1 Le lycée, en France, correspond au cycle terminal des études secondaires (composé de trois années : Seconde, Première, Terminale) et le baccalauréat est l’examen sanctionnant les études secondaires et ouvrant droit à l’université (dont il constitue le premier grade). Par commodité, nous désignons ici par « lycée » les « lycées d’enseignement général et technologique », à l’exception donc des « lycées professionnels », dont les programmes sont différents.
2 Pour faire droit à une opposition souvent reprise, inspirée de Genette (1982) qui définit ainsi le type de transtextualité que représente l’hypertextualité (p. 11 sq.) : « J’entends par là toute relation unissant un texte B (que j’appellerai hypertexte) à un texte antérieur A (que j’appellerai, bien sûr, hypotexte) sur lequel il se greffe d’une manière qui n’est pas celle du commentaire ».
3 Nous avions au départ choisi quatre revues, en prenant comme critère le fait qu’elles avaient consacré un numéro thématique à la question de l’écriture d’invention : Enjeux (en 2003), Le français aujourd’hui (en 1999), Recherches (en 2003), Pratiques (en 2005) ; nous avons ajouté Repères, bien que cette revue ne réponde pas à ce critère, mais parce qu’il nous semblait difficile d’exclure cette revue majeure du champ de notre investigation. Notre sélection des articles a reposé sur le contenu de l’article et non sur le titre seul : nous avons retenu ceux qui nous semblaient traiter de questions qui relèvent de l’écriture en lien avec l’enseignement de la littérature, y compris quand les auteurs n’utilisaient pas l’expression écriture d’invention, ou ne s’y référaient même pas.
4 À raison de trois sujets par année (pour les séries littéraire, scientifique, économique et sociale, sciences et technologies tertiaires, sciences et techniques de gestion).
5 On appelle généralement « annales zéro » des sujets proposés comme modèle par l’inspection, avant même les sujets réels donnés à l’examen, pour donner aux enseignants comme aux élèves une idée de ce que l’on peut attendre comme type de sujets.
6 Bulletin officiel hors-série n° 6 du 12 aout 1999.
7 On peut se reporter, pour mémoire, aux descriptions qui en ont été faites dans Coget (2003) ; Daunay (2003) ; Petitjean (2001a).
8 Texte du Bulletin officiel hors-série n° 6 du 31 aout 2000, repris sans changement dans la version définitive des programmes parue dans le Bulletin officiel hors-série n° 28 du 12 juillet 2001.
9 Texte paru au Bulletin officiel n° 26 du 28 juin 2001.
10 Pour une analyse de ces différences entre les différentes moutures des textes officiels, et le sens qui peut leur être donné, voir Daunay (2005).
11 À l’époque, en vertu de la loi d’orientation de 1989, les programmes sont sous la responsabilité du Conseil national des programmes, qui déléguait le travail pour chaque discipline à un Groupe technique disciplinaire (GTD), composé d’universitaires, d’enseignants et d’inspecteurs. Le GTD chargé des programmes de français était présidé par Alain Viala ; André Petitjean, souvent cité dans cette contribution, en était membre.
12 Voir respectivement la note de service n° 94-209 (Bulletin officiel spécial n° 10 du 28 juillet 1994) et la note de service n° 2006-199 (Bulletin officiel n° 46 du 14 décembre 2006).
13 Cf., dans des perspectives différentes, les approches historiques de Petitjean (2003), de Denizot (2008) et de Daunay (2015).
14 Nouveauté qu’affichaient les concepteurs des programmes, au nom d’une certaine idée de l’innovation, et qui a suscité les violentes critiques qui lui ont été adressées, au nom d’une tradition revendiquée.
15 Bulletin officiel n° 10 du 28 juillet 1994.
16 Nous soulignons.
17 Bulletin officiel n° 28 du 12 juillet 2001. Huynh (1999) affirmait, dans le contexte des réformes, la nécessité de cette articulation entre invention et argumentation. Cf. infra (1.3.), où nous donnons quelques indications chiffrées sur la part de l’argumentatif dans l’écriture d’invention et l’évolution de cette dernière.
18 Bulletin officiel n° 46 du 14 décembre 2006. Nous soulignons.
19 Là encore infra (1.3.), pour quelques statistiques sur la part du métatextuel et de l’hypertextuel dans les sujets d’écriture d’invention au baccalauréat.
20 Notre inventaire des sujets d’écriture d’invention dans les manuels de collèges et de lycées autour des années 2000 (Cauterman, Daunay, Coget, Denizot & Vanderkelen, 2004 : 37-62) permet de confirmer, dans les pratiques de manuels, ce que les discours des enseignants comme des commentateurs des programmes nous faisaient apparaitre : une continuité, malgré quelques différences, entre collège et lycée.
21 C’était l’un des souhaits de Petitjean (2001a, p. 175), « de distinguer l’“écriture d’invention” en situation formative, au long des années de Seconde et de Première, et en situation sommative, en particulier sous sa forme d’épreuve au baccalauréat » ; et c’est l’un des regrets qu’il formule (2014, p. 29) : « J’ai déjà exprimé mes réticences à l’égard des formes prises par l’exercice tel que le législateur l’a formaté en tant qu’épreuve du baccalauréat et redis, par contre, l’intérêt de l’activité en situation formative ».
22 Il est intéressant de noter ici la fonction de « laboratoire » que jouent souvent les sections moins prestigieuses, phénomène ancien dans l’histoire de la discipline, comme l’a montré Martine Jey (1998) à propos des « modèles dominés » (p. 169 sq.) qu’ont été l’enseignement spécial et l’enseignement féminin.
23 Cf. BO n° 26 du 28 juin 2001.
24 Une modification du programme de première en 2006 (remplacement du « biographique » par un nouvel objet d’études : « le roman et ses personnages : vision de l’homme et du monde ») a entrainé une modification du texte régissant l’EAF, à partir de la session 2008. Voir note ci-dessous.
25 Dans son étude sur l’écriture d’invention et l’argumentation, Anne Vibert (2008) compte 58 sujets sur 80 (72 %) relevant de l’argumentation, en incluant les sujets des centres étrangers.
26 Cf. BO n° 46 du 14 décembre 2006. Les manuels semblent avoir anticipé ce mouvement : un dépouillement de tous les sujets d’écriture d’invention dans une dizaine de manuels de lycée parus entre 2000 et 2002 avait fait apparaitre que seulement 20 % d’entre eux pouvaient être qualifiés d’argumentatifs (Cauterman, Daunay, Coget, Denizot & Vanderkelen, 2004, p. 46).
27 C’est un constat similaire de « dilution » de l’argumentation que fait Vibert (2008, p. 60), regrettant que « la réduction du champ littéraire [à l’œuvre depuis la fin du XIXe siècle] à des œuvres dont la finalité est perçue d’abord et avant tout comme esthétique a rendu difficile l’introduction dans les corpus scolaires d’œuvres dont la finalité est d’agir dans l’espace social et politique ».
28 Des travaux historiques sur les pratiques scolaires, qui se sont multipliés dans cette période, ont pu alors aider à éclairer le rôle de l’écriture d’invention dans l’histoire de la discipline « français » : cf. les travaux de Petitjean & Privat (1999), de Savatovsky (1998), de Jey (1998), d’Houdart-Mérot (1998), de Vourzay (1996) ; ou encore de Daunay (2002), plus tardif, mais qui rendait compte d’une recherche antérieure.
29 Les lignes qui suivent veulent donner un aperçu du foisonnement didactique des années 1980-1990 qui ont pu avoir une influence sur l’écriture d’invention, mais ne visent aucun objectif d’exhaustivité.
30 Il faudrait citer aussi les propositions plus anciennes de Célestin Freinet, dont l’influence sur les recherches didactiques n’a pas été nulle (voir Vergnioux, 2001).
31 Le numéro n’est pas directement inspiré des programmes, mais a été conçu dans le cadre de la concertation en lien avec les programmes, ce qui se voit au début de l’article de Jeanne-Antide Huynh (1999) : « La Charte des lycées a placé l’écriture créative au cœur de la réforme de l’enseignement du français ». Huynh fait allusion au texte publié par le Ministère en 1999, à l’issue d’une concertation de préparation des programmes, intitulé « Un lycée pour le XXIe siècle ». On pouvait en effet lire, non l’expression écriture créative, mais ceci : « Parallèlement à la dissertation, qui reste un exercice inhérent aux études littéraires, les professeurs doivent former les élèves à l’écriture de textes de narration et d’imagination ».
32 L’AFEF (Association française des enseignants de français) est une association militante qui œuvre depuis sa création en 1967 à une rénovation de l’enseignement du français.
33 2005 est l’année de parution du numéro de Pratiques consacré à l’écriture d’invention, qui s’inscrit encore clairement dans une réflexion sur les programmes de 2000, comme en témoigne notamment le fait que plusieurs des articles sont des versions remaniées de communications lors d’une journée d’études de l’IUFM Nord-Pas-de-Calais, « Écriture et invention », en avril 2002.
34 C’était précisément le but de notre recherche collective (Cauterman, Daunay, Coget, Denizot & Vanderkelen, 2004) que de « définir le concept que recouvre cette nouvelle dénomination, et d’en interroger l’extension en examinant les pratiques (de collège et de lycée, actuelles et anciennes) qu’elle pourrait recouper, et en décrivant les continuités et les ruptures (synchroniques et diachroniques) entre ces pratiques » (Daunay & Denizot, 2003, p. 82).
35 La plupart ne font pas référence explicitement ni à l’objet ni à sa dénomination.
36 Notons par exemple que, dans la dizaine d’articles de notre corpus qui traitent de l’écriture d’invention après 2005, 8 désignent l’exercice du baccalauréat, et donc l’objet institutionnel dans sa définition la plus restreinte, sans ouvrir sa définition au-delà de cet étroit contexte institutionnel.
37 On peut ajouter le nombre très réduit de thèses s’intéressant au sujet : une requête « écriture d’invention » dans le fichier (theses.fr) fait apparaitre 5 résultats, dont un seul (Le Goff, 2006) comporte l’expression dans son titre. Peut-on compter comme un autre indice fiable le fait que l’on trouve, dans une requête faite sur le catalogue de la Bibliothèque nationale de France cinq ouvrages portant le titre « écriture d’invention » en 2006 et un seul après ?
38 En 2006, un numéro entier du FA porte ce titre : n° 153, Enseigner la lecture littéraire.
39 Comme en témoignent par exemple bon nombre de bibliographies des articles du FA n° 153.
40 Contribuant du reste à imposer le champ de la « didactique de la littérature » comme champ relativement autonome (Ahr, 2015).
41 Il n’est ainsi pas anodin que 11 articles de notre corpus de revues soient des articles à dimension historico-didactique.