Chapitre II. La rime
p. 167-188
Texte intégral
I. CARACTÈRES ET RÈGLES GÉNÉRALES DE LA RIME
1Les traités reconnaissent à la rime deux caractères essentiels : elle est un accord de timbres, et elle est un accent. Ce sont ces deux aspects sous lesquels nous l'examinerons d'abord tour à tour. Il ne s'agit pas pour le moment d'étudier l'exactitude phonétique des sons qui se correspondent à la fin des vers. Nous réservons cette question pour un autre chapitre, dans lequel nous rechercherons quels sont les rapports qui unissent la langue et la versification. Il importe seulement de faire remarquer ici que, malgré les tentatives diverses qui ont été faites au xviiie siècle d'introduire dans la poésie les vers blancs, tentatives qui ont été signalées d'autre part1, malgré Louis Bonaparte et Fabre d'Olivet, les manuels maintiennent la règle que tous les vers doivent se terminer par des finales homophones. Ces finales homophones ont pour mission de manifester à l'oreille que l'unité métrique est achevée, et elles se distinguent ainsi de toutes les autres syllabes du vers, notamment des césures. On sait déjà que les rimes et les hémistiches ne doivent pas être de consonance identique et que la rime des hémistiches entre eux est sévèrement interdite. Tout accord de timbres qui intervient à d'autres places du vers fait l'objet de défenses non moins rigoureuses, car il est entendu que la fin du vers, envisagée sous cet aspect, est en possession d'un privilège qui n'appartient qu'à elle seule. L'abbé Joannet et Sabatier de Castres2 blâment les alexandrins suivants :
- Ils ont mis le destin des Troyens dans mes mains. (Montfleury)
- Qui bravant du méchant le faste couronné... (J.-B. Rousseau)
2Ce sont là pour eux de regrettables cacophonies. Berthelin et de Wailly condamnent à leur tour ces vers :
- Du destin des Latins prononcer les oracles. (Boileau)
- L'amour n'a pas toujours respecté la nature. (Crébillon)
3Mais la rime est aussi une syllabe forte, un accent, ce que font ressortir un certain nombre de critiques. « Il faut observer d'abord, écrit Demandre3, que la voyelle ou la diphtongue d'où l'on prend la rime, et sur laquelle elle est appuyée, s'appelle appui. On voit par là que l'appui, qui dans la rime féminine, se trouve toujours dans la pénultième syllabe des mots, se prend dans la derniere des rimes masculines ». Le Traité des Belles-Lettres l'a dit avant lui : « L'appui sur quoi porte la rime sera, dans les vers masculins, la voyelle ou diphtongue de la dernière syllabe, et, dans les vers féminins, la voyelle ou diphtongue de la pénultième syllabe »4. Domergue le répétera plus tard : « La rime est la désinence de deux sons égaux ou équivalents. Egaux, comme succès et procès, équivalents, comme repos et pipeaux. On considère dans la rime l'appui, ce qui le précède et ce qui le suit. L'appui est la voyelle ou la diphtongue qui sert de base à la rime. Dans les mots cités, o et è constituent l'appui »5. Tout cela est très clair : en somme la rime est un repos, comme celui de la césure, mais on le désigne d'un autre nom.
4Une prescription très ancienne, et que maintiennent jalousement les traités du xviiie siècle, est l'interdiction de l'enjambement : celui-ci en effet a toujours pour conséquence, s'il est marqué par le diseur, de rendre moins sensible à l'oreille la fin du vers, que le sens relie au début du vers suivant. Cette règle tend à perpétuer la tradition de la déclamation circonflexe, selon laquelle la voix se suspend sur la syllabe de l'hémistiche pour retomber plus ou moins profondément sur la dernière. On s'en rend compte si l'on se reporte au texte du P. Buffier6, qui conseille aux poètes de veiller au juste arrangement de leurs mots, de telle sorte « que l0e sens ne soit point suspendu à la derniére silabe, ou à la fin du vers, pour s'étendre sur une partie du vers suivant..., comme si l'on disoit :
Vain fantôme d'honneur, c'est pour toi qu'un héros
S'immole, mais, hélas ! trouve-t-il son repos ?
5Néanmoins, si le sens s'étendoit jusqu'à la fin du vers suivant, et se trou-voit fini avec le vers suivant, il n'y auroit rien que de régulier, comme :
Vain fantôme d'honneur, c'est pour toi qu'un héros
Immole chaque jour sa vie et son repos. »
6Le même précepte se retrouve chez tous les critiques, chez Restaut, Demandre, de Wailly, Domergue, dans la Poétique françoise à l'Usage des Dames comme dans l'Encyclopédie7. L'enjambement est considéré comme une pratique vicieuse, qui défigure les poèmes de ceux que Gaillard nomme d'une manière pittoresque « les premiers oisons du Parnasse », Villon et Ronsard, et qui doit être évitée dans un style noble et sérieux, car elle est dénuée de grâce et d'harmonie. « Selon le génie de la poësie françoise, dit le Traité des Belles-Lettres8, on doit également s'arrêter d'une manière sensible et à la fin des périodes et à la fin des vers, pour faire mieux goûter tout à la fois et la finesse de la pensée et la délicatesse de la rime. Mais si ces deux pauses ne concourent point ensemble, celle qui se feroit à la fin du vers seroit sans goût parce que le sens ne serait pas fini ; et celle qui se feroit avant la fin du vers seroit sans harmonie, parce que ce n'est pas là le lieu de la rime ; il faut que la rime et le sens fini concourent à la fois, pour satisfaire en même temps et l'oreille et l'esprit ».
7Divers auteurs, comme on l'avait déjà fait au xviie siècle, s'efforcent de préciser les limites de cette règle qui proscrit l'enjambement. Ils font remarquer, à l'aide d'exemples semblables à celui dont s'est servi le P. Buffier, qu'il n'y a pas rejet si le sens se poursuit jusqu'à la fin du second vers. Ainsi les deux alexandrins suivants, selon Demandre9, sont mauvais :
Reçois des vers que ma muse en hommage
Refuse aux Grands : ce n'est qu'aux yeux du sage...
8Mais ils deviennent corrects si on les améliore de cette manière :
Reçois des vers que ma muse en hommage
Refuse aux Grands et n'accorde qu'au Sage,
9car ainsi ils ont recouvré leur indépendance mélodique : hommage conserve son intonation ordinaire, et Grands, à la césure, ne sollicite plus une chute de la voix. « Ce n'est pas une faute, dit encore Demandre, d'interrompre au milieu d'un vers le sens qui a commencé dans le vers précédent, quand on le fait par un emportement figuré, par une interruption que la passion inspire, comme dans Rodogune :
Où seule, et sans appui contre mes attentats,
Je verrais... Mais, Seigneur, vous ne m'écoutez pas ? »
10Il n'y a pas davantage de faute, fait-il observer encore10, lorsque, dans le dialogue, le personnage qui parle est interrompu dans son discours, ainsi qu'on peut le voir par l'exemple suivant, lui aussi emprunté à Rodogune :
Est-ce un frère, est-ce vous, dont la témérité
S'imagine...
Rodogune
Apaisez ce courroux emporté.
11Il faut en effet prononcer le premier alexandrin selon la mélodie ordinaire, en s'arrêtant bien sur la tonique du mot témérité, et commencer le suivant comme si le sens devait se poursuivre jusqu'à la douzième syllabe. Ainsi la voix ne tombe pas sur le mot s'imagine, dont l'intonation suspensive est dominée par elle de la césure, de telle sorte que tout reste dans l'ordre. Ceci est conforme à la plus pure doctrine classique.
12De nos jours, un certain nombre de métriciens ont relevé chez Racine beaucoup d'enjambements, qui d'ailleurs ne sont pas particuliers à ce poète, et ils en ont dressé de longues listes. En voici des exemples :
- J'écoute comme vous ce que l'honneur m'inspire,
Seigneur ; mais il m'engage à sauver mon empire. (Alex., I, 2)- Ah ! n'en voilà que trop : c'est trop me faire entendre, Madame, mon bonheur, mon crime, vos bontés. (Brit., III, 7)
- Mais croyez-moi, l'amour est une autre science,
Burrhus : et je ferais quelque difficulté... (Brit., III, 1)- Il se tairait en vain. Je sais mes perfidies,
13Œnone, et ne suis point de ces femmes hardies... (Phèdre, III, 3)
14Or il faut noter qu'aucun de ces cas, ni d'autres semblables, n'a été relevé par un critique quelconque, soit du xviie siècle, soit du xviiie siècle, comme une infraction à la règle qui interdit l'enjambement : il faut de toute évidence y voir la preuve qu'on se gardait, dans la déclamation, de laisser tomber la voix au début du second vers et qu'on maintenait à la rime du premier son caractère de repos à intonation finale. Le véritable enjambement est représenté par le type suivant, qui se trouve dans Les Plaideurs de Racine :
Puis donc qu'on nous permet de prendre
Haleine, et que l'on nous défend de nous étendre... (III, 3)
15La Poëtique françoise à l'Usage des Dames11 cite ces deux alexandrins et a soin d'expliquer que le poète a prémédité cette faute « afin de donner du ridicule au plaidoyer de l'Intimé ». D'ailleurs les traités de versification font remarquer que le précepte qui proscrit l'enjambement ne vaut que pour la haute poésie, mais qu'il ne s'applique pas aux pièces de style familier ou surtout marotique comme les comédies légères, les fables, les contes, les épîtres12. On doit surtout s'y conformer dans l'alexandrin, tandis que le décasyllabe est beaucoup plus libre : « Mais, dit en effet Jaucourt13, si l'enjambement est défendu dans les vers alexandrins,... il est autorisé dans les vers de dix syllabes, et il y produit même quelquefois un agrément, parce que cette espèce de vers, faite pour la poësie familière, souffre quelques licences et ne veut pas être assujettie à une trop grande gêne ». Cependant, même dans le dodécasyllabe, il est admis que le rejet puisse trouver place « lorsqu'il fait image », comme l'écrit Domergue14, c'est-à-dire lorsqu'il a une intention imitative. Cette dernière tolérance ne va d'ailleurs pas sans soulever encore de fortes réserves : « M. Delille, note M.-J. Chénier en 181615, s'est fait admirer par les formes d'une versification savante et variée avec un art infini : usant même de beaucoup de libertés dans les ouvrages qu'il a fait paraître durant l'époque actuelle, il se permet jusqu'aux enjambements, que Malherbe avait bannis des vers français. Racine a constamment observé la règle posée par Malherbe. Boileau, peu content de s'y soumettre, a cru devoir la consacrer dans son Art Poétique comme un perfectionnement remarquable. M. Delille a pensé autrement, il prodigue aussi les coupes singulières et les effets d'harmonie imitative. Aux enjambements près, qu'il est difficile d'admettre, tout est bien là, sauf l'excès... En s'occupant trop d'harmonie particulière, ne nuit-on pas trop à l'harmonie générale ? On emploie les coupes extraordinaires pour éviter la monotonie de notre versification, mais, si on les emploie trop souvent, ne tombe-t-on pas dans une autre monotonie d'autant plus repréhensible qu'elle est recherchée ? Ne blâme-t-on pas ces compositeurs qui négligent la mélodie pour étaler leur science musicale ? Voit-on que, dans ses tableaux d'histoire, Raphaël fasse ressortir les muscles de ses personnages pour montrer qu'il sait dessiner ? »
16La nécessité de rimer pose la question de savoir par quels éléments doivent s'accorder entre eux les mots qui terminent les vers. C'est la voyelle tonique, on l'enseigne depuis longtemps, qui est l'essentiel de l'homophonie destinée à frapper l'oreille de l'auditeur, et il est indispensable que l'identité de ces sons qui se répondent s'accompagne de celle des articulations qui leur font suite, lorsqu'il y en a. Accessoirement la consonne ou les consonnes qui précèdent la voyelle sur laquelle se repose la voix peuvent être les mêmes dans deux vers associés, et la rime alors est dite ”riche” ; elle est plus riche encore si la correspondance des timbres s'étend vers le début des mots conjoints. Si elle se limite à la voyelle d'appui, on l'appelle ”rime pauvre”. Elle est ”suffisante” dans les autres cas. Telle est la vieille classification classique, à laquelle on ne change rien.
17La rime riche est la plus satisfaisante. Quant à la rime pauvre, qu'on désigne aussi sous le nom de ”rime d'une demi-syllabe”, il est recommandé de l'éviter. On l'admet lorsqu'il s'agit de mots dont la finale n'est pas largement représentée dans le Richelet. Ainsi Berthelin et de Wailly interdisent cré-é : li-é, parce que les terminaisons en é sont très nombreuses ; on rejette beauté : donné, car il faudrait au moins beauté : divinité ou donné : ordonné ; mais Berthelin et de Wailly approuvent envoyé : Pasipha-é, qui est chez Racine, No-é : avou-é, qui est chez Boileau, parce qu'autrement des termes rares, le plus souvent des noms propres, ne pourraient trouver place à la fin du vers. Même tolérance pour les monosyllabes : « Les monosyllabes, écrit Demandre16, ont le privilège de rimer fort librement entr'eux ou avec des mots de plusieurs syllabes : ils sont reçus lors même qu'ils ne forment pas des rimes à une seule lettre ; il faut cependant en excepter ceux qui finissent par un é fermé ou une diphtongue de même son ; ainsi j'ai ne rime pas avec beauté. Mais la regle a lieu pour toutes les autres voyelles ». À l'appui de son observation, il cite disputa : la, de Voiture, vu : interrompu, de Racine, dans Les Plaideurs ; milieu : feu, de Richer. Selon Berthelin et de Wailly, pas : combats, feu : jeu : neveu ne sont pas du tout répréhensibles. Il faut remarquer que l'œil joue un grand rôle dans le jugement des critiques et dans le choix des poètes. Il suffit, pour s'en convaincre, de se reporter à de Wailly : « Quand la rime, dit-il17, est formée par des sons pleins, comme ar, as, at, or, os, ot, er, ês, et, ai, ei, oi, au, eau, eu, ou ; par an, am, en, em, ion, oin ; en un mot par des voyelles suivies d'une ou de plusieurs consones : alors on n'exige pas que la lètre qui précède soit la même dans les mots qu'on veut faire rimer. Par exemple, embaras et combats ; gros et sots ; progrès et succès,... jamais et parfaits ; pain et main ». Laissons de côté la question de la prononciation ou de la non-prononciation de l's finale, sur laquelle il y aura lieu de revenir ; mais de Wailly, constatons-le, ne s'aperçoit pas, à cause de l'orthographe, que ai, ei, au, eau, eu, ou, an, ain sont des sons simples, et que, s'il est permis de les faire rimer, il est tout aussi légitime d'associer beauté avec donné. Demandre est victime de la même illusion quand il écrit que « toutes les diphtongues ou triphtongues qui ont un son composé de celui de deux ou trois voyelles riment fort bien ensemble, encore que les rimes ne soient pas riches, comme nouveau : rideau ». Quant aux rimes féminines, elles sont soumises aux mêmes règles que les masculines : aimée : mêlée doit être condamné ; cependant Restaut18 permet d'unir toutes les finales en -ie et en -ne, qu'elles soient ou non précédées de la même consonne, sans doute parce qu'elles sont peu nombreuses :
- O ciel ! pourquoi faut-il que la secrète envie Ferme à de tels héros le chemin de l'Asie ?
- Polinice, Seigneur, demande une entrevue. C'est ce que d'un héros nous apprend la venue.
18D'une manière générale et conformément au principe de la séparation des genres, le xviiie siècle considère que la haute poésie lyrique, l'épopée et la comédie, en ce qui concerne la rime, doivent se montrer beaucoup plus difficiles que la comédie ou les compositions plus légères. Ainsi La Harpe censure vent : brûlant (III, 1, 8, 3), desseins : souverains (III, 1, 8, 5), heureux : orageux (III, 1, 1, 1) ; grands : temps (ibid.), parce que la voyelle tonique, dans des séries où ne règne pas précisément la pénurie, n'y est pas précédée d'une consonne identique. « Riment beaucoup trop mal dans une ode », dit-il à propos du premier de ces cas. Et, à propos du second : « Très mauvaise rime, qui n'est même pas suffisante au style soutenu » ». De telles associations, s'il les avait découvertes dans l'une de ses propres tragédies, ne l'auraient sans doute aucunement effrayé. Voltaire, si sévère parfois pour Corneille, devient indulgent dès qu'il s'agit de lui-même. Il reconnaît qu'il a apparié héros et tombeaux, mais se refuse à y voir la moindre faute19.
19D'autre part la rime est très loin d'être riche si l'on unit le groupe voyelle + voyelle avec le groupe semi-voyelle + voyelle (studi-eux : cieux), ou le groupe semi-voyelle + voyelle avec la simple voyelle. La plupart des critiques interdisent les associations semblables, mais ils le font avec des nuances, et même ils ne sont pas toujours d'accord. Restaut20 écrit d'une façon assez bizarre qu' « heureux ne rime pas bien avec ambiti-eux, ni moisson avec passi-on ; mais heureux rimera avec courageux, moisson avec trahison, ambiti-eux avec furi-eux, et passi-on avec religi-on ». La défense qu'il porte ainsi a pour but d'empêcher une homophonie réduite à un son unique, ce qui est précisément le cas d'heureux : courageux et celui de moisson (s sourde) : trahison (s sonore) ; d'autres métriciens sont incapables de se rendre compte que lieux : glori-eux peuvent fort bien aller ensemble, parce que, dans un mot comme glori-eux, si l'on fait la diérèse, un y-épenthétique s'intercale pratiquement devant le suffixe -eux, et qu'alors toutes choses deviennent égales (en transcription phonétique [ljø : gloRi-jø). Demandre21 établit une distinction entre les finales masculines et les finales féminines : « La rime masculine, dit-il, ne peut être réduite à une seule voyelle, ou à une voyelle suivie de l's ou du z du pluriel, ou de l'r de l'infinitif de la première conjugaison" ; mais é et ié peuvent s'accorder dans les rimes féminines quand ils sont suivis d'une consonne : ainsi père : première, tendresse : nièce, cède : tiède sont bons ; i et ui le sont également dans les mêmes conditions, si bien que vivre : suivre, évite : poursuite, satyre : séduire, chapitre : huître n'offrent rien de répréhensible. La doctrine est donc assez flottante, et l'on s'en aperçoit bien si l'on se reporte aux rééditions du Richelet données par l'abbé Berthelin et par de Wailly. Ces auteurs inscrivent en effet lierre et pierre dans la liste des finales en -erre ; à la rubrique -ierge, ils renvoient à -ierge. Ils séparent bien -ien monosyllabe de -i-en dissyllabe, mais, à la fin de cette dernière liste, on trouve la note suivante : « Voyez les verbes à l'impératif ci-devant » : ces impératifs sont abstien, tien, vien, etc., tous monosyllabes ; cependant, par une singulière contradiction, ils distinguent -ier monosyllabe (bélier) de i-er dissyllabe (li-er).
20Ceux qui font des vers en prennent à leur aise avec toutes ces règles, qui leur sont intolérables, et ils manifestent surtout leur indépendance dans les genres secondaires. L. Racine, dans ses Remarques sur les Tragédies de J. Racine, nous en avertit à propos des Plaideurs : « Maison rime à provision : on verra encore rimer écrivons et rébellions, pardon et création, désavouer et payer. Le poète, si sévère sur la rime dans ses tragédies, s'est donné quelque liberté dans une comédie22. Demandre reconnaît que les poètes, assez souvent, ont recours aux rimes qu'il condamne. Voltaire revendique franchement le droit à l'indépendance : « Donner aux auteurs de nouvelles rimes, ce serait leur donner de nouvelles pensées, car l'assujettissement à la rime fait que souvent on ne trouve dans la langue qu'un seul mot qui puisse finir en vers ; on ne dit presque jamais ce qu'on voulait dire, on ne peut se servir du mot propre ; on est obligé de chercher une pensée pour la rime, parce qu'on ne peut trouver de rime pour exprimer ce qu'on pense... J'ai tâché de regagner un peu de liberté ; et, si la poésie occupe encore mon loisir, je préférerai toujours les choses aux mots et la pensée à la rime ». Et il dit encore, avec quelque fierté : « J'ai fait rimer frein à rien,... contagion à poison, etc. Je ne défends pas ces rimes parce que je les ai employées, mais je m'en suis servi parce que je les ai crues bonnes. Je ne puis souffrir qu'on sacrifie à la richesse de la rime toutes les autres beautés de la poésie, et qu'on cherche plutôt à plaire à l'oreille qu'au cœur et à l'esprit »23. En d'autres termes les prescriptions des critiques, si on en tenait compte, auraient pour résultat de réduire considérablement le nombre des homophonies dont la langue dispose, et bien des facilités disparaîtraient, dont il est peu commode de se passer.
21On prendra connaissance de l'usage des poètes par deux listes d'exemples empruntés à J.-B. Rousseau, Voltaire, Saint-Lambert, Delille et Chénier24. La première, la plus nombreuse, rassemble des cas où le groupe voyelle + voyelle est associé avec le groupe semi-voyelle + voyelle :
J.-B. Rousseau – I – yeux : calomni-eux (9) : mystéri-eux (11) : préci-eux (40 ; 125) : glori-eux (99 ; 169) – grossières : pri-ères – cieux : ambiti-eux (20 ; 139) : délici-eux (21) : vici-eux (24) : audaci-eux (34 ; 39) : glori-eux (54) : spéci-eux (106) – humili-és : piés (22) – meurtri-ère : barrière (37) : guerrière (62) : carrière (130) – impitoyable : insati-able (44) – dieux : ambitieux (50) : glori-eux (78) : envi-eux (114) : contagi-eux (115) : radi-eux (120 ; 135 ; 150) : odi-eux (124 ; 146) : furi-eux (172) – mieux : studi-eux (51) – liens : citoyens (77) – injuri-eux : aïeux (108) – rayons : li-ons (109) ; passions (185) – phrygi-ens : troyens – li-en : sien (175).
II – yeux : caprici–eux (15) : préci-eux (31) : fastidi-eux (51) : glori-eux (60 ; 94) : radi-eux (65) : injuri-eux (91) : offici-eux (107) – li-ens : biens (25 ; 70) : siens (61) – dieux : mélodi-eux (93) : odi-eux (58) – mélodi-eux : joyeux (36) – bien : delphi-en (37) – nati-ons : rayons (38) – cieux : préci-eux (45) : vici-eux (81) : audaci-eux (95) – humili-er : écolier (69) – anci-ennes : siennes (70) – ennuyeux : séri-eux (72) – étri-er : métier (75) – pri-ère(s) : lanières (87) : barrière (101) – suite : gratu-ite (103)
Voltaire – Henr. – yeux : odi-eux (27 ; 76) : furi-eux (49) : curi-eux (51) : mystéri-eux (78) : ambiti-eux (100) : préci-eux (122 ; 136) : audaci-eux (151) – cieux : furi-eux (40 ; 77) : industri-eux (103) : odi-eux (170) – dieux : odi-eux (74) – amitié : alli-é (86) – boucli-er : premier (104) : acier (162)
Ma. – yeux : séditi-eux (193) : audaci-eux (216) – li-en(s) : miens (195) : tien (212) – cieux : préci-eux (218)
Mé. – li-en : sien (275) – yeux : préci-eux (276) : audaci-eux (292)
L. de M. – yeux : odi-eux – guerriers : meurtri-ers (256) – dieux : odi-eux (259) : victori-eux (260 ; 295) – entier : sacrifi-er (292)
lr. – lieux : odi-eux (376) – cieux : furi-eux (387) – yeux : impéri-eux (389) – humili-és : pieds (390)
Saint-Lambert – nautonnier : confi-er (37) – cieux : audaci-eux (38) : radieux (63 ; 68 ; 124 ; 152) : spacieux (68) – yeux : délici-eux (50 ; 88 ; 94 ; 197) : furieux (80 ; 85) – oubli-é : amitié (73) : pitié (130)
Delille – I – aïeux : pi-eux (45) – dieux : religi-eux (45 ; 237) : radi-eux (63) : furi-eux (71 ; 175) : odi-eux (101 ; 145 ; 183) : fallaci-eux (141) : préci-eux (191 ; 193) : glori-eux (255) – yeux : furi-eux (49) : odi-eux (71 ; 257) : labori-eux (77) : préci-eux (93 ; 185) : radi-eux (187) – cieux : audaci-eux (55 ; 279) : furieux (63 ; 191) : spaci-eux (67) : préci-eux (75) – Troyen(s) : Argi-ens (63) : ausoni-ens (73) : li-en(s) (141 ; 145 ; 147 ; 249) : ioni-ens (243) : Chaoni-ens (253) – lieux : glori-eux (63) : religi-eux (163) : curi-eux (191) – barrières : meurtrières (67) – guerrier : boucli-er (149 ; 165 ; 249) – alli-é : envoyé (233)– sien : phrygi-en (263) – prière : carrière (267) : guerrière (269)
II – dieux : furi-eux (23) : préci-eux (31) : religi-eux (55) : odi-eux (59 ; 201 ; 211 ; 249) : spaci-eux (201) : prodigi-eux (231) : pi-eux (243) : victori-eux (251 ; 253) – yeux : odi-eux (29 ; 39) : furi-eux (57) : glori-eux (129) : audaci-eux (131) : préci-eux (203) – pitié : sacrifi-é (35) – lieux : préci-eux (201) : glorieux (221) : religi-eux (227) : délici-eux (237) – cieux : audaci-eux (53 ; 233) : pi-eux (115) : victori-eux (139) : pluvi-eux (151) : silenci-eux (213) – meurtri-ère : carrière (131) : arrière (131) – guerrier : meurtri-er (137) : oubli-er (225) – aéri-ens : soutiens (189) – Troyens : Phrygi-ens (221) – carrière : prière (195) – régi-ons : rayons (225) – citoyens : élysi-ens (241) – mien : auso-ni-en (243)
A. Chénier – I – dieux : radi-eux (16) : harmoni-eux (22 ; 74) : victori-eux (29) : insidi-eux (48) : furi-eux (85 ; 197) : pi-eux (198 ; 200) : odi-eux (206) – yeux : graci-eux (42 ; 149) : spaci-eux (49) : offici-eux (146) : injuri-eux (165) : curi-eux (192) – dernière : pri-ère (52) – cieux : ingéni-eux (69) – pieds : humili-és (69) : oubli-és (219) – oubli-er : écolier (106) – li-ens : tiens (115)– adieux : religi-eux (130) – convi-é : envoyé (205) – pitié : humili-é (209) – tienne : tyri-enne (213)
II – yeux : studi-eux (5 ; 18) : impéri-eux (67) : curi-eux (78) : harmonieux (170) : ingéni-eux (193) : graci-eux (197) : malici-eux (240) : pi-eux (246) : mystéri-eux (297) – dieux : furi-eux (17) : harmoni-eux (184) – cieux : victori-eux (50 ; 51) : préci-eux (245) – li-ens : citoyens (64) : biens (97) – oubli-é : pitié (76) – lieux : injuri-eux (104) – meurtri-ers : guerriers (124) : lauriers (223) – altier : pli-er (125) – amitié : li-é (182) – moitié : con-fi-é (201) : initi-é (292) – pi-eux : mieux (277 ; 279) – meurtri-ères : guerrières (288)
22On notera d'abord, une fois de plus, l'extrême banalité de ces rimes, puisque les mêmes associations se reproduisent indéfiniment et sans aucune variété. En outre il est assez remarquable qu'avec Saint-Lambert, Voltaire est le poète qui proportionnellement montre le plus de réserve, alors qu'il a été le seul à revendiquer hautement le droit d'employer ces homophonies. J.-B. Rousseau et Delille, même Chénier, font preuve de beaucoup de libéralisme et sacrifient volontiers la richesse de la rime à la facilité de la versification.
23Voici maintenant un second catalogue, dressé selon les mêmes textes, où figurent des voyelles simples associées à des groupes formés d'une semi-voyelle et d'une voyelle :
J.-B. Rousseau – I – bruit : évanou-it (19) – sacrilège : siège (34) – suivre : livre (50 ; 150) : enivre (92)
II – équerre : acquière (39)
Voltaire – Henr. – yeux : d'eux (71 ; 113) : impétu-eux (106) : voluptu-eux (115) : pour eux (122) – empire : séduire (57) : instruire (101 ; 111) – dieux : deux (105) – élite : conduite (105) – fruits : Lou-is (117) – lieux : avant eux– ciel : mortel (136) – suivre : survivre (161) – martyre : séduire (169)
Ma. – ciel : éternel (198 ; 231) : autel (217) – séduire : Palmire (200) : Zopire (212) – misère : prisonnière (195) – dieux : pour eux (228) – suivre : délivre (230)
Mé. – heureux : aïeux (256) – dieux : vertu-eux (264) : vœux (268) : pour eux (293) : d'eux (294) – prédite : instruite (270) – ciel : cruel (275) : mortel (289) – yeux : deux (281) : impétu–eux (292) – suive : vive (283) – vivre : suivre (288 ; 291) – père : poussière (293)
L. de M. – yeux : qu'eux (254) – suivre : vivre (271 ; 295) – suive : vive (276).
Ir. – aïeux : d'eux (365) – sienne : Commène (372) – ciel : cru-el (373 ; 386) – suivre : vivre (377) – fuir : trahir (381).
Saint-Lambert – rapide : vuide (35) – cieux : impétu-eux (55) – inquiète(s) : retraites (96) : Rosette (116) – aïeux : eux (103) – carrière : hémisphère (125)– vivre : suivre (128).
Delille – I – dieux : vœux (99 ; 247) : belliqueux (181) : affreux (169) : pompeux (191) : feux (229) – yeux : feux (97) : malheureux (143 ; 273) : neveux (265) : douteux (267) – cieux : affreux (169) : vœux (255) – lieux : vœux (255 ; 267) : feux (271) – entreprise : introduire (139) – père : hospitalière (235) – Troyennes : veines (251)
II – dieu(x) : vœux (23 ; 53 ; 105 ; 147 ; 151 ; 193) : feu (189 ; 193 ; 209 ; 229) : heureux (197) – yeux : nœuds (107 ; 131) : vigoureux (137) : rigoureux (211) : hideux (223) – lieux : feux (51 ; 241) : jeux (107) : fameux (131) : belliqueux (153) : vœux (215) – cieux : neveux (245) – pierre : terre (121) – troisième : extrême (125) – fier : mer (137) – ciel : fraternel (137) – Anchise : conduise (141) – évite : fuite (143) – troyenne : humaine (145) – lumière : chère (153) : téméraire (197) – Mélite : suite (159) – Troyens : Eubé-ens (191) – mères : paupières (217) – dit : nuit (223)
A. Chénier – I – dieu : feu (43) – yeux : feux (148) : cheveux (148) : jeux (235 ; 252) – mère : paupière (57) – pierre : terre (65 ; 68 ; 144) – cieux : malheureux (67) – guerriers : meurtri-ers (71) – peine : mienne (92) – poursuit : évanou-it (119) – respire : séduire (120) – père : lumière (195) – nourricière : légère (208) – sienne : vaine (270)
II – yeux : incestueux (118 ; 135) – s'évanou-it : s'enfuit (13) – dieu(x) : feu (212) : fameux (288) – lumière : vulgaire (19) – suivre : vivre (57 ; 64) – instruire : lyre (59) : dire (74 ; 126) – éblou-i : lui (62) – tonnerre : pierre (62) – étrangère(s) : Bavière (93) : rivières (208) – lieu(x) : peu (275 ; 278) : deux (297) – ciel : éternel (143) – écrit : produit (211) – mérite : fuite (213) – Naïades : Ménades (234) – folie : ennuie (282) – affaire : sorcière (282).
24Dans cette série, Voltaire est sensiblement plus abondant que dans la précédente ; Saint-Lambert et J.-B. Rousseau, celui-ci surtout, le sont moins. Delille et Chénier procèdent sans prévention dans un cas comme dans l'autre et manifestent beaucoup de liberté. En somme, la question reste pendante, elle ne sera jamais résolue.
25Reste la règle de l'alternance des rimes. Les deux espèces selon lesquelles se partagent les mots français sont décrites par les métriciens, parfois d'une manière assez sommaire, parfois avec des détails et des exemples. Il suffit ici de citer Demandre, qui s'exprime assez brièvement25 : « On distingue la rime masculine et la féminine. On l'appelle féminine lorsque la dernière voyelle... est un e muet, soit qu'il y ait des consonnes après, comme conquêtes, tempêtes, charment, désarment, soit qu'il n'y en ait point, comme gloire, victoire. La rime est masculine, lorsque la dernière voyelle est autre qu'un e muet, comme victorieux, glorieux, beauté, fierté, désir, soupir, charmoient, aimoient, et autres semblables. Dans ces mots charmoient, aimoient, et autres semblables, la rime est masculine, quoiqu'il y ait un e muet à la fin ; la raison en est que cet e n'est placé dans ces occasions que pour l'orthographe, et qu'on n'y a absolument aucun égard dans la prononciation. C'est de cette division des rimes que vient celle des vers masculins et féminins ». Voilà qui va bien : on peut constater que rien n'est changé par rapport aux définitions plus anciennes, et que l'exception elle aussi est maintenue.
26Ce qu'il y a de remarquable, et qui s'explique par la longue habitude de notre poésie, c'est que la plupart des critiques, ni Restaut, ni Demandre, ni de Wailly, ni Domergue ne définissent ni n'expliquent longuement la loi de l'alternance, que personne d'ailleurs ne conteste, et à laquelle obéissent tous les poètes, sauf lorsqu'ils font usage de rimes continues ou lorsqu'ils écrivent dans un style plaisant. Domairon le mentionne avec précision : « On doit observer de mêler les rimes masculines et féminines de manière que deux différentes rimes de même espece ne se trouvent jamais ensemble dans une même suite de vers ; c'est-à-dire qu'une rime masculine, par exemple, ne peut être suivie que de la rime masculine qui y répond, ou d'une rime féminine »26. D'autres y font des allusions, sans s'attarder, car il est entendu qu'elle va de soi. Les exceptions sont très rares. En voici un exemple de Favart, dans un de ses opéras-comiques, Ninette à la cour27 :
Chacun dira : « Tredame !
Voyez la belle dame !
Ah ! quelle gentillesse !
Ah ! quel air de noblesse !
Comme elle a bonne grâce !
Rangez-vous ! qu'elle passe !
Faites de l'espace,
Que Madame passe.
Et moi, d'un air honnête,
En balançant la tête,
Je passerai,
Je saluerai,
Et je me rengorgerai.
Quelque jour tu viendras,
Tu verras.
Sans cesse,
La presse
Arrêtera tes pas,
Et de loin tu diras :
« Ah ! princesse, princesse »,
En t'inclinant tout bas,
« Protégez Colas,
Ne l'oubliez pas,
Adieu, pauvre Colas. » (I, 8)
27Marmontel seul a essayé de justifier cette règle de l'alternance. Comme tous ses contemporains, il a perdu de vue qu'elle avait été établie au siècle pour les commodités de la musique, et il s'exprime ainsi28 : « Les vers masculins sans mélange auroient une marche brusque et heurtée ; les vers féminins sans mélange auraient de la douceur, mais de la mollesse. Au moyen du retour alternatif ou périodique de ces deux espèces de vers, la dureté de l'un et la mollesse de l'autre se corrigent mutuellement, et la variété qui en résulte est, je crois, un avantage de notre poésie sur celle des Italiens, dont la finale est toujours foible, excepté dans les vers lyriques ». Un problème intéressant est de savoir si l'alternance, respectée par les poètes lorsqu'ils écrivaient leurs vers, l'était également par ceux qui les déclamaient. Comme ce problème est d'ordre linguistique, il sera examiné plus loin, à propos de la prononciation de l'e muet.
II. L'ARRANGEMENT DES RIMES
28Bien que les jeux de rimes qui avaient fait les délices du Moyen Âge soient depuis longtemps passés de mode, et pour les mêmes raisons que les poèmes à forme fixe, les traités du xviiie siècle n'omettent pas d'en entretenir leurs lecteurs. Ils le font par respect de la tradition et parce que d'autres traités les avaient catalogués avant eux. Ils le font aussi pour protester contre le mauvais goût qui régnait autrefois et pour prouver aux poètes que le progrès n'est pas un vain mot, en les détournant d'exercices aussi surannés. Le Dictionnaire de Trévoux, le Dictionnaire des Rimes de Richelet, l'abbé Joannet, Demandre, Jaucourt énumèrent toutes ces rimes, kyrielle, fraternisée ou fratrisée, serrée, brisée, annexée, équivoque, enchaînée, couronnée, quelquefois avec des exemples ; mais ils en donnent quelquefois des définitions inexactes, et leur négligence montre bien que ce sont là, pour eux, des choses d'un très mince intérêt. Il suffit de transcrire un passage de l'abbé Joannet. On pourra constater, en se reportant aux descriptions que nous avons nous-même données dans la première partie de cet ouvrage, que les siennes ne sont pas toujours véridiques : « La rime batelée, dit-il29, qui consistoit à faire rimer le repos du second vers avec le vers précédent, la rime fraternisée, qui répétoit au commencement du vers suivant le dernier mot du premier dans un sens équivoque ou autrement, la rime brisée où les premiers hémistiches des vers rimoient entre eux et faisoient seuls un sens parfait, la rime emperière, qui était la double répétition de la dernière syllabe du vers dans le même vers, la rime annexée, qui offroit la derniere syllabe du premier vers au commencement du suivant, la rime couronnée où l'on trouvoit à la fin du même vers deux mots qui avoient beaucoup de ressemblance la rime enchaînée, qui étoit une espèce de gradation de mots, qu'on répétoit d'un vers à l'autre, la rime équivoque, qui offroit la dernière syllabe de chaque vers au commencement ou à la fin du vers suivant, sous une autre signification, la rime kyrielle, où l'on répétoit le même vers à la fin de chaque couplet ». Les erreurs de détail n'empêchent pas qu'on ne condamne avec énergie des amusements qu'on juge aussi “gothiques” que puérils : « Ce retour des mêmes sons dans un espace mesuré et en quelque sorte prévû par l'habitude de l'oreille, dit également l'abbé Joannet, n'étant pas sans quelque agrément, nos premiers poëtes, qui se voyoient réduits à cette indigente harmonie, multiplierent les rimes dans tous les espaces où ils la soupçonnerent propre à flatter l'oreille ; c'est ce qui donna naissance dans notre langue à plusieurs ouvrages d'une poësie vraiment barbare et dont le goût est heureusement éteint... Les laborieux auteurs de ces stériles productions, non contens de s'être asservis aux regles difficiles de ces frivoles ouvrages, chercherent encore à resserrer leur pauvre génie dans des entraves gênantes ; ils inventèrent la rime senée, où tous les mots de chaque vers doivent commencer par une même lettre... »
29Le classicisme est hostile à toutes ces absurdités et le xviiie siècle ne conserve que les rimes en usage au xviie. Il y a cependant une nouveauté qui mérite d'être signalée, c'est la faveur que rencontre la rime continue, c'est-à-dire celle qui se répète indéfiniment, sans changer en aucune façon, jusqu'à la fin d'un poème. Ce goût va de pair avec celui qu'on manifeste pour les mètres courts, où les homophonies apparaissent à des intervalles très rapprochés. Le jeu dont il s'agit ici consiste à épuiser le dictionnaire des rimes en des vers de six à huit syllabes, parfois de moindre dimension, ce qui transforme chaque pièce en une espèce de bouts-rimés. On voit tout de suite que de telles fantaisies ne trouvent point place dans les grands genres, et qu'elles sont réservées aux poésies légères lorsque le versificateur veut faire montre de dextérité : « Le monorime, écrit l'abbé Joannet30, est un badinage dans lequel on n'emploie qu'une seule rime ; il n'a point de regle particuliere. Il sera toujours agréable si les rimes n'en sont point forcées, qualité essentielle, puisque cet ouvrage ne peut être, dans l'intention du poète, qu'une preuve de sa facilité à rimer ». L'exemple que donnent les traités modernes est la pièce de Lefranc de Pompignan intitulée Le Château d'If, qu'il a insérée dans son Voyage de Languedoc et de Provence. Mais il en existe d'autres, en assez grand nombre. En voici une de l'abbé de Lataignant ; ce sont des vers datés de Turin, qu'il a adressés à Mme de Gruyn, et dont toutes les finales sont en -ance :
Je suis ici dans l'abondance,
La grande chère et la bombance ;
J'y fais grand fonds de sapience,
Je me tais beaucoup par prudence,
Et ne dis point ce que je pense,
S'il peut tirer à conséquence,
A cause de la manigance
Qui s'y pratique à toute outrance...
Je trancherois de l'éminence
Et ferais l'homme d'importance,
Si j'avois un peu de finance.
Je vous supplie avec instance
D'implorer pour moi la clemence
De ma mère, et qu'en diligence
Elle aide un peu mon indigence :
Je vous en enverrai quittance.
30L'abbé Charuel d'Antrain, dans son recueil, n'a pas imprimé moins de trois poèmes semblables. Le premier, un Compliment en Vers monorimes sur la Cérémonie d'un Baptême, a été écrit en 1739 sur des rimes en -ise et compte 58 vers. J'en transcris le début :
Melpomène, rimons en -ise.
Que ce beau jour l'on solemnise,
Puisqu'un grand prélat de l'Eglise
Un enfant nouveau-né baptise,
Qu'une duchesse en grace exquise
En est la marraine requise,
Qu'un comte que l'on préconise
Pour son esprit et sa franchise
En est le parrain : sans remise,
Pour lundi la mesure est prise,
Après midi, l'heure est précise...
31Le second, un Compliment en Vers monorimes, sur le Mariage de Monsieur le Marquis de... avec Mademoiselle de ne comporte que des finales en -age et est long de 67 vers. Le troisième, un Compliment en Vers monorimes, à la louange d'un Prélat, n'emploie que des terminaisons en -ique, a été composé en 1730 et compte 101 vers31. Tout cela, bien évidemment, n'a rien à voir avec la haute poésie. On remarquera que les rimes continues sont par définition soustraites à la loi de l'alternance et qu'elles se présentent par groupes compacts dans le virelai, et parfois dans l'opéra-comique.
32Mais les genres sérieux ont d'autres habitudes. Une rime qui règne dans la tragédie et l'épopée, mais qu'on rencontre aussi dans les poèmes didactiques, dans la comédie, dans l'églogue, dans la satire, dans l'élégie, est la rime plate, qu'on nomme au xviiie siècle rime suivie. C'est la plus noble de toutes. Elle est assez connue pour qu'il soit inutile d'en donner un exemple. « On ne fait guère, écrit Restaut32, que quatre sortes de vers suivis : 1° les vers de douze syllabes ou alexandrins... 2° les vers de dix syllabes ou communs, qui sont en usage dans les ouvrages d'un style naïf et familier, telles que sont les épîtres de Marot, les épîtres et les allégories de Rousseau. 3° On fait encore des vers suivis de huit syllabes, mais l'usage en est assez rare, et on ne s'en sert guère dans des sujets sérieux. Si l'on fait quelquefois des vers suivis de sept, de six, ou d'un moindre nombre de syllabes, ce n'est que dans des pièces badines et de caprice. 4° Une autre sorte de vers suivis qui est fort belle, quoiqu'elle ne soit pas fort ordinaire, est de mettre alternativement un vers de six syllabes à la suite d'un grand vers avec des rimes suivies ». Marmontel33 ajoute que, dans les pièces écrites en rimes plates, le sens peut finir avec le premier vers de chaque distique et commencer avec le second, sans que la rime et la pensée soient dans l'obligation de se clore ensemble.
33Beaucoup de traités de versification, comme celui de Demandre, désignent sous le nom de rimes croisées à la fois les rimes croisées proprement dites, du type abab, et les rimes embrassées, du type abba. D'autres encore, comme ceux de Restaut et Domergue, appellent du terme général de rimes mêlées ou entremêlées toutes celles qui ne sont pas des rimes plates, ce qui peut créer une certaine confusion, car le nom de rime mêlée doit être réservé à une autre combinaison, que nous examinerons plus loin. « Les rimes sont appellées entremêlées, dit Restaut34, lorsqu'une rime masculine est séparée de celle qui y répond par une ou deux rimes féminines, ou lorsqu'entre une rime féminine et sa semblable il se trouve une ou deux rimes masculines, comme dans ces exemples :
- Vous, qui ne connoissez qu'une crainte servile, Ingrats, un Dieu si bon ne peut-il vous charmer ? Est-il donc à vos yeux, est-il si difficile
Et si pénible de l'aimer ?- Dieu parle, et nous voyons les trônes mis en poudre,
Les chefs aveuglés par l'erreur,
Les soldats consternés d'horreur,
Les vaisseaux submergés, ou brisés par la foudre. »
34On notera que les rimes du premier quatrain sont croisées, et celles du second embrassées, mais que Restaut leur donne le même nom. Voici d'autre part la définition de Domergue35 : « Lorsque les rimes masculines et féminines se succèdent l'une à l'autre, et se mêlent au gré du poète, on les appelle rimes croisées, comme dans cette fable de M. Barbe :
Un enfant s'admiroit, monté sur une table :
Je suis grand, disoit-il ; quelqu'un lui répondit :
Descendez, vous serez petit.
Quel est l'enfant de cette fable ?
Le riche qui s'enorgueillit.
35Dans ces vers, malgré le terme que Domergue emploie, il s'agit à proprement parler de rimes mêlées, que le cinquain rend d'ailleurs nécessaires, à moins qu'on ne veuille y voir, à cause des trois finales en -it, des rimes redoublées. Les rimes croisées et embrassées sont très appréciées au xviiie siècle, on les préfère aux rimes plates auxquelles on reproche souvent d'être trop monotones ; elles sont pour ainsi dire obligatoires dans l'ode où les deux combinaisons se succèdent ordinairement pour former un huitain, ainsi que dans les stances et dans les épigrammes ; le type abba est régulièrement celui que doivent présenter les deux quatrains du sonnet.
36Il y a peu de chose à dire des rimes redoublées, que les traités du xviiie siècle, sauf exception, ne mentionnent même pas, mais qui se rencontrent souvent dans la poésie lyrique, où le retour des mêmes finales, sans continuité toutefois, est assez fréquent dans des septains abbacac, aababcc, aabcbcb, aabcbbc, dans des neuvains ababccdcd, ou encore dans des rondeaux, tandis qu'il y a continuité dans certains poèmes familiers, sans parler des comédies à ariettes où Favart les prodigue. L'abbé Joannet et l'abbé Mallet leur ont pourtant consacré quelques lignes. Celui-ci ne les aime pas beaucoup : « Les rimes redoublées choquent par l'uniformité. C'est ce qui rend insipides quelques pièces de Mme Deshoulières et du P. Du Cerceau »36. Celui-là au contraire leur est infiniment plus favorable : « Vous trouverez, dit-il, dans Le Temple du Goût (de Voltaire) et dans d'autres petits ouvrages de différents auteurs, trois rimes de même espèce placées de suite. Cela ne se permet que dans les poésies aisées et badines. Cette combinaison plaît assez à l'oreille ». Ailleurs il a cité avec éloge une pièce de Gresset construite seulement sur deux finales37 :
Dans cette retraite chérie
De la sagesse et du plaisir,
Avec quel goût je vais cueillir
La première épine fleurie,
Et de Philomène attendrie
Recevoir le premier soupir !
Avec les fleurs, dont la prairie
A chaque instant va s'embellir,
Mon âme, trop longtemps flétrie,
Va de nouveau s'épanouir,
Et sans pénible rêverie
Voltiger avec le zéphir (Epître à sa sœur)
37Voltaire, qui ne déteste pas les rimes redoublées, a combattu l'opinion selon laquelle Chapelle aurait été le premier qui en eût fait usage ; il a indiqué que Voiture et d'Assoucy les ont employées avant lui38. Lui-même juge qu'elles ont de l'harmonie et de la grâce et, bien qu'elles engendrent parfois une abondance stérile, il n'a pas dédaigné de s'en servir dans des pièces légères :
38Mais je sais qu'il vous favorise :
Entre vos mains il a remis
Les clefs de son beau paradis,
Et vous êtes à mon avis
Le vrai pape de cette Eglise...
Voltaire simplement fera
Un récit court qui ne sera
Qu'un très frivole badinage.
Mais son récit on frondera,
A la cour on murmurera,
Et dans Paris on me prendra
Pour un vieux conteur de voyage.
39Demandre39, qui cite ces vers, constate que les rimes redoublées contreviennent à deux règles de la versification française, celle qui veut qu'on ne puisse écrire plus de deux rimes de même timbre, et celle qui interdit d'aligner plus de deux vers qui ne soient mélangés d'aucune finale féminine ou masculine, selon le genre des premiers. Selon lui, cette combinaison est cependant à sa place dans des poèmes sans prétention, comme les chansons et les épigrammes.
40Nous en arrivons enfin40 aux rimes mêlées ou entremêlées qui réunissent tous les arrangements énumérés jusqu'ici. On y rencontre des rimes plates, des rimes croisées, des rimes embrassées, des rimes redoublées, qui se succèdent au gré de l'écrivain. Les rimes mêlées appartiennent en propre aux vers libres : « On appelle vers libres, dit Restaut41, ceux qui n'ont aucune uniformité ni pour le nombre des syllabes, ni pour le mélange des rimes, et qui ne sont point partagés en stances : c'est-à-dire que, dans les pièces en vers libres, un auteur peut entremêler les rimes à son choix, et donner à chaque vers le nombre de syllabes qu'il juge à propos, sans suivre d'autres règles que les règles générales de la versification. On met ordinairement en vers libres les sujets qui ne demandent qu'un style simple et familier, comme les fables, les contes, et même quelquefois les comédies, ou les poèmes destinés à être chantés, comme les opéras et les cantates. Dans les vers libres, sur-tout dans ceux qui sont faits pour la musique, il est permis de mettre trois vers de suite sur la même rime masculine ou féminine ».
41Cependant Restaut est en partie inexact. En effet il ne dit pas que la poésie la plus noble peut fort bien s'accommoder des rimes mêlées, puisque le morceau le plus majestueux de la poésie classique, la prophétie de Joad, ainsi que le fait observer Marmontel, est écrit dans cette forme :
Quelle Jérusalem nouvelle
Sort du fond du désert brillante de clartés
Et porte sur le front une marque immortelle ?
Peuples de la terre, chantez.
Jérusalem renaît plus charmante et plus belle.
D'où lui viennent de tous côtés
Ces enfants qu'en son sein elle n'a point portés ?
Lève, Jérusalem, lève ta tête altière.
Regarde tous ces rois de ta gloire étonnés.
Les rois des nations, devant toi prosternés,
De tes pieds baisent la poussière ;
Les peuples à l'envi marchent à ta lumière.
Heureux qui pour Sion d'une sainte ferveur
Sentira son âme embrasée !
Cieux, répandez votre rosée,
Et que la terre enfante son Sauveur.
42En outre, les rimes mêlées, loin d'être réservées aux vers libres, se rencontrent dans de très nombreux poèmes isométriques. Elles ont été employées avec des alexandrins, non seulement dans la tragédie de Tan-crède, mais encore dans Les Baisers, de Dorat, ou avec des décasyllabes dans le Vert-Vert de Gresset, ou avec des octosyllabes, comme dans L'Epître à M. Titon du Tillet de Desforges-Maillart, ou dans la Réponse à l'Epître de M. de Voltaire, de Marmontel ou dans des quantités d'autres poèmes. Voltaire a usé de cette combinaison avec une prédilection très évidente. On la trouve dans beaucoup de ses petites pièces de vers, dont l'une, le Précis de l'Ecclésiaste, a été écrite dans la forme strophique. Ses contes en vers sont pour les trois quarts en rimes mêlées ; cinq de ses satires, parmi lesquelles Le Mondain, présentent la même indépendance. Selon la statistique de Ph.-A. Becker42, on compte cent dix pièces isométriques et soixante-dix pièces hétérométriques écrites de cette manière sur les cinq cent quarante qu'il a composées.
43Dernière règle enfin, qu'avaient déjà formulée les métriciens du xviie siècle : quelle que soit la disposition choisie, il est recommandé aux poètes de ne jamais reprendre une rime avant que l'oreille puisse en avoir perdu le souvenir, ou bien, de faire se succéder deux rimes masculines et deux rimes féminines de même timbre. « Le principal défaut que l'on doit éviter dans les vers suivis, dit Restaut43, est de faire rimer deux vers masculins avec deux vers masculins, quand ils ne sont séparés que par deux vers féminins, ou deux vers féminins avec deux vers féminins, quand ils ne sont séparés que par deux vers masculins ». Et il dit également : « La consonnance ou la convenance des sons dans les rimes masculines et féminines qui se suivent, produit encore un effet désagréable à l'oreille ». Comme ces deux cas ont déjà été examinés, avec exemples à l'appui44, il est inutile d'y revenir. Restaut ne cite que des alexandrins empruntés à des tragédies, mais Demandre ne restreint pas cette règle aux vers à rimes plates ; il l'étend à ceux qui présentent des rimes mêlées, c'est-à-dire vraisemblablement croisées et embrassées, quand elles se suivent « dans un ordre régulier et uniforme ». L'intervalle de six vers qu'il exige doit même être plus considérable, si le poète reprend les mots dont il s'est déjà servi.
Notes de bas de page
1 . Cf. supra.
2 . Abbé Joannet, T. I, p. 32-33 ; Sabatier de Castres, au mot ”Cadence”.
3 . Demandre, T. II, p. 337.
4 . F.M.A.D.M.D.B.D., p. 31.
5 . Domergue, p. 294.
6 . Le P. Buffier, Abrégé, p. 500.
7 . Restaut, p. 463 ; Demandre, T. I, p. 390 sq., au mot ”Enjambement” ; de Wailly, p. 523 ; Domergue, p. 289 ; Poët. fr., T. I, p. 20 ; Encyclopédie (Jaucourt), au mot ”Enjambement”.
8 . F.M.A.D.M.D.B.D., p. 52.
9 . Demandre, T. I, p. 390.
10 . Idem, ibid., p. 393-394.
11 . Poët. fr., T. I, p. 20. Cependant cette interprétation est peut-être discutable, à cause de la ponctuation que présentent les éditions de 1669 et 1697 :
Puis donc qu'on nous, permet, de prendre, Haleine, et que l'on nous, défend, de nous, étendre...
Ici l'Intimé, fatigué, au lieu de prononcer une phrase bien faite, laisse tomber des mots séparés et ”bafouille”.
12 . Restaut, p. 463.
13 . Jaucourt, Encyclopédie, au mot ”Enjambement”.
14 . Domergue, p. 289.
15 . M.-J. Chénier, T. VIII, p. 273 sq.
16 . Demandre, T. II, p. 338.
17 . De Wailly, p. 519.
18 . Restaut, p. 479.
19 . Voltaire, Lettres sur Œdipe, V, T. II, p. 53.
20 . Restaut, p. 477.
21 . Demandre, T. I, p. 337 et 341.
22 . L. Racine, T. I, p. 226.
23 . Voltaire, T. II, p. 53.
24 . Ces dépouillements proviennent des ouvrages suivants : J.-B. Rousseau, Œuvres, 2 vol., 1799, I (Odes) et II (Epîtres) – Voltaire, éd. Hachette in-16, La Henriade (Henr.), T. VII ; Mahomet (Ma.), T. III ; Mérope (Mér.), T. III ; Les Lois de Minos (L. de M.), T. VI ; Irène (Ir.), T. VI ; La Henriade est de 1723, ces quatre tragédies de 1741, 1743, 1773, 1778, ce qui permet d'embrasser toute la carrière de l'auteur. – Saint-Lambert, Les Saisons, Amsterdam, 1777 – Delille, L'Enéide, éd. Michaud de 1814 ; je me suis borné à lire les deux premiers volumes (I et II), qui contiennent les six premiers chants – A. Chénier, éd. Dimoff, T. I et II – Les chiffres renvoient aux pages des éditions consultées ; dans mes listes, le mot en caractères gras fait rime avec tous ceux qui suivent et dont il n'est séparé que par les deux points.
25 . Demandre, T. II, p. 335.
26 . Domairon, p. 22.
27 . Passe encore dans un opéra-comique, genre à propos duquel on ne saurait se montrer sévère. Mais Demandre (T. I, p. 110) traite de “licence” le cas suivant, qu'il a relevé chez J.-B. Rousseau :
Le Dieu qui vous fait aimer Vous enivre de ses charmes, Mais d'un amour sans alarme On doit toujours s'alarmer. Craignez, amant trop heureux, Votre félicité même.
28 . Marmontel, El. de Litt., T. VI, p. 466.
29 . Abbé Joannet, T. II, p. 160 sq.
30 . Abbé Joannet, T. I, p. 56.
31 . Charuel d'Antrain, p. 82, 84, 86.
32 . Restaut, p. 489.
33 . Marmontel, El. de Litt., au mot ”Vers”, T. VI, p. 471.
34 . Restaut, p. 489.
35 . Domergue, p. 297.
36 . Abbé Mallet, Poètes, T. I, p. 67.
37 . Abbé Joannet, T. I, p. 56 et T. II, p. 189.
38 . Voltaire, T. XIX, p. 71.
39 . Demandre, T. I, p. 109.
40 . Je ne reviens pas ici sur la rime en écho. J'en ai déjà parlé à propos du Sonnet, cf. supra, p. 105-106.
41 . Restaut, p. 500.
42 . Ph.-A. Becker, Zur Geschichte der Vers libres, p. 120.
43 . Restaut, p. 490.
44 . Cf. supra.
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