L’invention de Cythère : genèse et réception du Livre du Cuer au xve siècle, entre la France et l’Italie
p. 63-74
Texte intégral
1Le cadre d’une commémoration semble propice aux réévaluations. L’histoire critique de René d’Anjou commencée avec l’entreprise éditoriale d’Étienne de Quatrebarbes et la biographie de Lecoy de la Marche qui mettaient l’accent – c’était compréhensible – sur la personnalité politique de René, aura contribué à sa légende plutôt qu’à la reconnaissance de son œuvre littéraire. Une belle exposition, brièvement présentée à Angers pendant l’été 2009, a retracé cette légende jusqu’au xixe siècle1 : elle esquisse la figure d’un souverain aimé, d’un mécène réputé « excellent paintre » et en dernier lieu seulement, d’un écrivain au quel on a prêté sans grand discernement des œuvres qu’iln’a peut-être pas écrites (L’Abusé en cour, Regnault et Jeanneton2). René n’aura donc semblé écrivain que par procuration ou par accident. La réévaluation de son œuvre littéraire est récente et reste malgré tout ambiguë : initiée par Daniel Poirion3, fondée sur deux éditions du Livre du Cuer et une traduction du Mortifiement, elle conduit à l’hommage appuyé d’Armand Strubel, qui, dans son histoire de l’allégorie médiévale, tient l’ouvrage pour fondateur4. On voudrait contribuer à cette réhabilitation en reconsidérant la réception et l’influence du Livre du Cuer au xve siècle afin de montrer comment sa composition singulière et exemplaire situe l’ouvrage au centre des échanges génériques entre la France et l’Italie. À cette fin, on propose un bilan des recherches qui nous occupent sur ce sujet depuis deux décennies en résumant nos travaux ; premièrement sur la genèse et les sources du Livre du Cuer en France et en Italie (le Voir dit de Machaut, l’Itinerarium de Petrarque, le Paradiso degli Alberti) deuxièmement, sur les œuvres qui dérivent de ce modèle ou s’y réfèrent : le Temple de Boccace de Georges Chastellain, Le chevalier délibéré d’Olivier de la marche, le Séjour d’Honneur d’Octovien de Saint Gelais et surtout l’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna (Venise, Alde, 1499). Les rencontres qui pour nous ont marqué ce colloque nous ont en effet permis de documenter notre hypothèse ancienne d’une influence directe du Livre du Cuer sur le chef d’œuvre de Colonna, qui est lui-même à l’origine du mythe de « l’embarquement pour Cythère ». On s’efforcera donc d’y conduire nos lecteurs et ce faisant, de rendre justice à l’écrivain.
La genèse de l’œuvre : l’idée de Cythère ou la dynamique d’un récit
2L’originalité de l’œuvre, l’une des premières à proposer une synthèse des matières sentimentale et chevaleresque préfigurant ce que Chantal Connochie nomme « l’étrange alliance » d’armes et d’amours qui caractérise l’écriture romanesque à la fin du Moyen Âge, ainsi que l’insertion d’une topique « merveilleuse » issue de la matière de Bretagne à un cadre allégorique dérivé du Roman de la Rose ont focalisé l’attention de la critique aux dépens du contrecoup de ces phénomènes : l’étude de ce que l’œuvre doit à la tradition allégorique dont elle est issue, comment elle la prolonge et en recompose les modèles. Il y a chez René d’Anjou un génie narratif, qu’on voudrait d’abord faire valoir, car il mène à « l’invention » qui nous intéresse. On sait que l’écriture du Livre du Cuer vise à la synthèse : l’intégration et l’approfondissement de topoï isolés dans leurs contextes initiaux (la fontaine de Barenton, le « pont périlleux » ou, à une autre échelle, « l’hospital d’Amours ») à une perspective plus longue – le fil directeur de l’allégorie – qui en renouvelle le sens. Revenons donc, avant d’examiner la fin de la quête, à son point de départ, la capture du chevalier Cuer par Dame Espérance. Celle-ci, devenue porte-parole du dessein allégorique, assigne au héros la fin de son parcours et en décrit les étapes. Toutefois, le geste par lequel elle emprisonne Cuer, mérite autant d’attention que le programme de la quête :
lors prist a tressaillir et à muer couleur et de la vergoigne que pour l’eure il eut d’avoir ainsi esté pris par la bride par une seule femme [...] cuida brochier le cheval des esperons mais ce fut pour neant, car la lui convint demourer voulsist ou non, si durement s’estoit ladicte dame de sa bride saisie5.
3D’un point de vue scénographique, l’épisode représente et signifie la capture du héros par la fiction, car simultanément, Cuer tombe en arrêt devant la stèle qui prédit son aventure. Le geste préfigure ainsi la captatio du lecteur lui-même. Or l’étonnement du chevalier, fait prisonnier à son insu, semble rejouer ironiquement un moment-clé du lyrisme courtois. Il s’agit d’un épisode du Voir dit de Guillaume de Machaut, dans lequel Dame Espérance survient à l’improviste, juste après l’unique rencontre amoureuse qui nourrit la trame répétitive de l’œuvre :
Si m’en alais jolis et gais
Et passai les gué et les gais [...]
Tant que vins en une plaine
Et y là une dame encontrai [...]
Et quant la belle m’aprocha
De pres, par mon nom me hucha
Et jetta sa main à ma bride
Dont j’os grant peur et grand hide
Car elle dist : « Vous estes pris
Et vous menrai en mon pourpris. » [...]
« Ma dame vous parlés moult bel
Et puet estre que dites voir.
Mais voroie bien savoir
Vostre nom, si m’escusroie
Par devers vous si je pooie ».
Elle dist j’ai nom Esperance6 [...]
4Si ce n’est pas une coïncidence – car le Voir dit, récit des amours épistolaires de Machaut et de Péronne, semble allusivement désigné sur le tombeau du poète dans l’enceinte de « l’hospital d’Amours7 » –, la reprise du motif marque à la fois l’analogie et la distance entre le propos de René et celui de Machaut. Elle fait valoir le génie synthétique du Livre du Cuer, qui semble prendre en compte l’échec narratif du Voir dit, œuvre avant tout lyrique et qui se soucie peu de n’être, aux yeux des modernes, qu’un roman sans intrigue puisque le jeu amoureux qu’il représente est d’emblée parvenu à sa fin. Tout se passe comme si René avait perçu et résolu le problème par l’interposition d’une trame allégorique seule capable de construire l’aventure. Notons à ce propos, que lorsque le schéma allégorique de René d’Anjou se désagrègera, dans les années 1530 chez Jean Bouchet8, les continuateurs de Machaut et/ou de René seront bien forcés de revenir à la fragmentation initiale des missives, autrement dit à la même impasse.
5Venons-en à l’épisode majeur qui structure le récit, la navigation vers l’île d’Amours et sa description. C’est peut-être aussi à Machaut que René doit son projet d’embarquement car la Fontaine amoureuse s’achève déjà par une navigation, au demeurant « sentimentale » plutôt qu’allégorique9. On peut aussi se tourner vers un autre ouvrage qui semble laisser une trace dans l’écriture du Livre du Cuer. Il s’agit du Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville, dont une version en prose, datée de 1465, est mentionnée parmi les manuscrits de l’exposition d’Angers, comme provenant de la bibliothèque de Jeanne de Laval10. L’épisode de l’embarquement sur la « mer mondaine » d’un pèlerin qui, faute d’échapper aux filets que le Diable tend sur son chemin, se jette à l’eau, sera repris et transposé dans une autre allégorie, qu’on croit elle-même dérivée du Livre du Cuer, le Séjour d’Honneur d’Octovien de Saint Gelais, on y reviendra donc. Ainsi quoique la navigation du Cuer ne soit pas, ou pas encore un topos, c’est moins une invention de René que le prolongement et l’aboutissement d’une tradition allégorique. Quant à l’intégration à la trame du récit, de l’Hospital d’Amours d’Achille Caulier, dont Florence Bouchet reproduit un extrait en annexe de son édition, elle est surtout, croyons-nous, l’occasion de mesurer la différence.
6Entre « le faux clinquant dont Achille Caulier charge ses palais imaginaires », selon les termes de Daniel Poirion11, et la poésie descriptive de René, il y a un écart considérable. On le doit, selon nous, à l’influence des modèles italiens dont Gabriel Bianciotto a montré l’importance dans la culture de René12. Celle-ci transforme de l’intérieur la nature de l’allégorie en apportant à l’ekphrasis l’assise d’un réalisme référentiel propice à la réminiscence. On pourrait ainsi rapprocher la navigation qui, dans le recueil florentin intitulé Il Paradiso degli Alberti, sert de cornice aux contes qui y sont rassemblés, de celle du Livre du Cuer. Composé par Giovanni Gherardi da Prato dans le premier quart du xve siècle13, l’œuvre rapporte, dans le cadre d’un songe qui fait dialoguer le narrateur avec son « ange gardien », un embarquement et un trajet depuis Gênes, jusqu’à une « île d’amour » identifiée à Chypre, résidence de Vénus. Dès lors qu’on admet l’opinion de Daniel Poirion, selon laquelle la description de René évoque le rivage italien et les abords de Naples, la parenté géographique devient manifeste entre le voyage de Cuer vers l’île d’Amours et la première moitié de ce parcours qui longe la côte jusqu’à Naples avant d’aboutir à Chypre où il se prolonge par une ekphrasis « archéologique » qui décrit, au lieu d’un château, un « théâtre » de Vénus. On croit discerner dans cette rencontre la genèse du mythe de « l’embarquement pour Cythère » auquel l’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna donnera un nom et une topographie définitive.
7Car l’analogie n’est peut-être pas fortuite. La coïncidence topographique entre le schéma du récit de René d’Anjou qui résida à Florence en 1442 et 1453, et celui de Gherardi da Prato tient-elle à la rencontre des auteurs et peut-on en déduire une influence de l’œuvre italienne sur celle de René ? C’est possible mais pas certain, car il peut aussi exister une source commune aux deux récits : il s’agirait alors du fameux Itinerarium de Pétrarque, par mer, de Gênes à Jérusalem, dont Jacques Monfrin affirmait, peut être à tort, que René s’était procuré un exemplaire en 1457 par l’intermédiaire de Jacopo Antonio Marcello14.
8Quoiqu’il en soit, contrairement aux usages d’une tradition française qui met rarement ses développements descriptifs sur le compte de leur dimension référentielle, l’itinéraire de Cuer se projette sur une topographie non seulement « réaliste », mais peut-être aussi et tout simplement « réelle ». Daniel Poirion, le premier à prendre en compte la poétique du paysage dans l’œuvre, voyait dans la navigation finale une réminiscence de l’arrivée du roi à Naples. En renversant la perspective, nous croyons y lire l’évocation de son voyage de retour. C’est pourquoi nous avons proposé dans une communication15 d’identifier l’île d’Amours de René à celle de Ponza, au large de Gaète. D’abord pour tenir compte des précisions fournies par le récit, parce que la durée et la direction de la navigation, vers le couchant, coïncident avec un trajet qui irait de Gaète à Ponza en passant par l’îlot de Zannone (Sinnonia au Moyen Âge) qui serait alors l’étape où Cuer et Désir passent la nuit. Ensuite pour des raisons toponymiques et emblématiques, parce que Zannone est dominée par un Monte Pellegrino et que Ponza, en forme de croissant, l’est par un Monte Cuore – on croit que cette coïncidence éclaire la topique du livre du Cuer. Enfin et surtout pour des raisons à la fois politiques et littéraires : parce que Ponza fut en 1435 le théâtre de la bataille navale entre Génois et Aragonais à l’issue de laquelle Alphonse d’Aragon fut capturé – ce qui laissait à René le champ libre pour sa conquête de Naples – et parce que, dans le Decameron, Ponza est l’île où Beritola, chassée de Sicile par le triomphe de Charles d’Anjou, trouva refuge, nourrie par des chèvres, préfigurant ainsi les « pucelles sauvages » du verger du Livre du Cuer.
9Ce n’est qu’une hypothèse – on verra que l’écriture du Séjour d’Honneur lui donne quelque crédit – mais elle a l’intérêt de mettre en évidence la dimension autobiographique et politique de l’œuvre, « Douce Mercy » devenant alors, une « figure » de Naples. Rappelons que les projets italiens du roi de Sicile sont contemporains et non pas antérieurs à l’écriture de son roman. Ses tentatives de reconquête ne cesseront qu’en 1462 avec le double échec du roi en Campanie, et de Jean de Calabre, réfugié à Ischia. Autrement dit le Livre du Cuer ne serait pas, au moment où il s’écrit, un délassement littéraire ou l’aveu d’un renoncement au royaume de Naples, Dame Espérance n’ayant pas, ou pas encore, « libéré » son prisonnier. Si bien que le « collage » à la fois plastique et littéraire qui, hors de l’œuvre, conjoint Naples et l’Anjou – à Angers, les guerriers de la façade de la cathédrale et la dispositio de la « porte des champs » rappellent la frise de Francesco Laurana sur le portail du Castel Nuovo – donne au récit un contexte et un sens. La synthèse de René d’Anjou transfigure une matière qu’on croit sentimentale – et qui l’est peut-être – mais qui semble également politique.
10Or, c’est bien le propos qui, autour de 1460 s’esquisse dans la première réception du Livre du Cuer, celle qui concerne les contemporains de René, intéressés avant tout par la figure politique de l’auteur. Leurs ouvrages reprennent certains motifs du Livre du Cuer ainsi que sa dimension descriptive – le réalisme référentiel en moins – et définissent un genre bien connu de la critique, celui des « temples ». Son invention est ordinairement rapportée au seul De Casibus illustrium virorum de Boccace. À tort, car cette référence explicite aura trompé les éditeurs : autant qu’à Boccace qu’elles « continuent », ces œuvres doivent quelque chose à René, qu’elles mettent en scène.
La première réception du Livre du Cuer : du Temple de Boccace au Chevalier delibéré
11Signalons d’abord la parenté entre l’ekphrasis architecturale de René et celle du Temple de Boccace de Georges Chastellain – ancien secrétaire de Pierre de Brézé, lié à la cour d’Anjou avant d’entrer au service des ducs de Bourgogne. Rédigée en 1463-64, lors du retour en France de Marguerite d’Anjou, l’œuvre se donne pour une continuation du De Casibus [...]. C’est aussi une consolation adressée à la fille de René, épouse d’Henri VI d’Angleterre, chassé du trône par la guerre des Deux Roses. Outre le cadre du songe, le récit de Chastellain présente avec le Livre du Cuer des points communs qu’on chercherait en vain chez Boccace. La description du cimetière et le programme de l’ekphrasis des tombeaux mériteraient une comparaison minutieuse avec le cimetière de « l’hospital d’Amours » :
[...] je me trouvay ne scay comment, en un cimitiere plain de tombes ricement despointes d’or et d’azur armoyees de diverses armes de seigneurs et aveucques multitude de divers tiltres en lettres de couleur ; estoient estoffées aussy de divers ymages de porphire et d’albastre et de maintes aultres precieuse materes [...]. Dont, comme je contemplasse ce lieu et qu’en la beauté de la chose tournasse mes yeux me percheus cha et la sur les tombes de pluseurs noms de ceux qui la gisoient et ausquelz [...] on avoit escript en marbre ou en platines d’or leurs tiltres et diverses manières de finer jadis, la ou une grand part de ceux qui premiers emprindrent à régner par usurpation du nom de roy, les Assiriens [...] et non moins des Mediens les roix et roynes aussi par multitude y avoient leurs ymages ; Grecz pareillement et Troyens par diversité de tiltres y avoient approprié repos et rommains dont la quantité me sembloit sans nombre y occupoient l’attre aussy en double sexe. Cha et la s’entrelachoient druement ebriennes sepultures aveucques payennes et mainte imperial ymage en hault tiltre soubz triste et dolereuse issue. Bretons et Allemans y avoient grand part aussy au pourpris, pareillement les Ytales et Espaignes y avoient de leurs rois beaucoup [...] et finablement, comme de tout orient et occident, de midi jusques en septentrion je regardasse la et trouvasse multitude d’images et de noms selon les divers tempz et eages que regné avoient jadis, derrenierement tombes franchoises s’accusèrent a moy16 [...].
12Ainsi que la description de l’entrée qui nous semble transposer celle du portail du château d’Amours, d’autant que Chastellain a l’ingéniosité d’y faire paraître, sur le seuil, Marguerite en personne :
Ce doncques considéré, levay mes yeux apprès sus la closture qui circuioit l’attre et dont reverberoit lueur. Sy vis que bastie estoit de precieuse estoffe [...] pleine de dyasprures et de diverses fleurs par dehors ricement decorée. Seule une entrée y percheus qui faisoit portail [...] comme donc me feusse arresté droit la longuement penseux [...] m’apercheus comment au droit milieu de ce cimitere avoit ung temple haultement edifié [...] j’entray au temple dont la beauté nul subtil œil n’eu sceu comprendre, sy non par poses et intervales souvent reprises dessus et la ou tout art de painture et de mosaïcque ouvrage refflamboient dedens et se moustroient par excellence, pareillement avec propriété d’ediffice qui estoit droit la de main d’homme, sy y avoit une celeste clarté, ce sembloit, comme par infusion divine et laquele les histoires droit la paintes et sculptées en luisant porfire faisoit ressambler quasy vives en représentation17 [...].
13Il faut en revanche laisser de côté la mise en scène du « Roi Regnier », de ses enfants (Marguerite d’Anjou et Jean de Calabre) et d’Alphonse d’Aragon, à la fin du récit (éd. cit., p. 135-137) car ces mentions qui pourraient aussi être des indices d’une lecture « politique » du Livre du Cuer18, font oublier René-écrivain, effacé ou absorbé par la figure d’un roi trop célèbre, aux infortunes et à la constance trop exemplaires, pour que sa propre œuvre littéraire contribue à sa gloire.
14Semblablement, chez Olivier de la Marche qui achève la rédaction de son Chevalier délibéré en 1583, peu après le décès de René, c’est encore la figure politique qui l’emporte sur celle de l’écrivain, autrement dit c’est avant tout le roi de Sicile qui repose dans le cimetière du « manoir d’Estude ». Pourtant la trame du Chevalier délibéré mériterait elle aussi une comparaison avec celle du Livre du Cuer19. Au livre II, l’acteur, assisté de demoiselle « Jeunesse » s’adresse à « l’hermite Entendement » qui le loge dans « la demourance de Raison ». Il y entend une messe dite par un cordelier. Celui-ci exhibe des reliques et « devise des œuvres de messire Accident et de son pouvoir ». C’est ainsi qu’on retrouve, dans l’évocation du « cloistre de Souvenance », le modèle transposé de la visite de « l’hospital d’Amours ». Signalons, dans l’inventaire des armes d’Accident, quelques reliques qui auraient pu figurer sur le portail du château de Plaisance : le pilier de Samson (et non pas, comme chez René, les « forces » de Dalila), la « chemise enfumée » de Dyamus (Déjanire), l’épée de Judith, etc. À l’évidence, le lieu, autant que le procédé, est devenu topique. Mais tout se passe comme si Olivier de la Marche, conscient des ressemblances, s’ingéniait à varier le parcours de son protagoniste. L’acteur se remet en chemin, traverse la plaine du Temps (« tantost passée ») où il combat Age, qui le fait prisonnier et qui lui dicte ses volontés : éviter la « terre amoureuse », le « val de mariage » ainsi que la « forest de temps perdu » et suivre la « voye droite / Parmy le desert de vieillesse ». À la croisée des chemins, l’acteur se dévoie pourtant et, empruntant le « santier que l’on nomme Abus », rejoint la voie tracée par René. Elle le conduit à un « palais d’Amours » qui rappelle à l’évidence le château du Livre du Cuer :
Les carneaux estoient d’or fin
Flambant contre le soleil
Les murs sont d’argent cristallin
Et le comble dont m’esmerveil/le/
Fut couvert d’un ambre vermeil
Qui rendoit clarté et lueur
Si grand qu’on ne soit la valeur
Les fenestres furent parées
De dames et Damoyselles
Si tresrichement aornées
Qu’onceques mais ne furent trouvées
En bancquet ne festes plus belles [...]
Trompettes menestriers sonnoient
Sy hault que tout rebondissoit
Les uns chantoient les autres dansoient
En plusieurs lieux se deduisoient [...]
(éd. Jean Trepperel, sans numérotation des vers et des pages)
15Le ressort de l’écriture tient manifestement à ces ressemblances qui font valoir des différences, car, « venu devant le palays d’amours où Desir vouloit qu’il entrast », l’acteur en est détourné par Souvenir « qui [...] me bousta devant mes yeulx / le mirouer des choses passées ». Traversant un paysage mélancolique, où il ne rencontre que vergers de « poires d’angoisse » et « fontaines d’amertume », il découvre une « isle d’enfermere (?) », séjour de Descrepite, « dame qui vit en souffrance », puis gagne le manoir d’Estude et son cimetière, renversant ainsi l’ordre du parcours de Cuer et Désir. Sa gardienne, « Fresche Mémoire », lui montre les tombeaux qui le persuadent de la vanité de sa quête : « Cy monstre Fresche Memoire à l’acteur les sépultures des anciens trespassez, et par les escriptures voit ceulx qui ont esté desconfitz par Debile / faiblesse / ou par Accident / mort violente ». Leur inventaire suit l’ordre chronologique, comme si les décès des rois de Sicile et de France donnaient le coup d’envoi à la composition, si bien qu’à la fin, se trouvent les tombes de René, de ses enfants et de son gendre, Henry VI d’Angleterre :
Là fut de Sicile le roy
D’honneur le droit fruyt & vray arbre
Debile l’occist par derroy
Et si veiz mort en ce terroy
Gisans sous un tombeau de marbre
Deux de ses filz ducs de Calabre
Moult vertueux et renommez
Par Accident mors & tuez.
La gisoit un roy d’Angleterre
Henri qui fut plain de simplesse [...]
(Ibid.)
16Il faut ainsi attendre la décennie suivante pour que la figure de l’écrivain reparaisse à côté de celle du roi. Deux œuvres qu’on pourrait dire jumelles malgré leurs différences, le Séjour d’Honneur d’Octovien de Saint Gelais rédigé en 1493 et L’Hypnerotomachia Poliphili du dominicain trévisan (?) Francesco Colonna, commencée dans les années 1470, mais achevée et imprimée seulement en 1499, témoignent de la fécondité du modèle inauguré par René d’Anjou. La chose est d’autant plus remarquable que ces œuvres ne doivent rien à la générosité du prince-mécène, et n’ont entre elles aucun rapport direct. Elle est d’autant plus importante qu’à eux seuls ces deux songes allégoriques suffisent à décrire le dernier état du genre avant son déclin définitif dans les littératures française et italienne.
La seconde réception du Livre du Cuer : du Séjour d’Honneur à l’Hypnerotomachia Poliphili
17Quoique l’éditeur moderne du Séjour d’Honneur n’y ait guère prêté attention sans doute parce que René n’est pas tout à fait, aux yeux de la critique, un « véritable » écrivain, l’hommage littéraire que lui rend Octovien de Saint Gelais est exceptionnel. L’auteur ne consacre pas moins de 80 vers à la figure d’un roi qui, fictivement, n’est pas « mort » car il règne encore dans son verger de la « Forêt des Aventures20 » :
[...] Souvenir lors me présente et me monstre
En ung jardin delicieux et vert
D’oyseaulx tout plain et de fueilles couvert
Ung roy assis en preau d’excellence
Tout dyapré d’inventifve scïence [...]
Brief ce sembloit une vie angelique
A tousjoursmais permanente et durable
De veoir ce roy triumphant et notable
En ce second terrestre paradis,
Car parfait fut et en faitz et en ditz [...]
(v. 77-96)
18Notons que l’évocation de René, trop longue pour qu’on la cite intégralement, précède celle du « verger de Sophie » où Octovien fera paraître ses maîtres, Dante et « Petrac », Jacques Millet et Martin Magistri, sans accorder à chacun plus d’un huitain. Le privilège exorbitant dont bénéficie le roi de Sicile devrait alors signaler une relation curiale, d’auteur à mécène, mais la chronologie la rend invraisemblable ; c’est donc qu’il signifie la consécration littéraire que la critique tarde tant à lui accorder, comme en témoigne ce portrait du roi :
Parfait en biens subtil d’invencïon
Nouveaux en faiz d’estrange nation.
Poethe expert, aymant licterature
Vray orateur, comme de Tulle filz
Je m’esbahis de toy, [...] certes nature
Quant si tresdigne et noble tu le fiz
Pour tost mourir, car en termes confitz
D’urbanité et de douce parolle
Onques Platon ne tint à son escolle
Disciple tel. Ainsy de double honneur
Fut descoré cestuy royal seigneur.
(II, xi, v. 97-108)
19L’éloge semble excessif. Mais si Octovien tient tant à « décorer » René du « double honneur » qui revient au prince et au poète, n’est-ce pas pour faire valoir son propre mérite, l’ingéniosité avec laquelle il joue de ses modèles, et particulièrement du Livre du Cuer ? On reconnaît aisément l’influence du Pèlerinage de Guillaume de Digulleville sur la première partie du Séjour d’honneur, l’itinéraire de l’acteur jusqu’à son embarquement ; quant au nautonnier, « Fol Abus », il rappelle le récit d’Olivier de la Marche, mais c’est bien à l’embarquement de Cuer et de Désir que fait penser la navigation vers « l’île de la fée Vaine Espérance ». Octovien y transpose les épitaphes de l’original en prêtant leurs discours aux prodigieux noyés que rencontre sa nef – tout en réservant à René, qui devrait « nager » là, un autre séjour. Par ailleurs, dès qu’on prend en considération la géographie « napolitaine » de la dernière aventure du Livre du Cuer, on fait valoir sa parenté topographique avec le Séjour d’Honneur. Chez Octovien, la nef d’Abus croise au large de Naples dans le sillage d’Enée (éd. cit., p. 187) pour aboutir à l’île de Circé, précisément localisée, depuis Virgile et Pétrarque, au Capo Circeo, face à Ponza. Une fois revenu à terre, après avoir passé la Forêt des Aventures qui contient le verger de René, l’acteur se présente à la cour. On ne sait s’il s’agit du véritable « séjour d’Honneur » comme le laissent croire les « Ymaiges » de Justice et de Paix qui flanquent son portail, ou si ladite cour n’est qu’une autre illusion, comme le suggère le parallèle avec « Fantasie et Ymaginacion » à l’entrée du Chasteau de Plaisance. On croit que l’intertexte fournit la bonne réponse car l’acteur, assailli en tournoi par « l’Ung » et « l’Autre », sera finalement déconfit, si bien que le récit s’achève sur la même désillusion que le Livre du Cuer. Raison pour laquelle on croit que dans ce récit, l’éloge de René signale un intertexte privilégié, dont l’évocation, à la veille de l’éphémère reconquête de Naples par Charles VIII, prête aussi un sens politique – celui d’une revanche à prendre – à la topographie du Séjour d’Honneur.
20Si la parenté entre le Livre du Cuer et le Séjour d’Honneur est facile à admettre, il n’en va pas de même des emprunts de l’Hypnerotomachia Poliphili au récit de René. La différence des temps – moindre toutefois qu’il n’y paraît, car l’action de l’œuvre italienne se situe en 1467 – et surtout celle des cultures et des milieux – entre la cour angevine et un couvent trévisan – ne plaident pas en faveur de la filiation que nous nous sommes efforcé d’établir il y a plus de vingt ans dans notre thèse, soutenue à Aix-en-Provence21. On y revient pourtant car les ressemblances entre ces deux songes allégoriques sont trop nombreuses pour ne pas induire un parallèle. Tout se passe comme si Francesco Colonna s’efforçait de réorganiser la topique du Livre du Cuer en conservant ses lieux principaux, au début et à la fin du parcours. Le héros en quête de sa bien-aimée Polia se transporte en songe dans une « forêt obscure ». Comme Cuer au bord du fleuve de Lermes, il butte sur l’obstacle d’une rivière ténébreuse et se transporte dans une autre région, où une statue de Fortune et des inscriptions « hiéroglyphiques » prédisent son destin. À l’autre extrémité de la quête, l’auteur distingue les lieux que René a confondus dans sa description de l’île d’Amours. À « dame Pitié » correspond la « prêtresse » qui dit pour les amants réunis une « messe » dans la chapelle du temple de Vénus. À « l’hospital d’Amours » répond la visite des ruines du Polyandrion, temple des amants antiques dont le héros déchiffre les épitaphes. Notons que les œuvres ont en commun celle de César – ce qui est banal – et celle de l’impératrice Faustine – ce qui l’est moins. Ce n’est qu’alors que Poliphile et Polia s’embarquent sous la tutelle de Cupidon, dans une nef où six nymphes allégoriques remplacent Fiance et Attente qui, chez René d’Anjou, « attendoient gens à passer delà la mer car à cela estoient elles commises de par le Dieu d’Amours » (éd. cit., p. 248). Le voyage les conduit à Cythère, l’île qui dès l’Antiquité disputa à Chypre le privilège de la naissance de Vénus. Réagencée sous forme d’un jardin circulaire, l’île abrite un « théâtre » – on le croit emprunté au Paradiso degli Alberti –, un tombeau d’Adonis, ainsi que des nymphes « devenues sauvages » qui pourraient correspondre aux « pucelles sauvages » du « beau parc ».
21Ainsi résumée, la parenté nous avait semblé à la fois inévitable et inexplicable. Car la trame du Livre du Cuer ne peut guère, en si peu de temps, avoir imposé une norme du récit allégorique commune à la France et à l’Italie. Il faudrait donc supposer un lien direct entre René d’Anjou et l’auteur du Poliphile, ce Francesco Colonna trévisan puis vénitien dont, pour compliquer les choses, la critique ne sait pratiquement rien. Nous avions donc suggéré que le patricien vénitien Jacopo Antonio Marcello, dont les liens avec René d’Anjou sont bien connus, avait pu servir d’intermédiaire entre Colonna et l’auteur du Livre du Cuer. Faute d’être documentée, cette suggestion, détaillée dans notre thèse, publiée dans un article du CUER MA en 1988, et signalée dans les notes et l’introduction de notre édition du Songe de Poliphile22, ne fut ni réfutée ni reprise ; elle resta lettre morte.
22Si l’on y revient aujourd’hui, c’est que, dans le cadre du présent colloque, la communication d’Oren Margolis nous a donné la clé de l’énigme, par la simple mention du nom de Raffaele Zovenzoni, le précepteur du fils de Jacopo Antonio Marcello. Car Zovenzoni, mis en lumière par le beau livre de Margaret King23, n’est pas un inconnu pour la critique colonnienne : ce personnage, qui résida à Trévise dans les années 1470, est en effet le premier à avoir célébré, dans une épigramme datée d’avant 1475, un « Franciscus Columna antiquarius » dans lequel on doit reconnaître l’auteur de l’Hypnerotomachia. Il serait alors très invraisemblable que les ressemblances qu’on vient d’énumérer soient fortuites. Il faut donc admettre que la composition de l’Hypnerotomachia dérive matériellement et directement de celle du Livre du Cuer, et que celui-ci fut transmis, sous une forme qu’on ignore, à Colonna par Zovenzoni lui-même. Et ce fait, qui désormais n’est plus une hypothèse, change notablement l’image de l’œuvre italienne, tenue pour le manifeste de l’humanisme vénitien, ainsi que le chef-d’œuvre éditorial d’Alde Manuce.
23Revenons pour conclure à l’autre versant de la question, la réception de l’œuvre de René d’Anjou. Au terme d’une recension trop brève qu’on espère étendre et approfondir, on peut pourtant dresser un bilan de la réception de l’œuvre et esquisser une perspective. On croit avoir montré que la fortune littéraire du Livre du Cuer est plus grande qu’on ne le pense, qu’elle dépasse même, quant à son influence italienne, ce qu’on pouvait imaginer. Il y a là de quoi faire vaciller la légende persistante et mal fondée de la « faible diffusion » de l’œuvre ; peut-être aussi de quoi reconsidérer son génie quand on sait qu’elle est à l’origine d’un mythe qui, grâce à l’obscur mais durable succès du roman de Colonna, se prolongera, via Rabelais, La Fontaine et Nerval, jusqu’aux temps modernes : car si Colonna a nommé et transfiguré Cythère, devenue grâce à lui le modèle des jardins renaissants et classiques, c’est bien René d’Anjou qui en a, le premier, représenté l’Idée.
Notes de bas de page
1 Le roi René, au-delà d’une légende, livret de l’exposition de la collégiale Saint-Martin d’Angers, mars- juillet 2009, Guy Massin-Le Goff et Étienne Vacquet, Angers, 2009.
2 Pour un bilan actualisé, voir René d’Anjou, écrivain et mécène (1409-1480). Actes du colloque René d’Anjou (Toulouse, janvier 2009), sous la direction de Florence Bouchet, Turnhout, Brepols, 2011, coll. « Texte, Codex & Contexte », XIII et Marc-Édouard Gautier et François Avril Splendeur de l’enluminure, le roi René et les livres, Ville d’Angers-Actes Sud, catalogue de l’exposition d’Angers (oct. 2009- janv. 2010). À propos de l’Abusé en cour, sachant que son édition (Bruges, Colard Mansion, 1479 ?) est parue sous le nom du roi et de son vivant, on s’explique mal une désattribution qui ne vaut d’ailleurs que pour les modernes. Quant au Livre du Cuer, l’édition donnée comme introuvable en tête du t. iii des Œuvres publiées par le comte de Quatrebarbes (Paris, Comptoir des Imprimeurs-unis, quai Malaquais, 1844, p. XXX) n’est peut être pas un mythe : sa notice provient de la très sérieuse Bibliographie instructive de François de Bure ((Paris, Belles Lettres, t. i, 1765, p. 478). La voici, transcrite par Sergio Cappello, qui nous l’a communiquée : « no 2996. De la conqueste qu’ung Chevalier surnommé Cœur d’Amour espris fit d’une dame appelée Doulce Mercy au Cœur d’Amour espris, 1503, sans lieu » (pour autant qu’il existe, l’ouvrage semble avoir été mal classé parmi les éditions du Chevalier doré).
3 Voir entre autres « L’allégorie dans le Livre du Cuer d’Amours Espris de René d’Anjou » et « Les tombeaux allégoriques et la poétique de l’inscription dans le Livre du Cuer d’Amours Espris de René d’Anjou (1457) », ainsi que « Merveille architecturale et fiction narrative au Moyen Âge » (à propos de l’Eneas et du Livre du Cuer), articles recueillis dans Daniel Poirion Écriture poétique et composition romanesque, Orléans, Paradigme, 1994, coll. « Medievalia ».
4 Armand Strubel, Grant senefiance a, Allégorie et littérature au Moyen Âge, Paris, Champion, 2002.
5 Le Livre du Cuer d’Amours Espris, éd. Florence Bouchet, Paris, UGE, coll. « Lettres gothiques », 2003, p. 102 (nous nous référerons ici toujours à cette édition).
6 Guillaume Machaut, Le Livre du Voir dit, éd. crit. et trad. Paul Imbs, révisée par J. Cerquiglini-Toulet, Paris, UGE, coll. « Lettres gothiques », 1999, v. 4180-4258 p. 374-378.
7 « Guillaume de Machault, ainsi avoye nom / [...] si euz grand renom / d’estre fort embrazé du penser amoureux / pour l’amour d’une, voir, dont pas ne fuz eureux [...] ».
8 Dans L’Amoureux transy sans espoir, œuvre de jeunesse reprise dans le recueil des Angoysses et remèdes d’Amours du rhétoriqueur Jean Bouchet (Poitiers, Jehan et Enguilbert de Marnef, 1536) l’allégorie de la quête amoureuse se décompose en « élégies » prêtées à divers protagonistes : la première a pour objet la quête « d’Amoureuse Mercy » par un chevalier, chassé dans la Forêt de Mélancolie. Suivant le chemin « d’Ardent désir », il parvient à la tour de Depit, où il affronte Crainte et Dure Responce. L’amoureux est finalement terrassé par Danger et Refus, un rondeau l’incite à renoncer : « Allez ailleurs chercher vostre aventure... ».
9 « Il s’en ala par mer nagent / Venus, lui, s’ymage et sa gent [...] Armez s’en va de toutes armes / Contre Désir, souspirs et larmes », Guillaume de Machaut, Le livre de la Fontaine amoureuse, éd. J. Cerquiglini-Toulet, Paris, Stock, coll. « Moyen Âge », 1993, v. 2841-42 et 2845-46, p. 200 ; il s’agit du départ du prince, Jean de Berry.
10 M-E. Gautier, F. Avril, op. cit., cat. 49, p. 368.
11 Daniel Poirion, Le Poète et le prince, l’évolution du lyrisme courtois de Guillaume de Machaut à Charles d’Orleans, Paris, PUF, 1965, p. 496.
12 Gabriel Bianciotto, « Passion du livre et des lettres à la cour du Roi René », M-E. Gautier, F. Avril, op. cit., p. 85-103.
13 Voir l’édition critique du Paradiso degli Alberti et son introduction par Antonio Lanza, Roma, Salerno éd. 1975.
14 Cf. J. Monfrin, « Étapes et formes de l’influence des lettres italiennes en France au début de la Renaissance », Quinto congresso internazionale di bibliofili, Venise, 1967, Atti a cura di Nereo Vianello, Verona, Valdonega, 1970, p. 23 ; l’article renvoie aux travaux de M. Billanovich et E. Pellegrin, mais dans le catalogue de l’exposition d’Angers, (op. cit., p. 47-53) D. Thiébaut, plus vague ou plus prudent, parle seulement de « cartes de la Terre Sainte », le mot itinerarium ayant aussi ce sens.
15 Cf. G. Polizzi, « Politiques de Cythère : topothésia et topographia chez René d’Anjou, Colonna et Rabelais », Paysage et politique : le regard de l’artiste, sous la direction d’Isabelle Trevisani-Moreau, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 229-242.
16 Georges Chastellain, Le Temple de Boccace, éd. crit. Susanna Bliggenstorfer, Berne, Francke, 1988, p. 7-13.
17 Ibid., p. 15-23.
18 Au temps de la rédaction du Temple, en 1463-64, Jean de Calabre vient d’échouer dans sa reconquête du royaume de Naples et de perdre Gênes qu’il gouvernait pour le compte de Charles VII.
19 Nous citons le Chevalier Délibéré (1483) d’après l’édition de Jehan Trepperel, Paris, 1500, consultée sur le site de la BnF.
20 Octovien de Saint Gelais, Le Séjour d’Honneur, éd. crit. F. Duval, Genève, Droz, 2002, v. 77 à 157.
21 Pour un exposé détaillé, voir notre thèse, « Emblématique et Géométrie : l’espace et le récit dans le Songe de Poliphile », thèse de doctorat de l’Université de Provence, soutenue sous la direction d’A. Tournon, Aix, janvier 1987, t. i, ch. III. 2 Le Livre du Cuer d’Amours Espris et le Songe de Poliphile, p. 144-171.
22 Cf. G. Polizzi, « Sens plastique : le spectacle des merveilles dans le Livre du Cuer d’Amours Espris », De l’étranger à l’étrange ou La conjointure de la Merveille (En hommage à Marguerite Rossi et Paul Bancourt), Aix-en-Provence, Publications du CUER MA, Senefiance n° 25, 1988, p. 393-430 et F. Colonna, Le Songe de Poliphile, trad. J. Martin, Paris, Kerver, 1546, éd. G. Polizzi, Paris, Imprimerie Nationale, 1994, rééd. Actes Sud, 2008.
23 M. King, The Death of the child Valerio Marcello, Univ. of Chicago Press, 1994. Nous remercions très vivement Oren Margolis qui nous a aussi signalé cet ouvrage.
Auteur
Université de Haute Alsace-Mulhouse
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Fantasmagories du Moyen Âge
Entre médiéval et moyen-âgeux
Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.)
2010
Par la fenestre
Études de littérature et de civilisation médiévales
Chantal Connochie-Bourgne (dir.)
2003