5/ L'édition critique de "I cantari di Fierabraccia e ulivieri"
p. 1247-1251
Texte intégral
1Mon édition de I Cantari di Fiorabraccia e Ulivieri, parue l'année dernière, a constitué une parenthèse parmi les travaux que j'étais en train d'effectuer pour l'édition critique de I Cantari di Fierabraccia e Ulivieri. En effet, le texte que j'ai publié présente des caractéristiques dialectales de l'aire italienne centre-méridionale, qui le rendent très important soit comme document linguistique, soit comme phénomène culturel. J'ai donc cru devoir tout d'abord publier ce texte, avec un commentaire tout particulier.
2Actuellement je vais m'occuper de l'édition critique que j'avais promise il y a quelque temps. Je me propose de l'établir d'après les témoins suivants :
- Manuscrit conservé dans la Bibliothèque Riccardiana de Florence1.
- Manuscrit ayant probablement appartenu aux comtes Giovio, actuellement conservé dans le fonds "Aliati" de la "Società Storica Comense"2.
- Manuscrit conservé dans la Bibliothèque "Guarnacci" de Volterra, dont j'ai procuré l'édition susdite3.
- Fragment manuscrit conservé dans les Archives de Reggio Emilia4.
- Incunable conservé dans la Bibliothèque Corsiniana de Rome, que Stengel a eu comme base pour son édition5.
- Rédaction contenue dans L'Inamoramento de Rinaldo da Monte Albano, dont la consultation sera toutefois exceptionnelle, puisque j'ai démontré, il y a quelques années, qu'elle a emprunté variablement au texte de la Corsiniana et à celui de la Riccardiana, et elle doit donc être considérée un texte descriptus6.
3Au besoin on pourra citer l'interprétation donnée par les éditeurs précédents7.
4Le principe énoncé il y a quelques années par M. Domenico De Robertis, justement à propos des éditions de Cantari8, c'est-à-dire que dans ce genre de littérature populaire toute variante peut être considérée une variante d'auteur (principe que j'accepte sans réserve), amène à réfléchir sérieusement sur les caractéristiques et les limites d'une édition critique telle que nous avons l'intention de réaliser.
5Après y avoir beaucoup pensé, je suis parvenu à la conclusion qu'il est indispensable que l'appareil critique ne se borne pas à dresser une liste des variantes refusées, ayant seulement la fonction de justifier le texte critique, mais qu'il permette de saisir d'un coup d'oeil la synopsis de toutes les rédactions différant de celle de base. Cette condition m'a paru indispensable surtout après l'expérience que m'a fournie l'édition susdite de la rédaction centre-méridionale de Fiorabraccia, mais elle trouve le soutien aussi des idées manifestées et réalisées par M. Segre dans son édition de la Chanson de Roland9, tandis que les procédés suivis par les "Renaudistes" belges, c'est-à-dire M. Thomas et ses meilleurs élèves, ont ouvert des perspectives très intéressantes pour connaître l'évolution du texte à travers le temps.
6Pour ce gui concerne le texte critique, étant donné, pour le dire avec M. Contini, que "ce serait une opération vaine que celle qui ne viserait pas à restituer le texte original"10, on cherchera (du moins dans un premier stade du travail) à le restituer en remontant dans un processus génétique précédemment déterminé. C'est-à-dire qu'on tentera tout d'abord une classification d'après les méthodes philologiques traditionnelles, mais au cas bien probable où le processus susdit n'apparaisse pas avec une clarté suffisante et que cet essai se révèle inutile, toute garantie scientifique reste confiée à la prudence de l'opérateur philologique. On limitera les interventions aux fautes certaines, en proposant et en suggérant les solutions plutôt qu'en les imposant. Lorsque c'est possible on cherchera, par une attentive comparaison des variantes, à comprendre les raisons paléographiques des fautes. En tout cas, dans une bande particulière de l'appareil on discutera les solutions adoptées et celles simplement suggérées.
7Pour ce qui concerne le choix du code de base, bien loin de l'idée du codex optimus, je suis toutefois convaincu que l'ancienneté du texte et une certaine propriété et uniformité linguistique occupent une importance rien moins que négligeable. Eh bien, je crois que le manuscrit de la Bibliothèque Riccardiana l'emporte sur l'imprimé de la Corsiniana que Stengel a eu comme base, du moins en raison de son ancienneté11. Il y a quelques lacunes, il est vrai, mais il me semble préférable de ne pas confondre les raisons du texte avec celles du contenu.
8On intégrera les parties manquantes d'après les autres témoins, en employant des précautions particulières afin de rendre l'opération le plus possible évidente, mais on ne renoncera pas au manuscrit de la Riccardiana et aux garanties représentées, quoique seulement dans certaines limites, bien sûr (parce que, on le sait, recentiores non sunt deteriores), par son ancienneté.
Notes de bas de page
1 Cf. S. MORPURGO, I manoscritti della Biblioteca Ric-cardiana di Firenze, Roma, 1900, ("Indici e cataloghi", XV), p. 173, n° 1144.
2 Cf. E. TRAVI, Casa Giovio e la tradizione delle leggende cavalleresche, "Periodico della Società Storica Comense", XLIX, 1982, pp. 19-22.
3 Cf. I Cantari di Fiorabraccia e Ulivieri, testo mediano inedito a cura di E. MELLI, Bologna, 1984, ("Biblioteca di Filologia romanza della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università di Bologna", 3), pp.19-22.
4 Archivio di Stato di Reggio Emilia, Archivio del Comune, Appendice : Miscellanea storico - letteraria, b.1. Cf. "Giornale Storico della Letteratura Italiana", XVII, 1891, p. 477.
5 Biblioteca dell’Accademia dei Lincei e Corsiniana, coll. 51. C. 32. Cf. L. HAIN, Repertorium bibliographicum, Milano, 194B, n° 7090 ; D. REICHLING, Appendices ad Hainii-Copingeri Repert. bibl., München, 1901, n° 1518 ; Indice generale degli incunaboli, II, p.215 ; G. MELZI - P. TOSI, Bibliografia dei Romanzi e Poemi Cavallereschi italiani, Milano, 1838, p. 23.
6 Cf. E. MELLI, La redazione dei "Cantari di Fierabraccia e Ulivieri" contenuta nell’ "Innamoramento de Rinaldo da Monte Albano", "Atti della Accademia delle Scienze dell’Istituto di Bologna", Classe di Scienze Morali, LVII, 1978-1979, pp. 75-96. Pour l’Innamoramento de Rinaldo da Monte Albano, voir I Cantari di Rinaldo da Monte Albano, edizione critica a cura di E. MELLI, Bologna, 1973 ("Collezione di opere inedite o rare pubblicate dalla Commissione per i testi di lingua", 133), pp. xxv-xxxii, LIX ; idem, Nella selva dei "Rinaldi" : poemetti su Rinaldo da Mont’Albano in antiche edizioni a stampa, "Studi e problemi di critica testuale", XVI, 1978, pp. 193-215.
7 El Cantare di Fierabraccia et Uliuieri, italienische Bearbeitung der Chanson de geste Fierabras, herausgegeben von E. STENGEL, Marburg, 1881 ("Ausgaben und Abhandlungen aus dem Gebiete der romanischen Philologie", 2) ; P. HEYSE, Romanische inedita, Berlin, 1856 ; A. BALLETTI, Per Nozze Livaditi-Arnaboldi, Reggio Emilia, 1891.
8 Cf. D. DE ROBERTIS, "Problemi di metodo nell’edizione dei cantari", in Studi e problemi di critica testuale, Bologna, 1961 ("Collezione di opere inedite o rare pubblicate dalla Commissione per i testi di lingua", 123) pp. 121 e sgg. Etude rééditée dans D. DE ROBERTIS, Editi e rari, Milano, 1978, pp. 91-109).
9 Cf. La Chanson de Roland, edizione critica a cura di C. SEGRE, Milano - Napoli, 1971.
10 G. CONTINI, "Filologia", dans Enciclopedia del Novecento, Roma, 1977, II, p. 959.
11 Pour l’ancienneté du manuscrit de la Bibliothèque Riccardiana, cf. CM. BRIQUET, Les Filigranes, Leipzig, 1923, I, n°3370 ; pour ce qui concerne l’âge de l’incunable de la Bibliothèque Corsiniana, voir E. MELLI, La redazione cit., p. 76, n.7.
Auteur
Université de Bologne
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