Du discours rapporté au discours inventé
L’histoire de la citation fidèle et infidèle
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Mots-clés : traduction, russe, ukrainien, soviétisme, discours rapporté, transcription
Texte intégral
1Le discours rapporté (plus loin : DR) se présente habituellement comme un gage de véracité des propos et une garantie d’une représentativité de l’opinion d’autrui. Or, même les formes canoniques du discours rapporté (direct, indirect) ne garantissent pas l’authenticité des propos. Ces dernières années se sont développés des travaux sur la déconnection entre la forme et le sens (cf., par exemple, De Mattia [2006), c’est-à-dire qu’on emploie une forme syntaxique pour la détourner de son sens habituel. Ainsi, si l’on prend un exemple comme « The oven clock said it was only five to eight » (De Mattia 2006 : 39), on comprend que le sujet de l’énoncé introducteur du DR, the oven clock (l’horloge du four) ne peut réellement être locuteur et il s’agit d’un énoncé construit et non rapporté dans la subordonnée, alors que la forme syntaxique indique le contraire.
2Dans le présent article, nous allons nous intéresser aux fausses citations sur l’exemple de la présentation du DR construit dans la presse ukrainienne et observer quelles sont les formes du DR qui permettent de mettre en place la construction du discours qu’on appelle inventé.
3La particularité de notre corpus est la suivante : nous allons nous appuyer sur des textes journalistiques de la presse en ukrainien qui contiennent un renvoi vers le discours en russe que les auteurs veulent représentatif non seulement d’une personne, mais de toute une communauté ou clan politique opposés. Nous envisagerons donc le problème des formes de citation aux frontières du discours rapporté sous l’angle particulier de la diversité des langues, plus précisément, celui du bilinguisme russe-ukrainien dans la presse.
Rapporter les paroles d’un Autre dans une autre langue
4La citation dans la presse a une forte tendance à l’hybridation : le texte journalistique comporte plusieurs sources d’information où la fidélité littérale n’est qu’apparente. Laurence Rosier (2006 : 22‑23) signale que « tout plurilinguisme a tendance d’être occulté dans la presse » et que les traductions sont données comme allant de soi : « le locuteur/lecteur idéal est bien monolingue » (ibid.). En réalité, lorsqu’on cite un discours prononcé dans une autre langue, on n’est pas fidèle, on le traduit, mais le recours aux marqueurs du DR permet de produire un effet de littéralité :
- [Il s’agit du port de la burqa en Italie ; l’extrait rapporte les positions d’une femme ayant choisi de la porter]
La jeune femme, elle, crie à la « violation de ses droits constitutionnels », le décret royal parlant de « masque » alors que la burqa est une « manifestation religieuse » (ELLE, octobre 2004)
5Rosier (2006 : 23) appelle les éléments entre guillemets des « îlots textuels » qui sont en fait des discours indirects, donc transposés : « le décret royal ne parle pas de “masque” comme signe autonyme, tout comme la manifestation religieuse de la burqa a dû être énoncée en italien. »
6Mais les paroles prononcées en langue étrangère peuvent également être transmises partiellement dans leur langue d’origine pour créer un effet d’authenticité, souvent pour faire passer inaperçue la reformulation à laquelle le journaliste a constamment recours, comme le signale Tuomarla (2000 : 113-188).
7Plusieurs aspects sont à analyser. Premièrement, il s’agit d’étudier la nature des éléments cités en langue étrangère et leur lien avec des stéréotypes ethniques (Vepreva, Kupina 2014 ; Rosier 2006). D’après nos observations, ce ne sont pas n’importe quels mots qui sont cités en langue étrangère. La question de la représentation de la langue de l’autre est un aspect également important (Popovič 2005) : le russe et l’ukrainien peuvent être transcrits fidèlement ou phonétiquement, ce qui dénote des attitudes différentes envers la communauté linguistique. Par exemple, le mot russe sovetskij « soviétique » peut être traduit en ukrainien par radjans’kyj ou être présenté en russe transcrit phonétiquement, signalant ainsi le rejet de tout ce qui est lié à la culture soviétique, mais souvent aussi, par amalgame, à la culture et à la langue russes. Enfin, un autre point que nous aimerions développer concerne la question de la source de la citation et de la structuration de l’hétérogénéité des discours présents dans le texte : les citations véhiculant un message fort, voire violent dans le contexte de la tension politique en Ukraine depuis 2013, ont souvent une source obscure ; l’agencement des citations clairement attribuées et non attribuées permet de forger une image de l’adversaire.
La mise en scène de la pratique plurilingue dans la littérature ukrainienne
8Avant d’aborder la question de l’altérité russe dans le texte en ukrainien, il convient de rappeler les rapports complexes entre ces deux cultures, ainsi que la situation linguistique particulière en Ukraine. On parle généralement d’une situation de diglossie ou de bilinguisme : les Ukrainiens comprennent et maîtrisent plus ou moins parfaitement le russe et l’ukrainien ; citer l’Autre en russe est donc un acte significatif.
9On peut distinguer quatre types de mode citation de la langue russe dans le discours ukrainien :
- le russe cité est transcrit phonétiquement dans le corps du texte en ukrainien ;
- le russe « non traduit », reproduit fidèlement dans le texte.
- le russe mélangé à l’ukrainien, connu sous le nom de suržyk, un sociolecte qui a vu le jour à la suite du contact de l’ukrainien avec le russe.
10Les citations en russe peuvent être traduites en ukrainien pour la représentation homogène du texte ; c’est un cas pour ainsi dire banal qui ne nous intéresse pas dans le cadre de la présente étude, car il s’agit d’un procédé habituel dans la presse. Penchons-nous plutôt sur le premier procédé de représentation du discours d’autrui.
Le russe transcrit phonétiquement
11Ce procédé est employé pour souligner l’étrangeté de la langue de l’autre ; pour ce faire, on applique le principe phonétique et non la traduction comme représentation de la langue russe. Ce type de représentation est en usage depuis xviie siècle déjà (voir à ce sujet Popovič) ; il est assez caractéristique de la littérature contemporaine, ainsi que de la presse à tendance nationaliste. Il consiste à mettre en évidence les particularités linguistiques du russe, plus précisément, ses particularités et différences avec l’ukrainien. Par exemple, on va souligner par la transcription phonétique la réduction vocalique du russe ou encore l’assourdissement des consonnes à la fin du mot et d’autres particularités qui différencient l’ukrainien et le russe.
Pratiques plurilingues, dialogiques et polyphoniques
12Que ce soit un texte journalistique ou littéraire, nous sommes confrontés au problème de la définition des formes de citation de l’Autre dans sa langue d’origine. Le plurilinguisme dans ce cas-là n’est pas dissimulé dans la traduction, mais, au contraire, il met en scène le concept de multilinguisme bakhtinien où la langue est présentée comme un espace traversé par de multiples discours, avec de nombreuses interférences et liens interdiscursifs. Ce qui nous intéresse en particulier, ce sont les traces de ces « multiples discours » qui laissent des traces dans la langue. Jacqueline Authier (1995 : 403) regroupe sous le terme d’« interférences » l’ensemble des rejets de mots « en bordure de code » comme les anglicismes, les néologismes, les archaïsmes, et, en ce qui nous concerne, on peut y ajouter les soviétismes dont nous parlerons un peu plus loin.
Littérature contemporaine
13Dans la littérature contemporaine ce mode de présentation du discours direct en russe est pratiquement absent et nous avons essentiellement une transcription phonétique en ukrainien des paroles prononcées en russe, ce qui est un cas que l’on pourrait qualifier de double distanciation énonciative du locuteur citant ou du narrateur vis-à-vis du personnage russophone, en général particulièrement représentatif d’un univers jugé étranger et menaçant.
14Cependant, parfois, nous pouvons avoir un panachage des modes de représentation du russe, un mélange d’une citation fidèle et d’une transcription phonétique :
- […] Україна відокремилася від нього і не дає, припустімо, своїх голосів для нинішнього російського депутатства, як дала їх колись Євтушенку та Коротичу. Бiда навіть не тому, що за фактом перебування Лимонова в Севастополі у вересні 94-го року на нього заведена карна справа. Суть справи в тому, що "молодой негодяй" "подросток Савенко" вже пережив свою "прекрасную эпоху" і став дорослим. Космополітом. Яким і повинен бути справдешній совєтський письменник! (Ігор Бондар-Терещенко. Смішний український чоловічок)
[…] l’Ukraine a pris ses distances avec lui [Édouard Limonov] et ne donne pas, disons, des voix pour obtenir un mandat de député en Russie, comme elle l’avait fait jadis pour Evtušenko et Korotyč. Et ce n’est même pas parce que la présence de Limonov à Sébastopol en septembre 1994 lui a valu des poursuites judiciaires. Le problème c’est que le [cités en russe] « jeune salopard » « l’adolescent Savenko » a survécu à sa « belle époque » et est devenu adulte. Et cosmopolite. Comme il se doit pour un vrai écrivain soviétique [en russe transcrit] ! (I. Bodar-Tereščenko, Le drôle de bonhomme ukrainien)
NB : Le Jeune Salopard, L’Adolescent Savenko et La Belle Époque sont des romans de Limonov qui forment une trilogie.
15La citation des titres des romans en russe peut s’expliquer par le fait que ces romans ne sont pas traduits en ukrainien et aussi, bien sûr, pour souligner la distanciation par rapport à la personnalité très contestée de Savenko, alias Limonov lui-même. Il est intéressant de noter que lorsqu’on sort de la citation à proprement parler, le mot « soviétique » n’est pas intégré dans le texte ukrainien et est rendu saillant par le fait qu’il y figure en russe transcrit : en effet, il est rattaché à l’univers des romans de Limonov, nostalgique du passé soviétique, rejeté par les Ukrainiens attachés aux valeurs nationales et qui perçoivent parfois la culture soviétique comme une culture coloniale.
16Ce procédé de citation des mots-symboles d’une autre culture est également employé, comme le signale Volosevyč (2004), dans la traduction d’une œuvre d’Antony Burgess, Orange mécanique (Clockwork orange) : l’auteur parsème le discours du personnage d’Alex de mots russes qui restent incompréhensibles pour le lecteur avant de consulter le glossaire à la fin du livre et portent un caractère exotique, contribuent à la création d’un idiome particulier propre à l’univers violent du narrateur et ses amis (les mots xorošo - transcrit par Burgess « horoshow », et d’autres comme devotchka, den’gi , drugi) :
- Or rather Alex and his three droogs tolchock [три друга толкнули] an old veck [de человек], razrez [de разрезать] his books, pull off his outer platties [de платье] and take a malenky [de маленький] bit of cutter. (A. Burgess, Clockwork orange)
17Dans le roman de Burgess, les mots en russe sont porteurs d’un univers inquiétant et menaçant. Il est intéressant de voir comment a été réalisée la traduction d’Orange mécanique en russe et ukrainien. Dans la traduction en russe, la traductrice a eu recours à l’anglais pour remplacer les mots en russe plus ou moins déformés de Burgess : c’était un choix assez heureux, car dans le début des années 1990, l’anglais pouvait être le symbole d’une culture protestataire et c’était « cool ». D’un autre côté, ce côté « cool » rendait les personnages violents de Burgess presque sympathiques, ce qui n’était certainement pas le cas ni l’idée de départ de l’écrivain. En ce qui concerne la traduction ukrainienne, c’est le russe qui a été choisi pour ces citations dans une langue Autre. Comme les Ukrainiens comprennent parfaitement bien le russe, l’effet de nouveauté et d’exotisme présent chez Burgess se perd, mais les mots en russe transcrits phonétiquement sont perçus, comme dans le texte original, comme porteurs d’agressivité.
Discours direct traduit… mais pas son locuteur
18Nous avons relevé un cas intéressant où le discours direct, initialement prononcé en russe, est traduit dans le corps du texte en ukrainien, alors que nom du locuteur cité est non traduit, mais transcrit, ce qui signifie le rejet de son image :
- […] хтось, у неповороткій шубі, громадивсь комусь на коліна, по-оїхали! - як сказав пєрвий совєцкій космонавт, - і - поїхали, полетіли, сестрички-голубочки […] [Оксана Забужко, Польові дослідження з українського сексу (1996)]
[…] quelqu’un habillé avec un manteau de fourrure se posa maladroitement sur les genoux de quelqu’un et hop ! on y va, comme disait le premier cosmonaute soviétique [en russe transcrit] - et c’est partie, mes chères petites […] (O. Zabužko, Explorations sur le terrain du sexe ukrainien (1996))
19Le roman dont est tirée cette citation appartient à l’écrivaine ukrainienne très connue Oksana Zabužko. Dans le roman en question, la culture russe est représentée comme agressive par rapport à l’espace culturel ukrainien. Cela explique pourquoi le groupe nominal « premier cosmonaute soviétique » est présenté en transcription phonétique et non en traduction (pour les adjectifs, le mot « cosmonaute » étant le même dans les deux langues) qui serait « перший радянський космонавт » : en effet, le cosmonaute représente le symbole de la conquête de l’espace par les soviétiques, or, la culture soviétique est perçue comme étrangère, imposée à la culture ukrainienne, d’où le procédé employé. Bien évidemment, un tel élément non traduit se perd dans la traduction du texte ukrainien vers une autre langue. Certes, nous ne sommes pas ici dans le discours rapporté, mais cette mise en scène de la pratique polyphonique et plurilingue constitue un renvoi vers un ensemble de discours de la culture de l’Autre.
« Quasi-citation »
20Encore un exemple d’un mot-marqueur de la culture russe, il s’agit du mot « triomphatrice » utilisé dans le roman de Zabužko. Dans le roman Exploration sur le terrain…, il s’agit d’une histoire d’une jeune universitaire ukrainienne, poète qui voyage dans le monde et donne des cours magistraux pour initier les étudiants à la culture ukrainienne. Elle a un amant Mykola qui fait de la défense de la culture et la langue ukrainiennes son combat :
- […] все правда, серце, і що я тебе вже не люблю - теж правда: « То ти себе що, - склацнувся лезом нагору, як бганий ножик, - « побєдітєльніцей » почуваєш […] [Оксана Забужко. Польові дослідження з українського сексу (1996)
[…] tout cela est vrai, mon cœur, et c’est vrai aussi que je ne t’aime plus : « Alors quoi, - ses mots frappèrent comme une lame de couteau, – tu te sens « triomphatrice » ? (O. Zabužko, Explorations sur le terrain du sexe ukrainien [1996])
21Et plus loin, la narratrice réfléchit au contact de sa langue maternelle, l’ukrainien, avec la langue de l’Autre, le russe, qui envahit le discours et oblige le locuteur à choisir des procédés de marquage de cet élément étranger que la narratrice qualifie de « soi-disant, ou presque-citation » :
- […] і мусиш - або повсякчас провадити в умі розчисний синхронний переклад, що звучить вимучено й ненатурально, - або ж приноровитися, як усі ми, самим голосом брати чужомовні слова в лапки, класти на них такий собі блазнювато-іронічний притиск як на забуцім-цитати (наприклад - гарний приклад для студентів, можна навести завтра на лекції : « Ти себе що – « побєдітєльніцей » почуваєш? »). [Оксана Забужко. Польові дослідження з українського сексу (1996)]
[…] le russe intervient par fragments et finit par se figer dans le discours, nous obligeant à faire le tri par l’interprétation spontanée, ce qui sonne faux, ou alors il faut s’habituer et faire comme tout le monde – mettre les mots étrangers entre guillemets par l’intonation, les prononcer avec une note d’ironie comme des soi-disant citations (par exemple, c’est une bonne illustration pour les étudiants ; demain, je pourrai citer cet exemple pendant ma conférence : « Alors quoi, tu te sens [en russe]« triomphatrice»? ») (O. Zabužko, Explorations sur le terrain du sexe ukrainien [1996])
22À ce propos, Bakhtine disait qu’en tout homme cohabitent plusieurs langues, ceci, que la personne en soit consciente ou non ; ici, justement, la narratrice qui est l’alter ego de l’auteur Oksana Zabužko, philosophe de formation, est consciente de cette cohabitation de deux langues, russe et ukrainienne, et parle de son combat au quotidien pour n’en parler qu’une. On peut dire que chaque langue renvoie à un univers culturel et idéologique bien spécifique et on peut raisonnablement déduire qu’ainsi défini, le plurilinguisme littéraire traduirait alors une pluralité d’opinions, de visions du monde ou d’idéologies. C’est en effet, ce que permet de faire le recours à la langue étrangère dans la citation : elle permet de produire une rupture dans la narration, formant une poétique de l’étranger et de l’étrangeté (Artyushkina 2019).
23En somme, l’emploi du russe transcrit devient un procédé stylistique récurrent chez les écrivains ukrainophones contemporains. Chez Jurij Andruxovyč, dans son roman La Moscoviade, écrit en 1992, roman non traduit en français, l’univers a beaucoup de traits surréalistes ; l’action a lieu pendant l’été 1991. En ce qui concernent la citation en russe, les personnages qui parlent en russe, rendu phonétiquement dans le texte, sont soit antipathiques au narrateur, soit représentent le passé soviétique, comme le personnage du gardien, le vieil homme qui garde l’entrée dans la Grande Salle de conférences où les Tout-Puissants (Ivan le Terrible, Catherine la Grande, Lénine et quelques autres) décident du sort du monde après la dislocation de l’empire soviétique. Ainsi, le contexte de la citation en russe est culturellement défini et fort marqué dans l’opposition « culture russe, agressive, imposée vs. culture ukrainienne colonisée, dominée qui subit cette agression ».
L’altérité langagière au service de la construction du discours dans la presse
24Le cas de la citation en langue étrangère dans les textes journalistiques russes et ukrainiens est intéressant à étudier dans le cadre de la dynamique des relations entre ces deux pays et cultures. Comme nous l’avons précisé plus haut, la configuration linguistique particulière permet de citer l’Autre dans sa langue d’origine, en l’occurrence, le russe dans le texte ukrainien. Dans le discours médiatique, sur les blogues, on a le plus souvent affaire à des « incrustations » linguistiques en ukrainien dans le texte russe et inversement ; il s’agit toujours de mots en ukrainien transcrit phonétiquement en russe, souvent déformés ; dans le présent article, nous n’évoquerons que des formes plurilingues qui sont présentées comme discours rapporté dans le discours en ukrainien.
25La citation donnée dans la langue de l’Autre est employée comme un moyen formel de distanciation qui aide à créer l’image des locuteurs ukrainophone et russophone comme complètement étrangers l’un à l’autre où chacun serait hermétiquement enfermé dans sa propre langue. La langue de l’Autre est censée représenter une opinion étrangère à sa propre communauté qui se présente implicitement comme homogène, aussi bien linguistiquement qu’idéologiquement, ce qui, bien évidemment, ne recouvre pas la réalité. [Nous allons voir que les incrustations linguistiques dont nous avons parlé plus haut sont constituées d’un champ lexical bien ciblé .
Les soviétismes dans le discours ukrainien
26En linguistique, on a recours au terme de « soviétisme » ; ce terme se rencontre pour la première fois dans l’ouvrage de Černov (1958) et fait référence aux realia soviétiques n’ayant pas d’équivalent dans les autres langues ; le mot est couramment utilisé dans les ouvrages de la théorie de la traduction, par analogie aux gallicismes, germanismes, etc.
27Prenons à titre d’exemple un des lexèmes très connotés, l’adjectif « soviétique » ; dans les textes ukrainiens aux tendances indépendantistes, voire nationalistes, il est opposé à la Russie et au passé soviétique auquel on l’associe. Cet adjectif est transcrit phonétiquement comme совєтський (voir plus haut, sur ce mot dans le texte de Zabužko), alors que l’équivalent en ukrainien existe (радянський) mais celui-ci est évité, notamment parce qu’il crée une association avec le lexème Рада « Conseil » qui est le nom d’une institution de l’État indépendant.
Figure 1

Харьковский «ленинопад» продолжается: без «вождей» остались два вуза.
« L’averse des Lénine » à Kharkhiv continue : deux universités sont restées sans « guide ».
Crédits : [https://mykharkov.info/news/harkovskij-leninopad-prodolzhaetsya-bez-vozhdej-ostalis-dva-vuza-26723.html]
28Voyons d’autres exemples du lexique connoté en rapport avec le passé soviétique. Dans un article qui traite de la chute de l’URSS, un professeur d’histoire donne une interview au journal très patriotique Literaturna Ukraïna (L’Ukraine littéraire) :
- Щоб оправдати нинішні імперіалістичні домагання, політики й різні квазіполітологи у Російській Федерації шукають офірного цапа, винного в « розвалі » червоної імперії. Таким вважають одні Єльцина, інші − Горбачова, […]. В Інтернеті помістили серію матеріалів про « незаконність розвалу » СССР. Дехто з дослідників у « белокаменной » намагається обґрунтувати причини розпаду московсько-більшовицької імперії.
Pour justifier les prétentions impérialistes de la Russie d’aujourd’hui, les politiques et les quasi-politologues de tous bords cherchent le bouc émissaire qui serait coupable de la « faillite » de l’empire rouge. Pour certains, ce coupable est Eltsine, pour d’autres c’est Gorbatchev. […] On retrouve dans l’internet des documents sur l’« illégalité de la faillite (l’effondrement) » de l’URSS. Certains chercheurs de Moscou cherchent à justifier les causes de la chute de l’empire moscovite-bolchévique.
29Ici, on a deux lexèmes pour traiter la chute de l’URSS, deux lexèmes qui desservent des discours idéologiquement opposés : les nostalgiques de l’URSS parlent de rozval « démantèlement » (en ukrainien), utilisé entre guillemets dans le discours, alors que les patriotes ukrainiens parlent de rozpad (en ukrainien). Le mot rozval évoque un événement regrettable et pointe implicitement le coupable, alors que rozpad est plutôt associé à la conséquence naturelle des invasions, voire colonisation de l’empire « moscovite-bolchevique ». Dans cet exemple, le mot guillemeté renvoie à une certaine idéologie où le pouvoir de Poutine est identifié à celui du pouvoir du parti communiste, car il s’agit des mêmes ambitions ; le mot « chute »(rozpad) renvoie à l’ensemble des discours institutionnels de la Russie de Poutine ; nous y reviendrons plus loin.
Les îlots textuels
30Nous empruntons le terme « îlot textuel » à Rosier (2006 : 23). Dans notre corpus, il s’agit des soviétismes que l’on présente comme discours indirect, partiellement transposés – partiellement, car les soviétismes en question est donné en transcription phonétique. Les éléments qui constituent les « îlots textuels » sont comparables aux marqueurs de la culture étrangère rejetée avec un renversement de leur valeur sémantique. Observons l’exemple suivant :
- На мій превеликий жаль, у Донецькому регіоні виграли регіонали у всіх своїх іпостасях : [...] Бабусі, як завжди, були « пєрєдовікамі ». Голосуючи за соратніків « колишнього », вони голосували за повернення до СРСР – їх так запевняли.
À mon très grand regret, dans la région de Donetsk, le parti des régions1 a gagné […] Les grand-mères étaient, comme d’habitude, [en russe transcrit] « à l’avant-garde ». En votant pour les collègues de l’« ex2 », elles votaient pour le retour à l’Union soviétique – c’est ce qu’on leur faisait croire. (Ukraine littéraire, décembre 2015, « Une lettre de Donbass à l’amie de Kiev »)
31Le lexème peredovik possède une signification particulière dans la culture soviétique et se dit des technologies « de pointe » (voir plus loin sur les soviétismes dans le discours officiel du pouvoir russe), mais dans notre exemple, le lexème figure entre guillemets et se réfère aux babusi (« les mamies »), les grandes nostalgiques de l’Union soviétique. Ainsi, le lexème peredovoj signifiant à la base « pionnier », « à l’avant-garde » signifie ici « totalement réactionnaire ».
Le détournement des marqueurs du discours rapporté
Disjonction entre la forme et le sens : effet de discours direct
32Examinons l’exemple suivant :
- Євген Євтушенко, либонь, гадав, що допитується суто риторично : [en russe transcrit] «Хатят лі рускіє вайни?» Життя, а радше політика Кремля, не раз (і до, й опісля) відповідали на євтушенкове запитання ствердно й чітко : хочуть. (« Без ГМО ?.. або Перегній для врожаю популярності », 2015)
Evguéni Evtouchenko pensait probablement poser une question rhétorique quand il demandait : [en russe transcrit] « Les Russes veulent-ils la guerre ? » La vie ou, plutôt, la politique du Kremlin avait répondu très fermement et plus d’une fois à la question du poète : [oui, ils la] veulent. (Sans OGM. Le compost pour la récolte de la popularité, 2015)
33Ici, nous avons une stratégie discursive qui représente une sorte de panachage entre le discours rapporté et le discours construit : la première citation représente une citation fidèle qui vient du poème de Evtušenko et la seconde a pour source la vie et la politique du Kremlin qui ne peut pas donner de réponse physiquement, ainsi on construit ce discours. Nous voyons qu’il y a une hésitation dans la construction de l’énonciateur cité : « la vie, ou plutôt, la politique du Kremlin » qui ne peuvent être une instance énonciatrice effective de ce discours très bref, construit pour des besoins d’argumentation contre les Russes. Il s’agit d’un trucage journalistique qui vise à représenter un dialogue entre les représentants de la Russie, ici, le poète et les dirigeants du pays.
Pseudo-citation, ou discours inventé
34Dans l’exemple suivant, le discours prétendument rapporté, ou plutôt inventé, se veut représentatif de toute la nation russe :
- Ще трохи, й Путін буде канонізований РПЦерквою як « адін із рускіх святих ». Ви дивіться, якої сподобався любові всенародної, якого визнання !
Encore un peu et Poutine sera canonisé par l’Église orthodoxe russe comme [en russe transcrit] « un des saintsrusses». Regardez donc, quel amour, quelle reconnaissance du peuple entier !
35Ici, un fragment du discours en russe transcrit (« adin iz ruskix svjatyx ») est intégré comme une citation dans le corps du texte. Or, en réalité, il n’y a aucun discours officiel de l’Église orthodoxe où il serait question de la canonisation absurde de Vladimir Poutine.
36L’exemple suivant est un peu différent, en ce sens que les auteurs de l’article avouent qu’ils parlent à la place de l’Autre tout en imitant ses paroles, c’est-dire que l’on construit, ou invente le discours :
- […] рейтинг Путіна сягнув отих 89,9 відсотків завдяки тому, що, не зупинившись на збройній агресії проти України, на крові її синів і дочок, він самоутвердився дієвою підтримкою колеги-диктатора Башара Асада – відправкою значної мілітарної сили до Сирії та смертельними ударами своєї авіації по розташуваннях опозиційних до тамтешнього фюрера постанців і військових Ісламської держави. Це тверження із соцдослідження. А ми додамо : ну й заразом (« штоб другім нє-по-вад-но било! ») висадив у повітря якісь там шпиталі та інші цивильні об’єкти /.../. (« Без ГМО ?.. або Перегній для врожаю популярності »)
[…] la popularité de Poutine a atteint les 89,9% grâce au fait qu’il ne s’est pas arrêté à l’agression militaire de l’Ukraine, ne s’est pas contenté de verser le sang de ses fils et ses filles, mais il s’est affirmé par le soutien militaire à son collègue, le dictateur Bachar El Assad, en envoyant des forces armées en Syrie qui ont effectué plusieurs frappes aériennes sur les forces de l’opposition au führer local, ainsi que sur les soldats de l’État islamique. Cette affirmation provient de l’enquête sociale. Et, en ce qui nous concerne, on aimerait ajouter : et d’une pierre deux coups ([en russe transcrit] « afin que les autres ne soient pas tentés [de suivre leur exemple]», il [Poutine] a détruit quelques hôpitaux et autres bâtiments civils […]. (« Sans OGM ?.. ou Le compost pour la récolte de popularité », Ukraine littéraire, décembre 2015)
37Le détournement des marques classiques du discours direct (deux points, guillemets), permet de créer l’illusion que l’Autre parle ici, même s’il n’y a aucun discours d’origine attesté. Nous avons une configuration assez paradoxale : l’énoncé introducteur du discours direct (a my dodamo « et nous ajouterons ») indique qu’il s’agit de l’interprétation de l’action, mais le marquage par les guillemets, ainsi que l’altérité linguistique (le russe transcrit phonétiquement) indiquent que, au contraire, ce n’est plus au sujet de l’énoncé introducteur qu’il convient d’attribuer les propos. Le journaliste qui se présente comme interprète du comportement d’une certaine communauté avoue que c’est lui qui construit cette citation avec (ou dans) la langue de la culture étrangère qui est à rejeter.
Discours rapporté et construit avec le marqueur movljav
38L’ukrainien dispose d’un marqueur spécifique movljav3 qui est associé traditionnellement au discours rapporté, ce qui peut, en effet, être sa fonction, comme dans l’exemple suivant où l’on peut reproduire le discours d’origine :
- Тут я попросив його розповісти детальніше, і він погодився, мовляв, окей, без проблем, це все давно в минулому, чому б і не розповісти. [Сергій Жадан. Гімн демократичної молоді (2006)]
Alors je lui demandai de m’en parler plus en détail, et il accepta, MOVLJAV, ok, pas de problème, tout ça c’est du passé, pourquoi pas. (S. Žadan, L’Hymne des jeunes démocrates, 2006)
39Mais le statut de ce discours rapporté, signalé par movljav, peut également être bien problématique, car on ne peut pas toujours attribuer ce prétendu discours à une source précise, ni être certain que le discours en question a eu lieu. Ainsi, dans l’exemple suivant, le discours introduit par ce marqueur renvoie au discours habituel et stéréotypé qui sert à rassurer dans les périodes de crise :
- Сьогодні вже не можна себе втішати традиційно-обнадійливим, що якось воно буде. Мовляв, труднощі, звичайно, є, але це тимчасово, час працює на нас. //Час працює на тих, хто працює на нього. [Ліна Костенко. Україна як жертва і чинник глобалізації катастроф (2002-2003)]
Aujourd’hui, on ne peut plus se rassurer par le [discours] traditionnel rassurant du style tout va s’arranger. MOVLJAV, il y a des problèmes, oui, mais c’est temporaire ; le temps travaille pour nous. // (+Non,) le temps travaille pour ceux qui travaillent pour lui. (Lina Kostenko, L’Ukraine, victime et facteur de la mondialisation des catastrophes, 2002-2003)
40On ne peut pas attribuer à une source précise ce discours constitué de clichés. On voit qu’il est introduit ici afin de faire passer l’idée du locuteur qui est formulée immédiatement après le discours construit : « Le temps travaille pour ceux qui travaillent pour lui » ; en d’autres termes, on construit un discours pour créer un simulacre de dialogue pour mieux affirmer son opinion. Ce discours est, certes, construit, en ce sens que personne en particulier n’a prononcé le discours tel qu’il apparaît dans notre exemple, mais il s’agit d’une sorte de substrat des discours qui circulent et des opinions communément partagées.
41Le marqueur movljav est également employé lorsque le discours d’origine n’est pas attesté :
- Прикордонники йдуть мовчки, п'ють теж мовчки, лише інколи хтось із них зганяє з насидженого місця випадкову птаху і та лунко влітає в туман, від чого рядові здригаються, а капітан лише зневажливо причмокує язиком, мовляв, що за засранці, що за туман, що за життя таке. [Сергій Жадан. Гімн демократичної молоді (2006)]
Les douaniers marchent en silence, boivent en silence aussi ; […] et le capitaine fait claquer sa langue avec mépris, MOVLJAV, quels enfoirés, quel brouillard, quelle vie. (S. Žadan, L’Hymne des jeunes démocrates, 2006)
42Ici, le marqueur suit le verbe qui décrit le geste (faire claquer sa langue) du locuteur qui ne dit rien en réalité ; il s’agit ici de l’interprétation du geste et donc du discours inventé par le narrateur.
43Dans l’exemple suivant, nous avons les différents marqueurs de l’altérité linguistique, du russe transcrit et donné entre guillemets, au discours direct présenté en ukrainien, mais qui se fait prolongement du discours stéréotypé en russe :
- І тут приходить сувора реальність : онуки виросли, отримали освіту, а роботи немає, житла свого і в помині немає, перспектив завести сім’ю « не прєдвідітся ». Депресивні села Волноваського району в зоні АТО взагалі без руху. Все на « авось ». Дороги розбиті – « aвось », війна спише. Безробітних цілі села і селища – а що, мовляв, ви хотіли? Війна ж !..
Et voilà que la réalité se révèle au grand jour dans toute sa triste apparence : les petits-enfants sont grands, ont fini leurs études, mais ils n’ont pas de travail, pas l’ombre d’une possibilité de devenir propriétaire, la perspective d’avoir leur propre famille [en russe transcrit] « n’est pas envisageable ». Les villages dépressifs du district de Volnovakha dans la zone OAT [*opération anti-terroriste] sont totalement inertes. Tout est laissé pour compte*. Les routes sont détruites – qui sait, peut-être (« avos’ ») la guerre pardonnera tout. Les chômeurs se comptent par villages entiers – MOVLJAV mais que voulez-vous ? C’est la guerre !... (Ukraine littéraire, décembre 2015)
44Ici, une partie de la phrase entre guillemets, ne predviditsja, se veut comme une réponse stéréotypée de l’administration inerte qu’on veut mettre en rapport avec les habitants de la région nostalgique de l’époque soviétique. Curieusement, plus loin, la démarche de la construction du discours de l’adversaire s’appuie sur le mot avos’, mot « intraduisible » sensé décrire ici le fatalisme et l’inertie des Russes : en russe, le mot avos’ figure dans les expressions qui signifient « faire quelque chose en pariant sur la chance ». On voit que plus loin dans l’exemple, c’est une sorte de mot introducteur du DR formulé dans la suite du texte en ukrainien (sélectionné en italiques dans le texte). Enfin, le marqueur discursif movljav présente le discours stéréotypé de l’ensemble des locuteurs dans la continuité du discours (ici, plutôt, son fragment) doublement marqué comme rapporté dans le contexte à gauche.
Conclusion
45La citation du discours ou de fragments de discours en langue étrangère peut signaler des attitudes différentes du locuteur ou de toute une communauté linguistico-culturelle de locuteurs : le corpus que nous avons sélectionné montre que le double marquage du discours de l’Autre − marqueurs du discours rapporté (guillemets et autres marqueurs plus spécifiques, comme movljav), ainsi que la citation dans la langue d’autrui – est employé pour forger un stéréotype négatif de l’Autre, celui qui parle une autre langue et qui a des idées « autres ». La présentation formelle de l’opinion d’autrui sous forme de citation a pour but de rendre crédible un discours inventé, n’ayant pas de source précise ; ce procédé est utilisé pour construire l’image de l’Autre. Dans le contexte des relations complexes, actuellement conflictuelles, entre la Russie et l’Ukraine, le recours à la citation dans une autre langue dans la presse et la littérature pose toujours la question de l’adversité entre les deux pays et le détournement des marqueurs du discours rapporté sert à manipuler l’opinion du lecteur : paradoxalement, cette altérité langagière vise à construire non la pluralité des voix, mais, au contraire, à réduire la parole de l’Autre à une seule opinion qui serait représentative de tout le pays et toute la nation et construit un locuteur-type exolingue. Cette tendance s’observe également dans la littérature, où l’altérité linguistique construit une poétique de l’étranger et de l’étrangeté.
Bibliographie
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Notes de bas de page
Auteur
CEL, Université Jean Moulin Lyon 3
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Le plurilinguisme à l’épreuve de la traduction
Olga Artyushkina, Yulia Yurchenko et Charles Zaremba (dir.)
2020