Les problèmes posés par l'édition de textes franco-italiens. À propos de quelques leçons problématiques de v 4, v 8 et d'autres manuscrits
p. 675-696
Texte intégral
1L'édition d'un texte franco-italien n'est pas sans dissimuler une série de problèmes fondamentaux - il ne sera toutefois pas question ici d'entrer dans la discussion de cette notion largement controversée1. Alors que dans l'édition traditionnelle d'un texte en ancien français ou en ancien italien, des règles linguistiques et des conceptions normatives peuvent jouer un rôle à chaque fois spécifique, il en sera moins souvent le cas pour un texte franco-italien. Il s'agira alors bien plus d'analyser et de représenter du point de vue du copiste le processus de reproduction d'un texte en langue étrangère, c'est-à-dire que ce seront justement les variantes qui s'écartent des formes connues que l'on rencontre en ancien français (et aussi en ancien italien), qui se trouveront au centre de l'intérêt linguistique. Ce qui est considéré parfois trop rapidement comme une faute et - selon l'intention de l'éditeur - est corrigé et modifié dans le texte de l'édition, représente pour un texte franco-italien ou un texte (plus ou moins) italianisé une caractéristique qu'il s'agit de conserver si l'on veut embrasser les particularités linguistiques de tels produits artificiels, dans lesquels se mêlent les langues. C'est pourquoi, de l'interprétation des interférences linguistiques, il peut découler un certain nombre de cas douteux et peu clairs qu'une édition se devrait de ne pas masquer. Dans les cas, dans lesquels l'éditeur ne peut se décider définitivement en faveur d'une certaine interprétation, on devrait citer et discuter les différentes tentatives d'explications. Le lecteur de l'édition d'un texte franco-italien doit avoir dans chaque cas la possibilité, à partir du texte du manuscrit qu'il conviendra d'indiquer très exactement, de se forger son propre jugement et de proposer éventuellement pour l'extrait en question une interprétation plus adéquate.
2Ce que Foulet/Speer (1979, 93) avancent pour montrer l'importance de l'analyse des habitudes linguistiques d'un copiste du Moyen Age n'est pas valable pour un texte franco-italien : "Although the scribe's language lends itself to thorough analysis, (…) the editor should point out to the reader only the essential characteristics which allow the correct localization of the scribe's dialect, and any idio-syncrasies in grammar and spelling which may cause difficulties in reading". Bien plus, ce sont justement les déformations du texte original en ancien français qui jouent le rôle décisif dans l'analyse du franco-italien. Par contre, nous approuvons Foulet/Speer quand ils considèrent que l'attitude des copistes face au manuscrit qu'ils doivent copier est moins liée à l'original et n'est ainsi que d'une importance relative pour la filiation des manuscrits et la reconstruction de l'archétype2.
3Cette communication se veut d'illustrer ces thèses en s'appuyant sur quelques exemples choisis dans les manuscrits V 4 et V 8 de la Biblioteca Marciana de Venise, qui ont été en partie récemment réédités. Il s'agit moins de faire une description complète des caractéristiques linguistiques de chacun des textes que d'expliquer quelques cas spécifiques, qui confrontent l'éditeur d'un texte franco-italien à des problèmes particuliers, concernant l'interprétation linguistique des différentes formes. Notre communication, basée sur les éditions existantes et sur la confrontation directe avec l'original de chaque texte, discute quelques-unes des versions problématiques des manuscrits. Elle essaie de contribuer à une typologie des écarts entre un texte franco-italien et son équivalent en ancien français.
4La version franco-italienne V 4 de la Chanson de Roland, datant de la première moitié du xive siècle et qui se trouve dans la Biblioteca Marciana de Venise (Cod. Marc. fr. IV, = 225), était jusqu'à présent accessible dans l'édition diplomatique d'E. Kölbing (Heilbronn 1877), dans l'édition interprétative, augmentée d'une reproduction photographique, de R. Mortier (Paris 1941), et enfin, dans l'édition avec traduction, notes et glossaire de G. Gasca Queirazza (Turin 1954), abstraction faite des variantes et des éditions partielles antérieures citées dans l'édition complète de C. Segre (Milan/Naples 1971)3. L'édition de G. Robertson-Mellor (Salford 1980) a l'intention de présenter, avec un minimum d'interventions conjecturales de la part de l'éditeur, un texte lisible qui n'accentue ni la partie française, ni la partie italienne et qui met toujours la version du manuscrit en valeur4. L'éditeur s'abstient donc volontairement de compléter les passages manquants ou illisibles5, ou bien d'ajouter une traduction qui risquerait de suggérer une interprétation ou une version apparemment sûre6. Il y aurait de nombreuses remarques a faire, cependant celles-ci dépasseraient le cadre de cette contribution7. C'est pourquoi nous ne traiterons que quelques cas particuliers et caractéristiques qu'il s'agira de comparer avec le texte de Gasca Queirazza et les indications de l'édition critique de Segre.
RM 136 : Lo CONte RollANT no'l lo otria miga
GQ 136 : Lo conte Rollant no llo otriò miga
S 194 : Li quens Rollant, ki ne l'otrïet mie8.
5La lecture du ms. V 4 est otrio ; dans un texte franco-italien, la 3e pers. du sing. du passé simple peut se terminer en -o, contrairement à la terminaison française en -a.
RM 149 : PrendereM quel glotoN chi li baroN aNcisa
GQ 149 : Prenderen quel gloton chi li baron antisa
S 213 : Si vengez cels que li fels fist ocire.
6Dans le manuscrit, on trouve certes antisa, mais la lecture est incertaine, la forme ancisa serait également possible. Bien qu'en franco-italien le verbe ancir présente certaines variantes, les formes en -t- ne sont pas connues par ailleurs.
RM 259 : Dis li FraNçois : "Deo pare que no mENtiant …"
GQ 259 : Dis li François : "Deo pare, que no mentì ant …"
S p. 63 (V 4) : Dis li François : - Deo Pare que no mentì ant… -
7Robertson-Mellor dit seulement dans les notes : "Meaning unclear". Puisque la séparation des mots est assez claire dans le manuscrit, menti ant, il pourrait s'agir dans le cas de ant d'une variante due à la rime (lat. UMQUAM), comme l'a déjà indiqué Mussafia, v. la note chez Gasca Queirazza : "Egli (Mussafia) interpreta ant = anc = umquam".
RM 566/9 : MArsilio oit un païn apellé : …
Et ello domaNda : …
GQ 567/70 : Marsilio oit un pain apellé …
Et el lo domanda : …
S 642/3 (V 4) : Marsilio oit un pain apellé …
Et el lo domanda : …
8Dans l'appareil critique, Robertson-Mellor fait suivre l'interprétation de Gasca Queirazza d'un point d'exclamation. Déjà Segre lit comme Gasca Queirazza, c'est-à-dire que l'on remarque ici l'influence de la syntaxe italienne (domandare q. 'interrogare + acc.'). On rencontre le verbe domander en franco-italien dans diverses constructions syntaxiques (cf. Holtus 1979b, 273). Dans le vers 2117 (si lo domaNde dolcemeNt e sué), Robertson-Mellor accepte aussi la construction avec l'accusatif (cf. GQ 2121, S 1999).
RM 1342-3 : Nulla cité est dond le mur noN trevaNt -
HoM no'l vid che tut no s'espavaNt
GQ 1345-6 : Nulla cité est, dond le mur non crevant.
Hom no'l vid, che tut no se spavant
S 1430 (V 4) : Nulla cité est, dond le mur non crevant.
9Robertson-Mellor écrit dans l'appareil critique : "?crevaNt. Or is this a contamination of craindre and trembler ?", Gasca Queirazza ajoute dans les notes : "crevant] trevant : è correzione di Müller (…) e lezione di Hilka". Il s'agit vraisemblablement ici moins d'une contamination de craindre et trembler que plutôt d'une forme de crepantare, verbe fréquentatif de l'it. crepare.
RM 1952-3 : A cest fel traitre a la soa nature
A li traitur Malmo lassa sedure
GQ 1956-7 : A cest fel traitre, a la soa natura,
A li traitur mal mo lassa' sedure
S p. 354 (V 4) : A cest fel traitre, a la soa natura,
A li traitur mal mo lassa' sedure.
10Robertson-Mellor écrit dans l'appareil critique : "Confused. If Malmo rightly capitalised, is Mahomet", dans les notes : "mal m'o possible, but not helpful" ; Gasca Queirazza dit dans les notes : "si potrebbe anche intendere mal m'o lassà 'mal mi sono lasciato'". Il s'agit probablement de : A li traitur mal m'ò lassà sedure.
RM 2147 : De dol ch'el'n a si se pasme altersis
GQ 2151 : De dol che'l mena sì se pasma altersis
S 2031 (V 4) : De dol che 'l mena …
11Robertson-Mellor remarque dans l'appareil critique : "na corrected (incorrectly) to me in margin. Q (= GQ) emends che'l mena. altersis should be li marchis. cf. 0. 2031". Dans le manuscrit on lit : De dol chel ./. na si … avec la correction ./. me dans la marge.
12Certains termes qui sont considérés comme obscurs dans le glossaire de Robertson-Mellor ont déjà été interprétés de façon plus ou moins convaincante par Gasca Queirazza, v. p. ex. s. v. acuiter, braç, çaree, chamufé, conton. En outre il faudrait tenir compte des attestations suivantes, qui peuvent être confrontées avec les observations faites dans Holtus 1979b : çubler, esple, espleu9.
13Les caractéristiques manuscrites et les ornementations des lettres de la première page permettent de situer pour la version franco-italienne de la Bataille d'Aliscans (Cod. Marc. fr. VIII, = 252) la date de rédaction aux environs de l'année 1350. L'influence italienne se fait principalement sentir dans la lettre du début (s-impurum) et dans la lettre finale (maintien de la finale -a). Nous pouvons aborder déjà ici deux problèmes fondamentaux : lorsque des formes comme Spagne, spale, spee, sposee, spiritai, storme sont courantes, l'éditeur doit-il alors séparer dans l'édition des exemples comme le schus (p. ex. v. 5205), qui, dans le manuscrit, sont clairement séparés, ou bien doit-il préférer une correction en l'eschus ? Il est clair que l'on ne peut apprécier à leur juste mesure de tels cas que lorsque l'on connaît le but et le caractère de l'édition : s'agit-il d'une édition à caractère diplomatique, critique, ou bien s'agit-il d'une édition la plus fidèle possible ? Des points de repère plus précis nous sont par contre donnés par les exemples, pour lesquels la rencontre de la finale -e de l'article et du -e prothétique devant le s-impurum par suite du genre féminin du substantif, peut être exclue (à moins qu'il n'y ait en italien un autre genre qu'en français, comme c'est malgré tout possible dans de rares cas). Nous rencontrons presque au même endroit du manuscrit, au vers 5200, un cas exemplaire dans lequel la forme (séparée) le spee doit être vraisemblablement lue l'espee (à moins que nous n'ayons affaire ici à des traditions de transcription du nord de la France ou bien à des particularités dialectales). Un autre point de repère nous est donné par l'accumulation de consonnes au début de certaines formes ; il est p. ex. invraisemblable que des formes isolées comme scrie (v. 315, 1964), scrïent (v. 1046), scrïé (v. 1113) puissent être écrites ainsi, quand le mot précédent se termine dans le texte du manuscrit par -e ; ainsi nous devrions lire : s'escrie, s'escrïent ; par contre une correction serait nécessaire dans les deux vers suivants :
Elle li scrie : "Sirre, car en veneç !… " (v. 1964)
Li cons Guillelmes a "Monioie ! " scrïé (v. 1113).
14Pour le -a final, ce sont moins les nombreux substantifs influencés par un dialecte italien (p. ex. barba, bocha, cambra, corona, terra) qui posent problème que les formes verbales, qui, par suite de la classe de conjugaison en -er, doivent être interprétées soit comme une forme du présent influencée par l'italien, soit comme un passé simple avec la terminaison habituelle de l'ancien français ; à moins que les autres formes verbales dans le contexte ne permettent de le reconnaître comme étant un temps du passé, cf. p. ex. :
Il sali sus, par l'estré l'imbraça,
Plus de .C. fois le jambe li baysa (v. 2426-7),
15l'interprétation des temps reste, dans de tels cas, ouverte, comme p. ex. dans les exemples suivants :
D'armes paienes est(es) mult bien acesmeç,
Estraniement est grant sa fie[r]teç,
Bien rescembla home qi de storme soit torneç,
Qe toç le vi les braz ensangletez (v. 1815-8)
"A grant merveille fet ciç hom a doter.
Mau scembla home qi carn deça escumer ;
Bien li avien cele spee a porter" (v. 4604-6)
Un sor baucent lo suit tuit son traïn,
Has armes (e)scembla Ariofles mon cusin,
Lo meilor roy qi unc beüst de vin,
Unqes el mond n'ot si fier Saracin (v. 1578-81).
16En ce qui a trait aux formes verbales, nous rencontrons un autre problème fondamental qui touche à la confusion facile possible entre e et o dans le manuscrit ; au lieu de la désinence verbale attendue en -ent de la 3e pers. du plur., nous trouvons dans le texte parfois la forme -ont, qui peut être interprétée de deux manières : il s'agit, ou bien d'une formation du temps du futur conformément aux règles morphologiques de l'ancien français, c'est-à-dire une transposition par analogie à l'ancien français, ce qui est particulièrement imaginable lorsqu'il y a transformation de la racine verbale, ou bien d'une influence de la désinence verbale italienne -ono de la 3e pers. du plur., nous citerons comme exemples :
[Q]e Saracin ne poront enq [q]erir (v. 195)
Lors s'entorneront, broçant au speron (v. 405)
Por tant no 1 poront unc Saracin qerir (v. 692)
Amdui caïront mult valoierement (v. 1364)
Guillelme qeront dont il ont grant angaigne (v. 1571)
Mal g'intreront paiens en cest regneç (v. 2015)
Cil l'ameneront en la sale voltie (v. 3165)
Les napes traiont e vaselz e baron (v. 3254)
Tant me doterent, no 1 oseront veer (v. 3316)
De la paor començont a süer (v. 3786)
Mercheant eront sor la mer aencré (v. 7486).
17Dans certains cas isolés, il est possible de penser aussi à un latinisme dans la graphie, comme dans les formes en -unt, p. ex. :
Tendunt lor loyes et lor treus ont bastis (v. 4187)
Lor leissunt corre si unt paien escrïé (v. 5540)
Puis en morunt meint païn Aucoparz (v. 7582).
18Des cas douteux peuvent surgir lors de la suppression des abréviations lorsque l'abréviation courante de la 3e pers. du sing. du présent de estre (est) se trouve dans le manuscrit sans signe d'abréviation ; mais il s'agit ici plutôt d'une faute du copiste que d'une influence de la part de l'italien è, bien que cela ne doive pas être exclu. Nous citerons les vers suivants comme exemples :
C'une baile de Turc e[st] desconfie (v. 499)
Isnelement e[st] revenuç arier (v. 1031)
Si dit q'el e[st] Guillelmes ao cor neç (v. 1820)
Puis prend le speu o l'insegne e[st] fermee (v. 2265)
Veeç cum e[st] grant, cum sembla Beroer (v. 2522)
"Dame", dist il, "cest host n'e[st] mie a gas …" (v.4230)
De soç lo nes e[st] la boce crevé (v. 6630).
19De plus le degré de l'influence exercée par l'italien dans le contexte direct devrait signifier un autre point de repère dans la prise de décision de l'éditeur.
20D'autres problèmes d'interprétation particuliers à la métrique résultent en outre du traitement du h dans le manuscrit ; en plus des nombreux cas dans lesquels nous avons affaire à la seule valeur graphique du h en début de mot, il faut tenir compte des cas, dans lesquels, à la suite d'un -e final précédent non accentué, nous rencontrons, lors de la synalèphe, des problèmes concernant le décompte des syllabes ; étant donné que le h aspiré ayant la fonction de séparer les syllabes disparaît de temps à autre dans le manuscrit par suite de l'influence de l'italien sur les mots d'origine germanique, il en résulte le problème d'un décompte correct des syllabes, d'autant que la synalèphe ne doit pas avoir lieu malgré le h manquant, pour pouvoir atteindre le décasyllabe normal. Nous avons donc les cas suivants : le h aspiré manque sans avoir de conséquences sur le nombre de syllabes ; le h aspiré manque, le -e final précédent (ou bien aussi le -a, ou le -i) compte pourtant pleinement comme syllabe ; le h aspiré manque, le -e final précédent devrait disparaître (synalèphe) pour pouvoir atteindre le nombre de dix syllabes ; le h aspiré est dans le texte, le -e final précédent (ou bien le -o) forme une vraie syllabe ; le h à valeur purement graphique et le -e final précédent appartiennent à une syllabe ; le h purement graphique du début du mot et le -e final non accentué restent séparés, le -e devrait former une vraie syllabe pour atteindre le nombre normal de syllabes10.
21Dans l'ensemble, le Cod. Marc. fr. VIII révèle un grand nombre de problèmes particuliers, qui placent l'éditeur devant la décision soit de corriger une forme qui ne correspond plus au système phonologique et morphologique de l'ancien français conformément aux formes parallèles qui se trouvent dans les autres manuscrits d'Aliscans, soit de conserver les particularités caractéristiques du manuscrit vénitien, lesquelles apparaissent uniquement dans cette version. Nous avons cité ci-dessous quelques extraits du texte illustrant cette problématique, ces extraits ne peuvent toutefois pas être traités ici en détail ; ce qui est commun à tous ces exemples, c'est l'influence venant de l'italien ou d'un dialecte de l'italien septentrional, influence qui s'exerce sur une forme qui d'habitude se trouve dans un contexte s'orientant à des règles de l'ancien français :
Mais no li vait la moite de dos ganç (v. 14)
ou : … l'amoité (it. l'ammontare 'il valore')
"Civaus", fait il, "molt par estes laseç" (v. 581) (ms. es-tre)
ou : … molt par es trelaseç (TRANS-)
Li .VIII. li vienent, li .VII. sont aresté (v. 1088) (ms. aroste)
ou : … arosté (it. arrostare 'disporsi a difesa')
Davant lo jorn espeice la jornee (v. 2287) (ms. espeite)
ou : … espeite la jornee ('terminare la tappa di una giornata' cf. v. 3982)
A la fontayne dont la doiç surt b[r]uiant (v. 2885)
ou : … dont la doiç surt buiant (bollente, zibollente')
Se je plus sofre, dont je ai maudahé (v. 3443) (ms. soure)
ou : Se je plus sovre … (SUPERARE 'sopportare')
Renoars jure qe les i dontera (v. 3917) (ms. i domera)
ou : … domera ('domare')
De fere genç, il e ses parentez (v. 4131) (ms. sei)
ou : … il e sei parentez
Qe des carbons fu ben acovetez (v. 4380) (ms. a couotez)
ou : … fu ben acovotez (cf. V 4, v. 4981, 4877 ; cf. aussi V 4, v. 4890)
Puis prist un brant dont li poin fu d'or mer (v. 4516) (ms. pom)
ou : … dont li pom fu d'or mer ('il pomo della spada')
Mau scembla home qi carn deie escumer (v. 4605) (ms. c. de ça e.)
ou : … qi carn deça escumer (DEBEAT, it. litt. deggia)
La nos ferons beigner et ventoser (v. 4835) (ms. seigner)
ou : La nos ferons seigner … (SANGUINARE 'fare salassi')
Si plus i sofre, donc ai je dahé (v. 5774) (ms. soure)
ou : Si plus i sovre … (SUPERARE, cf. ci-dessus)
Encor ai un frere Tenebré (v. 5789) (ms. freel)
ou : … un freel (it. fratello)
Mes al rescorre virent .M. Persant (v. 5898) (ms. rescodre)
ou : Mes al rescodre … (it. riscossa)
Toç desromp convoysure et capei (v. 5972)
ou : … connoysure (it. connessura)
"Dex", dit il, "pere, por ton santissme non" (v. 6566) (ms. santissem)
ou : … por ton santissem non (italianisme)
Tote la levre li a [a] val clinee (v. 6631) (ms. lo 1.)
ou : Tote lo levre … (it. il labbro)
Baudin saysi, envers l'a soviné (v. 6707) (ms. la soionee)
ou : … envers l'a sojové ('soggiogato')
Les dens ot blans plus qu'iveyres planeç (v. 6761) (ms. qa ueyres p.)
ou : … plus q'aveyres (it. avorio)
Tant fier(t) s'afiche ens estref noeleç (v. 7670) (ms. ens en stef n.)
ou : … ens en stef noeleç (it. staffa).
22L'édition de la version franco-italienne de la Bataille d'Aliscans peut signifier une contribution aux recherches sur les relations culturelles entre la France et l'Italie aux 13e et 14e siècles, parce qu'elle rend accessible aux chercheurs le Cod. Marc. fr. VIII qui, dans l'histoire de cette chanson de geste, jusqu'à présent n'a souvent été étudié que de façon marginale. Dans le cadre d'une comparaison avec l'ensemble du corpus franco-italien, il est possible de faire ressortir la signification de nombreux exemples comme étant des exemples d'interférences dues à des influences et des mélanges entre le français et l'italien. Pour cette édition, il faut donc procéder de façon à ce qu'une lecture exacte du manuscrit franco-italien soit en tout cas possible, c'est-à-dire qu'il faut noter tous les écarts et toutes les corrections en tant que tels dans l'appareil critique, et que, au cas où plusieurs lectures seraient possibles, il faudrait noter également les variantes correspondantes dans les notes. Toute correction ne devrait être effectuée que lorsqu'il y a, dans la syntaxe, des omissions qui nuisent à la compréhension du texte ou rendent celle-ci impossible, que lorsque des termes ne sont attestés ni dans l'ancien français ni en tant que variantes d'un autre manuscrit d'Aliscans et lorsqu'ils ne peuvent pas être expliqués comme étant des interférences entre une forme italienne et une forme française, de même que lorsqu'il y a modification du contenu ou confusion possible dans la graphie des minuscules. L'édition transmet ainsi l'état de l'italia-nisation d'un texte français ainsi que les possibilités et les problèmes linguistiques qui résultent de la reproduction d'un texte littéraire dans une langue étrangère11.
23Pour ne pas faire naître l'impression qu'il s'agit dans les cas cités ci-dessus de cas particuliers qui se trouvent uniquement dans le cadre de ces deux textes, nous allons citer par la suite d'autres exemples pris dans d'autres manuscrits franco-italiens qu'il faut voir en relation avec certaines éditions parues récemment. Il s'agit d'exemples tirés des trois manuscrits V 5, V 6 et V 13 qui se trouvent dans la Biblioteca Marciana et dont il a été question de manière implicite ou explicite dans les publications de René Specht, d'André de Mandach et de Carla Cremonesi. Nous devons toutefois renoncer ici à entrer dans une discussion plus détaillée.
24Dans le vers 1 de l'édition Mandach de la Chanson d'Aspremont (V 6), l'éditeur modifie le texte de çançon en cançon indiquant la forme canson qui suit au vers 17. Une telle modification semble avoir peu de sens pour un texte franco-italien, étant donné que les occlusives postdentales ou palatales sont soumises à de fortes variations dans leur réalisation phonétique. - La correction syntaxique de Karllon (qui se trouve ainsi dans le manuscrit) qui devient Karlle au vers 11 (E si cum Karlle poia in Aspreaon) présuppose que les règles du système à deux cas trouvent encore aussi leur utilisation dans un texte franco-italien, ce qui n'est pourtant nullement toujours le cas (du point de vue de la métrique, la correction est tout à fait justifiée).
25Par rapport aux manuscrits V 4, V 5, V 6 et V 8, le Cod. Marc. fr. XIII (= 256) se rapproche encore davantage du système de la forme et de la phonétique de l'italien. C'est pourquoi le travail de l'éditrice Carla Cremonesi qui s'oriente en principe davantage au texte du manuscrit, conservant ainsi également la séparation des mots conformément à la lecture du manuscrit, semble tout à fait justifié, cf. p. ex. :
E Milon s'en vait por le camin erant,
De noit çamine a la luna lusant,
E tot le çorno se stoit planemant
Entro le bois e le selve pendant (v. 204-7, Berta e Milon).
26Nous nous contenterons de citer l'exemple suivant tout à fait remarquable tiré de la Chevalerie Ogier : l'éditrice corrige laideçer (v. 1878) en laidençer, suivant l'exemple de la forme courante en ancien français (Gran dol oit li Maximo quando s'olde laide[n]çer). Pourtant la forme sans consonne nasale est tout à fait courante dans les textes franco-italiens, c'est ce que montrent des formes parallèles sans nasale dans d'autres textes franco-italiens12.
27Le Cod. Marc. fr. V et ses particularités linguistiques n'ont pas encore été jusqu'à présent étudiés de manière détaillée ; il faut dire que le texte de l'édition de Mussafia de 1864 permet d'avoir des doutes quant à l'utilité d'une étude linguistique avant une nouvelle édition du manuscrit. Nous renvoyons ici seulement à quelques variantes divergeant entre le manuscrit et l'édition de Mussafia, comme p. ex. au vers 23 (Carllon dans Mussafia au lieu de Çarllon dans le manuscrit), gran pour grand (v. 32), civalers pour ch'rs raccourci (v. 71), response pour respouse (v. 94), guerpi pour gerpi (v. 171), abitance pour abitançe (v. 202)13.
28Dans le domaine de la philologie italienne14, la discussion sur les méthodes des éditions de texte a été déclenchée récemment par la controverse au sujet de la chronique (avec la Vita de Cola di Rienzo) écrite par un auteur inconnu romain vers l'an 1358. Pfister (1983, 526) fait remarquer les difficultés qui sont dues au laps de temps de deux siècles qui s'est écoulé entre l'année présumée de la rédaction de la chronique (1358) et les quatre meilleurs manuscrits du 16e siècle ; il critique la méthode de l'éditeur Porta qui essaie de reconstruire un texte critique sur la base méthodologique d'une ricostruzione linguistica15. Pour l'exploitation lexicale, Pfister est d'avis qu'un texte authentique (même s'il est plus récent) est plus fiable et par là même plus important pour le lexicographe qu'une reconstruction qui n'offre pas une base solide aux recherches dans le domaine du vocabulaire de l'ancien romain et qui reconstruit la langue de Cola di Rienzo à partir de manuscrits qui ont été écrits deux siècles plus tard, ne donnant ainsi qu'un témoignage indirect pour les recherches concernant le lexique et la langue de l'auteur16. Toutefois il faut considérer que Porta, pour offrir un texte critique, reconstruit, n'utilise que des variantes attestées dans les manuscrits17. La critique de Porta a été l'objet d'un nouvel article de Pfister18. Pour Pfister, une analyse lexicale exacte a plutôt besoin du procédé suivant : "La pubblicazione sinottica (…) di un codice rappresentativo del gruppo α e un altro del gruppo B avrebbe consentito subito di scorgere le concordanze dei due gruppi e, in più, le caratteristiche individuali, ben distinguibili, così, dalle grafie autentiche, da assegnareal Cinquecento" (Pfister, sous presse). - La controverse présentée ici s'explique par le fait que Pfister et Porta poursuivent des buts et objectifs tout à fait différents les uns des autres : alors que pour Porta il s'agit d'avoir recours à une méthode qui a fait ses preuves dans l'histoire et la tradition de l'édition de textes pour la reconstruction de l'archétype et d'offrir ainsi les bases pour une édition critique19, Pfister vise à obtenir des données sûres pour une exploitation lexicale exacte d'un texte. Il est cependant possible de tirer de telles données lexicales de l'édition d'un manuscrit isolé ; une édition critique poursuit des buts différents, en ce qui concerne l'histoire du texte et la reconstruction d'un archétype.
29Les analyses faites à partir de quelques passages franco-italiens et les discussions citées ci-dessus nous permettent de tirer les conclusions suivantes pour la problématique posée par l'édition de textes franco-italiens :
- Les critères valables pour la réalisation d'une édition critique et concernant la reconstruction d'un texte le plus fidèle possible à l'original ne peuvent pas être repris de façon analogue dans le domaine du franco-italien, étant donné que le but est tout autre ; c'est d'autant plus compréhensible que, dans le cadre des éditions critiques de textes en ancien français ayant une plus grande tradition, la version franco-italienne peut certes donner des éléments importants pour une reconstruction de l'archétype, mais elle ne peut toutefois pas fournir la base de l'édition critique.
- L'interprétation linguistique des formes franco-italiennes signifie la connaissance aussi bien de l'ancien français que celle de l'état de la langue de l'ancien italien septentrional, étant donné que c'est seulement ainsi que le processus d'interpénétration des langues peut être suivi lors de la création de formes en partie tout à fait nouvelles et que la part de la langue autochtone et de la langue étrangère peut être mesurée (à quoi s'ajoute l'influence du latin20).
- Et enfin à partir du franco-italien, il est possible de reconstituer des formes typiques des processus d'emprunt, de la formation de nouveaux lexèmes et des inventaires des formes qui non seulement peuvent être analysées et interprétées dans le cadre de l'ensemble du corpus de textes franco-italiens, mais qui peuvent être aussi comparées avec des créations analogues que nous rencontrons dans les types d'une koiné littéraire telle que l'ancien provençal ou l'ancien galicien.
30Le but de cette contribution aura été de mettre en évidence la nécessité de fournir un texte exact et sûr qui soit en mesure d'être la base de toute interprétation linguistique de textes si importants pour l'histoire et la tradition que la Chanson de Roland et la Bataille d'Aliscans.
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Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Cf. à cet égard Holtus 1977 et Holtus 1979a.
2 "The raw materials for constructing a stemma are deri-ved from a thoughtful collation of the manuscripts with an eye to sorting them out into groups or families. In addition to noticing how each manuscript resembles or diverges from the others, the editor should evaluate the scribe's personal idiosyncrasies and his fidelity to his model. Bear in mind that exact fidelity to a model was never achieved, and seldom desired, by medieval scribes copying a vernacular work which they understood. It is, in fact, axiomatic that the dullest scribes produced the most faithful copies, for the brighter, more imaginative ones sought to improve on their models" (Foulet/Speer 1979, 50s.).
3 Segre (1971, XXXIX) caractérise l'édition de Gasca Queirazza - après la présentation de l'édition diplomatique de Kölbing et l'édition interprétative de Mortier - comme suit : "Cito dall'ultima di queste edizioni, nonostante i suoi difetti (…), tra cui la numerazione comprendente anche i versi che si suppongono mancanti. Ritorno però alla lezione originaria del ms., tranne per il caso di semplici scorsi di penna, quando il Gasca Queirazza lo corregge congetturalmente, costituendo un testo che è un ibrido di trascrizione interpretativa ed edizione critica. Opero anche alcuni mutamenti nell'interpunzione e nella divisione delle parole".
4 L'édition de Robertson-Mellor a pour but (1980, XXI, cf. aussi V) : "1) to produce a legible text, with the minimum of editorial interference (which means that pronunciation may not always be indicated) ; 2) to avoid an excessively French or Italian bias in the conventions adopted ; 3) to suggest, as far as possible, the most probable meaning of the text ; 4) to indicate the actual reading of the MS, in particular by the use of capital letters whenever abbrevia-tions are resolved".
5 A juste titre, Robertson-Mellor critique chez Gasca Queirazza le décompte assez subjectif qui prend aussi en considération les vers qui manquent et dont on ne peut, la plupart du temps, pas fixer le nombre exact.
6 "The accompanying translation, while sometimes helpful, often imparts a false certainty to obscure or ambiguous passages" (Robertson-Mellor 1980, XIV). L'éditeur essaie de reconstruire "the most probable interpretation of established readings", de sorte que le lecteur puisse toujours vérifier le texte du manuscrit, "but no attempt has been made to provide a continuous translation. The text is often unclear or ambiguous, and a translation would imply a false clarity and unambiguity" (id., V).
7 Cf. le compte rendu dans ZrP 102 (1986), 201-206.
8 RM = Robertson-Mellor 1980, GQ = Gasca Queirazza 1954, S = Segre 1971.
9 Cf. aussi Holtus 1983 et 1985a.
10 Cf. pour les détails Holtus 1985b, LXIIs.
11 Cf. Holtus 1978 et l'édition 1985b.
12 Cf. Holtus 1979b, 360s.
13 Cf. le compte rendu dans ZrP 102 (1986), 207-209.
14 Cf. Foulet/Speer 1979, 33 s. : "… under pressure from linguists and language historians who need genuine manuscript texts for study, the Italian philolo-gists have modified their position on language reconstruction and now recommend adopting the forms and orthography of a single basic manuscript in a dialect resembling that of the author", mais aussi : "separate best-manuscript editions of each version...".
15 "Diese Rekonstruktion, d. h. die sog. 'Kritische Ausgabe', ist meiner Ansicht nach nur gerechtfertigt, um einen Handschriftenstammbaum überhaupt aufstellen zu können. Die Textausgabe selbst muss aber die beste oder die besten Handschriften mit ihrer entsprechenden Graphie zugrundelegen und hat im kritischen Apparat die philologisch interessanten Varianten zu liefern" (Pfister 1983, 526).
16 "Die italienische Philologie braucht eine methodologische Neubesinnung ; erforderlich sind Publikation und philologische Auswertung von repräsentativen Handschriften in ihrer unverfälschten Graphie. Sog. kritische Textausgaben, die eine Sprache mechanistisch rekonstruieren und vereinheitlichen, entsprechen nicht mehr den heutigen Anforderungen an eine philologisch gesicherte und lexikalisch verwertbare Textausgabe" (Pfister 1983, 529).
17 "(Pfister) dichiara di non capire dove finisca la lezione dei codici e dove cominci la nostra ricostruzione, non intendendo patentemente che in questo caso 'ricostruzione' significa individuazione delle varianti più vicine alla lezione presumibile dell'archetipo : non c'è niente nel testo dell'edizione critica della Cronica che non sia nei manoscritti" (Porta 1984, 447).
18 ".. io ho bisogno, anche per il Lessico Etimologico Italiano (…), di forme attestate e sicuramente databili, di grafie sicure, di attestazioni irrefutabili, insomma, della scripta romana. Intendo dire che per la lessicografia un'attestazione romana del Cinquecento, autentica, è più importante di una forma ricostruita, ma non autentica, della metà del Trecento, che solo ipoteticamente e statisticamente può ritenersi essere stata, forse, quella di Cola di Rienzo" (Pfister, sous presse).
19 Cf. les remarques de Porta sur les différences entre archétype et original, citées ci-dessus, n. 17.
20 Cf. à ce sujet Limentani 1976. - Je remercie Mme Daniele Endepols de l'Université de Mayence de m'avoir aidé à réaliser la version française de cette communication.
Auteur
Université de Mayence, Allemagne
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