez de faire ce qu’il [5r] nous a commandé. Si ne poons plus, noble prince, de vous trouver ne parmain de plus vaillant signeur chevalerie recevoir. » Adont leva l’empereur les deux enfans et les retint dés icelle heure a sa court, ou il les fist si bien servir et honnourer comme les enfans des grans signeurs dont il estoit servi et sa court comme plaine. Sy ne fut oncques fortune sans muer, car elle tourna sa face et non mie si tost. Ains les laissa ung certain temps regner a court et jusques a ce que l’istoire le dira. Sy s’en taist ores et dit.
Notes de bas de page
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