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    Plan détaillé Texte intégral Les fêtes historiques et la recomposition du territoire provençal La fête productrice d’un imaginaire contemporain de l’histoire en Provence La Provence, terre des Médiévales Notes de bas de page Auteur

    Les fêtes en Provence autrefois et aujourd’hui

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    La mise en spectacle de l’histoire de la Provence aujourd’hui

    Autour des reconstitutions historiques

    Maryline Crivello

    p. 206-215

    Texte intégral Les fêtes historiques et la recomposition du territoire provençal La fête productrice d’un imaginaire contemporain de l’histoire en Provence La Provence, terre des Médiévales Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Une « fièvre d’histoire », pour reprendre l’expression d’Alban Bensa et de Daniel Fabre1, s’est emparée de la France depuis la fin des années 1960. « D’un bout à l’autre du pays, on ne cesse de se donner toujours plus de passé, de se doter de traditions séculaires, d’ancêtres, de racines qui inscrivent régions, villes ou villages dans une continuité valorisante avec des temps lointains et glorieux2 ». Ce travail de mise en histoire des lieux et des gens est certes pris en charge par les institutions (État, conseils régionaux ou municipaux) mais également mis en œuvre par les populations concernées. Ainsi, une part des représentations publiques de l’histoire se donne à voir non plus seulement à l’échelle de l’hexagone mais encore, à celles de la région ou des municipalités. Sous l’impact des effets de la décentralisation, avec son lot de transferts de décisions et de moyens, des formes d’expressions culturelles ayant recours à l’histoire, et notamment les spectacles historiques locaux, se sont multipliées. Ces spectacles ou ces reconstitutions du passé prétendent renouveler l’approche de l’histoire en s’adressant à un large public pour en faire partager l’intérêt et susciter des émotions partagées. Les acteurs de ces fêtes sont d’ailleurs soucieux d’offrir une « authenticité historique » et prennent au sérieux leur rôle de vecteurs de transmission. De fait, les Provençaux s’emploient à « faire de l’histoire » sinon à « entrer dans l’histoire » par le biais de mises en scène du passé local, sans se référer explicitement à des critères de scientificité ou d’académisme.

    2Les fêtes ou spectacles historiques en Provence, comme ailleurs en France, sont largement relayés par la presse nationale et locale. Les journalistes de La Provence font alors l’état des lieux d’un investissement massif de l’espace social, par une histoire racontée à grands renforts d’effets pyrotechniques :

    La grande parade des épopées historiques. La mode des reconstitutions historiques a conquis la Provence3 ; Fêtes et Reconstitutions : l’Histoire superstar ! Elle sera médiévale à Colmars-les-Alpes, grandiose à Tallard, gourmande à Châteauneuf-du-Pape, pédagogique à Aix […]. Depuis quelques années, en Provence, la fête a tendance à flirter avec le passé4.

    3La teneur de ces articles oscille entre ironie et critique (les fêtes sont alors moquées pour leur esthétique kitsch, leur côté Disneyland, leur caractère mercantile ou standardisé) ou admiration pour l’investissement de bénévoles passionnés, pour lesquels l’histoire sollicitée contribue à une quête d’émotion, de dépassement de soi, par personnage historique interposé.

    4Dans l’éventail des possibles héritages de ces reconstitutions, on repère aisément les « son et lumière » des châteaux de la Loire, le spectacle historique du Lude, au sud de la Sarthe, qui fait figure de pionnier dans une aventure commencée en 1957 et qui dura trente ans, puis, en 1977, le succès inégalé de la cinéscénie du Puy du Fou, spectacle qui se fond désormais dans une grandiose opération touristique avec des parcs à thèmes. Par ailleurs, certaines associations revendiquent une filiation plus récente, celle qui les rattache au mouvement international en faveur de l’Histoire vivante, particulièrement active dans le monde anglo-saxon. Les fêtes historiques en Provence n’ont donc pas de spécificités, si l’on s’en tient à l’aspect formel, cependant elles collaborent à des expérimentations collectives d’un discours sur le passé ou ce qui est compris comme étant de l’histoire. Ces reconstitutions sont manifestement une façon de se fabriquer sa propre mémoire historique à partir d’un mélange de souvenirs scolaires, d’ouvrages d’érudition locale et de références audiovisuelles. Les sensibilités qui s’expriment font ainsi de l’histoire non pas une culture savante mais une véritable pratique sociale et culturelle.

    Les fêtes historiques et la recomposition du territoire provençal

    5Avec l’émergence de fêtes historiques inscrites dans des gestes patrimoniales parfois plus larges (les fêtes de la transhumance ou de la Saint-Jean par exemple), le territoire provençal tend à se reconfigurer. Ainsi, les fêtes historiques ont eu pour fonction de faire exister de nouveaux lieux sans identité forte, des lieux sacralisés par l’histoire locale et quelques vestiges du passé. C’est le cas du village de Tallard, commune de 1 300 habitants, situé à quinze kilomètres de Gap. S’est développé en 1990, après une première tentative lors du bicentenaire de la Révolution française autour de jeux de lumière et de la lecture d’un texte donnant cours aux grands événements de l’année 1789, un spectacle historique en prise avec le château, propriété municipale depuis 1957. Deux années plus tard, une association est créée, « l’association culturelle son et lumière de Tallard », totalement vouée au spectacle auquel adhèrent quatre-vingt-dix figurants mobilisés au cours de l’année pour sa préparation. Le scénario est forgé à partir de travaux d’érudits du xixe siècle (par exemple, l’ouvrage de Joseph Roman Inventaire et analyse des documents du Moyen-Âge relatifs au Haut Dauphiné de 561 à 1500, publié en 1887 à Gap) et organise un récit millénaire qui vise la cohésion identitaire locale.

    6Ce type de spectacle qui retrace 1 000 ou 2 000 ans d’histoire est organisé autour d’un discours qui « n’est pas tant de montrer la stricte réalité historique, mais de faire partager les valeurs culturelles de la région5 ». C’est bien la fonction du spectacle « 2 000 ans d’histoire en Provence » proposé par le village de Fuveau en 1998. Cette commune de sept mille habitants se situe à la périphérie des deux grandes métropoles régionales, Aix-en-Provence et Marseille. L’histoire de Fuveau reste mal connue car les archives furent détruites lors d’un incendie déclaré en 1868 dans les locaux communaux. Depuis les années soixante, la commune se trouve face à une expansion démographique sans précédent et l’évolution de la population a transformé le village, parmi tant d’autres identiques, en habitat pavillonnaire et en cité-dortoir. Les rapports sociaux instaurés rendent alors délicate l’intégration de ceux que les « anciens » du village dénomment les « nouveaux fuvelains ». L’arrivée en masse de nouveaux résidents « sans racines » et l’absence d’événements historiques marquants sont des caractéristiques souvent retrouvées pour la mise en œuvre d’un spectacle autour d’un passé réinventé, fédérateur et intégrateur. Le nombre de participants à la reconstitution n’a cessé d’augmenter créant une communauté festive nouvelle aux liens sociaux étroits entre ses membres. L’histoire est donc ferment de création identitaire dans cette agglomération renouvelée, accrochée pendant des années à des activités minières en déclin.

    7Par ailleurs, les associations diverses jouent, par affinités, des rôles de recomposition sociale dans la société contemporaine. Les loisirs festifs, dont la reconstitution historique, permettent ces nouveaux liens sur le mode de la détente. Dans ce cas, le spectacle s’appuie sur une structure créée au xixe siècle, le Cercle Saint-Michel6, qui valorisait la culture provençale et en particulier la Pastorale. Présidée en 1998 par Lucien Roubaux, elle draine toute une tradition qui repose, à l’origine sur une association catholique créée en 1821 puis transformée en 1877 en cercle d’ouvriers. En 1998, converti en association, le Cercle Saint-Michel compte environ trois cents bénévoles et son action culturelle est essentiellement fondée sur le théâtre avec deux festivals dont l’un est réservé aux pièces et aux troupes provençales dans un engagement de défense de la langue régionale. Parmi d’autres manifestations, le Cercle organise également la mise en scène de la Pastorale d’Antoine Maurel, pièce de théâtre de Noël en provençal, élaborée en 1842 dans un cercle catholique d’ouvriers marseillais par l’un de ses membres, miroitier. En 1998, la pastorale fuvelaine a déjà donné 121 représentations. Soixante figurants, acteurs et musiciens relatent en provençal la nuit de Noël et mettent en scène la marche de l’étoile (la bello estello) ce qui témoigne d’une habitude acquise d’organiser des manifestations culturelles à Fuveau pour promouvoir l’identité provençale. Outre cette tradition théâtrale, le Cercle apporte un soutien en matière de contacts avec les collectivités territoriales (Conseil général et Conseil régional) afin de faciliter l’octroi de subventions. Le spectacle historique, quant à lui, a été pensé à l’origine autour du thème de 2000 ans d’Histoire en Provence, à partir de sept scènes reconstituées.

    8Si Fuveau est un lieu indéterminé pour les événements choisis, le décor du spectacle ne l’est pas moins. Le cadre est un bâtiment ancien appelé la Grande Bastide, sans référence évidente pour le spectateur, et qui n’est qu’un site laissé à l’abandon, sans lien direct avec la mise en récit de l’histoire. Un village peu touché par de grands événements historiques régionaux, au décor sans caractère, finalement, un lieu sans mémoire identifiée qui laisse le champ libre à une réappropriation généraliste du passé provençal, de 49 av. J.-C. (siège de Massalia par Jules César), en passant par la présence sarrazine du Haut-Moyen-Âge, l’affaire Gaufridi (procès de sorcellerie survenu en 1611), la peste de 1720 et le départ du bataillon des fédérés marseillais en 1792 pour se clore sur le Débarquement en Provence du 15 août 1944. Dans la mise en scène de l’histoire à Fuveau, les récits évoquant festivités puis fléaux prédominent largement selon un rythme cyclique. Le village de Fuveau n’apparaît dans aucune scène, il ne fait que mailler l’espace régional autour de lui. Faire le récit du passé provençal permet de donner à ce village une importance historique qui lui manque de fait et d’affirmer une légitimité et une ascendance sur le territoire.

    La fête productrice d’un imaginaire contemporain de l’histoire en Provence

    9La fête historique peut, à l’occasion, fonder un nouvel imaginaire urbain. La reconstitution de Salon-de-Provence7 allie ainsi l’histoire nationale, le voyage engagé par Catherine de Médicis pendant deux ans (1564-1566) pour faire connaître son fils Charles IX à ses sujets, et l’histoire locale, représentée par un Nostradamus (1503-1566) difficilement dissociable des Centuries éditées en 1555, avec le succès posthume que l’on sait. Pour ce cas, nous verrons que ce spectacle, loin d’être porté par une tradition locale, a fait surgir de l’ombre un personnage oublié ou dédaigné lors des siècles précédents. Jonglant entre références à l’histoire et fascination pour l’ésotérisme, la reconstitution a inventé, par sa réussite, un regard contemporain sur le passé. Sa continuité est révélatrice aujourd’hui de sa fonction sociale et politique. Contrairement à la popularité actuelle de Nostradamus dans la ville de Salon, les siècles précédents passent quasiment sous silence son existence. Cette absence du personnage dans la mémoire collective locale contraste avec le succès de ses prophéties, maintes fois commentées depuis leur parution. Il faut attendre le xixe siècle pour que des érudits locaux consacrent quelques pages à la vie et aux activités de l’homme. Louis Gimon, par exemple, rédige en 1882 une Chronique de Salon des origines à 1792, publiée à Aix-en-Provence. Le récit de L. Gimon apporte un jugement dédaigneux sur l’astrologue et lui substitue une autre figure héroïque, Adam de Craponne. Le malaise perdure dans le courant historiographique local. Il est sensible au sein de la Société des Amis du Vieux Salon, créée en 1926. Non sans hésitation, les membres de l’association, mobilisés pour la création d’un musée au château de l’Empéri, lui dédient une salle. En 1966, à l’occasion de la commémoration du quatrième centenaire de sa mort, la fondation salonaise de l’ANION (association nationale pour la diffusion de l’œuvre de Nostradamus8) suscite un regain d’intérêt pour l’astrologue. À son instigation, la municipalité érige une statue en cuivre9 et organise la première rencontre costumée entre le mage et la reine.

    10Au cours des dernières années, l’attrait grandissant pour ses prophéties finit par l’emporter quels que soient les efforts d’historicisation ou de mise à distance. Nostradamus se retrouve face à son destin avec la parution du bestseller de Jean-Charles de Fontbrune10 en 1980, qui « annonce » la mort de Jean-Paul II à Lyon et engage des controverses à l’échelle nationale. Une nouvelle fois, les quatrains des Centuries font l’objet d’interprétations saugrenues. L’auteur vient dédicacer son livre à Salon l’année d’après. La municipalité de Salon ne résiste plus alors à promouvoir son image à travers cette célébrité incontournable ! Le premier adjoint au maire de Salon, Christian Kert, fait éditer un livret sur la vie de Nostradamus comportant plusieurs portraits et photographies de Salon et Saint-Rémy-de-Provence11, ville natale de Nostradamus et censé justifier de la dimension proprement patrimoniale de l’entreprise. Ce sont les premiers pas vers une appropriation commune du personnage par les habitants. En 1986 est instituée l’association chargée de la représentation historique. Celle-ci est médiatisée par la présence du journaliste et animateur de télévision Léon Zitrone, comme commentateur du cortège royal, et par J.-C. de Fontbrune, auteur du scénario de ce premier spectacle salonais. La désignation de Nostradamus comme ancêtre de référence ne s’est pas faite sans heurts ni défiances. La reconstitution historique, quant à elle, a réussi à construire sa crédibilité et sa légitimité sur l’existence d’un texte originel. En effet, la trame du spectacle dont le scénario est renouvelé chaque année, s’appuie sur la remémoration par César de Notredame, fils de Nostradamus, dans L’histoire et chroniques de Provence (1614)12, de l’arrivée de Catherine de Médicis et de son fils Charles IX dans la ville en 1564 lors du Grand Tour de France royal. Il existe cependant un réel écart entre ce document fondateur du spectacle qui exprime nettement à quel point Michel de Notredame était peu intégré à la population salonaise et l’enthousiasme appuyé lors du passage dans le cortège reconstitué de son interprète actuel.

    11La reconstitution a donc construit sa légitimité à partir d’un texte qui atteste bien de l’épidémie de peste, de l’Entrée de la cour royale et de quelques détails vestimentaires mais qui contredit toute idée de liesse populaire en présence de Nostradamus. Ce sont les spectacles qui ont reconfiguré la mémoire collective locale et l’unique témoignage du xviie siècle. Le passé est désormais celui véhiculé par l’imaginaire contemporain.

    12Cette affirmation va dans le sens de ce qui se joue actuellement dans la ville de La Ciotat. Le spectacle, relativement récent puisqu’il débute en 2002, prend comme cadre de référence la peste de 1720. La fête a connu un essor croissant passant de 6 000 visiteurs à sa création à 90 000 en 2006. Le spectacle s’appuie sur environ 500 bénévoles, une centaine de professionnels du spectacle et près de 800 citadins costumés dans la ville. La dynamique municipale a permis à l’initiative de se développer et la fête historique bénéficie du soutien financier du département, de la région, de l’État, de l’Union européenne. Depuis les années 1990 la chute de l’économie portuaire exige une reconversion de la ville, notamment vers le tourisme, à laquelle participe sans aucun doute cette mise en scène d’une identité urbaine autour du fléau de la peste. Cependant, la fête historique de La Ciotat organise un récit contemporain à partir d’un fléau qui, on le sait, ne l’a jamais atteint et depuis peu, elle s’oriente vers la mythologie de la piraterie afin de renouveler son approche d’un passé portuaire. Mais, là encore, la présence de pirates n’a jamais été attestée par les historiens.

    13Ces nouveaux territoires ruraux, péri-urbains ou urbains mis en scène dans ces fêtes esquissent une nouvelle géographie d’une Provence qui, par la valorisation de récits historiques, prend place dans l’univers mémoriel contemporain.

    La Provence, terre des Médiévales

    14La majorité des fêtes historiques en Provence (plus d’une centaine) sont des fêtes dites « médiévales » dont la référence historique est souvent liée à celle d’un patrimoine local matérialisant une mémoire collective. C’est le cas de Manosque par exemple mais également pour la majeure partie des villes et des villages de Provence : à Châteaurenard, par exemple, dans le nord-ouest des Bouches-du-Rhône, une association des « Amis des Tours » est née en 1949 de la découverte du château du village par les habitants qui ont eu envie ensuite de promouvoir le site ; mais encore aux Baux-de-Provence ou à Aigues-Mortes, ville qui organise un spectacle depuis 1985 autour du départ à la croisade de saint Louis. Le médiéval se décline un peu partout dès que se dessine une forteresse ou les ruines d’un château. Plus ou moins grandioses les fêtes historiques y investissent l’espace pour « redonner vie » aux lieux et susciter de nouvelles visites. C’est le cas de la forteresse de Mornas, dominant la vallée du Rhône, entre Orange et Bollène, ensemble cohérent de l’architecture militaire comprenant une double enceinte, des douves, des tours d’angles et un donjon. On sait qu’en 1274, la papauté entre en possession du Comtat venaissin, dont fait partie Mornas. Au cours du xive siècle, de fréquentes polémiques s’élevèrent entre les officiers du Pape et les barons de Mornas. À l’occasion des journées du patrimoine, la forteresse s’anime par des festivités médiévales suscitées d’après la presse par des étudiants férus d’histoire13. Comme souvent, l’impact de cette histoire animée se révèle positif auprès du public et s’oppose à la pédagogie traditionnelle considérée comme peu attractive.

    15Autre cas de mixité entre un patrimoine visible et une reconstitution festive, celle de Châteauneuf-du-Pape. Depuis vingt-deux ans, la Véraison, le moment où le vin change de couleur, est associée à la présence de centaines de figurants qui font revivre l’époque où Clément VI, pape de 1342 à 1352, s’était installé à Châteauneuf. L’estimation du public est de 40 000 visiteurs en moyenne sur quelques années, dont des Anglais, des Américains et des Japonais, si l’on en croit l’expérience des organisateurs. Le rassemblement des acteurs est imposant avec 250 membres de troupes théâtrales venues de toute la France pour offrir un banquet médiéval accompagné d’un spectacle soit, selon les règles du genre, un tournoi, des saltimbanques, des cracheurs de feu, des archers, des ménestrels… Associé à la fête, on s’en doute, un marché médiéval mais surtout un marché des vins du terroir !

    16À Colmars-les-Alpes, pendant deux jours le village est transformé en une gigantesque scène médiévale. Tout y est : un campement médiéval avec reconstitution de scènes guerrières et assaut des remparts, des animations de rues et des intermèdes musicaux, un marché médiéval avec artisanat traditionnel, des repas médiévaux proposés dans les restaurants de la cité, l’élection du plus beau costume médiéval à l’issue de la soirée, un banquet médiéval au fort de Savoie avec au festin, hypocras, crudités à l’anchoïade, coquelet farci aux herbes et aux amandes, lentilles14.

    17Même une ville qui pourtant détenait un fort ancrage dans des fêtes de traditions, comme Tarascon, dispose désormais aux côtés des fêtes de la Tarasque d’un marché médiéval. Les Médiévales, un genre aux multiples facettes, jonglent avec des saynètes en costumes, des combats de hallebardiers, des marchés d’artisanat « médiéval », des campements ou des villages de gueux, des banquets, etc. Modèle largement entretenu par des compagnies de professionnels de théâtre de rue. L’histoire médiévale et son légendaire correspondent davantage à une histoire « prête-à-porter », vécue souvent avec une bonne dose de facétie, sorte d’apologie pour des valeurs oubliées, et qui se présente comme un « ressourcement », un « ré-enchantement » du quotidien, évacuant tout souvenir des blessures du xxe siècle. Le Moyen Âge fonctionne ici comme un refuge, comme le modèle d’un temps de l’histoire, qui par excellence, véhicule un consensus mémoriel et une convivialité sociale.

    18Au centre de ces espaces festifs provençaux, le passé reste un prétexte pour renouer des solidarités communautaires et accompagner l’intense mouvement de recomposition territoriale qui s’opère sous nos yeux. Les fêtes historiques fabriquent ainsi de l’« espace public » et leur vérité est davantage d’ordre sociologique qu’historique.

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    Le village des Baux-de-Provence est emblématique d’un processus de réhabilitation et de patrimonialisation de la fin des années 1950. La restauration de ce village-musée est indissociable du provençalisme et du tourisme du xixe siècle, promu par le Félibrige de Frédéric Mistral. Le marketing touristique s’appuie sur la gloire passée des seigneurs des Baux, l’une des principales dynasties provençales, qui a disputé la domination du comté de Provence aux comtes de Barcelone au xiie siècle, au cours de guerres dites « baussenques », jusqu’au siège de ce nid d’aigle réputé imprenable en 1162. La plaquette promotionnelle, rédigée en trois langues, valorise une culture médiévale quotidienne et guerrière intemporelle.

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    L’histoire médiévale est devenue la « ressource » principale de l’entreprise touristique du village des Baux-de-Provence. Le programme présente pêle-mêle tous les ingrédients stéréotypés des fêtes dites médiévales : tirs à la catapulte, initiation à l’escrime, spectacle de fauconnerie… Cette approche disneylandisée de l’héritage médiéval du village tend à façonner un nouvel imaginaire contemporain de l’espace. Sites internet et presse locale participent de cette promotion touristique.

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    Le Cercle Saint-Michel à Fuveau est à l’origine de l’institution d’un spectacle « son et lumière » qui retrace 2000 ans d’histoire en Provence. Caractéristique de la mise en scène des fresques historiques locales, ce spectacle qui s’appuie sur le bénévolat des habitants, est censé conforter la collectivité contemporaine, en se ré-enracinant dans le temps et dans l’espace. Les tableaux construisent un imaginaire historique figé, des incursions sarrasines à la vie de Cézanne. De nombreux sponsors participent pleinement à cette reconstitution contemporaine de l’histoire à laquelle se surajoutent des festivités pseudo-médiévales attractives pour le commerce des produits artisanaux locaux.

    Notes de bas de page

    1 Alban Bensa et Daniel Fabre, dir., Une histoire à soi, Paris, Éditions de la MSH, p. 13.

    2 Ibid.

    3 La Provence, 3 août 2000.

    4 La Provence, 2 août 2000.

    5 Jean-Clément Martin et Charles Suaud, Le Puy du Fou, en Vendée. L’histoire mise en scène, Paris, L’harmattan, 1996, p. 80.

    6 Du nom de la chapelle romane installée sur les lieux. Il s’agissait au départ d’un cercle catholique. Pierre Chabert, Les cercles, une sociabilité en Provence, Aix-en-Provence, PUP, 2006, p. 195.

    7 Ce sujet doit faire l’objet d’un article dans la revue Société & représentations.

    8 Le statut de cette association est imprécis.

    9 Cette statue, œuvre du sculpteur marseillais François Bouché, érigée à un carrefour sera endommagée trois ans plus tard par un camion. Une restauration symbolique a eu lieu en 1999.

    10 Jean-Charles de Fontbrune, Nostradamus, historien et prophète, Monaco, éditions du rocher, 1980, 574 p.

    11 Nostradamus, le mage de Salon, Salon, éditions les Centuries, 1984, 47 p.

    12 César de Nostredame, L’histoire et chroniques de Provence où passent de tems en tems et en bel ordre les anciens poëtes, personnages et familles illustres qui y ont fleuri depuis 600 ans [...] comme aussi les plus signalés combats et faits d’armes qui s’y sont passés de temps en temps jusques à la paix de Vervins, Lyon, S. Rigaud, 1614, in-folio.

    13 Patrick Merle, Sortir, 13 septembre 2006.

    14 Ibid., 10 août 2000.

    Auteur

    Maryline Crivello

    Aix Marseille Université - CNRS, UMR TELEMME

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    1 Alban Bensa et Daniel Fabre, dir., Une histoire à soi, Paris, Éditions de la MSH, p. 13.

    2 Ibid.

    3 La Provence, 3 août 2000.

    4 La Provence, 2 août 2000.

    5 Jean-Clément Martin et Charles Suaud, Le Puy du Fou, en Vendée. L’histoire mise en scène, Paris, L’harmattan, 1996, p. 80.

    6 Du nom de la chapelle romane installée sur les lieux. Il s’agissait au départ d’un cercle catholique. Pierre Chabert, Les cercles, une sociabilité en Provence, Aix-en-Provence, PUP, 2006, p. 195.

    7 Ce sujet doit faire l’objet d’un article dans la revue Société & représentations.

    8 Le statut de cette association est imprécis.

    9 Cette statue, œuvre du sculpteur marseillais François Bouché, érigée à un carrefour sera endommagée trois ans plus tard par un camion. Une restauration symbolique a eu lieu en 1999.

    10 Jean-Charles de Fontbrune, Nostradamus, historien et prophète, Monaco, éditions du rocher, 1980, 574 p.

    11 Nostradamus, le mage de Salon, Salon, éditions les Centuries, 1984, 47 p.

    12 César de Nostredame, L’histoire et chroniques de Provence où passent de tems en tems et en bel ordre les anciens poëtes, personnages et familles illustres qui y ont fleuri depuis 600 ans [...] comme aussi les plus signalés combats et faits d’armes qui s’y sont passés de temps en temps jusques à la paix de Vervins, Lyon, S. Rigaud, 1614, in-folio.

    13 Patrick Merle, Sortir, 13 septembre 2006.

    14 Ibid., 10 août 2000.

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    Bertrand, Régis, et Laurent-Sébastien Fournier, éd. Les fêtes en Provence autrefois et aujourd’hui. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2014. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pup.15207.
    Bertrand, Régis, et Laurent-Sébastien Fournier, éditeurs. Les fêtes en Provence autrefois et aujourd’hui. Presses universitaires de Provence, 2014, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.pup.15207.
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