Table ronde. La geste de Fierabras
p. 1209-1214
Texte intégral
1Cette Table Ronde nous a permis de nous familiariser avec cinq travaux en cours. Nous allons les passer en revue. Des raisons techniques ont malheureusement empêché l'enregistrement de la discussion, de sorte que nous n'en reproduisons que des reflets. Aux Fierabras français en vers et en prose succèdent les versions occitane et italienne.
1) Marc Le Person
2Ce spécialiste lyonnais dresse le catalogue de plus de 250 erreurs, ajouts ou omissions (!) de la seule édition de la Chanson de Fierabras (1860) publiée à ce jour. Cette liste est d'autant plus utile que cette édition de Kroeber et Ser-vois était considérée comme méritant notre créance. En annexe l'auteur nous donne un avant-goût de sa première édition critique du texte ; c'est une thèse de Sorbonne qu'il soutiendra vers 1987/88 sous la direction de Roger Lathuillère. Le Person dispose de nombreux textes inconnus aux éditeurs de 1860 : la clef de voûte de son édition est le manuscrit E-Escorial, un texte picardisant de la version "Alpha" de la classification Mehnert. Un autre texte du xiiie siècle appartenant à la version "Alpha", le ms. Didot-Louvain, a été la proie des flammes lors d'un bombardement de 1944. Par bonheur nous avons découvert une liste des variantes de ce ms. anglo-normand, liste qui avait été dressée par l'équipe Hilka de Goettingue. Nous avons mis ces variantes à la disposition de Le Person (Pré-Publications de Neuchâtel n°1 ; cf. BBSR 13, 1980-81, n°496). Nous lui avons également soumis la transcription d'épisodes de ce ms. D, transcription effectuée d'après des papiers du fonds Hilka, à paraître dans notre Geste de Fierabras (Droz, printemps 1986). Il a reçu de notre part le texte inconnu des fragments de Namur qui seront publiés dans la Romania (avec une note linguistique de Martine Thiry-Stassin). Composée dans une scripta de l'Est, c'est la version la plus volumineuse qu'on retrouve également dans les fragments de Mons, Metz et Strasbourg. En outre, nous lui avons fait don d'une photocopie de l'édition provisoire Pountney du Fierabras occitan. La version anglo-normande Egerton au mouvement dramatique intense (1938) lui sera également précieuse. Le Person dispose donc d'un large éventail de textes des plus instructifs.
2) Eve-Marie Roth
3Mme Roth trace le portrait d'un oublié de la littérature médiévale, Jehan Bagnyon. Cet auteur romand mérite sans conteste d'être arraché aux oubliettes de l'histoire. Ne lui doit-on pas le premier Fierabras organisé de manière systématique et dont le sujet soit traité clairement et simplement ? Il faut savoir que son texte a exercé une influence considérable dans l'Ancien comme dans le Nouveau Monde. On en retrouve les traces encore aujourd'hui. C'est la première oeuvre de poids d'un auteur romand, un véritable "best-seller". Une édition critique est a coup sûr souhaitable.
3) Hans-Erich Keller
4L'instigateur de nos propres études fierabrasiennes ne se contente pas de préconiser des éditions critiques de Bagnyon et de son adaptateur espagnol Piamonte, l'inspirateur de Lope de Vega, Calderón et Lopez. Il souhaite également la publication de l'ouvrage d'un prince éminent, le duc Jean II de Palatinat-Simmern, de l'auguste Maison de Wittelsbach, qui a transposé le Fierabras en allemand.
4) Luciano Formisano
5M. Formisano aborde les problèmes posés par la version occitane de la Geste de Fierabras (Berlin, Staatsbibliothek, Cod. Gall. Oct. 41) publiée en 1829. Cet ouvrage se compose d'un Prologue Général (v. 1 - 46), de la partie finale de la Destruction de Rome (v. 47 - 561) et du Fierabras (v. 562 -5044). Formisano est le premier à comparer les variantes occitanes avec l'édition à variantes de Hilka précitée.
6Claude Buridant et son étudiant japonais Ken Machida témoignent de leurs travaux linguistiques sur la Geste de Fierabras occitane émaillée de gasconismes et d'éléments scriptologiques languedociens. Or M. Pierre Bec nous a chargé en 1983 de trouver un éditeur compétent de cette Geste gui se fonderait sur la thèse Pountney de Poitiers (1980). A notre suggestion, M. Peter Ricketts, Westfield College, Président de l'Association Internationale des Etudes Occitanes (AIE0) s'est aimablement offert pour trouver un éditeur -avec le concours obligeant de M. H.- E. Keller, vice-président de la même Association. Sur notre proposition M. Buridant s'est alors empressé de se charger de cette tâche ardue. Ainsi, grâce à notre Table Ronde, nous aurons bientôt la première édition moderne de ce texte complexe à la scripta émaillée d'éléments gascons et languedociens dont le modèle est proche des textes d'Angleterre D, HF et L connus peut-être dans la Gascogne d'alors, anglaise. Bien que dénigrée à ce jour, cette Geste est l'un des récits occitans ou fierabrasiens les plus scéniques et dramatiques qui soient, dont la mise en scène s'impose.
5) Elio Melli
7M. Melli nous soumet son projet d'une édition critique de I Cantari di Fierabraccia e Ulivieri, qui fait suite à ses éditions de divers textes de cette épopée italienne. C'est une version contaminée.
8Le "menu" de la Table Ronde est donc très varié. Il témoigne du succès extraordinaire du Fierabras tant en Europe qu'en Amérique. Il s'attache à montrer les moments saillants de cette oeuvre dans les domaines de l'épopée, de la prose et du théâtre.
Auteur
Université de Neuchâtel
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