La périphérie de Hô Chi Minh-Ville
p. 49-74
Texte intégral
1En comparaison avec Hanoï, Huế et les autres villes du nord du Vietnam, Saïgon – Hô Chi Minh-Ville a été créée plus tardivement. Elle a donc toutes les caractéristiques d’une ville jeune et dynamique dans le sud du pays. Ce chapitre présente la création et le développement de Hô Chi Minh-Ville durant la période allant de 1698 jusqu’à nos jours, une histoire de plus de 300 ans. Nous présentons également les zones périphériques de la ville où se trouvent les arrondissements et les districts que nous avons choisis comme études de cas.
Généralités sur Hô Chi Minh-Ville
Géographie et conditions naturelles
2À l’heure actuelle (2010), Hô Chi Minh-Ville compte 24 unités administratives dont 19 arrondissements intra-muros et 5 districts suburbains. Hô Chi Minh-Ville est une des 63 villes et provinces du pays et une des 5 villes relevant de l’échelon central. Elle se situe au Sud du Vietnam, dans la région du Sud-Est. La ville se trouve au 10010’- 10038’ de latitude Nord et 106022’-106054’ de longitude Est pour une superficie de 2095 km2, soit 0,76 % de la superficie totale du pays. Elle se trouve au nord-ouest de la province Tây Ninh, au nord-est de la province Bình Dương, à l’est de la province Đồng Nai, Bà Rịa-Vũng Tàu, et au sud de la mer de l’Est.
3Sur le plan topographique, la ville se trouve dans la zone transitoire entre la région du Sud-Est et le delta du Mékong. La topographie est descendante du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. La ville se divise en trois subrégions : (1) la zone plane, au Sud/ Sud-Ouest pour les arrondissements Sept, Huit, Neuf, les districts Bình Chánh, Nhà Bè et Cần Giờ. La hauteur moyenne s’élève à 1 m, la plus élevée à 2 m et la moins élevée à 0,5 m (2) La zone à hauteur moyenne se trouve au centre-ville comprenant l’arrondissement Un, une partie de l’arrondissement Deux, le district de Thủ Đức, l’arrondissement Douze et le district de Hóc Môn ; la hauteur moyenne varie de 5 à 10 m (3) La zone à hauteur élevée, se trouve au Nord-Nord-Est et une partie du Nord-Ouest (l’ouest du district de Củ Chi, le Nord-Est du district de Thủ Đức et de l’arrondissement Neuf) ; la hauteur moyenne varie de 10 à 25 m, il y a des collines, la plus élevée (32 m) est celle de Long Bình à l’arrondissement Neuf.
4Le réseau des rivières (rivières de Saïgon et Đồng Nai) est une composante impor tante de la ville. La rivière de Saïgon prend sa source au Cambodge et entre à Lộc Ninh (Bình Phước) pour former le lac Dầu Tiếng situé entre la province Tây Ninh et la province Bình Dương avant d’atteindre Hô Chi Minh-Ville. Il rencontre la rivière Đồng Nai à Nhà Bè et forme la rivière Nhà Bè. À la commune de Phú Xuân, district de Nhà Bè, elle se divise en deux bras : Soài Rạp et Lòng Tàu qui se déversent dans la mer de l’Est et le Pacifique. La rivière Saïgon dispose d’un lit profond (10-15 m) permettant l’accès des bateaux au port de Saïgon.
Généralités sur l’urbanisation à Saïgon-Hô Chi Minh-Ville depuis sa création à 1975
Saïgon depuis sa création à 1858
5Aux premiers siècles de l’ère chrétienne, la région de Saïgon appartenait au royaume Phù Nam (Founan). Ce dernier, entré en déclin au viie siècle, est conquis par le royaume Chân Lạp. Saïgon était dépendante du royaume, comprenant Kampjong Krâbei (Bến Nghé - le centre-ville de Saïgon) et Brai Nokor (actuel Cholon). Selon l’historien Trịnh Hoài Đức dans Les Annales de la commanderie de Gia Định (Monographie de Gia Định - Gia Định thành thông chí), cette province faisait partie de l’ancien Chân Lạp et le nom Saïgon a pris ses origines de Brai Nokor1. Le royaume Chân Lạp souffrait des guerres civiles continuelles. Les Khmers ont l’habitude de vivre en altitude délaissant la région basse et marécageuse. Celle-ci était pratiquement laissée à l’abandon.
6En 1620, le seigneur Nguyễn Phúc Ánh mariait sa fille Ngọc Vạn au roi Chân Lạp Chey Chetha II (1618-1686) et installa deux stations de recouvrement fiscal à Saïgon : Kas Brobei et Brai Nokor (1623). L’établissement des bases économiques a facilité l’installation des Việt et des Chinois.
7En 1679, d’anciens mandarins des Minh dont la dynastie venait tout juste d’être renversée par les Thanh (Quing) Trần Thượng Xuyên et Dương Ngạn Địch se sont mis, avec une troupe de 3000 soldats, sous les ordres du seigneur Nguyễn. Nguyễn Phúc Tần leur a permis de s’installer dans les régions du Sud, dont Saïgon2.
8En 1698, ce dernier envoya Nguyễn Hữu Cảnh dans le Sud pour « Fonder dans la région Nông Nại le phủ Gia Định, transformer le territoire Đồng Nai en district Phước Long, construire le camp Trấn Biên, transformer le territoire Saïgon en district de Tân Bình, construire le palais Phiên Trấn, nommer les commandants chargés de la défense, les responsables et auxiliaires chargés de l’administration. » (Institut de l’Histoire, 1961 : 153.) De l’année 1698 date la création de Saïgon.
9La guerre entre Tây Sơn et Nguyễn Ánh fut déclenchée en 1771 sur le territoire Đồng Nai, lieu d’habitation des chinois. Pourchassés et massacrés à Cù Lao Phố par les Tây Sơn, ces derniers se sont enfuis à Gia Định pour se réinstaller le long du canal Bến Nghé (arrondissement Un, du port Chương Dương jusqu’au pont Khánh Hội) et Cholon (arrondissement Cinq à l’heure actuelle) et Xóm Củi (arrondissement Huit).
10Saïgon a connu un développement rapide. Après la reconquête de Gia Định (1788), Nguyễn Ánh a donné l’ordre à Trần Văn Học, aidé par les Français, de construire la citadelle de Bát Quái selon le modèle de Vauban3. La première étape du développement de Saïgon s’est caractérisée par une gestion habile du seigneur Nguyễn : migration libre, défrichement et distribution des terres, achat des esclaves et promotion du commerce.
11La politique socio-économique ouverte et flexible du seigneur Nguyễn a permis d’accélérer le défrichage et la mise en exploitation des villages et de transformer le riz en produit commercial de grande importance dans la région Gia Định. Le marché du riz a donc vu le jour assez tôt à Gia Định, il y prit une certaine ampleur et vivacité au moins dès le milieu du xviiie siècle (Nguyễn Đình Đầu, 1998 : 221).
Saïgon à l’époque de la colonie française 1858-1954
12La ville de Saïgon a connu plusieurs changements durant cette période. Après l’occu pation de Gia Định en 1859, les Français ont transformé la ville de Cholon et la région de Bến Nghé en ville de Saïgon. La ville a connu des changements radicaux, en premier lieu l’ouverture du port commercial de Saïgon pour faire embarquer sur les bateaux français et européens du riz et d’autres produits agricoles de la Cochinchine (Nguyễn Đức Hòa, 1998 : 12). La France a construit le centre administratif, les monuments et les infrastructures de transports4.
13Au début du xxe siècle, la fusion avec Cholon a fait de Saïgon la plus grande ville en Indochine. Selon le modèle administratif standard de la France, à partir de 1880, Saïgon figurait parmi les 4 circonscriptions administratives de la Cochinchine5. Les zones urbaines comprennent la municipalité, la commune mixte et le centre urbain. Saïgon et Cholon constituèrent les chefs-lieux.
14Les Français ont porté une attention particulière à la gestion et à l’aménagement de Saïgon dès le début de leur présence. Le plan de Koffyn est établi en 1862. Il s’agissait d’un plan pour une ville de 500 000 habitants et d’une superficie de 2 500 ha (Trịnh Văn Thảo et Charles Fourniau, 1999, op.cit). Selon le plan, le noyau de la ville de Saïgon se trouvait à proximité du fleuve Saïgon (l’actuel arrondissement Un) dont le côté Nord est l’Arroyo de l’Avalanche (Thị Nghè) et l’Ouest la barre de Bán Bích. L’espace urbain de Saïgon s’étend jusqu’à la rive nord du canal Bến Nghé. Plusieurs ouvrages architecturaux sont donc prévus pour préparer les prérequis de l’appareil colonial : le palais du Gouverneur, la poste, les hôpitaux, le chemin de fer, le parc, le cimetière, la prison…
Le plan Koffyn fut mis en œuvre à partir de 1865 (Bouchot, 1927 : 37 - 42). L’arrêté sur l’organisation administrative de Saïgon (CAOM, 1867, n° 55) fut signé en 1867. L’arrêté prévoyait la création d’une commission de gestion de la ville, composée d’un président et de dix membres. Cette commission discutait les questions liées à la gestion des biens publics, du budget, de la fiscalité, des projets de construction et d’élargissement des routes, etc. (Phạm Văn Thịnh, 2005 : 312).
15Après quelques années de fonctionnement, cette structure fut remplacée par une autre structure plus stable. Saïgon et Cholon firent l’objet d’un classement : Saïgon était classée municipalité de première classe (CAOM, Indochine, 1877) et Cholon municipalité de deuxième classe (CAOM, Indochine, 1879).
16La ville de Saïgon était administrée par un maire et ses deux adjoints. Ces trois personnalités et l’appareil sous-jacent eurent la responsabilité d’appliquer les mesures pour maintenir la sécurité et les dispositions juridiques.
17Parallèlement à cet organisme, le conseil municipal était présidé par le maire. Les autres membres étaient désignés par l’élection. Le conseil municipal donnait son avis et prenait les décisions dans le domaine de gestion urbaine. En revanche il n’était pas compétent pour intervenir dans le secteur politique ou dans l’administration générale (Dương Kinh Quốc, 2005 : 92).
18Le conseil municipal de Saïgon disposait d’un budget indépendant pour les activités urbaines : la police urbaine, le service d’hygiène, l’assistance médicale, l’état civil et les travaux municipaux (Rapport au Conseil colonial, 1932 : 52).
19La police urbaine était composée des fonctionnaires recrutés pour le maintien de l’ordre. Cette structure était en étroite liaison avec le service de sûreté. En cas de désordre politique, la police urbaine travaillait en étroite collaboration avec le service de sûreté. Ce dernier intervenait notamment en cas d’accident, d’incendie, de vol ou pour se débarrasser des sans-abri et des mendiants.
20Le service d’hygiène était dirigé par un médecin. Le service se composait de contrôleurs répartis sur les six zones. Ils effectuaient les examens médicaux auprès des personnes contaminées, les isolaient en cas de nécessité, vaccinaient la famille et l’entourage. Ils contrôlaient les hôpitaux, s’assuraient du programme de vaccination de la variole et de la tuberculose (BCG) pour les enfants, effectuaient l’autopsie en cas de mort violente et désinfectaient les écoles et lieux publics…
21Dans le secteur de la santé, il n’y avait pas à Saïgon de grands hôpitaux pour les Vietnamiens. Deux cliniques à Tân Định et Khánh Hội pour les examens médicaux à l’intention du grand public. Elles recevaient les patients d’autres régions.
22Le service de l’état civil était responsable des questions de naissance, de mariage, de décès et d’adoption.
23Le service des travaux publics était chargé de la construction des routes, du goudronnage, de l’alimentation en électricité et en eau potable et du traitement des déchets.
24Ne figurant pas dans le plan Koffyn, Cholon disposait d’une superficie de 1 km2 (arrondissement Cinq). À l’instar de Saïgon, Cholon disposait d’organes chargés de la gestion urbaine (la police urbaine, le service d’hygiène, l’assistance médicale, les travaux municipaux…) à une échelle plus petite.
25Les centres urbains étaient les chefs-lieux provinciaux à caractère rural. Ils étaient classés en municipalité de troisième classe. À la différence des communes mixtes, ces derniers ne disposaient pas de budget distinct et d’appareil administratif indépendant. Ils étaient gérés en commun avec les districts ruraux.
26La séparation entre zones urbaines et rurales, en vue de rationaliser l’adminis- tration est à remarquer dans la gestion urbaine de la Cochinchine durant l’époque coloniale française.
27De 1914 à 1945, Saïgon n’a pas poursuivi l’édification d’œuvres architecturales comme c’était le cas au XIXe siècle. Les grands bâtiments administratifs y sont déjà construits. Les ouvrages construits à cette période sont les hôpitaux, écoles et usines.
28Durant la période coloniale, Saïgon attirait des flux d’immigration avec des fortunes diverses : succès social et professionnel et inversement, pauvreté et précarité. Cela se reflète à travers le lieu d’habitation : d’une part le centre urbain avec les grands boulevards et les administrations où habitaient les Européens et les Vietnamiens riches et de l’autre les périphéries d’extrême pauvreté, par exemple Bàn Cờ (Arrondissent Trois), Cầu Kiệu (district de Bình Thạnh), Khánh Hội, Xóm Chiếu (arrondissement Quatre) etc., où vivaient les plus pauvres de la ville (Trịnh Văn Thảo, 2008).
29L’image des habitants de Saïgon de l’époque est décrite dans les ouvrages litté- raires de Hồ Biểu Chánh6, par exemple la description des quartiers pauvres à Khánh Hội, Xóm Chiếu :
Le jour commence à décliner.
La rangée de paillotes qui s’étend tout le long du canal de Dérivation creusé de Lang Tô à Rạch Cát pour transporter le riz des rizeries au port de Saïgon s’enfonce dans la brume et perd ainsi un peu de son air misérable.
Pourtant, les gosses couraient et jouaient dans les rues, les habits en haillons, le visage hirsute ; les bonnes femmes prenaient l’air frais sur le seuil des portes ou donnaient du riz aux nourrissons dont la plupart paraissaient maigrichons et fragiles, la mine peu avenante ; les hommes employés des bureaux quittaient leur service en masse après une journée de labeur, tous ont la peau hâlée, les mains calleuses ; ce spectacle se suffit à lui-même pour indiquer que ce quartier est un quartier populaire. La brise du soir rafraîchit l’atmosphère, l’eau du canal s’écoule en entraînant les bateaux qui sifflaient vaillamment ; du côté du port de Saïgon, les lampadaires de gaz brillent de toute leur lumière (Hồ Biểu Chánh, 1937 : 1),
ou :
Le Ciel crépusculaire s’assombrit. L’éclairage électrique illumine la capitale Saïgon- Cholon ; toutes les rues échappent ainsi à l’épaisse obscurité de la nuit grâce à la lumière artificielle.
Pourtant du côté de Vĩnh Hội7, il y a encore quelques quartiers populaires bordant le canal de l’intérieur du port de Long Kiên jusqu’au quai Ụ Tàu où la seule lumière s’échappe çà et là des paillotes éclairées par quelques lampes à huile car les rues ne sont pas encore électrifiées. Aussi la nuit offre-t-elle un spectacle passablement sombre, presque triste malgré le plan d’eau plein du canal et la brise rafraîchissante du soir.
Dans le quartier Ụ Tàu, un peu en diagonale de l’embouchure du canal Ông Lớn se trouve le recoin le plus pauvre de cet endroit. Il reste à cette heure encore quelques ouvriers qui rentrent tard de leur travail, pressant leurs pas pour prendre le repas de peur de faire attendre femme et enfants. Il y a aussi quelques marchandes ambulantes, la vendeuse de riz gluant qui rentre chez elle après avoir tout liquidé, celle qui commence sa tournée pour vendre la soupe de riz sur le marché. Grâce à ce va-et-vient, le spectacle s’anime un peu comme pour en atténuer la tristesse (Hồ Biểu Chánh, 1956 : 1).
Ou encore la création d’un quartier animé à Phú Nhuận, 1935 : naissance d’un quartier dynamique
À proximité immédiate du centre, grâce aux années fastes du marché rizicole, l’économie était en pleine croissance. Les environs de Phú Nhuận ont connu un développement rapide, la population gagnait en densité et stimulait le commerce ; les voitures, les tramways circulaient bruyamment, les maisons en dur se multipliaient. Dire qu’il y avait à peine dix ans, Phú Nhuận était tout au plus un gros bourg de la province de Gia Định. En dépit du fait que dans le village existât un marché appelé Xa Tài près de Cầu Kiệu, il s’agissait d’un marché un peu perdu avec, au petit matin, quelques étals de poissons, de viande et de légumes pour vendre à la classe populaire des alentours pour leur consommation quotidienne sans plus. Sur le chemin en direction de Cầu Kiệu, il y avait quelques bâtiments en dur avec fondation en béton armé, entourés de clôtures en fer forgé à l’apparence plaisante, entrecoupés de temps à autre d’épiceries chinoises vendant de tout comme à la campagne. Le reste est composé de paillotes mêlées aux maisons de rapport à étages et aux murs sales dans un grand désordre.
La population vivant dans les paillotes de fortune et les lots de maisons en location se composait la plupart du temps :
- des propriétaires d’hippomobiles à vitres ou des voitures à double attelage pour amener les voyageurs ou marchandises des environs au Grand Marché ;
- des maçons, menuisiers, soudeurs, peintres ou autres artisans, journaliers ou payés à la semaine travaillant dans les ateliers et entreprises de Saïgon ;
- des marchands achetant les légumes, fruits, courgettes, citrouilles, laitues des vergers environnants pour les revendre au marché Bến Thành ;
- des boys et cuisiniers, domestiques au service des Occidentaux.
Restait encore une autre catégorie, la plus nombreuse, de sans profession déterminée, hommes, femmes vivant au jour le jour, acceptant n’importe quel travail qui s’offre, faisant n’importe quoi, du bon comme du mauvais (Hồ Biểu Chánh, 1935 : 1).
La plupart des maisons sont faites de bois de mauvaise qualité, de bambou et des feuilles d’arbre. Les maisons sont construites selon le modèle de maison sur pilotis, la partie haute s’oriente vers la route, la partie basse donne sur le canal. Ce modèle de construction est bien pratique pour le quotidien : bain, lavage… et bon marché. Les maisons de ce modèle étaient un vrai casse-tête en 1958 pour l’administration vietnamienne de l’époque8.
30L’administration française distinguait bien le quartier français du quartier vietna mien. Le quartier français comprenait les logements avec les terrasses fleuries aux côtés de la rue Phùng Khắc Khoan (arrondissement Un), les bâtiments dont les étages supérieurs se rétrécissent pour créer des terrasses à fleurs. Les appartements ont des grandes portes. Ce sont les logements destinés aux fonctionnaires coloniaux de haut niveau.
31La France a fait construire plusieurs résidences et villas aux alentours pour loger les fonctionnaires français de l’arrondissement Trois (Trần Văn Giàu, 1998 : 438).
32À côté des constructions européennes au centre-ville (arrondissements Un et Trois), les Chinois ont fait construire plusieurs quartiers à proximité de la station Chương Dương Hàm Tử (arrondissement Un) et à Cholon, la rue Trần Văn Kiểu… Les maisons sont souvent à deux étages, le rez-de-chaussée est destiné au commerce ou à la production, et l’étage au dessus sert d’habitation.
33Jusqu’en 1912, une route reliant les pays d’Indochine faisait défaut. Le gouver neur Albert Sarraut a initié le plan d’aménagement du réseau routier dans le cadre de l’arrêté du 18 juin 1918. L’axe important est la « grande route mandarinale » ou la route coloniale n° 1. Cette route de 2585 km partant de la Chine à la frontière thaïlandaise est une artère Nord-Sud, liant les quatre grandes villes (Hanoï, Huế, Saïgon et Phnom Penh). En outre, la France a construit les routes partant du centre- ville de Saïgon vers les provinces : Saïgon - Thủ Dầu Một, Saïgon - Cà Mau (Saïgon - Mỹ Tho, Mỹ Tho - Cần Thơ, Cần Thơ - Cà Mau), Saïgon - Châu Đốc, Saïgon - Gò Công, Saïgon - Phnom Penh, Cholon - Hóc Môn - Tây Ninh, Cholon – Cần Giuộc, etc. (Teston et Percheron, 1931).
34Le réseau routier interurbain de Saïgon et Cholon est relativement convenable, pourvu de plusieurs boulevards goudronnés9 rendant la circulation à Saïgon très animée.
35Pour décrire les moyens de transport à Saïgon, Vương Hồng Sển a écrit :
Les fonctionnaires et les riches achètent les bicyclettes. On ne sait pas du tout à l’époque ce qu’est un moteur. Quand on voit un véhicule marcher sans cheval ni vache, on l’appelle « véhicule-machine ». Les pneus sont dans un premier temps compacts, peu confortables, sur des routes de mauvaise qualité. Les chambres à air sont inventées dans un second temps. C’est confortable mais au cas où le pneu est crevé, comment fait-on ? La motocyclette est un luxe récent. Les riches utilisent la motocyclette dont l’arrière est couvert d’une plaque de verre pour prendre de la lumière. Les Français l’appellent voiture malabare parce que les conducteurs sont pour la plupart malaisiens. Les voitures en forme de citrouille, plus jolies que les motocyclettes à plaque de verre, sont utilisées par les femmes pour faire les courses. Les personnes plus aisées possèdent des véhicules à un ou deux chevaux.
La première marque de voitures est Peugeot Panhard Delage qui nécessite de bien chauffer le moteur avant de rouler. Les premières personnes possédant des voitures sont les millionnaires et les fonctionnaires de haut niveau, dont M. Lê Phát An. Le gouvernement possède en 1923 une centaine de voitures immatriculées de C-1 à C-100, la Delage C-100 du Gouverneur de la Cochinchine est la plus luxueuse. (Vương Hồng Sển, 1991 : 302.)
Saïgon à l’époque de l’occupation américaine 1954-1975
36À cette époque, le processus d’urbanisation à Saïgon a franchi une nouvelle étape dans sa croissance et a connu des bouleversements provoqués par l’afflux des migrants (Lê Quang Hậu, 2002 : 584 - 593). Les Américains et l’administration du Sud du Vietnam de Ngô Đình Diệm ont encouragé les catholiques du Nord à venir s’installer dans le Sud. À partir de 1955, 860206 catholiques ont migré au Sud. Ces réfugiés étaient répartis dans 6 régions dont Saïgon qui comptait 655669 personnes (Đặng Phong, 2004 : 51-52). Le nombre de migrants vers Saïgon sera croissant durant les années qui suivent. Le taux d’habitants urbains du Sud est passé de 10 % en 1960 à 30 % en 1965 (Trần Văn Giàu, 1998 : 334).
37En 1960, soit au commencement de la seconde guerre du Vietnam, 20 % de la population du Sud du Vietnam vivaient en milieu urbain, ce taux était de 26 % en 1964, 36 % en 1968 et atteignait un niveau beaucoup plus élevé en 1971. Il s’agissait d’un taux d’urbanisation deux fois plus important que celui des pays en développement dans la même décennie. La population de Saïgon en 1970 était de 3 000 000 personnes, à savoir dix fois plus importante que dans la période précédente (Trịnh Duy Luân, 2004 : 75). La population augmentait plus vite dans les périphéries alors que la population intra-muros n’était pas plus importante que dans les autres villes du Sud comme Huế, Đà Nẵng, Biên Hòa, Cần Thơ…
38En 1971, Saïgon représentait 43 % de la population urbaine du Sud mais ce taux n’était que 20 % si l’on excluait la population périphérique. Les ¾ des citadins ne sont pas nés à Saïgon. La croissance démographique de Saïgon s’explique essentiellement par la guerre et aussi pour des raisons économiques (Gabrien Kolkho, 1991 : 208).
39Les arrondissements périphériques tels que Bình Thạnh, Gò Vấp, Tân Bình et l’arrondissement Huit ne bénéficièrent que très peu des retombées de projets d’inves tissement de cette période.
40Avant 1970, le district de Bình Thạnh avait une économie essentiellement agricole. À partir des années 1970, les investisseurs vietnamiens et étrangers y ont beaucoup investi. Bình Thạnh dispose de deux centres urbains animés avec les activités commer ciales et industrielles : Thị Nghè et Bà Chiểu. Pendant la guerre contre les Américains, Bà Chiểu était le centre administratif et militaire de la province Gia Định (Tôn Nữ Quỳnh Trân, 1995 : 216).
41À partir de 1917, Gò Vấp est devenu l’un des quatre arrondissements de la province Gia Định (Gò Vấp, Hóc Môn, Nhà Bè, Thủ Đức). L’administration améri caine et celle de Saïgon ont considéré Gò Vấp comme un arrondissement suburbain et l’ont divisé en deux parties distinctes : base révolutionnaire à dominante agricole pendant la guerre contre les Français et les Américains et la zone suburbaine défen dant le quartier général des armées d’occupation. À cette époque, Gò Vấp était une « société agricole et militarisée ». Les zones contrôlées par les Américains et les zones à proximité des grands axes et des bases militaires ont vu se développer les « sociétés noires » contrôlant les jeux, la drogue et la prostitution, etc. (Mạc Đường, 1994 : 83). Les infrastructures construites à Gò Vấp ne sont destinées qu’à des fins de logistique militaire. Il n’y a presque pas d’ouvrages d’intérêt public civil.
42Avant 1975, l’arrondissement Huit comptait 200 000 personnes réparties de façon hétérogène et concentrées dans les quartiers commerciaux, à savoir les communes de Xóm Củi, Hưng Phú, Rạch Ông et Bình Đông. Les Chinois représentaient 20 % de la population totale de l’arrondissement. L’activité principale restait à dominante agricole. L’arrondissement comptait 858 ha de terres cultivables dont 714 ha pour les cultures annuelles (473 ha de riz et 20 ha de souchet). Les animaux d’élevage sont essentiellement les buffles, les vaches, les cochons et la volaille. L’économie agricole restait sous la forme de l’économie domestique (Comité d’exécution du parti de l’arrondissement Huit, 2000 : 4). En comparaison avec les autres districts, l’arron dissement Huit disposait d’une grande superficie de terres agricoles. Mais les 2/3 des terres étaient laissés en friches à cause des bombardements. La plupart des terres (2/3) étaient aux mains de la classe supérieure. L’économie restait autarcique. Avant 1975, l’arrondissement Huit était :
Un des arrondissements pauvres et peuplés… La plupart des habitants ne disposaient pas de terres arables, les citadins étaient chômeurs ou avaient un travail manuel dans les ateliers artisanaux. Le niveau d’instruction des habitants n’était pas élevé. Les infrastructures étaient dans un état insuffisant, il manquait des écoles et des hôpitaux, il n’y avait pas d’ouvrages culturels. L’environnement social était difficile parce que c’était le lieu d’installation des bandes et groupes criminels. (Comité exécutif du parti de l’arrondissement Huit, 2000 : 6.)
D’une manière générale, l’urbanisation de Saïgon se déroulait de façon inhabituelle de 1954 à 1975. La concentration des habitants et des travailleurs s’opérait sans lien avec l’industrialisation et la capitalisation. Ces deux éléments ne sont pas en fin de compte étrangers à la politique américaine qui consistait à faire de Saïgon un centre politique et économique dépendant des États-Unis et mis au service de la guerre au Vietnam.
Saïgon - Hô Chi Minh-Ville10 depuis 1975
43La totalité du territoire national est passé sous le contrôle de Parti communiste vietna mien en 1975. Tout le pays est entré dans la phase d’édification du pays et de dévelop pement économique. Le Vietnam a mis en place la politique d’économie planifiée et centralisée à orientation socialiste, une économie où la composante publique et collective joue le rôle primordial.
44Après l’unification du pays en 1975, l’organisation institutionnelle et la politique qui n’étaient appliquées qu’à la région Nord sont étendues à toute la République Démocratique du Vietnam. Pourtant, l’embargo imposé par les États-Unis, la politique d’hostilité du Cambodge et de la Chine sont un défi pour l’économie du pays. Parallèlement, la faible efficacité de la stratégie d’industrialisation basée sur l’industrie lourde fut source de crises graves durant les années 1980. Elles ont poussé le Gouvernement du Vietnam à réaliser des réformes pour orienter l’économie du pays vers l’économie de marché en 1986. Cette politique d’innovation signifiait la remise en cause du modèle d’une agriculture collectivisée, l’adaptation des entreprises d’État au marché, l’encouragement des investissements particuliers et étrangers…
45Durant la période précédant le renouveau (1986), l’État avait nationalisé la quasi- totalité des industries dans les villes, créé des coopératives agricoles en milieu rural et instauré le monopole de l’État dans la fixation des prix des marchandises et la distri bution des ressources nationales. Les industries lourdes étaient le secteur prioritaire dans le développement économique. La migration était strictement contrôlée afin de minimiser les coûts liés à l’urbanisation et l’industrialisation. Après 1986, l’économie a commencé à se développer rapidement, les nouvelles politiques sont expérimentées. Le contrôle du carnet de famille (le fameux « hộ khẩu ») devient moins sévère, ce qui contribue à la croissance rapide de la population urbaine liée à l’exode rural11.
46À partir de 1976, les autorités centrales de la ville ont autorisé les arrondissements à réorganiser les unités de production. Selon les données provisoires, la ville comptait 754 établissements collectifs de production employant 35655 personnes et 13250 établissements privés de production avec plus de 67794 salariés (Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, 1977 : 4). Le nombre d’entreprises à caractère industriel et artisanal restait inchangé. Durant cette période, il n’y a pas de nouvelle construction d’usines et de zones industrielles, il s’agit simplement de l’aménagement ou de l’élar gissement des établissements existants. Le secteur public national représentait de 70 à 75 % de la production industrielle et les entreprises locales représentaient 21 % des établissements. Plus de 25000 hectares ont été défrichés. Plusieurs fermes collectives et usines ont été construites. Les groupes et coopératives agricoles ont été créés en 1979. Malgré les efforts déployés par la ville, l’économie ne se développait pas durant cette période en raison du régime de centralisation et de planification12.
47En agriculture, les districts suburbains disposaient d’une grande quantité de terres abandonnées tandis que la population souffrait de la pénurie de vivres. Dans ce contexte, la cellule du parti de Hô Chi Minh-Ville a mis en place la politique visant à transformer les périphéries en corridors alimentaires couvrant les besoins de la ville en légumes, viandes, poissons et œufs, pour répondre à la demande alimentaire des habitants périphériques et au besoin de l’élevage devenu activité de production princi pale et afin de constituer ainsi une source de marchandises pour l’exportation et des matières premières pour la production industrielle et artisanale (Cellule du parti de Hô Chi Minh-Ville, 77 : 19). La résolution du congrès du parti de Hô Chi Minh-Ville a également prévu de :
Bien saisir toutes les opportunités et tirer profit des technologies disponibles, valoriser les atouts de l’industrie, notamment l’industrie légère et artisanale pour produire les articles au service de la consommation finale des habitants et de la consommation intermédiaire de l’agriculture, notamment dans les zones périphériques, accorder la priorité au développement des industries lourdes nécessaires pour avoir une structure rationnelle des industries. (Cellule du parti de Hô Chi Minh-Ville, 1977 : 12.)
Sur le plan du réseau de transports, après la libération, Hô Chi Minh-Ville a hérité des infrastructures de base de l’ancien régime. Ces dernières construites pour les fins militaires n’étaient pas homogènes et étaient concentrées dans les bases militaires. Les nouvelles constructions n’étaient pas nombreuses et très limitées en termes de capacité. Les ouvrages à intérêt public n’avaient pas reçu les investissements adéquats.
48Dans ce contexte, le 4e congrès du Parti communiste de Hô Chi Minh-Ville tenu en octobre 1986 a fait le bilan des résultats obtenus dans le secteur économique
[...] les établissements industriels ont investi dans les équipements et la création de nouvelles unités de production pour servir les besoins d’exportation et la consommation intérieure… La petite industrie et l’industrie artisanale continuent à se développer, à produire les marchandises diversifiées et à créer des emplois. (Cellule du parti de Hô Chi Minh-Ville, 1996 : 88.)
Après 5 ans de mise en place de la politique de renouveau, l’économie de Hô Chi Minh-Ville s’est développée et a attiré un grand nombre de migrants de nombreuses provinces du pays. Durant la période 1989-1995, la population de la ville a une croissance moyenne annuelle de 2,8 % (contre 2 à 2,2 % pour le taux national), soit 120 000 personnes en plus chaque année. Selon les données de l’office provincial de la statistique, le taux de croissance démographique naturelle se maintient aux alentours de 1,6 à 1,7 % durant cette période, ce qui signifie que l’accroissement migratoire était de 1,1 à 1,2 %/an (Trương Sĩ Ánh, 1996 : 88).
Tableau 2.1 : Les migrants à Hô Chi Minh-Ville de 1975 à 1994
Période | Nombre de migrants | Migrants/année | Taux de migration annuelle |
1976-1980 | 82989 | 20 747 | 0,64 |
1981-1985 | 125 847 | 25 169 | 0,75 |
1986-1990 | 178 916 | 44 729 | 1,20 |
1991-1994 | 202 129 | 50 532 | 1,23 |
Total | 589881 | 34699 |
Source : Office de la Statistique de Hô Chi Minh-Ville, 1994 ; 1995.
Selon les données mises à jour au 1er juillet 1996 du Comité de Gestion de l’immi gration de Hô Chi Minh-Ville, la ville comptait 3,3 millions d’immigrants en 1976 et 4,8 millions en 1996, soit une croissance de 45 %. Rien que de 1990 à 1996, la population de la ville augmente de 100 000 à 120 000 personnes par an. Cette augmentation est de plus en plus conséquente. Si durant les années 1981-1985 on assistait à une croissance de 130 000 personnes, les années suivantes (1986-1990) ce nombre était porté à 185000 personnes et à 213000 personnes (1991-1995). Au total 714840 personnes se sont installées à Hô Chi Minh-Ville de 1976 à 1996. Une famille sur quatre est composée des migrants. Ces foyers se concentrent dans les districts de Tân Bình (23628 foyers), Bình Thạnh (17958 foyers) et l’arrondissement Huit (14824 foyers). Les personnes qui n’ont pas de carnet de résidence se trouvent essen- tiellement aux districts de Tân Bình (84529 foyers), Thủ Đức (58038), Bình Thạnh (57738), Gò Vấp (42992) (Comité de Gestion de l’Immigration de Hô Chi Minh-Ville, 1996 : 7). Selon le journal Les travailleurs (Người Lao Động) du 16 janvier 1998, « Environ 576186 personnes ont immigré à Hô Chi Minh-Ville de 1976 à 1996, soit 28809 personnes par an en moyenne ». Il s’agit du chiffre officiel. Le nombre effectif devrait être plus élevé.
49Les données statistiques ont montré qu’après le « Đổi Mới », la plupart des immigrants s’installaient dans des arrondissements suburbains de Hô Chi Minh-Ville. Cela est compréhensible parce qu’à cette époque, ces arrondissements disposent d’une réserve de terrains très importante, il s’agit de terres arables et constructibles. Les immigrants ont plus de facilité pour la location de logement par rapport au centre- ville. Par ailleurs, la ville a appliqué de 1990 à 2007 la politique de délocalisation des usines et des ateliers de production vers la banlieue, ce qui a créé des emplois pour la nouvelle main-d’œuvre de la campagne. Les immigrants ont choisi les zones périphériques pour y vivre à moindre coût et pour avoir un mode de vie plus proche de leur village.
50Les politiques de création d’emploi et d’assistance aux travailleurs sont attrac tives pour les immigrés. Le 5e congrès de la cellule du Parti communiste de Hô Chi Minh-Ville (10-1991) a constaté que :
Une partie des habitants de Hô Chi Minh-Ville a un niveau de vie plus élevé, le revenu des ouvriers a augmenté. 280 000 emplois ont été créés dont près de 150 000 générés par le secteur privé. (Cellule du parti de Hô Chi Minh-Ville, 1991 : 16.)
Par ailleurs, la politique « de forfait des produits13 » a généré des surplus de travailleurs. Une partie d’entre eux venait en ville pour gagner leur vie.
51En bref, l’urbanisation à Hô Chi Minh-Ville est à l’origine de l’exode rural et ce sont les zones périphériques qui attirent le plus d’immigrants.
Les zones périurbaines de Hô Chi Minh-Ville après 1986
Notion de périurbain
52La notion de « périurbain » n’est abordée par les chercheurs urbanistes que depuis peu. Cette notion est utilisée dans les études du domaine qu’on appelle communément « urbanisation du Tiers-Monde », il s’agit en fait des changements contemporains des villes des pays en développement.
53Le dictionnaire Wiktionnaire définit la zone périurbaine comme une zone proche du centre urbain, entre la banlieue et la campagne (http://en.wiktionary.org/wiki/peri- urban). Selon Michael Leaf, le terme périurbain est composé de deux qualificatifs : périphérique et urbain (Michael Leaf, 2008).
54Dans la note des termes utilisés dans le State of the environnement de 2001 du ministère australien de l’Environnement, la zone périurbaine est décrite : « Zones d’habitation à faible densité, les routes sont situées en périphérie des zones urbaines. Il reste quelques zones agricoles au milieu du réseau des résidences périurbaines » ou « zones de transition où se juxtaposent les activités urbaines et agricoles, les caractéristiques des paysages ont rapidement changé sous l’impulsion des activités humaines » (Leaf, 2005 : 142).
55D’après Terry McGee, la zone périurbaine est le lieu d’interaction entre la ville et la campagne. Pour arriver à une définition plus exacte de la zone périurbaine, il convient de se baser sur les caractéristiques de chaque mégapole. Selon cette défini tion, la zone périurbaine n’a pas une position fixe en termes de géographie. Dans les mégapoles, le centre urbain continue à s’élargir par le biais de la redéfinition des frontières administratives, comme dans le cas de Hanoï et Hô Chi Minh-Ville. Les banlieues continueront à s’élargir à l’encontre des zones rurales. Les zones périur baines sont certes sous les mêmes influences d’éléments socio-économiques. Mais les zones urbaines se différencient par le niveau de développement sur le plan écono mique, politique et culturel des pays et régions (McGee, 2008 : 62).
56La fusion des provinces avoisinantes de Hanoï validée le 1er avril 2008 a fait tripler la superficie de Hanoï et augmenté sa population de 5 millions de personnes. Les autorités de Hô Chi Minh-Ville ont soumis en avril 2008 au gouvernement une note sur le plan d’aménagement de Hô Chi Minh-Ville à l’horizon de 2050. Selon cette note, Hô Chi Minh-Ville pourrait comprendre tout le territoire des provinces de Bình Phước, Long An, Tây Ninh, Bình Dương, Đồng Nai, Bà Rịa-Vũng Tàu, Tiền Giang avec une superficie totale de 30404 km2 et un rayon de 150 à 200 km. Une fois le projet approuvé, Hô Chi Minh-Ville serait fusionnée à ces provinces ce qui porterait la population de 18 à 20 millions d’habitants, Hô Chi Minh-Ville devenant la 3e grande métropole en Asie du Sud-Est. Cette fusion modifiera certainement l’état de l’urbani sation au Vietnam.
57Selon cette approche :
La zone périurbaine est une zone en phase d’urbanisation. Elle représente le point de transition, intermédiaire, entre la campagne et la ville, entre le calme et l’animation, entre le caractère conservateur des paysans et ouvert des citadins, le lieu de transformation des besoins de la campagne en ville et d’inférence du style de vie urbain à la campagne. (Tôn Nữ Quỳnh Trân, 2005 : 77.)
Il s’agit d’une dynamique fondamentale des relations économiques, culturelles et sociales, de transformation de l’économie rurale en économie non rurale, des formes d’habitat mettant en péril les maisons traditionnelles en forme de T, maisons à deux compartiments (nhà sấp đội), transformées en building témoignant de la métamor phose des paysans en citadins (Tôn Nữ Quỳnh Trân, 2005 : 77).
58En termes géographiques, les zones périurbaines ne sont pas simplement compo sées des arrondissements/districts aux alentours d’une ville. Elles comprennent également les nouveaux arrondissements en position intermédiaire entre le centre urbain et la banlieue. Selon l’Institut d’aménagement de Hô Chi Minh-Ville, les arron dissements périphériques différencient des arrondissements urbains ou des districts en banlieue par leur nature mixte mi-rurale, mi-urbaine. La superficie agricole y repré sente de 10 à 30 % de la superficie totale. Il s’agit d’une réserve potentielle de terrains agricoles à transformer à des fins urbaines. Dans la continuité du développement et de l’élargissement du centre urbain, les zones périurbaines sont des zones « pare-chocs » qui, après la période de développement, s’intégreront aux zones suburbaines.
59Les zones périurbaines sont le corridor entre la mégapole et les campagnes aux alentours. Sous forte influence de la culture urbaine, elles conservent plusieurs éléments ruraux, il ne s’agit plus de la campagne, ni non plus une vraie ville (Nguyễn Thế Cường, 2008 : 11).
60Les définitions changent en fonction des critères choisis : économie urbaine, socio logie, urbanisme, etc. Les chercheurs s’accordent pour dire que les zones périurbaines sont les zones en transition de la campagne à la ville, des zones de proximité des villes.
61Les zones périurbaines sont donc sous l’influence de l’urbanisation. Les districts se transforment en arrondissements dès que la superficie agricole diminue. Les nouveaux arrondissements issus des districts sont considérés comme des zones périur baines parce que les districts restants sont sous la forte influence de l’urbanisation. C’est le cas de Thủ Đức, des arrondissements Deux, Neuf et Sept, du district de Nhà Bè (1997) et des districts de Bình Tân, Bình Chánh, de l’arrondissement Douze et du district de Hóc Môn (2003). Les zones périurbaines de Hô Chi Minh-Ville, à la fin du xxe siècle et au début du xxie siècle, sont le district de Thủ Đức, les arrondissements Deux, Neuf, Sept, Huit et Douze, le district de Nhà Bè, Bình Chánh, Hóc Môn.
Aperçu de la zone périurbaine de Hô Chi Minh-Ville
62Le phénomène d’immigration qui apparu après 1986 à Hô Chi Minh-Ville a entraîné le changement de la structure administrative de la ville. Des immigrés affluent dans les arrondissements périphériques et les districts de banlieue, ce qui oblige les autorités à réorganiser les arrondissements ainsi que les districts. L’arrêté 03/NĐ-CP du Gouvernement du 6 janvier 1997 a crée cinq arrondissements par le détachement du district de Thủ Đức, d’une partie du district de Hóc Môn et de celui de Nhà Bè. Le district de Thủ Đức est alors divisé en trois nouvelles unités administratives : arrondissements Deux, Neuf et Thủ Đức. Le district de Hóc Môn se scinde en deux : la partie la plus urbanisée devient l’arrondissement Douze, l’autre encore dominée par les caractères ruraux garde encore son nom ancien de Hóc Môn. Il en est de même pour le district de Nhà Bè dont une partie est transformée en l’arrondissement Sept, le reste relevant du district de Nhà Bè.
63À peine six années plus tard, la réorganisation reprend de plus belle. Quelques communes du district de Bình Chánh connaissant une forte urbanisation, sont séparées de l’ancien district pour devenir finalement le district de Bình Tân. En ce qui concerne le district de Tân Bình, la population croissante a également entraîné sa division en deux parties. Le nouvel arrondissement est donc baptisé de Tân Phú après l’arrêté 130/NĐ-CP.
District de Thủ Đức
64Le district de Thủ Đức se trouve au Nord-Est de la ville, d’une superficie de 47,76 km2 avec 12 quartiers dont les noms sont empruntés aux anciennes communes : Linh Đông, Linh Tây, Linh Chiểu, Linh Trung, Linh Xuân, Hiệp Bình Chánh, Hiệp Bình Phước, Tam Phú, Trường Thọ, Bình Chiểu, Bình Thọ, Tam Bình. En 2007, la population a atteint 368032 habitants (Comité populaire du district de Thủ Đức, 2007), la densité moyenne de population était de 7706 habitants/km2.
Tableau 2.2 : La population de Thủ Đức, 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 168 797 | 3 516 |
2000 | 216 582 | 4 512 |
2003 | 250296 | 5.214 |
2007 | 368 322 | 7 706 |
Source : Annuaire statistique du district de Thủ Đức et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
Depuis sa promotion en « arrondissement », de nombreux axes de circulation à Thủ Đức ont été améliorés telles les routes nationales 13, l’autoroute Hanoï14, l’autoroute Đại Hàn15. Plusieurs rues sont apparues en profitant de l’afflux des marchandises, de l’industrie et de l’agriculture. Le district de Thủ Đức possède une infrastructure assez complète, avec notamment un réseau routier de plus de 170 km de longueur, ce qui favorise la circulation et le transport.
65Avant 1997, lorsque Thủ Đức était un district de banlieue, la majorité de la popula tion vivait de l’agriculture. Le marché de Thủ Đức et les zones voisines de Linh Trung I connaissaient un haut niveau d’urbanisation. En 2007, malgré la scission en trois parties, le district de Thủ Đức était la zone la plus développée, la plus urbanisée de l’ancien district.
66Au sein du district de Thủ Đức, il y a la zone de fabrication pour l’exportation Linh Trung I et Linh Trung II, des zones d’industrie telles que Bình Chiểu, Tam Bình, Bắc Thủ Đức. On compte en plus d’autres zones industrielles qui se trouvent tout près de Thủ Đức comme celles de Bình Dương, Sóng Thần, Tam Bình. Toutes ces zones d’« export » et d’industrie constituent l’élément déterminant incitant les employés à venir travailler et résider à Thủ Đức, ce qui conduit à une urbanisation très rapide.
67En 1996 et 1997, dès la création des zones d’industrie Linh Trung II et Bình Chiểu, l’urbanisation s’accélère avec l’élargissement des rues et l’apparition de site pour l’accueil des entreprises, des usines ou des logements destinés aux ouvriers.
68Début 2000, la fièvre foncière s’est emparée des communes de Hiệp Bình Phước, Hiệp Bình Chánh. La commune de Hiệp Bình Chánh se trouvant tout près de la zone intra-muros, les habitants s’empressaient d’acheter des terrains pour se faire construire des maisons. Le phénomène a abouti à faire monter sans cesse le prix foncier. Ici, les propriétaires tracent eux-mêmes les lotissements, agrandissent les chemins de leur propre initiative dans le but de vendre, dans le désordre le plus ahurissant. Des parcs d’abricotiers sont ainsi réduits à peu de chose.
69En 2003, les zones les plus urbanisées à Thủ Đức se trouvent dans les communes de Linh Chiểu, Bình Thọ, Linh Tây, où la densité de population s’élève à plus ou moins 12500 habitants/km2 ; celle de la commune de Linh Đông atteint 8453 habitants/km2.
Arrondissement Deux
70L’arrondissement Deux, après avoir été séparé de son district de Thủ Đức en 1997, couvre une superficie de plus de 49,74 km2 avec 11 communes telles que Thảo Điền, An Phú, Bình An, An Khánh, Bình Khánh, Thủ Thiêm, An Lợi Đông, Bình Trưng Tây, Bình Trưng Đông, Thạnh Mỹ Lợi, Cát Lái. L’arrondissement est entouré des fleuves Đồng Nai et Saïgon au Sud, à l’Est et sur une partie du nord de l’arrondis sement, le reste est frontalier avec l’arrondissement Neuf et le district de Thủ Đức. En 2007, sa population était de 133 257 habitants, et sa densité de 2679 habitants/km2. Il compte plus de 50 km de voie terrestre. Quelques voies de communication impor tantes comme les rues Trần Não, Lương Định Của, des rues intercommunales, rues d’interzones… favorisent la circulation. La voie navigable constitue un des avantages de l’arrondissement puisque celui-ci dispose de trois accès aux grands fleuves. C’est aussi dans cet arrondissement que l’on trouve un intense réseau de canaux et d’arroyos. Les petites barques sont en mesure de servir aux transports de marchandises jusqu’aux grands fleuves où elles sont transbordées sur les grands bateaux.
Tableau 2.3 : La population de l’arrondissement Deux 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1998 | 93 779 | 1 885 |
2000 | 104 603 | 2 102 |
2003 | 109 507 | 2 201 |
2007 | 133257 | 2 679 |
Source : Annuaire statistique de l’arrondissement Deux et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
71Depuis la formation du district de Thủ Đức, l’urbanisation des quartiers Thảo Điền, Bình An, An Khánh a pris une cadence plus rapide. Depuis 1999, des plans de construction de maisons et de villas de luxe ont été mis en œuvre tandis que les alentours tels que les quartiers An Lợi Đông, Thạch Mỹ Lợi, Cát Lái, Bình Trưng Đông, Bình Trưng Tây… demeurent agricoles.
72Entre 2001 et 2002, l’urbanisation dans l’arrondissement Deux a proprement explosé. Cela est dû aux projets d’aménagement des zones d’habitation, d’élargis- sement des routes, d’ajouts de ponts et chaussées… La rue Trần Não de 6 m de largeur et couverte de sable rouge est aujourd’hui élargie à quatre voies et s’étend jusqu’aux berges du fleuve Saïgon. Il en est de même de la rue Lương Định Của, la partie de la croisée Trần Não - Lương Định Của jusqu’au quartier An Phú, qui n’était qu’une route asphaltée de 6 m de largeur, atteint aujourd’hui 10 m.
73En 2001, comme la transaction foncière et la construction des maisons se faisaient agressives, nombre de gens sont allés acheter des terrains pour construire ailleurs. Grâce à des ventes de terrains, les autochtones eux aussi ont été en mesure de s’offrir des maisons. D’anciennes rizières ou vergers sont actuellement devenus de nouvelles zones d’habitation mélangeant toute sorte de construction de maisons : les unes sont solides, d’autres moyennement solides, certaines franchement provisoires créant un plan d’occupation du sol anarchique. Actuellement, une nouvelle zone d’urbanisation prend forme petit à petit avec une superficie de 657 ha. Thủ Thiêm sera dans l’avenir le nouveau centre de la ville, pour s’élargir sur l’autre bout du fleuve de Saïgon en passant par la péninsule de Thủ Thiêm. Ce nouveau centre permettra de répondre aux besoins immédiats de développement sans exclure la perspective future d’une agglo- mération de plus de 10 millions d’habitants.
Arrondissement Neuf
74L’arrondissement Neuf est l’un des trois arrondissements issus du district de Thủ Đức en 1997. Le sud et l’ouest de l’arrondissement sont entourés du fleuve Saïgon. Le Nord est limitrophe de la province de Bình Dương, l’Est et le Sud-Est bordent le Thủ Đức et l’arrondissement Douze. Il comprend 13 quartiers : Phước Bình, Hiệp Phú, Phước Long A, Phước Long B, Tăng Nhơn Phú A, Tăng Nhơn Phú B, Long Trường, Trường Thạnh, Tân Phú, Long Thạnh Mỹ, Long Bình, Long Phước, Phú Hữu. Sa superficie est de 114 km2, le nombre d’habitants recensés en 2007 était de 221314 habitants avec une densité de 1941 habitants/km2.
Tableau 2.4 : La population de l’arrondissement Neuf 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 129215 | 1 133 |
2000 | 152 229 | 1 335 |
2003 | 164 834 | 1 445 |
2007 | 221 314 | 1 941 |
Source : Annuaire statistique de l’arrondissement Neuf et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
Le système de circulation de l’arrondissement reste encore modeste par rapport à une telle superficie. En 2009, on compte 43 rues avec une longueur totale de 150 km, la plupart d’entre elles ont été asphaltées. L’arrondissement dispose également de l’autoroute de Hanoï, voie stratégique menant aux provinces du Sud-Est du pays. En dehors des voies importantes, les petites rues de l’arrondissement sont couvertes de sable rouge.
75Étant une partie de l’ancien district de Thủ Đức, l’arrondissement Neuf se diffé rencie des deux autres par son urbanisation peu rapide sur une aire à dominante agricole. Jusqu’en 2000, surtout en 2001, l’urbanisation ne s’amorce que lorsque certaines entreprises apparurent. Ce changement s’accentue dans les zones où s’ins tallent des entreprises telles que les quartiers Tăng Nhơn Phú A, Tăng Nơn Phú B, Phước Long A et Phước Long B en particulier.
Arrondissement Sept
76L’arrondissement Sept a été baptisé en 1997 sur une aire isolée du district de Nhà Bè. Il regroupe dix quartiers : Phú Mỹ, Phú Thuận, Tân Phú, Tân Thuận Đông, Bình Thuận, Tân Thuận Tây, Tân Kiểng, Tân Quy, Tân Phong, Tân Hưng avec une superficie de 35,9 km2. La population recensée en 2007 était de 198958 habitants et la densité de 5575 habitants/km2.
Tableau 2.5 : La population de l’arrondissement Sept 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 90 958 | 2 533 |
2000 | 114 039 | 3 176 |
2003 | 146 540 | 4 081 |
2007 | 198 958 | 5 575 |
Source : Annuaire statistique de l’arrondissement Sept et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
Les voies importantes de l’arrondissement Sept sont le boulevard Nguyễn Văn Linh (au croisement du nord de Nhà Bè et du Sud de Bình Chánh) qui lie la route nationale conduisant aux provinces de l’Ouest ; la rue Huỳnh Tấn Phát (route communale 22) menant à Nhà Bè et Cần Giờ ; la rue Lê Văn Hương (route provinciale 34) se dirigeant vers Cần Giuộc-Long An ; la rue Nguyễn Thị Thập. L’autoroute Nord-Sud (arrondis sement Quatre au district de Nhà Bè, faisant partie de la route Nord-Sud de la ville), est la voie principale qui lie l’arrondissement Sept au centre-ville. De plus, les rues des nouvelles zones d’habitation en construction permettent une bonne circulation des voitures.
77Il s’agit d’une région de terre basse avec une multitude de petits fleuves côtiers et de marécages. Depuis 1992, l’urbanisation y est accélérée grâce au projet de construc tion de la ZEP Tân Thuận et la construction du quartier résidentiel Bình Thuận, réservée aux familles expulsées lors de la construction du port de Bến Nghé. Il en fut de même pour la construction de Tân Mỹ réservée aux foyers qui ont été expulsés pour construire la ZEP Tân Thuận et pour la zone de Tân Phong réservée aux foyers évacués pour construire la ligne de Bình Thuận, et de la zone de résidence Tân Quy. En outre, l’ouverture de la voie Nord-Sud a fait naître tout au long du chemin des zones d’habitation, des écoles, des services dédiés au loisir…
78Dans l’arrondissement Sept, les zones qui connaissent une moindre urbanisa tion se réfèrent à des quartiers au Sud qui se trouvent le long des rives du fleuve Saïgon : Phú Thuận, Phú Mỹ, Tân Phú, Tân Phong, Bình Thuận. Dans ces quartiers, de nombreux centres urbains sont en cours de construction tels que Phú Mỹ Hưng (quartier Tân Phú), la nouvelle zone d’habitation Phú Mỹ prolonge la zone de reloca lisation le long de la rue Nguyễn Thị Thập.
79La zone de forte urbanisation est adjacente à l’arrondissement Quatre. Elle se compose des quartiers de Tân Thuận Tây, Tân Kiểng, Tân Qui, Tân Hưng, Bình Thuận, Tân Thuận Đông. Les quartiers Tân Thuận Tây, Tân Kiểng, Tân Qui rassemblent un nombre très important d’habitants, ce qui a fait passer la densité de 17500 à près de 20 000 habitants/km2. L’urbanisation dans cet arrondissement est identique à ce qu’elle était avant la séparation de celui-ci de son ancien district. Les zones d’habi tation ont poussé le long des rues Trần Xuân Soạn, Huỳnh Tấn Phát, Lê Văn Lương. Ces rues appartiennent à des quartiers Tân Kiểng, Tân Qui qui se trouvent à proximité du pont Phú Xuân (de la commune Phú Mỹ).
80Un point particulier résultant de l’urbanisation de l’arrondissement Sept, est qu’il constitue un pôle attirant des projets d’investissement importants dont celui de la première ZEP du Vietnam : la zone Tân Thuận, où était créée la première zone urbanisée moderne de niveau international du Vietnam - Phú Mỹ Hưng.
District de Nhà Bè
81Situé au Sud-Est de Hô Chi Minh-Ville, il est entre le district de Cần Giuộc de la province Long An au Sud, le district de Cần Giờ et Nhơn Trạch de la province Đồng Nai à l’Est, le district de Bình Chánh à l’Ouest et l’arrondissement Sept au Nord. Nhà Bè constitue un lieu stratégique, la porte d’entrée Sud-Est de la ville. C’est là que la voie navigable communique avec la mer par l’intermédiaire du fleuve Soài Rạp, ainsi qu’avec le système de voie locale pour accéder à Long An, Tiền Giang et les autres provinces du delta du Mékong par les canaux Ông Lớn et Cây Khô.
82L’espace naturel du district s’étend sur 100,41 km2, divisés administrativement en un bourg (Nhà Bè) et 6 communes : Phú Xuân, Long Thới, Hiệp Phước, Nhơn Đức, Phước Kiến, Phước Lộc. Le district compte 76985 habitants (2007) avec une densité moyenne de 767 habitants/km2.
Tableau 2.6 : La population de Nhà Bè 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 59 880 | 596 |
2000 | 65 944 | 656 |
2004 | 73206 | 743 |
2007 | 76 985 | 767 |
Source : Annuaire statistique du district de Nhà Bè et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
L’ancien district de Nhà Bè a une frontière en commun avec la zone intra-muros. Pendant des années, la partie Nord qui se trouve à côté de l’arrondissement Quatre a connu une urbanisation assez rapide. En raison de la croissance rapide de la popula tion, l’ancien district de Nhà Bè est devenu l’arrondissement Sept. Le nouveau district de Nhà Bè est la partie au Sud, là où les activités agricoles continuent.
83Nhà Bè se trouve dans la zone de plaine basse, zone marécageuse où il y a de nombreux lacs et fleuves. L’ensemble de fleuves, canaux et arroyos occupe 2388 ha, ce qui correspond à 24,8 % de la superficie naturelle du district. Tout cela empêche le développement de l’urbanisme, la construction des logements ainsi que des infrastructures.
84En 1997, après le redécoupage, le district de Nhà Bè hérite d’une infrastructure peu développée. Le système de circulation du district demeure faible, les terrains marécageux ne favorisant pas les constructions. La majorité des voies sont étroites et en terre. Ces chemins sont souvent inondés lors de la marée haute, et présentent un aspect bourbeux en saison de pluie. Les ponts de fer et de bois n’ont qu’une faible capacité de charge.
85Bien que moins favorisé par la nature, le district de Nhà Bè s’est engagé, dès sa création, dans la construction d’infrastructures. Les routes communales 34, 39, et la route provinciale 11 ont été élargies, portées à une catégorie supérieure et asphaltées. Quelques ponts en position stratégique sont bétonnés comme le pont Mương Chuối (d’une longueur de 198 m, d’un tonnage estimé de 30 tonnes), le pont Hiệp Phước (d’une longueur de 383 m)… La voie à peine ouverte conduisant de l’arrondissement quatre à Hiệp Phước (au bout de la partie de l’autoroute Nord-Sud traversant la ville) est considérée comme importante pour relier Nhà Bè et le centre-ville. Le système de ponts et chaussées permettant de communiquer avec les quartiers a été par ailleurs réparé : 80 % d’entre eux ont été améliorés, couverts de sable rouge dans le but de favoriser la circulation ainsi que le commerce.
86La stratégie de développement de la partie Sud-Est de la ville a accéléré l’urbani- sation du district. Dès que le système d’infrastructures susmentionné fut mis en état, et que les voies importantes, telles que la voie provinciale 11 (du pont Phú Xuân au débarcadère pour bac Bình Khánh), les routes communales 34, 35, ont été achevées l’urbanisation a pris son envol. Des maisons, des zones d’habitation, des établisse- ments de commerce ou de service ont poussé sur les deux bords des rues. Sans oublier les vergers, les rizières, et des étangs qui existent toujours derrière.
87Dans le district de Nhà Bè, de nombreux projets de construction de zones d’habi- tation sont en cours, notamment la zone résidentielle Long Thới d’une superficie de 26 ha, celles de la commune de Phước Kiển et la nouvelle zone d’urbanisation Nhà Bè, pour répondre aux besoins d’une population de 68000 habitants. Il en est de même dans le domaine de la santé, des écoles et du commerce…
Arrondissement Huit
88L’arrondissement Huit se situe au Sud-Ouest de la ville, à proximité des arrondisse- ments intra-muros : le Quatre et le Sept à l’Est, Bình Tân et le district de Bình Chánh à l’Ouest, et au Sud successivement, le Cinq et le Six au Nord.
89Sa superficie est de 19,18 km2, la démographie recensée en 2007 était de 380330 habitants avec une densité de 19830 habitant/km2. L’arrondissement compte en tout 16 quartiers.
Tableau 2.7 : La population de l’arrondissement Huit 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 319 572 | 16 661 |
2000 | 336201 | 17 529 |
2003 | 352 158 | 18 361 |
2007 | 380 330 | 19 830 |
Source : Annuaire statistique de l’arrondissement Huit et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
L’arrondissement possède un réseau de nombreuses voies navigables avec 23 arroyos : Bến Nghé, Bà Là, Lò Gốm, Ruột Ngựa, Đôi, Tàu Hủ… Ce système occupe 20 % de la superficie de l’arrondissement. Les principales lignes routières sont la rue Phạm Thế Hiển, la route nationale 50 et Nguyễn Văn Linh.
90Dans l’arrondissement Huit coexistent les activités agricoles et l’industrie agroa limentaire… Les services de transport fluvial se développent grâce au système d’embarcadères se trouvant à Chánh Hưng, Dương Bá Trạc, Bình Đông, Bình Lợi, Phú Định.
91Cet arrondissement est moitié rural, moitié urbain car les habitants résident massi- vement aux points contigus de la partie intra-muros ou tout au long des rues Phạm Thế Hiển, Chánh Hưng, et le long des arroyos. La densité démographique est moindre dans les zones où les activités agricoles occupent la première place. Ces zones se situent loin du centre de la ville, vers l’ouest et le sud de l’arrondissement, tout près du district de Bình Chánh.
District de Bình Chánh
92Le district de Bình Chánh (nouveau district) a été créé en 2003 grâce à la décompo sition de l’ancien district. Il se situe à l’Ouest et au Sud-Ouest de la ville, à 15 km du centre. Il est voisin du district Hóc Môn au Nord, et des districts Bến Lức, Cần Giuộc (de la province Long An) au Sud, du district Đức Hoà de Long An à l’Ouest, et du district de Nhà Bè, des arrondissements Sept, Huit, et le district du Bình Tân à l’Est. Le district comprend le bourg de Tân Túc et 15 communes. Il s’étend sur une superficie de 252,69 km2, ce qui correspond à 12 % de la superficie de la ville. La population est de 347278 habitants (2007) avec une densité moyenne de 1374 habitants/km2.
Tableau 2.8 : La population de Bình Chánh 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 175 843 | 695 |
2000 | 200 501 | 793 |
2003 | 219 340 | 867 |
2007 | 347278 | 1 374 |
Source : Annuaire statistique du district de Bình Chánh et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
Le découpage administratif effectué en 2003 a contribué à l’accélération de l’urba nisation du district. Les communes appartenant au nouveau district de Bình Chánh connaissent de jour en jour un fort changement : jardins, étangs, rizières ont petit à petit laissé place à de nouveaux logements ou à des usines. Les communes sont plus ou moins soumises à l’urbanisation, selon des niveaux différents, du fait de leur position géographique, des conditions naturelles, du développement des infrastructures et des investissements. Les communes qui se trouvent loin du centre sont moins touchées. C’est le cas de Bình Lợi, An Phú Tây, Bình Hưng, Hưng Long, Lê Minh Xuân, Phạm Văn Hai, Qui Đức, Đa Phước, Phong Phú. D’autres communes comme Tân Kiên, Vĩnh Lộc A, Vĩnh Lộc B, Tân Nhật à proximité des districts de Bình Tân, Tân Phú, rassemblent un grand nombre d’usines, de zones d’habitation, d’infrastructures ; elles se trouvent donc au plus haut niveau d’urbanisation : des logements sont construits en grande quantité, les activités commerciales et de services y sont plus animées.
93Bình Chánh est réputé pour être la porte d’entrée ouest de la ville car ce district est traversé par des voies stratégiques : la route nationale 1A – voie importante conduisant de l’Est au Sud-Ouest, la route provinciale 50 servant à relier le district avec ceux de Cần Giuộc, Cần Đước (Long An), la voie interprovinciale 10 – voie de commu nication entre le district et la zone industrielle Đức Hòa (Long An), la rue Nguyễn Văn Linh – ligne située entre la route nationale 1A et la zone Nhà Bè et l’export procession zone 7. Le district de Bình Chánh devient donc un carrefour d’échanges économiques par voie terrestre entre Hô Chi Minh-Ville et les zones industrielles de la région Sud-Est du pays ainsi que la région du delta du Mékong. Ce qui explique le développement économique et social du district de Bình Chánh.
Arrondissement Douze
94L’arrondissement Douze actuel (2007) est l’ensemble de 7 communes séparées de leur district Hóc Môn. Il se trouve au Sud-Ouest de la ville, d’une superficie de 52,5 km2, il compte 329 751 habitants (2007) et une densité de 6248 habitant/km2.
Tableau 2.9 : La population de l’arrondissement Douze 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 125 582 | 2 392 |
2000 | 183 790 | 3 500 |
2004 | 288 080 | 5 487 |
2007 | 329 751 | 6248 |
Source : Annuaire statistique de l’arrondissement Douze et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
Il joue actuellement le rôle de porte d’entrée au Nord-Ouest de la ville. Il dispose déjà depuis longtemps d’un système de routes relativement meilleur que celui des districts suburbains, et d’un système d’infrastructure à l’ouest de l’arrondissement bien géré. À part la route nationale 1A et 22 (qui relie Tây Ninh), l’arrondissement Douze est également traversé par des voies interprovinciales 9, 12, 14, 15, 16 et par de nombreuses autres rues communales. Après le redécoupage, le système de circulation a été à nouveau amélioré. Les anciennes rues ont été améliorées niveau de lộ giới et aussi élargies. De nouvelles voies menant de la zone de Tân Thới Hiệp à Trung Chánh, Bà Điểm et la voie liant Thới An et Thạnh Lộc sont en construction. Des chemins en zone rurale sont couverts de gravier rouge. À travers cet arrondissement, 12 km de la route nationale 1A et 22 ont été élargis et améliorés dans le cadre du projet de création de la voie trans-asiatique. Cette voie stratégique traversera 9 des 10 quartiers, ce qui non seulement accélère l’urbanisation de l’arrondissement, mais aussi encourage le développement industriel.
95C’est aux quartiers Đông Hưng Thuận, Trung Mỹ Tây et Tân Thới Nhất que revient la palme de l’urbanisation. Il y reste quelques espaces agricoles dont 66 ha entreront dans le projet d’installation d’un centre commercial pour l’arrondissement. De grandes entreprises telles que la compagnie de production de la bière Saïgon, ou Coca-Cola, sont installées tout au long des voies principales.
96De nombreuses zones d’habitation bordent les rues, donnant à cet arrondis sement un nouvel aspect. À la place d’un paysage clairsemé de maisons avec jardins luxuriants, la zone est devenue mi-rurale, mi urbaine, typique d’une zone périurbaine. Pourtant, jardins fruitiers, rizières, maisons typiquement rurales ne disparaissent pas complètement de l’arrondissement, et sont encore visibles derrière les maisons au bord des rues.
District de Hóc Môn
97En 1997, on a transformé la partie Sud-Ouest de l’ancien district de Hóc Môn arron dissement Douze. Le reste est devenu le nouveau district de Hóc Môn, se composant d’un bourg appelé Hóc Môn et de 9 communes : Tân Thới Nhì, Xuân Thới Sơn, Xuân Thới Thượng, Bà Điểm, Tân Xuân, Tân Hiệp, Thới Tam Môn, Đông Thạnh, Nhị Bình.
98L’actuel district de Hóc Môn se situe au Nord-Ouest de la ville. Il est à la frontière du district de Củ Chi au Nord, de la province Bình Dương à l’Est, de l’arrondissement Douze et du district de Bình Chánh au Sud et de la province Long An à l’Ouest. Il possède une superficie de 109,5 km2, une population de 271506 habitants (2007) et une densité de 2487 habitants/km2.
Tableau 2.10 : La population de Hóc Môn 1997-2007
Année | Population | Densité moyenne (hab./km2) |
1997 | 183 020 | 1 674 |
2000 | 206 105 | 1 882 |
2003 | 219 457 | 2 004 |
2007 | 271 506 | 2 487 |
Source : Annuaire statistique du district de Hóc Môn et annuaire statistique de Hô Chi Minh-Ville 1997-2007.
Situé à la porte d’entrée Sud-Ouest de la ville, Hóc Môn dispose d’un système de circulation assez complet : route nationale, route de « ceinture », route provinciale, route communale parmi lesquelles : la route nationale 22 qui relie la ville à Củ Chi. C’est la voie transasiatique qui mène jusqu’au Cambodge en passant par Tây Ninh. Fleuves ainsi que arroyos représentent également un atout majeur pour la circulation en voie navigable. La route nationale 1A relie les régions Sud-Est et Sud-Ouest, la route provinciale 9 traverse le district d’Est en Ouest en passant par les communes ; la route nationale 14 communique avec la route nationale 22 pour accéder au district de Đức Hoà (Long An) ; la route nationale 15 (rue Tô Ký) permet d’atteindre les communes du district de Củ Chi après être passée par le bourg de Hóc Môn ; la route nationale 16, à son tour, traverse la commune de Đông Thạnh de Hóc Môn pour atteindre enfin l’arrondissement de Gò Vấp. De nombreuses rues à Hóc Môn ont par ailleurs été asphaltées. Hóc Môn est notamment situé à proximité de l’aéroport international Tân Sơn Nhất – position éminemment favorable au développement des échanges avec d’autres régions.
99Les voies susmentionnées ont joué un rôle important dans l’urbanisation du district de Hóc Môn. Des zones urbanisées ont vu le jour : Carrefour An Sương, Ngã tư Trung Chánh (appartenant aux communes Bà Điểm et Tân Xuân), Carrefour Thới Tứ (faisant partie de la commune Tam Thôn)… Ces nouvelles zones et celles qui ont connu un haut niveau d’urbanisation (le bourg Hóc Môn, les communes Bà Điểm, Tân Xuân, Xuân Thới Đông) se regroupent en tant que zone d’urbanisation du district. On trouve également des zones de moindre urbanisation : les communes de Tân Thới Nhì, Xuân Thới Sơn, Xuân Thới Thượng, Thới Tam Thôn, Nhị Bình. Elles se trouvent au Nord et au Nord-Est du district, loin du centre-ville et des grandes routes. Le mélange de zones de haute et basse urbanisation constitue un caractère typique d’une zone périur baine comme Hóc Môn. Ici, l’urbanisation des régions périurbaines se manifeste de façon bien visible en matière d’évolution du travail, de la culture et du mode de vie.
Conclusion
100Au terme de l’étude des caractéristiques des zones périurbaines de Hô Chi Minh-Ville de 1997 à 2007, nous constatons deux modes de développement de la périurbanisation.
101Le premier mode consiste en un développement des zones supra-urbaines. L’attention est portée sur la concentration des infrastructures et des services urbains, tels les complexes urbains Phú Mỹ Hưng (arrondissement Sept) et Thủ Thiêm (arron dissement Deux), deux complexes « exemplaires ». L’urbanisation s’accompagne de la création des complexes urbains très modernes. Ce mode de périurbanisation amplifie le déséquilibre entre la ville et la campagne, crée des difficultés pour le développement de l’agriculture et le milieu rural, fait disparaître le rôle de l’agricul ture et de la campagne16.
102Selon le deuxième mode, le développement de la ville s’harmonise avec le dévelop pement des faubourgs et des campagnes (arrondissements Deux, Sept, Huit, Neuf, Douze, Thủ Đức, Nhà Bè, Bình Chánh, Hóc Môn). Il s’agit du modèle d’urbanisation déconcentrée, appelée encore « Desakota » (Terry McGee, 1991)17. Ce modèle est très répandu dans les pays en voie de développement, notamment en Asie du Sud-Est ou en Chine (Quandong et Giangto). Ce mode de périurbanisation crée un espace complexe composé du centre urbain, des zones de transit et des villes-satellites. Ces zones sont caractérisées par la juxtaposition d’activités agricoles et non agricoles, de paysages de campagne et de faubourgs (Bình Chánh, Thủ Đức, arrondissement Sept). L’origine de ces zones périurbaines est le centre administratif local. Les investisseurs, notamment les investisseurs étrangers y sont venus pour promouvoir l’industrie d’exportation. Au lieu d’investir dans les anciennes zones industrielles, ils préfèrent s’installer dans les périurbaines qui présentent plusieurs atouts stratégiques. Il convient de noter que ce mode de périurbanisation se caractérise par un élargissement urbain non contrôlé et une mauvaise affectation des terres. Les terres sont destinées à des usages mixtes : agricoles et non agricoles. La campagne ne diffère plus de la ville car il n’existe plus de différence du mode de vie urbain et rural.
103Le deuxième mode de périurbanisation fait l’objet de la présente thèse. La mutation opérée par les anciens habitants et l’arrivée de nouveaux forment une nouvelle communauté d’habitants, la communauté périurbaine.
Notes de bas de page
1 Brai Nokor signifie la forêt des kapokiers malais (gòn) ; les chinois l’ont prononcé Sài Côn et les Vietnamiens Saïgon (Vương Hồng Sển, 1992 : 40 -41).
2 Le groupe Dương Ngạn Địch se situe à Mỹ Tho, le groupe Trần Thượng Xuyên à Đồng Nai.
3 Selon le chercheur Nguyễn Đình Đầu, l’emplacement du palais Gia Định est entouré par quatre rues Lê Thánh Tôn, Tôn Đức Thắng, Nguyễn Đình Chiểu, Nam Kỳ Khởi Nghĩa.
4 Les ouvrages construits par les Français durant cette époque sont : la cathédrale (1877), l’Opéra (1898), l’hôtel de ville, le palais du Gouvernement général de l’Indochine (1868)…
5 La Cochinchine à l’époque française en 1859 est composée de 6 provinces : Biên Hòa, Phiên An, Định Tường (l’actuelle Tiền Giang), Vĩnh Long, An Giang et Hà Tiên, communément appelée Cochinchine à 6 provinces.
6 Hồ Biểu Chánh (1884-1958) un écrivain vietnamien dont le style d’écriture est typique du Sud au xxe siècle. Il est parmi les premiers à écrire les romans modernes. Les passages traduits ci-dessous sont tirés de l’article de Trinh Van Thao, Le Sud de Ho Bieu Chanh in revue « Carnets du Vietnam » n° 22, juil, 2009, p. 33-40.
7 Khánh Hôi, Tân Vĩnh, Vĩnh Khánh, Vĩnh Hội et Xóm Chiếu appartiennent maintenant à l’arrondissement quatre entouré des Rạch Bến Nghé, du canal Kinh Tẻ et de la rivière Saïgon. L’arrondissement fut jadis peuplé de travailleurs de l’arsenal Ba Son et des entreprises industrielles de Cholon.
8 Selon La note du 21 juin 1957 du cabinet du maire portant le dégagement de Đô Thành, Centre national d’archives n° 2 ; dossier de dégagement de Đô thành, numéroté SC 25, PT46/748.
9 (1) La rue Norodom (l’actuelle rue Lê Duẩn) était inaugurée en 1872, avec une portie goudronnée. Les habitants de Saïgon l’appellent Keo Su. (2) La rue Galliéni (l’actuelle rue Trần Hưng Đạo : cette route est construite en 1916 parce qu’avant Saïgon et Cholon sont deux régions distinctes séparées par un maquis. La France a remblayé le maquis pour construire la connexion en 1916. Cette route est goudronnée en 1928. (3) La rue Catinat, la rue Paul Blanchy (l’actuelle rue Hai Bà Trưng), la rue Luro (l’actuelle rue Tôn Đức Thắng), la rue Trạm Hàng Sao (l’actuelle Mạc Đĩnh Chi). (4) Avenue de la Somme (l’actuelle rue Hàm Nghi). (5) La rue Phan Đình Phùng (l’actuelle rue Nguyễn Đình Chiểu).
10 Le nom du président Hồ Chí Minh a été donné à la ville le 2 juillet 1976, lors de la 6e séance de l’Assemblée nationale.
11 Il convient de noter que les changements socio-économiques et politiques après 1975 ont exercé des effets sur l’urbanisation et le développement des villes au Vietnam. Après 1975, un nombre important de gens se voit délocalisé des zones rurales et envoyé dans les nouvelles zones économiques. Une partie des habitants du Nord a commencé dans le Sud pour occuper les postes dans la production et les administrations publiques.
12 Une des conséquences du conflit avec la Chine (1979-1980) est la « concentration » du rôle des chinois et de Cholon.
13 Politique « de forfait des produits », en Vietnamien « Khoán 10 ou Khoán 100 » : il s’agit d’une traduction littérale d’une politique dont le nom s’inspire des directives n° 10 et 100 du Bureau politique du Comité central du 4e congrès du début des années 1980. Cette politique consistait à attribuer les terrains aux agriculteurs en fixant des objectifs chiffrés de rendement agricole. Cette politique fut considérée comme une révolution permettant de muscler les coopératives agricoles peu efficaces.
14 L’autoroute de Hanoï liant Hô Chi Minh-Ville et Biên Hòa-Đồng Nai a été construite entre 1959 et 1961.
15 Le chemin de 43,1 km qui parcourt une partie de la route nationale 1A, du carrefour Thủ Đức au carrefour An Lạc (district Bình Tân) traverse ensuite Ho Chi MinhVille et la province Bình Dương. Des soldats du génie coréens ont construit en 1969-1970.
16 Nous aborderons cette question dans le chapitre « Vie sociale et formes de sociabilité périurbaines », pages 176-184.
17 En indonésien, Desa signifie ville, Kota campagne.
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