Introduction
p. 15-28
Texte intégral
1« tenez vous seurs que, pour l’amour de nostre bon oncle, nous avons vous et ses païs en singuliere recommandacion ». Cette phrase pateline tirée d’une lettre missive de Louis XI adressée au conseil du duché de Bar en avril 1474, dans un contexte de sursaut d’ingérence1, révèle certaines des orientations que cette étude emprunte à la pensée même du roi. Ces termes suggèrent à la fois l’intérêt particulier du Valois pour les domaines de son oncle, presque une communauté de destin entre Provence, Anjou et Bar, et le caractère essentiel du rapport entre Louis XI et René d’Anjou, gouverné par la proximité de lignage, dans l’étude des rapports entre Louis XI et les Provençaux.
2Pour conduire cette étude, il s’est avéré nécessaire de considérer la longue durée, plus précisément celle de l’histoire conjoncturelle, période nécessaire à l’historien désireux de mettre à jour les évolutions de fond d’une civilisation, mouvements dont elle n’a pas forcément conscience elle-même, d’après les leçons de Fernand Braudel2. La mesure de cette longue durée aurait pu être celle des deux siècles et demi qui ont précédé le rattachement du comté de Provence au royaume de France, tant il est vrai que la francisation commence avec le mariage de Charles Ier d’Anjou, frère de saint Louis, avec l’héritière catalane du comté de Provence, Béatrix, en 1246. L’acculturation se poursuit à travers tous les comtes français qui y ont régné, en passant par l’adoption de Louis Ier d’Anjou, frère de Charles V, par la comtesse Jeanne de Naples en 1380. L’héritage de la Provence par Louis XI en 1481 n’est finalement que l’aboutissement de ce long processus. Le grand roi ne manque pas, d’ailleurs, de faire référence à cette alliance franco-provençale réalisée à travers l’installation de la souveraineté angevine sur le Midi oriental. Les rapports singulièrement fournis de Louis de France avec ce Midi, sa prise de pouvoir en Dauphiné (1440), son long séjour, inédit pour un dauphin de France, dans cette province alpine (1447-1456), son voyage de deux semaines en Provence (1447) et son intérêt croissant, une fois roi, pour ces divers territoires, nous permettent de prendre avec ce prince un recul de quatre décennies. C’est la mesure de l’ultime phase de la marche à l’annexion, qui a également pour mérite d’intégrer la période particulièrement documentée de l’histoire de la Provence qui correspond au règne de René d’Anjou (1434-1480).
3Plusieurs raisons m’ont incité à déborder des frontières du comté de Provence. L’unité de cet ensemble géographique appelé ici « Midi provençal » et comprenant aussi Avignon et le Comtat Venaissin pontifical, la principauté d’Orange souveraine, la seigneurie de Monaco placée sous protection du roi de France, le comté de Nice intégré au duché de Savoie et la baillie des Montagnes, c’est-à-dire principalement la haute vallée de la Durance, en Dauphiné, tient premièrement à l’existence aux xe-xie siècles, d’un marquisat de Provence détaché du royaume de Bourgogne et s’étirant de la mer Méditerranée aux Alpes du sud et du Rhône à Nice3. Cet ensemble a donc connu une brève unité politique, qui se retrouve à peu près dans les limites de la région PACA, telle que définie par le décret du 2 juin 1960, Corse exceptée. Pour ce qui est du xve siècle, cet espace constitue un ensemble géopolitique pris entre le royaume de France à l’ouest et au nord, et le duché de Savoie sous souveraineté germanique à l’est (fig. I, II).
4Comme une reconnaissance de leur homogénéité, Louis XI multiplie les interventions diverses dans chacun des petits États de ce Midi provençal. Bien qu’éloigné durant le règne, il se rend omniprésent en Avignon et Comtat, dans la principauté d’Orange, qu’il finit par annexer en 1475, dans la baillie des Montagnes, et par extension dans le comté de Gap, fief du comte de Provence géographiquement trop engagé en Dauphiné pour ne pas risquer l’annexion. Les répercussions directes et immédiates des phénomènes touchant ces pays sur les habitants du comté de Provence dissuadent de les considérer séparément. Outre les considérations commerciales, migratoires, viaires, économiques en somme, qui relient les hommes vivant dans cet espace, il faut considérer les liens transfrontaliers tissés par le réseau ecclésial. En effet, l’église d’Embrun, en Dauphiné, est alors la métropole religieuse des diocèses de Digne, Senez, Glandèves, Grasse et Vence, en comté, ainsi que de Nice, en duché de Savoie4 (fig. III). À l’ouest, de l’évêché d’Avignon ressortissent les églises de Tarascon, de Laurade et de Saint-Michel de Frigolet en comté. Bien des actes du roi ne peuvent être pleinement compris sans être resitués dans ces deux réseaux croisés, politique et épiscopal.
5Parmi les problématiques envisagées, celle de suivre et dater les signes de l’éveil d’une véritable convoitise de Louis XI pour le comté de Provence et les petits États bordiers n’est pas des moindres. À l’encontre d’une historiographie aux idées parfois un peu rapides, il s’avère que la politique généralement expansionniste, il est vrai, de Louis XI, se manifeste par des témoignages scripturaires et factuels divers, répondant à un besoin politique et une stratégie toujours en évolution, en contradiction avec une vision monolithique. Il est question à la fois d’identifier, de comprendre et expliquer les modalités d’action de Louis XI dans le comté de Provence, les terres pontificales du Rhône, et la principauté d’Orange, dans une perspective comparatiste. L’invasion militaire est loin d’être la seule option d’un souverain qui recourt encore à l’intimidation aux frontières, au procès politique, mais aussi à des procédures protocolaires, comme les démarches juridiques, revendication ou rachat de droits, ou plus bienveillantes et insidieuses telles l’assistance militaire et le protectorat. Des réactions sont évidemment suscitées par ces phénomènes, qui imposent de considérer les multiples interactions engendrées entre États, personnalités, institutions, peuples.
6Pour autant qu’on puisse les connaître, cette étude est résolument tournée vers les acteurs de l’histoire, vers les hommes au sens large. Il s’agit donc ici d’essayer de répondre aux enjeux d’une science historique perçue comme science humaine élargissant ses objectifs vers ceux d’une anthropologie historique. Pourtant, force est de noter que les rapports entre Louis XI et les Provençaux se sont très peu faits par des rencontres directes mais plutôt par de nombreux intermédiaires plus ou moins institutionnels. Cela explique peut-être que ces rapports aient peu interpellé les historiens et qu’on les ait déduits d’une simple chronologie d’évènements. Après le court séjour du dauphin Louis en Basse-Provence occidentale en mai 1447, les Provençaux ne le rencontrent plus jamais. Laissant pour le deuxième volume de ce travail la question de l’alternative offerte à ce peuple de voir le prince français en « images », il est question dans ce premier volume de présenter tous les personnages qui par leurs voyages, leurs ambassades, leur correspondance, ont donné une « substance humaine » aux rapports franco-provençaux. Naturellement, ces intermédiaires sont en partie déterminés par leurs diverses appartenances ; Angevins, Tourangeaux, Dauphinois, Napolitains ou Provençaux, ils sont souvent issus de la noblesse ou du clergé, mais aussi de la bourgeoisie et des métiers, voire même du petit peuple pour les commissions mineures. Il s’agira ici de ne pas mésestimer leurs entremises, leur partie dans les intrigues, leurs contributions, leurs forfanteries le cas échéant, qui sont autant de rouages d’un mouvement, plus large que notre période, et qui travaille à la francisation culturelle et politique de la Provence.
7Pour bien saisir l’évolution et les finalités des phénomènes conduisant à l’annexion, il est pertinent de les rapporter à une conjoncture, notamment constituée des rapports fluctuants entretenus avec les grands intermédiaires angevins pendant quarante années. On déroulera donc de façon synoptique une histoire des relations politiques de Louis XI et René d’Anjou, principalement, mais incluant aussi son fils Jean de Calabre, sa fille Marguerite et son neveu-héritier Charles II du Maine. Ils apparaissent incontournables pour la bonne compréhension des rapports franco-provençaux, ne serait-ce qu’en vertu des contrecoups ou des bénéfices que les Provençaux retirent bien souvent des tensions ou des apaisements surgis entre eux.
8 Cette Maison d’Anjou, bien qu’issue de la branche cadette de Jean II le Bon (fig. VI) et intimement française, se montre peu consentante à l’immixtion du roi de France dans ses domaines. L’examen de ces rapports princiers dessine une mésentente et une méfiance chroniques régnant entre Louis XI et René, ponctuées de périodes de collaboration ou d’entente forcée. Le déclin angevin est sans aucun doute le marchepied de la Provence française. L’abondante bibliographie concernant René d’Anjou est encore dominée, à mon sens, et du point de vue historique, par l’abondante biographie d’Albert Lecoy de la Marche (1875). Par ailleurs, la publication fondamentale des comptes de ce prince par l’abbé Gustave Arnaud d’Agnel en 1908-1910 reste du plus grand intérêt en ce qui touche aux rapports entre René d’Anjou et son neveu utérin Louis XI.
9À ce titre, j’ai souhaité faire une part conséquente, autant qu’inédite, aux rapports financiers entre Louis XI et les Anjou. Il s’agit de rendre compte de l’étendue et de l’importance des efforts financiers consentis par la Couronne en faveur des derniers Anjou durant ces quatre décennies. Il est autant question de rétablir, selon les données disponibles, la part du financement français dans les expéditions angevines dans le royaume de Naples ou celui d’Aragon, mais encore dans le soutien politique ou l’entretien de certains d’entre eux, notamment de René d’Anjou dans les dernières années de son existence en Provence. Un tableau contrastant les versements effectifs par les promesses de dons du souverain, permet de se faire une idée un peu plus juste, faute d’être définitive, des sommes dont les Anjou grèvent les caisses du royaume (fig. VII).
10Provençaux, Angevins, Barrois, ont un prince commun ou, pour le moins, une famille princière commune. Les relations administratives, fiscales, judiciaires, militaires, entre ces pays éclatés, accentuées par la présence régulière de leurs princes en comté de Provence, font du fait angevin et du fait barrois, une préoccupation provençale. La double saisie par Louis XI en 1474 du duché d’Anjou et du duché de Bar ne va pas sans inquiéter les Provençaux, d’autant que leur comte dépossédé se trouve alors parmi eux. Même s’il est plus aisé de saisir les réactions des grands princes, j’ai souhaité me prononcer au cours de cette étude sur l’évolution de ce que les médiévistes commencent à appréhender comme « opinion publique5 ». J’ai voulu mener, à la faveur des informations disponibles, une réflexion sur la perception que les Provençaux pouvaient avoir de Louis de France à travers le temps, depuis le voyage du dauphin aux premiers remous du règne français sur la Provence. Le cas richement documenté du comté de Provence, permet de distinguer à partir de l’héritage de décembre 1481 l’existence d’un véritable projet français, à la forte composante économique, pour cette province méditerranéenne et ses hommes, qui ne sont pas restés indifférents à certaines opportunités ouvertes par le changement de souveraineté. Bien entendu, les opinions des divers groupes sociaux qui composaient ces « Provençaux » sont inégalement documentées. Les élites qui ont accès au pouvoir, à la force armée ou à l’écrit, ecclésiastiques, grands féodaux, capitaines et chevaliers, grands officiers, bourgeois de l’édilité, sont mieux représentés que les autres, c’est-à-dire la grande majorité. L’on est conduit à reconsidérer leur ascendant réel sur le peuple des illettrés. Un évêque favorisé par le roi de France a-t-il une autorité telle sur les âmes dont il a charge, qu’il contribue à en faire des francophiles ? Les moyens sont en tous cas nombreux entre ses mains pour le faire et leur contribution grandement recherchée par des souverains comme Louis XI.
11La période précédemment définie n’avait pas encore fait l’objet d’une étude globale. La contribution fondamentale de G. Arnaud d’Agnel, publiée en 1914, ne remonte quasiment pas au-delà des années 1470. Près de soixante-dix ans plus tard, un seul auteur saisit l’occasion du cinq-centième anniversaire du rattachement de la Provence à la France pour rouvrir le dossier. Le travail du marquis Henri de Forbin en 1981, bien que d’ampleur plus modeste, apporte en effet de nouveaux éclairages dont cette présente étude a bénéficié. Cependant il s’en tient aux mêmes bornes chronologiques que son prédécesseur. Leur champ d’étude apparaissait trop réduit, les autres études historiques traitant des rapports de Louis de France avec la Provence dans la période 1440-1470 trop rares, pour pouvoir fonder sur une bibliographie existante une analyse globale courant sur plus de quarante années et débordant des limites strictes du comté. Il faut en effet signaler la maigreur et l’ancienneté de cette bibliographie. On comprendra que cette situation puisse inciter à se réapproprier la question, cent ans après Arnaud d’Agnel, prenant contact avec les sources connues et poussant les investigations au-delà, dans l’objectif d’établir une histoire nouvelle des rapports au long de cette période de quatre décennies entre le successeur de Charles VII, le comté de Provence et les petits États satellites.
12La chronologie des évènements majeurs conduisant à l’annexion du comté de Provence par le royaume de France a été produite dans bien des ouvrages depuis la publication de l’Histoire de la Provence de César de Nostredame en 16146. Les deux siècles suivants, avec Honoré Bouche en 16647, Jean-François Gaufridi en 17148, puis l’abbé Jean-Pierre Papon en 17849, ont participé à cette entreprise, donnant volontiers à l’histoire de cette annexion la force d’un destin et reprenant des considérations plus ou moins objectives, plus ou moins étayées. L’historiographie et l’opinion publique ont entériné et conservé pendant deux siècles ces conceptions légendaires. Parmi celles-ci, la volonté de René d’Anjou de céder la Provence à Louis XI, au point de lui en fournir une lettre enluminée par ses soins10. L’ouvrage du chanoine Arnaud d’Agnel, Politique des rois de France en Provence. Louis XI et Charles VIII, entièrement fondé sur les sources selon les principes de l’école méthodique dominante, propose en 1914 un exposé historique plus dense et émondé des considérations les plus subjectives11. Cette contribution fondamentale est l’un des piliers de cette étude, sans pour autant s’avérer suffisante. Édouard Baratier dans la première édition de son Histoire de la Provence de 1969, comme dans la plus récente de 1990, se contente, pour ce qui est de notre sujet, des dates fondamentales12. En 1981, le marquis Henri de Forbin apporte, au travers d’un abondant article, un complément indispensable13. Il récuse plusieurs idées reçues et propose une mise à jour du travail de fond du chanoine, citant systématiquement en note les pièces d’archives. S’il ne suffit pas à un argument d’être nouveau pour être recevable, sa contribution est néanmoins décisive sous bien des aspects, notamment pour l’exploitation inédite des discrets accords, dits de Châtellerault, passés entre Louis XI et Charles II du Maine, et engageant véritablement la succession du roi René. Mais la section chronologique choisie est à mon sens trop étroite pour apporter tous les éclaircissements nécessaires à la question de l’incorporation du comté à la Couronne. Dernièrement, en 2007, la notice de N. Coulet dans La Provence au Moyen Âge prend acte des derniers acquis de la recherche, mais sans rompre avec une certaine tendance à mêler le moins possible Louis XI à l’histoire du comté. Ce travers a contribué à propager de fausses présomptions, comme celle portant sur l’ambition de conquête de la Provence qui aurait habité le prince dès l’époque du delphinat et lui aurait conféré un aspect inéluctable. La plupart des auteurs rapportent la fameuse incursion de 1447 comme un tour du futur propriétaire, sans se proposer d’analyser les rapports du dauphin Louis avec les Provençaux. À la vérité, en élargissant la période d’étude, ce sentiment s’estompe ; pour le moins, il devient difficile à démontrer14.
13À l’échelle nationale, la bibliographie est largement plus abondante. La publication du tome VI de l’Histoire de France de Jules Michelet, intitulé Louis XI et Charles le Téméraire, en 1844, marque le point de départ des études louis-onziennes15. Mais il semble que ce roi ait surtout été un objet d’étude du xxe siècle, spécialement à partir de l’entre-deux-guerres. Les travaux d’Alfred Gandilhon, en 1906-190716, puis de René Gandilhon en 194117, apportent des informations fondées et décisives sur l’histoire de Louis XI et donnent une impulsion à une recherche décomplexée et débarrassée des caricatures. Dans l’ensemble, la Provence a peu retenu l’attention des biographes du monarque, si ce n’est par sa présence quasi-paysagère dans la confrontation romantique avec le très célèbre roi René. Dans sa riche biographie de 1927, Pierre Champion y consacre un court chapitre plus orienté vers l’Anjou que vers la Provence, et qui fournit peu de matière à notre étude18. Auguste Bailly, en 1936, manifeste un intérêt précoce pour les éléments matériels et artistiques de l’histoire, mais ne mentionne même pas l’annexion de la Provence19. P. Champion, la même année, dans une édition condensée de son premier ouvrage, n’y consacre que six pages très superficielles20. Le ton et le style de ces deux ouvrages paraît déjà suranné. Autant dire que la mise au point de Paul Murray Kendall en 1971, basée sur les lettres des ambassadeurs italiens, a pu apparaître comme un renouveau nécessaire21. Mais sur la question provençale, il est des plus expéditifs. Pierre-Roger Gaussin, en 1988, la néglige à nouveau22. Enfin, Jean Favier, avec une biographie publiée en 2001, intègre réellement la Provence à son propos23. On peut cependant regretter qu’elle ne constitue pas une problématique en soi, parmi d’autres, et qu’un écho soit donné à quelques-uns des plus malheureux raccourcis de l’historiographie24.
14Force est de constater que le sujet des rapports entre Louis XI et la Provence est demeuré l’apanage des historiens de la Provence, voire même de ceux de la IIIe République, tant il est vrai que les travaux récents d’historiens tels que Louis Stouff et Noël Coulet s’y intéressent peu25. Plus de quatre-vingt-dix ans après Arnaud d’Agnel, il convenait de redonner à cette histoire franco-provençale du xve siècle une véritable consistance, en prenant en compte les nouveaux objectifs de l’histoire et les apports récents de la recherche. Partant, un nouvel état de la question, plus élargi, dans le temps et dans l’espace, n’était pas superflu. On trouvera donc dans ce volume un exposé circonstancié et critique, bien souvent de première main, tel que la bibliographie n’en comportait pas.
15La « vérité historique » qu’on a tâché de restituer ici, sans en ignorer les inconnues, sans manquer non plus de formuler quelques hypothèses ou de s’interroger, se base sur les nombreuses sources consultées, constituées pour partie de pièces imprimées entre le milieu du xixe et le début du xxe siècle. Dans un esprit de confrontation des diverses sources, l’on a tenu à exploiter systématiquement les itinéraires de Louis XI et de René d’Anjou publiés par Emmanuel Pilot de Thorey et Albert Lecoy de La Marche, démarche à laquelle on peut constater que l’historiographie recourt trop peu, voire pas du tout. D’ailleurs, on a été attentif tout au long de cette étude à l’évolution jusqu’à nos jours des idées concernant certaines problématiques de notre sujet comme la prétendue transmission du comté de René d’Anjou à son royal neveu.
16Dans le cas de Louis XI, les sources abondent, sans s’affranchir de nombreuses lacunes. En premier lieu, j’ai voulu fonder cet exposé historique sur les quelques 2 160 lettres missives qui nous sont parvenues de ce roi épistolier. La consultation en est rendue aisée par leur publication en onze volumes entre 1883 et 1909 par MM. Joseph Vaesen et Étienne Charavay, dont l’appareil critique est aussi pertinent que nécessaire26. Les formulations et les termes, bien souvent choisis par le roi lui-même, constituent un témoignage exceptionnel sur la réalité de la pensée d’un homme du xve siècle, d’un grand souverain aux prises avec une conjoncture des plus délicates. Ces lettres apportent aux réalités du temps un contrepoint de choix. En permettant des recoupements avec les faits, elles leur confèrent souvent une autre dimension et mettent à mal certains traits historiographiques. Elles révèlent que le traitement des dispositions de Louis XI envers les Anjou a souvent été caricatural, dans un sens ou dans l’autre. Elles autorisent quelquefois à se risquer sous la forme de l’hypothèse, dans le domaine de l’intention des protagonistes, qui, en matière de politique, n’est évidemment pas toujours conforme aux annonces.
17 Cette étude trouve assez peu de matière dans les chroniques contemporaines de l’évêque de Lisieux Thomas Basin27 ou de l’historiographe du duc de Bourgogne Georges Chastellain28. Les témoignages de Jean de Roye29 et Philippe de Commynes30, tous deux proches du pouvoir français, apportent un éclairage moins partial, notamment en matière de connaissance prosopographique de Louis XI. L’ensemble permet d’apporter des compléments contextuels intéressants, des précisions concernant la réception des actes louis-onziens, mais abordent la question provençale de manière anecdotique.
18Les autres documents relèvent de la chancellerie, des finances ou plus généralement des affaires de l’« État ». Bien entendu, les ordonnances, publiées elles aussi en cinq volumes entre 1811 et 1835 par Emmanuel de Pastoret, accompagnent l’ensemble de notre chronologie31. Ordonnances, lettres missives et autres documents relatifs à la province du Dauphiné ont été regroupés par Emmanuel Pilot de Thorey et publiés en 1899 en deux volumes, complétés d’un troisième en 191132. La proximité entre Provence et Dauphiné fait que ces lettres ne manquent pas d’allusions au comté et à ses sujets. Un tel corpus concernant la Provence n’existe malheureusement pas, mais on en trouve une ébauche dans le second tome de l’ouvrage d’Arnaud d’Agnel, consacré aux pièces justificatives. Outre les lettres, actes notariés et comptes concernant Louis XI, René d’Anjou ou Charles III de Provence, on y trouve quelques délibérations communales de la ville de Manosque et surtout une transcription intégrale des statuts et requêtes présentés par les Trois-États de Provence au roi au moment de l’union à la France, texte connu surtout sous le nom impropre de « Constitution provençale ». L’exploitation minutieuse de ce document en latin enrichit toute étude portant sur l’intégration des Provençaux à la Couronne.
19D’autres sources ont été éditées dans certains ouvrages de référence qui sont le fruit du travail d’historiens religieux et laïques entre 1848 et 1920 dans les archives provençales. Les pièces justificatives adjointes à leur texte sont aujourd’hui encore incontournables pour la recherche, autant dans le second volume des Monuments inédits de l’abbé Faillon, publié en 184833, dans le second volume du Roi René d’A. Lecoy de la Marche, publié en 187534, ou dans celui d’Arnaud d’Agnel déjà cité (1914). On aura souvent recours aux Comptes du roi René35 publiés par ce dernier auteur en trois volumes entre 1908 et 1910. Concernant Avignon, l’on mentionnera l’édition en 1913 par le docteur Pierre Pansier des rapports de deux clavaires d’Avignon, Étienne de Governe (1476-1481) et Barthélemy Novarin (1483-1519), qui forment une des rares chroniques du Midi provençal36 et le travail fondamental de Léon-Honoré Labande intitulé Avignon au xve siècle et publié en 192037.
20Pour tenter d’actualiser l’approche historique, de présenter de nouvelles données, de générer de nouvelles problématiques, de nouvelles hypothèses, de nombreuses sources manuscrites ont été consultées dans les fonds français de la Bibliothèque nationale de France et aux Archives nationales. Certaines sources inédites sont reproduites en annexe, dans les pièces justificatives. Des comptes de l’Hôtel38 et de la Chambre des comptes et autres documents comptables sont accessibles à la BnF sous les cotes 6758, 6759, 6966, 6967, 6983, 10187, 20685, 23264, 32511, en particulier, et aux AN dans les séries J (257) et P (2574). Ils révèlent des pièces de divers ordres, originales ou copies postérieures, parmi lesquelles des lettres patentes, des instructions, des rapports de mission, des lettres de dons.
21Les nombreuses lettres, courriers, procureurs et commissaires que Louis XI fait parvenir aux communautés religieuses ou urbaines de Provence ont naturellement laissé des traces localement. Une enquête, certes non exhaustive, a donc été menée aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, centre de Marseille (série B 19, 20, 168, 205, 215, 216, 688 et 26 F 33), et d’Aix-en-Provence, aux archives communales d’Arles (BB 5 et CC 223), de Salon et de Saint-Rémy. Les fonds des bibliothèques Méjanes d’Aix-en-Provence et Inguimbertine de Carpentras ont fait aussi l’objet de prospections. Les pièces les plus intéressantes et les plus significatives rencontrées lors de ces recherches ont été transcrites et intégrées au volume des annexes. Des extraits de ces sources émaillent le texte de cette étude, ne serait-ce que pour ramener incessamment le lecteur du xxie siècle aux représentations des hommes du xve siècle.
22L’histoire de l’élargissement de la Couronne de France aux Provençaux s’est constituée ici par croisement de l’ensemble de ces matériaux scripturaires, ce qui a conduit parfois à renouveler les connaissances ou à soumettre des idées instituées à de nouvelles hypothèses. On présente l’ensemble des données disponibles sur le sujet, permettant une analyse diachronique, c’est-à-dire une classification chronologique des faits et phénomènes avérés au long des quarante années, et synchronique, par une répartition géographique des données entre les entités politiques de la zone d’étude.
23Cette approche géopolitique incite au comparatisme, dont les bienfaits ont été notoirement exposés par Marc Bloch39 et auquel on a eu largement recours, au-delà même de la zone définie. Louis XI ayant annexé l’équivalent de 25 % du territoire actuel de la France métropolitaine, les possibilités de comparaisons à l’extérieur étaient vastes. Force est de constater qu’une bonne partie de ces pays intégrés au domaine royal ressortissent de l’autorité des Anjou. René d’Anjou et son neveu Charles II du Maine étant les deux derniers représentants mâles directs d’une Maison que Louis XI contribue à éradiquer, ceux par qui il prend possession du duché d’Anjou, du duché de Bar et du comté de Provence, les objets de la comparaison s’imposaient d’eux-mêmes. L’autorité française s’est-elle introduite en Provence de la même manière qu’en Anjou et en Barrois ? Force est de constater que les modalités de l’ingérence varient, que le pays annexé soit un comté indépendant, un duché partiellement vassal ou vassal à part entière.
24Avec la méthode comparative, vient la nécessité d’une approche multiscalaire des problématiques. Cette histoire se rapporte bien souvent à un conflit géopolitique, avec ses pouvoirs en opposition, ses protagonistes de premier ou de second plan, ses territoires, ses populations et ses enjeux de diverses natures. Ce constat impose un regard capable de passer de l’échelle locale, d’un conflit microscopique comme celui du comté de Gap entre 1444 et 1481 ou des mouvements de contestation nés à Aix en 1482, à l’échelle territoriale des principautés du Midi, des échanges entre elles et des répercussions sur elles des crises franco-provençales, répercussions qui ignorent tout autant les limites des grands ensembles politiques que sont le royaume de France, le royaume de Naples, l’Empire germanique. On s’est efforcé de raisonner avec la souplesse de l’esprit de Louis XI, qui s’est révélée au fil de ce travail et que le lecteur pourra apprécier tout au long de ces pages.
25Cette étude se constitue d’un ensemble de faits et phénomènes qui, bien que classifiés, ne souffrent d’aucune hiérarchisation subjective ou anachronique. Ont été retenus les faits traditionnellement reconnus comme prééminents, c’est-à-dire politiques, diplomatiques, militaires, religieux, mais sans les isoler des faits économiques, financiers, sanitaires, sociaux, voire des phénomènes psychologiques, lorsqu’on aborde prudemment la question du sentiment national chez les Provençaux, ou celle de leurs représentations de la puissance française. La double analyse prosopographique de Louis XI et René d’Anjou, au versant politique dans ce volume, n’est pas non plus en reste. On aurait souhaité atteindre à une histoire globale, désireuse de considérer tout élément ayant un rapport avec les relations franco-provençales et servir de base à un travail de contextualisation fine, tel que celui qui sera opéré dans un second volume concernant les libéralités.
26L’extension des limites chronologiques de la période d’étude, de ses limites géographiques, la relecture des sources et la découverte de nouvelles pièces, ont généré de nouvelles idées, de nouvelles données et de nouveaux questionnements sur le sujet. Certains thèmes méritent ainsi d’être révisés, comme celui d’un Louis XI abandonnant financièrement le comte René, lequel aurait délibérément choisi sa retraite provençale, ainsi que l’idée d’un rattachement effectué tel une véritable union entre deux États souverains. On ne suivra pas non plus l’historiographie provençale dans sa tendance à reléguer prématurément le cas du comté de Gap aux affaires dauphinoises, ce qui conduit à éluder une zone névralgique des rapports franco-provençaux qui était largement intégrée au comté de Provence.
27De nouvelles données sont apparues concernant les rapports entre le dauphin Louis et la Provence, concernant en particulier l’unique voyage provençal en mai 1447, épisode fantôme de l’histoire du comté. On se donne également les moyens d’aborder le thème nouveau du rapport des Provençaux à la politique française, notamment des frayeurs causées par le passage de troupes dans la vallée de la Durance, ainsi que des violences perpétrées par l’armée française contre quelques places fortes du comté durant les premiers mois de la souveraineté louis-onzienne, autre « trou noir » de l’histoire. Une attention particulière a été portée aux hommes qui se distinguent en tant que maîtres d’œuvre de la francisation du comté sous ce roi unificateur. L’historiographie a été happée par le cas exceptionnel de Palamède Forbin, faisant abstraction de personnages efficaces eux aussi, à commencer par les membres de sa famille, mais aussi Raymond de Glandevès-Faulcon, Pierre Leroy, dit Benjamin, Honorat de Berre, l’évêque de Marseille Jean Alardeau, son frère Jean de Vaulx et leur famille, et enfin le prieur de Saint-Maximin Elzéar Garnier. Devant le foisonnement des nouveaux questionnements, qui donne à ce sujet de multiples ramifications, l’inexhaustivité s’est imposée à moi. Cette étude ne se veut donc pas définitive, elle a vocation à être enrichie par de futures découvertes, conviction qui a conditionné mon raisonnement, comme on le lira à plusieurs reprises.
28Il a été choisi de dérouler un plan diachronique divisé en quatre parties, chacune correspondant à une mutation des conditions politiques. La première concerne la période 1440-1456, c’est-à-dire la partie du delphinat qui précède l’exil bourguignon, où le jeune prince Louis est dauphin de Viennois et libre de communiquer avec la Provence bien que sous le contrôle de Charles VII. La deuxième partie présente le début du règne de Louis XI (1461-1473) et les nouveaux rapports qu’il instaure avec les Anjou, faits de confiance et de méfiance, avant la césure provoquée par le dernier testament de René d’Anjou en juillet 1474. Elle ouvre une troisième période (1474-1480), plus offensive en ce qui concerne la convoitise de la Provence et plus violente au regard de la pression exercée sur les dernières années du doyen de la dynastie, réfugié dans le Midi. Avec sa mort débute une quatrième et dernière période (1480-1483) qui voit décupler l’influence impérialiste du roi sur la Provence, à travers le court règne de Charles III et les premiers mois de souveraineté française avant la mort de Louis XI. La réduction linéaire des durées de ces périodes témoigne de l’accélération des interventions françaises en comté jusqu’au règne de Charles VIII.
29Le contexte provençal est indéfinissable sans un aperçu du contexte général de l’Europe occidentale dans la deuxième moitié du xve siècle. Les hommes émergent tout juste d’une période (1350-1450) que F. Braudel décrit comme la plus grande crise que la France ait traversé depuis, en tenant compte même des deux guerres mondiales40. Louis XI hérite d’une telle conjoncture, rendue dangereuse par les épidémies de peste noire et explosive par les violences de la guerre de Cent ans. Charles VII a repoussé les troupes anglaises hors du royaume, donnant l’impression que cette guerre trouvera son terme. À Louis XI échoit la tâche difficile de maintenir ce fragile équilibre et d’établir une paix durable. Mais il est confronté à des départs de feux tous azimuts. Sa tâche consiste à la fois à détourner le roi d’Angleterre de ses prétentions françaises au nord, à réduire le duc de Bretagne à l’obéissance à l’ouest, à raisonner le puissant et insubordonné duc de Bourgogne à l’est. Les plus grandes inquiétudes de Louis XI viennent sans conteste des conspirations de Charles le Téméraire. Pour les en détourner, il faut obliger les grands princes voisins, le roi de Naples, le roi d’Aragon, le duc de Savoie, le duc de Milan, et jusqu’aux Cantons suisses, quitte à empiéter sur leurs terres pour se garantir soi-même. À l’intérieur, pour étouffer les tensions entre Armagnacs et Bourguignons, il faut contrôler les grands vassaux et sécuriser leurs apanages. Loyauté absolue est requise de toutes les grandes Maisons, les Anjou, les Maine, les Bourbons, les Luxembourg-Saint-Pol, les Nemours, les Armagnac, ainsi que de toutes les villes et places fortes stratégiques du royaume. Plus d’une fois, lors de la ligue du Bien public en 1465, puis lors de la reformation d’une coalition au début des années 1470, Louis XI craint que la longue guerre ne se rallume.
30Pour imposer la paix, il a absolument besoin d’un État fort, plus stable et plus uni que jamais. À la tête de cet État, il faut une main de fer. Incontestablement, Louis XI est l’homme de la situation. Les Anjou et la Provence doivent faire les frais d’une politique implacable adaptée à ces circonstances de crise. Adossés à la frontière sud-orientale du royaume, le comté de Provence, Avignon et le Comtat Venaissin et la principauté d’Orange subissent les conséquences de la sécurisation forcée de cette ligne de partage des souverainetés. Petits États dont la souveraineté est justement mal assurée, la Provence mouvant théoriquement d’un lointain empereur germanique, Avignon et le Comtat relevant de l’autorité d’un pape non moins lointain et la principauté d’Orange, d’un petit prince vassal de Bourgogne souvent absent, ils se trouvent bousculés par les grands blocs politiques en formation à leurs frontières. Leur petite taille, leur désunion interne causée par un certain esprit de campanilisme41, leur économie exsangue sous les effets des crises agricole, épidémique, démographique et religieuse qui se prolongent, les mettent bien peu en position de négocier42.
31Si Louis XI accomplit une avancée décisive dans cette politique impérialiste menée tout particulièrement dans le Midi provençal, il ne saurait être considéré comme son initiateur. Depuis que la Provence a été incorporée au royaume franc puis carolingien, les rois capétiens et valois, ont gardé des vues sur son vaste littoral méditerranéen43, ses sanctuaires majeurs, ses routes vers l’Italie. Louis IX a fait en sorte d’éloigner l’héritage provençal du comte de Toulouse pour l’offrir à son frère, devenu Charles Ier de Provence, premier comte français. À la mort de Raymond VII, les Capétiens ont également pris pied dans le futur Comtat venaissin. Dans les premières décennies de la guerre de Cent Ans, puis lors du changement dynastique entre Anjou de la première et de la seconde Maison, autant dire à la faveur des crises qui touchent la Provence, la France des Valois Charles V et Charles VI se montre plus intrusive. Tout au long de la seconde moitié du xive siècle, des troupes armées, plus ou moins excitées par le parti français, ruinent la Provence rhodanienne et le Comtat. Les dévastations causées ont valeur de mise en garde aux opposants de la Provence de Louis Ier d’Anjou44. Dans les années 1390, la France intervient encore pour mettre fin aux exactions de Raymond de Turenne en Provence occidentale45. La convoitise de la Provence par les rois de France n’est pas, dans ce second xve siècle, une nouveauté. En plus des circonstances extérieures qui viennent d’être rappelées, Louis XI exploite des circonstances internes favorables qu’il est temps de détailler.
Notes de bas de page
1 Lettres de Louis XI, roi de France, publiées d’après les originaux, pour la Société de l’Histoire de France par Joseph Vaesen et Etienne Charavay, t. V, n° 778, p. 222 : 8 avril 1474.
2 Fernand Braudel, L’identité de la France, Paris, 1986, rééd. Flammarion, 1990, Espace et histoire, p. 13-14 ; Les hommes et les choses I, p. 137.
3 Martin Aurell, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2005, p. 10-15.
4 Jacques de Fontreaulx, « Les évêchés suffragants d’Embrun », dans Provence historique, t. VI, fasc. 25, 1956, p. 199-201.
5 J.-F. Lemarignier, op. cit., p. 4-5.
6 C ésar de N ostredame, L’Histoire et Chronique de Provence, Lyon, 1614.
7 Honoré Bouche, La chorographie ou description de Provence et l’histoire chronologique du mesme pays, Aix, t. I, 1664.
8 Jean-François Gaufridi, Histoire de Provence, Aix, 1694.
9 Abbé Jean-Pierre Papon, Histoire générale de Provence, t. III, Paris, 1784.
10 C. de Nostredame, op. cit., p. 635.
11 Gustave Arnaud d’Agnel, La politique des rois de France en Provence. Louis XI et Charles VIII, 2 vol., Paris, 1914.
12 Édouard Baratier, dir., Histoire de la Provence, Toulouse, 1990.
13 Marquis Henri de Forbin, « L’union de la Provence à la France. 11 décembre 1481 », extrait des Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 7e série, t. II, 1981, p. 19-112.
14 J.-P. Papon, op. cit., p. 362 se demande si, lors du voyage provençal, le dauphin ne médite pas « le projet de réunir un jour la Provence à la Couronne ». É.M. Faillon, op. cit., t. I, 1848, col. 1000, n. (a), remarque combien cette idée est répandue chez « plusieurs modernes » mais n’y croit pas lui-même avant la mort de Nicolas de Calabre, ce en quoi on peut le suivre. Beaucoup plus récemment, Henri Dubled, Histoire du Comtat Venaissin, terre papale rattachée à la France en 1791 seulement, Raphèle-lès-Arles, 1990, p. 61, prétend que Louis II « veut joindre le Dauphiné à la Provence ».
15 Jules Michelet, Histoire de France, t. VI, Louis XI et Charles le Téméraire, Paris, 1844.
16 Alfred Gandilhon, « Contribution à l’histoire de la vie privée et de la Cour de Louis XI (suite) », dans Mémoires de la Société littéraire et scientifique du Cher (1906-1907), 4e série, 21e vol., Bourges, Paris, 1907, p. 46 et n. 5.
17 René Gandilhon, Politique économique de Louis XI, Paris, 1941.
18 Pierre Champion, Louis XI, t. I, Le Dauphin ; t. II, Le Roi, Paris, 1927.
19 Auguste Bailly, Louis XI, Paris, éd. Fayard, 1936.
20 Pierre Champion, Le roi Louis XI, Paris, éd. Flammarion, 1936.
21 Paul Murray Kendall, Louis XI, Londres, 1971, Paris, éd. Fayard, 1974.
22 Pierre-Roger Gaussin, Louis XI, roi méconnu, Paris, Librairie A.G. Nizet, 1988.
23 Jean Favier, Louis XI, Paris, éd. Fayard, 2001.
24 Id., p. 782 : « Pour recouvrer son duché, René promet à son neveu le roi de France de lui laisser sa succession. [1476] » ; p. 783 : « Quant à René, il obtint que la Provence passât après lui à son neveu Charles II du Maine, et qu’à la mort de celui-ci elle fût réunie à la Couronne. » L’historiographie déjà ancienne qui considère que René d’Anjou aurait positivement transmis la Provence à Louis XI est aujourd’hui remise en cause. Je discuterai plus avant cette question, qu’aucune pièce justificative n’a jamais permis de trancher, et qui semble avoir été aisément contournée par Louis XI d’une manière qui sera explicitée.
25 Je pense notamment à leurs travaux de thèse publiés dans les années 1980 : Louis Stouff, Arles à la fin du Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 1986, 2 vol. et Noël Coulet, Aix-en-Provence, espace et relations d’une capitale (milieu xive s.-milieu xve s.), Aix-en-Provence, PUP, 1988, 2 vol. Dans l’article de L. Stouff, « Deux dates dans l’histoire de la Provence médiévale », dans C. Carozzi, H. Taviani-Carozzi, dir., Faire l’événement au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2007, p. 133-136, cette problématique est remise à l’honneur, sur quelques pages seulement.
26 J. Vaesen et E. Charavay, Lettres de Louis XI, roi de France, publiées d’après les originaux, pour la Société de l’Histoire de France, t. I à XI, Paris, 1883-1909. Une sélection de ces lettres est accessible dans Henri Dubois, Louis XI, Lettres choisies, Paris, éd. Le Livre de poche, 1996.
27 Thomas Basin, Histoire de Louis XI, éd. et trad. Charles Samaran et Monique-Cécile Garand, Paris, 1963-1972, 3 vol.
28 Georges Chastellain, Œuvres, Bruxelles, éd. Kervyn de Lettenhove, 1863-1866, 8 vol., rééd. 1971.
29 Jean de Roye, Journal connu sous le nom de Chronique scandaleuse, 1460-1483, Paris, éd. Bernard de Mandrot, S.H.F., 2 vol., 1894-1896.
30 Philippe de Commynes, Mémoires de Philippe de Commynes, Paris, éd. B. de Mandrot, 1901-1903, 2 vol.
31 Emmanuel de Pastoret, Ordonnances des rois de France de la troisième race, recueillies par ordre chronologique, t. XV à XIX, Paris, 1811-1835. Pour une vue d’ensemble, on pourra consulter M.J.M. Pardessus, Table chronologique des ordonnances des rois de France de la troisième race, jusqu’au règne de Louis XII inclusivement, Paris, 1847. On trouvera des compléments dans Jules Tardif, Carton des rois, Inventaires et documents publiées par ordre de l’empereur sous la direction de M. De Laborde, Directeur général des archives de l’Empire. Monuments historiques, Paris, 1866.
32 Emmanuel Pilot de Thorey, Catalogue des actes du dauphin Louis II devenu le roi de France Louis XI relatifs à l’administration du Dauphiné, Grenoble, 1899, 3 vol. Voir aussi C.-U.-J. Chevalier, Ordonnances des rois de France et autres princes souverains relatives au Dauphiné, précédées par un catalogue des registres de l’ancienne chambre des Comptes de cette province, Colmar, 1871.
33 Abbé Étienne Michel Faillon, Monuments inédits sur l’apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence, t. II, 1848.
34 A. Lecoy de la Marche, Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et littéraires, t. II, Paris, 1875.
35 Abbé Arnaud d’Agnel, Les comptes du roi René, publiés d’après des inédits conservés aux archives des Bouches-du-Rhône, 3 vol., Paris, 1908-1910.
36 Dr Pierre Pansier, « La Chronique avignonnaise de Guillaume de Garet, d’Étienne de Governe et de Barthélemy Novarin (1392-1519) », édité par les Annales d’Avignon et du Comtat Venaissin, 2e année, no 1, 1913.
37 Léon-Honoré Labande, Avignon au xve siècle, Paris, Monaco, 1920.
38 Une partie infime de ces sources a été publiée par M. L. Douët-d’Arcq, Comptes de l’hôtel des rois de France aux xive et xve siècles, pour la société de l’Histoire de France, Paris, 1865.
39 Marc Bloch, Pour une histoire comparée des sociétés européennes (1928), dans L’Histoire, la Guerre, la Résistance, Paris, éd. Gallimard, coll. Quarto, 2006, p. 347-378.
40 Fernand Braudel, L’identité de la France, Les hommes et les choses I, Paris, 1986, rééd. Flammarion, 1990, p. 127-129, 153-161, 167-170.
41 N. Coulet, op. cit., 1988, t. 1, p. 589-590.
42 Ces calamités qui affectent encore les populations provençales tout au long du xve siècle ont été étudiées par Noël Coulet, notamment dans La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2005, p. 295-318.
43 F. Braudel, op. cit., p. 133-134.
44 Jean-Paul Boyer et alii, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2005, p. 147-151, 191, 278-280.
45 N. Coulet et alii, La Provence au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2005, p. 285-291.
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