La dîme en Espagne à l’époque moderne
p. 191-207
Texte intégral
1Très intéressé par l’architecture religieuse depuis mes premières recherches sur le financement des monuments baroques, je sillonne depuis longtemps l’Espagne et la France en accordant une attention spéciale à leurs cathédrales. Or, un phénomène me frappe en Espagne : c’est l’ampleur des constructions, la richesse de la décoration et l’importance des trésors conservés (à Tolède, à Séville, mais aussi à Astorga, à Oviedo…) face à l’austérité de la plupart des cathédrales françaises.
2Il est vrai que les églises espagnoles n’ont pas connu les destructions de la Révolution, mais les voyageurs étrangers de l’époque moderne notaient déjà ce contraste entre la péninsule et leur pays d’origine, de l’Allemand Münzer à l’Anglais Townsend en passant par notre duc de Saint-Simon1.
3Comment peut-on expliquer ce contraste, comment rendre compte de la particulière « magnificence du culte » en Espagne2 ? La somptuosité des édifices religieux baroques atteste encore aujourd’hui l’abondance des ressources d’alors. À cela, plusieurs causes peuvent être avancées : il y a des raisons culturelles, mais aussi des raisons économiques et en premier lieu le volume des revenus de l’Église espagnole, dont le produit de la dîme constitue le principal élément.
4L’Église n’est cependant pas le seul bénéficiaire du prélèvement décimal. Les historiens des finances royales l’ont montré. Cependant en un livre précurseur sur les classes privilégiées dans l’Espagne d’Ancien Régime, Antonio Domínguez Ortiz écrivait en 1973 : « Inexplicablement, il n’existe pratiquement pas de bibliographie sur cette institution fondamentale3. » Les choses ont changé tellement depuis qu’il est difficile de prétendre à l’exhaustivité dans une synthèse sur le sujet4.
5J’aborderai, tout d’abord, les grandes étapes et les principales directions de recherche à propos des dîmes espagnoles pour la période 1970-2008. J’étudierai ensuite les permanences et les transformations du prélèvement décimal à l’époque moderne. J’illustrerai mon propos par l’analyse plus détaillée du cas du diocèse de Carthagène-Murcie et j’achèverai en présentant quelques directions de futures recherches.
Panorama bibliographique contemporain
6La documentation apparaît au XVe siècle sur certains points du territoire5 et elle devient plus abondante à partir de 1560-1600 pour se poursuivre jusqu’à 1836 : l’abolition de la dîme date de 1837. Ces documents sont principalement conservés dans les archives nationales : Archivo Histórico Nacional, Archivo General de Simancas ; dans les archives capitulaires ; dans les archives paroissiales (spécialement les comptes des fabriques). Mais on ne saurait négliger les archives municipales, notariales et, à l’occasion, les fonds privés.
Un formidable effort de recherche (1965-1985)
7L’utilisation massive des magnifiques archives décimales conservées pour la majeure partie du territoire espagnol correspond à l’ouverture d’un autre champ de recherche à partir des années 1970 : les études rurales (avec les congrès de Compostelle en 1973 et de Paris en 1977). La dîme étant un prélèvement partiaire, la consultation des fonds ecclésiastiques (capitulaires et paroissiaux) et nationaux (documentation des monastères « désamortis » et des ordres militaires, enquêtes de Philippe II et de la Monarchie des Lumières) servit principalement aux agro-historiens pour évaluer la production des campagnes et en suivre l’évolution séculaire.
8Cependant, pour une étude de la dîme, non plus comme indicateur économique, mais comme type de prélèvement féodal et, partant, comme l’un des piliers du système social, il faut attendre la génération des chercheurs qui se sont consacrés à la réalisation de monographies relatives aux dîmes de tel diocèse, au clergé de telle région, à tel monastère, à telle seigneurie ou commanderie, ou encore à telle famille aristocratique. Pour ce qui concerne les provinces de Vieille et de Nouvelle-Castille, ont été étudiées les régions de Ségovie6, Tolède7, Zamora8, Palencia9, Léon10. Pour l’Estrémadure, il s’agit du diocèse de Coria11. En Galice, la situation est bien connue grâce aux œuvres d’Antonio Eiras Roel et de ses disciples12. Toute une série de travaux s’est également attachée au Pays Basque13. Enfin, un aspect particulier a focalisé l’attention des chercheurs : ce sont les dernières étapes de la dîme14.
9Comme il est aisé de le voir, quelques études ont une couverture nationale, mais la plus grande partie de ces recherches porte essentiellement sur l’histoire agraire régionale. Au congrès sur les dîmes à Paris en 1977, sur treize communications concernant l’Espagne, une seule embrassait l’ensemble de la péninsule, mais quatre autre se référaient à son angle nord-ouest (Vieille-Castille, Pays basque et Galice), un chiffre seulement dépassé par le grand sud-est (Valence, Murcie, Grenade), objet de sept communications. L’Andalousie bêtique n’en donnait qu’une seule et des régions entières étaient négligées : l’Aragon et la Catalogne ainsi que l’Estrémadure et la Nouvelle-Castille15.
Du chiffre
10Encore du chiffre, et toujours des chiffres, grâce à l’étude de la dîme dans différents diocèses : Zamora, Cordoue. Ces travaux contribuent à combler les lacunes de l’historiographie, tels ceux de J.M. Latorre Ciria sur les diocèses aragonais de Huesca et de Teruel16. Mais une ré-orientation s’est opérée dans les objets de ces études car on assiste à partir du milieu des années 1980 à un intérêt croissant où domine l’effort de préciser la répartition sociale de la dîme. C’est toute une nouvelle vague de recherches agraires régionales qui ont pour cadre la Vieille-Castille et le Léon17, la Manche18, l’Andalousie et le Pays valencien. Mais ce sont aussi des études concernant le clergé et les établissements monastiques19 ainsi que la noblesse et notamment le régime seigneurial20.
11Ainsi, les informations abondent-elles désormais sur l’assiette et le taux du prélèvement, sur les exemptions réelles, territoriales et personnelles, sur le mécanisme du recouvrement (en nature ou en espèces, en régie ou en fermage, par abonnement), sur la clé de répartition du produit dîmé entre individus et collectifs (et à l’intérieur de ces collectifs), enfin sur l’immense contentieux auquel le système donne lieu (entre percepteurs et assujettis, les percepteurs entre eux).
Le retour à l’économie
12L’intérêt pour le sujet passe des départements d’histoire moderne aux départements d’histoire économique. On assiste à la formation de groupes d’historiens visant à la construction d’indices macroéconomiques pour suivre l’évolution du PIB. Mais d’un autre côté ils mènent une analyse plus fine du prélèvement qui va partiellement dans le sens de ces Journées : des études modèles ont ainsi été réalisées sur la Rioja21, le Pays Basque22. À noter que l’affermage des dîmes et la commercialisation de leur produit attirent désormais l’attention des historiens23.
13Malgré l’émergence progressive d’une bibliographie moderniste qui couvre presque tout le territoire (au moins dans la couronne de Castille), force est de consulter également, dans une perspective de synthèse, les études médiévistes, publications de comptabilités décimales, monographies conventuelles, recherches sur les ordres militaires notamment. En effet, pour comprendre les différents aspects du prélèvement à l’époque moderne, il est nécessaire de se référer au Moyen Âge et de prendre en compte un processus essentiel de l’histoire nationale : celui d’une reconquête de direction nord-sud et d’une organisation politico-administrative de l’espace dont les principes évoluent avec l’avancée du front de colonisation.
Le prélèvement décimal à l’époque moderne
14Il s’agit ici de la dîme stricto sensu mais rappelons que s’y ajoutent les prémices dans certains diocèses, le vœu de Saint-Jacques et parfois d’autres prélèvements ecclésiastiques24. J’ai déjà souligné la profusion de la documentation à partir de 1580. Une comparaison pourra donc être facilement mené avec la France.
Les bénéficiaires
15Le cadre de base est constitué par les diocèses (carte 1) : il en existe 49 en 1500. Pendant le règne de Philippe II, il est procédé à la création de six diocèses, et quatre de plus furent érigés au XVIIIe siècle. On parvient ainsi à un total de 59 diocèses pour toute l’Espagne. On peut considérer qu’ils sont peu nombreux, à la différence de la France méridionale et de l’Italie où l’on constate un véritable pullulement.

D’après Fernando GARCIA DE CORTAZAR, Atlas de historia de España, Barcelone, 2005, p. 372.
Carte 1
16La compétition autour de la jouissance des dîmes ne concerne pas les mêmes acteurs au nord et au sud du royaume. Sur une bande septentrionale étirée de la Galice à la Catalogne, le clergé séculier doit compter avec un réseau exceptionnellement dense de monastères anciens comme ceux des cisterciens et une seigneurialisation précoce qui assure le patronage d’églises. Le système comporte des archaïsmes (dîmes non agricoles : salaires de journaliers, pêche…) et se caractérise par une grande complexité et par sa diversité d’une circonscription à l’autre. Sur une bande centrale (plutôt centre-sud en Castille), cicatrice d’un piétinement biséculaire de la reconquête, la dîme échappe en grande partie au clergé séculier – et régulier – pour revenir aux ordres militaires. Ceux-ci sont très largement présents sur 10 à 12 % du territoire (carte 2). Ailleurs (entre Duero et Tage, ainsi qu’à Valence et en Andalousie), le clergé diocésain, davantage maître du jeu, a dû cependant faire face à une seigneurialisation croissante du XVe au XVIIe siècle.

(1) Zone de seigneurialisation précosse et massive.
(2) Prédominance des Ordres Militaires
D'après Juan PRO et Manuel RIVERO, Breve atlas de historia de España, 3e édition, Madrid, 2008.
Carte 2
17Une autre singularité majeure de l’Espagne tient à sa position de frontière de l’Islam : c’est la part des rois dans la dîme. En effet, la monarchie est également partie prenante du prélèvement décimal, grâce à des concessions pontificales qui visaient à la récompenser et à l’encourager dans sa lutte contre les musulmans ; mais ces faveurs ne cessèrent pas avec la prise de Grenade, en 1492. Bien au contraire, car on comptait bien continuer la Reconquête sur la rive méridionale de la Méditerranée, et la part du monarque ne fit qu’augmenter25. Dès le XIIIe siècle, les souverains pontifes avaient accordé les tercias reales (2/9 des dîmes en Castille, terç delme à Valence), généralement affermées en même temps que les autres impositions (quand elles n’avaient pas été cédées à des laïcs). En 1571, l’année de Lépante, Philippe II se fit octroyer l’excusado, c’est-à-dire la dîme payée par le plus gros producteur de chaque paroisse26. Dans le royaume de Grenade, le souverain possédait l’ensemble des dîmes, mais une bonne partie de cette manne servit à récompenser de puissants seigneurs locaux, si bien que la dotation des églises fut réduite, dans bien des cas, à la portion congrue. Par ailleurs, la part du roi augmenta encore avec la réunion des ordres militaires à la Couronne. Lorsque le roi devint grand maître des ordres militaires castillans (1480-1510), puis de celui de Montesa à la fin du XVIe siècle, il put distribuer les commanderies et octroyer des pensions viagères sur les revenus de la Mesa Maestral, constitués en partie par les dîmes des paroisses situées sur le territoire des ordres.
18Cependant, la monarchie, confrontée aux difficultés des finances publiques, procéda, dès le règne de Charles Quint, à la vente de seigneuries, provenant du domaine royal, des possessions de l’Église ou des ordres militaires. Elle vendit également des tercias reales à des seigneurs, des particuliers, des municipalités, séparément ou avec d’autres revenus royaux comme les alcabalas. La monarchie se défit ainsi d’une partie de ses dîmes : le mouvement théorique d’élargissement de la part du roi est contrecarré par la dure réalité du déficit public.
19Comme nombre de seigneurs ont accaparé la dîme et qu’une grande partie des tercias reales a été aliénée, notamment lors des inféodations du bas Moyen Âge, on peut dire que le produit de la dîme irrigue tout l’Ancien Régime espagnol et en assure la cohésion : le clergé a été partiellement dépouillé, mais en retour, la Monarchie, bénéficiaire du prélèvement, en défend les bases et l’aristocratie, à laquelle la dîme fournit de gros revenus de nature ecclésiastique, mais le plus souvent d’origine royale, apparaît comme encastrée dans les deux autres institutions.
20La résistance au paiement de l’impôt ecclésiastique à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, bien étudiée également, et sa suppression en 1837 (un demi-siècle après la France), constituent des éléments essentiels de la crise puis de la dissolution de l’Ancien Régime.
Les assujettis : personnes et produits
21La croissance démographique se traduit par une augmentation du nombre des personnes assujetties au prélèvement décimal. Cela entraîne la création de nouvelles paroisses. Se pose alors la question de savoir comment les doter ?
22Mais une autre difficulté se profile. La croissance et la diversification de la production agraire provoquent de plus grandes difficultés de collecte. Il faut étoffer le personnel des greniers décimaux et affronter les réclamations salariales des collecteurs, ou bien abandonner le système de la gestion directe pour s’en remettre à l’amodiation en admettant que le bénéfice du fermier grève le produit de la dîme.
23Par ailleurs, on a assisté à toute une série de fondations liées à la Réforme catholique : au XVe siècle, c’est l’ordre hiéronymite qui se développe ainsi que celui des chartreux. Au XVIe se multiplient les établissements jésuites tandis que les ordres mendiants s’implantent jusque dans les petites villes. À ces nouveaux établissements, s’ajoutent de nombreuses chapellenies et des fondations pieuses diverses. Leurs terres paieront-elles la dîme ?
Le contentieux
24Les archaïsmes tendent à disparaître. On assiste à une lente réduction de la liste des produits assujettis et à un abaissement progressif des taux de prélèvement, mais le mouvement est moins rapide que dans les seigneuries.
25On constate cependant de nettes résistances sur plusieurs fronts. En provenance des milieux ecclésiastiques même, c’est celle des nouveaux ordres religieux. Dans les milieux laïques, se produisent des résistances ponctuelles, voire des émeutes, lors des crises de subsistance récurrentes. De manière plus durable, la résistance populaire profite notamment du développement de nouvelles cultures qui n’étaient pas assujetties à la dîme : il s’agit en particulier des plantes d’origine américaine, dont la culture connaît un très bel essor. La fraude, enfin, comme forme de résistance, a de tout temps existé, mais elle s’accentue au XVIIIe siècle, notamment dans sa seconde moitié.
26Deux blocs antagonistes se sont formés, dont les intérêts son radicalement divergents : d’un côté la monarchie, le haut clergé séculier, les seigneurs et les municipalités et de l’autre les cultivateurs, qu’ils soient propriétaires ou non, ainsi que le bas clergé réduit aux prémices et à la portion congrue. Il n’est que de lire les statuts synodaux pour percevoir la situation. Un retournement décisif s’opère cependant à la fin de la période : seigneurs et propriétaires s’opposent désormais à la dîme. Leur position s’explique aisément : l’augmentation du loyer de la terre leur rapporterait plus que le maintien d’un prélèvement décimal en déclin. La rente foncière choque contre la dîme.
Le cas de diocèse de Carthagène-Murcie
27Le sud-est péninsulaire, au centre duquel se situe la Murcie, connaît une forte croissance démographique à l’époque moderne : entre 1450 et 1800, les densités humaines y passent de 2 à 16 habitants au km2. La richesse des fonds ecclésiastiques suit un mouvement parallèle. Non négligeable dès 1500, elle est manifeste vers 1600. D’où l’extension du champ de recherche offert à l’historien27.
Son organisation quant à l’administration de la dîme
Le diocèse de Carthagène-Murcie, XVIIe-XIXe siècle (G-Lemeunier)

Carte 3
28Le diocèse occupe environ 25 000 km2, mais il comporte 15 puissantes commanderies (13 de Saint-Jacques et les deux autres des ordres de Malte et de Calatrava) qui occupent environ un tiers de la surface totale. Sur les 16 000 km2 restants, les seigneuries présentent des situations diversifiées : certaines ne perçoivent pas de dîme, ce sont les plus récentes, datant des XVIe-XVIIe siècles. D’autres reçoivent les tercias reales, depuis le bas Moyen Âge (Villena) et l’une de l’ensemble des dîmes (Carcelén). De toute façon, le personnel seigneurial intervient toujours, peu ou prou, dans le système de collecte.
29L’espace de la perception est divisé en très grands dîmaires d’une extension moyenne de 600 km2 : par exemple Moratalla ou Lorca. Dans la partie dépendant directement de l’évêché, ceux-ci sont placés sous la responsabilité du chapitre de la cathédrale. Au centre d’un dîmaire se trouve la tercia (nommée dans le nord du royaume : cilla ou hórreo) qui est la grange aux dîmes28. C’est un local provisoire jusqu’au milieu du XVIe siècle quand l’affermage prédomine. Puis il est acheté ou construit. Ensuite, on procède à des agrandissements ou à des reconstructions au XVIIIe siècle. Le site occupé est généralement implanté à l’entrée de la bourgade ou de la ville pour faciliter l’approvisionnement ou bien il est proche du centre commercial pour favoriser la prise en compte par les bénéficiaires qui souhaitent réaliser la vente de leur part. Le plan typique est une construction à patio. À l’entrée se trouve le bureau du personnel et les archives. Il y a des greniers pour les différentes dîmes (notamment pour les quatre espèces de céréales). À cela s’ajoutent des bâtiments annexes : ce sont les pressoirs à raisin et à huile.
30Un personnel fixe est affecté à la tercia : ce sont les fieles, des responsables ecclésiastiques qui restent longtemps en place. La correspondance des colectores conservée entre 1580 et 1720 fourmille de détails sur le temps qu’il fait, l’état des récoltes, les enchères, c’est une source considérable d’informations. Et puis il y a le personnel temporaire : ce sont les divers inspecteurs, transporteurs, surveillants, manœuvres… L’attribution de ces charges assorties de salaires est un privilège recherché. Avec eux également, se produisent les occasions de fraudes. Il est possible, dans certains cas, de calculer le profit des fermiers de dîmes : dans la commanderie de Yeste, entre 1706 et 1805, le bénéfice se situe aux alentours de 25 % du revenu net. Ces profits connaissent quelques pics vertigineux comme en 1706 avec 47 % et des minima fort bas comme en 1718 avec une perte de 1 % ou relativement bas en 1805 avec 10 %29. On pourrait tirer des déductions similaires pour la grande commanderie santiaguiste de Caravaca30.
Assiette
31Les produits sont issus de l’élevage, chèvres et moutons principalement, ainsi que des dérivés du petit élevage comme la cire, le miel ou la soie. Ils proviennent également de l’agriculture : ce sont les grains (le blé, l’orge essentiellement, l’avoine et le seigle) auxquels s’ajoutent les millets (le millet, le sorgho, le panis…), et bientôt (fin du XVIe s.) le maïs. Ce sont également les raisins et les olives, les fruits et les légumes et en particulier les divers légumes secs. Et enfin, notons les matières premières industrielles comme le lin et le chanvre, les plantes tinctoriales comme le safran tout particulièrement intéressant, les produits chimiques comme la soude. Les menues dîmes portent sur la volaille, le fourrage (orge en vert ou luzerne) et les élevages minoritaires (bovins et équidés).
32On remarque davantage d’archaïsme dans les commanderies des Ordres Militaires : les prélèvements y portent aussi sur le bois d’œuvre, la poix, les glands, les produits de la chasse, les furets, les lapins, les cordes. On y taxe les salaires de journaliers agricoles, les moulins et les pressoirs à huile ainsi que les fours. On y prélève une dîme sur la poterie (vaisselle, briques et tuiles). On y taxe pareillement la production de chaux et les salines, ainsi que le sparte (alfa), grande ressource des ménages pauvres. À Yeste, les procès-verbaux des visites, conservés pour la période 1525-1806, permettent de constater que ce n’est qu’en 1705 que s’éteint la dîme sur les salaires et qu’en 1806 on la payait encore sur la chaux et les tuiles.
33Le taux du prélèvement est de 1/10e selon toutes les constitutions synodales consultées mais il est en général moindre quand les coûts de culture sont élevés ou qu’il s’agit d’une première élaboration du produit : par exemple le taux est fréquemment de 1/12e en culture irriguée ou entre 1/12e et 1/16e pour les raisins secs, le safran et la soude.
Répartition
34Pour les ordres militaires, tout le prélèvement va au commandeur moyennant, pour la commanderie de Saint-Jacques, le versement d’une décime au monastère d’Uclès. Une exception cependant : à Cieza, commandeur et clergé diocésain se partagent les dîmes de la huerta. Mais partout la fabrique dispose de la quinta casa, le curé ayant l’ayuda de costa, les prémices et le casuel.
35Dans le reste du diocèse, la division se fait en général par tiers : 1/3 va à l’évêque et au chapitre, 1/3 au clergé local et le dernier tiers se répartit entre les 2/9 dus au roi (tercias reales) ou au seigneur, et 1/9 au terzuelo de la fabrique paroissiale. La fabrique cathédrale, quant à elle, lève les dîmes de quintas casas dans tous les dîmaires31. Mais on peut citer deux exemples opposés de distribution : les dîmes de Carthagène se répartissant intégralement entre l’évêque et le chapitre cathédral. De celles de Lorca, on forme 70 rations ou parts dont bénéficient 28 ayants-droit, individus ou collectivité : ainsi le roi dispose de 14 rations, l’évêque de 12, le chapitre de Carthagène de 16 et celui de Lorca d’une ration et un quart seulement, source d’inimitiés et de litiges.
Contentieux
36Il s’agit surtout des ayants-droit entre eux (notamment du chapitre cathédral contre les seigneurs), mais aussi des assujettis contre les ayants-droit. Pour les terres de nouvelle fondation ecclésiastique, les Ordres Militaires se montent très réticents. À propos des couvents de Beas et Caravaca, sainte Thérèse écrit en 1576 : « Si Sa Majesté n’en avait donné l’ordre…, il en eût été comme celui de Beas, dont la fondatrice a sollicité onze ans de le fonder d’un autre ordre… sans jamais y réussir32. » Le chapitre cathédral s’oppose aux Hiéronymites à La Nora : ils parviennent à des transactions en 1611, 1700, 1718, 1724 : 275 hectares irrigués paient la dîme au monastère, le reste la paie à l’administration capitulaire. Pour le bétail, le taux est de 1/10e, mais il y a des franchises : 500 têtes pour le petit bétail, 30 porcs, 20 juments33.
37Les difficultés portent aussi sur les nouvelles cultures, ce qui nous permet d’obtenir les premières dates de leur implantation, pas seulement pour le maïs mais aussi pour la pomme de terre et les haricots ainsi que pour l’arboriculture en plein essor au XVIIIe siècle : à Yecla, on peut suivre pratiquement d’année en année, entre 1640 et 1730, la progression des oliveraies.
Le poids du prélèvement
38Le Cadastre de la Ensenada permet de procéder à une comparaison entre les différentes fiscalités. Lorsque l’on fait le ratio entre la dîme et la production agricole brute, on obtient 19 % à Calasparra, 15 % à Moratalla, 12 % à Abanilla, 10 % à Caravaca.
Tableau : Poids des différents prélèvements au milieu du XVIIIe siècle (en %)

39Avec l’augmentation de la fraude au XVIIIe siècle, le poids réel de ces prélèvements tend à diminuer.
Dîme et politique annonaire
40La production est soumise à de fortes oscillations interannuelles. Les pósitos, greniers municipaux ou bien privés sont fréquemment débordés. En temps de crise, les habitants s’adressent à la principale réserve de grain : la tercia. Mais comment est-ce accepté ? Et à quel prix ?
- à Chinchilla, en 1591 : le pósito n’est pas assez approvisionné, aussi « vu leur grand besoin, les habitants clament et disent que puisque le blé se moissonne sur leur territoire, il n’y a pas de raison qu’on l’en sorte et qu’eux meurent de faim » ;
- à Villena, en septembre 1630 : on en vient à des voies de fait, ce qui pose le problème des responsabilités. La municipalité donne trois jours au chapitre pour qu’il accepte de donner son blé, sinon « ils le sortiront avec violence pour le mettre au pósito » ;
- à Mazarrón, en 1709 : on craint une émeute des habitants et « aussi des femmes qui sortent de chez elles comme des dragons en voyant qu’on emporte le produit de la dîme malgré le grand besoin qu’on en a34 ».
41Les municipalités et le peuple sont soutenus par les seigneurs et plus discrètement par le clergé local.
42À Lorca, selon le mode de répartition mentionné, 40 % du produit de la dîme va à Murcie, ce qui explique la revendication d’un siège épiscopal au XVIIIe siècle.
Dîme et investissement agraire
43L’Église de Carthagène a peu de biens immobiliers et fonciers. Elle a surtout des dîmes comme revenus et elle est donc rentière de la croissance agricole. Elle a des moyens suffisants pour exercer une fonction créditrice : les cens sont consignatifs et le curé est un prêteur, véritable usurier en l’occurrence.
44À titre individuel, les dignitaires du chapitre cathédral ont des domaines, des majorats, des seigneuries, à la périphérie de la huerta de la capitale. Mais à la différence d’Orihuela, le chapitre cathédral n’envisage pas une entreprise de colonisation agraire. Relevons cependant un cas exceptionnel, celui du cardinal Belluga qui, grâce à ses revenus et en particulier aux dîmes (« grâce aux bonnes années que Dieu nous a données »), put se lancer dans un programme de fondations pieuses (Pías Fundaciones) entre 1715 et 1740. Des initiatives de défrichement furent lancées à Lorca, des plantations à Carthagène ; on procéda au drainage et à l’irrigation du bas Segura ; le cardinal put ainsi doter des fondations religieuses, des hôpitaux, des écoles d’ancienne ou de nouvelle création, ainsi qu’un véritable réseau de pósitos píos35.
***
45Malgré la bonne connaissance dont on dispose aujourd’hui du prélèvement en Espagne, certains aspects ont été très inégalement traités :
- au niveau local et régional, son poids relatif (et celui des prélèvements annexes, prémisses et vœu de Saint-Jacques), par rapport à celui des fiscalités royale, seigneuriale et municipale ;
- les mécanismes de recouvrement et ses acteurs : l’administration capitulaire ou seigneuriale, le personnel des granges aux dîmes (tercias et cillas), le milieu des fermiers, leurs bénéfices et la masse des salaires distribués ;
- la commercialisation des dîmes en nature et sa relation avec les problèmes annonaires (les rapports de la tercia et du pósito, grenier municipal) ;
- la part de la dîme dans les revenus des différents ayants-droit ;
- la destination des revenus décimaux : dépenses cultuelles (et leurs répercussions sur l’artisanat et le commerce), enseignement, assistance et charité, crédit, réinvestissement dans d’agriculture. L’accumulation du produit de la dîme sur certains points du territoire y favorise la vie économique. D’où les revendications de sièges épiscopaux de la part de villes qui en sont dépourvues et leur résultat variable selon la conjoncture : heureux par exemple pour Orihuela face à Murcie (réformes de Philippe II), malheureux pour Lorca deux siècles plus tard.
46La dîme se place donc au cœur de l’Ancien Régime espagnol et surtout castillan. Elle concerne l’Église, la monarchie, les seigneuries, les municipalités. Elle se situe également au cœur de l’économie moderne : elle alimente l’activité des villes qui concentrent le produit des dîmes ; elle engendre des salaires et des bénéfices qui sont distribués ; elle fournit de nombreux objets du commerce. Elle permet les dépenses des bénéficiaires ce qui entraîne un développement de l’artisanat et notamment de l’artisanat d’art.
47Ce bilan ne saurait s’achever sans brosser quelques perspectives de recherche. Il faudrait mesurer le poids régional et son évolution. Par ailleurs, l’étude du bas clergé connaît un certain retard dans l’histoire de l’Église en Espagne et mériterait d’être approfondie. La place de l’aumône doit être mieux cernée car celle-ci dépend de la dîme, mais en même temps, elle la concurrence. En 1616, on se plaint à Lorca que des Franciscains « vont de nuit par les aires à battre » ; un transporteur, de bonne heure, « trouve un frère près de l’aire où il allait chercher le blé et lui dit : Père Untel, vous vous êtes levé de bonne heure, et l’autre de répondre : Oui, mon frère, et, une fois arrivé à l’aire, ledit transporteur ne trouve plus de dîme36 ». La dîme fournit l’aumône, à son insu parfois. Celle-ci est difficilement quantifiable mais on la trouve partout dans les sociétés d’Ancien Régime.
48Peut-être un jour, l’aumône sera-t-elle le thème d’une réunion semblable à celle-que nous tenons actuellement.
Notes de bas de page
1 J. García Mercadal, Viajes de extranjeros por España y Portugal, 3 vol., Madrid, 1952-1962.
2 Manuel Pérez Sánchez, La magnificencia del culto. Estudio histórico-artístico del ornamento en la diócesis de Cartagena, Murcie, 1997.
3 Antonio Domínguez Ortiz, Las clases privilegiadas en la España del Antiguo Régimen, Madrid, 1973, p. 344.
4 Pour la bibliographie la plus récente, je renvoie aux textes réunis dans l’ouvrage d’Antonio Luis Cortés Peña et Miguel Luis López-Guadalupe Muñoz (éd.), La Iglesia española en la Edad Moderna. Balance historiográfico y perspectivas, Madrid, 2007.
5 María Luisa Guadalupe Beraza, Diezmos de la sede toledana y rentas de la mesa arzobispal (sigle xv ), Salamanque, 1972 et Miguel Angel Ladero Quesada et Miguel González Jiménez, Diezmo eclesiástico y producción de cereales en el reino de Sevilla (1408-1503), Séville, 1978.
6 Gonzalo Anes Álvarez, Jean-Paul Le Flem, « Las crisis del siglo xvii : producción agrícola e ingresos en tierras de Segovia », Moneda y Crédito, no 93, 1965, p. 3-55 ; G. Anes, Las crisis agrarias en la España moderna, Madrid, 1966 ; Ángel Garcia Sanz, « Los diezmos del Obispado de Segovia del siglo xv al xix : problemas de método, modos de percepción y regímenes sucesivos de explotación », Estudios Segovianos, no 73, 1973, p. 7-20 ; du même, Desarollo y crisis del Antiguo Régimen en Castilla la Vieja. Economía y sociedad en tierras de Segovia. 1500-1814, Madrid, 1977 ainsi que « La producción de cereales y leguminosas en Castilla la Vieja. Los diezmos del Obispado de Segovia de 1570 a 1800 », dans Joseph Goy, Emmanuel Le Roy Ladurie, (éd.), Prestations paysannes, dîmes, rente foncière et mouvement de la production agricole à l’époque préindustrielle, Paris-La Haye-New York, 1982, t. I, p. 369-383 ; Maximiliano Barrio Gozalo, « Los diezmos y primicias en la diócesis de Segovia en el siglo xviii », Cuadernos de Investigacíon Histórica, no 7, 1983, p. 133-146.
7 Jerónimo López-Salazar Pérez, Manuel Martín Galán, « La producción cerealera en el arzobispado de Toledo (1463-1699) », Cuadernos de Historia Moderna y Contemporánea, 1981, p. 21-101.
8 José Antonio Álvarez Vázquez, Los diezmos en Zamora (1500-1840), Zamora, 1984.
9 Bartolomé Yun Casalilla, Sobre la transición al capitalismo en Castilla. Economía y sociedad en Tierra de Campos (1500-1830), Valladolid, 1987 ; Alberto Marcos Martín, « De nuevo sobre los diezmos. La documentación decimal de la diocesis de Palencia : problemas que plantea », Investigaciones Históricas, vol. 4, 1983, p. 99-122 et « La hacienda », Historia de la Universidad de Valladolid. Edad moderna, Valladolid, 1990, p. 205-297 (une grande partie des revenus de l’Université provient des dîmes).
10 Laureano Rubio Pérez, Producción agraria en la zona norte castellano-leonesa durante la edad moderna. (El producto decimal en la corta y la larga duración), Léon, 1986.
11 Miguel Angel Melón Jiménez, « Los diezmos de la diócesis de Coria (1566-1773) », Studia Histórica-Historia Moderna, vol. V, 1987, p. 177-191.
12 Antonio Eiras Roel, « Dîme et mouvement du produit agricole en Galice. 1600-1837 », dans J. Goy, E. Le Roy Ladurie, Prestations paysannes…, t. I, p. 341-358.
13 Luis María Bilbao Bilbao, Vascongadas, 1450-1720. Un crecimiento económico desigual, thèse de l’Université de Salamanque, 1976, dactyl., inédite et « La evolución del producto agrícola bruto en la Llanada alavesa », Actas de las I Jornadas de Metodología Aplicada a las Ciencias Históricas, Saint-Jacques de Compostelle, 1975, t. III, p. 109-141 ; Emiliano Fernández de Pinedo, Crecimiento económico y tranformaciones sociales del País Vasco (1100-1850), Madrid, 1974 ; L.M. Bilbao, E. Fernández de Pinedo, « La producción agrícola en el País Vasco peninsular (1537-1850). Primera aproximación a través de los diezmos y de la primicia », dans J. Goy, E. Le Roy Ladurie, Prestations paysannes…, t. I, p. 313-327.
14 Esteban Canales, « Los diezmos en su etapa final », dans G. Anes (éd.), La economía española al final del Antiguo Régimen, t. I Agricultura, Madrid, 1982, p. 105-187 et « Diezmos y revolución burguesa en España », dans A. García Sanz, Ramón Garrabou (éd.), Historia Agraria de la España contemporánea. I Cambio social y nuevas formas de propiedad (1800-150), Barcelone, 1985, p. 245-274 ; Carlos María Rodríguez-López Brea, « La crisis del Antiguo Régimen en el Arzobispado de Toledo : el impago de diezmos (1800-1820) », Antiguo Régimen y liberalismo : homenaje a Miguel Artola, Madrid, 1994, vol. 2, p. 285-294. ; Antonio Lara Ramos, Iglesia y poder : propiedad y diezmos en la crisis del Antiguo Régimen : Guadix y su obispado (1750-1808), Université de Grenade, 2001.
15 J. Goy, E. Le Roy Ladurie, Prestations paysannes…, t. I, p. 294-461.
16 José Manuel Latorre Ciria, « La producción agraria en el obispado de Huesca, siglos xvi y xvii », Revista de historia Jerónimo Zurita, no 59-60, 1989, p. 121-172 et « La producción agraria en el sur de Aragón (1660-1827) », Historia agraria, no 41, 2006, p. 3-30.
17 B. Yun Casalilla, Sobre la transición… ; Francis Brumont, Paysans de Vieille-Castille aux xvie et xviie siècles, Madrid, 1993 ; Laureano Rubio Pérez, La Bañeza y su tierra, 1650-1850. Un modelo de sociedad rural leonesa. (Los Hombres, los recursos y los comportamientos sociales), León, 1987.
18 Jerónimo López-Salazar Pérez, Estructuras agrarias y sociedad rural en la Mancha (ss. xvi-xvii ), Ciudad Real, 1986.
19 Ángela Atienza López, Propiedad, explotación y rentas : el clero regular zaragozano en el siglo xviii , Saragosse, 1988 et Propiedad y señorío en Aragón. El clero regular entre la expansión y la crisis (1700-1835), Saragosse, 1993 ; José Miguel López García, La transición del feudalismo al capitalismo en un señorío monástico castellano. El abadengo de la Santa Espina (1147-1835), Valladolid, 1990.
20 Ignacio Atienza Hernández, Aristocracia, poder y riqueza en la España moderna. La Casa de Osuna. Siglos xv-xix , Madrid, 1987 ; et Maria J. Baz Vicente, El patrimonio de la casa de Alba en Galicia en el siglo xix , Lugo, 1992. La part des seigneurs dans le prélèvement avait déjà été mise en lumière par plusieurs travaux : María Xosé Rodriguez Galdo, Señores y campesinos en Galicia, siglos xiv-xvi , Saint-Jacques de Compostelle, 1976 et Pedro Ruiz Torres, Señores y propietarios. Cambio social en el sur del País Valenciano, 1650-1850, Valence, 1981, notamment.
21 Santiago Ibáñez Rodríguez, « El diezmo en la Rioja (siglos xvi-xviii) », Brocar, no 18, 1994, p. 189-222 et El pan de Dios y el pan de los hombres. Diezmos, primicias y rentas en la diócesis de Calahorra (ss. xvi-xviii ), Logroño, 1999.
22 Elena Catalán Martínez, « El precio del purgatorio », Obradoiro de historia moderna, no 8, 1999, p. 31-63 et El precio del purgatorio : los ingresos del clero vasco en la edad moderna, Bilbao, 2000.
23 María Concepción Hernández, De tributo para la Iglesia a negocio para mercaderes : el arrendamiento de las rentas episcopales en la diócesis de Pamplona (siglo xviii ), Pampelune, 2000 et José Ubaldo Bernardos Sanz, Trigo castellano y abasto madrileño. Los arrieros y comerciantes segovianos en la Edad Moderna, Salamanque, 2003.
24 Ofelia Rey Castelao, El Voto de Santiago. Claves de un conflicto, Saint-Jacques de Compostelle, 1993.
25 A. Domínguez Ortiz, Las clases privilegiadas…, p. 354-355.
26 On ne peut s’étendre ici sur l’histoire de l’excusado, ni sur les autres aspects de la fiscalité royale frappant l’Église (subsidio, décimes, noveno eclesiástico…). Sur les implications du patronage royal, voir Christian Hermann, L’Église d’Espagne sous le patronage royal (1476-1834), Madrid, 1988.
27 Antonio Cánovas Botia, Auge y decadencia de una institución eclesial : El cabildo catedral de Murcia en el siglo xviii . Iglesia y sociedad, Murcie, 1994 ; Antonio Irigoyen López, Entre el cielo y la tierra, entre la familia y la institución. El cabildo de la catedral de Murcia en el siglo xvii , Murcie, 2000.
28 La dénomination de tercia provient du mode majoritaire de répartition de la dîme entre trois séries d’ayants-droit (l’évêque et le chapitre, le clergé local, le roi et la fabrique paroissiale). Dans ce cas concret, voir Guy Lemeunier, « La part de Dieu. Recherche sur la levée des dîmes au diocèse de Carthagène-Murcie d’après les Visitas de tercias (xviiie-xixe s.) », Mélanges de la Casa de Velázquez, no 12, 1976, p. 357-386.
29 Archivo Nacional, Ordenes Militares, legajos 4922 et 4923.
30 Diego Marín Ruiz de Assín (éd.), Visitas y descripciones de Caravaca (1526-1804), Murcie, 2007.
31 Le cinquième meilleur décimateur de la paroisse.
32 Lettre datée de Sévile, le 19 février 1576 : Correspondance, Bruges, 1959.
33 Archivo Histórico Provincial de Murcia, ancienne référence, Hacienda, Libro 6.
34 Ces différents épisodes sont relatés dans les Cartas de colectores (Archivo catedral de Murcia).
35 Sur la personnalité du cardinal, voir Juan Bautista Vilar, El cardinal Luis Belluga, Grenade, 2005 et Antonio Irigoyen López, Un obispo, una diócesis, un clero : Luis Belluga, prelado de Carthagena, Murcie, 2005. Sur ses fondations, Guy Lemeunier, « Les Pías fundaciones du cardinal Belluga. Une entreprise de mise en valeur agricole dans l’Espagne méditerranéene au xviiie siècle », dans Florent Quellier, Georges Provost (éd.), Du ciel à la terre. Clergé et agriculture, xvie- xixe siècle, Rennes, 2007, p. 73-84.
36 Archivo catedral de Murcia, Cartas de colectores.
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