Contestations paysannes entre Vosges et Forêt Noire : la génération du Bundschuh (1493-1525)
p. 61-78
Texte intégral
1Si on en croit les historiens de la langue, l’interjection « haro ! » correspond à une mise en cause et réclame un arbitrage. Elle s’inscrit dans un processus judiciaire. C’est par extension qu’on l’applique à des mouvements d’humeur dont le spectre balaye toutes les nuances de la contestation – de la défense des droits existants à l’avènement d’une légitimité nouvelle. Révoltes et révolutions constituent la forme subversive de ces phénomènes.
2Les complots placés sous l’emblème du soulier à lacets ou Bundschuh qui s’égrènent entre Vosges et Forêt Noire, entre 1493 et 1517, sont considérés comme le banc d’essai de l’insurrection paysanne qui embrase le sud de l’Allemagne au nom de l’Évangile entre 1524 et 1526. Ces événements s’enchaînent et sont joués par les mêmes acteurs, le peuple des campagnes en lutte contre des autorités injustes. Ils se traduisent par un affrontement sans merci, par des batailles sanglantes et par une répression effroyable : en Alsace, vingt mille « rustauds » périssent les armes à la main entre le 16 et le 20 mai 1525, lors des massacres de Lupstein, Saverne et Scherwiller, ce qui représente pour certaines localités autant de morts que durant toute la Première Guerre mondiale1.
3En prenant la mesure d’un tel bain de sang, les contemporains de la Guerre des Paysans n’ont pas manqué d’en saisir les enjeux. Ainsi, le bourgeois parisien Nicolas Versoris, qui évoque cette
« multitude de gens enraigés […] de pauvre estat et condicion, décidés d’aller à leur adventure prendre, dérober et détruire tout ce qu’ils pourroient trouver en alléguant que tous les biens du monde estoient communs et que nul homme ne debvoit estre préféré à ung autre, et qu’il ne debvoit estre nul noble ni nul seigneur, fors et excepté que ung empereur soubs la conduicte duquel le monde devoit estre gouverné2 ».
4Il n’est pas question de revenir ici sur les débats particulièrement riches auxquels se sont livrés et se livrent toujours les historiens du Bauernkrieg, si ce n’est pour rappeler l’importance des thèmes millénaristes, et, bien entendu, des causes économiques et sociales du soulèvement. Notre propos partira davantage du terrain, en insistant sur la confrontation, proprement dite, sur les formes de conflit et sur la culture politique qui les sous-tend. Les exemples proposés seront, pour l’essentiel, empruntés à l’Alsace.
LES ÉVÉNEMENTS : AMNÉSIE, MÉMOIRE ET HISTOIRE
5L’abondance des pièces d’archives et des sources narratives émanant des autorités suffit-elle à restituer la trame du soulèvement de 1525 ? Quand elle n’est pas canalisée dans des cahiers de doléances ou corsetée par des juges, la parole des insurgés nous échappe. Dix ans après la répression, le silence est total, les témoins sont muets, et ce mutisme affecte la plupart des historiens ultérieurs, si volubiles pourtant lorsqu’il s’agit d’encenser les princes ou de s’épancher sur les malheurs des invasions. La Guerre des Paysans devient un détail de l’histoire régionale, et ce n’est qu’une historiographie militante, et souvent maladroite, qui la remet à l’honneur à partir du xixe siècle, dans une généalogie libertaire.
6Mais l’amnésie des campagnes n’est pas générale : il est possible de décrypter des traditions orales, ou, du moins, de recoller quelques tessons de mémoire, comme le suggère le Chant du Rosemont recueilli dans la première moitié du xixe siècle dans la vallée qui conduit de Belfort au Ballon d’Alsace3.
7Cette ballade en patois (voir Annexe) qui s’apparente aux gwerz de Bretagne est constituée de dix-huit strophes relatant une opération militaire menée par une bande paysanne en direction de Belfort pour récupérer des troupeaux. Si la manœuvre avait réussi, apprend-on in fine, « tous les enfants du Rosemont seraient devenus des seigneurs ».
8Le synopsis se décompose en quatre temps :
- une mobilisation massive des villageois, au nombre de 15 000, sous la direction d’un certain Jean Neury et un rassemblement à Chaux, où se trouve une compagnie commandée par Richard Prévôt (§ 1-6) ;
- une avance vers Belfort, par le pont de Valdoie : qualifiés de « messieurs » et de « coqs de Belfort », les cavaliers venus à leur rencontre sont mis en fuite (§ 6/7-11) ;
- la capture ou la récupération des troupeaux dans un climat de liesse, dans un lieu appelé « bretsche » (ou plaine) des Ainans (§ 11-17) ;
- l’échec d’une tentative de retour vers le Rosemont (§ 17-18).
9Les premiers éditeurs du Chant y ont vu un épisode de la guerre de Trente Ans : entre 1633 et 1635, les Vosges méridionales avaient effectivement abrité des corps francs, et l’un d’eux, celui de Pierre Oriel, au service du duc de Lorraine, était même parvenu à déloger la garnison suédoise de Belfort. Mais les deux personnages cités et la nature même de l’affrontement décrit ne collaient guère avec ce qu’on savait par ailleurs. Dès lors, il fallait proposer une autre datation, admettre la thèse d’un télescopage entre des événements différents – ce que personne n’a envisagé –, ou même, en allant encore plus loin, s’interroger sur l’authenticité du poème4.
10L’identification du héros de celui-ci le rattache incontestablement au soulèvement du printemps 1525 : Jean Neury est une forme patoisante de Jean André, qui est effectivement le chef de la bande paysanne du Val de Chaux, au cœur de la seigneurie de Rosemont. En 1527, le tribunal criminel d’Ensisheim le condamne à la décapitation, peine réservée aux chefs militaires de l’insurrection : si on l’appelle Hans Andres ze Scha, c’est parce que ce gros village est mieux connu que le hameau de Vescemont. Le nom Prévôt et le prénom Richard sont illustrés par plusieurs personnages qui gravitent autour de Belfort dans les années 1500, et un certain Richard de Vézelois figure parmi les paysans condamnés – le titre de prévôt pouvant alors se rapporter à sa fonction dans une compagnie de piétons.
11Le mode opératoire est celui de l’ensemble des bandes paysannes (en allemand, Haufen, en roman, moncels) : des préparatifs discrets (« trois jours, trois nuits »), un lieu de rassemblement convenu à l’avance, puis un mouvement tournant destiné à se rallier les communautés du plat pays. Ici, la marche vers Belfort vise à obtenir le serment des bourgeois aux XII Articles de la Paysannerie insurgée : il est probable que le blocus de la ville ait été assez long – une quinzaine de jours – parce que la ville dispose de bons remparts et qu’elle est protégée par le château où réside Jean de Morimont, frère du bailli d’Empire qui organise la répression dans le nord de l’Alsace. Le 23 mai, c’est avec l’assentiment de celui-ci que les assiégés concluent un accord modéré avec Jean André, en réservant ses droits de seigneur gagier et ceux de la Maison d’Autriche. L’incident des « coqs de Belfort » s’est vraisemblablement produit quelques jours plus tôt, et l’injonction « déchaussez-vous ! » peut très bien se rapporter au symbole du Bundschuh, la chaussure des campagnes opposée aux bottes des cavaliers. Dans les régions romanes de la Porte de Bourgogne, les paysans insurgés sont désignés en français comme des « bonshommes » et, dans les documents allemands, comme des « Bundschuher » (ce qui rend compte d’une contamination linguistique autant que d’une filiation).
12La prise des troupeaux fait partie des passages obligés : s’agit-il d’un cheptel appartenant effectivement aux insurgés ou du bétail des monastères ? Le Chant du Rosemont n’évoque pas le pillage des maisons religieuses du secteur (une forme de censure dans une seigneurie restée catholique ?), mais on sait que les chapitres de Belfort et de Montbéliard ont subi des dégâts, de même que la commanderie de Froideval, les prieurés de Froidefontaine et de Saint-Nicolas des Bois ou l’abbaye de Valdieu, les prairies des deux derniers se situant, justement, près du village de Bretagne, la Bretsche des Ainans de la ballade.

Carte de l’insurrection paysanne entre le 16 avril et le 14 mai 1525
13Enfin, les regrets inspirés par la fausse manœuvre de la bande paysanne sont corroborés par ce qu’on sait par ailleurs : au lieu de se joindre aux insurgés du moncel de Grosne, près de Delle, ou à leurs frères germanophones du Sundgau, qui contrôlent tout l’espace compris entre Vosges, Rhin et Jura entre mai et septembre 1525, les Rosemontois se sont aventurés au Sud et à l’Ouest et se sont divisés en petites troupes rapidement taillées en pièces par la noblesse de Franche-Comté venue à la rescousse des seigneurs locaux. L’itinéraire évoqué par le Chant (Valdoie, Larivière) avait l’avantage de resserrer le dispositif autour du Ballon d’Alsace et donc, de se fortifier dans un « sanctuaire » difficile à prendre. Il va de soi que le chiffre de 15 000 hommes est fortement exagéré : les bourgeois de Belfort s’en tiennent à 3 000 dans un mémoire justificatif rédigé quelques mois plus tard.
14Le Val de Chaux forme le rameau méridional de l’insurrection des campagnes alsaciennes, qui s’étend sur près de 200 km du nord au sud. Sa valeur exemplaire tient autant à sa singularité qu’à son caractère de modèle : les insurgés sont des montagnards romans, des « welsches », qui sont soumis à des seigneurs allemands et agissent en concertation avec les paysans allemands. Le déclenchement du soulèvement, les objectifs et les moyens utilisés sont les mêmes. Les foyers s’allument au même moment, dans la semaine de Pâques 1525, au nez et à la barbe des autorités : les fêtes religieuses camouflent les rassemblements qui convergent vers les monastères, s’en emparent et les livrent au pillage. Le prétexte de réforme se combine avec une mise en cause du rôle seigneurial joué par les couvents : cela se traduit notamment par la destruction de terriers ou d’autres documents d’archives. Dans un deuxième temps, les bandes locales s’agglomèrent et se fixent sur des sites choisis pour leur intérêt stratégique : vers le 1er mai, il existe une demi-douzaine de camps séparés les uns des autres par une journée de marche. Les insurgés se dotent d’institutions politiques qui transcendent les appartenances territoriales ou seigneuriales : ils ont à leur tête des capitaines, des conseils dont les membres s’intitulent Regenten ou Commissarien, en reprenant la nomenclature du pouvoir princier, des secrétaires, des intendants, etc. L’abbaye bénédictine d’Ebersmunster accueille en permanence 6 000 hommes et femmes placés sous le commandement de l’aubergiste Wolf Wagner, assisté de 24 conseillers souvent recrutés parmi les prévôts de village. L’idéologie révolutionnaire s’exprime à travers des signes et des symboles, en particulier des bannières frappées de slogans ou d’images : VDMIE, pour « Verbum Domini Manet in Eternum », « Evangelium », le Christ en Croix, la Vierge, le soulier à lacet.
15Cette démonstration de force bénéficie d’une organisation militaire particulièrement révélatrice des évolutions en cours depuis la génération précédente : les paysans sont répartis en compagnies (fenlin) de 300 à 500 hommes suivant un système de relève qui permet de disposer du tiers des hommes mobilisables. Ils sont armés, souvent bien armés (un quart ou un tiers d’armes à feu), du fait même qu’ils appartiennent déjà à des milices de villages ou à des sociétés de tir. Leur expérience est d’autant plus grande que de nombreux villageois ont eu l’occasion de servir dans des armées princières, parfois au titre de levées locales, mais souvent aussi en qualité de mercenaires – l’Alsace étant, avec la Souabe, l’un des meilleurs viviers de lansquenets, et, par sa situation même, un champ d’exercice presque sans équivalent en Europe. Ce qu’on observe sur les contreforts du Ballon d’Alsace n’est qu’une retombée locale du phénomène. Une armée ne s’improvise pas, et a fortiori une armée révolutionnaire, mais, dans le cas précis, c’est un soulèvement planifié – pour lequel on disposera bientôt d’un commandement unique et d’un règlement de campagne adopté à Molsheim le 11 mai 1525, sous le commandement du capitaine général de la Paysannerie, le compagnon tanneur Erasme Gerber, un manant de l’évêque de Strasbourg. Il y a mieux : le système est calqué sur les plans de défense établis à l’initiative des Habsbourg pour empêcher une invasion française aux lendemains de Marignan : les bandes paysannes occupent pratiquement tous les sites choisis dans le cadre de cette Landsrettung entre 1516 et 1519. Dans la deuxième semaine de mai, lorsqu’on annonce l’arrivée possible du duc de Lorraine, les paysans se contentent d’appliquer la manœuvre prévue : bloquer le col de Saverne, comme le fait lui-même Gerber en faisant converger les bandes de Basse-Alsace, et verrouiller le grand carrefour du vignoble de Sélestat. La bataille de Scherwiller (20 mai 1525) était non seulement prévisible, mais elle aurait pu prendre un tour différent : les paysans disposaient d’un camp de chariots (Wagenburg) et venaient d’engager plusieurs compagnies de soldats de métier. Dans le Sundgau, Henri Wetzel s’était puissamment installé dans les villages d’Habsheim et de Rixheim, où l’Autriche avait l’habitude de concentrer ses forces : c’était une véritable plaque tournante. Il en allait de même dans la région de Belfort : Jean André connaissait très probablement le règlement de campagne adopté par la Régence d’Ensisheim à l’automne 1515, et il avait certainement dû manœuvrer dans la région lors des alertes de 1516, 1519 et 1521. Peut-être même avait-il servi dans l’armée du prince, à l’instar de Hans Muller de Bulgenbach, qui était entré en vainqueur à Fribourg en Brisgau le 23 mai, ou de Wetzel, un chef expérimenté ?
16Malgré la victoire d’Antoine de Lorraine, le déploiement des bandes paysannes est un succès : les insurgés ont défié leurs seigneurs pendant une durée exceptionnellement longue : un mois plein entre Saverne et Scherwiller, quelques semaines de plus dans les secteurs épargnés par les Lorrains, et jusqu’au début de l’automne dans le Sundgau. Dans la région de Belfort, l’ordre a été rétabli à la fin du mois d’août. L’effondrement des autorités s’est traduit par un contre-pouvoir doté d’une véritable charte – les XII Articles, abondamment diffusés par l’imprimerie – et par de véritables cahiers de doléances. Pour éviter que les terres autrichiennes ne subissent le sort de la Basse-Alsace, la ville de Bâle et les cantons alliés ont obtenu une trêve et ouvert des négociations directes entre les représentants de l’archiduc et leurs sujets. C’est alors que les insurgés ont produit une synthèse en 24 articles des revendications locales et qu’ils ont discuté pied à pied avec la partie adverse. Les concessions arrachées au courant du mois de juillet remontent vers l’archiduc qui a fait traîner les choses en jouant sur la lassitude des campagnes et sur la menace, bien réelle, d’une intervention militaire. La reprise de l’insurrection décidée par les plus radicaux n’a été qu’un feu de paille.

Manœuvre de la bande paysanne du Rosemont en mai-juin 1525
CONFRONTATIONS
17Les ressorts de la Guerre des Paysans correspondent à une mécanique très complexe. Ce qui fédère les classes rurales – gros laboureurs, brassiers ou maraîchers –, c’est avant tout l’évangélisme vengeur des insurgés, la haine des clercs et la haine des juifs accusés de saigner les campagnes. Que vaut le mot d’ordre, si souvent recueilli, de « battre à mort tous les seigneurs, les ecclésiastiques aussi bien que les nobles » ou le slogan « plus de seigneur, à l’exception de Dieu et l’empereur5 » ? Les XII Articles adoptés à Memmingen en mars 1525 sont un catalogue de libertés démontrées par la Bible, quand Adam bêchait et qu’Ève filait : l’égalité de tous, et partant, la disparition du servage et de la mainmorte, la libre jouissance des eaux et des forêts, des communaux, le rejet des corvées, le confinement de la dîme à sa fonction première, la réduction ou l’abolition des charges abusives… Si la vindicte des insurgés s’est abattue sur la plupart des monastères, elle n’a guère eu d’effets sur les demeures des autorités laïques : pas de véritable attaque de château, si ce n’est quelques bousculades et une ruine incendiée pour la forme6, pas de voies de fait sur leurs maîtres – qui s’étaient souvent réfugiés en ville.
18« Punir les moines et les curés, mais discuter avec la noblesse » s’impose comme une voie moyenne compatible avec l’attentisme de villes comme Strasbourg et Bâle, souvent acquises à la Réforme, et avec l’éloignement des princes. Un règlement négocié fractionne le débat, lui fournit une matière concrète et lui ouvre d’éternelles arguties : il se coule parfaitement dans la tradition des conflits qui opposent communautés villageoises et seigneurs à mesure que s’opère la cristallisation des coutumes et que s’étagent les juridictions compétentes : justices locales, tribunaux d’appel, cours princières, chambre impériale.
19Insistons sur ces traits : l’autorité (Obrigkeit) qui remonte les échelons du pouvoir et invente le concept réducteur de sujet (Untertan) a, en face d’elle, une masse de coutumiers (Weistümer) qui sont nés de la scripturalisation et qui ont acquis une « valeur d’évangile ». La Guerre des Paysans, c’est la combinaison du verbe sacré et de la règle écrite – intangible –, invoquée dans des multitudes de procès. L’opposition de l’« ancien droit » (das alte Recht), légitime, et de la « nouveauté » (die Neuerung) se résout dans un paradoxe dont les termes sont le privilège et l’égalité. Au début du xvie siècle, que valent des normes fixées un ou deux siècles plus tôt, à un moment de saturation (la conjoncture des années 1300), ou à un moment de recueillement (après la Grande Peste de 1349)7 ?
20Les seigneurs et les paysans de 1525 ne sont pas ceux du Moyen Âge. La littérature satirique – et l’iconographie qui l’accompagne – les décrit sur un mode négatif, dans l’arrogance qui sied aux reclassements. Pour les premiers, la chose remonte aux Guerres de Bourgogne (1474-1477), et notamment à la crise de confiance suscitée par le ralliement d’une bonne partie de la noblesse à Charles le Téméraire. Le bailli nommé par ce dernier en Haute-Alsace est le prototype du bailli Gessler de la légende de Guillaume Tell – un récit exactement contemporain des événements. Le chapeau y apparaît comme le symbole d’une autorité abusive, comme le Bundschuh sera bientôt celui du peuple en révolte. La frange supérieure de la paysannerie est, quant à elle, accusée de singer les détenteurs du pouvoir en exhibant des richesses réelles ou supposées, liées la spéculation – ou même, à l’exercice de droits usurpés. Ces poncifs martelés à l’envi par des moralisateurs comme Wimpfeling et Sébastien Brant recoupent-ils ce que nous apprennent les archives ? Il n’est pas douteux que les seigneurs exercent une pression d’intensité variable, avec d’incontestables éclipses dues à l’éloignement ou à des solutions de continuité, et que les signes d’une reprise en main se multiplient. Ainsi, les seigneuries tenues en commun sont souvent mal gérées par leurs ayants droit : on connaît des villages qui n’ont pas reçu la visite de leur maître pendant quarante ans et dont les habitants n’ont pas eu l’occasion de renouveler leur serment. Vers 1476, l’abbé de Munster, qui est virtuellement prince d’Empire, a une si mauvaise connaissance de ses droits et de ses revenus qu’il va quémander ces renseignements à ses justiciables.
21L’érosion des revenus seigneuriaux conduit à la réaction seigneuriale ou, plutôt, à une relecture de la seigneurie exclusivement conçue en termes de prélèvement, notamment dans les terres que la Maison d’Autriche donne en gage à ses créanciers. Pour ces derniers, qui appliquent une logique d’entreprise, cela peut se traduire par le rétablissement d’usages tombés en désuétude mais attestés dans des archives ou par la création de nouvelles sources de profit. Ainsi, les doléances du Rosemont font état d’une ponction de 18 fiertel de grains récemment instaurée « on ne sait pas pourquoi, car c’est quelque chose de neuf qui n’a jamais existé auparavant », qui s’ajoute à la taille et à des taxes plus nombreuses. Les habitants exigent de pouvoir installer des moulins sur les cours d’eau monopolisés par leur seigneur8. Leurs voisins d’Essert dénoncent le renforcement des banalités ou l’augmentation des amendes, exigeant « qu’on ne nous prenne pas plus d’argent que ce qui est prévu par l’ancien usage ». La concurrence qui oppose seigneurs et paysans ne procède pas seulement d’un rapport de pouvoir : elle se joue aussi sur le terrain de la production. En 1525, les villageois dénoncent la conversion de leurs communaux en étangs piscicoles destinés à la spéculation. À eux seuls, les Morimont-Belfort produisent annuellement quelque 25 000 carpes et brochets, le quart de leurs revenus domaniaux. Écoutons l’article 8 de la paysannerie du Sundgau : « Nous voulons récupérer les communaux, les champs et les prés qui appartiennent d’ancienneté à nos communautés, mais qui nous ont été spoliés et qui ont été convertis en étangs9 » – et sa réplique dans la bouche des délégués de la chevalerie autrichienne : « Nous ne connaissons personne parmi nous qui ait ainsi fait des étangs sur des communaux, champs et prés appartenant à une communauté (villageoise). » Ce dialogue de sourds porte l’écho de dizaines de procès parfois perdus, parfois gagnés10, non seulement entre nobles et paysans, mais aussi entre villages voisins. Il en va de même pour les forêts et pour toutes sortes de droits d’usage.
22La défense des anciennes coutumes, privilèges et droits acquis va de pair avec une conscience hérissée de principes égalitaires car les situations différentielles jouent dans les deux sens : le rejet ou l’assimilation au meilleur statut. Dans les vallées où le pouvoir encourage l’installation de mineurs, des villageois obtiennent l’abrogation de la mainmorte et de taxes, au motif que les nouveaux venus en sont dispensés ; d’autres, à l’inverse, exigent leur contribution aux impôts locaux. Les Ritterlute, qui appartiennent à des seigneurs particuliers en qualité de serfs de corps (Leibeigene), mais qui vivent dans les mêmes bailliages que les sujets directs de la Maison d’Autriche, n’acquittent pas les mêmes subsides que leurs voisins et ne servent pas à leurs côtés en temps de guerre. Si l’on s’en plaint si fréquemment aux états provinciaux, c’est parce que la charge qui leur est demandée est de plus en plus lourde depuis les guerres de Bourgogne, et que la diète est devenue un organe politique régulier. Les villes et les bourgs du « pays » (die Landschaft, dans l’acception du « tiers état ») répartissent les contributions de leurs secteurs, mais n’interviennent pas dans l’établissement de l’assiette des « hommes de la chevalerie » : de là, des tensions continuelles (1478, 1494) et les doléances afférentes. Les XXIV Articles de Bâle reprennent presque mot pour mot la pétition que les états avaient portée à l’archiduc Ferdinand lors de son passage à Brisach en 1524. Mieux : les insurgés exigent d’être présents à la diète, et non représentés par les notables des villes et les officiers des chefs-lieux.
23Ce programme traduit une volonté dont on observe l’apparition depuis le premier complot du Bundschuh, en 1493 : les appartenances seigneuriales sont transcendées par des revendications communes. Le mot « paysannerie » (gemeine bursami dans les textes dialectaux) exprime ce caractère fédérateur, aussi bien que le concept de sujet (Untertan), d’homme du commun (gemeine Mann) ou celui de Landschaft défini plus haut. En 1514, c’est au nom de celle-ci, qui n’existe pas ici comme instance officielle, que les territoires du Haut-Mundat se mobilisent contre les nouveautés introduites par l’évêque de Strasbourg et ses vassaux : les doléances associent des revendications locales et un programme commun11. Un comportement symétrique affecte les détenteurs de l’autorité qui inventent la notion générique de « commun peuple » et s’efforcent d’endiguer les actes d’indiscipline dirigés contre eux. Un exemple révélateur nous est fourni par l’initiative de plusieurs grands seigneurs de Basse-Alsace qui se joignent à l’évêque Albert de Bavière pour interdire le braconnage, ou plus généralement la chasse, dans les espaces qui leur sont soumis. On parle d’« intérêt commun », de menaces sur la faune sauvage, d’« entreprises impertinentes » pour justifier des mesures d’interdiction dirigées contre ce « commun peuple qui s’adonne à présent et continuellement, en délaissant son travail, à la chasse et à l’abattage du gibier, ce qui a pour effet de le réduire à la plus grande pauvreté », pour confisquer ses armes et pour mettre en place un système de punitions corporelles et d’amendes. Cette contre-offensive anticipe-t-elle sur une réaction seigneuriale à venir, ou s’inscrit-elle dans un rapport de force plus équilibré ? Pour autant qu’on puisse le dire, le projet est resté lettre morte et n’a jamais été placardé, comme prévu, « à la porte de la cathédrale de Strasbourg, afin que tout le monde soit avisé et pour que la chose soit authentique12 ».
24Le processus qui aboutit au soulèvement des campagnes alsaciennes mérite encore de longues analyses avant de pouvoir être interprété d’une manière globale. On passera évidemment par l’étape d’une typologie des conflits seigneurs – paysans, mais on prendra soin d’identifier les autres facteurs, conjoncturels ou structurels, et de mieux décrypter leur environnement culturel.
25Le premier degré de contestation est celui des transgressions individuelles et de leurs expressions violentes : le couple délinquance/résistance est-il toujours pertinent ? Le plus célèbre des meneurs du Bundschuh, Joss Fritz, balance entre Robin Hood et le prophétisme. Sa légitimation procède des figures symétriques du seigneur cruel et arrogant, comme celle de Ferry de Rocourt qui invective ainsi l’un de ses hommes : « Tu sais bien que tu es mon homme de morte main et que, s’il me plaisait, je pourrais te prendre par le pied et te mener vendre au marché. » Mais il est rare de s’attaquer à la personne d’un seigneur, et encore moins de celui sous lequel on demeure. En 1525 comme en 1514, les sujets de l’évêque de Strasbourg s’en prennent plus facilement à des gentilshommes voisins, comme le châtelain de Jungholtz, Nicolas de Schauenbourg : ce tyranneau est l’exact contemporain de Hans von Dratt, dont la légende a fait un père fouettard sous le nom de Hans Trapp. En 1497, lorsqu’il tombe dans un premier guet-apens, la noblesse des environs le libère au prix d’une véritable guerre. Un quart de siècle plus tard, toujours d’aplomb, notre homme prend part au rétablissement de l’ordre par les troupes de la Ligue souabe. Dans l’intervalle, tracasseries et voies de fait se sont poursuivies comme si de rien n’était, et Schauenbourg a acquis une belle réputation de lettré.
26Le deuxième cas de figure relève de la désobéissance collective : il peut être illustré par la fronde du bailliage de Ferrette qui refuse de prêter serment lors de la succession du seigneur engagiste en 1511-1513. La encore, la contestation porte sur des empiètements de pouvoir et sur des nouveautés, mais elle acquiert une dimension plus forte, parce qu’elle se situe dans une zone sensible – à la frontière des Confédérés suisses, ennemis héréditaires et modèles contagieux – et à un moment où les complots millénaristes du Bundschuh ont ébranlé les consciences13.
27Un troisième type d’action politique peut naître de la vacance de l’autorité et se traduire par des avancées véritables, en extrapolant des usages anciens ou en manipulant les documents. L’exemple des Jura et libertates produits en 1495 puis en 1516 par les montagnards d’Oderen face aux exigences de l’abbé de Murbach est si séduisant que les historiens ont cru y reconnaître l’idéal de la communauté primitive rêvée par Grimm et les folkloristes. Et de fait, les garanties contenues dans ce coutumier dépassaient largement les franchises les plus avantageuses et rendaient le seigneur superflu – ne lui laissant ni taille, ni amendes, ni le moindre pouvoir. N’avaient-elles pas traversé la nuit des temps, de l’époque où s’étendait ici la tutelle des dames de Remiremont ? Le démontage du texte montre qu’il s’agit d’une forgerie bricolée à la fin du xve siècle, au moment où l’abbé reprenait pied dans cette arrière-vallée des Vosges laissée à des vassaux lointains. Il incite à reprendre le dossier des « Weistümer » en s’interrogeant sur leur mise au point – tradition, manipulation, ajustements – et sur leur pertinence institutionnelle.
***
28La conflictualité est le champ d’expérience privilégié de l’historien. C’est là qu’il peut déployer ses talents de scénariste et de metteur en scène. Deus ex machina. L’épopée des villageois du Rosemont n’a, apparemment, ni cause, ni conséquence, mais sa toile de fond ressemble à un suaire : Jean André de Chaux a péri comme des milliers d’autres paysans qui rêvaient d’un monde fraternel. Est-ce assez pour en faire un exemple ? Probablement non, si l’on s’arrête en 1525 et si on s’en tient à la thèse d’un retour à la situation antérieure.
29Et cela, pour trois raisons. D’abord, parce que la répression n’a pas vraiment été étudiée dans ses modalités et dans sa durée. On sait qu’elle s’est traduite par de lourdes amendes et par d’interminables procès, mais on sait aussi qu’elle a fait place à un véritable apogée dans l’« ordre et la prospérité » (Fr. Rapp).
30Ensuite, parce qu’une restauration du statu quo impliquait qu’il y eût justement un « avant-guerre » sécurisant, et, partant, transposable après les événements. Or, rien ne permet de dire que les contestations aient cessé du jour au lendemain. On est fondé à penser qu’elles se sont maintenues (voire développées) sur une forme pacifiée, au nom du droit, et devant des juridictions régulières14.
31Enfin, parce qu’on a changé d’échelle. Haro sur le seigneur, peut-être, mais pas tout seul. Le soulèvement montre que la paysannerie possédait une culture politique et qu’elle pouvait identifier parmi ses adversaires des partenaires ou même des alliés. À qui le bénéfice de la répression ? Aux détenteurs des bans ou aux rentiers du sol ? Ce n’est pas sûr, mais plutôt aux princes, à leurs thuriféraires et aux robins qui les aident à désamorcer le danger. Ce sont eux, maintenant, qui arbitrent et qui régulent, en concédant des réformes au peuple des campagnes – la fin de la dépendance personnelle, l’interdiction du recours à des juridictions extérieures, comme l’officialité diocésaine, ou des mesures d’organisation des marchés, pour prévenir les crises frumentaires ou favoriser les échanges.

Gravure satirique allemande contemporaine des débuts de la Réforme sur le thème du monde à l’ envers.
Les seigneurs ecclésiastiques sont directement visés.
(Bibliothèque municipale de Colmar, Cabinet des Estampes)

Un seigneur prisonnier de paysans en révolte.
Gravure attribuée à Hans Schäuffelein illustrant une édition du De remediis utriusque fortunae (=Trostspiegel) de Pétrarque parue à Augsbourg en 1532.
32Que reste-t-il alors de la violence accumulée par la génération du Bundschuh et du Bauernkrieg ? Une mémoire résignée et des miettes de contestation ? Un coup d’arrêt ? Une mutation ?
Annexe
Annexe : Le Chant du Rosemont. Adaptation en français moderne
1
C’est Jean André, de Vescemont,
– Dieu lui donna bonne vie !
II a marché trois jours, trois nuits,
Pour rassembler son monde.
2
II a marché trois jours, trois nuits,
Pour rassembler son monde.
« Je vous dis “Salut”, Richard Prévôt,
Où est-ce qu’est votre bannière ? »
3
« Je vous dis “Salut”, Richard Prévôt,
Où est-ce qu’est votre bannière ? »
– « Je l’ai laissée là, dedans Chaux,
Dedans Chaux la jolie. »
4
– « Je l’ai laissée là, dedans Chaux,
Dedans Chaux la jolie.
J’y ai laissé cinq cents piétons
Pour garder la bannière. »
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« J’y ai laissé cinq cents piétons
Pour garder la bannière. »
Sur la berge de Valdoie
Nous rencontrons des Messieurs ;
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Sur la plaine de Valdoie
Nous rencontrons des Messieurs ;
Et tant piétons que cavaliers,
Nous étions bien quinze mille.
7
Et tant piétons que cavaliers,
Nous étions bien quinze mille.
Déchaussez-vous, coqs de Belfort.
Pour passer la rivière !
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Déchaussez-vous, coqs de Belfort.
Pour passer la rivière !
Ceux qui ne pourront passer le pont
Passeront par la rivière.
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Ceux qui ne pourront passer le pont
Passeront par la rivière.
Ils regardent en haut, regardent en bas,
Ne savent quel chemin prendre
10
Ils regardent en haut, regardent en bas,
Ne savent quel chemin prendre.
Ils ont fait demi-tour,
Devers la Croix-de-Pierre.
11
Ils ont fait demi-tour,
Devers la Croix-de-Pierre.
Dans la plaine des Ainans,
Ils ont rattrapé la prise.
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Dans la plaine des Ainans,
Ils ont rattrapé la prise.
Tous les porcs, tous les moutons,
Toute la vacherie.
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Tous les porcs, tous les moutons,
Toute la vacherie.
Il a piqué son cheval noiraud,
Pour sauter la barrière.
14
Il a piqué son cheval noiraud,
Pour sauter la barrière.
Son chapeau est tombé par terre,
Il n’a daigné le recouvrer.
15
Son chapeau est tombé par terre,
Il n’a daigné le recouvrer.
Tous ses gens de Sermamagny,
Chialaient comme des anges.
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Tous ses gens de Sermamagny,
Chialaient comme des anges.
Et tous ceux de Giromagny,
Bêlaient comme des chèvres.
17
Et tous ceux de Giromagny,
Bêlaient comme des chèvres.
S’ils avaient passé par Angeot,
En revenant par Larivière,
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S’ils avaient passé par Angeot,
En revenant par Larivière,
Tous les enfants du Rosemont,
Seraient devenus des sires.
Notes de bas de page
1 La meilleure introduction reste celle de Peter Blickle, Die Revolution von 1525, 4e éd., Munich, 2004. Du même, From the Communal Reformation to the Revolution of the Common Man, Leyde, 1998. Pour le contexte général, Francis Rapp, Le Saint-Empire romain germanique d’Otton Ier à Charles Quint, Paris, 2000. Sur l’Alsace, Alphonse Wollbrett (dir.), La Guerre des Paysans, 1525, Saverne, 1975. Sur le Bundschuh, outre Albert Rosenkranz, Der Bundschuh, Heidelberg, 1927, citons les actes du colloque de 2002. Peter Blickle, Thomas Adam (dir.), Bundschuh. Untergrombach 1502, das unruhige Reich und die Revolutionierbarkeit Europas », Stuttgart, 2004.
2 Nicolas Versoris, Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier, présentation de Philippe Joutard, Paris, 1963, p. 84.
3 Le Chant est reproduit par Jean-Marc Debard, « La Guerre des Paysans dans les marges occidentales du monde germanique… », Pays d’Alsace, III-IV 1976, p. 33-48 et par Roger Boigeol, « La Guerre des Paysans dans la Porte de Bourgogne : 1525 », Bulletin de la Société belfortaine d’Émulation, 1982, p. 35-52.
4 Les deux premières versions imprimées du Chant du Rosemont (Henri Bardy, Auguste Corret) ont été recueillies auprès de personnes nées dans la seconde moitié du xviiie siècle en même temps que des traditions plus explicites liées aux exactions des Suédois. L’absence de référence à ces derniers plaide en faveur d’une datation antérieure. Le personnage de Jean André était resté totalement inconnu jusqu’à sa redécouverte par Félix Schaedelin en 1927.
5 Les formules apparaissent, par exemple dans la déposition d’un certain Joerg/Georges Vetterheim, dit Bischoff, du village de Weyersheim (« Aus dem Bauernkrieg », Strassburger Dioezesanblatt, 1890, p. 120-121).
6 Il s’agit du Freundstein, à près de 950 m d’altitude dans le massif du Grand-Ballon, abandonné depuis 1490, et incendié lors de la reprise de l’insurrection, en septembre 1525.
7 Un état des lieux des campagnes dans Dorothea Rippmann, « Sozialökonomischer Wandel und Krisenerscheinungen im Dorf. Handlungszwänge und Handlungsspielräume von Bauern im Spätmittelalter », Das Markgräflerland, 2/2007, p. 140-171.
8 Doléances (en allemand) pour les négociations de Bâle en juillet 1525, publiées par Günther Franz, Der deutsche Bauernkrieg, Aktenband, Munich, 1935, p. 215-218.
9 Heinrich Schreiber, Urkundenbuch der Stadt Freiburg/Br… Der deutsche Bauernkrieg, II, Fribourg/Br., 1866, p. 17 (§ 8) et p. 29.
10 Georges Bischoff, « Les blancs de la carpe. Pisciculture et pouvoir. L’exemple de l’Alsace autrichienne (XIVe-XVIIe s.) », dans Jean-François Chauvard, Isabelle Laboulais (dir.), Les Fruits de la Récolte. Études offertes à Jean-Michel Boehler, Strasbourg, PUS, 2007, p. 179-196.
11 G. Franz, Aktenband…, p. 114-125. Original aux Arch. départ. Bas-Rhin, 1 G 122/3.
12 Arch. départ. Bas-Rhin, G 217. Rédigée vers 1500 par l’évêque, le comte palatin, les comtes de Bitche et de Hanau-Lichtenberg, les sires de Ribeaupierre et de Fleckenstein, cette ordonnance avortée a vraisemblablement été abandonnée en 1504, au moment où les Habsbourg ont mis la main sur la préfecture impériale d’Alsace.
13 Georges Bischoff, « Les grèves anti-seigneuriales de Ferrette », Revue d’Alsace, 1979.
14 L’exemple des communaux du Hattgau, confisqués par le comte Philippe de Hanau en 1525 a une valeur emblématique : les villages concernés font appel à la Chambre impériale qui ordonne leur restitution en 1528, et obtiennent une nouvelle fois gain de cause en 1533 (Auguste Hanauer, Les constitutions des campagnes alsaciennes au Moyen Âge, Paris-Strasbourg, 1864, p. 127.
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