Autour de la question des cultures temporaires : les îles Shetland et les systèmes agraires de Norvège et d’Écosse (xve-xixe siècle)
p. 217-234
Texte intégral
1Dans un article paru en 1957 dans les Annales, Pierre Flatrès, géographe ruraliste rennais, compare les structures rurales en Norvège et dans les « contrées celtiques1 », à savoir la Bretagne, l’Irlande, le Pays de Galles et l’Écosse sur lesquelles il travaille depuis plusieurs années. Il souhaite les comparer avec la Norvège en s’appuyant sur un ouvrage publié en anglais sous la direction d’Andreas Holmsen, professeur d’histoire à l’université d’Oslo, The Old Norwegian Peasant Community2. Après avoir présenté les trois parties principales de l’ouvrage dirigé par Andreas Holmsen, Pierre Flatrès procède à une série de comparaisons entre la Norvège et les « contrées celtiques » autour de trois points : 1. l’habitat agricole3 ; 2. les terroirs4 ; 3. les usages communautaires et le système agricole5. C’est sur ces deux derniers points que nous reviendrons dans cet article pour tenter de saisir la complexité des cultures temporaires.
2Nous comparerons la Norvège et l’Écosse, en mettant en perspectives leurs similarités et leurs différences grâce à un territoire intermédiaire : les îles Shetland. Ces îles furent norvégiennes jusqu’en 1469, date à laquelle elles passèrent sous le contrôle de l’Écosse. Nous souhaitons fournir des pistes pour aider à revoir les estimations des consommations légumières et céréalières, réévaluer le niveau d’intégration socioéconomique des exploitations dites de « subsistance » et reconsidérer les modèles d’organisation agraire telle que l’infield-outfield. Nous avons considéré une culture comme étant temporaire lorsque celle-ci se met en place dans des espaces majoritairement incultes, par exemple, en forêt, et qu’elle persiste sur une durée courte ou lorsqu’elle apparaît comme en dissonance avec un calendrier agricole ou un système agraire donné. Cette définition est volontairement vague. Les communications présentées lors du colloque laissent apparaître des caractéristiques plus précises sur lesquelles une définition future pourrait reposer.
3Ainsi nous verrons en quoi les cultures temporaires shetlandaises, écossaises et norvégiennes participèrent au fonctionnement du système agraire au même titre que les terres arables cultivées régulièrement. Nous dresserons tout d’abord un portrait des cultures temporaires dans ces régions. Ensuite, nous examinerons les territoires sur lesquels ces cultures furent mises en place, pour enfin expliquer ce que furent les rationalités ou les logiques de telles pratiques et comment elles s’intégrèrent dans les systèmes agraires.
Des cultures temporaires
Cultures sur brûlis
« Abattre une parcelle de forêt, brûler le bois, ensemencer le terrain une ou quelques années avant de l’abandonner de nouveau à la forêt, est un des procédés les plus généralement répandus de l’agriculture ancienne6. »
4Pierre Flatrès cite Halvard Bjørkvik qui explique que « [d]ans plusieurs des régions boisées de l’est de la Norvège et du Trøndelag, la tradition existe toujours de défricher les outfields par le feu, pour cultiver du seigle et des navets7 ». En Norvège, des terres sont mises en culture au sein des larges espaces forestiers. On peut distinguer deux types de mises en culture : 1. des mises en culture permanentes avec établissement de fermes ; 2. des mises en culture temporaires, additions irrégulières aux champs permanents des fermes. Cette dernière technique est appelée bråtebruk en norvégien ou svedjebruk en suédois. Kåre Lunden explique que cette technique était pratiquée depuis le Moyen Âge et qu’elle a perduré jusqu’au xixe siècle8. La méthode était la suivante : on coupait des arbres, des pins9, puis on les laissait sécher pendant deux ou trois ans, ils étaient ensuite brûlés et on semait du seigle sur les cendres chaudes. Des récoltes étaient effectuées pendant deux à trois années de suite. Puis, pendant une période de trente à quarante ans, les arbres repoussaient et la même opération pouvait être recommencée10.
5En Écosse, des pratiques similaires de cultures sur brûlis ont lieu entre le xve et le xixe siècle sous la forme d’écobuage11. Là aussi on peut distinguer des gains définitifs de terres labourables et des mises en culture temporaires12. La première phase de l’écobuage consiste à découper la mousse en surface pour permettre aux niveaux supérieurs de la tourbe de sécher. La mousse et la tourbe de surface sont disposées en tas. Une fois sèches, elles sont brûlées et leurs cendres réparties sur la terre préparée. Dans un second temps, on procède aux semailles. Les céréales cultivées peuvent être le blé, l’avoine ou l’escourgeon, bere, de l’orge à six rangs. Si la mousse est retirée et brûlée chaque année, ces terres peuvent être cultivées presque continuellement13. Cependant dans certains cas, le sol devient un « simple caput mortuum » après trois ou quatre récoltes d’avoine et la pratique cesse14.
6Dans les îles Shetland, ces techniques sont absentes. Mais un matériau brûlé est tout de même utilisé. Ainsi, les cendres de la tourbe sont réparties sur les terres arables pour en augmenter la fertilité15 mais à aucun moment les mousses ne sont brûlées en surface et cultivées par la suite.
Cultures céréalières et légumières temporaires
7En Écosse, les terres cultivées régulièrement et à proximité des habitats forment l’infield. Tandis que les terres les plus pauvres et souvent plus éloignées des habitats sont appelées outfield. Il est nécessaire de fumer ou de fertiliser la terre de l’outfield avant toute utilisation. Des murets sont élevés pour garder le bétail pendant l’été sur les endroits de l’outfield que l’on souhaite voir fumés, labourés et cultivés par la suite16. La principale céréale de l’outfield est l’avoine17. Il est possible de cultiver ces terres pendant une période de quatre ans puis s’ensuivent quatre ans de friche. La logique étant que lorsque la terre est devenue trop pauvre et ne permet plus des rendements suffisamment élevés, elle est laissée au repos pour une période plus ou moins longue18. Une autre technique de mise en culture, appelée lazy-bed technique ou lazy-bed way, est pratiquée en Écosse et dans les îles Shetland à partir de la seconde moitié du xviiie siècle. Une bande de tourbe est découpée et retournée sur une bande de tourbe voisine sur laquelle on a déposé préalablement du varech ou de la fumure de bovin19. Cette technique est drainante et particulièrement utile sur les sols humides20.
8En Norvège, le système d’assolement norvégien ne permet pas les cultures temporaires à l’intérieur de l’innmark. Ainsi, le manque de terres arables conduit à une protection des terres arables déjà mises en culture. Elles sont fumées annuellement et les systèmes de rotation sur deux ou trois ans n’existent pas, la jachère non plus. La fumure annuelle des terres est rendue possible par le fait que les paysans norvégiens possèdent beaucoup de bétail par rapport à leurs terres arables21. Dans l’innmark, les terres sont cultivées tous les ans.
9Des cultures temporaires de légumes sont réalisées. On peut distinguer les choux et navets qui sont mis en culture sur les terres dites non cultivables, c’est-à-dire dans l’utmark en Norvège, dans les commonties en Écosse et dans le hagi dans les Shetland et les pommes de terre qui sont mises en culture dans l’outfield. En Écosse, les légumes sont rarement demandés pour payer la rente, ainsi il est difficile d’en connaître les quantités semées, plantées ou récoltées22. Dans les Shetland on met en place des planticrues qui sont des parcs enclos de murets de pierres sèches dont la terre a été enrichie. Les graines y sont plantées entre juillet et août et transportées dans des cours à choux, kailyards, entre avril et mai de l’année suivante23. L’utilisation des planticrues permet aux communautés de protéger les plants de choux frisés des animaux paissant. Dans le Caithness au nord de l’Écosse, il existe des enclos similaires appelés plant tofts. Pour planter les choux, on enclot en juin un huitième à un dixième d’hectare par un muret en mottes de gazon, turf dyke, d’environ six pieds de haut. En juillet, la terre est parée à la bêche, les mottes de gazon sont séchées et brûlées pour servir de fertilisant et finalement, on sème24. Ces espaces se développent au cours du xviiie siècle en même temps que se développent les cours à choux, kailyard. Les plants de choux, une fois atteint un an, sont transplantés dans le kailyard.
10En Norvège, la méthode de culture des navets se rapproche de celle de l’essart. Cultivés depuis le Moyen Âge et présents dans toutes les fermes aux xviie et xviiie siècles, les navets sont souvent cultivés sur des petites parcelles de terres brûlées dans les bois, appelées reitar26. À partir de la seconde moitié du xviiie siècle, les pommes de terre sont cultivées dans l’outfield écossais et shetlandais en suivant le même modèle que les cultures céréalières : d’abord, une parcelle de terre fumée ou fertilisée leur est allouée jusqu’au moment où les rendements faiblissent, puis elles sont cultivées en lazy-beds27. En Norvège, la culture de pommes de terre arrive de Suède et du Danemark dans les années 1740-1750 et se fait de manière intensive à la manière des légumes de jardin28 : leur culture ne s’apparente donc pas à une forme de culture temporaire.
Fermes d’été et cultures temporaires : des recherches à mener
11L’estivage est pratiqué en Écosse comme en Norvège. Cette transhumance structure l’espace ainsi que les productions céréalières et l’élevage. L’élevage produit la fumure qui permet de cultiver des terres incultes comme en Écosse ou dans les Shetland et d’intensifier les cultures sur les terres arables en Norvège et en Écosse.
12En Écosse et en Norvège, le bétail qui a passé l’hiver en stabulation est envoyé sur les pâturages des collines ou des montagnes. Mais il ne s’y rend pas seul. En Norvège, la famille entière vit dans des fermes d’estivage29. En Écosse, ce sont principalement les femmes qui vivent dans des shieling huts30. Ces fermes d’été sont les summer towns écossaises et les sætrer norvégiennes. Pour Ian Whyte, il existe une similarité entre le shieling des Highlands écossais et la « pâture micro-insulaire » que l’on retrouve dans les îles du nord31. Ainsi, dans les Shetland, des moutons peuvent être transférés pendant l’été sur des îles inhabitées « dont la fonction était de fournir des pâturages temporaires de la même manière que les hautes montagnes des Grampians32 ». Cependant, les moutons paissant sur ces îles inhabitées ne sont pas suivis en été par des familles entières ou des bergers : ils y paissent seuls. De plus, les moutons shetlandais paissent en extérieur sur les communs, été comme hiver33.
13C’est à la sætra que le fourrage pour la stabulation hivernale est produit ainsi que tous les produits laitiers. Autour de la sætra, les prairies à foin sont encloses. Des traces de cultures céréalières ont été trouvées autour de certaines sætrer. Ces cultures sont analysées par les archéologues comme des essais, presque accidentels, comme dans la Grimsdalen34. En Écosse, des cultures résiduelles sont pratiquées autour des fermes d’été35, telle que la culture des choux36. Dans un rapport du Scottish Archaeological Research Framework publié en 2012, il est écrit que :
« Les séquences polliniques provenant des shielings indiquent que l’agriculture était un aspect beaucoup plus commun de l’utilisation du sol que ce que laissaient penser de maigres traces écrites sur les utilisations du shieling. Cette flexibilité peut avoir offert des moyens pour faire face à des situations difficiles ou pour capitaliser sur des opportunités économiques37. »
14Dans certains cas, les shielings peuvent même avoir été transformés en fermes permanentes38. Les shielings sont le lieu de la fabrication du beurre et du fromage. Les dates d’estivage vers le shieling varient en fonction des localités : l’estivage peut commencer au plus tôt vers début juin et finir fin juillet – voire fin août dans des régions plus favorables39.
15À la différence des sætrer norvégiennes, les shielings écossais disparaissent pour de multiples raisons au cours du xixe siècle40.
16Comme en témoignent les travaux des équipes du DYLAN-prosjeket ou du Scottish Archaeological Research Framework41, l’archéologie peut nous fournir des pistes importantes quant aux cultures temporaires réalisées sur les hauteurs norvégiennes et écossaises.
Cultures temporaires et espaces
Infield-outfield et communs
17En Écosse, les terres arables sont divisées entre l’infield et l’outfield. Ce système est attesté à partir du xvie siècle. Au-delà de ces terres se trouve le head dyke, un muret qui les sépare des prairies de fauche, du pâturage permanent et des espaces tels que lochs et forêts. Dans les Shetland, la distinction est similaire. Les terres de l’infield et de l’outfield sont entourées par le hill dyke qui les sépare du hagi, c’est-à-dire du pâturage permanent. En Norvège, les terres cultivables sont regroupées au sein de l’innmark, une clôture, l’utmarksgjerde42, le sépare de l’utmark. Le choix est souvent fait en anglais de traduire utmark par outfield ou out laying fields.
18En Écosse, les terres sur lesquelles se font les cultures temporaires sont l’outfield, les terres de pâture permanente, et autour de la ferme d’été. En Norvège, ces cultures sont faites dans les forêts et les terres autour de la ferme d’estivage. Dans les Shetland, on retrouve ces cultures sur l’outfield et le hagi. Comme Annie Antoine le montre, il est important de souligner l’existence de parcellaire en auréoles avec des espaces proches des maisons aux cultures intensives comme les choux dans le kailyard shetlandais et les pommes de terre en Norvège, puis des terres cultivées régulièrement, plutôt intensivement, qui participent à la seconde auréole, ensuite les terres de moins bonne qualité mais cultivées avec une plus grande flexibilité, et enfin, des terres plus lointaines où les cultures réalisées sont très ponctuelles43.
Clore pour mieux ouvrir : de l’importance de la clôture
19Ces schémas font apparaître me semble-t-il un trait important dans la mise en culture temporaire de terres : le muret ou la clôture. Très grossièrement, les terres cultivables (infield-outfield) sont séparées en Écosse, dans les Shetland et en Norvège des terres non cultivables et de la pâture permanente par un muret ou une clôture fixe : head dyke, hill dyke et utmarksgjerde. L’existence de ces clôtures est ancienne. En Norvège, la coutume du Trøndelag est mise par écrit en 126044, c’est la Frostatingsloven. Elle fait mention de cette « grande clôture » (ON. Stoðugarðr) et de ses critères de mise en place et d’utilisation45. Les chercheurs écossais soulignent tous l’importance du head dyke (et du hill dyke) dans la structuration de l’espace des villages46. Ces murets ne sont pas étanches. Ils sont poreux. Ils ne font pas barrière, mais ils font le lien entre les différents éléments des villages47. Ainsi, Chris Dalglish évoque des sites où l’on peut retrouver des traces de head dykes parallèles. Ces murets suivent la remontée des terres de l’outfield le long de la pente de la colline. Il est ainsi probable que des terres aient été cultivées dans un premier temps de l’autre côté du head dyke et que de nouveaux murets, plus haut sur la colline, aient été construits par la suite48. Regarder les mouvements des murets des villages écossais et shetlandais pourrait ainsi permettre de déterminer les différentes phases de l’évolution des villages mais aussi les phases intenses de cultures sur l’outfield et les phases de diminution des espaces cultivés.
20L’utmarksgjerde a quant à lui une fonction protectrice en Norvège. Le système d’assolement norvégien limite les cultures temporaires à l’innmark et à quelques espaces bien identifiés : forêt et sætrer. L’utmarksgjerde est davantage une séparation que ne le sont les murets écossais mais il possède un caractère culturel fort. Hans Sevatdal écrit que cette clôture
« était importante pour les activités pastorales, et légalement c’était une sorte de frontière entre des droits, champs et parcelles individualisés dans l’innmark, et des droits communs et autres arrangements légaux liés dans l’utmark. Même mentalement, culturellement et spirituellement, cette clôture avait des fonctions importantes dans l’organisation du paysage49 ».
21Autour des plants tofts et des planticrues écossais et shetlandais, on trouve des murets de pierres sèches (parfois avec piquets de bois et gazon). Christine Rendu explique que, dans certains cas, on constate une forte matérialisation de la culture temporaire sur un espace communal51. Cette inscription dans le paysage des cultures temporaires mais aussi des cultures permanentes contribue à définir la communauté agricole, à mettre en avant les divisions géographiques, sociales et de genre. L’utmarksgjerde norvégien, le head dyke écossais, le hill dyke et les autres murets qui délimitent enclos et cultures temporaires ont des fonctions comparables à celles des barrières des Baruyas52 : ils doivent protéger les terres cultivées du bétail (ovins, bovins, porcins). Pierre Lemonnier, anthropologue, décrit comment la construction des barrières autour des jardins des Baruyas est pour eux une possibilité de réaffirmer la domination masculine, la co-initiation et la coopération, et les liens familiaux53. Une analyse comparable est possible pour les murets shetlandais. Nous donnerons ici deux exemples : en 1777, deux pôles de villages, townships, s’opposent sur le scattald54 de Vinsgarth. Des moutons ont détruit les choux dans les planticrues et ont mangé les récoltes de blé et de foin. Pour les habitants du pôle A, la faute revient à l’absence de berger dans les villages du pôle B. Tandis que pour les habitants du pôle B, les hommes du pôle A n’ont pas construit de murets assez hauts55. De la même manière, en 1732, le scattald de Norwick est mis à l’amende par les habitants du scattald de Ska56. Ces derniers reprochent aux habitants de Norwick de ne pas construire d’enclos, pund, suffisant. Les animaux du scattald de Norwick finissent alors par paître sur les terres arables du township de Ska. Ces deux procès sont davantage liés à l’aspect protecteur des murets qu’à leur matérialisation des cultures temporaires mais on voit bien, pour reprendre une phrase de Pierre Lemonnier, que l’objet muret « communique un ordre social57 ». L’impossibilité pour un village, un groupe de village ou un scattald de construire des murets suffisants témoigne de l’impossibilité des hommes à travailler de manière collective. Le maintien de murets suffisamment hauts autour des planticrues met en avant la solidarité et la solidité des liens masculins au sein d’un township. L’importance socioculturelle des murets se trouve aussi dans le fait qu’il est donné une origine surnaturelle à certains murets shetlandais58.
Des différences locales à ne pas sous-estimer
22Avant de passer à la dernière partie, nous souhaitons revenir sur un point sur lequel nous n’avons pas insisté pour le moment. Ce qui est présenté dans cet article est une synthèse des systèmes agraires norvégiens et écossais. Cela signifie, qu’entre autres, les disparités géographiques et sociales sont gommées. Faire le choix d’analyser les îles Shetland permet de pallier ce problème à un certain niveau, mais ne le résout pas. Soulignons par exemple que l’utilisation du bråtebruk est très visible dans l’Østlandet, à l’est de la Norvège, où des Finnois se sont installés et ont importé cette technique59. Les plant tofts concernent principalement le Caithness, au nord de l’Écosse. Les cultures en lazy-bed sont, elles, indiquées pour les Highlands et les Hébrides60. De plus, il y a de grandes variations de répartition de l’infield-outfield sur le territoire écossais61. Enfin, la pratique du shieling se fait dans les espaces où l’on trouve des pâturages extensifs62. De même, seul un tiers des fermes en Norvège au xviiie siècle possède une ou des sætrer63. Ceci signifie que les autres fermiers font pâturer leur bétail sur des pâturages permanents de l’autre côté de l’utmarksgjerde. La culture des navets est absente de certaines régions en Norvège jusqu’au xixe siècle64.
Cultures temporaires et communautés rurales
Cultures temporaires et statuts des terres
23En dehors des terres arables de l’infield-outfield et de l’innmark, possédées plutôt individuellement par un propriétaire-exploitant (Norvège et Shetland), par un gros propriétaire terrien (Shetland) ou par un seigneur, laird (Écosse), les cultures temporaires ont lieu, en Écosse, sur les commonties sur lesquels les habitants d’un village ont des droits d’usage ; dans les Shetland, sur le hagi que les habitants d’un village possèdent de manière collective en fonction de la part de terres arables qu’ils labourent et sur lequel ils ont des droits d’usage ; en Norvège enfin, sur l’utmark possédé collectivement par les habitants d’un village avec des droits d’usage supplémentaires
24La mise en place des cultures temporaires dans les Shetland et en Norvège repose sur le principe de la propriété collective des terres non-encloses (hagi et utmark) et en Écosse, sur les droits d’usage des commonties. Dans les Shetland, la mise en place des planticrues n’est pas du tout régulée. Tout le monde a le droit d’en posséder un ou plusieurs, tenus individuellement ou à plusieurs65. Les droits d’usage sont particulièrement visés par les mouvements d’individualisation et de division des communs qui accompagnent la révolution agricole en Europe. De nombreuses régulations sont mises en place pour limiter ces droits d’usage. En Norvège, l’État cherche à limiter la pratique du bråtebruk qui compromet ses ressources forestières66. En Écosse, les seigneurs, pour les mêmes raisons que l’État norvégien, cherchent à empêcher le paring and burning67.
25L’observation des évolutions légales et coutumières au cours de l’époque moderne peut permettre de saisir l’importance et le fonctionnement des pratiques agricoles temporaires, et de comprendre les raisons pour lesquelles elles ont été opposées aux pratiques dites traditionnelles. Cette étude permettrait aussi de saisir le rôle des communautés rurales et leur capacité de résistance et d’action, agency, face aux décisions unilatérales prises par les gouvernements centraux, locaux ou par les propriétaires terriens.
Cultures temporaires et complémentarité économique et sociale
26Que penser du rôle économique et social de ces cultures temporaires ? Pour Ester Boserup, la pratique de la jachère-forêt, ici identifiable sous la forme du bråtebruk norvégien, permet aux hommes de fournir un travail peu intensif et qui promet de très bonnes récoltes. Il est dit que le bråtebruk produit cinquante fois la graine semée68. En Écosse, le paring and burning aurait un rendement de seize pour un à vingt pour un69. Ces affirmations sont difficiles à vérifier mais il apparaît, lorsque nous avons des traces, que ces cultures sont privilégiées car elles demandent peu de force de travail et produisent des rendements élevés – pendant une courte durée. La culture n’étant pas le premier débouché des campagnes norvégiennes, écossaises et shetlandaises – c’est l’élevage –, ces rendements correspondent peut-être à une volonté de sécuriser l’approvisionnement en céréales ainsi que la production légumière locale. Cette sécurisation est-elle liée à des situations démographiques particulières ? Il est difficile de répondre à cette question pour la Norvège et pour l’Écosse car les données nous manquent. Dans le cas shetlandais, on constate que l’augmentation de la population à partir des années 1720 – liée à des facteurs divers : santé, hygiène, fishing tenures, etc.70 – est parallèle à un développement important des planticrues. Cette analyse peut être confirmée par la thèse d’Ester Boserup qui voit dans la pression démographique un lien avec les changements agraires71. D’autres investigations doivent être menées pour saisir les liens, dans les sociétés rurales de l’Époque moderne, entre croissances démographiques et cultures temporaires.
27Ces cultures permettent aussi d’augmenter le panier alimentaire des ruraux. Les historiens de l’alimentation ont souvent insisté sur le fait que calculer les rations alimentaires et énergétiques avant l’Époque contemporaine était particulièrement difficile car les sources manquent. Les légumes sont absents des sources écrites même si nous avons des sources (écrites, planimétriques et archéologiques) qui confirment l’existence de jardins. Quand nous avons des sources écrites, nous constatons que ces légumes sont un moyen de remédier aux déficits ou aux carences alimentaires. Ainsi, des références aux qualités nutritives des choux shetlandais et des navets norvégiens sont faites dès l’Époque moderne ; ils sont, dans le cas des choux, présentés comme des moyens de lutter contre le scorbut72.
Cultures temporaires et connaissances empiriques
28À travers la question des rendements, nous pouvons approcher la question des connaissances empiriques du monde rural, rural empirical knowledge et des savoirs environnementaux traditionnels, Traditional Environmental Knowledge (TEK)73. Les communautés rurales des systèmes agraires traditionnels développent des savoirs empiriques qui reposent principalement sur l’observation, la pratique et la reproduction de mécanismes. Erik Pontoppidan rappelle, au milieu du xviiie siècle, les connaissances empiriques développées par les fermiers finnois et importées par ces derniers en Norvège concernant la jachère-forêt. Il explique comment « l’esprit fertilisant des cendres » est transmis à la terre74. Ces connaissances sont partagées en Écosse, en Norvège et dans les îles Shetland, où, même si les cultures sur brûlis n’existent pas, les cendres de la tourbe brûlée dans les maisons sont utilisées pour fertiliser la terre. Alexander Fenton décrit ce processus d’acquisition des connaissances de la manière suivante :
« Comme le feu peut libérer des substances dans le sol sous une forme qui les rend assimilables par des plantes en tant que nutriments, c’était une sage décision [i.e. utiliser les cendres de tourbes], même si ce savoir avait été gagné de manière empirique75. »
29Les connaissances empiriques des communautés rurales sont aussi à faire valoir pour des techniques comme celles des planticrues où ce qui est recherché est la possibilité de renouveler annuellement la couche intérieure de terre et de gazon pour faciliter le développement des plants de choux. La même chose peut être dite des rotations culturales pratiquées dans l’outfield ou dans les plant tofts.
30Des traces de cultures temporaires et des savoirs empiriques qui leur sont liés peuvent se trouver dans les nombreuses descriptions scientifiques et les traités physiocratiques du xviiie siècle qui mettent en avant les pratiques et les savoirs agraires locaux dans leur démonstration. En témoigne, le travail de John Shirreff qui au début du xixe siècle propose un aperçu de l’agriculture shetlandaise mais surtout des moyens de son amélioration, improvement. Alors qu’il donne des conseils pour améliorer l’agriculture shetlandaise, il insiste sur le fait que les Shetlandais qui utilisent des algues (décomposées ou non) pour fertiliser leurs terres doivent continuer de la sorte et que la nouvelle industrie de la soude, kelp making, ne doit pas entrer en concurrence avec ces pratiques76. John Shirreff reconnaît ainsi le savoir empirique des habitants qui profitent de l’azote et du potassium des algues pour enrichir les terres sablonneuses77. Le même John Shirreff décrit, dans son chapitre « Améliorations [Improvements] – Fumure [Manuring]78 », les lazy-beds shetlandais ainsi qu’une version plus simple qui consiste à semer de l’avoine sur des couches de gazon retournées79. Il reconnaît de manière implicite les connaissances empiriques acquises par les communautés rurales.
***
31À travers l’étude des cultures temporaires, les sociétés rurales dites traditionnelles d’Écosse et de Norvège se trouvent redéfinies.
32Nous observons la diversité des pratiques agraires temporaires : des essarts forestiers cultivés pendant un ou deux ans aux parcelles de l’outfield cultivées pendant quatre ans puis cultivées à nouveau quelques années plus tard. Ces pratiques agraires, de plus ou moins courtes durées et intensités ou réalisées dans des espaces plus ou moins proches des foyers de peuplement, sont le signe d’un niveau de complexité plus élevé que ce qui est fréquemment présenté de manière synthétique dans le système de l’infield-outfield ou dans les systèmes d’assolement. Ces pratiques agraires sortent d’un système binaire ou trinaire. En reconnaissant et en étudiant ces cultures temporaires, les historiens reconnaissent les possibilités d’adaptation des sociétés rurales de l’Époque moderne : adaptation aux changements sociaux, économiques et démographiques.
33L’étude des cultures temporaires nous permet aussi de saisir la complexité des organisations territoriales des villages ou d’autres cellules de base de l’organisation agraire. On observe alors l’importance socioculturelle de l’empreinte territoriale des cultures, symbolisée, entre autres, par l’érection de barrières ou de murets. En plus de protéger les terroirs agricoles – temporaires ou permanents – ces objets sont élevés par la communauté et témoignent de sa solidité et de son entente.
34Finalement, l’étude des cultures temporaires permet de constater que le statut légal des terres sur lesquelles ces cultures sont mises en place est de peu d’importance : c’est la volonté de ceux qui possèdent ces terres qui prime. Ainsi, on constate qu’avant les grands mouvements de division des commonties écossais, le paring and burning est toléré. De même, le bråtebruk est admis tant que la valeur commerciale des forêts norvégiennes n’est pas considérée. L’acceptation de ces pratiques par ceux qui possèdent la terre peut être comprise comme leur reconnaissance tacite des bienfaits socioéconomiques de ces modes de cultures : hauts rendements et augmentation du panier alimentaire. Des savoirs empiriques (par exemple, brûlis et hauts rendements à courts termes) sont développés au sein des communautés rurales et leur permettent de faire intervenir des systèmes de cultures temporaires lorsqu’elles en ressentent le besoin.
35L’étude des cultures temporaires nous permet de saisir la complexité du monde rural. Anthony Paul Cohen dans son livre The Symbolic Construction of Community80 explique que parce qu’ayant un nombre de personnes limité, les communautés rurales dites traditionnelles ou précapitalistes ont souvent été analysées de manière simpliste par ceux qui voient dans la ville un modèle de complexité sociale. Or, Anthony Paul Cohen explique que la variété des activités à mener et des relations d’individu à individu au sein des communautés rurales construit, en réalité, des groupes sociaux beaucoup plus complexes que ce qui est fréquemment présenté.
Notes de bas de page
1 P. Flatrès, « I. Une comparaison : structures rurales en Norvège et dans les contrées celtiques », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 1957, p. 602-612.
2 A. Holmsen, H. Bjørkvik et R. Frimannslund, The Old Norwegian Peasant Community, Oslo, 1956.
3 P. Flatrès, « I. Une comparaison… », p. 605-608.
4 Ibid., p. 608-610.
5 Ibid., p. 610-612.
6 F. Sigaut, L’agriculture et le feu. Rôle et place du feu dans les techniques de préparation du champ de l’ancienne agriculture européenne, Paris/La Haye, 1975, p. 18.
7 H. Bjørkvik cité dans P. Flatrès, « I. Une comparaison… », p. 609.
8 K. Lunden, « Recession and new expension 1350-1814 », R. Almås (dir.), Norwegian Agricultural History, Trondheim, 2004, p. 174.
9 E. Pontoppidan, The Natural History of Norway, Londres, 1755, vol. 2, p. 105.
10 K. Lunden, « Recession and new expension… », p. 174.
11 I. H. Adams, Agrarian Landscape Terms, Londres, p. 158.
12 A. Fenton, « Paring and burning and the cutting of turf and peat in Scotland », A. Gailey et A. Fenton (dir.), The Spade in Northern and Atlantic Europe, Belfast, 1970, p. 162.
13 I. Whyte, Agriculture and Society in Seventeenth Century Scotland, Édimbourg, 1979, p. 210.
14 A. Fenton, « Paring and burning… », p. 160.
15 A. Fenton, The Northern Isles : Orkney and Shetland, East Linton, 1997, p. 281.
16 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 60.
17 A. Fenton, The Northern Isles …, p. 335 ; I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 68.
18 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 68.
19 R. Miller, « Lazy-bed cultivation in Scotland », Norveg. Tidsskrift for folkelivsgransking/Journal of Norwegian ethnology, 1968, p. 95-96, 103.
20 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 285 ; R. Miller, « Lazy-bed Cultivation… », p. 96.
21 K. Lunden, « Recession and new expension… », p. 171.
22 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 64.
23 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 103.
24 Ibid., p. 104.
25 Shetland Museum, R01581, JD Rattar.
26 K. Lunden, « Recession and new expension… », p. 177 ; K. Lunden, Frå svartedauden til 17. mai : 1350-1814, Oslo, 2002, p. 203 ; H. Bjørkvik, « The farm territories », A. Holmsen, H. Bjørkvik et R. Frimannslund, The Old Norwegian Peasant Community, Oslo, 1956, p. 38 ; P. Flatrès, « I. Une comparaison… », p. 609.
27 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 416-417 ; R. Miller, « Lazy-bed cultivation… », p. 96, 103.
28 K. Lunden, « Recession and new expension… », p. 188-189.
29 Ibid., p. 188.
30 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 84.
31 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 423, 446.
32 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 85.
33 T. Gifford, An Historical Description of the Zetland Islands in the Year 1733. With an Appendix of Illustrative Documents, Sandwick, 1976, p. 25.
34 O. Risbøl, K. Stene et A. Sætren (dir.), Kultur og natur i Grimsdalen landskapsvernområde. Sluttrapport fra DYLAN-prosjektet, Oslo, 2011, p. 5 [disponible en ligne : http://www.niku.no/filestore/Publikasjoner/NIKUTema38.pdf]
35 J.-P. Poussou, « À propos du Shieling : l’estivage dans les Îles Britanniques aux xviie et xviiie siècles », Histoire, économie et société, 1999, p. 210.
36 A. Bil, The Shieling, 1600-1840 : the Case of the Central Scottish Highlands, Édimbourg, 1990.
37 C. Dalglish et S. Tarlow (dir.), Modern Scotland : Archaeology, the Modern Past and the Modern Present, 2012, p. 92 [disponible en ligne : http://www.scottishheritagehub.com/sites/default/files/u12/ScARF%20Modern%20September%202012.pdf]
38 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 84-85.
39 J.-P. Poussou, « À propos du Shieling… », p. 210‑211.
40 Ibid., p. 213-214.
41 O. Risbøl, K. Stene et A. Sætren (dir.), Kultur og natur i Grimsdalen landskapsvernområde… ; C. Dalglish et S. Tarlow (dir.), Modern Scotland…
42 Le terme utmarksgjerde est un mot générique. On trouve de nombreuses variantes régionales.
43 Voir la communication d’Annie Antoine dans le présent volume.
44 J. R. Hagland et J. Sandnes (dir.), Frostatingslova, Oslo, 1994, p. ix.
45 « Gjerde », Kultur Historisk Leksikon For Nordisk Middel Alder, Copenhague, 1961, vol. 20, p. 290.
46 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 89 ; I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 61.
47 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 89, 99-100.
48 C. Dalglish, Rural Society in the Age of Reason : an Archaeology of the Emergence of Modern Life in the Southern Scottish Highlands, New York, 2003, p. 92. S. Knox, The Making of the Shetland Ladscape, Edimbourg, 2003, p. 42-45.
49 H. Sevatdal, « Institutions and innovations : Property and land use in Norwegian outfields », Norsk Geografisk Tidsskrift-Norwegian Journal of Geography, 2006, p. 77.
50 R. Gjellebøl, Naturlig og oeconomisk Beskrivelse over Hølands Præstegield i Aggershuus-Stift i Norge, Copenhague, 1771, p. 335.
51 Voir la communication de Christine Rendu dans le présent volume.
52 Tribu de Papouasie-Nouvelle-Guinée étudiée, entre autres, par les anthropologues Maurice Godelier et Pierre Lemonnier ; P. Lemonnier, « Too sturdy to be mundane : A Baruya Garden fence », P. Lemonnier, Mundane Objects : Materiality and Non-verbal Communication, Walnut Creek, 2012, p. 21-44.
53 P. Lemonnier, « Too sturdy to be mundane… », p. 21-44 ; France Culture et V. Charpentier, « Les archéologues et anthropologues s’intéresseraient-ils exclusivement aux objets ? », Le salon noir, 17.10.2012.
54 Le scattald est un territoire qui regroupe des villages et les pâtures communes et sur lequel les habitants possèdent un ensemble de droits et de privilèges.
55 SA, SC12/6/1777/14, « Complaint (failure to herd.) (Criminal) », 1777, liasse 1.
56 NAS, RH2/8/33, « Photostat copy of Bailie Court book of the North Parish of Unst, Shetland », 1731, fol. 10-11.
57 France Culture et V. Charpentier, « Les archéologues et anthropologues… ».
58 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 91.
59 K. Lunden, « Recession and new Expension… », p. 174.
60 R. Miller, « Lazy-bed cultivation… ».
61 I. Whyte, Agriculture and Society…, p. 65.
62 Ibid., p. 84.
63 K. Lunden, « Recession and new expension… », p. 188.
64 H. Bjørkvik, « The farm territories », p. 54.
65 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 103.
66 K. Lunden, « Recession and new expension… », p. 174.
67 A. Fenton, « Paring and burning… », p. 155.
68 Ibid.
69 I. Whyte, Agriculture and society…, p. 210.
70 W.P.L. Thomson, « Population and depopulation », D. Withrington (dir.), Shetland and the Outside World 1469-1969, Oxford, 1983, p. 216-233.
71 E. Boserup, Évolution agraire et pression démographique, Paris, 1970, p. 84.
72 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 101.
73 S. Krech III, « Traditional environmental knowledge », S. Krech III, J. R. McNeill et C. Merchant (dir.), Encyclopedia of World Environmental History, Londres, 2004, vol. 3, p. 1213-1216.
74 E. Pontoppidan, The Natural History…, p. 105.
75 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 281.
76 J. Shirreff, General View of the Agriculture of the Shetland Islands with Observations of the Means of their Improvement, Édimbourg, 1814, p. 54-55, 93.
77 A. Fenton, The Northern Isles…, p. 275.
78 J. Shirreff, General View of the Agriculture of the Shetland Islands…, p. 53-55.
79 Ibid., p. 55.
80 A.P. Cohen, The Symbolic Construction of Community, Routledge, Londres, 1985.
Auteur
Doctorante en histoire moderne au CERHIO UMR 6258, Université Rennes-2 (Rennes) et au Department for History and Classical Studies, NTNU (Trondheim).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Transhumance et estivage en Occident
Des origines aux enjeux actuels
Pierre-Yves Laffont (dir.)
2006
Les élites rurales
Dans l’Europe médiévale et moderne
François Menant et Jean-Pierre Jessenne (dir.)
2007
Les luttes anti-seigneuriales
Dans l’Europe médiévale et moderne
Ghislain Brunel et Serge Brunet (dir.)
2009
L’hérétique au village
Les minorités religieuses dans l’Europe médiévale et moderne
Philippe Chareyre (dir.)
2011
Les industries rurales dans l’Europe médiévale et moderne
Jean-Michel Minovez, Catherine Verna et Liliane Hilaire-Pérez (dir.)
2013
Cultures temporaires et féodalité
Les rotations culturales et l’appropriation du sol dans l’Europe médiévale et moderne
Roland Viader et Christine Rendu (dir.)
2014
Cultures villageoises au Moyen Âge et à l’époque moderne
Frédéric Boutoulle et Stéphane Gomis (dir.)
2017