Histoire du vers français. Tome II
Première partie : Le Moyen Age II. La déclamation. Art et versification. Les formes lyriques
Extrait
Il ne semble pas, quand on considère les premiers monuments de notre littérature versifiée, que celle-ci soit appelée à un magnifique avenir. On n’y voit que des syllabes péniblement assemblées, coupées par une césure et par une rime, ou plutôt par un embryon de rime, et dont l’intérêt esthétique est manifestement très mince. La forme en est étriquée, pesante et sans ampleur. Les vers, de maigres octosyllabes, y sont groupés en strophes, mais ces strophes ne révèlent aucune habileté. On sent q...
Éditeur : Presses universitaires de Provence, Éditions Boivin
Lieu d’édition : Aix-en-Provence
Publication sur OpenEdition Books : 12 février 2013
ISBN numérique : 978-2-8218-2733-2
DOI : 10.4000/books.pup.1810
Collection : Hors collection
Année d’édition : 1951
Nombre de pages : 316
Livre troisième. La déclamation
Livre quatrième. Art et versification
Première section
Deuxième section
Troisième section. La rime
Quatrième section. Les formes lyriques
Il ne semble pas, quand on considère les premiers monuments de notre littérature versifiée, que celle-ci soit appelée à un magnifique avenir. On n’y voit que des syllabes péniblement assemblées, coupées par une césure et par une rime, ou plutôt par un embryon de rime, et dont l’intérêt esthétique est manifestement très mince. La forme en est étriquée, pesante et sans ampleur. Les vers, de maigres octosyllabes, y sont groupés en strophes, mais ces strophes ne révèlent aucune habileté. On sent que l’ouvrier, encore peu capable d’initiative, est à peine sorti d’apprentissage, et qu’il se borne à suivre docilement les modèles que lui offrent ses maîtres latins. Il hésite sur la solution des problèmes qui lui sont proposés, risque à peine quelques césures épiques ou quelques rimes féminines, sans doute parce qu’il n’est pas absolument sûr de l’accueil que ces nouveautés rencontreront. Tout démontre son inexpérience.
Pourtant le grand fait s’est accompli, et désormais le vers français est créé. Si peu hardis qu’aient été les auteurs de la Passionet de Saint Léger, ils ont eu tout de même l’audace d’écrire en langue vulgaire, dans leur langue, et de renoncer à la forme de la séquence, qui était celle de Sainte Eulalie, trop irrégulière pour qu’elle pût être améliorée par quelque progrès. Nul souci artistique, bien entendu, ne les avait guidés : ils essayaient seulement d’écrire une histoire pieuse, destinée à l’édification du menu peuple, de telle façon qu’elle pût être comprise et qu’elle se gravât facilement dans les mémoires. Ils n’avaient pas d’autre désir. Mais leur tentative, à laquelle ils attachaient sans doute fort peu d’importance, devait être féconde, puisqu’elle a rendu possible l’admirable floraison de notre poésie française.
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