L’affaire des Goulottes (Douai, 1791)
Une justice du peuple en action ?
p. 25-38
Texte intégral
1Le peuple corrige, le peuple punit… L’idée n’est pas étrangère à l’Ancien Régime, où les mots d’ordre et l’interprétation des émeutes violentes peuvent contenir un discours de justice1. À partir de 1789, elle devient plus explicite, tant la légitimité d’une vengeance populaire est désormais revendiquée par les actes et les images. Qu’on pense à ces estampes qui présentent des religieuses, des femmes anti-patriotes ou de hauts personnages (l’abbé Maury) fessés en public, à cette « discipline patriotique » qui châtie par l’humiliation et la dérision2. Qu’on pense à cette bande de Saint-Affrique qui, à l’été 1792, s’intitule « pouvoir exécutif » et rend des jugements contre les mauvais citoyens, plus pour les terroriser que pour les blesser ou les faire périr3. Dès 1789, l’expression « justice du peuple » renvoie souvent à des événements plus dramatiques. Lorsqu’elle est employée sans ironie, elle reconnaît à la foule le droit de faire justice, au besoin en donnant la mort. Elle évoque les têtes de Launay et Flesselles promenées au bout d’une pique, au 14 juillet, par une foule qui crie : « Laissez passer la justice du peuple » ; elle renvoie à Camille Desmoulins, le « procureur général de la lanterne ». Qu’on pense encore à cette lettre de Robespierre à son ami arrageois Buissart où, le 23 juillet 1789, il termine son propos par un : « M. Foulon a été pendu hier par arrêt du peuple4 » ; l’usage du mot « arrêt », qui désigne un jugement souverain, n’est pas employé par hasard.
2Pour l’historien, cependant, la notion de « justice du peuple » apparaît étonnamment floue, et son usage n’est pas sans poser problème, particulièrement pour les années qui précèdent les massacres de septembre 1792. La notion n’est-elle alors qu’une expression de journalistes et de politiques, soucieux de légitimer et de donner un sens nouveau aux violences populaires, ou est-elle consciemment revendiquée par les insurgés, comme peuvent le laisser penser les événements parisiens du 14 Juillet ? Toute mise à mort est-elle l’expression de sa réalisation revendiquée ? La justification d’exécutions sommaires s’opère-t-elle par de mêmes mots à Paris ou dans les départements ? D’autres questions, sur la nature même de cette « justice » peuvent se poser : est-elle l’opposé ou la négation de la justice officielle ? Obéit-elle, comme cette dernière, à des rites facilement identifiables ?
3Jusqu’ici, la question a été essentiellement abordée par des travaux envisageant l’action de la foule, ses logiques, ses perceptions par les textes ou les images5, par l’examen des formes et modalités de la violence, ou encore par l’étude de la conscience politique du « peuple » conçu comme un acteur collectif6. Dans le cas de l’émeute des Goulottes et de ses deux exécutions sommaires (Douai, 16-17 mars 1791), la nature des archives conservées, qui comprennent notamment une centaine de témoignages en justice, invite à doublement déplacer la focale : de l’étude de la violence à celle de l’attente de justice, et de l’analyse des logiques de foule à la mise en évidence de la diversité des choix individuels.
Deux exécutions sommaires
4L’émeute qui se déroule à Douai les 16 et 17 mars 1791 est l’une des plus violentes de celles qui ont touché l’espace septentrional pendant la décennie révolutionnaire. Un an après un moment d’exceptionnelle tension alimentaire, les prix du blé sont pourtant au plus bas depuis 17827 ! Pour comprendre l’événement, faut-il évoquer le mécontentement religieux, renforcé par l’approche de l’assemblée électorale prévue pour nommer l’évêque constitutionnel du département, le 20 mars ? Certains Constituants l’ont cru, mais aucun mot d’ordre ne l’atteste. Plus probablement, l’émeute est liée à la peur du chômage et au souvenir des difficultés frumentaires passées. Les populations craignent un été difficile, une nouvelle flambée de prix, comme en témoigne la pression populaire qui, à la veille des troubles, a conduit à l’interdiction du départ d’un bateau chargé de blé. À la différence de l’affaire Simoneau, qui touche Étampes l’année suivante (3 mars 1792), la question qui se pose n’est pas la possible taxation des grains, mais celle de leur libre circulation. La municipalité en est consciente et, à la mi-mars, elle autorise la destruction des « couloirs » ou « goulottes » qui, partant des entrepôts des bords de Scarpe, permettent aux marchands de charger les bateaux ; en facilitant la surveillance des exportations de grains, elle croit faire cesser les « alarmes » ; en vain.
5Reprenons les faits8. Le mercredi 16 mars, des Douaisiens entreprennent de détruire les goulottes des bords de Scarpe avec le soutien de gardes nationaux. Les marchands n’apprécient guère et le fils de l’un d’eux, Nicolon, proteste vigoureusement et injurie les manifestants de sa fenêtre (canaille, gueux…). Quelques individus se rendent alors chez lui, pour lui demander des comptes ; faute de le trouver, ils s’en prennent au père, caché dans le grenier de sa maison. Il est menacé et ne paraît devoir la vie qu’à l’arrivée d’un détachement officiel de la garde nationale qui, sans pouvoir le protéger de tous les coups, lui permet d’arriver sain et sauf à l’hôtel de ville ; après avoir été soigné par un chirurgien, Nicolon est conduit en prison. Le protège-t-on ? Est-il incarcéré avant d’être jugé ? La promesse du commandant de la place, de Lanoue, que justice serait faite ne suffit pas. Devant la prison, certains demandent la punition immédiate de Nicolon. Derbaix, commandant de la garde nationale et ami du marchand, tente de contenir les mécontents, mais tire un moment son sabre et blesse un canonnier. Pris à partie par la foule, qui comprend nombre de soldats, il tente de fuir, mais est rattrapé. Blessé, le jeune imprimeur et garde national est emmené sur la grand-place et pendu à un réverbère.
6Le lendemain, jeudi 17 mars, la colère reste forte. Les mécontents se rassemblent devant la prison et tentent différentes démarches pour obtenir la mise en jugement et, surtout, l’exécution du marchand honni ; ils sont soutenus par des gardes nationaux et certains soldats. La reprise de l’émeute s’achève par la pendaison du marchand Nicolon. Quelques jours plus tard, les lecteurs des Révolutions de Paris en découvrent le récit et une illustration dans leur périodique9. La gravure offre une perspective fortement schématisée : le beffroi de l’hôtel de ville apparaît en arrière-plan, grossièrement stylisé, tout comme la grand-place, dont les prestigieuses façades (celle de l’hôtel du Dauphin, à gauche) sont remplacées par des murs anonymes. Le graveur s’est attaché à la représentation des acteurs, hommes et femmes de Douai, militaires et gardes nationaux, et par celle des pendaisons effectuées sur deux des supports de lanternes de la place.
7En 1791, d’autres titres de la presse nationale, tout comme l’Assemblée constituante, se font l’écho de l’événement. À Paris, les députés dénoncent la responsabilité de la municipalité, mise en accusation pour n’avoir pas proclamé la loi martiale. Le député Merlin de Douai doit, dans les semaines suivantes, intervenir à plusieurs reprises pour limiter les sanctions et rétablir l’image et les prérogatives de sa ville10. De son côté, après s’être repliée sur Lille, l’administration départementale retrouve son chef-lieu le 1er avril. C’est également à cette date que la justice douaisienne entend les premiers témoins de l’émeute. Peu à peu, dix-neuf responsables présumés sont incarcérés. Il n’y aura cependant pas de procès, l’émeute des Goulottes relevant de l’article premier de la loi du 14 septembre 1791 portant abolition des procédures instruites et des jugements intervenus sur les faits relatifs à la Révolution11.
Responsabilité collective ou individuelle ? Un effet sources
8Sans revenir sur l’estampe publiée dans Les Révolutions de Paris, on peut classer les documents sur l’émeute en deux grandes catégories. La première regroupe des récits d’administrateurs et de journalistes, qui en offrent une vue d’ensemble ; la seconde, plus fragmentaire, rassemble des témoignages directs recueillis par la justice. Ces deux catégories de textes invitent à deux lectures différentes de l’événement, qui méritent d’être soulignées, car elles révèlent un effet sources rarement mis en évidence.
9Dans notre étude, le premier ensemble d’archives est composé de récits, qui sont autant de reconstitutions des faits. Tous n’ont pas la même nature. Les uns sont élaborés par les journalistes à l’intention de leur lectorat. Ils informent en portant un regard critique sur les événements et leurs origines, s’interrogeant sur les responsables, mettant en cause la gestion de la crise… Dans la presse régionale, le Journal du département du Nord annonce l’émeute en quelques lignes seulement, le 21 mars ; dans l’attente d’un apaisement des tensions et de nouvelles informations, l’auteur dénonce des « atrocités qui font frémir » et « une rage digne des cannibales », regrettant que le peuple méconnaisse « l’obéissance aveugle » qu’il doit à la loi. Un récit circonstancié et fortement critique est présenté deux jours plus tard. La description est moins sévère dans les Affiches nationales du département du Nord, qui regrettent cependant les « scènes malheureuses » qui ont endeuillé la ville. La presse nationale évoque également l’affaire, le plus souvent à l’occasion de la séance de la Constituante à l’issue de la laquelle la municipalité douaisienne est mise en accusation (19 mars)12. Parmi les journaux qui s’intéressent à l’affaire, une mention particulière doit être faite aux Révolutions de Paris ; si elles reconnaissent la culpabilité du peuple, elles invitent à ne pas oublier que de « grands scélérats » l’égarent. Au-delà, le journal considère l’émeute comme le fruit du manque d’autorité du commandant de la place, de la conduite « flasque » du directoire du département et de l’inconséquence de la municipalité. Dénonçant une responsabilité partagée, il regrette que seule la municipalité ait été sanctionnée par l’Assemblée13.
10Les récits produits par les autorités publiques, bien plus développés, obéissent à des codes en partie partagés par la presse, en ce sens qu’ils cherchent comme elle à expliquer les ressorts de l’émeute. Ici, cependant, les narrateurs sont des acteurs même de l’événement, ou tout au moins des observateurs directs, puisqu’ils sont membres de la municipalité, du district et du département, qui tous siègent à Douai au moment des faits. Inévitablement, ces hommes donnent à leurs récits une dimension justificatrice, insistant sur leurs efforts pour rétablir le calme et éviter les débordements populaires14. La chronique des faits est justification.
11Sans minimiser les différences entre récits de presse et d’administrateurs, trois caractères essentiels permettent de les rapprocher. Ce sont d’abord des relations synthétiques, qui offrent un regard d’en haut sur l’émeute. Ils proposent une narration cohérente, linéaire, qui donne sens à ce qui vient de se produire. Ces textes sont des constructions, dont l’analyse peut s’inspirer des remarques méthodologiques des historiens de récits de batailles militaires ; comme ces derniers récits, ils sont formés d’un choix de scènes reliées les unes aux autres. Qu’ils soient journalistiques ou administratifs – et c’est un deuxième caractère –, ces textes ne sont pas sans enjeux : la presse peut leur donner une dimension pédagogique ; quant aux administrateurs, ils sont soucieux de justifier leurs choix pendant la crise. Enfin, et c’est une dernière remarque, ces récits donnent le premier rôle à des acteurs collectifs. Ils évoquent la « foule », le « peuple égaré »… Les hommes qui se soulèvent sont parfois comparés à un « torrent » qui échappe à ses digues, et se répand alors sans qu’on puisse le contrôler15. À l’opposé, les acteurs individuels y tiennent peu de place, à l’exception des victimes de la fureur collective ou des responsables des autorités publiques ; les noms des éventuels meneurs, voire leur existence, sont passés sous silence. Le récit accentue l’impression d’un mouvement collectif.
12Les sources judiciaires, essentiellement composées de témoignages, donnent de l’émeute une image cette fois fragmentée et partielle, dans laquelle l’individu prime la foule. Dès le lendemain des événements, une plainte est déposée par le ministère public et une information judiciaire lancée. L’enquête commence. On en a conservé les archives, et particulièrement l’ensemble complet des 97 témoignages (286 pages) recueillis à partir du 1er avril 179116. On est loin, dans ces textes, des récits lus dans la presse ou dans les procès-verbaux des administrateurs… Cette fois, chaque témoignage ne donne accès qu’à certaines scènes de l’émeute, souvent vécues personnellement, sans souci d’une reconstitution d’ensemble.
13Au travers de ces regards, le récit se complexifie ; il se charge de scènes que les administrateurs ou les journalistes n’ont pas souhaité retenir. À la foule et au peuple, qui restent des acteurs de l’événement, s’ajoutent désormais nombre d’individualités ; ce sont même ces dernières qui occupent les premiers rôles. Les témoignages montrent des hommes hésiter, revendiquer, agir ou entrer en conflit avec d’autres. La « foule » n’intéresse pas la justice criminelle. Soucieux d’établir des responsabilités individuelles, le juge cherche des informations précises qui puissent se transformer en preuves. Son but n’est pas d’opérer une synthèse des événements, d’en livrer un récit compréhensible, mais de les décompenser, d’identifier leurs différentes étapes et, à l’intérieur de celles-ci, de désigner une ou plusieurs personnes à sanctionner : qui a appelé à la pendaison de Nicolon ? Qui a fourni la corde ? Qui a tiré sur la corde ? Ici, l’individuel compte plus que le collectif.
14Il n’est certes pas question de négliger les récits des administrateurs et des journalistes ; ils sont essentiels à la compréhension des événements. Par la mise en évidence d’une différence fondamentale entre eux et les témoignages en justice, il ne s’agit que de souligner un effet sources, qui conduit les lecteurs de récits d’émeutes à s’interroger prioritairement sur les logiques de foule. Abondamment traitée, cette question ne sera pas discutée ici. En enrichissant les récits d’administrateurs et de journalistes des témoignages recueillis par les juges, notre objectif est d’observer prioritairement les choix personnels ; un déplacement du regard, de la foule à l’acteur individuel – qui ne perd jamais toute liberté par son intégration au groupe – peut-il infléchir ou enrichir la compréhension du mécanisme d’une exécution sommaire ?
Justifier la condamnation de Nicolon
15Les deux exécutions sommaires de l’émeute des Goulottes n’offrent pas la même image d’une possible « justice du peuple » ou, plutôt, trahissent deux types différents d’événements, l’un paraissant impulsif et non prémédité, l’autre, réalisé après mûre réflexion. À la première catégorie se rattache la mort de l’officier de la garde nationale Derbaix, qui intervient le premier jour des troubles. Le lendemain, 17 mars, la mise à mort de Nicolon apparaît bien plus complexe, et plus intéressante dans la perspective qui est la nôtre. Ici, l’exécution publique n’est pas déclenchée fortuitement, par un incident qui a mécontenté des acteurs en colère, comme pour Derbaix. Elle répond à une revendication exprimée dès le début de l’émeute. N’a-t-on pas essayé d’attenter à la vie de Nicolon dans le grenier de sa maison, puis dans l’hôtel de ville, puis en tentant de forcer les portes de la prison dès le 16 mars ?
16À la différence de Derbaix, coupable de s’être opposé à la volonté populaire, Nicolon semble convaincu d’un crime qui est à l’origine même de l’émeute. Il est « coupable » et mérite la mort. Au travers des témoignages recueillis par la justice, le principal reproche qui lui est adressé concerne la question sensible des grains. Le 16 mars, à l’hôtel de ville, Nicolon est présenté comme un « affameur » ; n’a-t-il pas, d’ailleurs, déjà été dénoncé comme tel dans un libelle du printemps 178917 ? L’un des manifestants, qui paraît ivre – selon l’adjudant-major Hurbain –, affirme que Nicolon « étoit un gueux qui avoit fait manger le pain cher18 ». La formule résonne comme un acte d’accusation. Le crime, d’ailleurs, paraît aggravé par une note d’incivisme. Un procureur au parlement de Flandre, Maximilien Joseph Piedana rapporte qu’il a entendu affirmer que Nicolon aurait dit « qu’il se foutait de la garde nationale et des troupes de ligne19 ». Dès le 16 mars, et plus encore le lendemain, le marchand paraît condamné d’avance par les insurgés. Nombre de témoins, en décrivant la foule massée devant l’hôtel de ville, évoquent des cris répétés de : « À la lanterne, à la lanterne, il faut le pendre ».
17Pour autant, il est remarquable que cette demande d’exécution s’accompagne d’un souhait de jugement de Nicolon par une autorité officielle. Certes, ce souhait n’est guère développé dans les récits journalistiques et administratifs, qui insistent sur la volonté des autorités de maintenir le respect de la loi, au besoin en refusant les exigences des insurgés20. Les demandes d’intervention des autorités constituées prennent une autre dimension dans les témoignages en justice. Sans chercher à leur donner une cohérence qu’elles n’ont pas, il convient d’insister sur l’attente forte qu’elles révèlent. Dans l’affaire Nicolon, la mise à mort du marchand est précédée de démarches auprès de différents pouvoirs, qui toutes tentent d’obtenir une condamnation officielle.
18Logiquement, les regards de certains insurgés se tournent vers le tribunal du district de Douai. C’est lui qui, dans l’attente de la formation du tribunal criminel, dispose de la compétence pour juger les crimes, et c’est à lui qu’on demande de prononcer, sans attendre, sur le sort de Nicolon. Ici, la justice officielle est reconnue par les émeutiers. Le 16 mars, c’est d’ailleurs par l’évocation de la justice du district qu’un soldat a convaincu de ne pas exécuter sommairement Nicolon : « Un grenadier du régiment de Chartres, rapporte un journalier, leur dit qu’il ne souffriroit pas qu’on le maltraitât sans l’entendre, et qu’il falloit le conduire devant le juge, qui devoit connoître du délit dont on l’accusoit, que ces observations furent écoutées et que le déposant ne vit point qu’on maltraitât le sieur Nicolon chez lui21 ». Le lendemain, selon le procès-verbal établi par l’administration du département, « le peuple et la garde nationale armée demandoient que le Sr Nicolon soit jugé de suite par le tribunal de district ». Dans l’après-midi, l’ambition n’a pas disparu ; le procès-verbal évoque ainsi « le trouble qu’a répandu l’arrivée tumultueuse d’un grand nombre de gardes nationaux et de soldats de ligne armés, suivis d’une grande foule de peuple qui se rendoit au tribunal de district près le directoire de département pour demander avec menace qu’il jugeât sur le champ le Sr Nicolon. Cette troupe de séditieux n’ayant trouvé personne au tribunal s’est porté en criant et en désordre au département22 ». La demande d’une intervention du tribunal n’est pas la demande d’un respect strict des procédures ; la sanction sollicitée doit être prononcée immédiatement.
19Si le tribunal de district ne peut ou ne veut pas prononcer, les émeutiers se contenteraient d’une décision de la municipalité ou du département. Dans cette ville qui a conservé une juridiction municipale aux larges pouvoirs jusqu’à la Révolution, la population continue de reconnaître aux édiles une autorité judiciaire quasi naturelle, qui dépasse de loin les pouvoirs qui leur sont reconnus par l’Assemblée constituante. Le 16 mars, à l’hôtel de ville, certaines personnes demandent ainsi aux officiers municipaux de condamner Nicolon à mort23. Dans la même journée, l’attente d’un jugement immédiat est également formulée par le « bourgeois » Brias, présenté comme l’un des meneurs, à qui la municipalité répond qu’elle n’en a pas la compétence24. La même demande est exprimée devant l’administration du département, par des délégués de la municipalité promus porte-parole des insurgés : « Que le département veuille sur le champ juger le sieur Nicolon ». « Les députés retirés et la discussion achevée, précise cette fois le procès-verbal, il a été unanimement convenu de répondre que le directoire qui n’est revêtu que du pouvoir administratif ne pouvoit en aucune manière connoître de cet objet ». Peu après, « une grande quantité de personnes armées » se présente devant le département avec la même exigence25.
20À défaut d’une justice civile ou municipale (voire départementale), les militaires ne pourraient-ils pas prononcer ? C’est l’avis de certains soldats qui participent aux attroupements, mais aussi de simples civils, qui expriment ainsi leur confiance dans les soldats-citoyens. Le procès-verbal du département évoque ainsi le projet de réunir un conseil de guerre, qui aurait jugé Nicolon. Une lettre de la municipalité, précise-t-il, « annonçoit qu’il paroissoit par le bruit public que l’on désiroit que le Sr Nicolon se rendit sur la place pour y être entendu et jugé par un conseil de guerre, et ensuite pardonné s’il le méritoit26 ». Certains témoignages évoquent une variante de cette rumeur, cette fois sous forme d’une scène qui se déroule à l’hôtel de ville. Un canonnier aurait dit, en s’adressant au commandant de la place, le général Lanoue : « Mon général, vous avez quarante-huit ans de service, nous nous en reporterons plus à votre jugement qu’à celui du tribunal de district, prononcez, si vous le déclaré absout nous allons le délivrer et si vous le trouvez coupable il faut qu’il soit pendu27 ».
21Il serait vain de tenter de reconstituer la chronologie de ces différentes initiatives ; elles ne forment pas une succession logique, mais paraissent étroitement enchevêtrées, la même revendication pouvant être formulée à plusieurs reprises, et des attentes différentes être exprimées simultanément en différents endroits de la ville. Reste un fait. Chez les émeutiers des 16 et 17 mars, avant même la mise à mort de Derbaix et plus nettement après, il existe une demande forte d’intervention d’une autorité administrative, judiciaire ou militaire. Le vœu trahit un besoin de légitimer l’exécution envisagée, qui a sans doute été renforcé, le 17 mars, par l’expérience de la veille ; obtenir une décision de la justice, de l’administration ou de l’armée, ce serait justifier l’exécution et transférer la responsabilité de l’acte sur ceux qui auraient pris la décision. Parallèlement, ces démarches rappellent que la (possible) « justice du peuple » ne se conçoit pas uniquement par opposition à la justice officielle. Peut-on soutenir ici, comme l’a proposé David Andress pour l’époque de la Terreur, que la violence de l’émeute exprime une volonté d’affermir la violence d’État28 ? Pour certains acteurs, peut-être ; mais pour d’autres, elle n’est sans doute qu’une solution de substitution, justifiée par des circonstances exceptionnelles.
Le vœu du peuple suffit
22Que les acteurs de l’exécution sommaire cherchent ou non à obtenir une autorisation officielle, ils considèrent que la volonté du peuple suffit. L’exécution peut s’opérer sans accord officiel ; celui-ci, lorsqu’il est demandé, comme dans l’affaire Nicolon, est d’ailleurs considéré comme allant de soi et bien peu paraissent envisager l’idée d’un possible élargissement du marchand. Si la justice, l’administration ou l’armée doivent s’exprimer, c’est pour prononcer la mort. Pour la plupart, il n’y a pas d’alternative. Un soldat favorable à l’exécution de Nicolon dit ainsi au général Lanoue
qu’il ne falloit pas tant de tems pour juger une affaire de cette nature, qu’elle était claire et que tout le monde sçavoit bien que cet homme méritoit la mort, qu’il falloit donc qu’il meure29.
23Le témoignage du procureur Piedana mentionne, de son côté, les propos d’un garde national également prononcés à l’hôtel de ville :
que si Nicolon étoit innocent il falloit le délivrer, mais que s’il étoit coupable il falloit qu’il mourut à l’instant, que tout le monde sçavoit d’ailleurs qu’il méritoit la mort, que c’étoit le vœu du peuple, de la garde nationale et des troupes de ligne, et en effet il demanda à haute voix à tous ceux qui se trouvoient dans la salle si cela n’étoit pas vrai et des acclamations se firent entendre30.
24Ce « vœu du peuple » est-il la reconnaissance de la légitimité d’une « justice du peuple » ? ou ne s’agit-il que d’une demande de violence, impulsive, à laquelle il faudrait se garder de donner une signification politique ? La réponse n’est guère aisée31… Dans le cas douaisien, deux indices nous paraissent cependant plaider en faveur de la première proposition. Le premier est cette évocation d’une « grâce », que la foule ou le peuple pourrait accorder aux coupables. On retrouve sa mention dans plusieurs témoignages, et ils se rapportent tant à Derbaix qu’à Nicolon. Lors de l’exécution du garde national Derbaix (16 mars), des témoins rapportent que certains protagonistes ont tenté de le sauver en sollicitant « très vivement » sa « grâce »32. Le lendemain, cette fois, Marie Drancourt explique que, passant devant le département où la discussion est vive sur le sort à réserver à Nicolon (le pendre ou pas), des soldats lui ont demandé d’aller voir la dame Nicolon pour l’inviter à venir solliciter « le pardon de son mari moyennant une amende de dix mille francs pour les pauvres » ; l’épouse de Nicolon, poursuit le témoin, a cependant refusé33. Qu’ils soient ou non exacts, ces épisodes annoncent une possible grâce du peuple ; celui-ci peut condamner, mais aussi gracier, comme la justice souveraine.
25La même idée ressort d’un deuxième indice, qui concerne l’attitude des gardes nationaux et des troupes pendant l’émeute. À Douai, comme dans nombre d’autres « émotions », la garde nationale joue un rôle équivoque : certains de ses membres n’ont-ils pas ostensiblement approuvé la colère publique, puis n’ont-ils pas laissé faire ou participé à l’exécution de Derbaix et surtout de Nicolon ? Quant à certains soldats, notamment issus du régiment de Vintimille, ils participent à la mise à mort de Derbaix et refusent, le lendemain, de contribuer à la défense de la prison où se trouve Nicolon34. Des gardes nationaux, mais aussi des soldats, sont acteurs de l’événement ; plus encore, certains se font les porte-parole des insurgés, dotant ainsi l’événement d’une dimension militaire et nationale qui le distingue nettement des émeutes frumentaires d’Ancien Régime35. Quant à ceux qui se contentent d’être présents sur la grand-place, ils refusent de tourner leurs armes vers la foule. Par leur attitude, ils paraissent légitimer l’action des insurgés. On retrouve ici l’ambiguïté connue des citoyens-soldats de la garde nationale, alternativement ou simultanément force de maintien de l’ordre et force de contestation révolutionnaire36, que l’on peut également retrouver chez certains soldats-citoyens…
26Nombre d’acteurs de l’émeute se reconnaissent ainsi le pouvoir de condamner ou de gracier, comme s’ils détenaient une part d’un monopole souverain. À aucun moment, cependant, cette conviction ne se mue en un discours structuré, en une revendication politique explicite. Mais comment s’en étonner, lorsque les témoignages sont portés devant une justice dont on sait qu’elle cherche des coupables ?
Les spécificités d’une exécution publique
27Pour l’historien, les témoignages apparaissent plus explicites lorsqu’est posée la question du déroulement des exécutions sommaires. Pour les deux mises à mort douaisiennes, probablement menées au nom d’une « justice du peuple », ils confirment d’abord quelques parallèles maintes fois soulignés avec les exécutions judiciaires ; mais les témoignages soulignent aussi les spécificités d’exécutions publiques à la fois incertaines dans leurs formes, et symboliquement fortes par l’usage de la pendaison à la lanterne.
28Le lieu choisi et le type de mort donné, on le sait, rapprochent nombre d’exécutions sommaires des supplices judiciaires. Dans le Paris de juillet 1789, c’est sur la place de Grève et par pendaison que sont morts Foulon et Bertier de Sauvigny37. Dans certaines émeutes, l’exécution est même précédée de la réunion d’un tribunal improvisé qui, dans sa composition ou sa procédure, tente d’imiter les formes officielles, à moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre pour gagner du temps, comme dans l’affaire Foulon38. Quant à l’exécution, elle peut être précédée d’une amende honorable39. Sans aller jusqu’à la réunion d’un pseudo-tribunal ou la mise en œuvre d’une amende honorable, le cas douaisien est une illustration de cette attention imparfaite aux formes judiciaires, que l’on retrouve d’abord dans le choix d’une mise à mort publique. Le 16 mars, rapporte le sergent de ville Rapilly, lorsque des émeutiers pénètrent dans la pièce de l’hôtel de ville où Nicolon vient d’être soigné, un soldat du régiment de Vintimille paraît vouloir tuer le marchand d’un coup de sabre, « mais il fut arretté par le nommé le Large qui lui cria qu’il falloit faire mourir le sieur Nicolon en plein place40 ». Le lendemain, Nicolon est exécuté sur la grand-place, comme l’a été Derbaix la veille. Dans les deux cas, les témoins décrivent la descente d’une lanterne, l’installation de la corde sur son support puis la pendaison du condamné. La publicité et le mode d’exécution contribuent à justifier la décision ; la dimension publique de l’événement dilue également la responsabilité, qui devient collective, associant acteurs et spectateurs dans l’acte de « justice ». Pour autant, ces mises en scène se distinguent à plusieurs égards des exécutions judiciaires ; j’isolerai ici quatre différences majeures.
29La première concerne l’incertitude d’une mise à mort. Son issue demeure problématique jusqu’au décès du « coupable », car des acteurs aux objectifs contraires s’opposent sur le lieu même de l’exécution. Cette dernière est ainsi le produit d’un rapport de force et de débats incessants. Le 16 mars, tandis que la lanterne est descendue et la corde installée, certains discutent vivement pour obtenir la « grâce » de Derbaix. À court d’arguments, un commissionnaire affirme que pendre Derbaix en uniforme de la garde nationale, ce serait déshonorer le costume de la nation. Sans interrompre l’exécution, l’on
se mit à crier qu’il falloit lui ôter son habit. Le déposant dit enfin qu’il falloit le livrer à la garde nationale et que s’il étoit coupable elle lui feroit bonne justice, on ota au même moment l’habit au sieur Derbaix et on le donna au déposant qui le remit au sieur Cambray, chef du détachement. Le déposant voiant enfin qu’il ne pouvoit rien obtenir se retira41.
30Dans les minutes qui suivent, d’autres tentèrent de faire échouer l’exécution en agissant. Un grenadier du régiment de Vintimille, nommé Jarry, s’élança vers Derbaix « et coupa de son sabre la corde qui le suspendoit ». Mais le corps tombé fut roué des coups, puis attaché avec des cordes et traîné « par la ville »42. De mêmes incertitudes marquent l’exécution de Nicolon, le lendemain. Les scènes sont décrites comme violentes, non seulement parce qu’un homme est exécuté, mais parce que ceux qui tentent de le défendre peuvent être pris à partie et malmenés.
31À l’incertitude de l’exécution s’ajoute son improvisation. Qui installera la corde ? Qui l’attachera au cou du condamné ? Qui la tirera ? Les volontaires sont trop peu nombreux. Un employé de bureau du Département, Jean-Charles Desains, a ainsi conservé un très mauvais souvenir de sa présence sur la place de Douai le jour de l’exécution de Nicolon. Après la descente de la lanterne, raconte-t-il,
on parut douter qui metteroit la main à l’œuvre, chacun paroissant en vouloir rejetter le fait sur un autre ce qui fut cause que deux soldats en vestes blanches vinrent sur le déposant et l’empoignèrent par par [sic] la redingotte en disant voilà un homme qui est grand et fort, c’est lui qui le pendra, et ils le jettèrent en même tems sur le sieur Nicolon quoi que le déposant se trouva effrayé il eut néantmoins la force de dire, ma foy messieurs si cela vous fait plaisir cela ne m’amuse pas. Que sur ces mots on lacha le déposant et on insista point à ce qu’il le pendit et aussitôt un homme vétu d’une capotte poivre et sel attacha une corde que le déposant croit que le sieur Nicolon avoit au col au réverber et cria à ceux qui tenoient le bout de la corde de la tirer ce qu’il exprima par le mot hiche, les personnes tirèrent en effet la corde et en ce moment la même personne qui avoit attaché la corde au réverber mit les deux mains sur la tête du sieur Nicolon et l’agita comme pour l’étourdir ou lui casser le col et alors le sieur Nicolon fut enlevé de terre43.
32La suite de l’exécution montre la même improvisation : Nicolon décédé, certains se demandent s’il faut lui couper la tête et d’autres s’il convient de promener son corps en ville…
33Une troisième différence réside dans la dimension collective de l’exécution. Ici, le rôle habituellement tenu par le bourreau est partagé entre plusieurs acteurs. Dans le cas de Nicolon, le sergent de ville Rapilly explique que deux personnes sur une des fenêtres du sieur Martin, procureur,
aidoit à tirer la corde que d’autres personnes à terre tiroient par le bout pour élever ledit Nicolon, que d’autres personnes tiroient par les pieds, que la corde ayant cassé et le sieur Nicolon étant tombé quelques personnes lui montèrent sur la poitrine et le foulèrent aux pieds44.
34La veille, selon le témoignage de Melchior Piat, « un bourgeois habillié d’une capotte grise conjointement avec un grenadier de Vintimille tirèrent la corde » qui pendit Derbaix45. Il n’y a jamais un seul exécuteur de la peine capitale. C’est un collectif, reflet du peuple insurgé, qui exécute l’arrêt de mort.
35Une dernière différence avec les exécutions judiciaires réside dans l’absence d’une parole publique officielle. Dans les exécutions sommaires de Douai, personne ne remplace le greffier qui lit l’arrêt criminel à la sortie de la prison, à chaque halte du condamné vers le lieu de son supplice, puis avant l’exécution de la peine. Personne ne déclame solennellement la décision et légitime ainsi l’événement qui va se produire46. L’exécution sommaire n’a pas besoin d’une expression collective de la sentence, sans doute parce que nombre de spectateurs sont en même temps des juges.
36Ainsi, bien des indices permettent de rattacher les exécutions de Derbaix et Nicolon à la « justice du peuple », telle qu’elle a pu être perçue, de manière diffuse, par certains des acteurs de l’événement. Cette justice, cependant, est loin de répondre à une définition simple et de présenter des caractères fixes et clairement identifiables. Les deux pendaisons douaisiennes, profondément différentes, rappellent qu’elle n’est pas « une », ni dans ses formes, ni dans ses modalités : elle peut être impulsive (Derbaix) ou préméditée (Nicolon), être mise en œuvre sans (Derbaix) ou avec la recherche d’une caution publique (Nicolon), s’exécuter avec plus ou moins d’hésitation et se terminer, parfois, par des atteintes au corps du supplicié. Par-delà leurs différences, les deux mises à mort confirment la recherche d’une proximité avec l’exécution judiciaire, ou par mimétisme, ou par souci de légitimation. Le symbole révolutionnaire de la lanterne, cependant, les revêt d’un caractère spécifique. De la même manière, ces pendaisons se distinguent par leur réalisation à plusieurs mains, sans véritable parole officielle ; loin de se résumer à l’œuvre d’une « foule » indéterminée et consciente de sa souveraineté, elles demeurent des épreuves de force, improvisées et incertaines, qui opposent partisans et adversaires de la peine infligée. Au sein même de la foule émeutière, la légitimité d’une possible « justice du peuple » fait débat.
Notes de bas de page
1 Colin Lucas, « The Crowd and Politics between Ancien Régime and Revolution in France », Journal of Modern History, 1988, no 3, p. 436. Jean Nicolas, La rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale, 1661-1789, Paris, Seuil, 2002, notamment p. 281-289.
2 Annie Duprat, « La trésorière des miriamonnes n’avait qu’une fesse… », AHRF-3, p. 53-64.
3 Valérie Sottocasa, Mémoires affrontées. Protestants et catholiques face à la Révolution dans les montagnes du Languedoc, Rennes, PUR, 2004, p. 137-149.
4 Œuvres de Maximilien Robespierre, III, Correspondance de Maximilien et Augustin Robespierre, recueillie et publiée par Georges Michon, t. 1 [1926], rééd. Paris, SER, p. 50.
5 Sur ces questions, voir : Jack Censer, Lynn Hunt, « Imaging the French Revolution : Depictions of the French Revolutionary Crowd », American Historical Review, no 110, 2005, p. 38-45 ; Paolo Viola, « Violence révolutionnaire ou violence du peuple en révolution ? », dans Michel Vovelle, dir., Recherches sur la Révolution, Paris, La Découverte, 1991, p. 95-102 ; Colin Lucas, op. cit., p. 421-457 ; George Rudé, La foule dans la Révolution française, Paris, Maspero, 1982 ; Georges Lefebvre, « Foules révolutionnaires », AHRF, 1934, p. 1-26.
6 Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national, Paris, Seuil ; Sophie Wahnich, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Paris, Payot.
7 Bernard Lefebvre, « Autopsie d’une émeute, l’affaire des goulottes. Douai, printemps 1791 », Mémoires de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai, 5e série, t. XIII, p. 115.
8 Sur l’affaire des goulottes : Bernard Lefebvre, op. cit., p. 100-129. Monique Mestayer, « Une émeute à Douai en 1791. Les suites », Amis de Douai, Ve série, t. IX, no 3, juillet-septembre 1983, p. 37-40.
9 Révolutions de Paris dédiées à la Nation, no 89, entre les pages 564 et 565.
10 Hervé Leuwers, Un juriste en politique, Merlin de Douai (1754-1838), Arras, APU, p. 214-215.
11 Bernard Lefebvre, op. cit., p. 129-130.
12 Par exemple : Le Patriote français, no 590, 21 mars 1791, p. 299-300 ; Le Moniteur universel, no 80, 21 mars 1791, réimp. t. 7, p. 667-671.
13 Révolutions de Paris, op. cit., no 89, p. 563-567. Affiches nationales du département du Nord, no 26 (17 mars, p. 4), no 27 supplément (20 mars) (BM Lille, 27495). Journal du département du Nord dite Abeille patriote, no 80 (21 mars, p. 320) et no 81 (23 mars, p. 326-328) (BM Lille, 32 635).
14 AD Nord, L 862, Mémoire des maires et officiers municipaux de la ville de Douai, Tournai, chez J. J. Serre fils, 1791 ; AD Nord, L 7005, Procès-verbaux du directoire du district de Douai, 16 au 18 mars 1791 ; AN, F7 3683-5, procès-verbal des administrateurs du directoire du département du Nord, daté du 18 mars 1791.
15 Journal du département du Nord, no 81, 23 mars 1791, p. 328.
16 AD Nord, L 12572, information judiciaire menée par Henry Joseph Désiré Fauvel, juge au tribunal de district de Douai, du 1er avril au 15 juillet 1791.
17 Bernard Lefebvre, op. cit., p. 102.
18 AD Nord, L 12572, déposition 28.
19 AD Nord, L 12572, déposition 33.
20 Journal du département du Nord, no 81, 23 mars 1791, p. 328.
21 AD Nord, L 12572, déposition 4.
22 AN, F7 3683-5, procès-verbal du 18 mars 1791.
23 AN, F7 3683-5, procès-verbal du 18 mars 1791.
24 AD Nord, L 12572, dépositions 28 et 32.
25 AN, F7 3683-5, procès-verbal du 18 mars 1791. Journal du département du Nord, no 81, 23 mars 1791, p. 328. Voir aussi AD Nord, L 12572, notamment dépositions 49, 50, 77, 87.
26 AN, F7 3683-5, procès-verbal du 18 mars 1791.
27 AD Nord, L 12572, dépositions 28 et 33.
28 David Andress, « La violence populaire durant la Révolution française : révolte, châtiment et escalade de la terreur d’État », dans Michel Biard, dir., Les politiques de la Terreur, 1793-1794, Rennes, PUR, p. 71-72.
29 AD Nord, L 12572, déposition 33.
30 Ibid.
31 Jean-Clément Martin, op. cit., p. 65-67
32 AD Nord, L 12572, dépositions 22, 30.
33 AD Nord, L 12572, déposition 12. Précisons que le Journal du département du Nord, de son côté, rapporte que Nicolon s’est dit prêt à donner le grain qu’il a chez lui et 20 000 F aux pauvres, et à renoncer au commerce, pour avoir la vie sauve ; en vain (no 81, 23 mars 1791, p. 328).
34 AD Nord, L 12572, notamment dépositions 8, 14, 32, 43, 81, 85.
35 Voir Maxime Kaci, À la croisée des politiques. Circulation des mots d’ordre et engagements collectifs à la frontière septentrionale (1791-1793), J.-P. Jessenne, dir., p. 62-68 ; Bernard Lefebvre, op. cit., p. 120-124.
36 Voir Serge Bianchi, Roger Dupuy, dir., La garde nationale entre nation et peuple en armes. Mythes et réalités, 1789-1871, Rennes, PUR, p. 7-13.
37 Michel Biard, Les lilliputiens de la centralisation. Des intendants aux préfets : les hésitations d’un modèle français, Seyssel, Champ Vallon, p. 134.
38 Edmond Seligman, La justice en France pendant la Révolution, Paris, Plon-Nourrit & Cie, t. I, 1901, p. 210-212 ; Philippe de Carbonnières, Les gravures historiques de Janinet, collections du musée Carnavalet, Paris Musées, p. 112-113.
39 C’est également le cas dans l’affaire Foulon : Philippe de Carbonnières, op. cit., p. 113.
40 AD Nord, L 12572, déposition 13.
41 AD Nord, L 12572, déposition 30.
42 AD Nord, L 12572, déposition 29.
43 AD Nord, L 12572, déposition 18.
44 AD Nord, L 12572, déposition 13.
45 AD Nord, L 12572, déposition 43.
46 Pascal Bastien, L’exécution publique à Paris au xviiie siècle. Une histoire des rituels judiciaires, Paris, Champ Vallon, p. 134, 142.
Auteur
Université de Lille - CNRS, UMR-8529 IRHiS
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