Vieux fous
p. 21-26
Texte intégral
1Don Quichotte et Le Seigneur des anneaux présentent un point commun qui n’a rien d’une coïncidence, le second roman s’inspirant ici du premier. On pourrait composer un haïku :
Un vieillard
Part
Sur des routes de hasard.
2Le Moyen Âge comme fantaisie adorée est une référence commune aux deux œuvres. Il est le temps de la chevalerie, de cet « âge d’or » auquel rêve Don Quichotte, ému par un frugal repas de glands et de fromage trop dur1, tandis qu’à peine plus tard Frodon, que la marche vers une mort certaine rend poète comme son oncle, se souvient, dans ses ballades, des temps immémoriaux.
3Un gentilhomme, Don Quichotte, sort donc de chez lui pour procurer au monde de ses proches voisins une vision littéraire de la vie ; il n’amasse pas mousse, il ne va pas loin, il revient plusieurs fois à son point de départ. La composition du roman joue sur l’idée que, dans le cadre spatial au demeurant limité géographiquement de la région du Toboso (centre névralgique à partir duquel l’histoire symboliquement rayonne, village béni de l’incomparable Dulcinée), l’aventure est renouvelée, par le récit, de façon illimitée. On nous porte au-delà des mers, au fond des grottes les plus mystérieuses, à travers l’éther des cieux et dans les contrées barbaresques. L’épisode fort moqueur de la mort du personnage et de sa conversion soudaine in extremis au réel est marqué par la nécessité, quasi-externe, de « faire une fin » à tous les sens du terme : une fin au roman, une fin morale au héros errant. Mais personne n’est dupe : la mécanique des aventures extraordinaires pourrait se poursuivre indéfiniment, n’était le soin jaloux que met l’auteur à couper l’herbe sous le pied de ses imitateurs.
4Dans Le Seigneur des Anneaux, Frodon mène une anti-quête dont le but n’est pas de gagner quelque chose, mais au contraire de se dessaisir avec horreur d’un anneau dangereux. Les aventures succèdent aux aventures dans un but qui n’est ni la reconnaissance ni l’intégration mais au contraire l’abnégation, la résistance aux forces opposées, et la désintégration annoncée, tant de l’anneau que de Frodon lui-même, qui finit par se dissoudre dans les Havres Gris.
5Don Quichotte frise la cinquantaine quand, devenu fou de romans d’aventures, il décide d’entamer sa carrière de chevalier2 ; Tolkien n’est plus un jeune homme quand il publie son œuvre maîtresse3 ; Cervantes est plein d’usage et raison – vieux et manchot, dit-il lui-même dans son second prologue4 – quand il s’attache au chevalier de la Manche ; Frodon, qui se fait traiter de « sacré vieux Frodon » par les jeunes Hobbits5, a atteint un « âge plus rassis » quand on commence à s’inquiéter de le trouver, comme son oncle, si bien conservé malgré les années6. « Ainsi allèrent les choses jusqu’au moment où il frisa la cinquantaine », dit la traduction française, qui insiste : c’est l’âge où l’aventure était advenue à Bilbon7. Et même si la majorité des Hobbits est fixée à l’âge 33 ans8, car ils vivent volontiers 100 ans9, la remarquable insistance de l’auteur sur la question de l’âge, tant de Bilbon que de Frodon, mérite qu’on s’y attarde. Ce n’est certes pas une coïncidence si Frodon, vieux fou comme Don Quichotte, débute ses aventures au même âge que son modèle espagnol, chassant d’ailleurs de son trou un jeune « Sancho », au début du roman10, pour s’adjoindre plutôt les services de Sam le jardinier.
6Explorons les ambiguïtés du roman de formation quand le héros se fait vieux, qu’il prend des routes de hasard et qu’il développe une forte identification à des thèmes « moyenâgeux ». Le mot ici voudrait signifier, sous sa coloration péjorative qu’on se permettra pour l’occasion d’inverser en valeur positive, que le Moyen Âge est le fruit des rêves et de l’imagination plus que de l’étude rigoureuse d’une période historique et culturelle. « Moyenâgeux » permet de franchir la ligne qui sépare une activité « sérieuse » (faire de la philologie anglo-saxonne comme Tolkien, gérer sagement son petit domaine comme Don Quichotte) d’une activité « créative » ou « folle » (écrire un roman, dévorer des romans jusqu’à se ruiner). Au reste, rien n’est plus fragile que ce léger pont notionnel : les amateurs de GN (jeux grandeur nature) ne se qualifient-ils pas eux-mêmes de « médiévistes », mot bâti sur « médiéval », aux connotations savantes ?
7On pourrait risquer le terme de « picaresque » pour qualifier le type de tracé aventureux qui est celui du héros, Don Quichotte ou Frodon. Le récit picaresque s’opposerait au roman de formation, au « roman de socialisation » pour reprendre l’expression de Denis Pernot11. « Picaresque », quant à lui, s’entendrait au sens d’une technique romanesque, non au sens d’une période littéraire spécifique12. L’idée centrale est la suivante : quand le héros est vieux, il n’est plus question de le former. Dès lors, les ambitions d’apprentissage tombent d’elles-mêmes, ce qui ne va pas sans conséquences idéologiques.
8Tandis que le roman de formation se voue au rassemblement signifiant de la totalité d’une expérience, à des fins d’intégration sociale et morale du héros, le récit de type « picaresque », au contraire, vise la plus totale et euphorique désintégration. Le récit de type picaresque acquiert une structure éclatée, multiple, compilatoire. Les héros enchaînent les aventures sans aucune progression vers un but intégrateur. Toujours sur le qui-vive, ils passent de lieux en lieux – auberge, prison, marché, campagne... – vivant des aventures de hasard, bonnes ou mauvaises, dormant à la dure et mangeant peu – Frodon maigrit13, Don Quichotte est déjà très maigre au départ. Les épreuves subies ne sont pas capitalisées ; en revanche, le héros du roman de formation, promis à un devenir de gras bourgeois, se vit lui-même comme un capital à faire fructifier. Le roman de formation, roman bourgeois du xixe siècle, est lui-même un roman « gros plein d’être » comme aurait pu dire Sartre, roman de l’intériorité dilatée qui phagocyte le monde extérieur. Au centre, le moi vit, plus ou moins douloureusement, les étapes d’une résignation sociale progressive. Ses errements ne sont que des erreurs de jeunesse, que la vie se charge de corriger.
9La source de ce type de roman est romantique ; on y retrouve les thèmes du génie brisé par l’usure de vivre (on pense à Dominique de Fromentin ou à Volupté de Sainte-Beuve14), et du désenchantement. L’Éducation sentimentale de Flaubert est ainsi une dérivée partielle du Wilhelm Meister de Gœthe, entre désillusion, compromission, adaptation. Le héros, au départ libre, célibataire et aventureux, finit par se ranger : il fonde un couple, ciment de la société. Et d’avoir beaucoup d’enfants.
10Rien de tel dans l’esprit picaresque. Don Quichotte ne forme pas un couple avec Sancho, mais une paire ; il en va de même pour Frodon et Sam, qui forment une paire. Sam, à la fin, rentre chez lui et s’intègre dans la structure non-picaresque du couple, épousant Rosie ; mais Frodon, véritable héros picaresque, reste irréductible à ce genre de fin. Il est et reste célibataire, chose rare pour un Hobbit, de surcroît15. Don Quichotte, qui l’est également, ne reste pas sagement enfermé dans sa piètre seigneurie, comme l’aurait fait un hobereau plus rangé que lui. Marthe Robert esquisse, dans L’Ancien et le Nouveau. De Don Quichotte à Kafka, la définition du héros comme vieux garçon : « C’est un homme d’un certain âge, seul, célibataire, sans passé ni obligations définies », qui n’a rien d’héroïque, qui se jette dans sa poursuite et qui – fait essentiel – pour cet esprit picaresque que je tente ici de circonvenir, « ne tient compte d’aucune expérience »16. Célibataire, le héros se trouve anti-épique : « le manque de femme et de postérité lui fait une position inacceptable au regard de l’épopée »17.
11Le héros accomplit un périple dont il rentre très fatigué. Don Quichotte erre dans les méandres de sa folie douce, Frodon parvient à réaliser, comme son oncle, un « aller-retour » qui l’a mené très loin, mais son parcours n’est ni une boucle, ni une odyssée, ni un apprentissage. Marthe Robert précise à propos de Don Quichotte : « il est promis à une continuelle défaite, mais ne se décourage pas, car au fond il n’espère rien, sachant fort bien que son projet est aussi irréalisable que nécessaire »18 : des mots qu’on pourrait, sans en changer une virgule, appliquer à la « quête » de Frodon.
12Tel est l’acte radical qui entraîne toute la littérature à sa suite, dans un point de non-retour. Ce type de roman propose « un voyage sans fin à travers les siècles et les livres »19. L’esprit picaresque oppose donc un démenti formel à cette assertion de Roger Caillois : « il n’y a qu’un seul sujet de roman : l’existence de l’homme dans la cité et la conscience qu’il prend des servitudes entraînées par le caractère social de cette existence »20. Ainsi les personnages, au lieu de s’édifier progressivement sur leurs bases, comme les héros du roman de formation, deviennent-ils nomades, gens du voyage, errants par nature et par choix ; leur vie n’est point construite et homogène, leur quête ne vaut pas tant par elle-même que par le chemin qui y conduit – et c’est le chemin, non la quête, qui fait en fin de compte l’objet du roman.
13La passion du Moyen Âge serait-elle un moyen de résister à cette tentation sociale de l’intégration désenchantée ? Dans Don Quichotte comme dans Le Seigneur des Anneaux, elle fait nettement office de pare-feu, qu’on se place du côté des héros ou du côté des écrivains eux-mêmes. Cette résistance à la fois éthique et narrative au roman de socialisation va de pair avec le grand âge. En effet, ni les uns ni les autres n’accordent vieillesse et résignation.
14Vieillesse et Moyen Âge sont liés en ce qu’ils représentent tous deux l’épaisseur vécue du passé, une certaine forme de savoir accumulé, mais un savoir non vérifiable qui procure à l’imagination une certaine liberté. En effet, dans l’un comme dans l’autre roman, le savoir mal conservé dans de vieilles archives, est restitué dans la mémoire sous une forme légendaire, incertaine, fragmentaire, humaine. Sam se souvient par miracle de quelques couplets d’une chanson oubliée21, le « Livre Rouge » des archives de la Comté a été perdu mais recopié22, les « sources » sont toujours le fait d’une volonté particulière, d’un angle de vue personnel à l’auteur, et n’ont dès lors aucune ambition généralisante23. Le vieux fou de héros possède un savoir parcellaire mais très personnel, fortement teinté de légendaire, qui lui permet d’agir dans le présent avec une pleine conscience de lui-même et de ses facultés d’appropriation personnelle des connaissances.
15Dans Don Quichotte, on ne brûle pas tous les livres, tant s’en faut. La scène de l’autodafé parodique singe avec ironie l’arbitraire de la critique, qui sur un coup de tête opte pour la censure par le feu, le purgatoire dans le puits ou la rédemption pleine et entière. C’est donc le hasard ou le caprice qui conserve les documents écrits ; la nouvelle du Curieux impertinent se trouve dans une malle abandonnée à l’auberge, et la suite de Don Quichotte, au moment où deux belligérants à l’épée levée chargent l’un vers l’autre, ne prétend exister que par miracle : on la déniche par pur hasard, au milieu d’un tas de vieux papiers.
16L’histoire humainement lacunaire de la transmission des textes est porteuse des mêmes valeurs que la vie du vieux fou : le hasard de leur histoire, soumis à des aléas de conservation incommensurables, reflète les aléas des personnages, pris dans des aventures qui n’enregistrent aucun acquis de l’expérience.
17C’est donc à une réflexion globale sur la liberté que donne une certaine perte due au facteur humain que ces romans convient leur lecteur. Au lieu de présenter un jeune héros, neuf et fort, féru de documents précis et intacts, dont la nouveauté flambante et l’inhumaine conservation scientifique semblent un gage d’éternité, on préfère l’errance d’un vieux fou, symbole du caractère lacunaire et légendaire de la mémoire-même de l’histoire. Les romans invitent à réfléchir sur le temps qui passe, sur l’accumulation hasardeuse des archives, sur les traces incertaines du souvenir.
18C’est cette histoire de la transmission lacunaire que représente l’idée de « Moyen Âge » au sens non-érudit du terme – on incline vers « moyenâgeux » –, qu’il s’agisse de l’épaisseur du temps qui érode les documents, dans Le Seigneur des Anneaux, ou de la mémoire de Don Quichotte, le fou aventureux, qui se fait le paradoxal conservatoire des romans de chevalerie qui auraient été sans lui oubliés de la tradition littéraire.
19Doit-on pour autant en conclure à l’identité de la vie et de la décadence, par opposition à l’éternité immobile mais morte de l’ermite, comme le suggère le prologue de Zarathoustra ? À 30 ans, Zarathoustra devient ermite ; mais dix ans plus tard, il déclare au grand soleil : « je suis dégoûté de ma sagesse, comme l’abeille qui a amassé trop de miel. J’ai besoin de mains qui se tendent. Je voudrais donner et distribuer, jusqu’à ce que les sages parmi les hommes soient redevenus joyeux de leur folie ». Pour cette raison, Zarathoustra, comme Galadriel, « doit disparaître ». « Zarathoustra veut redevenir homme » ; et de conclure : « Ainsi commença le déclin de Zarathoustra ». Le déclin, c’est-à-dire la vie, c’est-à-dire l’histoire même du philosophe ; car d’un ermite retiré, on ne peut rien dire. C’est ce que comprennent aussi bien Don Quichotte que Frodon, quittant leur demeure tranquille et retirée pour se jeter sur les routes et prendre part aux affaires du monde, dans un élan où la vie-même est par définition le début du déclin.
20Mais la vie, toute déclinante qu’elle soit par nature, est autre chose encore dans ces romans d’esprit picaresque. Si un jour Tolkien bascule dans l’irresponsable fiction – ce jour où, écrasé de travail universitaire, il a laissé un petit Hobbit jaillir de sa plume distraite et aller se réfugier dans son trou – c’est aussi parce que le Moyen Âge permet d’atteindre ce qu’un spécialiste du chamanisme, Michel Perrin, appelle le « monde-autre »24. On peut caractériser plus avant ce monde parallèle, qui n’est pas seulement synonyme d’« évasion », au sens de l’entertainment américain ; il s’agit plus précisément du monde de l’art, de l’amour de l’art qui est une composante si importante du Don Quichotte et du Seigneur des Anneaux. Curieusement, Don Quichotte, réputé fou de littérature, rencontre sur son chemin des dizaines d’autres fous dans son genre, bergers morts d’amour, bergères sachant parler, captives maures à l’amour lyrique, poètes réfugiés dans les bois ou ducs prêts à monter de véritables « installations », comme on dirait aujourd’hui en art contemporain, pour satisfaire leur goût de voir vivre en vrai un chevalier de légende : le fou de littérature déchaîne la littérarisation générale de la vie.
21Dans l’un comme dans l’autre roman, les personnages ne cessent de composer, de dire ou de se remémorer des poèmes. Important est le moment où Frodon, désespéré par la mort de Gandalf, compose des vers sous l’influence bénéfique de son séjour chez les Elfes, lesquels Elfes représentent, avec leurs trois anneaux, le pouvoir très particulier de l’art par opposition au pouvoir temporel. Professeur d’université, Tolkien était soumis au grand écart qui consiste à la fois à transmettre l’amour de l’art et à se jeter dans les affaires immédiates du monde, les commissions, les directions, affaires temporelles que la vieillesse, marche forcée vers la mort, conduit parfois à investir de plus en plus férocement. Tolkien aurait pu se donner à soi-même les fausses garanties de la vana gloria mundi, de l’ambition à courte vue. Mais pour rester Galadriel et affronter sereinement le déclin, il s’est plutôt inventé un double artistique, Frodon, dont les choix de culture témoignent de cet amour de l’art : parler un peu (et même beaucoup) la langue des elfes, mémoriser des chants, devenir compositeur de nouveaux chants lui-même, et écrivain. L’histoire de la famille Saquet est celle d’une genèse d’écrivains.
22La fin de Frodon est conforme à son parcours. Le but du personnage est ce que Xavier Garnier appelle : devenir une légende, pour se vaporiser, en quelque sorte, sans qu’il n’en reste rien sur terre. Le Moyen Âge symbolise ainsi un certain type de mémoire, sans trace terrestre, sans documents et sans archives : le moment où le savoir se dissout en légende, où les lectures n’ont plus besoin de livres qui en attestent, où le dire devient chant ou en poème : le moment de l’art.
Notes de bas de page
1 Cervantes Miguel de, Don Quijote de la Mancha, 1605 (t. I) et 1615 (t. II). Traduction utilisée ici : Don Quichotte de La Manche, traduction française de l’espagnol par Aline Schulman, Paris, éd. Seuil, 1997, 2 tomes ; t. I, chap. II, p. 126 et suivantes.
2 Dans la traduction française citée ci-dessus, p. 55, chap. I, t. I : « Notre gentilhomme frisait la cinquantaine ».
3 En 1954-1955, quand paraît The Lord of the Rings chez Allen et Unwin à Londres, Tolkien a 62 ans. Il écrit, depuis fort longtemps déjà, contes et poèmes.
4 Don Quichotte, traduction citée, prologue du tome II : « il [l’auteur du faux Don Quichotte] me reproche d’être vieux et manchot » (p. 7). Il a 58 ans lors de la parution du premier tome, et 68 lors de la parution du second.
5 J. R. R. Tolkien, The Lord of the Rings, London, Grafton, 1992, p. 42: « Frodo ! Frodo ! Jolly old Frodo ». Traduction française : Le Seigneur des Anneaux, 1. La Communauté de l’Anneau, traduction française de l’anglais, Paris, Christian Bourgois éditeur, 1972, p. 59 : « Chic au vieux Frodon ! ».
6 The Lord of the Rings, cité, p. 56: « people began to notice that Frodo also showed signs of good ‘preservation’ [...]; but it was not until Frodo approached the usually more sober age of fifty that they began to thinck it queer ».
7 Le Seigneur des anneaux, t. I, cité, p. 82. The Lord of the Rings, cité, p. 56: « fifty was a number that he felt was somehow significant (or ominous); it was at any rate at that age that adventure had suddenly befallen Bilbo ».
8 Le Seigneur des anneaux, t. I, cité, p. 44. The Lord of the Rings, cité, p. 33-34.
9 The Lord of the Rings, cité, p. 34: « Bilbo was going to be eleventy-one, III, a rather curious number, and a very respectable age for a hobbit ».
10 Le Seigneur des anneaux, t. I, cité, p. 75. The Lord of the Rings, cité, p. 52: « Frodo also had a tussle with Young Sancho Proudfoot ».
11 Denis Pernot, Le Roman de socialisation (1889-1914), Paris, PUF, 1998. Voir particulièrement le premier chapitre : « La bourgeoisie malade de sa jeunesse ».
12 Le tracé de cette opposition a été esquissé à l’université Paris 13 avec Xavier Garnier, dans notre séminaire commun intitulé « Le récit picaresque ».
13 The Lord of the Rings, cité, p. 81: « ‘I shall get myself a bit into training, too’, he said, looking at himself in a dusty mirror [...] the reflection looked rather flabby, he thought », et p. 201: « ‘Very odd’, said Frodo, tightening his belt, ‘considering that there is actually a good deal less of me. I hope the thinning process will not go on indefinitely, or I shall become a wraith ».
14 Sainte-Beuve, Volupté, Paris, Gallimard, édition d’André Guyaux, 1986. Au début du roman, le jeune héros subit la leçon des vagues de l’océan. Invité à les contempler, il doit aussitôt comprendre qu’il ne sera que l’une d’entre elles, qui s’élance et se brise dans l’indifférence générale. Ainsi va le mal du siècle à l’époque qui inventa le « génie », c’est-à-dire le futur star-system – qui stipule qu’on ne vaut rien si on n’est pas l’Élu unique. On trouve chez Fromentin les mêmes accents désenchantés : à ceux qui n’ont pas de génie, il ne reste qu’à frayer la voie aux grands, en se contentant tristement d’être des petits, si humbles, si nécessaires. Cette idéologie dépressive, qui fait vendre actuellement les magazines de paparazzi, est un produit calamiteux de notre héritage romantique.
15 The Lord of the Rings, cité, p. 19, prologue: « Bilbo and Frodo Baggins were as bachelors very exceptional, as they were also in many others ways, such as their friendship with Elves ».
16 Marthe Robert, L’Ancien et le Nouveau. De Don Quichotte à Kafka, Paris, Grasset, 1963, p. 12-13.
17 Id., p. 152.
18 Ibid., p. 9.
19 Ibid., p. 203.
20 Roger Caillois, Puissances du roman, Marseille, éd. du Sagittaire, 1942, p. 41.
21 The Lord of the Rings, cité, p. 223.
22 Id., p. 26.
23 Ibid., p. 26-27. L’intérêt particulier de Meriadoc pour le Rohan détermine ses recherches philologiques ; la famille de Peregrin s’intéresse plutôt aux manuscrits des scribes de Gondor relatifs aux héritiers d’Elendil. Question de point de vue !
24 Michel Perrin, Le Chamanisme, Paris, PUF, 1995, p. 6.
Auteur
Université Paris 13
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