Modélisation de l’image linguo-géographique d’une ville
L’expérience de la formation de l’accompagnement bilingue
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Mots-clés : traduction, russe, toponymes, translittération
Texte intégral
1Dans le contexte actuel de la mondialisation, la modélisation de l'image linguistique des villes modernes est une mission courante, qui devient un véritable défi pour chaque grande ville concernée. Beaucoup de capitales du monde sont confrontées à ce problème et l’abordent avec des degrés différents de succès.
2Généralement, le problème de la transposition des noms propres d'une langue étrangère est résolu par tradition. Cependant, même dans ce cas, on peut avoir des variations – par exemple, le nom de la ville de Севастополь est traduit en anglais soit par Sebastopol, où on observe un calque qui nous renvoie à un nom étymologiquement transparent – la cité « πόλις » majestueuse « σεβαστός », soit par Sevastopol sur la base de la transcription / translittération.
3La création de l'image linguistique d’une métropole européenne moderne s’avère une tâche linguistique multidimensionnelle ; tout d'abord, il est nécessaire d'élaborer un cadre unifié pour l’orthographe et la graphie des panneaux de navigation dans la langue maternelle ; deuxièmement, il est important de développer les principes de transposition des indications de navigation urbaine à l’aide d’une lingua franca qui soit claire pour un utilisateur étranger.
4Le premier volet de cette tâche est actuellement en cours de décision dans la ville de Moscou : apparemment, les spécialistes sont en train de travailler sur une graphie unifiée pour les pointeurs de rues (en russe notamment) et leur orthographe. L'analyse des décisions linguistiques relatives à la police de la navigation à Moscou pose une série de questions. Tout d'abord, il est pertinent d’entreprendre une étude du mécanisme de perception des noms des rues quand ils sont écrits, soit uniquement en majuscules – МЯСНИЦКАЯ, soit en majuscules et minuscules – Мясницкая. À première vue, la préférence pour la première solution semble évidente : la dénomination est plus visible, la police est unifiée, les panneaux sont plus faciles à discerner, etc. De plus, cette graphie supprime un autre problème – elle nous permet d’éviter des décisions erronées ou incohérentes vis‑à‑vis des noms composés dont le deuxième mot est un mot commun : la rue Охотный ряд (sur le bâtiment de la Douma) est désignée en totale conformité avec les normes d'orthographe du russe, alors que le nom de la rue *Земляной Вал est présenté d'une autre manière : les deux mots sont écrits avec une majuscule (ce qui provoque des objections légitimes – on n'écrit pas *Мясницкая Улица!), ce n'est pas compatible avec les règles d'orthographe du russe.
Figure 1

Crédits : les auteurs (à gauche) et Sté Krauff, Roumanie (à droite)
5Le deuxième défi de la création d'un système de navigation basé sur la translittération repose dans la nécessité de développer des principes spéciaux, en tenant compte de plusieurs facteurs. Le problème de la transposition (translittération) des noms propres apparaît relativement facile à résoudre, cependant, les solutions faciles sont valides uniquement pour les cas simples, alors que les cas marginaux nécessitent une étude spéciale.
6Tout d'abord, il est entendu que le système de navigation d’une ville européenne doit, probablement, être fondé sur le système de l'anglais ou être dérivé du latin. En d'autres termes, se pose le problème de la création d'un métalangage spécial dérivé de la langue naturelle, et en ce sens secondaire, comme toute langue artificielle développée avec l'accord des parties. Chaque langue artificielle est créée de manière ciblée pour résoudre des problèmes spécifiques, satisfaire les besoins d’un groupe spécifique d'utilisateurs (groupe cible) et elle est développée comme un système conforme à des critères univoques. Essayons de déterminer clairement (de définir) les critères qui permettraient de proposer une solution adéquate à la tâche pratique indiquée.
7L'un des principaux critères à considérer est le groupe cible, qui est dans ce cas-là un groupe non-russophone constitué de touristes (l'attrait d’un pays et de ses villes dépendent de la possibilité de naviguer librement dans le nouvel endroit, en tenant compte du fait que de nouveaux types de tourisme, sans guide et groupe touristique traditionnels, gagnent en popularité), de personnes considérées comme expatriées (experts étrangers travaillant, par exemple, à Moscou et, dans la plupart des cas, connaissant très mal la langue russe), leurs familles et les nombreux partenaires des entreprises russes. La plupart d’entre eux sont des personnes qui maîtrisent leur langue maternelle (une langue européenne) et / ou, dans une certaine mesure, l'anglais en tant que langue de communication internationale. En raison du fait que la plupart des langues européennes sont basées sur l'alphabet latin, alors que le russe est basé sur un système de lettres fondamentalement différent (l’alphabet cyrillique), un étranger se trouve souvent incapable même de lire les pointeurs en russe. L'expérience de l'interaction avec des collègues linguistes européens montre que certaines personnes sont parfois prêtes à renoncer à un voyage en Russie sans accompagnement, pour cette raison.
8Par conséquent, la tâche qui consiste à créer un système ordonné de « traduction » de navigation russe en cyrillique vers une langue artificielle intuitivement compréhensible par un étranger semble plus pertinent que jamais à l’heure de l'élargissement des relations internationales, qui sont intenses. Les touristes ne voyagent pas que pour voir des sites touristiques. De nouveaux types de voyage apparaissent qui sont axés sur l'intégration – même pour une courte période – dans la vie quotidienne des habitants locaux, afin de comprendre comment « les gens vivent ici ». Cela n'est possible que dans le but d'établir des contacts interpersonnels – en d'autres termes, de mettre en œuvre la valeur humanitaire de la communication interculturelle, largement proclamée aujourd’hui. Il s'ensuit qu'il s'agit d'interaction, entre l’émetteur du message et le récepteur, ou entre un étranger et un résident local. Ce type d'interaction, en principe, s'appuie sur les différentes combinaisons suivantes d’actes de parole – l'étranger : la lecture et la prononciation du pointeur, le récepteur : la compréhension et la réponse ; dans une variété de combinaisons. Ce format d'interaction interlinguistique exige que la représentation d'un pointeur rende sa prononciation par les étrangers « muets » perdus claire pour la population locale rencontrée. La théorie et la pratique de la traduction nous ont bien appris que la représentation d'un pointeur, dans ce cas, prend la forme d'une translittération / transcription / calque ou de la combinaison de ces éléments. On ne peut pas dire qu’actuellement, par exemple, à Moscou, l'accompagnement bilingue de la navigation soit complètement absent. Toutefois, l’accompagnement linguistique et, en particulier, l’accompagnement bilingue, nécessitent certainement de l’attention, surtout de la part des linguistes. En ce qui concerne la transposition des pointeurs russes en caractères latins, nous pouvons distinguer ici plusieurs problèmes. (Nous ne considérons pas les options manifestement erronées, par exemple, de la rue Tverskaya (!) : il existe une désignation évidemment fausse pour le terme « deuxième » en anglais : *2st – alors qu'on sait que l’abréviation pour « deuxième » en anglais est 2nd.)
Figure 2

Exemple de pointeur bilingue à Moscou.
Crédits : les auteurs
9Le programme de navigation de la métropole, élaboré actuellement, utilise simultanément plusieurs normes de translittération. Ainsi, le système utilisé dans le métro, lors de la transposition des noms des stations, s’appuie sur la norme nationale, fondée sur la transcription des lettres, ce qui, en principe, reflète d'une manière relativement adéquate l'image sonore du mot. Toutefois, un certain nombre de questions sont soulevées lors de l’analyse de ce système concernant, tout d'abord, l'incohérence de son application. Ainsi, par exemple, ce système déclare la transposition du son ё par le digraphe jo, mais dans le cas où la lettre / le son ё suit une consonne chuintante, elle est traduite par la lettre о. Cependant, en pratique, les auteurs du système de navigation ont préféré – contrairement à leur système – d’utiliser pour la station Щёлковская : jo (alors qu'on devrait employer o).
10La norme nationale, adoptée dans le système du métro, ne semble pas acceptable dans certains cas, par exemple, dans la question de la transposition des sons chuintants russes. Ainsi, la proposition de translittérer / transcrire le son russe щ par sch paraît discutable, compte tenu de l'alphabet latin, et de l'anglais comme langue internationale, qui servent de référence pour un système de navigation bilingue. Tout d'abord, ce graphème atypique pour la langue anglaise doit sembler étranger à un locuteur natif et à un utilisateur de cette langue. Toutefois, par analogie avec les rares mots anglais contenant ce graphème – par exemple, le mot school et son dérivé scholar, le mot scheme et d’autres – il se lit presque automatiquement comme ск. Ainsi dans le métro de Moscou, il peut se produire la situation amusante dans laquelle un étranger demandant la direction pour aller jusqu’à la station Сколковская (après avoir lu la traduction de la station Щёлковская – Schyolkovskaya) peut être dirigé vers Сколково. Le graphème shch, commun pour les travaux linguistiques lors de la transposition des textes russes, malgré toute sa lourdeur, devrait être reproduit et identifié par un étranger d’une manière adéquate. Dans certains cas, des sons russes sont injustement traduits de manières différentes au sein d'un même plan de métro.
11En d'autres termes, la solution prend la forme d'une recherche de compromis, tout d'abord, en faveur de la transcription – parce que c'est la transcription qui reflète la sonorité des mots dans une plus grande mesure que la translittération ; deuxièmement, il paraît raisonnable de vérifier l’emploi de la transcription dans des situations complexes (par exemple, si les noms russes comportent des sons chuintants) en appliquant les programmes de translittération existants. Toutefois, la décision finale appartient au traducteur-rédacteur. Cependant, afin d'éviter une dissonance cognitive chez les utilisateurs du réseau de navigation, il est souhaitable de relier le système pratique de la translittération au système des transports en commun (de surface et souterrains), de navigation urbaine, ainsi que des trains régionaux. Ce système unique doit être reflété sur les cartes et les schémas de la ville.
12Comme cela était indiqué ci-dessus, la navigation urbaine bilingue repose sur au moins trois principes : la transcription, la translittération et le calque des noms. La question de leurs relations lors de la mise en œuvre du projet de navigation nécessite une étude spéciale. La question du rapport entre la traduction et la translittération se produit dans le cadre de la transposition des classificateurs : doit‑on tout translittérer ? Par exemple, le nom de la rue et son classificateur ул. / пер. / просп. etc. Il semble que cette question devrait être abordée en tenant compte de l'aspect pratique, notamment, du groupe cible et du format de fonctionnement. Ainsi, le mot ulitsa écrit en caractères latins sera, apparemment, difficilement compréhensible pour un étranger, à la différence du mot street, « natif » pour lui. D'un autre coté, il est fortement probable que son interlocuteur – un passant métropolitain russophone – ait déjà entendu le mot anglais street. Toutefois, les classificateurs du type переулок, тупик exigent, apparemment, un traitement différent – si on tient compte de la perception des habitants moyens de la capitale auxquels un étranger demande de l'aide, la compréhension sera compliquée si les mots переулок, тупик, проезд sont traduits en anglais. Peut-être que dans ces cas, il est aussi acceptable de recourir à la translittération. Le pointeur doit être compréhensible pour la population locale, « croisée » par un étranger perdu.
13Il convient de préciser que le système de transposition des pointeurs (dans notre cas) à l’aide de l’alphabet latin est souvent dénommé par le terme « parapluie » de « translittération ». La translittération, dans les solutions pratiques, est comprise comme la combinaison de la transcription et de la translittération, dans le sens étroit de ces termes, dont le choix se fait compte tenu de leurs fonctions et du destinataire ou du groupe cible. Considérons les deux moyens de transposition des noms étrangers.
14La transcription en tant que moyen de fixation univoque des caractéristiques phonétiques des segments de discours en symboles écrits (Jarceva 1990), le plus souvent sur la base des principes établis par l'Association Phonétique Internationale (API), ou le système développé par L. Shcherba (Ščerba 1940), qui tous les deux sont basés sur l'alphabet latin. Notons qu’un vaste système de signes diacritiques, indiquant quelques caractéristiques supplémentaires de l'articulation, est utilisé lors de la transcription précise. Ce système est d’habitude maîtrisé par des linguistes, car il est conçu principalement à des fins théoriques particulières.
15Pour des raisons pratiques, dans la transposition des noms propres et des termes – la transcription pratique est couramment utilisée (Suxotin 1935). À la différence de la translittération, elle reflète la prononciation des graphèmes, d’où l'une des conditions d'éligibilité appliquée à la pratique de la transcription – la représentation de la façon la plus précise possible de l'aspect phonétique du mot, de ses caractéristiques graphiques et morphologiques. La transcription pratique s'effectue uniquement sur la base de l'alphabet de cette langue sans symboles supplémentaires (Jarceva 1990), – par exemple, afin de développer le système de navigation à Moscou, il s’avère judicieux d'utiliser la transcription en latin. En d'autres termes, la solution transcriptionnelle est sélectionnée en fonction du destinataire et des tâches correspondantes.
16La translittération est la transposition littérale des mots écrits d'un système graphique à l’aide des moyens d'un autre système graphique. Il convient de préciser que ce système a été conçu pour des professionnels de la bibliothéconomie et des linguistes, et non pour des utilisateurs ordinaires qui ne connaissent pas le diacritique. De plus, il existe plus de 20 normes de translittération pour la transposition des mots russes (Jarceva 1990). Cf., par exemple (Jarceva 1990) la transposition du nom russe Лапшин en anglais par Lapshin, en français par Lapchine, en allemand par Lapschin, en italien par Lapscin, en polonais par Łapszyn. Dans chaque cas, lors de la sélection de la transcription ou de la translittération, la décision est prise sur la base de plusieurs critères et, apparemment, de l'expérience multidirectionnelle (voir ci-dessous).
17Tenant compte des objectifs se trouvant à la base des différents systèmes de translittération, les systèmes décrits ne sont pas tout à fait adaptés aux tâches pratiques – par exemple, à la transposition des noms de rues. Tout d'abord, le diacritique ne permet pas de résoudre de manière adéquate la tâche de reconnaissance visuelle, et, si nécessaire, de reproduction phonétique des noms des rues par les non-russophones, et ensuite de compréhension, ainsi que la réponse adéquate de la part du récepteur russophone. Deuxièmement, comme l'a montré l'analyse de la situation actuelle, dans certains cas, un mélange de transcription et de translittération a lieu.
18L'analyse des normes de translittération des noms de rues ainsi que des pratiques de translittération appliquées à Moscou permet de conclure que les normes existantes de translittération demandent une analyse linguistique critique et doivent être revues.
19Afin de développer les décisions translittérationnelles, les auteurs de l'étude ont mené une recherche basée sur des sondages effectués auprès de locuteurs de différentes langues européennes, maîtrisant l'anglais comme langue étrangère (en deuxième ou troisième langue). La langue maternelle de l’informateur a été fixée pour éliminer le facteur d'influence de la langue maternelle sur les réponses de l'interviewé. Le sondage a intégré des locuteurs allemands, polonais, turcs, français, finnois et azerbaïdjanais, tous linguistes, et des traducteurs professionnels (les participants à la conférence internationale sur les problèmes de la traduction, Innsbruck). Ce choix des informateurs, d'une part, assure la précision des données obtenues de la part de personnes qui maîtrisent leur parole consciemment, mais d'autre part, il ne permet pas d'extrapoler les informations et les conclusions faites sur des locuteurs ordinaires (les touristes), n'ayant pas la formation requise. En d'autres termes, un certain nombre de conclusions nécessite une validation supplémentaire sur la base d'une étude socio-linguistique directionnelle. Lors de la définition de la mission, les informateurs devaient lire et prononcer le nom d'une rue de Moscou translittéré en latin. La norme de translittération, proposée par le gouvernement de Moscou pour l'exécution, a été prise pour base de l’expérience. Les noms de rues soi-disant « conflictuels » – c'est-à-dire contenant des sons russes spécifiques comme щ, ц, х et plusieurs autres – ont été sélectionnés. La recherche réalisée par les auteurs a permis de développer un concept d'accompagnement linguistique multiculturel pour la navigation urbaine, ainsi que de proposer un modèle de translittération qui puisse servir de base à un système de navigation urbaine multi-linguale.
- Un certain nombre de décisions tenant compte du groupe cible, des principes de transposition des noms étrangers à l'aide de l'alphabet latin, et basées sur l'analyse des conditions de communication et des résultats de l'expérience, a été proposé :
- translittérer la terminaison -ий / -ый par y ;
- transposer le son (la lettre) х par kh, sauf lorsque le son / la lettre x précède une consonne (dans certaines langues européennes, cette lettre n'est pas lue dans la position intervocalique et sert d'indicateur de l'allongement de la voyelle principale – dans la langue allemande, par exemple) – dans ce cas, elle est transposée par la lettre h. En conformité avec cette règle, le nom Хмельницкая улица est transposé comme Hmelnitskaya ulitsa (l'utilisation de trois consonnes rend la perception difficile, donc le digraphe n'est pas utilisé), alors qu'avant une voyelle, le digraphe est utilisé – Khimikov ulitsa.
- transposer la lettre щ par l'intermédiaire d'une combinaison de lettres sch (et non par le plus « encombrant » shch), clairement discernée par les informateurs ;
- transposer le e initial par e (et non ye) ; cela vaut également pour les cas de double e – Елисеевская улица – un sondage auprès d'informateurs locuteurs de différentes langues européennes a montré l’impertinence de l'introduction de l'écriture de type eye / eje, le digraphe plus « simple » ee a été correctement interprété par eux et dans leur perception ne se distinguait pas de la combinaison de trois lettres ;
- transposer le son (la lettre) ё par yo, dans toutes les positions à l'exception de la position après les chuintantes quand il est transposé comme o.
- Le deuxième groupe de décision est lié au principe accepté « arbitrairement » et le choix des options à la base des principes graphiques :
- lors de la transposition des digraphes russes contenant la lettre й : ой, ей et le son (mais pas la lettre) й : -ая / -ое – en position médiane comme en position finale, il est proposé de préférer la lettre y aux options possibles avec j / y. Ce cas nécessite une étude complémentaire – la lettre y est certainement préférable en position finale, car pour la plupart des langues européennes (qui sont généralement parlées par les récepteurs potentiels), les mots se terminant par j ou même i sont atypiques (ils se trouvent seulement dans des mots empruntés, par exemple, en anglais – taxi, foci, loci qui ne sont pas passés par l'assimilation graphique et grammaticale). La solution translittérationnelle pour la position médiane n'est pas si évidente. À des fins d’unification, la solution ci-dessus peut être appliquée à deux positions. Toutefois, l'étude a permis d'avancer des arguments contre une telle décision (bien que les deux options soient égales en termes de transcription / translittération). Par conséquent, à ce stade, nous acceptons la solution avec j pour la position médiane, et avec y pour la position finale ;
- l’autre choix arbitraire des auteurs concerne l'utilisation de la lettre j pour la transposition de й en postposition aux voyelles – ай, ой.
- Des solutions de compromis prenant en compte le système de translittération adopté dans le discours bibliographique sont également proposées – par exemple, la transposition du son / lettre ж, qui nécessite une vérification et une étude spéciale. Si, dans le cas de la translittération du son / lettre h, le choix de kh est certainement exact du point de vue du principe de la transcription, et si le son est correctement décodé (peut-être avec une aspiration un peu excessive pour une oreille russe, qui n'empêche pas son interprétation univoque), le son ж est souvent translittéré comme zh (les bibliographes et les linguistes ont une connaissance spéciale permettant de décoder le son et la lettre), la transcription n'est pas décodée par un locuteur incompétent. Ж représente une difficulté pour la translittération, du fait que dans un certain nombre de langues européennes, la lettre correspondante (g en anglais, par exemple) a deux variantes (étant en distribution complémentaire) de prononciation (г et дж), ce qui ne permet pas d'utiliser la lettre anglaise avec certitude pour transposer la lettre ж dans la position devant les voyelles i, e, y. Les noms du type Жигулевская sont transposés comme Zhigulyo/e/’e/’ovskaya, qui reste compréhensible pour un bibliographe, mais devient incompréhensible, phonétiquement parlant, pour un locuteur « naïf » (à la différence, par exemple, du son г dans le nom Зоологическая улица – il est souvent transposé par Zoologicheskaya (ce qui n’est pas exact − *зоолоджическая), alors que le digraphe gh résout la tâche de navigation avec succès). La transposition de la rue Жигулевская à l’aide de g n’est pas également tout à fait acceptable (*джигулевская). Par conséquent, une expérience supplémentaire sur le terrain est nécessaire – cf. Педагогическая, Пенягинская улица.
- La question liée à la possibilité d'introduire des signes diacritiques ne pouvant normalement être décodés que par des experts-linguistes reste peu claire : par exemple, la transposition du signe mou à la fin du mot (площадь) par un signe diacritique ’ ne semble pas justifiée. Tout d'abord, en vertu de son caractère diacritique, deuxièmement (ce qui est plus important) – en raison du fait que la plupart de langues européennes ne font pas de distinction entre les consonnes dures et molles, donc l’utilisation du signe mou perd son sens. Le signe mou utilisé avant une voyelle, par exemple, Олтуфьевская улица, est transposé à l’aide du digraphe je – Olsufjevskaya ulitsa ; il n’est pas transposé devant une consonne − Ольминская улица − Olminskaya ulitsa – car dans ce dernier cas l’omission du signe mou n'empêche pas la perception. La question de la transposition du son / lettre russe ы reste non résolue : comme l'a montré le sondage effectué auprès des informateurs, la pratique de la transposition de cette lettre à l’aide de la lettre y n’est pas tout à fait satisfaisante.
20Le modèle de translittération développé est présenté ci-dessous.
Le standard de la translittération

- Une décision relative au choix entre la traduction et la translittération des classificateurs a été proposée : en raison du critère fonctionnel (les noms translittérés sont conçus pour la navigation des locuteurs de langues étrangères à Moscou et dans les villes russes en général, ainsi que pour la communication avec les résidents ne maîtrisant pas nécessairement une langue étrangère complètement ou suffisamment), utiliser la translittération des classificateurs dans tous les cas – ulitsa, proyezd, tupik, pereulok etc.
21Lors de la transposition des noms des ensembles architecturaux et des curiosités célèbres, il est proposé de suivre la tradition et d’utiliser les dénominations acceptées historiquement, comme Red Square.
- Sont proposées des solutions graphiques, tenant compte, d'une part, de la clarté de l'image – le nom complet de la rue, y compris le classificateur, doivent être écrits en majuscules (classificateur en police plus petite). L'ordre des mots dans le titre doit être unifié, par exemple, les noms Егорьевская улица et улица Егорова sont transposés dans la même veine, d’abord le toponyme, puis le classificateur.
- Le problème lié à la corrélation des noms utilisés dans le métro est résolu de manière satisfaisante si le paragraphe 5 (voir ci-dessus) est respecté.
22Les solutions translittérationnelles proposées permettent d’avancer sur la voie de la création d'un système de navigation urbaine adéquat, non seulement à Moscou, mais également dans les grandes villes russes en général. Le système mis au point peut également être recommandé à d'autres pays, où l’alphabet cyrillique est employé. Cette question nécessite également une recherche qui sera appliquée à d'autres pays et pourra servir de base pour une communication scientifique systématique avec des collègues dans ces pays.
Bibliographie
JARCEVA, Viktorija Nikolaevna, 1990, Lingvističeskij enciklopedičeskij slovar’ [Dictionnaire encyclopédique linguistique], Moscou, Sovetskaja enciklopedija.
ŠČERBA, Lev Vladimirovič, 1940, Transliteracija latinskimi bukvami russkix familij i geografičeskix nazvanij [Translittération en lettres latines des noms et des noms géographiques russes], Izvestija Akademii nauk SSSR, Otdelenie literatury i jazyka, I (3), p. 118‑126.
SUXOTIN, Aleksej Mixajlovič, 1935, O peredače inostrannyx geografičeskix nazvanij [Sur la transliteration des noms géographiques étrangers], Voprosy geografii i kartografii, Sb. 1, p. 144-145.
Auteurs
Professeur, docteur ès lettres, Département de la linguistique et de la traduction, Institut des langues étrangères, Université pédagogique de Moscou, Moscou, Russie; olgasoul@rambler.ru
Lecteur, docteur ès lettres, Département d’études slaves, Aix-Marseille Université, Aix-en-Provence, France, daryakholodova@gmail.com
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Le plurilinguisme à l’épreuve de la traduction
Olga Artyushkina, Yulia Yurchenko et Charles Zaremba (dir.)
2020