Un coin de terre pour mourir
Les cimetières ruraux dans l’Espagne moderne
p. 157-170
Texte intégral
1La cohabitation des vivants et des morts dans un même espace : espace de culte, espace de sociabilité et même espace ludique et férié, est l’un des traits distinctifs de l’Ancien Régime. La plupart des défunts attendaient le Jugement dernier sous le sol remué des églises paroissiales et des couvents alors que les plus défavorisés reposaient dans les cimetières annexes, les uns comme les autres en permanente interaction avec les vivants. A contrario, l’éloignement des morts caractérise les périodes anciennes (il faut se souvenir de la défense d’enterrer dans le pomerium que la Loi des XII tables avait établie à Rome) ou d’autres religions (juifs, musulmans), ou même encore l’Europe occidentale d’aujourd’hui, après l’accomplissement d’un cycle historique qui a duré plusieurs siècles. Le début du processus qui a conduit au modèle de l’Ancien Régime peut être observé à partir de la législation des Partidas, cette grande summa juridica réalisée par l’entourage du roi castillan Alfonso X le Sage, dans la seconde moitié du xiiie siècle. La première Partida rappelle que les empereurs et les rois « ont ordonné de faire les églises et les cimetières en dehors des villes et villages et d’y enfouir les morts, pour que leur odeur ne corrompe l’air ni ne tue les vivants ». Or, le christianisme et les Pères de l’Église sont allés à l’encontre de cette législation en prescrivant que « les corps aient sépulture près de leurs églises, non dans des lieux solitaires et loin d’elles, pour qu’ils ne gisent pas enterrés dans la campagne comme des bêtes1 ». Comme la plupart des églises étaient à l’intérieur des villages, la reconquête des espaces habités par les défunts en a été facilitée, dans un phénomène qu’on pourrait interpréter de deux façons différentes : tant une invasion des morts que leur appropriation par l’Église.
2Au besoin, tel que défini par les Partidas, de s’enterrer près des églises, quatre raisons : une plus grande proximité de Dieu, mais aussi de la famille et des amis (Église militante) qui doivent prier pour l’âme des défunts (Église purgative), la protection des saints (Église orante) auxquels les temples sont dédiés et, enfin, la sauvegarde contre les pièges des diables2. Dans la péninsule Ibérique, une autre raison prévalait : se distinguer des pratiques funéraires des juifs et des mahométans.
Du cimetière à l’inhumation intra ecclesiam
3Ainsi, un chrétien ne pouvait pas comprendre la folie de Grisóstomo, personnage du Don Quichotte qui avait ordonné dans son testament « qu’on l’enterre dans la campagne, comme s’il était maure3 ». Le vrai chrétien devait se distinguer des infidèles par sa manière de se faire enterrer près d’une église, ce qui, au xiiie siècle, ne voulait pas encore dire à l’intérieur. Le lieu habituel d’inhumation était encore le cimetière chrétien, tout à côté de l’église, ce que les Partidas ont aussi réglementé. Un cimetière, ou cimenterio, était « le lieu où s’enterrent les morts et où leurs corps deviennent des cendres ». L’évêque décidait de son emplacement et le bornait quand il consacrait une église. Les cathédrales et les églises des couvents devaient réserver « 40 passadas de chaque côté pour le cimetière » et les églises paroissiales 30, soit respectivement 200 et 150 pieds (la passada valant 5 pieds d’un homme moyen)4. Ces cimetières, dont l’iconographie des Cantigas d’Alfonso X offre quelques exemples, apparaissent dans des sources documentaires et littéraires sous le nom de cimiterio (Berceo), cimiteyro (Cantigas), ou ciminterio, bien qu’on utilise aussi des variantes à partir de fossa, telles que fossalario (Berceo), fossario ou fosario (Livre d’Alexandre). Le Cancionero de Baena parle aussi de fonsado ou fonssado mais ce terme s’appliquait habituellement aux cimetières juifs, comme également fosario, fonsario, fosal ou honsario. Les musulmans préféraient, quant à eux, les mots dérivés de l’arabe : maqbara (pluriel maqabir), macabrán, almacáber, almocáber, almocóbar ou machaber5.
4Hormis les exclusions également réglementées par les Partidas6, le cimetière était le destin de presque tous. Cependant, « certaines personnes » avaient le privilège de reposer à l’intérieur des églises, où elles pouvaient profiter plus rapidement de l’action purificatrice des prières. Il s’agissait de personnes royales et de membres de leur famille, mais aussi d’évêques, de prieurs, de maestres (maîtres) et comendadores (commandeurs) des ordres militaires, de prêtres, de ricos omes (hommes riches), d’« hommes honnêtes qui construisaient de nouvelles églises ou monastères » et de laïcs qui le méritaient, grâce « à une vie bonne et sainte et de bonnes œuvres7 ». Tout au long du bas Moyen Âge, ces exceptions ont augmenté jusqu’à aboutir à la généralisation, dès le xvie siècle, des enterrements intra ecclesiam. Ce phénomène a été nourri aussi bien par la soif de distinction et le désir d’obtenir un chemin de salut plus efficient, que par les ressources économiques que les obsèques apportaient aux prêtres et à la fabrique des paroisses. À l’évidence, en raison de tels bénéfices, les églises des couvents ont interprété les règles avec souplesse et ont accordé, parfois au détriment des églises paroissiales, des facilités aux fidèles désireux de reposer, sous la protection de leurs murs, en terre sacrée.
5Bien qu’en Galice, la moitié des testaments demande encore mi xvie siècle un emplacement dans le cimetière, le monopole des églises est déjà un fait établi, au moins dans les zones urbaines. Il en est de même à Barcelone, dans les régions de Castellón ou à Tolède8. Le cimetière devient ainsi le triste destin des défavorisés, de ceux qui meurent dans les hôpitaux et de ceux qui ne peuvent pas payer leur sépulture à l’intérieur de l’église. Ce processus, qui perdure jusqu’au siècle suivant, a suscité ce que l’on a appelé le « silence des cimetières ». À Huelva, « même les pauvres font leur testament et parlent de leur enterrement comme si les cimetières n’existaient pas ou n’étaient pas destinés à eux9 ». Au xviie siècle, dans la conception commune comme dans le dictionnaire de Covarrubias, le cimetière est « le lieu collé au corps de l’église, où on enterre les corps des fidèles et où on leur donne sépulture ecclésiastique10 », et ce, a contrario du vœu de la plupart des testateurs qui font de l’église le seul vrai lieu d’inhumation ; la différence vient du fait que ceux qui se faisaient enterrer en dehors d’elle ne pouvaient pas, en général, faire leur testament.
6La rareté ou le manque de mentions testamentaires oblige à faire appel à d’autres sources pour obtenir des informations sur les cimetières de l’Époque moderne, et plus encore quand ils sont ruraux. Les constitutions synodales, dont plus d’une centaine du xve au xviiie siècle ont été examinées, constituent l’une des sources les plus intéressantes, en raison de leur abondance et de leur distribution spatio-temporelle – qualités qui en font un document presque sériel. Les synodes, comme Covarruvias l’expliquait, étaient des assemblées « que font chaque prélat dans son diocèse, en rassemblant les personnes ecclésiastiques qui sont habituellement présentes dans ces cérémonies-là11 ». De là, sortaient les constitutions que les prêtres devaient appliquer pour mener à bien leurs fonctions sacramentelles et spirituelles, dont relevaient les rites funéraires et l’administration des lieux d’inhumation, c’est-à-dire, l’église même et le cimetière voisin. L’information fournie par les statuts synodaux présente deux caractéristiques dont il faut tenir compte avant de l’exploiter : en premier lieu, la réitération des dispositions, qui suggère une originalité moindre – la répétition continue d’ordres et d’interdictions peut aussi indiquer l’enracinement de certaines pratiques et croyances – mais, en revanche, une intertextualité généralisée ; en second lieu, les constitutions font état des pratiques souvent sous une forme négative, c’est-à-dire au moyen de descriptions qui tendent à les rejeter ou à les faire disparaître, en raison de leur caractère irrévérencieux, inapproprié ou par trop profane. L’historien, comme le vieux photographe, a besoin de faire le tirage de cette information pour obtenir de belles images sur la vie quotidienne ou les pratiques religieuses, mais le négatif lui est aussi utile, car y restent imprimées quelques traces du terreau culturel dans lequel se développait cette législation ecclésiastique. Les statuts synodaux offrent un tableau assez homogène tout au long des quatre siècles, malgré quelques légères variantes perceptibles au fil du temps et favorisées parfois par les directives du Concile de Trente. Des décrets qui en sont issus, on peut déduire l’acceptation complète du modèle des inhumations à l’intérieur des églises, avec une distribution spatiale des défunts règlementée en fonction de leurs aumônes ou de leur statut. Les décrets essaient de garantir le bon usage de l’espace sacré, en exigeant que les sépultures ne dépassent pas le sol, sans tumulus ni tombeau, ou en délimitant le ius sedendi dont les familiers usaient pour « privatiser » l’espace où leurs défunts reposaient.
Le cimetière paroissial : un lieu de vie
7Les textes synodaux permettent, d’abord, de connaître les conditions qu’un cimetière paroissial devait respecter. C’étaient les visitadores qui devaient signaler le lieu que le nouveau cimetière occuperait et le bénir comme un lieu sacré qui, comme l’église, jouirait de l’immunité. Il devait être clôturé par un mur d’une telle hauteur qu’il empêche l’entrée des animaux, spécialement des chiens et des porcs, qui puissent déterrer et profaner les cadavres12. Pour la même raison, on devait le fermer par une porte fermant à clé et couronnée d’une petite croix qui prévienne de la sacralité du lieu, avec possibilité de mettre une autre croix plus grande sur un lieu élevé. À l’intérieur, tout entassement de terre, bois, pierres ou ordures était défendu, de même que la plantation d’arbres13. Si la clôture du cimetière était impossible, il fallait signaler au moins ses limites avec des bornes et empêcher qu’il soit traversé par des chemins14. L’insistance sur le besoin de borner les cimetières montre l’abandon dans lequel plusieurs se trouvaient et qui les rendait très vulnérables à n’importe quelle profanation. Ainsi, comme le synode d’Albarracín le dénonçait, « dans beaucoup de lieux les cimetières sont profanés, par les gens et par les animaux qui y marchent et y paissent librement car ils ne sont pas gardés et enfermés comme il le faut15 ». La situation pouvait s’aggraver plus encore lors des périodes d’instabilité et de guerre. Voilà que, dans les années où la guerre de Succession dévastait l’évêché de Lleida, ses cimetières ruraux étaient ouverts « et sans aucun abri, sujets à la grande insolence des soldats, des maquisards et des volontaires dans ces horribles guerres qui ne respectent pas les églises, les maltraitent et les profanent16 ». La consigne générale était donc de borner les cimetières et de les équiper d’ossuaire où recueillir les os des défunts quand la corruption de la chair était achevée et qu’il fallait vider les sépultures17.
8Puisqu’il était un lieu sacré comme l’église, le cimetière jouissait aussi de l’immunité et, en raison de cela, les statuts synodaux réglementaient les conditions dont pouvaient bénéficier les réfugiés, fuyant la justice pour cause de dettes ou de délit. Elles répétaient que, pour jouir de l’immunité ecclésiastique, on devait être « pudique et se conduire honnêtement » dans le lieu sacré qu’on devait abandonner dans un délai établi qui variait entre trois jours à Alcalá la Real et dix jours à Santiago de Compostela18. Mais l’occupation du lieu sacré par ces réfugiés, la plupart simples délinquants, était l’occasion de nombreuses indécences. Surtout par beau temps, les réfugiés se montraient à la vue des voisins et même des représentants de la justice, jouant aux cartes, bavardant avec des femmes et se moquant de ceux qui passaient en jouant de la vihuela (viole) et d’autres instruments profanes.
9Autre problème dont le synode de Plasencia faisait état en 1534, « dans la plupart des lieux de notre évêché, les cimetières des églises sont utilisés comme places publiques19 ». On y tenait les foires et les marchés, on y achetait et y vendait, on y criait les marchandises, on y faisait des contrats et des enchères. Les merciers et les camelots y étalaient leurs étaux ; les boucheries et les poissonneries y développaient leurs activités. La terre sacrée était envahie par les menuisiers, les forgerons et d’autres ouvriers qualifiés y entraient des chariots et des bœufs ; on y bridait les montures, on y dépiquait les céréales et y étendait les draps à sécher. Portiques et cimetières accueillaient, en outre, tout genre de rassemblements civiques, tels les conseils municipaux, les élections de métiers et les audiences judiciaires où se décidaient les causes civiles et criminelles. Il était donc parfois difficile d’établir une frontière précise entre le sacré et le profane, malgré la prescription du synode de Badajoz : « Que l’église soit église et le marché soit marché20. » Les festivités religieuses n’y parvenaient pas davantage, de sorte que les offices religieux se prolongeaient en ripailles, banquets et collations à l’occasion de la fête d’une confrérie, d’un mariage, d’une nouvelle messe ou même d’un enterrement où étaient habituelles les « charités pour les défunts ». Les constitutions ont fulminé contre ces désordres profanes, même si dans certains cas, toujours avant la réforme tridentine, on dût les accepter mais en imposant de la mesure. Ainsi, à Salamanca, ont été admises les charités et les ripailles, « en mangeant dans le cimetière et sous le portique de cette église… à condition qu’on les fasse honnêtes et proprement et sans dire des mots indécents, sans blasphémer, sans faire d’autres choses illicites dans les cimetières et portiques de ces églises21 ».
10Si on en croit les synodales, il était banal que la paix des morts soit troublée par les danses et les bals, les comédies et les représentations théâtrales, les sons bruyants, les chants profanes et, la nuit de Noël ou de San Estéban, par des chanzonetas aux paroles cocasses et indécentes. Plus surprenant encore, l’usage des cimetières comme arènes pour les courses de taureaux, l’une des fêtes les plus enracinées dans la culture péninsulaire et apparue précocement : en 1500, le synode de la cité portugaise de Guarda l’interdit, alors qu’à Burgos, on prescrit que « dans les cimetières des églises de cet évêché on ne fasse pas de corridas » sous peine d’excommunication. La mesure est adoucie une décennie plus tard, en autorisant que « les taureaux puissent être toréés avec des capes ou de manière à ce qu’on n’use pas de cruauté envers eux ». L’habitude n’a pu être supprimée ni par la réforme de Trente, ni par l’interdiction stricte des fêtes de taureaux par Pie V en 1567. Encore au xviie siècle, les constitutions font état de quelques menaces d’excommunication à l’encontre de corridas dans les cimetières.
11On pourrait penser que, transmises de synode en synode, les interdictions des constitutions synodales avaient peu à voir avec la réalité des pratiques du cimetière mais il n’en est rien. Pour le prouver, les données ont été complétées par des sources judiciaires car les causes civiles et criminelles ont l’avantage de faire état non seulement de spéculations ou d’avertissements préventifs, mais aussi de faits avérés et confirmés par des témoins oculaires qui en donnent même plusieurs versions22. Leurs témoignages, pris sur le vif et dans l’instant, montrent les lieux partagés par les vivants et les morts, non comme des espaces solitaires et inanimés, mais comme des scènes où on jouait « l’insociable sociabilité » de l’être humain dans toute sa crudité passionnelle.
12Deux fonds documentaires ont été consultés : les procès conservés dans les Archives diocésaines de Tolède et les causes criminelles des Archives municipales des Monts de Tolède, contrée relevant de Tolède depuis le xiiie siècle et dont le territoire était peuplé à la fin du xvie siècle, de 3 000 voisins environ, répartis en 18 villages. L’archevêché de Tolède était la plus grande circonscription ecclésiastique de l’Espagne de l’Ancien Régime, c’est pourquoi les instructions des procès, faites par les vicaires, ont une large représentativité territoriale. La juridiction épiscopale, qui s’étendait sur les curés mais aussi sur les laïcs pour les questions sacramentelles ou de foi, avait compétence dans tous les procès qui touchaient les intérêts économiques des institutions ecclésiastiques et, surtout, sur tous les délits perpétrés dans les lieux sacrés.
13Première focale offerte par ces fonds, celle d’un prétendu ius sedendi auquel les femmes faisaient appel à l’intérieur des églises pour s’emparer de l’espace sépulcral sous lequel reposaient leurs défunts. Prenons l’exemple de la cause judiciaire relative à l’église paroissiale de Guadamur et présentée devant le vicaire de l’archevêché en avril 1604 ; elle relate qu’au temps de Pâques, une femme, Isabel Garrido, a voulu placer « un bancal (petit banc), une chandelle et des offrandes » sur la sépulture de sa mère, mais elle a trouvé qu’une « dame distinguée » y avait mis une natte pour s’y asseoir. Isabel l’a retirée sans hésitation et a mis son offrande de cire, de pain et de vin mais quand, le lendemain, elle a essayé de la renouveler, elle y a trouvé la dame assise avec ses filles. Isabel, furieuse, est passée parmi les gens qui étaient assis ou agenouillés en écoutant la messe et a expulsé les intruses en les injuriant et en ameutant d’une telle façon, que la messe a dû être interrompue, surtout quand son mari y est entré en criant que la sépulture leur appartenait23. Des conflits comme celui-ci étaient, bien sûr, des exceptions à la paix qui régnait dans les églises, mais ils illustrent parfaitement la promiscuité entre les vivants et les morts et les habitudes funéraires qui étaient pratiquées dans les lieux sacrés et contre lesquels les synodes ont dû prendre des mesures.
14Il ne manque pas, non plus, dans les causes criminelles, d’allusions aux cimetières comme des lieux d’asile ou de rendez-vous entre voisins. « En causant dans le cimetière » ou « en étant dans le cimetière », autant d’expressions avec lesquelles beaucoup de témoins commençaient leurs dépositions. Nombreux sont les épisodes dont les protagonistes étaient des réfugiés qui se trouvaient en sûreté sous l’abri de l’église ou encore en plein air, auprès des murs ou des simples bornes qui délimitaient le cimetière. Dans le village de Los Yébenes, le cimetière de Sainte-Marie la Royale était à côté de la place publique dont il était seulement séparé par un mur, de faible hauteur. Le tailleur Juan Camacho, qui avait blessé un voisin un jour de l’été de 1612, a couru s’y réfugier et, du haut du mur, il a fait mine de jeter des cailloux sur les représentants de la justice qui l’observaient de la place voisine. Le réfugié a continué de jouer aux cartes les jours suivants sur les gradins de l’église, d’où « il levait les jambes et pétait fortement, ce qu’il a fait quatre ou cinq fois, en riant, et disait d’un drôle d’air : excusez-moi, Monsieur Le Très Saint Sacrement24 ».
15À d’autres occasions, le cimetière pouvait être un lieu paisible qui renforçait la sociabilité entre voisins. Une nuit d’été de 1624, le curé et plusieurs voisins de Los Yébenes étaient rassemblés dans le cimetière, « saufs et sûrs en causant, au frais ». D’autres témoignages montrent l’usage de l’espace funéraire pour des activités profanes et même festives ; ainsi, la veille de Notre-Dame de septembre 1666, il y eût une bagarre dans le village de Carriches à l’occasion d’un bal célébré dans le cimetière. Le curé, qui s’est révélé impliqué dans la dispute, a déclaré « que c’est habitude de ce lieu-dit de faire le bal sur terre sacrée » et il ne lui semblait pas indécent d’y assister, étant donné que « ses prédécesseurs l’avaient fait aussi25 ».
« L’exil des morts »
16Le sondage effectué dans les causes criminelles, bien que de faible ampleur, semble confirmer que les interdictions des statuts synodaux répondaient, donc, à des pratiques qui étaient bien réelles. Pourtant, cette confusion entre le sacré et le profane aurait été de plus en plus combattue, surtout par la pensée des Lumières. Se serait alors enclenché un processus dont la dernière conséquence serait la création d’espaces distincts. En France, après un fort débat tout au long du xviiie siècle, en parallèle à un phénomène de « déchristianisation » visible dans les testaments, ainsi que Michel Vovelle l’a démontré26, un décret royal de 1776 a interdit les inhumations dans les églises et les cimetières urbains. Le décret du 23 prairial de l’an XII a ratifié l’ordre et a posé les jalons de l’établissement de grands cimetières en dehors du village, aboutissant à ce que Philippe Ariès a dénommé « l’exil des morts »27. Le terme « déchristianisation » est peut-être inapproprié pour l’Espagne mais le fait est qu’au moins en milieu urbain, le pourcentage de testateurs, qui choisissaient le cimetière comme sépulture, a augmenté. Les adeptes espagnols des Lumières se sont faits l’écho du débat sur les cimetières dans la seconde moitié du xviiie siècle. La mortalité, prétendument causée par l’insalubrité des inhumations dans l’église du village de Pasajes a motivé, en 1781, la décision de Carlos III de préposer le conseil de Castille à une consultation où soient entendues les opinions des prélats et des Académies de médecine et d’histoire. La Disposition royale du 3 avril 1787 en est le fruit ; y est stipulé « le rétablissement de la discipline de l’Église dans l’usage et la construction de cimetières » ou, du point de vue juridique, la réitération du texte de la première Partida. Les corregidores, en accord avec les prélats, devaient être les autorités compétentes pour favoriser la construction de cimetières « en dehors des villages, dans des lieux aérés, près des églises paroissiales et loin des maisons des voisins », en profitant des ermitages comme chapelles et en commençant par les lieux infestés par les épidémies, ou par les plus exposés ou encore par les plus peuplés. Les travaux devaient se faire « au meilleur marché possible » aux frais des fabriques des églises et, en second lieu, des bénéficiaires des dîmes et de l’argent public28. Le retour à la loi XI du titre XIII de la première Partida, reproduite en détail, conservait les habituels privilèges de classe.
17L’application de cette Disposition, présentée comme un retour aux origines plutôt qu’un changement, a été un grand échec. Quelques-uns ont mis en cause la pusillanimité des gouvernements de Charles IV, tandis que les libéraux ont mis l’accent sur le traditionalisme et les résistances de l’Église pour la défense de ses intérêts. Parmi les historiens, Vicente Pérez Moreda insiste, en effet, sur l’opposition d’une grande partie du clergé, tant des évêques obligés de consacrer une part de leurs revenus décimaux à la construction de cimetières, que du clergé mineur privé de ses droits de sépulture29. Peter Goldman a récusé l’importance de cette contestation qui demande, selon lui, à être relativisée au regard d’un facteur beaucoup plus influant, les prétentions à la distinction d’une « classe » bourgeoise ascendante, déçue de perdre ses lieux privilégiés d’inhumation dans les églises et de devoir se contenter d’une simple sépulture dans les nouveaux cimetières30. Les raisons de l’échec de la mesure sont, en tout cas, variées et complexes.
18Les plus importantes peuvent être déduites de différentes opinions que les prêtres ont exprimées dans la consultation organisée par le Conseil de Castille en 1786, qui ont été réunies dans un Mémorial ajustado et sur lesquelles a été fondée la Cédule Royale de l’année suivante31. Naturellement, le rapport des Académies a été favorable à la disposition souhaitée. Celle de médecine est parvenue à la conclusion que « les sépultures à l’intérieur des villages sont préjudiciables à la santé publique, et qu’il est convenable de rétablir l’ancien usage des cimetières ». C’est aussi la recommandation des procureurs du Conseil, qui se sont basés sur des données sanitaires, ainsi que sur des initiatives prises à l’étranger, comme en France et dans l’Empire. À l’appui de sa thèse, Peter Goldman a écrit que les opinions demandées, telles qu’elles apparaissent dans le Mémorial, ont été presque unanimes, y compris celles des représentants de l’Église. Néanmoins, une lecture attentive conduit à nuancer cette affirmation. Sur un total de 54 prélats consultés, il est vrai que la majorité, 29 environ, s’est montrée favorable, mais une dizaine d’entre eux, même s’ils se pliaient à la volonté royale, ont allégué des difficultés ou ont mis des obstacles et au moins 14 ont montré leur complète opposition. En revanche, il y a eu unanimité pour sauver les privilèges d’exceptionnalité et beaucoup de hauts personnages, ecclésiastiques comme laïcs, sont devenus défenseurs d’innovations radicales qui les épargnaient de justesse, en touchant ceux situés seulement un rang en-dessous d’eux dans l’échelle sociale.
19Les arguments pour l’interdiction des sépultures dans les églises sont assez convergents et sont fondés sur des raisons religieuses et sanitaires. Les inhumations dans les cimetières passent pour avoir été toujours conformes à l’esprit de l’Église et l’invasion des lieux de culte est un abus contre la révérence et la décence qui doivent y être observées. De plus, les églises sont devenues des lieux de corruption et de puanteur avec des conséquences funestes, comme le montre le cas du village de Pasajes, et il paraît urgent de prendre des mesures pour préserver la santé publique32.
20Un autre groupe de prélats insiste sur ces arguments, mais suggère un grand éventail d’objections qui laisse voir leur manque de conviction. En plus de la « confusion des distinctions », souci que l’on a vu unanime, on ajoute la pauvreté de beaucoup d’églises et les difficultés budgétaires, et on prédit une vague de plaintes populaires, écho d’une « piété mal entendue ». Les changements ne doivent être introduits que là où la santé est en danger, et toujours d’une manière progressive. Quelques-uns conviennent du besoin d’enlever les corps des églises, mais pas pour les éloigner des villages, seulement pour les enterrer dans les cimetières annexes. On le voit, le problème est la dévalorisation des cimetières, car c’est une idée socialement établie qu’ils sont des lieux réservés aux pauvres et aux misérables qui ne peuvent pas se permettre une sépulture dans l’église. Plutôt qu’interdire, on doit donc encourager les fidèles à surmonter ce préjugé et, pour cela, rien de mieux que de nettoyer les cimetières qui, dans bien des cas, se trouvaient dans un état affligeant33. Belle occasion pour que quelques évêques se permettent de développer le modèle promu du cimetière, même à l’intérieur des villages, en respectant les garanties tant en matière de salubrité que de distinction sociale, tel l’évêque de Solsona qui fait la proposition novatrice d’y bâtir un cloître34.
21Néanmoins, certains prélats ont fortement montré leur refus d’une interdiction générale des inhumations dans les églises35. Contrairement à ceux qui y étaient favorables, leurs arguments présentent une grande diversité et s’appuient sur des raisons religieuses, culturelles, économiques, sociales, et même sanitaires. L’inhumation dans l’église est considérée comme une « providence de Dieu pour que les vivants enterrent les morts et célèbrent, sur leur lit de mort, leurs obsèques36 ». En effet, les tombes des ancêtres incitent les vivants qui vont habituellement à l’église à faire preuve de pitié ; changer cette habitude conduirait à affaiblir la ferveur et la dévotion populaires. Les églises, très pauvres pour beaucoup d’elles, seraient, en l’absence d’aumônes et d’offrandes, encore plus démunies. La construction coûteuse de nouveaux cimetières souffrirait de l’insuffisance des moyens financiers, sans parler du manque de terrains appropriés. Pour parer au danger épidémique, il suffit de respecter les règles préventives à la lettre, comme celles de jeter de la chaux vive dans les fosses, de creuser les sépultures à la profondeur exigée et de ventiler fréquemment les églises. La plupart des arguments des opposants adopte une tonalité clairement sociale, voire culturelle. Les évêques considéraient, en effet, très inconvenant d’abolir un ancien usage garanti par la tradition et d’introduire des nouveautés qui éloignaient les personnes aimées « de nos regards, en les enfouissant dans des champs lointains, des vallées sombres ou des déserts37 ». Cela susciterait le refus général et la douleur des femmes car celles-ci étaient chargées des offrandes et de la garde des sépultures de leurs défunts. De plus, on dessaisirait les patrons de leurs droits et on provoquerait une dangereuse confusion, en lésant l’indispensable distinction de classes.
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22Laisser les choses en l’état ou, à la rigueur, plus que changer, tempérer l’habitude, tels sont donc les conseils de ce groupe de prélats, qui bien que minoritaires, sont devenus gagnants dans le débat. Car malgré la promulgation de la Cédule Royale de 1787, il faudra encore beaucoup d’années pour la mettre en pratique. Une circulaire du 28 juin 1804 a essayé de reprendre la disposition précédente, en faisant porter la responsabilité de la construction de cimetières en dehors des villages, dans des endroits bien aérés, sur les corregidors et les évêques et en donnant des consignes précises aux architectes, aux maîtres d’œuvre ou aux maçons. Il semble qu’alors ait commencé la construction de quelques cimetières, dont l’implantation a été ratifiée par le gouvernement de José Ier et par les députés de Cádiz, qui ont publié un Décret royal en ce sens, le 1er novembre 1813. Mais une fois de plus, les instabilités politiques, les obstacles économiques et l’opposition sociale ont fait perdre presque toute efficacité aux dispositions légales. Durant le règne de Fernando VII, comme Pérez Moreda l’a écrit, « les problèmes économiques des villages et l’opposition du clergé, appuyé parfois par l’inertie de la population, qui s’opposait fréquemment à l’enterrement de ses morts en dehors des enceintes sacrées, ont empêché que les nouveaux cimetières se multiplient38 ». Les cimetières extra-muros ne s’imposent qu’avec les menaces épidémiques, d’abord la fièvre jaune et le paludisme, qui ont aggravé les effets de la guerre, surtout dans les années critiques de 1804 et 1812, concordantes avec la législation royale, puis définitivement avec le choléra qui sévit dans toute l’Espagne en 1834 et 1855. Malgré cela, un ordre royal de 1857 reconnaissait qu’à cette date, 2 655 villages n’avaient pas encore de cimetières39. Leur généralisation n’est effective que dans la seconde moitié du xixe siècle. Le cycle séculaire, amorcé avec les Partidas, se ferme finalement avec la séparation multiséculaire des vivants et des morts.
Notes de bas de page
1 Siete Partidas del Sabio Rey don Alonso el nono, nueuamente Glosadas por el Licenciado Gregorio López del Consejo Real de Indias de su Magestad, Salamanca, 1555 ; Madrid, 1974. Voir ici la Première Partida, titre XIII, fol. 105r et v.
2 Partida I, titre XIII, Loi II, fol. 105v.
3 Il s’agit d’un berger étudiant qui est mort d’amour pour « cette jeune fille endiablée Marcela » et qui veut être enterré au pied d’un chêne-liège où il l’a vue pour la première fois (M. de Cervantes Saavedra, El Ingenioso Hidalgo don Quijote de la Mancha, Madrid, Santillana, 2003, Partie I, chapitre XII, p. 46.
4 Partida I, titre XIII, Loi IV, fol. 106.
5 L. Torres Balbás, « Cementerio hispanomusulmanes », Obra dispersa, I, Madrid, 1983, p. 144 et 204.
6 Les Maures, les Juifs et les hérétiques étaient exclus des cimetières ainsi que les usuriers flagrants, ceux qui mouraient en pêché mortel sciemment, ceux qui perdaient la vie en combattant dans les tournois et les voleurs qui ne prenaient pas de bonnes résolutions (Partida I, titre XIII, Lois VIII, IX y X, fol. 107v-108).
7 Partida I, titre XIII, Loi XI, fol. 108.
8 Pour la Galice, voir les recherches de D. González Lopo, « La evolución del lugar de sepultura en Galicia entre 1550 y 1850 : los casos de Tuy y Santiago », Obradoiro de Historia Moderna, Université de Santiago de Compostela, 1990 ; pour Barcelone, celles de R. García Cárcel, « La muerte en la Barcelona del Antiguo Régimen (Aproximación metodológica) », Actas del II Coloquio de Metodología Histórica Aplicada. La documentación notarial y la historia, Universidad de Santiago de Compostela, 1984, vol. II ; pour le haut Palancia de Castellón, celles de P. Saborit Bardenes, Morir en el alto Palancia (La religiosidad popular a través de los testamentos. Siglos xvi-xviii), Ayuntamiento de Segorbe, 1991 ; et pour Tolède, celles de F. Martínez Gil, Muerte y sociedad en la España de los Austrias, Madrid, Siglo xxi, 1993.
9 M.J. de Lara Ródenas, La muerte barroca. Ceremonia y sociabilidad funeral en Huelva durante el siglo xvii, Université de Huelva, 1999, p. 250.
10 S. de Covarrubias Horozco, Parte primera del Tesoro de la Lengua Castellana o Española, Madrid, Melchor Sánchez, 1674, fol. 184v.
11 Ibid., fol. 176v.
12 Le synode de Lugo de 1669 avertit aussi contre ceux qui utilisent les cadavres pour des buts superstitieux (fol. 174).
13 C.S. de Jaén 1626, Solsona 1629, Valencia 1657, Segorbe 1668 et Lugo 1669.
14 C.S. de Cartagena 1583, Astorga 1592 et Barbastro 1700.
15 C.S. Albarracín 1604, fol. 179.
16 C.S. de Lleida 1714 (fol. 203).
17 C.S. de Séville 1604, Jaén 1626, Solsona 1629, Gran Canaria 1634, Segovia 1649, Málaga 1671 et Barbastro 1715.
18 C.S. de Jaén 1511, Cuenca 1531, Tolède 1536, Alcalá la Real 1542, Guadix 1554, Santiago de Compostela 1576, Palencia 1582, Zamora 1584 et Alba y Aliste 1612.
19 C.S. de Plasencia 1534 (Synodicon Hispanum, V, p. 412-413). Le tableau que dessinent les constitutions espagnoles coïncide, comme on le verra par la suite, avec celui déjà établi par P. Ariès, « Marché, lieu d’annonces, de cris, de proclamations et de sentences, espace destiné aux rassemblements de la communauté, lieu de promenade, de jeux, de mauvaises rencontres et de méchants métiers, le cimetière était simplement la place majeure », El hombre ante la muerte, Madrid, 1983, p. 66.
20 C.S. de Badajoz 1671 (fol. 210).
21 C.S. de Salamanca 1451 (Synodicon Hispanum, IV, p. 310).
22 Voir à ce sujet mon travail en collaboration avec A. Rodríguez González, « La fiesta en el mundo rural (siglos xvii-xviii) », P. Martínez-Burgos García, A. Rodríguez González, La fiesta en el mundo hispánico, Cuenca, 2004, p. 281-319.
23 Archives diocésaines de Tolède, Causas Criminales, Guadamur, 1604.
24 Archives municipales de Tolède, Causas Criminales de los Montes, 641-29, 642-28, 650-15 et 656-46.
25 Archives diocésaines de Tolède, Causas Criminales, an 1666.
26 M. Vovelle, Piété baroque et déchristianisation en Provence au xviiie siècle, Évreux, 1978.
27 Ph. Ariès, La muerte en Occidente, Barcelona, 1982, p. 105 ; Id., El hombre ante la muerte, Madrid, 1983, p. 395 et suiv. On peut aussi suivre ce procès chez M. Vovelle, La mort et l’Occident de 1300 à nos jours, Paris, 1983, p. 461-467 ; M. Foisil, « Les attitudes devant la mort au xviiie siècle : sépultures et suppressions de sépultures dans le cimetière parisien des Saints Innocents », Revue Historique, avril-juin 1974, 510, p. 303-330.
28 Real Cédula de S.M. y Señores del Consejo en que por punto general se manda restablecer el uso de cementerios ventilados para sepultar los cadáveres de los fieles y que se observe la Ley 11, título 13 de la Partida primera… (Cédule royale de S.M. et Messieurs du Conseil par laquelle comme point général on ordonne de rétablir l’usage de cimetières éventés pour enterrer les cadavres des fidèles et de respecter la loi 11, tit. 13 de la Partida première…), Madrid, 3 avril 1787 (exemplaire consulté à la Bibliothèque de Castilla-La Mancha, 22093(51). La Cédule royale a été, par la suite, incluse dans la Novísima Recopilación, Livre I, Titre III, Loi I, p. 18-19.
29 V. Pérez Moreda, Las crisis de mortalidad en la España interior. Siglos xvi-xix, Madrid, 1980, p. 427.
30 P. Goldman, « Mitos liberales, mentalidades burguesas e historia social en la España ilustrada : la lucha en pro de cementerios municipales », Homenaje a Noël Salomon. Ilustración española e independencia en América, Université Autonome de Barcelona, 1979, p. 81-93.
31 Memorial ajustado del expediente seguido en el Consejo en virtud de Orden de S.M. de 24 de Marzo de 1781 sobre establecimiento general de cementerios, s.l., 1786. J’ai utilisé un exemplaire conservé à l’ancien fonds de la Bibliothèque de Castilla-La Mancha, sign. 4-11748. Il contient quelques gloses en marge, qui permettent de reconnaître l’écriture du Cardinal Lorenzana ; il est donc probable que le volume vienne de sa bibliothèque.
32 Arguments qui apparaissent dans les avis des prélats de Córdoba, Cuenca, Sigüenza, Segovia, Cartagena, Málaga, Cádiz, Gran Canaria, Ceuta, Santiago de Compostela, Salamanca, Tuy, Ciudad Rodrigo, Granada, Guadix, Almería, Palencia, Santander, Tarragona, Barcelona, Lleida, Tortosa, Vich, Seo de Urgel, Huesca, Barbastro, Valencia, Segorbe et Orihuela.
33 Une acceptation avec des réticences a été l’attitude manifestée par les évêques de Jaén, Plasencia, Badajoz, Lugo, León, Oviedo, Girona, Solsona, Albarracín et Teruel.
34 Ibid., fol. 179-181.
35 Bien que les nuances soient toujours nécessaires, ce positionnement a été suivi par les prélats de Tolède, Osma, Valladolid, Séville, Ávila, Astorga, Zamora, Mondoñedo, Burgos, Pamplona, Calahorra, Zamora, Jaca et Mallorca.
36 . Memorial ajustado… Mémoire de l’archevêque de Tolède, 23 juin 1781, fol. 7.
37 . Avis prononcé par l’évêque de Zamora (ibid., fol. 98).
38 V. Pérez Moreda, Las crisis de mortalidad…, p. 430.
39 Cité par J. Nadal, La población española (siglos xvi a xx), Barcelona, 1976, p. 128.
Auteur
Professeur d’histoire moderne à l’Université de Castilla-La Mancha (Espagne).
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