Histoire du vers français. Tome IV
Deuxième partie : Le XVIe et les XVIIe siècles. Les éléments constitutifs du vers ; la déclamation
Extrait
Le grand fait qui signale la Renaissance est le retour à l'Antiquité, considérée comme la source de toute lumière. Le Moyen Âge ne l'avait pas ignoré tout à fait ; mais, à partir du xvie siècle, on la connaît beaucoup mieux et on s'efforce de l'imiter dans ses formes et dans son style. Cette résurrection s'opère par l'intermédiaire de l'Italie. L'influence italienne s'était déjà quelque peu fait sentir dans notre littérature dès le début du xve siècle : les guerres transalpines, dont la premiè...
Éditeur : Presses universitaires de Provence, Éditions Boivin
Lieu d’édition : Aix-en-Provence
Publication sur OpenEdition Books : 30 janvier 2013
ISBN numérique : 978-2-8218-2739-4
DOI : 10.4000/books.pup.1301
Collection : Hors collection
Année d’édition : 1988
Nombre de pages : 293
Livre premier. Les éléments constitutifs du vers
Première section. La césure et la Rime
Deuxième section. Le syllabisme et le Rythme
Livre deuxième. La Déclamation
Le grand fait qui signale la Renaissance est le retour à l'Antiquité, considérée comme la source de toute lumière. Le Moyen Âge ne l'avait pas ignoré tout à fait ; mais, à partir du xvie siècle, on la connaît beaucoup mieux et on s'efforce de l'imiter dans ses formes et dans son style. Cette résurrection s'opère par l'intermédiaire de l'Italie. L'influence italienne s'était déjà quelque peu fait sentir dans notre littérature dès le début du xve siècle : les guerres transalpines, dont la première eut lieu sous le règne de Charles VIII, la précipitèrent, et elle finit par s'épanouir complètement à l'avènement de la Pléiade, aux environs de 1550. Les Italiens s'étaient inspirés des Anciens.
Les Français suivirent leur exemple. Ils renoncèrent à ce qu'il y avait de national dans notre poésie, le lai, le virelai, le rondeau, la ballade ; ils remplacèrent ces formes par les genres qui, après avoir fleuri en Grèce et à Rome, brillaient de nouveau dans la péninsule. Ainsi l'épopée homérique et virgilienne, la tragédie, la comédie, l'ode, l'élégie, l'églogue, la poésie didactique et la poésie satirique reparurent avec l'éclat d'une nouvelle jeunesse, accompagnées de quelques créations inconnues de l'Antiquité, mais que légitimait leur origine italienne, puisqu'il était avéré que les Italiens avaient conservé les secrets des Latins respectés et glorieux.
Ce serait une question que de décider si l'élimination presque totale des formes « gothiques » dont s'était servi le Moyen Âge doit être approuvée sans réserve. En tout cas, commencée au xvie siècle, elle a été énergiquement continuée pendant le xviie, de telle sorte que, pendant près de trois cents ans, notre littérature poétique s'est inscrite dans les cadres qu'avait tracés l'Antiquité.
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