Reliquaires de princesses byzantines
p. 231-248
Résumés
Reliques, reliquaires et princesses byzantines sont indéniablement liés tout au long de l’histoire de l’empire byzantin, mais, en dehors de cas particuliers d’intérêt porté par les princesses aux reliques, que peut-on dire du mécénat des princesses byzantine ? À travers les sources et les monuments conservés on distingue trois temps bien individualisés. Le premier, entouré de légendes, s’ouvre au ive siècle avec sainte Hélène et se poursuit avec plusieurs princesses des ve et vie siècles, à travers les fondations pieuses, l’impératrice Pulchérie étant au centre de l’arrivée des reliques de Terre Sainte. Un deuxième groupe s’individualise durant les deux derniers siècles de l’empire, sous les Paléologues où se distinguent quelques souveraines, comme la souveraine d’Épire, épouse de Thomas Preljubovic, ou une princesse Irène, nièce des derniers empereurs de Byzance, comme donatrices de reliquaires à leurs proches. Un troisième groupe plus étonnant est celui des princesses Comnènes du temps du règne d’Alexis Ier : son épouse Irène Doukas et deux de ses filles Marie et Eudocie ont fait réaliser des reliquaires très précieux en argent doré et parfois très élaborés, avec les représentations des scènes de la Passion, pour abriter les reliques de la Vraie Croix, plusieurs étant destinés au monastère de la Vierge pleine de Grâce, fondée par Irène Doukas. Les dédicaces qui les accompagnent sont dues aux plus grands poètes byzantins de l’époque.
Reliquaries of Byzantine Princesses
Relics, reliquaries and Byzantine princesses are unquestionably closely linked throughout the history of the Byzantine Empire. However, apart from specific instances of royal women taking an interest in relics, what can be said regarding these individuals’ patronage? Surviving sources and monuments define three distinct periods. The first, shrouded in legend, starts in the 4th century with St. Helena and continues with several princesses from the 5th and 6th centuries working through pious foundations, principally the empress Pulcheria, who organized the transfer of relics from the Holy Land. A second period dates to the last two centuries of the Palaiologan dynasty, including several noteworthy members of the court, such as the empress of Epiros, spouse of Thomas Preljubović, and Princess Irene, niece of one of the last emperors of Byzantium, both of whom commissioned reliquaries for their relatives. A third period – the richest – is that of the Komnenian princesses during the reign of Alexios I: his spouse, Irene Doukaina, and two of their daughters, Maria and Eudokia, commissioned splendid, often extremely elaborate, reliquaries in gilded silver depicting the Passion cycle, which contained relics of the True Cross. Most were intended for the monastery of the Virgin Kecharitomene, founded by Irene Doukaina. These reliquaries are adorned with dedicatory inscriptions composed by leading Byzantine poets of the period.
Remerciements
Je souhaite ici remercier les organisateurs de cette journée aixoise consacrée aux princesses byzantines qui m’avaient invité à me pencher sur un éventuel mécénat des princesses byzantines en matière de reliquaires, en particulier Élisabeth Malamut et Andréas Nicolaïdès, ainsi que, pour son aide, Ioanna Rapti.
Texte intégral
1Reliques, reliquaires et princesses byzantines sont indéniablement liés tout au long de l’histoire de l’empire byzantin. Dès les premiers temps de l’empire chrétien, le récit légendaire de l’Invention de la Vraie Croix à Jérusalem par sainte Hélène, mère de Constantin, mis en forme quasi définitive au début du ve siècle par Sozomène, associe la mère de l’empereur à l’une des reliques les plus prestigieuses de la chrétienté. C’est également à sainte Hélène qu’est attribuée l’arrivée à Constantinople d’une partie du Bois de la Croix, puis celle d’une partie des saints Clous. D’autres femmes de la famille impériale aux ive et ve siècles sont associées à plusieurs des reliques majeures de Constantinople. C’est le cas notamment de l’impératrice Pulchérie aux libéralités de laquelle on rapporte le plus souvent, il est vrai à une date très postérieure, la présence des vêtements ou du voile de la Vierge aux Blachernes, de sa ceinture aux Chalcoprateia ou encore de l’icône peinte par saint Luc, du lait de la Vierge et des langes de l’Enfant aux Hodèges1.
2Des princesses byzantines apparaissent aussi aux côtés de leur époux sur les dédicaces de reliquaires. La croix de Justin II et Sophie du Vatican, offerte entre 565 et 578, en donne un bel exemple2 et permet incidemment d’évoquer la relique de la Croix obtenue par sainte Radegonde pour Poitiers auprès des mêmes Justin II et Sophie3. La croix de Rome se situe, en quelque sorte, en tête d’une série de reliquaires variés à laquelle appartient encore, à la fin du xive siècle, le diptyque reliquaire aujourd’hui au trésor de la cathédrale de Cuenza, offert par le despote de Ioannina, Thomas Preljubović, mort en 1384, et son épouse, la princesse Maria Angela Komnènè Doukaina Palaiologina4. Toutefois, ce type de dédicace ne préjuge en rien d’un rôle particulier des princesses dans la distribution des reliques ni même nécessairement dans la confection des reliquaires.
3Il existe aussi un ensemble relativement important de reliques pour lesquelles des princesses byzantines passent pour avoir joué un rôle dans la diffusion hors de Constantinople et des frontières de l’empire, en particulier à l’occasion de mariages. C’est par exemple le cas de la fameuse « dot » de Théophano, selon le mot de Claus Wentzel, épouse en 972 du futur Otton II et mère du futur Otton III, grâce à qui la Germanie se serait enrichie à la fin du xe siècle de tous les trésors sacrés censés avoir accompagné la princesse jusque sur les bords du Rhin5, et peut-être de reliques. On pourrait encore ranger dans cette catégorie les reliques prétendument distribuées en France et en Occident par l’impératrice Irène à la fin du viiie siècle au moment du projet de mariage avec Charlemagne, mais cette tradition pour la Sainte Tunique d’Argenteuil, par exemple, ne remonte pas avant le xiie siècle, tandis que l’origine de la chemise de la Vierge et du voile d’Irène à Chartres, offerts par Charles le Chauve, est encore plus obscure6. Le même phénomène s’observe d’ailleurs sous d’autres cieux. En Russie, une tradition farouche qui ne remonte pas cependant au-delà du xvie siècle, attribue l’arrivée à Kiev d’une série de reliques, en particulier de sainte Barbe, au mariage de Vladimir Monomaque avec une fille d’Alexis Comnène qui se serait prénommée Barbara, et que cette dernière aurait déposées au monastère de Saint-Michel-aux-Coupoles-d’Or, mariage définitivement mis à mal, si l’on peut dire, en 1988 par Alexandre Kazhdan7. De même, la tradition de l’Église russe et, quelquefois, l’historiographie récente ont-elles rattaché, avec une possible vraisemblance mais en dépit de l’absence de tout document ancien, la présence de plusieurs reliques, reliquaires et objets byzantins du Kremlin de Moscou au mariage, historique celui-là, de Sophie-Zoé Palaiologina avec le Grand Prince de Moscou Ivan III en 14728.
4Enfin, les sources historiques, des textes littéraires ou encore des documents d’archives, nous ont à plusieurs reprises laissé le souvenir de princesses mêlées de près ou de loin à des affaires de reliques. Anne Comnène par exemple, dans l’Alexiade, s’intéresse à un reliquaire, peut-être une staurothèque, envoyée par son père, Alexis Ier, à l’empereur Henri IV, précisant que chaque relique était identifiée par des Chartia, c’est-à-dire probablement des inscriptions portées sur de petits parchemins, équivalents en ce cas aux authentiques de l’Église latine9. La même princesse mentionne le rôle de la relique des clous ou de la Sainte Lance lors de la découverte du complot ourdi par Grégoire Gabras contre son père10. Irène de Hongrie, épouse de Jean II Comnène, cède aux prières de sa nièce, Wulfhilde de Saxe, en lui faisant parvenir une croix reliquaire contenant notamment du Bois de la Croix et du sang du Christ11. Bien plus tard, en 1357, on signale dûment l’intervention d’une impératrice dans l’authentification d’un lot de reliques mis en gage auprès du Baile de Venise et acquis à Constantinople pour l’hôpital de Sienne en 135912. Toutefois, comme précédemment, les princesses n’ont, à l’évidence, joué aucun rôle dans la genèse des reliquaires proprement dit.
5 Bien d’autres exemples pourraient être invoqués. En revanche, au regard des reliquaires byzantins conservés ou de ceux pour lesquels nous disposons de documents suffisamment explicites, le nombre de ceux effectivement dus au mécénat de princesses semble bien faible. Ainsi, parmi tous les reliquaires byzantins parvenus en France au cours des siècles, qui sont repérables et qui atteignent un chiffre de près de deux cents, un seul, hélas disparu, portait une dédicace de princesse : le reliquaire d’un os de saint Jean Baptiste de l’église de la Madeleine de Châteaudun13. L’impression est la même si l’on considère la relique de la Croix : une douzaine de notices tout au plus, dans l’ouvrage d’Anatole Frolow, relèvent directement d’un mécénat princier féminin byzantin, réel ou putatif14.
6Il n’en demeure pas moins que semblent pourtant se distinguer à travers les sources et les monuments conservés trois temps bien individualisés. Le premier, entouré de légendes, s’ouvre au ive siècle avec sainte Hélène (fig. 1), déjà évoquée, et se poursuit avec plusieurs princesses des ve et vie siècles, à travers fondations pieuses réelles ou supposées. Ce sont probablement ces fondations qui expliquent l’attribution à Pulchérie du dépôt de la ceinture de la Vierge et des langes de l’Enfant aux Chalcoprateia, dans l’église réputée dès le règne de Justinien fondée par elle ou par l’impératrice Vérine, et où Justin II élève plus tard une chapelle pour les abriter. Et dans ce contexte, Nicéphore Calliste au xive siècle, s’inscrivant dans une longue tradition, attribuera à la même Pulchérie, réputée fondatrice des Hodèges et des Blachernes, l’arrivée de l’icône de saint Luc et des précieuses reliques mentionnées plus haut (fig. 2). L’écho de ces antiques fondations résonnera encore au xviie siècle, à l’Athos, où une relique de la Croix de Xéropotamou est rapportée à une libéralité de Pulchérie15. En tous cas, le rôle réel ou putatif de ces princesses ou impératrices des premiers siècles byzantins doit vraisemblablement être mis en relation avec une manière d’évergétisme féminin des derniers siècles de l’Antiquité qui transparaît au même moment avec le mécénat de la princesse Anicia Juliana à Saint-Polyeucte16 ou, plus modestement, en association avec leur mari, sur des dédicaces féminines d’objets d’argenterie destinés aux églises17.
7Un deuxième groupe, sur lequel il n’est peut-être pas nécessaire d’insister car le fait est bien connu, s’individualise au contraire durant les deux derniers siècles de l’empire, sous les Paléologues. Quelques reliquaires portent alors des dédicaces de princesses ou sont explicitement offerts par elles seules. La dédicace d’une croix de Sopoćani, à la fin du xiiie siècle ou vers 1300, précisait que la croix avait « été faite par la kralica Hélène », épouse du prince serbe Étienne Uroš Ier18 ; la princesse Maria Angela Komnènè Doukaina Palaiologina, déjà mentionnée, épouse du despote d’Épire Thomas Preljubovic, offre à son frère Jean, moine aux Météores, une croix reliquaire qu’elle tenait de son oncle19. La célèbre staurothèque du cardinal Bessarion à Venise porte la dédicace d’une princesse Irène, naguère identifiée comme une nièce de Jean VIII ou du dernier empereur et plus récemment avec une princesse du xive siècle : « Irène Paléologue, fille du frère de l’empereur, orne d’argent la figure universellement adorée de la Croix, espérance du Salut, délivrance des péchés » (fig. 3)20. Ces reliquaires évoquent à leur tour d’autres œuvres qui portent également des dédicaces féminines princières, même si ce ne sont pas des reliquaires, tels le diptyque encolpion d’Hélène, épouse du despote de Serrès Jean, fondateur du monastère athonite de Simonopétra21, ou encore la croix votive d’Hélène Palaiologina, « épouse du basileus Manuel Paléologue », Manuel II, devenue nonne et offerte par elle au monastère de Vatopédi22.
8Cependant, un troisième et dernier groupe, relativement circonscrit dans le temps et particulièrement cohérent, vient rompre l’apparent silence qui sépare les derniers siècles de la fin de l’Antiquité du temps des Paléologues. Il appartient précisément à la fin du xie et la première moitié du xiie siècle, à l’époque du règne des premiers Comnènes.
9Le groupe se compose d’abord de trois reliques de la Vraie Croix encore conservées. La première, la croix d’Irène Doukaina du trésor de Saint-Marc de Venise, aujourd’hui installée à l’intérieur d’une monstrance de style classique de la Renaissance, est un monument célèbre (fig. 4). En forme de croix latine, haute de 21 cm, elle possède à ses extrémités des bouterolles d’or émaillé qui portent le texte d’une longue dédicace assurant que la croix a été offerte et sans doute réalisée pour Irène Doukaina, femme d’Alexis Ier, devenue moniale à la mort d’Alexis en 1118 :
Je t’apporte, pour finir, alors que j’approche des portes mêmes de l’Hadès, cette offrande, le Bois de vie sur lequel tu as remis ton esprit à ton Père […]. Je te fais ce don ultime au moment de ma mort […], moi, l’impératrice, la servante, Irène Doukas, autrefois vêtue d’or, maintenant de haillons, maintenant de crin [… ]23.
10La deuxième, un peu moins célèbre, est la croix de Marie Comnène de la collégiale Saint-Éloi d’Eine-Audenarde en Belgique (fig. 5), provenant du monastère de la Mère de Dieu Pleine-de-Grâce (Kécharitomenè) de Constantinople, apportée au début du xiiie siècle et placée au xve siècle au centre d’un triptyque gothique. De même type mais plus petite que la précédente, haute de 14 cm, elle porte cette dédicace : « L’auguste Marie, née de la pourpre, te consacre le plan de l’Éden, l’arbre de vie, à toi Vierge très glorieuse ». Il s’agit de Marie Comnène, fille d’Alexis Ier et d’Irène Doukaina, la propre sœur d’Anne Comnène24. On remarquera que les deux croix adoptent la même forme latine, c’est-à-dire avant tout celle de la croix paradisiaque, et non pas celle plus habituelle à double traverse, celle de l’instrument du supplice. Elles devaient sans doute être à l’origine abritées dans un boîtier à couvercle coulissant ou un triptyque.
11Quant au troisième reliquaire, il s’agit d’une staurothèque du trésor de Saint-Marc accompagnée de cette dédicace :
Toi que les gouttes du sang de Dieu ont revêtue de la gloire et de la puissance divines, comment te glorifieront les perles et les pierres précieuses ? Tes parures, Ô Croix, sont la foi et le désir spirituel. C’est ainsi aussi que te pare l’impératrice Maria (fig. 6)25.
12 S’agit-il de Marie d’Alanie, épouse de Michel VII Doukas et de Nicéphore Botaneiatès, ou, plus vraisemblablement, de Marie d’Antioche, épouse de Manuel Ier Comnène, l’accentuation de l’inscription semblant a priori exclure d’autres hypothèses ? L’examen du reliquaire et de l’ouvrage d’orfèvrerie ont récemment conduit de manière convaincante à y reconnaître une « réplique » faite à Venise en 1517 d’une staurothèque byzantine endommagée dont l’iconographie et l’inscription ont été délibérément copiées, y compris l’accentuation26. Indépendamment du fait, il n’en demeure pas moins que ce reliquaire doit être inclus dans l’ensemble des dédicaces princières féminines attribuables à la seconde moitié du xie ou au xiie siècle.
13De ces trois monuments, doivent en outre être rapprochées trois autres staurothèques aujourd’hui disparues, également dues au mécénat de princesses Comnènes si l’on se fie au texte de leurs dédicaces, conservées dans l’œuvre du poète Nicolas Kalliklès. La première se trouvait sur un reliquaire d’Irène Doukaina, épouse d’Alexis Ier, pour laquelle deux reliquaires au moins de la Vraie Croix (avec la croix aujourd’hui à Venise) avaient donc été fabriqués :
Ceci n’est pas une forêt ni le lieu du Calvaire où ce bois a été planté jadis, mais c’est un lieu pavé de pierres ou plutôt d’or où s’épanouit un parterre blanc formé de perles parmi lesquelles te plante, bois vivifiant, le flambeau des Doukas, l’impératrice Irène, qui a cueilli un doux fruit : le Salut (fig. 7)27.
14Une deuxième dédicace de Nicolas Kalliklès figurait sur une staurothèque confectionnée pour la princesse Eudocie, troisième fille d’Alexis Ier, sœur de Marie et d’Anne :
Sur le bois je te cueille, Ô Verbe qui est la vie, même si Ève a cueilli la corruption sur le bois. Et adorant l’image de ta Passion, je te prie de me laisser atteindre le port de ceux qui sont dégagés des passions, saine et sauve avec mon époux et mes enfants. Ceci est de la part d’Eudocie rejeton de la branche impériale (fig. 8)28.
15Enfin, il faut vraisemblablement ajouter aux précédentes une troisième dédicace de Kalliklès où le donataire est nécessairement une femme, probablement devenue religieuse, si l’on se fie à la rédaction :
Je cherchais à te voir, saint époux, je voulais savoir où tu pais ton troupeau et où tu séjournes et où tu dors au milieu du midi. Je t’ai trouvé endormi sur une couche formée de trois arbres, c’étaient un sapin, un cyprès et un cèdre. Ah, ah, tu dors d’un doux sommeil, mais pourtant réveille-toi bien vite pour me secourir (fig. 9)29.
16 À cet ensemble déjà remarquable, s’ajoutent encore au moins deux staurothèques offertes par l’impératrice Irène au monastère de la Mère de Dieu Pleine-de-Grâce (Kécharitomenè), fondé par elle avant 1118, citées en appendice au typikon. La première, qui portait une dédicace d’Irène, se présentait sans doute, si l’on se fie à la description, comme un coffret plat, doté d’un couvercle à glissière : il contenait le Saint Bois, dotée de six bouterolles d’or et, par conséquent, en forme de croix à double traverse30, entouré de six reliquaires annexes plus petits sur les couvercles dorés desquels avaient été représentés le Christ aux outrages, la Crucifixion, la Descente de croix, la mise au Tombeau (ou le Thrène), la Résurrection (ou l’Anastasis) et les Saintes Femmes au Tombeau31. Il s’agissait donc d’un reliquaire à compartiments, conçu sur un modèle voisin du célèbre reliquaire de la Vraie Croix de Limbourg ou de la staurothèque du monastère des Saints-Cyr-et-Julitte de Svanétie32. Quant à l’iconographie des compartiments annexes, la Descente de croix du reliquaire d’Esztergom33, le Thrène peint de l’église de Nérézi34, l’Anastasis du revers de la staurothèque de Svanétie déjà évoquée35, ou encore les Saintes Femmes au Tombeau du reliquaire de la Pierre du Sépulcre provenant de la Sainte-Chapelle de Paris36, œuvres de l’époque Comnène, peuvent aider à en restituer sans peine les traits essentiels, même si le thème du Christ aux outrages se révèle beaucoup plus rare et n’apparaît guère, pour sa part, avant le xiie siècle37. La Crucifixion, la Descente de croix, l’Anastasis et les Saintes Femmes au Tombeau, dûment identifiées, se trouvaient également représentées sur le reliquaire disparu du moine Timothée du Mont-Saint-Quentin, apporté de Constantinople en 1207, qui comportait aussi une série de reliquaires annexes38. Sur ce dernier, une apparente adéquation des images au contenu des reliquaires annexes permet en outre de croire que, pour la staurothèque d’Irène, ceux-ci pouvaient éventuellement contenir des fragments du Roseau ou du Manteau de pourpre, de la Couronne d’épines ou de l’anneau de la Flagellation, du Suaire, de la Pierre du Tombeau ou d’autres, autant de reliques préservées dans le trésor des reliques impériales de la chapelle du Phare39.
17La seconde staurothèque offerte par Irène au monastère la Mère-de-Dieu-Pleine-de-Grâce était un triptyque en argent doré. Sur les portes étaient figurés les apôtres Pierre et Paul et, au revers, les saints Jean Chrysostome et Nicolas, dépeints en hiérarques. Le parti rappelle celui du triptyque reliquaire de la cathédrale de Monopoli où les volets ouverts montrent les images en pied des saints Pierre et Paul40. La partie centrale comprenait, outre le Saint Bois, plusieurs reliquaires annexes avec des reliques des saints. Une inscription, placée au-dessus et au-dessous du tableau central, précisait l’identité de la donatrice : « La foi de l’impératrice Irène a gagné une protection pour elle et pour son mari et leurs enfants41 […] ». Deux autres reliquaires figurent encore dans la donation, une staurothèque en argent doré et un reliquaire « tout rond » de saint Démétrios42, dont on ne nous dit malheureusement pas s’ils ont été eux aussi faits pour l’impératrice Irène. L’attribution au mécénat d’Irène n’en demeure pas moins tentante.
18En tous cas, huit reliquaires de la Vraie Croix au total peuvent non seulement être mis en relation avec des princesses Comnènes, mais portent ou portaient également leur dédicace, dont quatre assurément exécutés pour l’impératrice Irène, et deux pour ses filles Marie et Eudocie. Anne, leur sœur, paraît étrangement absente. Toutefois, son nom apparaissait sur un reliquaire déjà évoqué, celui d’un os de saint Jean Baptiste conservé avant la Révolution dans l’église de la Madeleine de Châteaudun (Eure-et-Loir). L’inscription grecque, relevée par le Père Claude Du Molinet, historien de la Congrégation de France, ordre de chanoines réguliers auquel appartenait la Madeleine de Châteaudun, fut publiée en 1680 par Du Cange dans sa Constantinopolis christiana, avec une traduction latine :
Cette jointure, un os, et la main d’or (ἡ δὲ χεὶρ χρυσῆ), d’où viennent-elles ? La jointure est sortie du désert, de Palestine ; la paume d’or aux doigts d’or (χρυσῆ παλαιστὴ χρυσοδάκτυλος) a une autre origine. La jointure est un os qui provient du corps du Prodrome ; quant à la main, c’est l’art et le zèle d’Anne, princesse née de la pourpre, qui l’ont ornée avec éclat (fig. 10)43.
19Si l’on se fie à Du Cange, pour qui le reliquaire avait été apporté de Constantinople à l’issue de la quatrième croisade,
[il s’agissait d’un] osselet de la paume de la main, ou de la jointure [du poignet], enfermé dans une main de cuivre doré (ossiculum ex manus vola, seu carpo, in manu aerea daurata inclusum), l’inscription se trouvant « sur la main même (in ipsa manus) », « à la jonction (commissura) du bras44 ».
20Indépendamment de la contradiction qui existe entre la description du reliquaire au xviie siècle (une main de cuivre doré) et l’or mentionné par l’inscription grecque45, et sans tenir compte de la forme naturaliste de l’œuvre d’orfèvrerie qui surprend au sein de la typologie habituelle des reliquaires byzantins46, il s’agissait donc encore d’une dédicace d’une princesse Comnène.
21 Cet ensemble exceptionnel de reliquaires, en particulier de la Vraie Croix, suscite des questions. Sans exclure le hasard de la conservation des monuments byzantins et le caractère aléatoire des sources, il témoigne néanmoins sans conteste, dans sa cohérence, d’une place particulière des princesses Comnènes, Irène Doukaina et ses filles, dans l’histoire des reliquaires byzantins, surtout au regard des quelques rares autres dédicaces princières féminines repérables, infiniment plus erratiques. Il illustre sans doute à sa manière le rôle nouveau joué par les femmes dans la société et à la Cour sous les Comnènes et, notamment, Irène Doukaina. D’autres signes contemporains peuvent encore en être perçus. Sans devoir ici s’attarder sur le problème de l’identification précise du personnage, un petit reliquaire encolpion émaillé, aujourd’hui à Maastricht, qui est attribuable à une date comprise entre la fin du xie siècle et celle du xiie, porte ainsi l’inscription dédicatoire d’une femme de la haute aristocratie, Irène Synadénè, qui implore le pardon de ses péchés47. Et, vers 1130-1150, la dédicace de la staurothèque byzantine d’Alexis Doukas envoyée en 1174 par Amaury roi de Jérusalem à l’abbaye limousine de Grandmont, aujourd’hui disparue mais dont une gravure du xviie siècle conserve le souvenir, se fait encore l’écho de la gloire de l’impératrice Irène, faisant dire à Alexis qu’il est :
un rejeton de la belle souche des Doukas, issue de l’impératrice Irène, mon arrière-grand-mère maternelle, la gloire des rois, épouse du souverain des Ausones Alexis48.
22En même temps, le nombre singulier de reliquaires de la Vraie Croix, même s’il est normal que ce soit le plus représenté étant donné le caractère exceptionnel de la relique, pose aussi le problème des possibilités d’accès des princesses aux reliques de la Passion. Il faut peut-être mettre cette soudaine floraison de reliquaires en relation avec la restauration de quelques grands reliquaires de la chapelle du Phare qui ont eu lieu sous les Comnènes, en particulier pour la Vraie Croix et la Pierre du Sépulcre49. Ils semblent offrir, en effet, l’indice d’une sorte de remuement au sein du Palais, auquel impératrice et princesses paraissent à l’évidence, et de façon sans doute très inhabituelle, avoir pris part.
Fig. 1. L’invention de la Vraie Croix par sainte Hélène (détail), Paris, BnF, ms grec 510, fol. 440r.

Fig. 2. La châsse de la Vierge aux Blachernes (détail), Paris, BnF, ms grec 1528, fol. 181v.

Fig. 3. Venise, Accademia, Staurothèque du cardinal Bessarion, gravure de l’inscription dédicatoire publiée par Antonio Pasini en Appendice à Il Tesoro di San Marco in Venezia, Venise, 1887, appendice III, planche hors texte.

Fig. 4. Venise, Trésor de Saint-Marc, croix d’Irène Doukas, ensemble du revers d’après Il Tesoro di San Marco, pl. XXIX, et détail des inscriptions des bouterolles à la face, d’après Guillou, pl. 90 b-e.

Fig. 5. Eine-Audenarde (Belgique), collégiale Saint-Éloi, croix de Marie Comnène, d’après Splendeur de Byzance.

Fig. 6. Venise, Trésor de Saint-Marc, croix de l’impératrice Maria, d’après Il Tesoro di San Marco, pl. CXCVII.

Fig. 7. Inscription dédicatoire d’Irène Doukas, composée par Nicolas Kalliklès, sur une staurothèque perdue, d’après Frolow, no 241.

Fig. 8. Inscription dédicatoire de la princesse Eudocie, composée par Nicolas Kalliklès, sur une staurothèque perdue, d’après Frolow, no 312.

Fig. 9. Inscription dédicatoire féminine composée par Nicolas Kalliklès sur une staurothèque perdue, d’après Frolow, no 338.

Fig. 10. Inscription dédicatoire d’Anne Comnène sur le reliquaire disparu de saint Jean Baptiste à la Madeleine de Châteaudun, d’après Du Cange, 1680.

Notes de bas de page
1 Raymond Janin, La géographie ecclésiastique de l’empire byzantin, I, Le siège de Constantinople et le patriarcat œcuménique, t. III, Les églises et les monastères, 2e éd., Paris, IFHB, 1969, p. 169, 237, 199. Voir aussi Bernard Flusin, « Les reliques de la Sainte-Chapelle et leur passé impérial à Constantinople », dans le catalogue de l’exposition Le trésor de la Sainte-Chapelle, éd. J. Durand et M.-P. Laffitte, Paris, musée du Louvre, 2001, p. 21, 23-24. Voir aussi : John Wortley, « The Marian Relics at Constantinople », Greek, Roman, and Byzantine Studies, 45, 2005, p. 171-187 ; Stephen J. Shoemaker, « The Cult of Fashion : The earliest Life of the Virgin and Constantinople’s Marian Relics », Dumbarton Oaks Papers, no 62, 2008, p. 53-74.
2 Anatole Frolow, La relique de la Vraie Croix. Recherches sur le développement d’un culte, Paris, Institut français des études byzantines, 1961, no 34 ; Holger Klein, Byzanz, der Westen und das Wahre Kreuz. Die Geschichte einer Reliquie und ihrer künstlerischen Fassung in Byzanz und im Abenland (Spätantike-Frühes Christentum-Byzanz. Kunst im ersten Jahrtausend. Reihe B : Studien und Perspektiven 17) Wiesbaden, Reichert Verlag, 2004, p. 96, pl. 12 a et b ; La Crux Vaticana o Croce di Giustino II. Museo Storico artistico del Tesoro di San Pietro, éd. Dario Rezza, Vatican, 2009 (Archivum Sancti Petri. Studi e Documenti sulla Storia del Capitolo Vaticano e del suo Clero, Boletino d’archivo, 4-5).
3 Anatole Frolow, op. cit., no 32 ; Holger Klein, op. cit., p. 150-151, pl. 52a-c. Voir aussi Byzance, l’art byzantin dans les collections publiques françaises, catalogue de l’exposition du musée du Louvre, Paris, RMN, 1992, no 241 A et B.
4 Byzantium, Faith and Power (1261-1557), catalogue de l’exposition du Metropolitan Museum de New York, éd. Helen C. Evans, New York, The Metropolitan Museum of Art et Yale University Press, New Haven et Londres, 2004, no 24 C. Voir aussi Maria Vassilaki, « Female Piety, Devotion and Patronage : Maria Angelina Doukaina Palaiologina of Ioannina and Helena Uglješa of Serres », dans Spieser Jean-Michel et Yota Élisabeth, Donation et donateurs dans le monde byzantin, Paris, Réalités byzantines, p. 221-231 (ici p. 222).
5 Hans Wentzel, « Das Byzantinische Erbe der Ottonischen Kaiser. Hypothesen über den Brauschatz der Theophano », Aachener Kunstblatter der Museumsvereins, no 40, 1971, p. 15-39.
6 Pour la tunique d’Argenteuil : Pierre Dor, La tunique d’Argenteuil et ses prétendues rivales, Maulévrier, éditions Hérault, 2002, et Actes du Colloque La Sainte Tunique et les autres Reliques du Christ, Argenteuil, 9 avril 2011, éd. Winfried Wuermeling et Didier Huguet, Paris, François-Xavier de Guibert, 2006. Pour la chemise de la Vierge et le voile d’Irène à Chartres : Trésors de la cathédrale de Chartres, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Chartres, 2002, no 1 et 3.
7 Alexandre Kazhdan, « Rus’-Byzantine Princely Marriages in the Eleventh and Twelfth Centuries », Harvard Ukrainian Studies, no 12-13, 1988-1989, p. 414-429. Voir aussi : Sainte Russie, l’art russe des origines à Pierre le Grand, catalogue de l’exposition du musée du Louvre, éd. Jannic Durand, Dorota Giovannoni et Ioanna Rapti, Paris, Musée du Louvre et Somogy, 2010, p. 208-209, 306 et 655.
8 Voir par exemple ibidem, no 197.
9 Anne Comnène, Alexiade, III, 10, édition et traduction française par Bernard Leib, t. I, Paris, Les Belles Lettres, 1937, p. 135 ; Anatole Frolow, op. cit., no 245.
10 Anne Comnène, Alexiade, VIII, 9, 7, op. cit., t. II, Paris, Les Belles Lettres, 1943, p. 154-155.
11 Acta Sanctorum, Janvier, t. I, 1643, p. 844. Voir Klaus Schreiner, « Die Staufer als Herzöge von Schwaben », dans Die Zeit der Staufer, Geschichte-Kunst-Kultur, catalogue de l’exposition du Würtembergisches Landesmuseum de Stuttgart, t. 3, Aufsätze, Stuttgart, Würtembergisches Landesmuseum 1977, p. 10 (sans référence), cité par Krijnie Ciggaar, Western Travelers to Constantinople, the West and Byzantium, 962-1204 : Cultural and Political Relations, Leyde-New York et Cologne, 1996, p. 228, n. 71 ; pour le contenu du reliquaire : Jannic Durand, « Byzantium and Beyond : Relics of the Infancy of Christ », à paraître dans les Dumbarton Oaks Papers.
12 La charte d’acquisition des reliques établie à Péra, le 15 décembre 1357, précise en effet que les rédacteurs ont demandé confirmation de leur origine impériale à l’impératrice, épouse de Cantacuzène (« […] misimus duos de predictis episcopis […] ad imperatricem uxorem Cathecuzinos, ut scirent ab ea si fuerant de domo imperiali […] », sans doute Irène, épouse de Jean VI. Cf. le catalogue de l’exposition de l’Hôpital Santa Maria della Scala L’oro di Sienna. Il Tesoro di Santa Maria della Scala, éd. Luciano Bellosi, Sienne, Skira et Commune de Sienne, 1996, p. 67-78, en particulier p. 69 et 72.
13 Voir infra.
14 Anatole Frolow, op. cit. (outre la Croix de Justin II et Sophie déjà mentionnée), no 241 (Irène Doukas), 245 (Anne Comnène), 249 (Marie Comnène), 273 (Marie épouse de Manuel Ier, 308 (Irène Comnène), 312 (Eudoxie, fille d’Alexis Comnène), 338 (princesse anonyme), 341 (Euphrosine de Polock), 375 (reine Thamar), 570 (Hélène d’Anjou, épouse du Krajl Étienne Uroš), 775 (Marie Ange Doukas Paléologue), 840 (Marie de Souzdal), 872 (Irène Paléologue), 1082 (prétendument Pulchérie).
15 Anatole Frolow, op. cit., no 1082 (voir aussi no 1091).
16 Martin Harrison, A Temple for Byzantium. The Discovery and excavation of Anicia Juliana’s Palace-Church in Istanbul, Austin, University of Texas Press, 1989. On rappellera également le rôle de commanditaire de la même princesse dans le célèbre manuscrit de Dioscoride aujourd’hui à Vienne.
17 Marlia Mundell Mango, Silver from Early Byzantium. The Kaper Koraon and Related Treasures, Baltimore, The Trustees of the Walters Art Gallery, 1986, no 5, 33, 34, 35, 36, 37, 41, 61, 83 (le seul donateur est une femme, diaconesse).
18 Anatole Frolow, op. cit., no 570.
19 Ibidem, no 775.
20 Ibidem, no 872 (à qui est empruntée la traduction) ; André Guillou, Recueil des inscriptions grecques médiévales d’Italie, Rome, École française de Rome, 1996 (collection de l’École française de Rome 222), no 97 ; Andreas Rhoby, Byzantinische Epigramme in Inschriftlicher Überlieferung, 2, Byzantinische Epigramme auf Ikonen und Objekten der Kleinkunst, Vienne, Verlag der Österreichischen Akadelie der Wissenschaften, 2010, no Me 79, p. 248-251. En dernier lieu : H. Klein, « Die Staurothek Kardinal Bessarions : Bildrhetorik und Reliquienkult im Venedig des späten Mittelalters », dans Inter graecos latinissimus, inter latinos graecissimus. Bessarion zwischen den Kulturen, Munich, Ludwig-Maximilians-Universität, 2011, éd. Cl. Märtl, Chr. Kaiser et Th. Ricklin, Berlin-Boston, 2013, p. 268-269. Voir aussi, si les actes sont publiés, les contributions de Peter Schreiner et d’Andréas Rhoby sur l’épigramme dédicatoire de la staurothèque aux journées d’études des 17 et 18 octobre 2013 à Venise organisées par l’Accademia, l’Istituto Ellenico, l’Istituto Veneto et le Centro Tedesco di Studi Veneziani : La Stauroteca di Bessarione : Restauro, Provvenienza, Ambito culturale a Costantinopoli e a Venezia.
21 Le diptyque est conservé au monastère de Chilandar : Treasures of Mount Athos, catalogue de l’exposition du musée de la Civilisation byzantine de Thessalonique, 1997, no 9.25.
22 Ibidem, no 9.23. Voir aussi Le Mont Athos et l’Empire byzantin. Trésors de la Sainte Montagne, catalogue de l’exposition du Petit Palais, Paris, Paris-Musées, 2009, no 71.
23 Anatole Frolow, op. cit., no 308 ; Il Tesoro di San Marco, Hans R. Hahnloser dir., II, Il Tesoro e il Museo, Florence, Sansoni, 1971, no 25, pl. XXVIII et XXIX ; André Guillou, op. cit., no 90 (à qui est emprunté l’extrait donné de la traduction), pl. 94-98 ; Andreas Rhoby, op. cit., no Me 90, p. 268-272 (avec bibl.).
24 Anatole Frolow, op. cit., no 249 (à qui est empruntée la traduction) ; catalogue de l’exposition des Musées royaux d’art et d’histoire, Splendeur de Byzance, Jacqueline Lafontaine-Dosogne éd., Bruxelles, 1982, no 0.2 ; Andreas Rhoby, op. cit., no Me 3, p. 152-154 (avec bibl.).
25 Anatole Frolow, op. cit., no 273 ; Il Tesoro di San Marco, op. cit., no 192, pl. CXCVI-CXCVII ; André Guillou, op cit., no 80, pl. 78 et 79 (à qui est empruntée la traduction) ; Andreas Rhoby, op. cit., no Me 89, p. 266-268 (avec bibl.).
26 Karin Krause, « The Staurotheke of the Empress Maria in Venice : a Renaissance Replica of a lost Byzantine Cross Reliquary of St. Mark’s », dans Wolfram Hörandner et Karin Rhoby éd., Die Kulturhistorische Bedeutung byzantinischer Epigramme. Akten des internationalen Workshop (Vienne, 1-2 décembre 2006), Vienne, 2008 (Veröffentlichungen zur Byzanzforschung XIV), p. 37-53.
27 Anatole Frolow, op. cit., no 241 (à qui est empruntée la traduction).
28 Ibidem, no 312 (à qui est empruntée la traduction).
29 Ibidem, no 338 (à qui est empruntée la traduction).
30 On ne peut donc la confondre avec la croix reliquaire d’Irène aujourd’hui à Venise.
31 Typikon of Empress Irene Doukaina Komnene for the Convent of the Mother of God Kecharitomene in Constantinople, trad. Robert Jordan, dans Byzantine Monastic Foundation Documents : a Complete Translation of the Surviving Founders’ Typica and Testaments, John Thomas et A. Constantinides Hero éd., Washington, 2000 (Dumbarton Oaks Studies 35), no 27, p. 714. Pour le texte grec du typikon et des annexes : Paul Gautier, « Le typikon de la Théotokos Kécharitôménè », Revue des études byzantines, 43, 1985, p. 5-165, et pour la staurothèque : p. 152. Le terme grec boutia, appliqué dans le texte au Saint Bois (τίμιον ξύλον μετὰ βουτίων χρυσῶν ἕξ : Gautier, op. cit., p. 152) et traduit en anglais par “gold caskets” (?) doit, en réalité, être traduit par « bouterolles », c’est-à-dire « ce qu’on met pour servir d’ornement ou de garniture au bout de quelque chose » : Glossarium mediae et infimae latinitatis conditum a Carolo Dufresne domino Du Cange, cum supplementis (…), éd. G. A. Louis Henschel, t. VII, Paris, 1850, Glossaire français, s.v. bouterolle, qui renvoie au latin bouteria. En ce cas, la croix, qui comporte six bouterolles, est nécessairement une croix à double traverse.
32 Pour le reliquaire de Limbourg : Holger Klein, op. cit., en particulier p. 105-112, pl. 19a et b. Pour le reliquaire de Svanétie : ibidem, pl. 25 a-c.
33 Holger Klein, op. cit., p. 134-137, pl. 41a et b.
34 Anthony Cutler et Jean-Michel Spieser, Byzance médiévale 700-1204, Paris, Gallimard, 1996 (collection Univers des formes), fig. 240-241. La Descente de croix figure également dans le répertoire des fresques de Nérézi.
35 Holger Klein, op. cit., pl. 25c.
36 Anthony Cutler et Jean-Michel Spieser, op. cit., fig. 273, p. 345. Voir aussi, le catalogue de l’exposition Le trésor de la Sainte-Chapelle, op. cit., p. 73-77, no 20.
37 Pour l’iconographie du Christ aux outrages (Flagellation, Couronnement d’épines, Dérision) : Gabriel Millet, Recherches sur l’iconographie de l’Évangile aux xive, xve et xvie siècles d’après les monuments de Mistra, de la Macédoine et du Mont-Athos, Paris, 1916 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, 109), p. 606, 652-653, 640.
38 Andréas Rhoby, op. cit., Me 16, p. 178-180. Voir aussi : Jannic Durand, « Le reliquaire byzantin du moine Timothée à l’abbaye du Mont-Saint-Quentin », Études d’histoire de l’art offertes à Jacques Thirion, Des premiers temps chrétiens au xxe siècle, éd. A. Erlande-Brandenburg et J.-M. Leniaud, Paris, 2001 (Matériaux pour l’histoire publiés par l’École des chartes 3), p. 54, 59, 62, 67.
39 Sur ces reliques, préservées au Phare et acquises par saint Louis pour la Sainte-Chapelle de Paris entre 1238 et 1242 : Le trésor de la Sainte-Chapelle, op. cit., p. 28-33, p. 69, 72, 86, 87, et no 14, 20.
40 The Glory of Byzantium. Art and Culture of the Middle Byzantine Era A.D. 843-1261, catalogue de l’exposition du Metropolitan Museum de New York, éd. Helen C. Evans et William D. Wixom, New York, The Metropolitan Museum of Art, New York, 1997, no 110.
41 Typikon of Empress Irene Doukaina Komnene for the Convent of the Mother of God Kecharitomene in Constantinople, trad. Robert Jordan, op. cit., p. 714 ; Paul Gautier, op. cit., p. 152. Cette relique ne peut pas non plus être confondue avec la croix d’Irène du trésor de Saint-Marc.
42 Ibidem.
43 Charles Du Fresne Du Cange, Constantinopolis christiana, seu descriptio Urbis Constantinopolitanae, Paris, 1680, liber IV, p. 104, XVII (trad. latine : Carpus est os, manus vero aurea, unde ? / Ex eremo carpus, ex Palaestina. / Aureus palmus, et aurei digiti, aliunde, / os seu carpus est ex planta Praecursoris. / Manum vero illi exornavit ars et affectus / Annae imperatricis Porphyrogenitae). Voir Corpus inscriptionum graecarum, IV, pars XL, Inscriptiones christianae, Berlin, 1877, no 8719 ; Paul E.-D. Riant, « Des dépouilles religieuses enlevées à Constantinople au xiiie siècle par les Latins [...] », Mémoires de la Société nationale des Antiquaires de France, t. XXXVI, p. 206-207 ; Jean Ebersolt, Sanctuaires de Byzance, Recherches sur les anciens trésors des églises de Constantinople, Paris, E. Leroux, 1921, p. 134. En dernier lieu : Andreas Rhoby, op. cit., Me 13, p. 173-174.
44 Charles Du Cange, op. cit., ibidem.
45 La description du reliquaire au xviie siècle précise que l’os est enfermé dans une main de cuivre doré : « ossiculum […] in manu aerea daurata inclusum ». Il est probable que la relique avait été, à une date inconnue, transférée dans un reliquaire occidental plus ou moins naturaliste de cuivre doré en forme de main. L’inscription grecque se trouvait vraisemblablement sur une virole ou une bouterolle d’or fixée directement sur la relique, selon une formule bien attestée à laquelle répond, par exemple, la virole ou bouterolle d’un doigt de saint Luc du trésor de la cathédrale de Sens (Byzance, l’art byzantin dans les collections publiques françaises, op. cit., no 250).
46 On trouve, avant 1213, l’exemple du reliquaire de la main de sainte Marina de Venise (The Glory of Byzantium, op. cit., no 332 ; Andréas Rhoby, op. cit., Me 81, p. 252-256) qui paraît suivre le contour de la relique, mais l’aspect « naturaliste » de l’œuvre demeure tout de même en ce cas extrêmement limité, comme encore, dans le seconde moitié du xiiie siècle ou la première moitié du xive, le reliquaire de la main dite du Baptiste du monastère du Prodrome de Pétra à Constantinople, connu par les dessins d’un inventaire de 1756, lorsque la relique se trouvait dans le trésor des chevaliers de Malte : Jannic Durand, « À propos des reliques du monastère du Prodrome de Pétra à Constantinople. La relique de saint Christophe de l’ancien trésor de la cathédrale de Cambrai », Cahiers archéologiques, no 46, 1998, p. 153-154, fig. 3 et 4. Dans ces conditions, l’interprétation des termes de l’inscription grecque ἡ δὲ χεὶρ χρυσῆ (« la main d’or ») et χρυσῆ παλαιστὴ χρυσοδάκτυλος (« la paume aux doigts d’or ») demeure délicate, dans la mesure où ils paraissent en contradiction avec les termes καρπὸς ὀστοῦν (un « os du poignet »), relatif à la nature de la relique : peut-être ne désignent-t-ils que la monture d’or de la relique et non le reliquaire lui-même, à moins d’imaginer une boîte ou un petit coffret sur lequel auraient été gravés ou repoussés les contours d’une main et de ses doigts.
47 Splendeur de Byzance, op. cit., no E 4. En dernier lieu : Andréas Rhoby, op. cit., Me 95, p. 276-278.
48 Dom François Ogier, Inscription antique de la Vraye Croix de l’abbaye de Grandmont (…), Paris, 1658 ; Jannic Durand, « La vie artistique en Aquitaine à l’époque romane. Influences byzantines ? », dans L’œuvre de Limoges. Art et histoire au temps des Plantagenets, Actes du colloque du musée du Louvre, 16-17 novembre 1995, éd. D. Gaborit-Chopin et É. Taburet-Delahaye, Paris, La Documentation française, 1998, p. 288, fig. 26 ; Andréas Rhoby, op. cit., Me 15, p. 174-178.
49 Le trésor de la Sainte-Chapelle, op. cit., p. 54, 61, et no 17 et 20.
Auteur
Département des Objets d’art du musée du Louvre
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