Les luttes anti-seigneuriales dans l’Ouest aux xvie-xviie siècles
p. 45-59
Texte intégral
1L’Ouest est délimité par Vidal de la Blache1 à partir des notions de « massif primaire » et de bocage, massif primaire dont cependant l’âpreté est relativisée par la douceur du climat. Cette vaste région englobe toute la Bretagne, « le Cotentin, le Bocage normand, une fraction du Maine et de l’Anjou, et cette portion du Poitou qui a pris le nom de Vendée2 ». Il précise que « le morcellement géologique est tel que ce massif forme un ensemble de pays plutôt qu’un groupe de provinces ». Voilà une délimitation précise, et précisément fondée, à partir du milieu physique et des paysages.
2Or du point de vue du régime seigneurial, un Ouest, plus vaste encore, constituait une région relativement homogène par le fait que la présence et le poids de la seigneurie y étaient très importants ; un ensemble de provinces « seigneurialement anticycloniques3 ». L’Ouest faisait partie de la France du Nord où le principe était « Nulle terre sans seigneur ». Le réseau des seigneuries n’y coïncidait presque jamais avec les paroisses et les terroirs. Les revenus de caractère seigneurial (cens, casuels, monopoles, terrages) constituaient encore une part importante du revenu des grands seigneurs : 25 % dans de grandes seigneuries angevines, plus de 40 % dans le duché de la Meilleraye en Poitou. Çà et là subsistaient des corvées, pas toujours rachetées, et des devoirs de charrois, décrits dans la Gâtine poitevine par le docteur Merle, comme très lourds4.
3Du moins n’y avait-il plus de servage. En Bretagne, les dernières survivances, dans la presqu’île de Crozon, en ont été abolies par le duc en 1486. La seigneurie justicière était encore forte. En Bretagne au xvie siècle, avant la création du Parlement (1554), les juridictions seigneuriales ayant haute justice condamnaient encore à la peine capitale, et celle-ci était exécutée sans délai. Il n’y avait pas d’appel parce qu’il n’y avait pas encore de cour souveraine permanente. Sur l’ensemble de la période, les juridictions seigneuriales exerçaient une justice de proximité, rapide et peu coûteuse, et arbitraient les micro-conflits qui opposaient leurs tenanciers. Enfin, le régime seigneurial a gardé tardivement une forte emprise sur les rapports sociaux en général. C’est dans le cadre des seigneuries qu’étaient définis les jeux festifs, en Bretagne comme en Poitou où ils étaient organisés par les « bachelleries », le groupe des jeunes gens étudié par Nicole Pellegrin5.
4Du point de vue agricole, tout l’Ouest formait un ensemble de « pays de petite culture », caractérisée par une céréaliculture aux rendements médiocres, mais aussi par un élevage bovin plus important qu’ailleurs. C’est dans l’analyse sociale que la recherche historique a le plus progressé récemment. Les sociétés rurales de l’Ouest6 étaient relativement homogènes. Elles comprenaient une importante catégorie de paysans moyens, les closiers ou bordagers, alors que ni les pauvres ni les paysans aisés n’étaient très nombreux ; et les paysans aisés, les « métayers », n’étaient pas très riches. Des échanges de travail se pratiquaient entre les paysans moyens et les riches, notamment à l’occasion des labours : les métayers possédaient un train de labour et labouraient pour les closiers.
5Les rentes seigneuriales sont généralement restées fixes, en Bretagne7 du moins où il n’en a guère été créé de nouvelles. Quelques tentatives pour en augmenter apparurent comme des usurpations et suscitèrent des protestations, des procès et des enquêtes. Sur la notion de réaction seigneuriale, la thèse très approfondie de Jean Gallet8 sur la seigneurie en Vannetais fait utilement le point. Pour l’auteur, la réaction seigneuriale fut à la fois habituelle, et somme toute sans beaucoup d’effet sur le sort matériel de la paysannerie. Habituelle en ce que toute administration qui fonctionne veille à faire appliquer le droit. Et très peu importante car s’il y a eu çà et là des empiètements, des usurpations, il n’en est pas résulté de dommages appréciables pour les paysans. Cette conclusion n’est sans doute pas valable pour la Cornouaille où la révolte de 1675 a fait suite à un alourdissement des prélèvements de toute nature et inclut, entre autres, un caractère anti-seigneurial.
UNE RÉSISTANCE INDIVIDUELLE PASSIVE
6La plus fréquente forme de résistance au régime seigneurial était une résistance passive qui consistait à tarder à en payer les rentes, ou à s’abstenir de fréquenter le moulin banal. À la différence de la dîme qui était « quérable », les rentes seigneuriales en effet étaient « portables » : les tenanciers devaient les porter au seigneur ou à son receveur. Tarder à payer les rentes était une résistance peu voyante, une des plus efficaces et sans doute la plus fréquente. La complexité des droits et la fréquente négligence des gestionnaires des seigneuries facilitaient les retards. Les impayés se faisaient plus nombreux après des années difficiles, années de guerres ou de crises, crises céréalières ou démographiques. En Vannetais9, les moments où les impayés ont été les plus fréquents sont la fin du xve siècle du fait de la guerre d’indépendance de Bretagne, et pendant la guerre de la Ligue dans les années 1590. Ces impayés provoquaient des procès entre le procureur fiscal et les paysans individuellement, mais pas si nombreux qu’on pourrait l’imaginer. Ainsi en juillet-octobre 1634, au tribunal du réguaire (le tribunal de la seigneurie épiscopale), sur 60 procès pour rentes non payées, dans 87 % des cas des paysans accusaient d’autres paysans ; dans 8 %, des sieurs (tenant des terres nobles) accusaient d’autres sieurs, et dans 5 % seulement, des sieurs accusaient des paysans.
7Les retards de paiement s’accumulaient. Au début du xviie siècle, après la guerre de la Ligue, des seigneurs tant petits que grands, comme celui de Largouët, ne recevaient plus leurs rentes. Certaines furent perdues définitivement. Mais les seigneurs utilisaient leur juridiction pour faire comparaître les censitaires, leur faire reconnaître la rente et calculer les arrérages, si bien que lorsqu’ils exigeaient les impayés, le montant en était très élevé. Si le censitaire ne reconnaissait ni la redevance ni la dette qui en résultait, la cause passait au tribunal supérieur. Le plus souvent le procureur fiscal passait un accord verbal avec les censitaires et l’affaire n’était même pas évoquée par le tribunal. À Largouët entre 1586 et 1619, sur 121 rentes pour lesquelles étaient dus des arrérages, seulement 18 % donnèrent lieu à un procès ; parmi ceux-ci d’ailleurs, 11 % étaient « pendant » en cour de Largouët, et 7 % auprès de cours royales. Restent 82 % des affaires sans recours judiciaire.
8Les modalités de règlement étaient souvent conclues sur la base de 29 ans, délai au-delà duquel il y aurait eu prescription et les rentes auraient été perdues. Les rentes en nature étaient parfois appréciées au prix le plus élevé pendant ces 29 ans, ce qui était très lourd puisque les prix présentaient de grandes variations cycliques, mais le calcul des arrérages « au plus haut prix » n’était pas le plus fréquent. C’est pourquoi on peut penser, avec Jean Gallet, que ces modalités n’étaient pas excessives. Le plus souvent, un compromis était négocié entre le procureur fiscal et les censitaires sur le nombre d’années dues. Ainsi des censitaires devant ¾ perrée d’avoine par an pour 1598-1619, soit 22 ans, ont payé cette rente entière pour les années 1614-1619, soit six ans seulement, et pour le reste de la période, ½ perrée au lieu des ¾. Calcul fait, la réduction est de 24 %. Il fallait payer, mais le long retard avait finalement permis une diminution du prélèvement, et cette forme de résistance était donc efficace.
9Le refus de fréquenter le moulin banal était plus visible. Le meunier ne manquait pas de s’en apercevoir car tout transport de grains était observé et connu. Le plus souvent c’était lui qui accusait les « moutaux » de ne pas fréquenter le moulin, auquel cas le seigneur le soutenait. La juridiction supérieure ouvrait une enquête en auditionnant des témoins.
10La conclusion de Jean Gallet10 sur le Vannetais est qu’il ne semble pas que les procès et les contestations relatifs à la seigneurie aient été permanents et particulièrement nombreux. La plupart du temps, procès et contestations à propos de la seigneurie n’étaient que des affaires quelconques et numériquement minoritaires parmi les affaires rurales.
DES PROCÈS COLLECTIFS
11Mais souvent aussi, lorsqu’elles contestaient une redevance ou une usurpation, des communautés d’habitants se sont très tôt donné les moyens juridiques et financiers de soutenir collectivement un procès contre leur seigneur, parfois pendant des dizaines d’années. Ces procès ont porté surtout sur les droits d’usage sur les terres dites « communs ».
Procès sur les « communs »
12Sur les communs en friche, les paysans coupaient le bois mort et faisaient paître des bestiaux. Certains communs appartenaient aux communautés d’habitants, d’autres appartenaient aux seigneurs et les habitants n’y avaient qu’un droit d’usage, parfois clairement reconnu par un titre, parfois non. Dès le xvie siècle, les seigneurs ont essayé de restreindre les droits d’usage sur les forêts qu’ils voulaient exploiter de façon plus rationnelle11. Souvent, ils ont conclu avec les communautés des conventions qui pouvaient être de deux sortes, de cantonnement ou de triage. Dans le cantonnement, qui demande moins de formalités, le seigneur se réservait les deux tiers des terres communes et n’en laissait qu’un tiers aux usagers. Dans le triage, le seigneur ne gardait qu’un tiers des communs. Mais les communautés d’habitants ont parfois dû soutenir des procès très longs.
13En Bretagne12, des oppositions se sont même exprimées aux États contre les arrentements de terres vagues, marais, rivages de forêts, déjà entre 1572 et 1667, 1673, 1691. Vers 1630 en Vannetais, un seigneur a fait enclore une forêt de 800 hectares et a institué des sergents pour la garder ; il prétendait supprimer purement et simplement les droits d’usage. Les paysans de quatre paroisses ont porté plainte ; en 1633 les États de Bretagne se sont même saisis de l’affaire.
14Dans les vallées d’Anjou, les communaux étaient beaucoup plus rémunérateurs, car des prés très vastes nourrissaient un important cheptel bovin dont le fumier amendait une céréaliculture sans jachère. Dans le comté de Beaufort-en-Vallée, dès 1572 un arrêt du conseil ordonna un triage auquel les communautés tentèrent de s’opposer13. À Soulaire, le confluent de la Mayenne et de la Sarthe forme un site très vaste où les prés d’usage commun couvraient 130 hectares et constituaient 20 % de la superficie de la paroisse. À partir des années 1650, un des seigneurs a revendiqué la propriété des prés communaux de la paroisse14, ce qui a occasionné un procès jusqu’en 1668, qui a d’ailleurs rebondi au xviiie siècle. Or les droits d’usage y avaient donné lieu à des règlements précis qui les réservaient prioritairement aux propriétaires de terres. À la différence des landes, ces droits sur les prés communs profitaient moins aux pauvres qu’à des habitants aisés, et ce sont ces derniers qui ont opposé une résistance face aux empiètements du seigneur. À Chalonnes en aval d’Angers, des îles très vastes s’étendaient au milieu de la Loire ; le seigneur qui n’était autre que l’évêque d’Angers, a entamé en 1657 un long procès contre les usagers de l’ancien bois de la basse île. Il a obtenu une sentence accordant le triage, dont la communauté a fait appel, qu’elle a perdu en 1670. Mais là encore, les habitants pratiquèrent la résistance passive, et trois ans plus tard, des bestiaux pâturaient encore sur la nouvelle part des terres du seigneur. En 1673, quand des ouvriers édifièrent des clôtures, les habitants commirent sur eux des « violences », on n’en sait pas davantage ; puis quand des sergents entreprirent de saisir les vaches qui pâturaient, « grande quantité de femmes… armées de fourches et grands bastons » s’assemblèrent et se cachèrent, puis accoururent sur les sergents « pour leur faire viollance et empescher qu’on emmenast lesdittes vaches15 ».
15On sait qu’en 1669, l’ordonnance sur les eaux et forêts a reconnu aux seigneurs le droit de s’approprier en toute propriété le tiers des bois et pâturages communaux, les communautés n’étant réputées qu’usagères, à condition que le communal ait été concédé aux paysans gratuitement, et que les deux tiers restants suffisent aux besoins de la communauté. Les seigneurs se sont donc lancés dans des opérations de triage, mais comme il était difficile d’apprécier si ces deux conditions étaient réunies, il en a résulté encore des usurpations et de nombreux procès.
16Un autre motif de procès, dès le xvie siècle, était le droit de guet et de garde au château, droit généralement transformé en une redevance pécuniaire qui servait à payer le capitaine, les officiers et le concierge. Nous allons en voir un exemple dès 1528. Au xviie siècle, la ruine ou le démantèlement de certains châteaux ont paru à certains sujets une raison logique de ne plus payer ce droit. Ainsi, le château de Fougeray ayant été démantelé en 1653, dès 1665 le général de la paroisse a refusé d’acquitter le devoir. Un procès s’est engagé qui s’est terminé en 1670 à l’avantage des paroissiens16.
Le cas particulier du domaine congéable
17Le domaine congéable était le mode de concession de la terre le plus fréquent en Basse Bretagne. Le « foncier » était propriétaire de la terre, dont l’exploitant, le « convenancier », était propriétaire des « superfices » édifiés sur le sol (bâtiments, partie des bois) ; or le premier pouvait congédier le second. Déjà pendant la Révolution, on a discuté si le domaine congéable était une forme de « féodalité » ou un type d’exploitation domanial.
« À la vérité, il tient de l’un et de l’autre, mais se rapproche plutôt de l’exploitation domaniale que des droits seigneuriaux. Il n’en reste pas moins que la seigneurie a profondément contaminé tous les types d’exploitation du sol […] Le domanier se reconnaît le “vassal” de son “seigneur”. La forme de la rente, le plus souvent en nature, la manière de la lever se rapprochent de celle des droits seigneuriaux. Dans la plupart des usements, le domanier est soumis à la justice seigneuriale. La multiplication des corvées, si elle n’est pas absolument un signe seigneurial, est beaucoup plus fréquente que dans les domaines de Haute-Bretagne17. »
18Des contestations du domaine congéable consistèrent en ce que des convenanciers prétendirent être « propriétaires du fonds », ou s’opposèrent au congément. En Vannetais, les convenanciers tenaient souvent eux-mêmes des terres en censives à proximité du convenant. Ils faisaient aveu sur le même acte pour les deux sortes de parcelles, et si le statut des parcelles n’avait pas été précisé, toutes les contestations étaient possibles. Ainsi dans la presqu’île de Rhuys, un mouvement collectif prit de l’ampleur dès les années 1483-1490, que suivirent d’autres épisodes analogues au xvie siècle. Certains paysans affirmaient par exemple que « Rhuys n’était pas en Broërech » (un des pays où le domaine congéable était régi par un « usement ») car plus à l’Est, le domaine congéable n’existait pas18.
19Les convenanciers devaient une rente convenancière et des corvées qui étaient souvent payées en numéraire. Les moines de Saint-Gildas demandaient à ce que la corvée restât effective parce qu’ils en avaient besoin, pour le bois de chauffage et pour les travaux de réparations. Ils ont parfois exigé davantage de corvées que les autres seigneurs, ce qui provoqua des refus de charrier le bois dans la forêt (en 1603, 1606, 1619). Les juges du tribunal de l’abbaye réitérèrent aux sujets l’ordre de s’exécuter. Le procureur fiscal se plaignait fréquemment des infractions et d’une « rébellion » des charroyeurs. Les paysans refusaient de transporter les grains pour les moines, et une centaine d’entre eux soutinrent contre ces derniers un long procès de 1636 à 1654. Du jugement rendu à Vannes, les paysans firent appel au parlement de Bretagne, qui ne rendit une sentence définitive qu’en 1658.
Un problème : la part de la violence
20Ce que les dossiers de procédures judiciaires ne disent pas, c’est dans quelle mesure la lutte se faisait aussi sur le mode de l’intimidation et de la violence. Quelques données font penser que le recours à celle-ci n’était pas rare au XVIe siècle, alors que pourtant les sources qui pourraient le mieux nous renseigner à ce sujet, les sources criminelles, sont très lacunaires pour cette époque.
21Au surplus, certains actes sont difficiles à interpréter, comme cette violence symbolique à l’encontre des fourches patibulaires d’une juridiction seigneuriale. En 1515 au sud du Poitou, comme le prieur et seigneur de Loubillé venait de faire dresser un gibet à trois piliers pour marquer son pouvoir de haut justicier, une demi-douzaine d’individus découpèrent les piliers pour le renverser. Le neveu du prieur, Jean de La Faye, partit incontinent pour aller les prendre avec un serviteur et son neveu. Comme un des saboteurs, un maçon travaillant au château de Javarzay, était caché dans une hôtellerie, ils menacèrent de brûler celle-ci et finirent par le tuer. Jean de La Faye était homme d’armes d’une compagnie d’ordonnance et coutumier d’une violence de guerre. Dans leur récit de rémission, les La Faye disent que l’homicide est arrivé au cours d’une tentative d’arrestation, par « commandement de justice », mais la rapidité de leur réaction montre qu’ils se l’étaient donné eux-mêmes, sans s’encombrer de procédures judiciaires19. Malheureusement, on ne peut exclure que cette tentative de renverser le gibet seigneurial ait été fomentée par un seigneur voisin contestant le droit de haute justice du prieur.
22Le cas suivant, en revanche, relève indubitablement d’une lutte de classes. En 1528 en Porhoët, comté appartenant au vicomte de Rohan, d’ailleurs vers la limite orientale de l’usement de Rohan du domaine congéable, des habitants de nombreux villages refusaient de payer le droit de guet au fermier du capitaine du château de La Cheze, chef-lieu du comté, et un procès était en cours. Un jour de marché du mois d’août, une quinzaine d’hommes de main se réunirent, armés d’arbalètes et d’haquebutes, sous la direction de nobles parents du capitaine. Ils allèrent de paroisse en paroisse faire payer la redevance que certains habitants préférèrent payer sans protestations, mais dans un village, des habitants osèrent dire qu’ils ne la devaient pas et qu’ils étaient en procès. Ceux de la bande de nervis répondirent : « Par la mort Dieu, vous le poyrez », crièrent « À mort sur ses matins, tuez, tuez ! », et tirèrent plusieurs coups, prétendument pour faire peur, enfin quelques « échauffés » d’entre eux tirèrent leur épée, et un habitant fut tué de plusieurs coups20. De même en 1560 en Cotentin, un noble a outragé un individu « merveilleusement », écrit le 9 août Gouberville qui suppose que c’est en raison du « procès que les paroissiens de Tourlaville ont contre le sieur du Huterel pour le champart21 ». Ainsi la contestation d’une redevance pouvait-elle aller jusqu’à l’affrontement armé et la violence physique, avec les risques de dérapage que cela comportait.
LA CONTESTATION SEIGNEURIALE DANS LES GRANDES RÉVOLTES PAYSANNES
Trois révoltes successives
23Des révoltes paysannes ont pris un aspect anti-seigneurial en trois moments. En 1490, la révolte en Cornouaille se situe dans le contexte de la guerre entre le duché de Bretagne et le roi. Celle des années 1590-1595 en Basse Bretagne eut le même contexte, la guerre de la Ligue, que d’autres qui se situèrent à la périphérie de l’Ouest, en 1589 dans le Perche et le bocage normand (« Gauthiers »), en Angoumois et Quercy, en 1594 en Limousin et Périgord (« Croquants »). En 1675 enfin éclata en Basse-Bretagne la grande révolte des Bonnets rouges sur laquelle les sources sont plus abondantes. Ces trois révoltes ont été complexes en ce qu’elles avaient des motifs divers ; il n’est pas question ici de les analyser de façon exhaustive, mais seulement d’en relever, parmi d’autres, les motivations anti-seigneuriales.
24La révolte de 1490 a eu une grande ampleur en ce que les révoltés réussirent à prendre et piller la ville de Quimper avant d’être battus en rase campagne par une armée de nobles et de citadins. Boris Porchnev en a tiré argument pour voir dans les révoltes de Basse Bretagne un programme fondamental d’« anéantissement de la noblesse », et cette interprétation sous-tend et oriente son interprétation des textes des Bonnets rouges de 167522. Parmi des sources très limitées, la plus précise sur les motifs des révoltés est un chant breton de tradition orale collecté par Hersart de La Villemarqué, Ar Falcon. En publiant le carnet de collecte de celui-ci, dont l’écriture très rapide se révèle avoir été faite sous la dictée, Donatien Lauren23 a montré que la collecte était authentique24. Un autre chant publié par La Villemarqué rapporte un autre épisode à Plouyé en Poher, motivé par le domaine congéable, mais la démonstration de son authenticité reste à faire25. L’analyse de Ar Falcon montre que lors d’un épisode de la révolte, des paysans d’un fief du vicomte de Rohan, le Quéménet, protestèrent contre un impôt levé par le vicomte qui, dans le contexte de la guerre pour la succession au duché, se substituait au pouvoir ducal là où il le pouvait. En l’occurrence, la circonstance, très particulière, consistait en une conjonction du pouvoir seigneurial et de l’impôt étatique. L’analyse de toutes les sources montre que dans l’ensemble, il n’y eut ni jacquerie, ni même début d’un mouvement d’anéantissement de la noblesse26.
25Pendant la guerre de la Ligue, Ligueurs et paysans révoltés conclurent une sorte d’alliance de fait. Des troupes paysannes, encadrées par de petits nobles, attaquèrent plusieurs châteaux en Cornouaille et Léon entre 1589 et 1595. En 1590, le château de Kérouzéré, appartenant à un noble du parti royal, fut pris par « une grande multitude de populace de tout le pays de bas Léon ». En Cornouaille, les paysans « étaient partout sous les armes et avaient, en plusieurs lieux, retranché tous les chemins ». En Gouëzec, à vingt kilomètres de Quimper, ils éprouvaient une « grande haine » pour la dame de Roscanou, veuve d’un conseiller du présidial, « seule, en tout le quartier des environs, du parti des royaux », menaçant « quelquefois de faire ruiner le pays ». Un soir qu’une compagnie de 80 nobles y passa pour coucher, « le bruit courut… qu’il y avait grande troupe de royaux », le tocsin sonna dans tout le pays de Quimper, les paysans des quatre paroisses les plus proches assiégèrent la maison puis y mirent le feu. Les nobles présents, qui étaient de passage, furent tués, au nombre d’une soixantaine, la fillette de la maison, âgée de neuf ans, jetée dans un fossé. C’est là un exemple de « fureur paysanne » due à une haine particulière à l’égard d’un seigneur précis, due sans doute à des rapports sociaux tendus et âpres depuis longtemps. Les paysans attaquèrent aussi la ville de Carhaix que les soldats royaux avaient prise mais vainement. On le voit, les paysans s’en prenaient à des ennemis déterminés par la guerre de la Ligue, mais sans doute avec des revendications vis-à-vis de la noblesse et des villes. Moreau, alors conseiller au présidial de Quimper avant de devenir chanoine, rapporte que les paysans de Cornouaille
« étaient tous disposés à une révolte contre la noblesse et communautés de villes, ne voulant être sujets à personne, de quoi ils se vantaient ouvertement ; et il est sans doute que s’ils fussent retournés victorieux de Carhaix, comme ils se promettaient, qu’ils se fussent jetés sur les maisons de nobles, sans pardonner à aucun qui eût été de condition plus relevée qu’eux. Et en faisant de même, disaient-ils, ils seront tous égaux, sans que l’un n’eût aucun pouvoir ni juridiction sur l’autre27 ».
26Il y a là sans doute une part d’exagération due à une peur de classe éprouvée par un clerc, mais l’idée égalitariste qu’il rapporte n’est pas à dédaigner et semble un trait d’idéologie particulier à ce pays de Cornouaille.
27En 1675, la création de nouveaux impôts royaux a été un détonateur dans les campagnes comme en ville, mais les motifs prépondérants des révoltés ont été le souci de modérer les autres prélèvements, les dîmes, les corvées et les rentes convenancières, et les rentes seigneuriales. La révolte rurale s’étendit à toute la Cornouaille et l’ouest du Vannetais mais guère en Léon. Vers le 13 juillet, un jésuite de Quimper, bien informé car les jésuites faisaient des missions dans les campagnes, estimait l’étendue de la révolte à quarante paroisses28. Deux épisodes au moins se situèrent le 11 : le château de Kergoët en Saint-Hernin fut attaqué par plus de six mille personnes venant de pas moins de vingt paroisses29, formant un vaste polygone allant de Huelgoat et Poullaouen au nord à Scaër au sud (soit 40 kilomètres), et de Plonévez-du-Faou à l’ouest à Plévin à l’est (25 km), soit une aire de 1000 km2 ; immédiatement au nord-est, les habitants de cinq paroisses, au nombre de plus de deux mille personnes, pillèrent le presbytère de Duault30.
28Les types d’action violente qui ont prévalu furent étroitement en rapport avec les motivations des révoltés, qui attaquèrent et mirent à sac des maisons d’officiers de juridiction, de taverniers-créanciers et de fermiers des devoirs, notamment dans la ville de Pontivy ; des presbytères, et, last but not least, des manoirs appartenant à des seigneurs ou des propriétaires fonciers. Le propriétaire du château de Kergoët était en conflit depuis 1667 au moins avec des communautés paroissiales qui avaient perdu contre lui un procès devant la cour royale de Carhaix31 ; les révoltés imposèrent à la dame du lieu des conditions qui furent couchées par écrit devant notaires. De tels contrats écrits pour modérer à l’avenir les redevances venaient d’être imposés aux Carmes de Pont-l’Abbé et dans le Vannetais. L’épisode de Kergoët eut valeur d’exemple et d’autres transactions écrites furent imposées à des seigneurs et des décimateurs en Poher32. Il était naïf de croire que les propriétaires honoreraient une signature arrachée sous la contrainte, mais cette forme d’action est remarquable en ce qu’elle impliquait l’acceptation de la démarche contractuelle et la reconnaissance de l’écrit.
Réaction seigneuriale au cours du xviie siècle
29En Cornouaille et contrairement au Vannetais, en effet, une sorte de réaction seigneuriale semble avoir été impulsée au cours du troisième quart du xviie siècle, notamment dans le cadre du domaine congéable, le mode d’exploitation prépondérant dans la plus grande partie de la Basse-Bretagne, sauf en Léon. Le plus célèbre des textes programmatiques des révoltés, le Règlement fait par les nobles habitants des quatorze paroisses33… (connu sous le nom de Code paysan qui ne figure pas dans la source), émane visiblement de la paysannerie aisée. L’article quatre stipule « que le droit de champar et de corvée prétendu par les gentilshommes sera aboly comme une tyrannie enemie de la liberté armorique ». Un champart était une des redevances dues par les convenanciers aux fonciers. Une autre redevance convenancière consistait en des « corvées », au nombre de six journées selon l’usement de Broérech (trois à bras, trois à charrette) et de neuf selon celui de Cornouaille (trois d’ouvriers de bras, trois avec chevaux sans attelage, trois avec attelage). Généralement transformées en redevances en argent, elles avaient été dévalorisées pendant l’inflation séculaire des prix. Partout, il a été difficile d’obtenir une réévaluation des revenus : ce problème s’est posé à propos de l’impôt direct en France et en Castille, comme pour les redevances foncières en Angleterre. Les rédactions des usements avaient fourni une première occasion d’en fixer une réévaluation. L’apprécis d’Auray en 158234 permet de calculer à cette date la valeur des neuf corvées de Cornouaille à 4,75 livres. Puis les corvées semblent ne pas avoir été réévaluées pendant soixante-dix ans. Les fonciers ne s’en sont pas souciés tant qu’augmentait la rente foncière, du fait qu’ils réussissaient à augmenter les redevances en grains, qu’au surplus ils vendaient de plus en plus chers. Selon Hévin35, c’est vers 1650 qu’ils ont voulu réévaluer l’apprécis des corvées. Sans doute les contemporains n’avaient-ils pas de meilleurs indices statistiques que nous, et les réévaluations devaient être tranchées de façon empirique et approximative. Le total des neuf corvées de Cornouaille est alors passé à 12 livres. En « déflatant » avec la médiane mobile du prix du froment à Châteauneuf36, les résultats, tant pour l’apprécis de Cornouaille que de Broérech, suggèrent que cette réévaluation des corvées a été incomplète. Mais pour les domaniers, l’augmentation nominale a été très brutale puisqu’elle approchait le triplement ! En outre, alors que les corvées n’étaient dues que lorsque les fonciers en avaient besoin, ceux-ci en ont fait des rentes annuelles. Au surplus, cette corvée de douze livres était imposée traditionnellement « par lieu ou tenue ancienne », mais comme maints convenants étaient de grandes exploitations, certains étaient occupés par plusieurs colons « consorts », et d’autres avaient été divisés en plusieurs portions : « Les gentilshommes en abusent et prennent le droit de chaque habitant », témoigne Colbert de Croissy37 en 1665, ce qui devait doubler ou tripler cette redevance lorsqu’il il y avait respectivement deux ou trois consorts. Ces exigences étaient arbitraires et très abusives et devaient être vues comme scandaleuses. Je pense que, plus qu’au champart, c’est à la corvée, très alourdie par ces abus, et très contraignante si elle était exigée en nature, que s’applique la solennelle formulation de « tyrannie enemie de la liberté armorique ».
30Enfin, les cens eux-mêmes ont été contestés là où les paysans les estimaient abusifs. La transaction avec l’abbaye de Langonnet impose aux religieux de « représenter à l’avenir l’ancienne mesure censive de ladite abbaye, savoir celle qui y était il y a présentement cent ans38 », ce qui revenait à accuser les dignes moines de l’avoir remplacée par une mesure plus profonde, permettant de percevoir des volumes de grains supérieurs. La Requeste de la populace de cette revolte39 dénonce des rentes exigées en Combrit par trois seigneurs, ceux de Pont-l’Abbé, de Tiovaelen et du Cosquer, qui n’étaient fondées sur aucun titre et qu’on faisait « payer par force ». Or, dès le 23 juin, le manoir du Cosquer fut l’un des premiers pillés, son propriétaire gravement molesté, tandis que les archives du château de Pont-l’Abbé furent brûlées. C’est à Combrit que la révolte resta longtemps la plus radicale : « le pavillon rouge » y fut arboré sur le clocher, et cette paroisse fut une des trois du pays de Quimper qui resta mutinée jusqu’à la fin d’août40.
31Dans l’ensemble, comme l’observent Garlan et Nières41, les paysans considéraient globalement les diverses sortes de redevances, impôt royal, dîmes, rentes foncières, dont ils n’exceptaient pas les rentes seigneuriales. Mais c’étaient seulement les abus qu’ils considéraient comme ayant un caractère d’exploitation : impôts nouveaux, dîmes novales ou vertes, extension récente des corvées, mesures censives agrandies, cens sans fondements notariés et levés de force. Ils ne contestaient ni le principe de la dîme, ni celui du régime seigneurial, ni l’autorité du roi. « Ils étaient furieux mais non révolutionnaires42. »
***
32Dans l’Ouest où le régime seigneurial était encore puissant, les résistances à celui-ci n’ont donc pas été négligeables. Résistance individuelle passive, le retard de paiement des rentes pouvait avoir une certaine efficacité comme le montre le cas vannetais, mais l’observation de ce phénomène requiert des dépouillements fort lourds. De nombreux procès ont été soutenus par des communautés. Certains ont été gagnés par elles, d’autres perdus : il faudrait en faire un bilan. On ne sait guère dans quelle mesure ces luttes individuelles ou collectives ont donné lieu à des violences. Aucune révolte, enfin, n’a été uniquement anti-seigneuriale. La Cornouaille, où trois révoltes rurales se sont succédé en deux siècles, constitue un cas particulier. Les motifs de ces révoltes semblent avoir été à plusieurs reprises la contestation des abus du domaine congéable et des redevances seigneuriales, comme les sources le montrent clairement en 1675.
Notes de bas de page
1 Vidal de la Blache, La France. Tableau géographique, Paris, 1908, p. 279-280.
2 Cela exclut la Beauce de J.-M. Constant, où les États généraux de 1576 ont occasionné une expression critique dans des cahiers de paroisses pour le bailliage de Chartres. Ils ne sont pas massivement hostiles au régime seigneurial. Un quart des cahiers le critique, mais l’ensemble de ces doléances ne représente que 2 % du total des plaintes. Les récriminations les plus virulentes étaient surtout dirigées contre les seigneurs qui abusaient de leur situation pour outrepasser leurs droits. (Jean-Marie Constant, Nobles et paysans en Beauce aux xvie et xviie siècles, Université de Lille-III, 1981.)
3 Pierre Goubert, « Sociétés rurales françaises du xviiie siècle, vingt paysanneries contrastées, quelques problèmes », dans Conjoncture économique, structures sociales, Hommage à Ernest Labrousse, Paris, 1974, p. 375-387.
4 Louis Merle, La métairie et l’évolution agraire de la Gâtine poitevine de la fin du Moyen Âge à la Révolution, Paris, 1958.
5 Nicole Pellegrin, Les bachelleries. Organisations et fêtes de la jeunesse dans le Centre-Ouest, xve -xviiie siècles, Poitiers, 1982.
6 Annie Antoine (dir.), Campagnes de l’Ouest, stratigraphies et relations sociales dans l’histoire, Rennes, 1999. Pour une vision comparative, Annie Antoine, Cédric Michon (dir.), Les sociétés au xviie siècle, Angleterre, Espagne, France, Rennes, 2006.
7 Henri Sée, Les classes rurales en Bretagne du xvie siècle à la Révolution, rééd. Brionne, 1978, p. 92. En Vannetais, Jean Gallet, La seigneurie bretonne (1450-1689), Paris, 1983, p. 454-455.
8 Gallet, La seigneurie bretonne…, p. 441-443.
9 Id., p. 453.
10 Id., p. 462-463.
11 Sée, Les classes rurales…, p. 208-216.
12 Gallet, La seigneurie bretonne…, p. 452.
13 Antoine Follain, Katia Pleinchène, « Règlements pour les communaux du comté de Beaufort en Vallée d’Anjou, du xve au xviiie siècle », Histoires et Sociétés rurales, no 14, 2000, p. 217-242.
14 Dans la décennie 1640, plusieurs de ces communautés furent taxées, pour ces prés, au titre des « amortissements et nouveaux acquêts » pour des sommes considérables. Elles pouvaient éviter ces taxes si elles étaient seulement usagères des biens communaux, ce qui nécessitait de « chercher quelque gentilhomme » qui accepte de se reconnaître propriétaire des communaux.
15 Arch. départ. Maine-et-Loire, G 93 ; Estelle Lemoine, « Les biens communaux et l’exemple de la Vallée d’Anjou, xve-xviiie siècle », dans Campagnes en mouvement. Autour de Pierre de Saint-Jacob, à paraître aux Presses universitaires de Dijon ; « La conduite et le financement d’un procès. L’exemple de Soulaire en Anjou aux xviie et xviiie siècles », Histoire & Sociétés rurales, no 28, 2007, p. 89-121.
16 Sée, Les classes rurales…, p. 107.
17 Jean Meyer, La noblesse bretonne au xviiie siècle, Paris, 1966, p. 730.
18 Gallet, La seigneurie bretonne…, p. 447. Carte des usements dans Meyer, p. 722.
19 « Enquête au sujet du meurtre de Brossard, maçon », Bulletin de la Société de statistiques, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres, t. I, 1870-1873, p. 477-486 ; A. Drochon, « Un meurtre à Loubigné en 1514 », ibid., t. V, 1882-1884 p. 416.
20 Arch. départ. Loire-Atlantique, B 32 ; Hélène Hannecart, Culture et société en Bretagne d’après les lettres de rémission, 1525-1530, maîtrise, université de Nantes, 1999, dactyl, no 3.
21 Gilles de Gouberville, Le journal du sire de Gouberville, Bricqueboscq, 1993.
22 Boris Porchnev, « Les buts et les revendications des paysans lors de la révolte bretonne de 1675 », dans ESB, Les Bonnets rouges, les historiens et l’Histoire, collection 10-18, Paris, 1975, p. 239, 241-244.
23 Donatien Laurent, Aux sources du Barzaz-Breiz. La mémoire d’un peuple, Douarnenez, 1989, p. 182 et 297.
24 Porchnev, « Les buts et les revendications… », p. 241-244 et p. 239.
25 La Villemarqué, Théodore de Hersart, Barzaz-Breiz, Paris, 1963 (édition identique à celle de 1867).
26 Michel Nassiet, « Émeutes et révoltes en Bretagne pendant la guerre d’Indépendance (1487-1490) », dans Actes du 114e Congrès national des Sociétés savantes (Paris, 1989), Section d’histoire médiévale et de philologie, Paris, 1990, p. 137-156.
27 M. Moreau, Histoire de ce qui s’est passé en Bretagne durant les guerres de la Ligue, Saint-Brieuc, 1857, p. 87, 109-112, 156, et p. 101 pour la citation.
28 Yvon Garlan, Claude Nières, Les révoltes bretonnes de 1675, Papier timbré et Bonnets rouges, Paris, 1975, p. 110 ; J. Lemoine, « La Révolte du papier timbré ou des bonnets rouges en Bretagne en 1675 », Annales de Bretagne, t. 12 (1897), t. 13 (1897-1898), t. 14, (1898-1899), no 80. Ce schéma d’une transformation des revendications initiales en contestation des devoirs seigneuriaux se retrouve dans les alteraciones andaluzas, les révoltes qui ont affecté l’Andalousie entre 1647 et 1652.
29 Garlan, Nières, Les révoltes bretonnes…, p. 134.
30 Michel Nassiet, « 11 juillet 1675, un document inédit sur la révolte des Bonnets rouges », dans Philippe Haudrère (dir.), Pour une histoire sociale des villes, Mélanges offerts à Jacques Maillard, Rennes, 2006, p. 251-264.
31 Garlan, Nières, Les révoltes bretonnes…, p. 28-29.
32 Id. p. 95, 107, 136-140 ; Lemoine, « La Révolte du papier timbré… », no 73.
33 Garlan, Nières, Les révoltes bretonnes…, 101-104.
34 5 sols la corvée d’ouvriers de bras, 20 sols la journée de charrette (Arch. départ. Morbihan, B 1771). Nous avons aussi un apprécis de ces corvées au début du xve siècle sous Jean V (dom Hyacinthe Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, 1742, t. 2, 1156).
35 P. Hevin, Consultations, no CIV.
36 Michel Nassiet, Noblesse et pauvreté. La petite noblesse en Bretagne, xve-xviiie siècles, Rennes, 1993, p. 464-465.
37 Jean Kerhervé, François Roudaut, Jean Tanguy, La Bretagne en 1665 d’après le rapport de Colbert de Croissy, 1978, Brest, p. 206. Sée, Les classes rurales…, p. 278.
38 Garlan, Nières, Les révoltes bretonnes…, p. 140. Sur les falsifications des instruments de mesure, Meyer, p. 803.
39 Id. p. 104-106 ; Porchnev, « Les buts et les revendications… », p. 249-251.
40 Garlan, Nières, Les révoltes bretonnes…, p. 105, 94, 146, 157, 91.
41 Id. p. 202.
42 Roland Mousnier, Fureurs paysannes. Les paysans dans les révoltes du xviie siècle (France, Russie, Chine), Paris, 1967, p. 145.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Transhumance et estivage en Occident
Des origines aux enjeux actuels
Pierre-Yves Laffont (dir.)
2006
Les élites rurales
Dans l’Europe médiévale et moderne
François Menant et Jean-Pierre Jessenne (dir.)
2007
Les luttes anti-seigneuriales
Dans l’Europe médiévale et moderne
Ghislain Brunel et Serge Brunet (dir.)
2009
L’hérétique au village
Les minorités religieuses dans l’Europe médiévale et moderne
Philippe Chareyre (dir.)
2011
Les industries rurales dans l’Europe médiévale et moderne
Jean-Michel Minovez, Catherine Verna et Liliane Hilaire-Pérez (dir.)
2013
Cultures temporaires et féodalité
Les rotations culturales et l’appropriation du sol dans l’Europe médiévale et moderne
Roland Viader et Christine Rendu (dir.)
2014
Cultures villageoises au Moyen Âge et à l’époque moderne
Frédéric Boutoulle et Stéphane Gomis (dir.)
2017