1 Egger, L’hellénisme en France, 1869, p. 46 ; Riché, “Le grec”, 1988, p. 156. Sandys, I, 1903, 19673, p. 509-510, est seulement dubitatif.
2 Jean de Saint-Arnoul, Vie de Jean de Gorze (BHL 4396), 116 ; éd. G. H. Pertz, MGH, Scriptores, IV, 1841, p. 370 : Bruno (…) cui insuper et Graecae lectionis multa accesserat instructio (…). Cf. Ruotger, Vita Brunonis archiepiscopi (BHL 1468), 5-7, éd. Id., ibid., p. 256-257. Sur ce second texte, voir le commentaire de Staubach, 1991, p. 353-354.
3 Ms. Metz, B.M., 145 (provenant de Saint-Arnoul ; détruit en 1944) ; Catalogue général des mss. des bibliothèques publiques des départements, 5, 1879, p. 63-64. Il s’agit d’Antapodosis, I, 11-12 et III, 25. Voir Schreiner, “Zur griechischen Schrift”, 2003, p. 313.
4 Bischoff, “Griechische Element”, 1951, p. 48, n. 6 ; mais cette note ne fait que renvoyer à Albert Hauck, Kirchengeschichte Deutschlands3-4, II. Leipzig, 1920, p. 355, qui se borne à signaler une présence grecque à Gorze, au surplus en renvoyant à deux passages de la Vita Johannis Gorziensis (BHL 4396) qui n’en font pas mention (!), et à un passage des Miracula S. Gorgonii (BHL 3621), 26, fort rhétorique et sujet à caution. On note dans la bibliothèque de Gorze au xie siècle (ms. de Reims, BM, 427 [xie - xiie s.], fol. 12-14) la présence de quelques livres suggérant une pratique élémentaire du grec : un Glosarius super alfabetum hebraerorum et grecorum, cuius initium est « Ratio quedam quae apud grecos appellatur logos » (Wagner, Gorze au xie siècle [1996], p. 179, n° 450) ; un Quaternio de alfabeto hebraico et greco (Ead., ibid., p. 179, n° 454), des Rotula officii sancti Baptiste grece compositi (ibid., p. 169, n° 303) et des Rotula grecorum nominum (p. 170, n° 308) ; sur le caractère rudimentaire de cette connaissance du grec, ne dépassant sans doute pas l’apprentissage de l’alphabet, voir Ead., ibid., p. 120-121.
5 Widric (ou Humbert de Moyenmoutier ?), Vita sancti Gerardi episcopi Tullensis, 19 (BHL 3431 ; éd. G. Waitz, MGH, Scriptores, IV [1841], p. 501, 26-29) : Coetum quoque Grecorum et Scottorum agglomerans non modicum, propriis alebat stipendiis commixtum diuersas linguae populum.
6 C’est ce que propose A. Michel, “Die Anfänge des Kard. Humbert bei Bischof Bruno von Toul”, in Studi Gregoriani, 3, 1948, p. 299-319.
7 Erasmo Brasca, Lettre à Bartolomeo Calco (voir infra, p. 111 et note 28), traduite par L. Delisle, “Notice sur vingt manuscrits”, 1877, p. 5 : « Outre les livres grecs de Poitiers, Pier Antonio m’a assuré qu’il y a dans une ville de Lorraine et dans une abbaye de Saint-Apre extra-muros beaucoup de volumes écrits aussi en grec. Le commencement en est tellement rongé par la vétusté que les titres n’en peuvent être lus que par des personnes versées dans la connaissance du grec. Votre Seigneurie sera prévenue que ces volumes de Toul furent trouvés sous terre. On suppose qu’ils y furent mis quand Attila, roi des Huns, traversa la Gaule et assiégea Metz, Verdun et Toul ».
8 Huglo, « Les chants », 1966, p. 75 : tropaire à saint Nicolas Мύροις παροικήσας figurant dans un ms. français du xie siècle non localisé (BnF, lat. 17177, fol. 50v) ; traduction en grec de toutes les pièces de la messe grégorienne du dimanche de Pâques et des chants de l’ordinaire dans un ms. de Montpellier (BFM, H. 306, fol. 138v) ; traduction en grec de plusieurs pièces de la Pentecôte dans le graduel de Nevers (BnF, lat. 9449 [vers 1060], fol. 49v-52v) ; introït de la Pentecôte traduit en grec et « noté » dans le tropaire-prosier de Saint-Martial de Limoges, BnF lat. 779 (xie s.), fol. 67, ainsi que dans le tropaire-prosier à l’usage de Moissac, BnF, NAL 1871 (2e moitié du xie s.), fol. XXIIr-v.
9 Le e devient H, le t est transcrit Θ ; i est souvent rendu par Y. Le u latin est transcrit en grec tantôt par O, tantôt par Y. Le sigma est toujours lunaire, et le w majuscule (Ω) est toujours de type oncial (ω). En outre, les lettres inutiles ou les erreurs de translittération sont fréquentes, de même que le maintien de lettres ou groupes de lettres de l’alphabet latin.
10 Salmon, 1844, p. 443 ; pour la charte de 941, voir reproduction infra, p. 185 et 186. L’acte de 859 porte la souscription ΔΑNIHΛ ΛHUYΘΑ CKPYΠΘCYΘ (Daniel leuita scripsit, « écrit par le diacre Daniel »).
11 Voir Salmon, 1844, p. 444-445 et pièces justificatives n° 1 et 2.
12 En 1103, la première page du manuscrit autographe de la Chronique d’Hugues de Flavigny comporte les lettres grecques avec leur transcription latine, et deux fois le texte grec du Notre Père : Manitius, Geschichte, III, 1931, p. 515. Quelques années plus tard (en 1120), dans le Liber Floridus du chanoine Lambert de Saint-Omer, on retrouve l’alphabet grec et le Notre Père en grec, auquel est joint le Symbole des Apôtres : A. Derslez, Lamberti Sancti Audomari canonici Liber Floridus…, Gand, 1968 (reprod. du ms. autographe Gand, BU,92), fol. 84v-85v et 101v-102 ; M.-P. Laffitte, J. Sclafer, Catalogue général des manuscrits latins, n° 8823 à 8921, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1997, p. 59 et 61 (ms. BnF, lat. 8865, fol. 52v-53 et 87r-v).
13 Metz, B.M. 179 ; Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements, t. V, Paris, 1879, p. 81. Rétrolittération : Hunc librum Albricius et Ecca iusserunt fieri ; qui legit, orat (pour oret ?) pro Arengthrio scriptore, q<u>i Deum in omnibus habeat adiutorem. Pour d’autres exemples de semblables souscriptions en translittération grecque, voir Bischoff, “Das griechische Element”, 19672, p. 255 et n. 46.
14 Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements, III, 1861, p. 291-292 (où le morceau est défini comme un « fragment de glossaire »). Voir Coens, 1958, p. 145-146, qui cite ce texte avec quelques différences et le met en parallèle avec un ms. de Cambridge.
15 Brunhölzl, II, 1996, p. 177.
16 Riché, Abbon, 2004, p. 83-84, ne pense évidemment pas qu’Abbon ait su le grec. Voir aussi Brunhölzl, II, 1996, p. 102-104 (Abbon se serait inspiré d’un répertoire semblable aux Scholica Graecarum glossarum de Martin). Sur Dudon, voir Id., ibid., p. 225, n. 156. Les nombreux mots grecs qu’on trouve chez Dudon viennent des Miracula sancti Germani d’Heiric d’Auxerre, qui les a lui-même trouvés chez Scot Érigène : Shopkow, 1989, p. 25 et n. 10, p. 34 ; Stéphane Lecouteux, “À partir de la diffusion de trois poèmes hagiographiques, identification des centres carolingiens ayant influencé l’œuvre de Dudon de Saint-Quentin” (site Internet).
17 Gatti, Ainardo. Glossario. Edizione critica, 2000, p. 3-136 ; cf. Id., “Il glossario di Ainardo di Saint-Èvre”, in Studi medievali, 3a serie, 29/1, 1988, p. 317-374, spéc. p. 321. L’unique manuscrit, provenant de Saint-Arnoul et conservé à Metz (B.M., ms. 500 ; fin du xe s. ou début du xie), a été détruit en 1944, mais avait été partiellement édité par G. Goetz, CGL, V, 1894, p. 615-625 ; Gatti en a donné une édition intégrale et corrigée, d’après un apographe de Gustav Loewe.
18 C’est aussi aux glossaires (notamment ceux de l’abbaye de Ripoll) que les notaires de la Catalogne franque doivent les vocables grecs qu’ils étalent : Zimmermann, 1990.
19 Nebbiai-Dalla Guarda, “Les glossaires et les dictionnaires”, 2002, p. 149-150. C’est une sorte de retour aux sources grecques, puisque les premiers dictionnaires de l’antiquité hellénique furent des lexiques ou glossaires homériques, comme le rappelle Hummel (2007, p. 514), qui souligne aussi (p. 520), que, « pas plus que l’Antiquité, le Moyen Âge (occidental) ne possède de véritable dictionnaire ».Sur le concept de deriuatio voir Klinck, 1970, p. 22-28.
20 Weiss, “Il greco all’abbazia”, 19772, p. 47-48.
21 Voir Cuissard, 1883, p. 47-48 ; Berschin, Griechisch lateinisches Mittelalter, 1980, p. 250-251. Pour une description du manuscrit, voir Leroquais, Psautiers manuscrits, II, 1940-1941, p. 142-143, n° 373.
22 Widukind, Res gestae Saxonicae, III, 2, éd. G. Waitz, MGH, Scriptores, III, 1839, p. 451 : Huius patris (scil. Bovon Ier) auus Bouo Graecas litteras coram Conrado rege legendo factus est clarus. Même en admettant que Widukind attribue à Bovon Ier un exploit de Bovon II (abbé de 900 à 916, ce qui coïncide bien avec le règne de Conrad Ier), l’anecdote est sujette à caution. Voir Brunhölzl, II, 1992, 19962, p. 362 (trop confiant), qui renvoie à Ohnsorge “Drei deperdita”, 1952, lequel tente de reconstituer les circonstances de l’ambassade en question, optant évidemment pour le règne de Conrad Ier et donc voyant dans le Bovon helléniste le petit-fils (Bovon II) et non le grand-père.
23 Viktor Schulze, Codex Waldeccensis : Unbekannte Fragmente einer griechisch-lateinischen Bibelhandschrift. München, C.H. Beck, 1904 (fac-simile), 23 p.
24 Bredehorn, 1999, p. 466, avec références.
25 Notker Balbulus, Epistula ad Lantbertum, éd. Jacques Froger, “L’Épître de Notker sur les « Lettres significatives » : édition critique”, in Études grégoriennes, 5, 1962, p. 69-70, spéc. 70 : Salutant te ellinici fratres (…). Sur ces ellinici fratres, voir entre autres : laistner, “Thought and letters”, 1931, p. 243 (qui doute de l’authenticité du document, à savoir la fameuse Lettre à Lambert) ; É. Delaruelle, 1946, p. 221 et n. 52 (il s’agirait de Grecs, mais qui étaient seulement de passage dans le monastère) ; Lemerle, 1971, p. 16, note 22 ; Kaczynski, 1988, p. 116 (« They were simply Latin monks who had a taste for Greek »).
26 Laistner, “Thought and letters”, 1931, p. 243-244.
27 Voir H. Omont, Fac-similés des manuscrits grecs de la Bibliothèque Nationale du ixe au xive siècle. Paris, E. Leroux, 1891, p. 3, planche xIV, qui en reproduit le fol. 179. Hélias se dit, dans le colophon du fol. 193 reproduit par Omont, « moine spiléote », i. e. du monastère fondé à Melicuccà (Reggio Calabria) par saint Hélias (ou Élie) le Spéléote (864/865-960) : … ’Ετελιοθη τω παρόν έκλογαδιον δια χειρος Ήλιού σπιλεότου… Voir reproduction infra, p. 187.
28 Staubach (1991) voit dans l’hellénisme ottonien un projet politique de prolongation et d’accentuation de l’hellénophilie carolingienne (à son comble sous Charles le Chauve), pour légitimer par la culture intellectuelle la nouvelle dynastie et l’investir en Occident d’une mission comparable à celle des porphyrogénètes en Orient.
29 La démonstration en a été faite par Manitius, Geschichte, II, 1923, p. 770 : Hermann « traduit » χίλιοι par chile. Il est à noter que ni la courte Vita (ou Laudatio) écrite par son disciple Berthold (PL 143, 25-30), ni le début des Annales du même Berthold (ad annum 1054 ; MGH, Scriptores, V, p. 267-269) ne mentionnent une quelconque connaissance du grec chez Hermann.
30 Sur Mannon, voir Jeauneau, “Les écoles”, 1971/1972, p. 506-507.
31 Voir Michel, “Sprache und Schisma”, 1949, qui, p. 65-67, rappelle, à propos de la procession de l’Esprit saint et de la querelle du Filioque, que l’ignorance de la langue de l’autre parti a créé entre les Grecs et les Latins des équivoques et des malentendus qui ont provoqué la rupture.
32 Peu après 1054 parut à Byzance un libelle violemment hostile aux Occidentaux. Ce texte, qui puise clairement dans les lettres de Michel Cérulaire, porte le double titre de Contre les Francs et Sur les Francs et les autres Latins : Jugie, Schisme byzantin, 1941, p. 216 et n. 1.
33 Au sujet de ces ambassadeurs et voyageurs, on consultera Ciggaar, 1996, p. 161-200. Le plus remarquable d’entre eux est peut-être Foucher de Chartres (ca 1059-1127), qui pendant la Première Croisade se rendit à Constantinople avec Étienne de Blois et nous a laissé dans son Historia Hierosolymitana (chap. IV) une description admirative de la capitale orientale : Ead., p. 170 et n. 20.
34 Le mot, illustré par la Grammaire descriptive de Louis Roussel, 1922, et le Dictionnaire d’Émile Missir, 19522, est injustement tombé en désuétude. D’un point de vue littéraire, le roméique est représentée au xiie siècle par les poèmes ptochoprodromiques (Thonnet, p. 99-112) et la version grecque de la Chronique de Morée (début du xive siècle ; Id., p. 112-133). Par sa syntaxe, sa morphologie et son vocabulaire, cette langue médiévale est proche du parler démotique ; elle est « Immédiatement accessible à un lecteur grec d’aujourd’hui » (Id., p. 112, à propos des pièces ptochoprodromiques).
35 Sur ces visites, voir Ciggaar, 1996, p. 164.
36 Sur la connaissance de la langue grecque chez Liutprand – examinée autrefois par Gidel, 1878, p. 204-225 –, voir Berschin, “Griechisch-lateinisches Mittelalter”, 1980, p. 214-222, et surtout la monographie de Koder & Weber, 1980. Ceux-ci concluent que Liutprand avait une maîtrise réelle du grec parlé de son temps, mais aussi une certaine connaissance du grec classique et surtout biblique et patristique. Schreiner, “Zur griechischen Schrift”, 2003, p. 315-317, souligne la rapidité (6 mois) avec laquelle Liutprand, en 949-950, apprit à parler et à écrire le grec.
37 Brunhölzl, II, 1996, p. 275-277. En voici un échantillon (vers 357-360 ; éd. J. Huemer, p. 228) : Pape patris Terspicore (sic) cum diesi et limmate / Numquid nosti prosmelodon, num nete iperboleon, / Hiscine concinnentibus constant proportionibus, / Quas dicunt diatessaron diapente diapason.
38 Ekkehard IV, Casus S. Galli, 94, éd. H. Haefele, p. 194. Voir Stotz, 1991/1993 et Brunhölzl, II, 1996, p. 52-53.
39 Voir J.P. Green, 2005, p. 229-232, qui suppose qu’Hildegarde a eu connaissance de poèmes macaroniques gréco-latins de l’école de Laon, et que, privée de tout accès à la langue grecque, elle a forgé de toutes pièces un langage sacré équivalent en prestige. La Lingua ignota a été éditée par Alois Odermatt & Marie-Louise Portmann, Wörterbuch der unbekannten Sprache : « Lingua ignota » : in der Reihenfolge der Manuskripte, sowie alphabetisch nach unbekannter Sprache, lateinischer Übersetzung, mittelhochdeutscher Übersetzung und moderner Übersetzung. Basel, Verlag Basler Hildegard-Gesellschaft, 1986, p. 1-16.
40 D’après Gidel, 1878, p. 274, n. 1 – suivi par Sandys, I, 1903, 19673, p. 556-557 –, le moine cistercien Hélinand de Froidmont (ca 1160 – après 1229), auteur des célèbres Vers de la mort, aurait déformé γνώθι σεαυτόν en nothiselitos et nothiselito. Dépourvue de référence précise, cette allégation est suspecte. Dans le texte latin du De cognitione sui repris par Vincent de Beauvais et publié par Migne, la maxime grecque est citée correctement : Hélinand de Froidmond, De cognitione sui, caput II (PL 212, 734 A-B : Olim apud Delphos scriptum fuisse legitur in uetustissimo tripode Apollinis famosissimum oraculum, datum consulenti, quomodo ad beatitudinem perueniret, « gnothi seauton », id est « Nosce te ipsum ! »).
41 Bischoff, “Foreign languages”, 1961, p. 216, ou reprise de 1967, p. 235.