Les termes multilinguisme et plurilinguisme
Problèmes de distinction et de traduction : le cas du russe
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Mots-clés : traduction, russe, plurilinguisme, multilinguisme
Texte intégral
1En analyse conceptuelle et socio-politique, la terminologie est centrale. Quand en français on dit multilinguisme, cela ne signifie pas exactement la même chose que plurilinguisme. Or assez souvent le terme multilinguisme est employé dans le sens de plurilinguisme. Mais que veulent dire ces termes, et comment ces termes sont-ils nés ? Plurilinguisme est attesté en français à partir de 1956, et multilinguisme apparaît presque à la même époque, en 19601.
2La fortune connue par ces deux termes français vient directement des travaux du Conseil de l’Europe et plus précisément des travaux relatifs au CECR, et leurs sens actuels résultent de la nécessité de nommer des situations linguistiques individuelles et collectives (pour plus de détails, voir Tremblay 2007 et Cailleux, Sakhno, Tremblay 2015). Une spécialisation du sens s’établit entre multilinguisme et plurilinguisme par la nécessité de disposer de deux termes différents, sans que la distinction découle de manière évidente de la distinction entre les morphèmes multi- et pluri- . Un individu peut être dit multilingue ou plurilingue : c’est strictement la même chose. Toutefois, si on raisonne au niveau collectif, on peut avoir une collectivité composée de plusieurs communautés parlant des langues différentes, mais étant chacune monolingue, ou bien une collectivité composée de citoyens qui parlent plusieurs langues. Dans un souci de simplification qui semble faire consensus, on tend à appliquer le concept de plurilinguisme à l’individu et celui de multilinguisme à la collectivité. Cette règle est toutefois trompeuse, car les deux termes s’appliquent aussi bien au niveau individuel qu’au niveau collectif. Mais alors qu’au niveau de l’individu, leur sens est identique, au niveau collectif, il y a divergence. Dans l’absolu, le terme plurilinguisme va s'appliquer à un idéal de société où chacun des individus connaît plusieurs2 langues, et le terme multilinguisme va caractériser, en théorie, une société composée de groupes d’individus parlant différentes langue, chaque individu étant monolingue.
3Cependant, alors que la signification de plurilinguisme au niveau collectif est sans équivoque, en revanche, pour multilinguisme, on a une plasticité qui permet de dire avec le même terme une chose et son contraire3. On pourrait dire que le contraire d’un pays plurilingue, sur la base du critère linguistique, est un pays monolingue, c’est à dire composé d’individus monolingues. Si ces individus sont effectivement monolingues, mais de langues différentes (peu importe le nombre de langues), ce pays, bien que composé d’individus monolingues, sera néanmoins dit multilingue, car plusieurs langues coexistent en son sein.
4Sur cette base, l’écart de sens entre plurilinguisme et multilinguisme va s’accroître dès lors qu’on développe autour du plurilinguisme un certain nombre de recherches d’ordre didactique et sociolinguistique. On va ainsi associer plurilinguisme au concept d’« éducation plurilingue et interculturelle ». Et l’on ne rencontre que très rarement l’expression éducation multilingue et interculturelle. Dans la conception de l’éducation plurilingue et interculturelle, on va considérer les langues et les compétences en langues comme une compétence globale, tout locuteur se forgeant au-delà de chaque langue particulière, une compétence métalinguistique, donc une compétence transverse qu’il pourra réinvestir dans l’acquisition de toute autre langue. Et l’expression éducation multilingue ne devient possible qui si l’on raisonne en termes de compétences plurilingues (Mosca, 2012).
5La distinction entre plurilinguisme et multilinguisme s’est manifestement précisée en français, mais pas nécessairement dans toutes les langues du Conseil de l’Europe qui, selon un processus qui n’a rien d’exceptionnel dans l’histoire, fait œuvre de création terminologique. L’espagnol connaît plurilingüismo et multilingüismo. L’allemand utilise massivement Mehrsprachigkeit, qui est environ sept fois plus fréquent, selon Google (consulté en mai 2017), que Vielsprachigkeit, ce qui semble correspondre à une tendance récente, liée à la politique européenne du plurilinguisme4. Le bulgare distingue полиглотия poliglotija (emprunt au grec) et многоезичност mnogoezičnost (de formation slave, qui calque le terme grec5). En tchèque, le latinisme multilingusmus cohabite avec son calque slave mnohojazyčnost. En italien, outre plurilinguismo et multilinguismo, on observe poliglottismo.
6En anglais, on distingue désormais multilingualism et plurilingualism. Cependant, l’anglais privilégie nettement multilingualism qui est environ 23 fois plus fréquent que plurilingualism sur Internet (selon Google, consulté en mai 20176). Selon (Tremblay 2007), ce phénomène est explicable, car le multilinguisme d’inspiration anglo-saxonne est un « multilinguisme sans plurilinguisme », très lié aux idées communautaristes, ethnicistes, qui ont marqué la recherche américaine depuis une quarantaine d’années, dont les racines plongent dans l’histoire des Etats-Unis. Dans cette conception, la représentation de la société est celle d’une juxtaposition de communautés animées par des sentiments identitaires, qui communiquent peu entre elles quand elles ne se haïssent pas. Le ciment de ces communautés, c’est la constitution américaine et la langue anglaise. Sous une forme à peine plus acceptable, c’est le même multilinguisme que le British Council s’est efforcé de vendre et continue de promouvoir en Europe. Ce multilinguisme, c’est le multilinguisme des langues régionales et minoritaires contre et non avec les langues officielles européennes. Le but géostratégique est évidemment d’asseoir l’hégémonie de l’anglais, les langues régionales et minoritaires devenant les témoins de sociétés dépassées par la modernité.
7Pour en revenir à la structure des termes qui nous intéressent : quant aux morphèmes français d’origine latine multi- et pluri-, ils ne sont pas toujours équivalents dans la dérivation lexicale, notamment dans de nombreux termes scientifiques, techniques, socio-politiques, juridiques, commerciaux (etc.) en français. En latin, la formation en multi- était habituelle, avec souvent l’idée de grande quantité (multiscius ‘qui sait beaucoup’, multipotens ‘très puissant’, multivolus ‘qui a beaucoup de désirs’, multiflorus ‘couvert de beaucoup de fleurs’) multinubius ‘qui a eu beaucoup de mariages ou beaucoup d’épouses / d’époux’, multivagus ‘qui voyage beaucoup, nomade’7), alors que celle en pluri- était bien plus rare, avec l’idée de diversité (pluriformis ‘de formes diverses’).
8En français d’aujourd’hui, multi- semble plus productif que pluri-, et il figure dans multirécidiviste, multilatéral, alors que *plurirécidiviste serait anormal, et plurilatéral est plus rare8. Un avion ou un canapé peut être multiplace (*pluriplace étant problématique), une huile sera multigrade (utilisable par toutes températures), mais non *plurigrade. Et on connaît la fortune du mot multimédia, en regard de l’étrangeté de *plurimédia. En revanche, pluridisciplinaire est normal, tout comme plurivalent (synonyme de polyvalent), alors que multidisciplinaire, multivalent sont possibles mais paraissent un peu contraints.
9À titre d’hypothèse, on peut penser que dans les cas de ce type, pluri- relève du « comparatif », du « dynamique », du « non stabilisé » et implique un modèle conceptuel « ouvert » – à la différence de multi- qui relève du « positif-absolutif », du « statique », du « stabilisé » et qui connote un modèle conceptuel « fermé ».
10La différence de sens entre les adjectifs pluriel et multiple est parfois du même ordre, et c’est sans doute pour cette raison qu’on dira plus difficilement gauche multiple que gauche plurielle. Mais cela s’explique aussi par le fait que pluriel comporte un sème d’« unité constructive », sème qui est peu présent dans multiple.
11Dans d’autres cas, l’équivalence théorique (qui ne se vérifie pas forcément dans l’usage scientifique et technique, dans tel domaine particulier) est certaine : sémantiquement, on a du mal à différencier multicellulaire et pluricellulaire, multiculturel et pluriculturel, multiethnique et pluriethnique.
12Qu’en est-t-il du russe ? Traditionnellement, le russe emploie многоязычие mnogojazyčie ‘multilinguisme, plurilinguisme’ dans différents sens (plus de 180 000 résultats sur Google), et l’opposition entre « multilinguisme » et « plurilinguisme » est souvent difficile à déceler dans l’ensemble de ses emplois. La loi du 25 octobre 1991 « À propos des langues de la Fédération de Russie » stipule :
Государство на всей территории Российской Федерации способствует развитию национальных языков, двуязычия и многоязычия. (http : constitution.garant.ru/act/right/10148970/chapter/1/)
Sur tout le territoire de la Fédération de Russie, l’Etat contribue à l’épanouissement des langues locales, du bilinguisme et du multilinguisme9.
13Il existe également un terme многоязычность mnogojazyčnost’ (57 000 résultats sur Google), dont l’utilisation est plus limitée : il apparaît souvent dans des expressions du type многоязычность caйта ‘multilingualité d’un site Internet’, et ce terme est sans doute calqué sur angl. multilinguality. Par rapport à многоязычие, il fonctionne bien plus rarement comme un équivalent relatif de fr. plurilinguisme, all. Mehrsprachigkeit, mais ce fonctionnement est possible dans les textes récents ou datant du début des années 2000, voir notamment le texte [http://www.partner-inform.de/partner/detail/2001/7/273/6312/mnogojazychnost-chto-jeto-takoe].
14L’apparition des termes мультилингвизм mul’tilingvizm et плюрилингвизм pljurilingvizm (avec comme variante плюрилингвализм pljurilingvalizm, sous l’influence sans doute de l’angl. plurilingualism) est un phénomène relativement nouveau. On les observe en particulier dans des textes russes qui résument ou commentent la politique européenne du plurilinguisme (Жихарева 2012, Рекош 2014a, 2014b, Пономарева 2015, Хэкетт-Джонс 2016, etc.). Assez souvent, многоязычие y fonctionne comme synonyme de мультилингвизм (et les deux termes apparaissent accolés, avec une barre oblique, « slash », comme une sorte de composé). Quant à плюрилингвизм, il ne se rapproche pas sémantiquement ni conceptuellement du terme savant d’origine gréco-latine полилингвизм polilingvizm10, dans la mesure où ce dernier semble fonctionner comme une sorte de terme générique assez vague. Dans l’extrait suivant, inspiré très probablement de l’étude (Tremblay 2007)11, nous mettons en italique les termes qui nous intéressent :
Анализ публикаций по рассматриваемой теме даёт основание утверждать, что в понятиях «мультилингвизм» («многоязычие») и «полилингвизм» присутствует неопределённость. Проще говоря, существует не одна, а две противоположные концепции мультилингвизма, рассудить которые призвано понятие плюрилингвизма. Различие связано с определением плюрилингвизма, данным Советом Европы. Плюриязычным считается лицо, владеющее (на разных уровнях компетенции) несколькими языками. Термин «мультилингвизм»/«многоязычие», применительно к обществу, не позволяет точно определить, является ли это знанием людьми нескольких языков, или это просто сосуществование нескольких языков в этом обществе. Плюрилингвальным является общество, члены которого в большинстве своём плюриязычны и существуют в рамках «диалога культур», а термин «мультилингвизм»/«многоязычие» имеет обобщающий и неопределённый характер. (http://www.donippo.org/2017/04/21/ мультилингвизм-vs-плюрилингвизм, 2017)
« L’analyse des publications sur cette question permet d’affirmer que les notions de « multilinguisme » et de « polylinguisme » sont floues. Pour dire les choses simplement : il existe deux conceptions opposées du multilinguisme, dont la clarification doit se faire par la notion de plurilinguisme, telle que définie par le Conseil de l’Europe. Un individu plurilingue est celui qui maîtrise (à différents niveaux) plusieurs langues. Le terme multilinguisme, appliqué à une société, ne permet pas de préciser s’il s’agit d’individus dont chacun connaît plusieurs langues, ou bien si on affaire à la coexistence de plusieurs langues au sein de la société en question. Une société plurilingue est celle dont les membres sont majoritairement plurilingues et évoluent dans le cadre d’un « dialogue des cultures », tandis que le terme multilinguisme a un caractère généralisant et peu déterminé. »
15Un autre exemple caractéristique est constituée par la traduction russe réalisée par N. Balandina du texte français de l’article fondamental (Tremblay 2007). Cette traduction est intéressante du point de vue des solutions que la traductrice a cherchées pour surmonter les difficultés à la fois terminologiques et conceptuelles. Là aussi, многоязычие mnogojazyčie fonctionne souvent comme un synonyme quasi absolu de мультилингвизм mul’tilingvizm, et les deux termes apparaissent dans le texte accolés (par ailleurs, les deux sont entre guillemets, lorsque la traductrice veut souligner qu’il s’agit de termes et non de concepts). Aucun terme d’origine slave n’est suggéré pour rendre la spécificité de plurilinguisme (même si on pourrait penser à un terme comme разноязычие raznojazyčie12, de russe разный raznyj ‘divers’ et jazyk язык ‘langue’) : la traductrice opte pour плюрилингвизм pljurilingvizm, la transposition russe directe (légèrement latinisante) du terme français.
16Pour simplifier la présentation, nous citons le début du texte français (Tremblay 2007 : 1-3) en indiquant entre parenthèses, après le sigle TR (« traduction russe »), les traductions russes des termes français correspondants et en mettant les substantifs russes au cas nominatif et les adjectifs au nominatif masculin, sauf dans des séquences plus longues et plus complexes :
Le concept de multilinguisme (TR : мультилингвизм/многоязычие) est un concept ambigu que l'on retrouve avec son ambiguïté dans tous les débats européens à propos de la question européenne des langues. Pour simplifier, il existe non pas une conception mais au moins deux conceptions opposées du multilinguisme (TR : мультилингвизм) que le concept de plurilinguisme (TR : плюрилингвизм) a pour vocation de départager. Il est nécessaire de tenter d'abord une clarification sémantique pour déboucher plus loin sur des aspects géopolitiques et géostratégiques. Malraux a dit (mais il n’a pas été le seul) qu’un des grands drames de l’homme est de ne pouvoir nommer les choses. Les concepts de multilinguisme (TR : мультилингвизм) et de plurilinguisme (TR : плюрилингвизм) permettent de nommer des choses différentes, et on peut justifier sémantiquement ce choix. Il se trouve - est-ce pure coïncidence? - que la distinction est cohérente avec la définition du plurilinguisme (TR : плюрилингвизм) telle qu'elle est donnée par le Conseil de l'Europe. Pour la Division des Politiques Linguistiques, est plurilingue (TR : плюриязычный) la personne qui parle (à divers niveaux de compétences) plusieurs langues. Le terme de multilinguisme (TR : « мультилингвизм »/« многоязычие »), appliqué à la société, ne permet pas de distinguer selon qu’il y a connaissance par les individus de plusieurs langues ou simple coexistence de plusieurs langues dans cette société. C’est la raison pour laquelle, le complément naturel à cette proposition, que l’on reprend dans les premières lignes de la Charte européenne du plurilinguisme (TR : плюрилингвизм) c’est de dire qu’une société est plurilingue lorsqu'elle est composée d'individus majoritairement plurilingues (TR : обществом плюрилингвизма является общество, члены которого в большинстве плюриязычны), le terme de "multilinguisme" (TR : « мультилингвизм »/« многоязычие ») pouvant conserver son caractère globalisant et ambigu.
17La suite est assez délicate à traduire, et elle nécessite le recours à un doublet lexical (un couple de termes accolés par une barre oblique), afin de rendre le sens de pluralité en regard de multiplicité, ainsi qu’à une périphrase assez complexe pour rendre multiplication :
Chaque fois qu'on applique l'adjectif à une entité précise, la synonymie joue à plein : ex. : personne multilingue (TR : многоязычный) ou plurilingue (TR : плюриязычный), texte multilingue (TR : многоязычный) ou plurilingue (TR : плюриязычный), organisme multicellulaire ou pluricellulaire [séquence non traduite]. Par contre, quand on a affaire à un ensemble plus complexe, la pratique est plus floue. Multipartisme (TR : многопартийность) et pluripartisme (TR : плюрипартийность) sont indifférents en droit constitutionnel. Par contre, pluralité (TR : множественность/плюральность) n'est pas multiplicité (TR : многочисленность). La multiplicité (TR : многочисленность est plutôt la multiplication (TR : увеличение в количестве одного и того же) du même tandis que la pluralité (TR : множественность/плюральность) est la multiplication dans la diversité (TR : увеличение в многообразии). D’où la notion de pluralisme politique (TR : политический плюрализм) par exemple. […] L’Europe est sans nul doute multilingue (TR : многоязычнa), mais elle ne sera vraiment l'Europe que lorsqu'elle sera plurilingue (TR : плюриязычнa).
18On peut noter que pour d’autres termes également, multi- est traduit par много- (multipartisme > многопартийность), alors que pluri- est simplement transposé tel quel (pluripartisme > плюрипартийность) : la traductrice semble avoir du mal à trouver un morphème russe d’origine slave de sens correspondant.
19En guise de conclusion : la traduction en russe des termes français qui se rapportent à ces notions en en particulier à l’opposition multilinguisme / plurilinguisme pose des problèmes théoriques, conceptuels et proprement linguistiques. Si les scripteurs et les traducteurs russes rendent diversement le terme français multilinguisme dans ses emplois actuels, en raison sans doute de l’ambivalence du concept sous-jacent, le terme plurilinguisme a tendance à être transposé directement et à être rendu par плюрилингвизм (ou плюрилингвализм). Ces difficultés sont liées à la complexité et au caractère mouvant du domaine notionnel de « multilinguisme / plurilinguisme ».
Bibliographie
CAILLEUX Dorothée, SAKHNO Serguei, TREMBLAY Christian, 2015, Diversité linguistique européenne : les enjeux du plurilinguisme et du multilinguisme , in CAILLEUX Dorothée, SAKHNO Serguei, RAVIOT Jean-Robert, Multilinguisme en Europe et situations institutionnelles de plurilinguisme en Europe, Bern, Peter Lang, p. 9‑20.
MOSCA Silvana, 2012, Éducation multilingue et compétences plurilingues, Synergies, 8, 83‑91.
TREMBLAY Christian, 2007, Du multilinguisme au plurilinguisme, en ligne : [https://www.observatoireplurilinguisme.eu/images/Fondamentaux/plurilinguismemultilinguismev3.pdf], traduction russe par N. Balandina, 2008 : От мультилингвизма/многоязычия к плюрилингвизму, en ligne : [https://www.observatoireplurilinguisme.eu/images/Recherche/multilinguismeplurilinguisme%20russe.pdf].
TRUCHOT Claude, 1994, Le plurilinguisme européen, Paris, H. Champion.
ЕРМЕКОВА Жанна, КАДЕЕВА Майра, 2018, Концептосфера поликультурного образовательного пространства (мульти- или полилингвизм, основания терминологии), en ligne : [http://bilingual-online.net/index.php?option=com_content&view=article&id=1966%3Abilingual-polilingual&catid=4%3Avek-nyneshniy&Itemid=37&lang=ru].
ЖИХАРЕВА Татьяна 2012, Плюрилингвизм как альтернатива англосаксонскому доминированию в условиях глобализации, ЛЫКОВА Надежда (ред.), Плюрилингвизм и мультилингвизм: проблемы и стратегии развития, Тюмень, ТГУ, p. 83‑88.
ПОНОМАРЕВА Ольга, 2015, Стратегия мультилингвизма и изучения иностранных языков в Евросоюзе, Вестник ТГУ (Тюмень), 2, p. 23‑28.
РЕКОШ Карина, 2014а, Языковая политика в Европе - Вавилоне ХХI века, Вестник МГИМО, 3, p. 224‑231.
РЕКОШ Карина, 2014b, Мультилингвизм как принцип Суда Европейского союза, Вестник МГИМО, 6, p. 245‑252.
ХЭКЕТТ-ДЖОНС Александра, 2016, От билилингвизма к полилингвизму: концепции многоязычия в условиях новой образовательной реальности, Филологические науки, 3, p. 104‑106.
Notes de bas de page
1 L’anglais connaît l’adjectif multilingual depuis 1838, alors que l’adjectif multilingue était déjà attesté en français du XVIIe siècle, mais avec un sens bien spécifique : ‘hâbleur’ et ‘trompeur’.
2 Ou au moins deux, mais la question de savoir si le bilinguisme est une variété de multilinguisme / plurilinguisme est discutable.
3 Ce qui explique pourquoi le rapport entre ces deux concepts a pu être inversé, comme c’était le cas dans (Truchot, 1994).
4 « In den letzten Jahren hat das Konzept der Mehrsprachigkeit im Ansatz des Europarats zum Sprachenlernen an Bedeutung gewonnen. 'Mehrsprachigkeit' unterscheidet sich von 'Vielsprachigkeit', also der Kenntnis einer Anzahl von Sprachen, oder der Koexistenz verschiedener Sprachen in einer bestimmten Gesellschaft. », [https://www.goethe.de/Z/50/commeuro/103.htm].
5 Le terme полиглотия est très rare, à la différence du terme individuel полиглот, et il est appliqué uniquement à l’individu. Le terme многоезичност s’applique à la société, à la collectivité. Depuis quelques années, on utilise de plus en plus le terme мултилингвизъм (je remercie M. Gueorgui Armianov, MCF à l’Inalco, de ces précisions).
6 D’après (Tremblay 2007), multilingualism est environ 10 fois plus fréquent que plurilingualism sur Internet.
7 La plupart de ces formations ne sont pas perpétuées par le français : ainsi, en dépit du lat. multivira ‘qui a eu beaucoup de maris’, on ne peut pas dire en français *multivirile à propos d’une femme, dans un sens équivalent. En revanche, lat. multiplex ‘complexe ; composite ; varié ; qui se répète ; changeant ; polysémique’ correspond bien au terme fr. technique multiplex (1890), qui se dit d’une liaison par voie hertzienne ou téléphonique qui fait intervenir simultanément des participants situés dans des lieux distincts) et qui vient du latin, peut-être par l’intermédiaire de l’anglais. Ce mot latin semble reconnaissable dans le substantif fr. masculin multiplexe, à sens particulier (‘ensemble comprenant plusieurs sallles de cinémas’), mais sa formation en français est faite d’après le substantif fr. masculin complexe et elle date de 1993.
8 Multilatéral et plurilatéral sont des quasi-synonymes, notamment en droit et en politique. La nuance est la suivante : plurilatéral signifie deux parties et plus, multilatéral implique la présence de plus de deux parties. Lorsque plus de deux parties sont en cause, plurilatéral et multilatéral sont synonymes. Ils signifient soit qui émane de plusieurs parties, soit qui engage toutes les parties contractantes. Ils se disent d’actes qui sont au moins bilatéraux. Par exemple, appliqués à un acte juridique, les adjectifs multilatéral ou plurilatéral indiquent que, dans le cas d’un traité, celui-ci est commun à un certain nombre d’États. Accords, traités multilatéraux ou plurilatéraux; conventions, rencontres multilatérales ou plurilatérales. Seul le dérivé multilatéralisme est attesté dans les dictionnaires généraux et plurilatéralisme ne se trouve pas dans la documentation : « Ces négociations bilatérales combinées ont abouti à un multilatéralisme de fait. » Multilatéral tend à supplanter son concurrent ou, à tout le moins, à lui être préféré dans le vocabulaire de certains domaines spécialisés. Ainsi, dans le droit du développement, de la coopération et de l’aide internationale, c’est multilatéral que l’on trouve dans la terminologie établie : aide multilatérale, agences, organisations multilatérales, système multilatéral, banques multilatérales de développement. Il en est de même en droit aérien : accords, protocoles multilatéraux.
9 Nous proposons cette traduction par défaut, mais devrait-on plutôt traduire par plurilinguisme ? Notons que fr. polylinguisme serait possible et même préférable, car il neutralise la différence entre multilinguisme et plurilinguisme qui existe en français dans leur emploi actuel.
10 Son synonyme proche en russe est полиглоссия ‘polyglossie’, terme savant de formation plus cohérente, à partir de deux racines grecques, assez rare (seulement 1600 résultats sur Google).
11 Et probablement de la traduction russe de ce texte français, analysée par nous infra.
12 Ce terme figure dans les dictionnaires russes, et Google donne pour ce mot environ 8000 résultats. Cependant, il signifie non seulement ‘pluralité de langues’ mais aussi ‘présence, dans tel espace géographique, des peuples parlant différentes langues’. Les adjectifs correspondants sont разноязычный, разноязыкий (le second étant livresque et vieilli). Par ailleurs, son sémantisme le rapproche davantage de fr. mutilinguisme que de plurilinguisme.
Auteur
MCF HDR, U. Paris Nanterre, ssakhno@parisnanterre.fr
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Le plurilinguisme à l’épreuve de la traduction
Olga Artyushkina, Yulia Yurchenko et Charles Zaremba (dir.)
2020