Introduction
p. 7-8
Texte intégral
1Le monde de l’université et de la recherche a lieu de se réjouir de la seconde étape du versement des archives de Wendel aux Archives nationales de France car cette grande entreprise portée par la dynastie familiale est née en 1704 et elle a marqué l’histoire économique et sociale de la Lorraine et de la France de façon incontournable.
2Cet ouvrage est le résultat de la journée d’études « La sidérurgie française et les Établissements Wendel pendant les Trente Glorieuses (1945-1975) », organisée le 26 septembre 2014 au site de Pierrefitte des Archives nationales à l’occasion dudit versement. Fondé sur la coopération des archivistes et des historiens, l’ouvrage comporte quatre contributions d’historiens, Éric Godelier, Ivan Kharaba, Philippe Mioche et Pascal Raggi et deux présentations des fonds Wendel réalisés par les archivistes Magali Lacousse et par Vincent Boully.
3Dans une grande liberté d’interprétation les historiens ont été sollicités autour de la thématique générale sur la période des Trente Glorieuses car l’époque de la grande croissance n’a pas fait, à la différence des périodes antérieures, l’objet de travaux spécifiques sur l’entreprise lorraine.
4La « feuille de route » des historiens soulignaient les contextes qui dominent la période. La croissance est forte. C’est une croissance de la production industrielle, des profits et des salaires, y compris pour la sidérurgie. Une croissance qui, pour ce secteur, s’accompagne d’un endettement lui aussi en augmentation rapide. Les formes traditionnelles des relations sociales sont modifiées en faveur de nouvelles formes de confrontation et de dialogue social.
5C’est aussi une période de profonde transformation des marchés de l’acier, qui après ceux des États-Unis, accèdent à la consommation de masse avec, par exemple, l’essor de la construction automobile. L’émergence des produits plats et donc, la question des grands laminoirs à bande, est centrale. À l’orée des années 1960, le développement de la sidérurgie littorale interpelle chacun des grands acteurs nationaux de la sidérurgie.
6Le troisième contexte est celui de présence renforcée de l’État dans la politique économique et industrielle, une politique d’inspiration keynésienne, qui ne se traduit pas alors par la nationalisation de la sidérurgie. L’intervention de l’État en France se couple de façon inédite avec celle de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), après 1952. Concernant les ententes de la sidérurgie, ses prix de vente, ses investissements, on assiste à un jeu croisé entre les ministères des Finances et de l’Industrie avec la Haute Autorité. Une construction politique et administrative qui tourne rapidement au désavantage de la Haute Autorité de la CECA. Ce, dans une conjoncture où l’organisation professionnelle de la sidérurgie, la Chambre syndicale de la sidérurgie française (CSSF), joue un rôle important, sinon inédit.
7Les communications permettront de mettre en valeur les caractéristiques du groupe Wendel pendant la période en valorisant si possible les archives déposées aux Archives nationales. Comment Wendel, et ses grands concurrents nationaux par un jeu de miroir, ont-ils appréhendé les grands débats sur la littoralisation, la croissance, la consommation de masse, l’endettement ; l’intervention de l’État, de la Haute Autorité, de la CSSF ? Comment les acteurs de la sidérurgie française ont-ils appréhendé la crise structurelle du secteur qui débouche sur la crise financière de 1975 et l’étatisation de 1978 ?
8Ces questions font l’objet de réponses croisées qui reposent sur des angles différents. Celui des échelles : Wendel en France (P. Mioche) et Wendel en Lorraine (P. Raggi), Celui des concurrents : Wendel au prisme d’Usinor (É. Godelier) et à celui de la sidérurgie du Centre Midi (I. Kharaba). Selon les auteurs et leurs questionnements, le cadrage chronologique est à géométrie variable.
9L’ambition partagée par les auteurs est d’ouvrir des pistes de recherche pour ceux qui consulteront les archives versées. C’est pourquoi l’ouvrage s’achève avec la transcription de la table ronde « Archives et histoire des entreprises » qui a réuni un panel de personnalités à la fin de la journée d’études : Mesdames et Messieurs : Isabelle Aristide, Archives nationales ; Dominique Barjot, université Paris-Sorbonne ; Laurent Ducol, GIE Saint-Gobain archives ; Jean-Noël Jeanneney, professeur émérite à Sciences Po, ancien ministre ; Vincent Boully, Archives nationales du monde du travail. Cette publication est ainsi une trace de la rencontre de Pierrefitte et un outil pour les recherches à venir.
10Elle offre aussi la possibilité de remercier ceux qui l’ont rendu possible, en premier lieu M. François de Wendel, président de la Fondation, et M. Paul Lacour, membre de la Fondation ; la direction des Archives de France, et en particulier Mmes Isabelle Aristide et Magali Lacousse, qui ont conduit les participants de la journée d’études dans une visite remarquable du site de Pierrefitte. Ces remerciements s’adressent aussi à Mmes Anne Alonzo et Marie-Eugénie Mougel qui ont réalisé le classement des archives Wendel et qui ont accueilli les historiens au siège de la Fondation. Ils vont enfin aux intervenants ainsi qu’aux personnalités qui ont participé à la table-ronde.
Auteur
Professeur d’histoire contemporaine, Aix-Marseille Université
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