La fenêtre dans les traités de peste de la région de Montpellier aux xive et xve siècles
p. 157-165
Texte intégral
1Ce colloque a pour but d’examiner la fenêtre et ses nombreux symbolismes dans la littérature médiévale. Or, lorsque l’on parle de littérature médiévale, on fait généralement référence aux écrits fictifs, poétiques, ou épiques de cette période, lesquels sont fortement teintés d’allégories et de métaphores. Le traité de peste est très différent dans sa forme et semble en être tristement dénué. Il convient donc de voir un peu quelles sont ses particularités.
2Le traité de peste participe d’abord et avant tout de la littérature scientifique. Cette littérature est produite en grande partie par des universitaires. Ses buts et ses motivations sont essentiellement didactiques. Le traité de peste vise à informer sur les causes et les mesures à prendre en temps d’épidémies. Mais, contrairement aux autres formes de littérature médicale comme les commentaires aux textes, les traités de pratique ou encore les monographies spécialisées, le traité de peste ne s’adresse pas uniquement aux étudiants ou aux collègues. Parmi ceux que j’examinerai avec vous, un fut écrit à la demande du roi, un autre pour assister les autorités publiques, un autre à l’intention des laïcs, tous pour le « bien commun » et « l’intérêt général1 ».
3Le traité de peste est issu principalement de la médecine scolastique et dans sa forme il ne déroge pas des principes d’exposition en usage dans les universités. Le traité de peste se présente donc de façon assez standard et est généralement divisé en trois parties : une première partie examine les causes de la mortalité. Une seconde partie est dédiée aux signes. Enfin, une troisième partie, laquelle va nous intéresser davantage, concerne les cures et les mesures à prendre pour, soit éviter l’épidémie, soit, si l’on est obligé de la subir, minimiser ses répercussions sur le corps2. Par ailleurs, le traité de peste est produit dans un cadre poncuel pour répondre à un besoin parfois urgent. En cela, il diffère des autres formes de littérature scientifique lesquelles se situent dans un contexte de production plus intemporel.
4Ceci dit, avant d’aborder les différentes références à la fenêtre dans ce type d’écrit, il faut comprendre les éléments qui ont rapport aux causes.
5Règle générale, le paradigme de la médecine humorale suppose qu’un corps en santé est un corps où l’on retrouve un équilibre entre les différentes humeurs compte tenu du tempérament de l’individu. La maladie est vue comme un déséquilibre de ces humeurs. Cet univers théorique laisse peu de place aux maladies spécifiques. Il n’est donc pas surprenant que les médecins médiévaux aient d’abord tenté d’intégrer les manifestations pestilentielles dans la catégorie des fièvres3, puis ensuite, à cause de la présence de bubons, dans la catégorie des apostemes4. Néanmoins, plusieurs facteurs « externes » peuvent favoriser des déséquilibres, on les trouve classés dans les « six choses non naturelles » qui affectent le comportement humoral : la nourriture et l’eau, l’air, le sommeil, la veille, l’exercice, la digestion et l’état d’esprit5. C’est par le biais de l’air que la pestilence est vue envahir le corps. Cette théorie aériste n’excluait nullement la réalisation de la contagion de la maladie, au contraire, tous ceux qui furent témoins de la première poussée de peste et des subséquentes sont unanimes pour accorder à cette affection un caractère hautement contagieux6. La plupart des traités divisent les causes en deux grandes catégories : les causes célestes et les causes terrestres, les causes lointaines et proches7. La conjonction astrale entre les trois planètes Mars, Saturne et Jupiter dans le signe du Verseau en 1345 est généralement vue comme le point de départ d’un enchaînement de causes météorologiques et astrales8. On pense surtout à Mars ayant résidé dans le signe du Lion entre 1347 et 1348 causant des vapeurs fétides attirées par cet astre, s’élevant de la terre et des eaux et propulsées par des vents violents venant du midi causant une chaleur et une humidité excessive9. Des changements climatiques s’ensuivent qui ont des effets néfastes sur la santé. L’air en est transformé de deux façons : dans sa qualité, i.e. altération ou dans sa substance, i.e. putréfaction. Une fois cet air ingéré, il se rend droit au cœur et cause une putréfaction des humeurs, par le sang ou par l’élan vital. Cette putréfaction tente évidemment de s’évacuer, elle le fait de trois façons : par les aisselles, par l’aine ou par des abcès extérieurs. Ces éléments théoriques étaient validés par l’expérience ; la présence fréquente de bubons. Dans le schéma galénique, l’air était vu comment étant la chose non naturelle qui agissait avec le plus d’impact sur le corps. L’air était indispensable à la vie, il était le receptacle du monde sublunaire et il voyageait rapidement d’un endroit à l’autre par le biais des vents. Un changement dans la nature ou la substance de l’air pouvait donc avoir de graves conséquences sur le corps humain10. En dernier lieu, il faut voir comment cet air entrait en contact avec le corps. Il le faisait de deux façons : 1. Par les voies respiratoires, 2. Par osmose via les pores de la peau11. C’est pourquoi, on supposait que les personnes qui avaient les pores de la peau dilatés étaient plus susceptibles de contracter la maladie. Il fallait, en outre, éviter de les dilater davantage soit par le biais des bains, du coït ou de trop grands efforts. Il s’agit là d’un exposé schématique, la peste ayant donné lieu au Moyen Age à de multiples degrés d’interprétation à l’intérieur de l’univers théorique de l’époque.
6Maintenant qu’on a vu que la qualité de l’air est la première cause de la propagation de la peste, on aura compris que la fenêtre joue un rôle important dans la prévention de la maladie. Par contre, on verra que les dispositions qui concernent la fenêtre sont assez rares et varient selon les cas, les auteurs et les époques. Le premier traité que je voudrais examiner viens de Catalogne. Il s’agit d’un des premiers traités de peste connu, composé le 24 avril 1348 pour le conseil de ville de Lérida par Jacques d’Agramont12.
7Dans ce traité, l’auteur commence par parler des signes, ensuite des causes. Puis, il élabore un régime, soit des mesures de prévention et de cure. Parmi les nombreuses causes de la pestilence on compte bien sûr la position des planètes. Puis, l’auteur mentionne les vents qui d’après lui, semblent être la principale cause de la propagation du mal. La théorie qu’il énonce peut se résumer ainsi : il peut y avoir mortalité quand des vents néfastes soufflent pendant plusieurs jours et emportent avec eux la pestilence. En outre, lorsque les étés sont plus froids et les hivers sont plus chauds ou le contraire lorsque le vent du sud, qu’on appelle le vent de la mer, souffle longtemps en été et qu’il le rend humide et chaud, ou lorsque la tramontane souffle longtemps en hiver le rendant plus froid que d’ordinaire. On comprend que c’est lorsque les vents ou les temps ont des comportements anormaux que la peste peut survenir moyennant le fait que les astres ou Dieu l’aient voulu ainsi13.
8Compte tenu de ce cadre théorique, l’auteur donne des mesures de prévention contre la peste due aux temps excessivement chauds et pour la peste due aux temps excessivement froids. Pour les temps excessivement chauds, l’auteur dit qu’il faut chercher l’ombre. Idéalement, il faut habiter une maison troglodyte, mais les fenêtres ne doivent pas donner au nord. En cas de froid excessif, il faut trouver des endroits naturellement chauds, l’auteur mentionne la région de Valence et de Tarragone. On doit chercher une chambre qui laisse entrer le soleil avec des fenêtres qui donnent au sud ou à l’est, et si par malheur, on a des fenêtres qui donnent sur le nord, on doit les garder fermées en tout temps. Il appert donc que pour Jacme d’Agramont, c’est le vent septentrionnal qui est le plus néfaste et la fenêtre qui lui permet de pénétrer la maison doit être tenue fermée que ce soit en temps chauds ou en temps froids.
9De la première poussée de peste, Jacme d’Agramont est le seul, parmi les auteurs méridionaux, à nous parler des fenêtres. Il faut donc en arriver à la deuxième vague d’épidémie qui commence en 1361. On trouve plusieurs traités de peste écrits par des auteurs montpelliérains, dont les plus illustres sont Guy de Chauliac, Jean de Tournemire et Jean Jacme.
10C’est autour de 1373, que le médecin Jean Jacme, lecteur ordinaire en l’école de médecine de Montpellier écrit un traité de peste dont on a trouvé plusieurs manuscrits connus sous le nom de Kanutus14. Encore une fois, on s’attarde à l’extrême contagiosité de la maladie et Jean Jacme répète plusieurs fois qu’il faut éviter les lieux infectés ainsi que la promiscuité de la foule. Le mieux est donc de s’occuper à l’intérieur de la maison, là où il n’y a pas de monde et où on est protégé des temps couverts et nuageux15 :
A la [seconde] question si de telles maladies sont contagieuses, je dis que oui, parce que de ces corps infectés émanent des vapeurs vénéneuses et des choses humides qui corrompent l’air, c’est pourquoi on doit éviter la promiscuité d’un certain nombre de personnes car il se peut que l’un d’eux soit infecté et en conséquence les médecins et les serviteurs des malades ne doivent pas s’éterniser et se tenir face à la fenêtre ou à la porte. Il serait bon que le patient change souvent de chambre. Les fenêtres qui donnent au nord ou à l’est doivent être ouvertes, celles qui donnent sur le sud doivent être tenues fermées16.
11L’auteur considère donc que c’est le vent du sud qui est le plus néfaste et les fenêtres qui lui permettent de pénétrer la maison doivent être tenues fermées.
12Que s’est-il passé entre ces deux traités pour que la position idéale de la fenêtre soit si dramatiquement différente ? Le traité de Jacme d’Agramont est un des premiers traités de peste connus. Parmi les premiers traités à paraître, on trouve aussi la recommandation faite au roi de France par la faculté de médecine de l’Université de Paris. Parue en octobre 1348 et connue sous le nom de Compendium de epidimia, elle allait devenir un des principaux points de référence en ce qui concerne la chaîne causale de la maladie17. Or, le Compendium parisien fait une utilisation beaucoup plus large du chapitre d’Avicenne sur les fièvres pestilentielles. Jacme d’Agramont écrit sur la peste à chaud alors qu’il la voit décimer la population de Lérida et il essaye, avec son propre bagage théorique, d’élaborer explication et régime. Il cite Avicenne à plusieurs reprises et ses références proviennent de différents chapitres. Ce qu’il a retenu du chapitre sur les signes de l’air pestilentiel sont les propos sur les temps changeants18. Par contre, un passage d’Avicenne sur les fièvres pestilentielles, même s’il ne parle ni de contagion, ni de bubons, devient un des points de référence primordiaux de l’explication de la maladie à partir de la parution de la recommandation des médecins parisiens, c’est le suivant :
... lorsque dans certaines conditions les causes célestes et terrestres se conjuguent, des vapeurs et des fumées s’élèvent et se mélangent à l’air et provoque sa putréfaction par le biais d’une faible chaleur... une chaleur non naturelle s’étend alors sur tout le corps et ainsi à cause de cela il y aura fièvre pestilentielle19.
13Ce passage a conduit les médecins parisiens à attribuer aux vents du sud la propagation de la maladie. Ils recommandent de fuir les vents du sud parce qu’ils emportent avec eux des vapeurs néfastes, putrides et vénéneuses qu’ils récoltent des marais, des lacs, des vallées et des corps infectés20. Ils préconisent de n’ouvrir que les fenêtres qui donnent au nord tant qu’elles ne surplombent pas des endroits infectés21.
14Par la suite, la plupart des médecins qui écriront sur la peste y compris nos maîtres montpelliérains attribueront aussi la propagation de la maladie au vent du sud et c’est pourquoi Jean Jacme préconise de tenir la fenêtre qui donne sur le sud constamment fermée. Les autres doivent restées ouvertes et on doit même se tenir la figure près de la fenêtre pour inhaler le « bon » air.
15Néanmoins, devant ces apparentes divergences, autour de 1421, le médecin montpelliérain Michel Boet préfère ne pas prendre de chances avec les fenêtres. En tout temps, elle doivent restées fermées. Je cite :
Il est recommandé de ne pas sortir de la maison avant le lever du soleil ou après son coucher, ni d’ouvrir les fenêtres, mais la maison et les fenêtres doivent être closes qu’elles soient tramées ou vitrées.
16Plus loin, il répète ses admonitions :
Par temps froids et couverts, restez dans une maison dont les fenêtres vitrées ou tramées soient fermées22.
17C’est que la fenêtre vitrée a fait son apparition et est de plus en plus utilisée dans la construction des maisons civiles à Montpellier au xve siècle, surtout celles de l’élite urbaine. Michel Boet lui accorde une importance particulière, probablement en raison de sa nouveauté. D’ailleurs, lorsqu’il annonce au début de son traité que celui-ci est destiné à ces amis moins lettrés (vulgares), nous pensons qu’il fait référence à cette élite urbaine de laquelle il fait lui-même partie23.
18On voit donc que la fenêtre en temps de peste joue un rôle important dans le mécanisme de propagation parce qu’elle est l’intermédiaire entre le dedans et dehors. Comme l’air putréfié vient du dehors, plusieurs dispositions sont prises pour que cet air ne pénètre pas dans la maison. Mais, cet air vicié qu’on tente à tout prix d’éviter passe inévitablement par la porte et pénètre quand même à l’intérieur de la maison. Lorsque l’on isole les issues, ne reste-t-il pas à l’intérieur pour ainsi contaminer les habitants ? Bien sûr, mais alors qu’on ne peut pas changer l’air extérieur, il est possible de changer celui de la maison.
19On sait que le premier conseil donné en temps de peste est de fuir vite et revenir tard. C’est ce que Michel Boet préconise :
De fait, le meilleur remède est de changer d’air et d’aller là où l’air n’est pas corrompu... et si cet air naturel ne peut être trouver, qu’on le trouve artificiellement en humectant d’abord sa couche de vinaigre et d’eau de rose et par un écoulement constant d’eau24.
20On voit que la qualité de l’air se mesure largement à son odeur. Si l’air sent bon, c’est qu’il est bon, s’il sent mauvais comme par les temps de grande humidité, c’est qu’il est mauvais. Il s’agit là d’un lieu commun de la littérature médicale galénique25.
21J’aimerais conclure en revenant sur une assertion que j’ai faite au tout début de cette communication. Je disais donc que le traité de peste était banalement dénué d’allégories et de métaphores. Ce serait méconnaître et sous-estimer l’humorisme médical lequel s’élabore sur tout un ensemble de correspondances et de sympathies. Considérons donc que la maison est en fait une métaphore du corps et que les précautions que l’on prend au sujet des fenêtres rappellent celles que l’on prend concernant les pores de la peau. Comme il faut éviter de les trop dilater pour ne pas que la maladie pénètre le corps, ainsi il faut tenir les fenêtres fermées pour éviter que la maladie pénètre la maison. La fenêtre et les pores sont deux voies identiques d’accès entre le dehors et le dedans, entre l’extérieur et l’intérieur.
Notes de bas de page
1 Il s’agit là d’un topos mais en temps de peste, il devait s’avérer particulièrement à propos. Sur la peste en général on consultera, Jean-Noël Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, 2 vol., Paris-LaHaye, Mouton, 1975 et Philip Zeigler, The Black Death, Londres, Collins, 1969.
2 Cette division suivait celle d’Avicenne dans son livre III du Liber Canonis.
3 C’était dans cette catégorie qu’Hippocrate, Galien et Avicenne avaient classé les maladies pestilentielles. Par contre, alors que les fièvres étaient divisées en trois catégories, hectiques (issues des membres), éphémères (issues du souffle ou élan vital) et putrides (issues des humeurs), la fièvre pestilentielle se distinguait moins par l’endroit d’où elle émanait que par ce qui en était la cause. Voir Avicenne qui liste les trois types de fièvres pour les faire suivre ensuite d’une discussion sur la fièvre pestilentielle. Avicenne, Liber Canonis, Livre IV, fen 1, trait. 4, chap.l, Venise, 1507, f 416 r°. Nous utiliserons pour cet article deux versions imprimées du Liber Canonis soit celle de Venise 1507, facsimilé édité par Georg Olms, Heildesheim, 1964 et celle de Venise 1527, facsimilé, Editions culture et civilisation, Bruxelles, 1971.
4 Les traités qui furent écrits à Montpellier à partir de la deuxième poussée de peste, c’est-à-dire, après 1361, se penchent plus particulièrement sur la classification de la maladie soit dans les fièvres, soit dans les apostèmes. Cf. Melissa P. Chase, « Fevers, Poisons and Apostemes : Authority and Experience in Montpellier Plague Treatises », dans Pamela Long (dir.),Science and Technology in Medieval Society, New York, Annals of the New York Academy of Sciences, 1985, p. 158-59.
5 Sur les six choses non naturelles, voir Lewis J. Rather, « The « Six Things Non- Natural » : A Note on the Origins and Fate of a Doctrine and a Phrase », Clio Medica, 3 (1968), p. 339-340.
6 En l’absence d’une théorie bactériologique, il n’était pas question de « germe », même si l’idée semble avoir été entrevue d’abord par Galien et presqu’ignorée au Moyen Age. Cf. Vivian Nutton, « The seeds of diseases : An Explanation of Contagion and Infection From the Greeks to the Renaissance », Medical History, 21 (1983), p. 1-34. D’autre part, la réalisation que la peste était hautement contagieuse tranchait avec les données anciennes et arabes sur les fièvres pestilentielles, lesquelles ne parlaient pas de contagion.
7 Tel qu’élaboré dans le Liber Canonis d’Avicenne, Livre IV, fen 1, traité 4.
8 La référence à la conjonction entre Saturne et Jupiter provient du commentaire d’Albert le Grand au Météorologiques d’Aristote et au traité pseudo-aristotélicien Des causes de la propriété des éléments. Ce dernier stipule qu’une conjonction entre ces deux planètes dans le même signe et au même degré cause une mortalité et une chute démographique. Il élabore aussi sur le caractère occulte ou invisible de cet effet, le comparant à l’action de l’aimant sur le fer. On retrouve cette analogie dans la majorité des traités de peste. Danielle Jacquart, La médecine médiévale dans le cadre parisien – xive-xve siècles, Paris, Fayard, 1998, p. 236. Voir aussi Jon Arizzabalaga, « Facing the Balck Death : Perceptions and Reactions of University Medical Practitioners », dans Luis Garcia-Ballester et al. (éd.), Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 245, qui attribue cette référence à la théorie de l’astrologue arabe Albumassar. Pour en savoir plus sur les causes célestes voir John D. North, « Medieval Concepts of Celestial Influence : A Survey », dans Patrick Curry (éd.), Astrology, Science and Society, Historical Essays, New York, Boydell Press, 1987, p. 5-16.
9 Jon Arizzabalaga, « Facing the Balck Death... », p. 242.
10 Ibid., p. 248.
11 Ibid., p. 260.
12 Jacme D’Agramont, Regiment de preservacio a epidimia o pestilencia e mortaldats, Epistola de Maestre Jacme d Agramont als honors e discrets seynors pahers e conseyll de la ciutat de Leyda, nous utilisons la traduction anglaise de M.L. Duran-Reynolds et C.-E., A. Wilson dans Bulletin of the History of Medicine, 23 (1949), p. 47-93. Sur ce médecin, voir des mêmes auteurs, « Jacme D’Agramont and the First of the Plague Tractates », Bulletin of the History of Medicine, 22 (1948), p. 747-765, Arnold C. Klebs, « Jacme d’Agramont, Johan Jacme metge del Rey d’Arago y Johannes Jacobi de Montpellier (siglo xiv) », Xe Congrès international d’histoire de la médecine, Madrid, 1936, p. 269-272 et du même auteur, « A Catalan Plague-Tract of April 24, 1348 », Rapport du 6e congrès International d’histoire de la médecine, Leyde-Amsterdam, 1927, Anvers 1929, p. 229-232. La Catalogne faisait partie du territoire de la Courrone d’Aragon lequel incluait le Roussillon jusqu’en 1349. En 1301, le roi d’Aragon avait fondé un studium à Lérida. L’enseignement de la médecine avait d’abord été assumé par un maître montpelliérain. Jacme d’Agramont y enseignait au moins depuis 1344. Michael McVaugh, Medicine before the Plague. Practitioners and their Patients in the Crown of Aragon 1285-1345, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, p. 83-87.
13 La théorie de Jacme d’Agramont est plus complexe que cet énoncé simplifié. Pour plus de détails et une analyse théorique de ce traité voir Jon Arrizzabalaga, « Facing the Black Death... ». Par ailleurs, cette partie de l’énoncé provient d’une phrase d’Avicenne sur laquelle l’auteur semble avoir brodé : Pestilenciam autem estivam malignam malam signi-ficat paucitas pluvie in vere cum frigore, deinde multiplicatur auster et conturbatur aer aliquot diebus, deinde clarificatur post hebdomadam unam non supra et accidit frigus in noctem in die calor est vehemens et praefocation et conturbatio et caliditas, tunc iam venit pestilentia et expectantur febres pestilentie et varilole et his similia. Avicenne, Liber Canonis, Livre IV, fen 1, trait. 4, chap. 1, Venise, 1507, f° 416 v°.
14 Sur cet auteur, cf. Ernest Wickersheimer, « Jean Jacme et les régimes de pestilence qui porte son nom », Archivio de storia della scienza, 6 (1925), p. 105-112.
15 Jean Jacme, Sudhoff Archivs, Band XVI, 1924, p. 26.
16 Ad secundum questionem : si tales morbi sint contasgiosi dico quod sit quia a talibus cor-poribus effumantfumi venenosi corrumpentes aerem et humiditates et ideo est fugiendum ad infectis ymmo tempore pestilencie nullus debet stare in cumulo gencium quia potest esse quod aliquis illorum sit infectus et ideo medici et servitores infirmorum debent stare de longe et tenere facium versus portam vel fenestram et pacienti esset bonum frequenter mutare cameram ; fenestre versus boream vel orientem aperiantur sed versus meridiem teneantur clause. Ibid., p. 25.
17 Même si on retrouve, à peu de choses près, les mêmes énoncés chez Gentile da Foligno dont le traité précède de quelques mois celui des médecins parisiens, ce dernier fut beaucoup plus populaire et a servi de source à la majorité des auteurs postérieurs, Danielle Jacquart, La médecine médiévale..., op. cit., p. 233.
18 Pourtant, il utilise aussi le traité de Galien : Des différences entre les fièvres qui parle des fièvres pestilentielles amenées par des vents chauds venus d’Afrique et il reconnaît l’effet néfaste de l’humidité et de la chaleur dans la propagation de la peste, mais en ce qui concerne les fenêtres, il ne vise que celles qui laissent entrer la tramontane. Il faut voir que la ville de Lérida avait vu des périodes de froid intense un peu avant l’arrivée de la peste aux dires de Jacme d’Agramont. Il n’est donc pas incongru que l’auteur ait vu ces temps froids comme précurseur de la peste et comme propagateur du mal.
19 Et quandoque faciunt necessario virtutes agentes celestes et virtutes patientes terrestres humectationem vehementem aeri et expelluntur vapores et fumi ad ispum et sparguntur in ipso et putrefaciunt cum [cum] caliditate debili. Et quando fit aer secundum hunc modum venit ad cor, quare corrumpit complexione spiritus qui est in ipso et putrefit quod circum-dat ipsum de humiditate et accidit caliditas egressa a natura et spargitur in coprore, tunc per causam suam eritfebris pestilencialis. Avicenne, Liber Canonis, Livre IV, fen 1, trait.4, chap. 1, Venise, 1507, f° 416 r°.
20 Maîtres parisiens, Compendium, dans Emile Rebouis, Etude historique et critique de la peste, Paris, Picard, 1888, p. 82.
21 Ibid., p. 96.
22 Communiter non exeat casam ante ortum solis nec post ocasum nec apperiantur fenestre, sed domus et fenestre sint clause cum tela vitrata vel sint vitreate... Tempore algido, tempore nebula habeatur domus cuius fenestra sit clausa vitro vel tela vitrate... Michel Boet, Sudhoff Archivs, Band XVII, 1925, p. 46. Le traité de Michel Boet est très intéressant en cela qu’il distingue 12 types de pestilences.
23 Ad preces quorundam amicorum ego Michael Boeti, magister arcium et medicine Monte Pessulano et propter dei servicium et commune bonum eafrivola que in hac materia exper-tus sum et sencio, scribere disposui et maxime per modum figuracionis, ut vulgares melius intelligere possint... Michel Boet, Sudhoff, 1925, band XVII, p. 46. Michel Boet comptait parmi les notables de la ville et se livrait probablement au commerce du sel comme en témoignent l’évaluation de ses biens et quelques actes notariés. Geneviève Dumas, Les pratiques de la santé à Montpellier à la fin du Moyen Age (1293-1506), thèse de doctorat. Université McGill, 2000.
24 Nam ultimum et melius remedium est mutare aerem et ire ad aerem non coruptum et sit ten-dens ad siccitatem et frigidatem temperatam et si ille aere naturalis reperiri non possit, fiat artificialiter primo irrorando cubile aceto ac aqua rosarum et manacione aque currentis. Ibid. En fait, Avicenne réitère à plusieurs reprises dans ses mesures curatives et préventives de « rectifier » l’air de la maison. Avicenne, Liber Canonis, livre IV, fen 1, trait. 4, chap. 1, Venise, 1527, f° 326 r°.
25 On verra encore une fois le commentaire de Jon Arizzabalaga dans « Facing the Balck Death... », p. 275-276.
Auteur
McGill University, Montréal (Canada)
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