Introduction générale
p. 17-36
Texte intégral
1Il y a trente ans, a commencé sur le continent chinois un mouvement migratoire interne sans précédent. C’était au début des années 1980, de nombreux paysans ont quitté la terre pour travailler en usine ou se ruer vers les villes et provinces développées de la Chine. Depuis, ce mouvement ne cesse de s’intensifier. En 2011, on compte 230 millions de Chinois migrants, soit 17 % de la population chinoise, dont la grande majorité est constituée de paysans1. Les migrations internes constituent ainsi un des phénomènes les plus marquants depuis la réforme économique en République populaire de Chine. Depuis une dizaine d’années, différents projets de recherche nous emmènent en Chine, à la rencontre de ces paysans que nous croisions quotidiennement lorsque nous vivions encore dans ce pays, mais à qui nous n’avions jamais vraiment prêté attention. L’entrée dans leur univers et la découverte de leurs histoires de vie à la fois singulières et bouleversantes donnent l’envie de faire mieux connaître cette partie de la population qui vit sans voix et dans l’ombre. De là est né le désir de cet ouvrage qui se veut un témoignage de la vie de ces migrants perçus trop souvent comme des paysans pauvres, peu qualifiés et comme des éléments perturbateurs de la société urbaine moderne ; mais sans eux la formidable expansion économique n’aurait pas eu lieu en Chine.
2Rassemblant des récits de vie de migrants, cet ouvrage entend donner un aperçu de la diversité des situations rencontrées par les migrants, tant sur le plan personnel que professionnel. Nous avons rencontré des migrants, des hommes et des femmes qui travaillent dans des secteurs variés : commerce, service et industrie. Les migrations produisent des parcours différents et non linéaires. Certains migrants sont peu qualifiés et exclus de la société, d’autres connaissent des trajectoires de mobilité sociale ascendante ou descendante ; d’autres encore créent de nouvelles activités économiques ; certains migrants entrepreneurs appartiennent aux élites de la société. Cet ouvrage vise ainsi à explorer et rendre sensibles la pluralité des processus de migration et la forte mobilité sociale rendue possible par les mutations économiques rapides. Notre attention s’est également portée sur les particularités du phénomène de l’exode rural en Chine.
3L’exode rural fait souvent référence en Europe aux déplacements de population qui, sous l’effet des révolutions industrielles, dès le xviiie siècle en Grande-Bretagne et à partir du xixe siècle dans de nombreux pays comme l’Allemagne puis la France, ont conduit à l’abandon des métiers liés à la terre et au dépeuplement des campagnes. Si l’exode rural en Europe correspond aux périodes de développement du chemin de fer, de la mécanisation de l’industrie textile et de la révolution agricole caractérisée par la modernisation des exploitations agricoles libérant ainsi de la main-d’œuvre au profit de l’industrie et des activités tertiaires, ce phénomène présente des formes et des enjeux différents en Chine. Comment comprendre l’exode rural en Chine ? Pour quelles raisons les migrations intérieures n’ont-elles pas suivi le modèle des pays industrialisés occidentaux ? Cet ouvrage cherche à montrer les singularités et les facteurs qui ont particulièrement influencé l’important mouvement migratoire à l’intérieur de la Chine.
LES MIGRATIONS INTERNES EN CHINE
4Par rapport à nombre de pays qui ont aussi connu des phénomènes de migration interne au moment de l’industrialisation et de l’urbanisation, en Chine, depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, les mouvements migratoires n’ont pas suivi le même cheminement, ne serait-ce que parce qu’il n’y a pas eu d’exode rural selon le modèle européen. Les raisons en sont multiples. Il conviendrait de retracer les moments charnières de ces migrations internes et de la politique démographique qui les accompagne au cours des soixante dernières années.
Migration et désurbanisation
5Dans l’histoire de la République populaire de Chine, le premier mouvement migratoire important de la campagne vers les villes a été enregistré dans le début des années 1950 ; mais il a ensuite été rapidement entravé par la mise en application de la politique du hukou2, et les migrants ont été reconduits à la campagne3.
Le hukou, outil de contrôle de la population
6Le hukou constitue un élément incontournable dans la vie des Chinois. Il s’agit d’un système d’enregistrement de la résidence et de l’état civil. Les autorités politiques ont toujours été soucieuses du contrôle des populations. Si dans la Chine ancienne, le recensement de la population joue un rôle essentiel dans la collecte des impôts, le recrutement des hommes pour les guerres et le contrôle des migrations, ses fonctions ont évolué dans le temps pour répondre aux attentes des administrateurs des différentes époques. Après la prise du pouvoir par les communistes, la Chine va faire du système de hukou l’un des piliers de l’organisation de la nouvelle société chinoise. Ce système a été mis en place dès le début des années 1950, mais est entré en vigueur en 1958 dans un contexte de pénurie de céréales et de migrations massives vers les villes.
7Le hukou devient alors un outil fondamental dans l’élaboration de la politique économique du Parti communiste chinois (PCC), calquée sur le modèle de la stratégie d’industrialisation soviétique : la priorité est donnée au développement de l’industrie lourde. Le hukou est calqué, pour partie, sur la propiska, instaurée en Union soviétique en 1932, avec pour finalité de limiter la croissance démographique. Le hukou n’a pas seulement une fonction économique ; il a surtout une fonction de contrôle politique et social. Il sépare la population chinoise en différentes catégories selon le lieu de résidence, urbaine ou rurale, grandes villes ou petites et moyennes villes, et selon la nature des emplois, agricole on non agricole. Il restreint désormais tout changement de résidence permanente de la campagne vers les villes, des petites villes vers les villes moyennes ou grandes villes. Il conditionne non seulement l’accès aux céréales et aux nourritures de base mais aussi l’accès aux emplois et aux services sociaux. Les citadins actifs ayant un emploi à vie se voient en effet octroyer de nombreux avantages en matière de logement, d’éducation et de protection sociale, alors que les ruraux doivent prendre en charge eux-mêmes ces services. Le hukou crée ainsi des barrières infranchissables entre citadins et ruraux.
Une migration forcée de la ville à la campagne
8À la suite des trois années de famine (1959-1961), la Chine connaîtra, entre 1961 et 1976, une série de mouvements de migration forcée des villes vers la campagne. Le gouvernement décide en effet d’envoyer des citadins à la campagne afin de diminuer la croissance démographique urbaine et de faire baisser la pression qu’exerce la pénurie alimentaire en ville. Ce mouvement de désurbanisation sera suivi par l’envoi massif de lycéens (zhishi qingnian : les jeunes instruits) vers la campagne (shangshan xiaxiang : aller à la montagne et descendre à la montagne). On compte 40 millions de jeunes citadins envoyés dans les régions rurales pendant la Révolution culturelle.
9Ainsi, durant les trente premières années de l’histoire de la République populaire de Chine, les migrations strictement contrôlées par la politique démographique et le hukou, vont essentiellement s’opérer dans le sens ville-campagne ou des grandes villes vers les plus petites.
La reprise de la migration rurale-urbaine
10Le mouvement migratoire de la campagne vers les villes reprend en fait avec la réforme économique engagée en 19784. La Chine entre dans un nouveau processus d’urbanisation et d’industrialisation à la suite du processus de décollectivisation des campagnes et de la mise en place du système de responsabilité familiale (jiating chengbao zerenzhi : la famille est responsable de son lopin de terre en tant que locataire). La reprise de la migration rurale-urbaine pendant cette première période de la réforme (1978-1984) est cependant caractérisée par une mobilité limitée à l’intérieur de la seule province (litu bu lixiang : quitter la terre sans quitter la campagne).
La décollectivisation et le système de responsabilité familiale
11La réforme économique commencera en fait à la fin des années 1970 par les campagnes avec le processus de décollectivisation. Les communes populaires seront alors progressivement démantelées et le système d’organisation collective de la production sera remplacé par le système de responsabilité familiale qui donne plus d’autonomie aux foyers paysans. Cette nouvelle forme d’organisation économique avait été imaginée au départ par les paysans de l’Anhui. Dans le village de Xiaogang, les paysans poussés par la pauvreté prirent alors l’initiative de partager la terre de la collectivité pour devenir responsables de leur lopin de terre. Après avoir remis une partie de leurs récoltes à l’État, payé la taxe à ce dernier, et réglé aux autorités locales les frais de location des champs cultivés, les paysans peuvent désormais disposer d’un certain revenu. À la fin de l’année 1979, 65,9 % des unités de production (shengchandui : brigade de production) de l’Anhui ont adopté ce nouveau système économique (baochan daohu : un quota de production est fixé à chaque foyer). C’est à partir de 1982 que ce système baptisé « la responsabilité familiale » (jiating chengbao zerenzhi) a été reconnu par l’État et s’est généralisé dans les campagnes chinoises5. Avec cette auto-gestion, les familles paysannes peuvent désormais s’organiser plus librement pour le travail agricole en fonction des saisons et selon leurs besoins.
12La terre est ainsi revenue aux familles, mais sans que ces dernières soient propriétaires du terrain. Dans chaque village, tout paysan en âge de travailler reçoit son lopin de terre – soit un quinzième d’hectare – et ce, pour un contrat de 15 ans renouvelable. Durant la période du contrat, la terre peut être transmise aux héritiers ou cédée à d’autres personnes avec l’accord du comité de villageois. Cependant, en cas de cession ou de départ de toute la famille, les paysans perdent leur droit d’usage sur le terrain octroyé. Cette politique a sans aucun doute un impact important sur le choix des modalités de migration6.
La reconversion des paysans vers des activités non agricoles
13Les travaux agricoles ne nécessitant plus la participation de tous les membres de la famille, une partie de la population agricole devient excédentaire. Au lieu d’insister comme cela avait été fait pendant longtemps, sur la nécessité absolue de la culture des céréales, laquelle ne permettait pas aux familles paysannes de manger à leur faim, le gouvernement va autoriser la diversification des activités économiques. Dans certaines provinces, les travaux des champs s’accompagnent d’activités économiques complémentaires qui font augmenter les revenus du ménage. Des millions de paysans mettent en œuvre des stratégies de reconversion professionnelle, tels que l’artisanat, le commerce et l’industrie. On retrouve de ce fait la combinaison agriculture / petite activité industrielle.
14Ce changement d’activité économique s’accompagne plus tard d’un changement dans la mobilité géographique d’une partie de la population agricole. Nous observons alors trois types de mobilité géographique.
Migration vers les régions développées
15Les migrations ont été d’abord organisées afin de lutter contre la pauvreté, en favorisant d’une part la croissance des marchés du travail dans les villes, et en améliorant de l’autre les conditions de vie dans les campagnes pauvres. Ces migrations organisées correspondent aussi à la volonté politique de contrôler les flux migratoires vers les villes et de protéger ainsi le marché des emplois urbains.
16Les migrations organisées seront suivies peu après par des migrations individuelles. Grâce à leurs réseaux de connaissance, des paysans partiront alors de leur propre initiative pour trouver du travail dans des régions côtières et les grandes métropoles. Cependant, dans la première moitié des années 1980, les migrations hors de la province de résidence restent contrôlées et surtout difficiles : en raison du système de rations alimentaires, les paysans ne peuvent pas en effet se procurer librement les denrées alimentaires.
Migration temporaire et pendulaire de proximité
17En parallèle, une migration temporaire et pendulaire va reprendre son cours en particulier dans les régions où l’artisanat a toujours été une activité économique complémentaire. Ce type de migration s’amorce déjà avant la réforme. Dans le Zhejiang, vers la fin des années 1970, le colportage, une tradition ancienne, réapparaît discrètement malgré le contrôle strict des autorités locales. Les paysans s’organisent en famille pour fabriquer et vendre leurs produits aux marchés de la province et aussi dans d’autres régions : broderie, balance, couverture matelassée en coton, etc. Les marchands ambulants sillonnent la Chine en cachette et migrent en fonction du calendrier des travaux agricoles. Ils partent plusieurs mois dans l’année et reviennent s’approvisionner en marchandises ou participer aux travaux agricoles en attendant de repartir.
Reconversions dans l’industrie rurale locale
18Le troisième type de migration due à l’industrialisation dans le milieu rural représente sans doute la migration la plus importante pendant les premières années du mouvement migratoire. Elle constitue une alternative capitale pour résoudre les problèmes de main d’œuvre excédentaire à la campagne. Cette industrialisation rurale, commencée déjà dans les années 1950 sous forme de coopératives, puis d’usines de communes et de brigades, a pris une nouvelle forme dans les années 1980 : les entreprises rurales (xiangzhen qiye). Celles-ci sont sous le contrôle des collectivités locales. Elles absorbent une partie de la population rurale excédentaire en favorisant une mobilité professionnelle sans mobilité géographique (litu bu lixiang). Les paysans quittent l’agriculture pour travailler dans l’industrie tout en restant dans leur canton ou village. Cette solution semble satisfaire le gouvernement central qui veut éviter à tout prix une migration massive vers les grandes villes. Ce modèle de développement des entreprises rurales a connu un important succès dans la décennie qui suit la réforme économique7. Entre 1979 et 1984, les entreprises rurales ont vu leur nombre et la valeur de leur production quadrupler et leur main-d’œuvre doubler : l’on observe une augmentation des différences de revenus entre le secteur agricole et le secteur industriel dans les campagnes.
La migration individuelle spontanée de plus en plus libre
19À partir de 1985, la campagne chinoise s’engage dans un mouvement migratoire sans précédent. Les paysans sont autorisés à se rendre dans d’autres provinces et régions (litu you lixiang : quitter la terre et la campagne). Ce mouvement migratoire de grande importance émane en effet des difficultés économiques de la campagne.
L’agriculture en baisse et l’industrialisation rurale en déclin
20Après les premières années de la réforme, la campagne chinoise se heurte à divers problèmes. Les revenus des habitants ruraux stagnent après une forte augmentation entre 1978 et 1984. À partir de 1985, l’État baisse les prix d’achat de céréales afin de réduire les subventions à la consommation urbaine, mais maintient les taxes agricoles. Ces taxes mises en place en 1958 consistent à percevoir d’une part 15,6 % des revenus agricoles pour l’État (gongliang : céréales publiques) et d’autre part une taxe locale fixée par les autorités locales. Les activités agricoles rapportent de moins en moins aux paysans et la production agricole diminue.
21En même temps, l’État réduit ses subventions aux entreprises rurales collectives au profit des entreprises privées. De nombreuses entreprises rurales souvent de petite taille et sans grandes capacités techniques n’arrivent plus à absorber toute la main-d’œuvre rurale excédentaire estimée à environ 100 millions en 19848.
Assouplissement de la politique du hukou
22Face à ces difficultés, le gouvernement chinois redéfinit les politiques migratoires. En octobre 1984, par annonce officielle, le Conseil d’État autorise les paysans à chercher du travail en dehors de leur lieu de résidence officiel9. Cet assouplissement est capital pour mettre en marche les migrations interprovinciales. La migration individuelle spontanée devient de plus en plus importante. Plus ou moins contrôlables, les paysans circulent désormais d’une ville à l’autre et s’en vont surtout dans les grandes villes et les régions côtières.
Les nouvelles vagues migratoires
23La nouvelle vague de migration (mingongchao : la marée des migrants) qu’a connue la Chine dans la deuxième moitié des années 1990 a lieu suite au voyage de Deng Xiaoping dans le sud de la Chine en 1992, date symbolique de l’entrée de la Chine dans l’économie de marché (shehui zhuyi shichang jingji : l’économie socialiste de marché).
24Les premières zones économiques spéciales se créent dans le Guangdong pour accueillir les entreprises étrangères, et les grandes villes sont en pleine construction des infrastructures. Les besoins de main-d’œuvre sont pour la construction d’infrastructures et le développement du secteur des services. Les deux grands pôles économiques, le delta de la rivière des Perles et le delta de Yangtsé accueillent à eux deux plus de la moitié des migrants du pays : 35,63 % et 21,04 % respectivement10.
25Mais ces centres de gravité économiques vont connaître une nouvelle configuration dans la décennie 2000. La Chine intérieure et le centre ainsi que des petites et moyennes villes offriront de nouvelles opportunités de travail aux migrants.
L’intégration des migrants en ville
26L’arrivée massive des migrants en ville se heurte au problème du chômage. La restructuration des entreprises et la mise en place du nouveau système d’emploi dans les années 1990 mettent fin aux emplois à vie. Pour la première fois dans l’histoire de la Chine communiste, le chômage apparaît et se propage rapidement dans les villes. Face à la montée du chômage, les villes cherchent à préserver le marché des emplois urbains et mettent en place deux systèmes de marchés de travail : les emplois réservés à la main-d’œuvre urbaine et les emplois à destination de la main-d’œuvre migrante (wailai laodongli shichang : le marché du travail de la main-d’œuvre venant de l’extérieur). Pendant longtemps, et ce jusqu’au début du xxie siècle, dans les grandes villes comme Shanghai et Beijing, les autorités locales publient régulièrement les emplois réservés ou interdits aux migrants. Les migrants ne peuvent intégrer que les emplois informels et assurent leur présence principalement dans l’industrie manufacturière, de la construction ou des services.
27Les migrants sont confrontés en permanence à des situations de discriminations économiques et sociales. Bien que les modifications intervenues dans le hukou consistent à autoriser un détenteur de hukou rural à résider et travailler en ville avec le statut de résident temporaire, ce statut ne lui permet pas pour autant de bénéficier des mêmes droits sociaux qu’un citadin, notamment en matière d’emploi, de logement, de scolarité des enfants et d’accès aux soins.
28Dans les années 2000, les problèmes de l’agriculture, des paysans et des campagnes (sannong wenti : trois problèmes liés à la campagne) donnent lieu à un grand débat en Chine et suscitent les préoccupations du pouvoir politique. Plusieurs documents officiels publiés depuis l’année 2002 ciblent la protection des paysans migrants : garantie de paiement du salaire, égalité des chances dans l’accès aux emplois, amélioration des conditions de travail et de vie quotidienne et accès à l’éducation des enfants de migrants.
La réforme du hukou
29Dans les changements marquants de la première décennie du xxie siècle, on note une avancée dans la réforme du hukou. La gestion de hukou revient désormais aux autorités locales. Cette réforme annoncée en 1997 ne remet pourtant pas en cause les fondements du système, mais tente d’assouplir les contrôles et propose différentes solutions en fonction de la hiérarchie des localités administratives. Les retombées positives sont surtout constatées dans les petites villes où les migrants travailleurs peuvent prétendre à un hukou urbain, celui de la ville où ils résident. Dans les villes de taille moyenne, les migrants peuvent demander le hukou urbain dans la mesure du possible, alors que dans les grandes villes comme Beijing et Shanghai, s’applique une politique de migration sélective en faveur des migrants qualifiés. Les migrants paysans en sont toujours exclus.
Partir pour revenir ?
30Ce rappel de l’évolution des mouvements migratoires et de la politique démographique du hukou permet de comprendre maintenant pourquoi l’exode rural n’a pas les mêmes caractéristiques en Chine qu’ailleurs.
31D’abord, le choix de la migration individuelle ou familiale est fonction des régimes de propriété de terrains à la campagne. Pour les migrants qui possèdent la terre cultivable (ziliudi : la terre pour agriculture) et une habitation (zhaijidi : la terre pour habitation), l’abandon du hukou rural fait perdre le droit d’usage de leur terrain habitable et cultivable. Même si l’agriculture n’est plus l’activité économique principale du foyer, les terrains font partie du patrimoine du migrant, lequel reste attaché à ses racines. Par ailleurs, avec la suppression des taxes agricoles dans les années 2000, les activités agricoles redeviennent plus intéressantes. Ce qui semblerait favoriser un retour même partiel au travail dans les champs. En conséquence, bon nombre de paysans choisissent de partir seuls en laissant une partie de leur famille au village où ils reviennent encore régulièrement. Beaucoup comptent y revenir pour construire une nouvelle maison afin de vivre leurs vieux jours.
32Ensuite, la persistance de la différence entre le hukou urbain et le hukou rural rend peu probable une intégration des migrants en ville. Même si les mobilités résidentielles sont assouplies depuis une trentaine d’années, la politique de l’emploi et la politique sociale ne favorisent ni leur intégration, ni leur assimilation, en particulier dans les grands centres urbains. Les migrants restent considérés comme des « étrangers » (waidiren : les personnes venant de l’extérieur) en ville. Ils se sentent toujours dans une situation provisoire.
33Cependant, malgré toutes les difficultés, les migrants reportent toujours la date du retour définitif à la campagne. « Tant qu’on peut gagner de l’argent en ville, on y reste » est une logique partagée par la plupart des migrants. De ce fait, l’installation en ville peut devenir durable sauf cas exceptionnels : chômage, maladies, enfants à la campagne, etc. N’étant pas des citadins, ni plus tout à fait des paysans, ces migrants deviennent des itinérants ou des passagers en ville, et forment un groupe social à part dans un pays qui compte désormais trois catégories de populations : citadins, paysans et migrants (yiguo sanmin : un pays et trois catégories de population).
UN AUTRE REGARD SUR LA MIGRATION
34Depuis une trentaine d’années de nombreux travaux de recherche ont été réalisés sur le phénomène de la migration. La plupart des études sont consacrées aux politiques migratoires, au marché de l’emploi et à la stratification sociale. Les travaux consacrés à la Chine s’intéressent tout particulièrement aux mouvements migratoires allant des campagnes vers les villes et aux régions côtières développées11. Ces études politiques, sociodémographiques et économiques nous apprennent certes beaucoup sur les caractéristiques de ce phénomène sur un plan général. Plus récemment, des auteurs chinois et anglo-saxons ont consacré des études monographiques à partir d’approches plus socio-anthropologiques, basées parfois sur des récits de vie (narrative ou life story).
Méthodologie et cadre de la recherche
35On sait, depuis l’École de Chicago, combien cette méthode a fait ses preuves en socio-anthropologie et les progrès que ces approches qualitatives ont contribués à faire faire aux enquêtes sociologiques. Le Paysan polonais en Europe et en Amérique12, œuvre fondatrice de la sociologie empirique, ouvrit la voie aux approches biographiques. Après les années 1940 et 1950, durant lesquelles la méthode quantitative s’impose comme outil privilégié en sciences sociales, les méthodes qualitatives sont à nouveau mobilisées, et notamment la méthode biographique. Cette méthode renouvelée et reconnue comme scientifique devient une pratique fondamentale en sciences sociales, en particulier dans les pays anglo-saxons. En France, c’est dans les années 1970 et 1980 que la méthode faisant appel au récit de vie, commence à trouver sa place légitime grâce aux travaux d’Isabelle Bertaux-Wiame et Daniel Bertaux (1980), inspirés des Enfants de Sanchez13. Des sociologues, anthropologues, ethnologues et psychologues rejoignent ainsi ce courant de la sociologie empirique, néanmoins le recours à la narrative ou life story reste encore marginale en France14. Le présent ouvrage entend remédier à cette lacune et surtout faire parler les migrants dont les voix sont si peu entendues aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Chine.
36Les entretiens ethnographiques sont au cœur de notre travail de terrain. L’analyse des parcours ou récits de vie présente à nos yeux un intérêt de portée générale car elle permet la rencontre entre plusieurs histoires collectives au travers de la trajectoire d’un individu. « Un individu ethnographique est ainsi le résultat d’un processus, le produit d’une histoire aussi bien sociale que personnelle15. » À partir d’un cas singulier, nous pouvons saisir les univers qui façonnent les trajectoires des individus. Ce sont donc ces travaux et ces approches dont nous nous sommes inspirée dans l’étude des mutations économiques et sociales de la Chine.
37Depuis 2002, dans le cadre de deux projets de recherche successifs, nous avons mené des enquêtes ethnographiques à Shanghai et dans la province voisine du Zhejiang. Le premier projet s’inscrivait dans un programme de recherche sur les migrations internes et le marché du travail à Shanghai16. Nous avons commencé par une analyse des données statistiques du recensement de la population résidente et de la population migrante de Shanghai pour mieux situer les migrants dans leurs espaces de résidence et identifier leurs secteurs de spécialisation professionnelle. Parallèlement, entre 2002 et 2005, nous avons mené une étude ethnographique de la morphologie, de la structure et de l’organisation urbaine des quartiers de migrants par le biais d’entretiens.
38Le second projet conduit de 2006 à 2010, portait sur les mutations des entreprises et les clusters industriels dans la province du Zhejiang17. Cette recherche envisageait trois dimensions : l’activité manufacturière des petites et moyennes entreprises, piliers de l’économie régionale ; les activités marchandes, qui structurent très fortement l’activité productive ; et les migrations – nous entendons ici les circulations des entrepreneurs, commerçants et migrants nomades – qui accompagnent celles des marchandises18. Pour ce faire, nous avons mené des enquêtes ethnographiques dans plusieurs villes du Zhejiang : Shaoxing, Yiwu, Yongkang et Zhuji pour comprendre la morphologie, la structure et l’organisation des économies locales. Cette étude s’accompagnait d’entretiens avec d’une part des acteurs publics sur des questions de stratégie du développement, et d’autre part avec des acteurs privés – entrepreneurs et commerçants, dont beaucoup sont migrants d’origine paysanne.
39Au cours de ces deux programmes, nous avons réalisé au total environ 250 entretiens ethnographiques19, qui permettent de reconstituer les parcours biographiques des paysans migrants et des entrepreneurs ; nous disposons d’informations relatives à leur formation, leur situation personnelle et familiale, leur trajectoire professionnelle et leurs expériences de mobilité. Nous appréhendons également les réseaux de solidarités et d’appartenance qui leur permettent par exemple d’accéder à des emplois urbains. Chaque trajectoire individuelle est à la fois unique et représentative. La reconstitution de ces entretiens fait apparaître une richesse de matériaux, qui permet d’étudier non seulement le mouvement migratoire, mais fournit également matière à d’autres objets de recherches.
Enquêter en Chine
40La pratique des enquêtes de terrain en sciences sociales en Chine a connu différentes périodes au cours du xxe siècle20. Après la fondation de la République populaire de Chine, dans les années 1950 et 1960, toutes études de terrain en sciences sociales deviennent interdites. Les recherches sur la Chine contemporaine fondées exclusivement sur les documents officiels ou la presse sont alors menées principalement en dehors de la Chine. Dans la décennie suivante, à Hong Kong, les réfugiés du continent chinois témoignent et leurs expériences en Chine constituent désormais des sources de première main qui permettent aux chercheurs occidentaux d’entrevoir la réalité de la Chine21. Ce n’est qu’après l’ouverture économique, à partir des années 1980, que le terrain chinois s’ouvre progressivement aux chercheurs en sciences sociales. Les historiens, anthropologues et sociologues américains sont les premiers à mener des enquêtes, en particulier dans les campagnes chinoises22. Depuis, les choses ont beaucoup évolué. À partir des années 1990, ayant redécouvert les sciences sociales et la méthodologie empirique, les chercheurs chinois se sont lancés à leur tour dans des enquêtes ethnographiques, seuls ou en collaboration avec des chercheurs occidentaux23. Aujourd’hui, la méthode empirique (fieldwork study) est enseignée dans des universités et pratiquée par bon nombre d’étudiants et chercheurs.
41En dépit du chemin balisé, réaliser des enquêtes ethnographiques en Chine n’est pas une mission simple lorsque ces enquêtes ne font pas partie des projets répondant à la demande du pouvoir public. En effet, bon nombre d’enquêtes menées par les chercheurs chinois se font dans l’objectif de conseiller les autorités politiques qui veulent mettre en œuvre un projet précis. Ces enquêtes peuvent être menées avec le soutien des autorités locales. Or, les enquêtes monographiques sans cadrage officiel et sur des sujets plus ou moins sensibles se heurtent le plus souvent à des difficultés et nombre d’aléas pour l’accès au terrain. Nous nous sommes trouvés dans cette dernière situation. Dans nos expériences de terrain, à Shanghai comme dans le Zhejiang, nous avons eu recours à trois principaux modes d’accès au terrain.
Le réseau institutionnel
42L’officialisation d’une enquête de terrain ethnographique a été notre première approche au terrain chinois. Nous faisons appel à la collaboration avec des universités chinoises pour organiser nos enquêtes. Cette institutionnalisation de la recherche rend légitime la présence des chercheurs étrangers et facilite leur accès au terrain.
Le réseau d’interconnaissances
43Ce réseau informel constitué des collègues universitaires que nous connaissions personnellement ou des amis joue un rôle essentiel et efficace. La plupart de nos entretiens ont été menés grâce au réseau de connaissances et fournissent de riches matériaux.
L’approche spontanée
44Une partie de nos entretiens a été menée à la manière que Thomas Gold qualifie d’interview de guérilla (guerrilla interviewing24). Nous avons tenté par de nombreuses entrées spontanées pour interviewer des migrants dans la rue ou sur leur lieu de travail, dans des commerces, restaurants et marchés.
45En Chine, la présence de chercheurs étrangers pour conduire des enquêtes de terrain reste encore pour partie problématique. Les enquêtes ethnographiques s’avèrent souvent aléatoires et exigent la flexibilité et l’adaptation des chercheurs. Dans la première modalité d’accès au terrain par réseau institutionnel, la négociation avec nos partenaires universitaires commence souvent par une demande de déclaration d’intention auprès du service local des Affaires étrangères (waiban : le bureau des affaires étrangères) en vue d’obtenir une autorisation d’enquête et parfois une demande de monétisation de la réalisation des enquêtes. Cette procédure administrative théoriquement obligatoire pour tout chercheur étranger, bien que sécurisante dans une certain mesure, s’avère en réalité trop complexe pour pouvoir aboutir à sa fin dans un délai raisonnable. Nous avons pu contourner ces difficultés par négociation avec les universités partenaires afin d’obtenir une lettre de recommandation. En contrepartie, nous nous engageons à accueillir un chercheur chinois en France pour un séjour de recherche. Il nous arrive également de dissimuler notre statut sur le conseil des collègues chinois, lorsque nous faisons seule des enquêtes de terrain. Nous nous faisons passer pour une enseignante d’une université chinoise afin de simplifier la formalité administrative et d’éviter toute suspicion des responsables locaux.
46Les entretiens organisés par ce réseau officiel présentent un inconvénient méthodologique majeur, d’abord parce que les personnes enquêtées ont été souvent choisies selon certains critères définis par les autorités. Nous nous sommes vu imposer des entretiens avec des migrants et des entrepreneurs modèles, qui montrent exclusivement leur réussite et expriment leur reconnaissance envers la société ; ensuite, ces entretiens sont souvent collectifs avec la présence d’acteurs politiques locaux. Les entretiens réalisés dans ce cadre sont en réalité peu exploitables.
47Les deux autres modalités d’accès au terrain, par réseau d’interconnaissance ou par approche spontanée, s’avèrent beaucoup plus efficaces et fructueux. Ces entretiens ont pu fournir de très riches informations sur les parcours personnels des migrants et sur la société chinoise en générale. Un migrant recommandé via notre réseau de connaissances peut nous introduire auprès d’amis ou de membres de sa famille. Cet effet « boule de neige » nous amène à rencontrer bon nombre de migrants de profils bien différents. En outre, une grande partie des entretiens ont été réalisés dans le cadre d’un binôme français-chinois. Cette complémentarité balaye la barrière linguistique, rassure les migrants rencontrés et libère leur parole. L’entretien peut être également vécu par les migrants comme un moment de reconnaissance sociale. L’invitation à parler de son parcours personnel semble être une entrée facile et efficace pour amorcer une discussion.
48Toutefois, quelles que soient les modalités d’accès au terrain, il a été difficile de construire une relation de confiance avec des migrants dans la durée. D’abord, leur grande mobilité interdit de les suivre dans le temps sauf quelques rares exceptions. Ensuite, nombreux sont ceux qui nous parlent volontiers la première fois, mais deviennent ensuite méfiants, voire refusent de nous recevoir pour des raisons diverses : l’incompréhension de l’intérêt de notre travail, le souci de perdre leur temps, et sans doute aussi la peur pour des raisons de contrôle politique. Toutes choses égales par ailleurs, dans un cadre privé, les personnes enquêtées se sentent plus libres d’exprimer leurs sentiments et leur vision de la société chinoise. Si nous avons réussi à conduire des entretiens approfondis d’une à deux heures dans des lieux privés, nous avons cependant essuyé plusieurs échecs, au risque d’être mise dehors, lorsqu’il s’agissait d’interviews dans des espaces publics – ce fut le cas dans une entreprise de rénovation de meubles, dans un supermarché et sur un chantier de construction. Notre présence récurrente a suscité beaucoup de suspicion, même si l’enquête avait été négociée à l’avance avec les responsables.
49Au cours de ces années de travail de terrain et en dépit de ces difficultés, nous avons pu rassembler un corpus conséquent de parcours biographiques de paysans migrants. Parmi cette multitude de parcours migratoires variés, nous avons choisi d’en sélectionner quatorze pour cet ouvrage, que nous avons regroupés en quatre chapitres. Le premier réunit quatre itinéraires de migrants de générations différentes. En croisant ces migrants jeunes et moins jeunes, nous mettons en évidence les évolutions de la migration pendant les trente dernières années. Le deuxième chapitre est centré sur des femmes, car leur place constitue aujourd’hui l’un des changements les plus significatifs dans les migrations en Chine. Le troisième chapitre est consacré à l’intégration économique des migrants en ville. Nous nous appuierons sur les récits de quatre migrants qui s’insèrent dans des nouveaux métiers urbains. Les migrants ne sont pas toujours dans des métiers peu reluisants pour effectuer des sales boulots (dirty jobs) en ville. Certains migrants savent saisir des opportunités de mobilité sociale ascendante. Le dernier chapitre s’intéresse aux migrants entrepreneurs. Au travers de trois expériences entrepreneuriales, nous verrons que les activités entrepreneuriales ne mènent pas tous à la réussite. Certains rencontrent le succès puis retombent dans la précarité ; d’autres parviennent à s’en sortir pour connaître une ascension sociale fulgurante.
50En livrant les témoignages de ces hommes et femmes sur leurs histoires individuelles et sur leurs itinéraires professionnels, nous tenterons de faire entrer les lecteurs plus en profondeur dans la vie des migrants afin de rompre les stéréotypes qui se trouvent le plus souvent associés à cette partie de la population chinoise. Chaque récit est assorti d’une présentation et de commentaires qui guident le lecteur dans sa compréhension de la migration ainsi que du contexte politique, économique et social.
Notes de bas de page
1 Le migrant est défini comme toute personne vivant plus de six mois en dehors de sa résidence administrative enregistrée (Wang Peian, 2012, p. 3).
2 Le système d’enregistrement de la population et de la résidence.
3 Li Chunling, 2008.
4 Li Chunling, 2008.
5 Zhou Rili, 2009.
6 La troisième session plénière du XVIIIe Comité central du Parti communiste chinois tenue en novembre 2013 stipule que les paysans peuvent désormais décider de céder ou vendre leur terre.
7 Zou Wei, 2003.
8 Cao Xin, 2004.
9 Le Conseil d’État, Guangyu nongmin jinru jizhen luohu wenti de tongzhi (Avis sur les installations des paysans dans les bourgs), 13 octobre 1984.
10 Wang Guixin et Liu Jianbo, 2007.
11 Nous pouvons citer entre autres Solinger, 1999 ; Davin, 1999 ; West et Zhao, 2000 ; Li Peilin, 2003 ; Lu Xueyi, 2004 ; Li Qiang, 2004 ; ; Whyte, 2010.
12 Thomas, Znaniecki et Tripier, 1998.
13 Lewis, 1963.
14 Nous pouvons citer quelques ouvrages des enquêtes empiriques, voir Bourdieu et collectif, 2007 ; Chantraine, 2004 ; Delcroix, 2005. En méthodologie, nous citons notamment deux ouvrages de références en France : Bertaux, 2010 ; Beaud et Weber, 2010.
15 Beaud et Weber, 2010.
16 Il s’agit d’un projet de recherche de collaboration entre l’Institut d’Asie orientale de l’ENS de Lyon (CNRS UMR 5062), le Groupe de recherche sur la socialisation (CNRS et ISH de Lyon) et l’université de Shanghai.
17 Ce projet de collaboration a été réalisé entre l’Institut d’Asie orientale de l’ENS de Lyon et le groupe de recherche Modélisation des dynamiques spatiales du CNRS-université Lyon II. La faculté d’économie de l’université du Zhejiang nous a apporté son concours.
18 Tarrius, 2002.
19 Parmi les entretiens choisis pour cet ouvrage, certains ont été menés par moi-même, et d'autres ont été réalisés conjointement avec Laurence Roulleau-Berger (Triangle, ENS de Lyon) à Shanghai, ou Bernard Ganne (MODYS CNRS Lyon II) et Gilles Guiheux (université Paris-Diderot, CESSMA) dans le Zhejiang. C’est pourquoi le « nous » est souvent utilisé dans cet ouvrage.
20 Thurston et Pasternak, 1983.
21 Frolic, 1981.
22 Thurston et Pasternak, 1983 ; Vogel, 1989 ; Friedman, Pickowicz et Selden, 1991.
23 Nous pouvons noter quelques travaux en langues chinoise et occidentale : Zhang Li, 2001 ; Chen Yingfang, 2003 ; Chen Guidi et Chun Tao, 2004 ; Pun, 2005 ; Solinger, 2006 ; Lee, 2007.
24 Gold, 1989.
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Les voix de migrants
Ce livre est cité par
- Husson, Laurence. (2020) At a Moment’s Notice. Indonesian maids write on their lives abroad, collected and translated by Jafar Suryomenggolo. Copenhague: NIAS Press, 2019, 219 p. (Nordic Institute of Asian Studies, Voices of Asia series, n° 1). ISBN: 978-87-7694-271. Archipel. DOI: 10.4000/archipel.1789
- Desplain, Aurélia. (2019) Le capitaliste philanthrope et l’entrepreneur socialement responsable : les nouveaux « héros socialistes » de la Chine contemporaine. The Tocqueville Review, 40. DOI: 10.3138/ttr.40.2.295
Les voix de migrants
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