Avant-propos et considérations de méthode
p. 9-26
Texte intégral
1ENTREPRENDRE L’ÉTUDE des phénomènes de pauvreté ne peut faire l’économie de la parole des intéressés. Pourtant, un écart se mesure souvent entre un savoir constitué à partir de références académiques et les propos d’une population qui n’y a généralement pas accès. Le spécialiste s’appuie sur un corpus de documents législatifs, administratifs ou judiciaires. L’historien recherche les traces du passé. L’économiste s’interroge sur les mécanismes d’allocation des ressources et cherche à évaluer la redistribution des richesses. Cependant, de l’autre côté de ce travail scientifique, sur une autre rive, évolue une population qui suscite des interrogations. Comment vivent celles et ceux qui font l’expérience de la pauvreté ? Constituent-ils un groupe social distinct du reste de la population ? Font-ils prévaloir leurs droits ? Mettent-ils en place des stratégies et s’adaptent-ils aux situations les plus contraignantes ?
2Les phénomènes de pauvreté et les mécanismes d’exclusion sont à présent un domaine de recherches en sciences humaines. Sachant qu’on dispose d’une littérature abondante, nous pourrions spécifier quatre approches qui sont autant de façons de construire l’objet :
les approches socio-historiques replacent l’étude des phénomènes de pauvreté dans une perspective de longue durée ; elles nous renseignent au sujet de l’organisation des sociétés et de leur évolution au cours du temps ;
les approches monétaires s’en tiennent au temps présent ; elles permettent d’effectuer des comparaisons internationales ou de mesurer des inégalités de revenu entre différentes catégories sociales ;
les approches institutionnelles s’intéressent avant tout au ciblage de l’action publique et se proposent d’étudier des groupes de destinataires comme les chômeurs de longue durée, les familles monoparentales ou les jeunes qui rencontrent des difficultés d’insertion ;
les approches qualitatives utilisent des outils spécifiques (des récits de vie, des entretiens). Des enquêtes de terrain donnent des éléments de connaissance au sujet du mode de vie des plus pauvres et apportent des renseignements au sujet de leur vie quotidienne. Elles identifient des facteurs de risque, repèrent des trajectoires individuelles et nous donnent des clefs de compréhension au sujet des mécanismes d’exclusion. Des travaux réalisés en psychologie sociale et en anthropologie donnent un complément d’information utile au sujet des situations de rupture et de désocialisation. Lever un voile sur ces logiques nous conduira d’ailleurs à dégager des mécanismes qui « produisent » de l’exclusion tout en allant audelà d’une seule interprétation de données statistiques portant sur le revenu des ménages ou l’inégalité des chances.
3Mieux comprendre nos contemporains et une société qui doute d’elle-même, tel était le défi que je m’étais lancé lorsque, contrairement à ce que l’on pensait alors, j’osais croire que la pauvreté et les problèmes sociaux n’étaient pas une question urbaine logée au pied des blocs de béton et qu’il existait en France des situations méconnues ou cachées. En l’occurrence, même si les processus d’exclusion ont fait l’objet de multiples études, la littérature sociologique aborde trop rarement ses dimensions territoriales et, lorsqu’elle si hasarde, elle les confond trop souvent avec la question du malaise des banlieues. De même, quand on songe à la campagne, nous sommes très souvent enclins à idéaliser un style de vie au contact de la nature et, même si on sait que les effets de la crise agricole ont des incidences sur les économies locales, nous aurions trop souvent tendance à souligner l’existence de solidarités locales ou à focaliser notre attention sur la situation spécifique des agriculteurs. Les propos convenus y contribuent. Parce que les paysans seraient les garants d’une tradition, leur disparition annoncée est un thème récurrent du discours politique, au risque d’ouvrir la voie à des spéculations qui dépassent parfois l’entendement.
Une pluralité d’objets et de cheminements théoriques
4Pour étudier plus sérieusement la pauvreté en milieu rural, il est possible de déceler les facteurs qui, sur le temps long, auraient contribué à dissoudre les liens sociaux et à creuser les inégalités. Parmi les facteurs les plus souvent retenus par les spécialistes, les facteurs économiques jouent un rôle prépondérant car ils affectent directement les statuts et les positions de chacun. On retrouve ces mécanismes dans la plupart des secteurs d’activité et l’agriculture n’échappe pas à cette règle. Les observateurs du monde rural le savent parfaitement et ils n’ont pas hésité à le dire, à l’occasion de différentes rencontres ou dans le cadre de publications.
5Par exemple, à la suite de la publication d’un colloque qui avait été organisé à Toulouse par l’Association des Ruralistes Français1 et des études réalisées par des chercheurs de l’INRA, on pouvait raisonnablement penser que la pauvreté en milieu rural dévoilerait la face cachée du développement. Grâce à différents indicateurs statistiques, on sait en effet qu’une frange de la population agricole vit encore très modestement et qu’il existe en France de grandes disparités territoriales. Dans les régions les moins dynamiques, le regain démographique se fait encore attendre et on sait désormais que le taux de pauvreté y est supérieur à celui que l’on mesure en milieu urbain.
6Un rapport a été récemment réalisé par une mission conjointe de l’Inspection générale des Affaires Sociales (IGAS) et du Conseil général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces ruraux (CGAAER) pour recueillir des informations plus précises au sujet de la pauvreté et des processus d’exclusion2. Ce document a été réalisé à la demande des pouvoirs publics et confirme l’existence d’un développement inégal des territoires ruraux. Il apporte de nombreuses informations au sujet des populations les plus fragiles, évalue l’impact des programmes d’action sociale et formule un certain nombre de préconisations d’action3. Après avoir réactualisé toute une série de données et s’être rendus sur le terrain (dans les 5 territoires retenus, des responsables locaux et des travailleurs sociaux ont été rencontrés), les auteurs de ce courageux travail se sont intéressés à différents sujets comme l’emploi, le logement, la couverture médicale, la présence des services et équipements publics. Ils sont également parvenus à mesurer l’ampleur de la pauvreté en milieu rural et ont pu constater que le taux de pauvreté était légèrement supérieur en milieu rural qu’il ne l’était en milieu urbain (en 2004, 13,7 % de la population rurale vivaient sous le seuil de pauvreté contre 11,3 % dans l’espace urbain)4. En fait, il existe de véritables poches de pauvreté avec des taux pouvant atteindre 18 à 20 % des ménages dans une série de bassins de vie ruraux situés au Nord, dans le Centre et le Midi de la France5. Dans ces régions, la pauvreté ne concerne plus seulement des exploitants agricoles ou des personnes âgées vivant avec le strict minimum, elle concerne tout aussi bien des ouvriers victimes des licenciements économiques et de la désindustrialisation, des familles monoparentales, des couples qui avaient fait le choix de vivre au grand air en s’installant durablement à la campagne ou encore de jeunes gens qui ne parviennent pas à stabiliser leur parcours professionnel. En somme, de nouvelles formes d’insécurité sociale sont apparues et le monde rural a profondément évolué. Depuis ces vingt ou trente dernières années, il n’est plus seulement le territoire de l’agriculteur et doit être en mesure d’intégrer de nouveaux arrivants. Il s’agit souvent de retraités ayant un pouvoir d’achat relativement important mais il s’agit aussi de jeunes couples ou de familles qui rencontrent des difficultés financières ou qui, après avoir idéalisé la vie à la campagne, sont confrontés à une série de handicaps qui se cristallisent au fil des ans. Ces évolutions sont unanimement repérées par les travailleurs sociaux et soulèvent des questions de fond qui nous obligent, dès le départ, à ne pas opter pour une lecture trop linéaire du changement social.
7Ces quelques éléments ne sauraient suffire pour étudier la pauvreté et les facteurs d’exclusion. Dans la mesure où le monde rural intéresse des spécialistes provenant de différents horizons disciplinaires, il faut faire appel à plusieurs éclairages théoriques pour tenter de comprendre les déterminants et les manifestations d’un phénomène de société qui commence à peine à être véritablement relayé par les grandes associations caritatives. Cependant, de nombreuses recherches ont été consacrées aux transformations du monde rural français et permettent de formuler des hypothèses de travail. La sociologie rurale s’est très souvent intéressée à la place occupée par agriculteurs dans la société française. Des historiens sont parvenus à produire une connaissance précise au sujet du fonctionnement des sociétés paysannes. Grâce à leurs recherches sur le terrain, des ethnologues ont collecté toute une mine d’informations à propos de l’économie cachée de la parenté. Ils s’intéressent aussi bien aux structures agraires qu’à la vie collective. Plus récemment, des économistes se sont penchés sur les dimensions financières de la crise agricole et ont introduit l’idée d’une agriculture à plusieurs vitesses6. Quant aux géographes, nombreux parmi les ruralistes, ils ont confectionné une batterie d’indicateurs pour délimiter des espaces en déshérence. Même s’ils assimilent parfois la distance sociale à une distance spatiale, ils n’ont pas hésité à réaliser des monographies locales et à proposer une théorisation d’ensemble des inégalités de développement.
8Quels que soient les outils mobilisés, il faut bien reconnaître que la pauvreté en milieu rural est un sujet trop peu étudié par la communauté universitaire. À l’exception des travaux qui avaient été coordonnés par Pierre Maclouf et des modélisations proposées par les équipes de Gwénaël Jégouzo (INRA) et de Nicole Mathieu (laboratoire STRATES)7 on aurait trop souvent eu tendance à collecter des données chiffrées sur des populations ou des territoires précis sans trop vraiment décrire les conditions de vie des ménages qui y résident. De même, on a très longtemps assimilé la question de la pauvreté en milieu rural avec le problème spécifique du dépeuplement des campagnes. Comme le soulignait déjà Alfred Sauvy dans les Cahiers de l’INED8, ce phénomène est en fait bien plus complexe qu’on ne saurait l’imaginer et il devrait être expliqué en faisant appel à plusieurs paramètres. Si on s’en tient à ce raisonnement, il faudrait formuler l’hypothèse selon laquelle les espaces périphériques ont été délaissés pendant un certain temps parce qu’ils n’offraient aucun avenir aux jeunes générations. De même, on pouvait penser (à cette époque) que les règles relatives à la transmission du patrimoine auraient eu des incidences sur les destins collectifs et les éléments d’explication les plus convaincants seraient ici d’ordre culturel. Pour étudier ces facteurs d’inertie, il est important de remonter le cours du temps. Certains développements de ce livre ont donc été consacrés à des orientations théoriques que l’on retrouvait déjà dans les publications de Schumpeter, dans les premières monographies réalisées par Pierre Bourdieu, en sociologie de la famille et en anthropologie du droit.
9À l’issue de cette première analyse, il faut se rendre à l’évidence. Pour étudier la pauvreté en milieu rural, ce n’est plus seulement en faisant appel à des mécanismes de reproduction sociale que nous retrouvons un modèle théorique d’ensemble. La raison est finalement très simple : parce que les pouvoirs publics ont introduit de nombreuses prestations de solidarité, c’est en proposant une sociologie des politiques sociales que nous sommes aujourd’hui en mesure de repérer les populations qui sont a priori les plus vulnérables. Dans ces conditions, les objectifs à atteindre diffèrent sensiblement : à la différence des travaux qui viennent d’être mentionnés, il s’agit plutôt de s’intéresser aux déterminants de l’action publique. Dans la mesure où les statuts sociaux sont étroitement liés aux statuts nés de la protection sociale, cette méthode nécessite que l’on s’intéresse, comme cela avait été déjà été le cas à propos des retraités9 ou des chômeurs10, aux régulations qui ont été à l’origine de l’intervention des pouvoirs publics. On déporte alors notre regard vers l’histoire sociale et les différentes orientations qui gouvernent la législation.
10Tout en restant fidèle à cette orientation théorique, nous pourrions être tentés d’adopter une démarche plus normative en retraçant les fondements de l’assistance. Largement influencées par les approches institutionnelles, les recherches qui ont été conduites au sujet de ce qu’on a coutume d’appeler la nouvelle pauvreté s’intéressent d’ailleurs à la mise en forme d’un débat et à la mise sur agenda d’une politique. Plus récentes que les précédentes, ces recherches sociologiques ont le mérite de repérer des situations qui nécessitent l’intervention des travailleurs sociaux. Elles rendent tout à fait d’actualité les analyses qui avaient été formulées dans l’essai de Georg Simmel11 puisque c’est à partir du moment où une aide est apportée par la collectivité que les plus pauvres constitueraient un groupe distinct du reste de la population. Tout en partant du constat d’une intervention grandissante des pouvoirs publics, les spécialistes identifient souvent les destinataires de l’action publique (ce travail leur permet à terme d’entreprendre l’histoire des dispositifs et d’effectuer des comparaisons internationales) et ils s’intéressent aux registres de justification de l’aide sociale. Pour réaliser une analyse en profondeur, l’étude des débats parlementaires et l’examen de la législation peuvent être d’une grande utilité12, mais il s’agit souvent d’une première étape. En effet, cette analyse apporte des éléments de connaissance très intéressants au sujet des politiques sociales mais il existe parfois un décalage entre la façon dont les institutions labellisent des situations et la façon dont les individus les vivent au quotidien. Comme le propose Serge Paugam13, le sociologue abordera donc son terrain d’enquête en insistant sur les comportements des individus et l’apprentissage des droits sociaux. Ce n’est qu’en adoptant une telle démarche qu’il sera en mesure d’apporter des éléments de connaissances relativement précis. Comment doit-il alors s’y prendre ?
11Pour ma part, j’ai choisi d’adopter une démarche compréhensive qui insistait avant tout sur les expériences vécues et les modes d’adaptation des individus. Dans le cadre de la préparation d’une thèse de doctorat14, j’ai en fait procédé en deux temps. Dans un premier temps, il m’a fallu repérer des populations en difficulté à partir des fichiers provenant d’un organisme de protection sociale15. À l’issue d’un examen de la littérature spécialisée, ce choix de méthode s’est traduit ensuite par la réalisation d’une longue enquête au contact direct de la grande pauvreté. Recueillir des témoignages et rencontrer directement ces personnes sur leur lieu de vie, m’ont permis d’être au plus près de la réalité. Peu à peu, j’ai même été amené à traduire une souffrance et à découvrir des situations extrêmes. Il m’a alors fallu jouer un rôle de médiation entre les personnes concernées et un environnement bien plus vaste qui comprenait pêle-mêle des travailleurs sociaux, des associations, des personnels administratifs et, de manière plus symbolique, une communauté bien étrange aux yeux des personnes rencontrées : la communauté universitaire. Autant d’occasions de mesurer la distance qui nous sépare souvent des phénomènes que nous étudions et de comprendre plus aisément le fonctionnement concret des institutions.
Le choix d’une enquête par dépaysement
12Réalisée dans une région que je ne connaissais pas, le département de la Nièvre, cette enquête m’a amené à rencontrer différentes catégories de personnes (des jeunes et des moins jeunes, des chômeurs de longue durée, des personnes handicapées, des allocataires du RMI, des femmes seules…), c’est-à-dire à découvrir toute une palette de situations. Pour établir un climat de confiance et collecter un matériau de recherche, 18 mois ont été nécessaires. Tout au long de la période consacrée au recueil de ces données, tout un dispositif a été mis en place en collaboration avec les travailleurs sociaux. Dans l’ensemble, les familles rencontrées ont saisi l’enjeu de cette étude. Cependant, pour recueillir leur témoignage, il a été souvent nécessaire d’organiser plusieurs rencontres et de leur expliquer au préalable qu’il s’agissait de collecter des informations anonymes et d’approfondir la connaissance des conditions de vie dans nos campagnes, une connaissance qui pourrait, le cas échéant, être utile aux travailleurs sociaux. A l’occasion de nos entrevues, les personnels m’ont fait part également de leur vision des choses. Ils soulignaient régulièrement le fait qu’ils traversaient une période difficile. Submergés par le poids de leurs responsabilités, ils s’interrogeaient sans cesse au sujet de l’efficacité des mesures d’insertion et m’avouaient leur impuissance face à l’arrivée de jeunes couples qui pensaient trouver à la campagne une meilleure qualité de vie et des emplois qualifiés. Largement partagées par les élus locaux et les services déconcentrés de l’État, ces inquiétudes ont été manifestées à l’occasion d’une journée de réflexion au cours de laquelle les participants se sont interrogés sur l’action sociale et ses finalités.
13C’est dans un contexte de redéfinition des fonctions assurées par l’entraide privée et les politiques sociales qu’il convient de préciser l’état d’esprit qui a guidé le bon déroulement de cette enquête. Comme je ne souhaitais en aucun cas que les personnes rencontrées se considèrent comme de simples objets de recherche, j’ai toujours souhaité les amener à livrer leur opinion au sujet de la pauvreté en milieu rural. Par exemple, elles insistaient sur le thème de l’arriération mentale pour apprécier l’origine des difficultés rencontrées dans certaines familles paysannes. Elles s’attachaient à décrire les moments forts de la vie collective de leur village ou elles soulignaient, avec force détails, l’environnement anxiogène dans lequel elles évoluaient. D’autres encore s’intéressaient à la sphère privée ; elles me faisaient part de leur isolement et mentionnaient les effets redoutables d’une inactivité prolongée sur le psychisme. En somme, tous mes interlocuteurs se trouvaient en situation de donner des informations concrètes ou de formuler des interprétations qui, en dépit de leur caractère subjectif, pouvaient être considérées dans notre recherche comme des hypothèses vérifiables. Leurs appréciations personnelles conditionnant la qualité du matériau recueilli, il convenait alors d’appliquer un principe de prudence et de refuser de réinterpréter ce que livrait le terrain à partir d’un schéma préconstruit. Mon principal souci était donc de leur indiquer à ces personnes qu’elles étaient libres de s’exprimer et que, même si nous appartenions à des milieux sociaux différents, nous pouvions avoir des choses à nous dire.
14Ces choses dites, quel que soit leur intérêt, ne pouvaient toutefois constituer un matériau pour une étude sociologique qu’à la condition de rechercher les fonctions que parvenaient à assurer les individus et les formes de rationalité qui sous-tendaient leur action. Parce qu’il fallait reconstituer ici une succession de faits et dégager des constantes, il a fallu simultanément :
15Primo - prendre des distances avec ma propre expérience et considérer que les relations entretenues entre les bénéficiaires de prestations de solidarité et les institutions publiques peuvent être étudiées dans le cadre d’une sociologie qui s’intéresserait au fonctionnement concret des institutions publiques ;
16Secundo - considérer (les propos des personnes rencontrées nous y invitent) que la rationalité limitée des acteurs sous-tend des affects ;16
17Tertio - replacer l’ensemble des données recueillies sur un axe cohérent qu’imposait la présentation d’un travail sous une forme plus littéraire. Le rapport au temps est le schéma de compréhension le plus simple (certaines figures de pauvreté ont déjà étudiés par les historiens et elles renvoient à la mémoire collective, des études décrivent le mode de vie de la petite paysannerie, d’autres problématiques sont apparues plus récemment dans le débat social…) et c’est celui qui a été initialement choisi. En replaçant les figures de pauvreté sur un axe temporel nous retrouvons en somme les différentes orientations qui viennent d’être évoquées. Les unes renvoient aux travaux des ruralistes, les autres insistent davantage sur les effets concrets des politiques sociales sur les conditions de vie des ménages ou s’intéressent à l’enchaînement des phases de désocialisation.
18En vue de traduire des situations concrètes et de proposer une analyse d’ensemble, j’ai été malheureusement amené à dévoiler des situations extrêmes et des logiques tutélaires pour lesquels les outils du sociologue ne suffisaient plus. Au fur et à mesure de l’avancement de mon enquête, j’ai étudié ces mécanismes d’exclusion en introduisant un concept opératoire qualifié d’opacité. Cette méthode m’a permis globalement d’expliquer les principales raisons pour lesquelles certaines situations étaient méconnues ou cachées, de recueillir une plainte, de traduire une souffrance. À la campagne, les exemples ne manquent pas. Après être revenus chez leurs parents, des chômeurs occupent une place de second et dépendent totalement de leur entourage immédiat. Je me suis également aperçu de la dureté des conditions de vie chez certaines personnes handicapées. Dans certains cas, il n’est pas rare en effet qu’elles soient traitées d’incapables et, à l’abri des regards indiscrets, qu’elles soient tout simplement infantilisées. Dans ces familles résolument traditionnelles, on observe des inégalités de traitement entre les aînés et les plus jeunes, entre les hommes et les femmes… Cette donnée fondamentale a été observée à l’occasion de bon nombre d’entretiens. Des hommes m’ont confié sans retenue qu’ils avaient séjourné en prison, consommé de l’alcool en abondance ou vécu dans la rue… mais peu nombreuses étaient les femmes qui abordaient des sujets relevant de leur intimité ou de leur santé. Pour recueillir leur témoignage, il a parfois été nécessaire de concevoir des lieux séparés. À l’insu de leur conjoint, leurs propos en disaient long sur les souffrances endurées et des difficultés matérielles auxquelles elles avaient été confrontées.
L’opacité, mise en place sociale ou défense d’une zone d’incertitude ?
19Sous la trappe de la pauvreté, les mécanismes d’exclusion ne résultent pas seulement d’un affaiblissement des solidarités, ils sont aussi une des conséquences de la crise économique sur les rapports humains. Les personnes rencontrées sur le terrain en étaient parfaitement conscientes. Quand elles parlaient de leurs difficultés quotidiennes, elles mentionnaient qu’elles se sentaient très isolées ou qu’il n’y avait guère de distractions et de perspectives d’emploi. Pourtant, la plupart d’entre elles se sentaient très attachées à leur terroir – elles n’envisageaient que très rarement de s’établir en ville – et se référaient à un âge d’or au cours duquel, dans leur village, il y aurait eu un minimum de cohésion sociale. Dans tous les cas, ces personnes souhaitaient indiquer qu’elles faisaient tout pour s’en sortir et qu’elles ne souhaitaient pas baisser les bras, surtout quand elles avaient des enfants à charge. Pour se rassurer, elles indiquaient souvent que d’autres personnes étaient dans une situation bien pire que la leur. En fait, elles confectionnaient toute une série de recettes psychologiques pour se prémunir d’un danger présumé ou d’une menace. Lorsqu’elles parlaient des raisons pouvant expliquer l’existence de personnes en grande difficulté dans leur entourage immédiat, elles se fondaient sur une série de croyances et de stéréotypes qui nous sont apparues d’une autre époque et ressemblaient finalement à ce que Pierre Bourdieu décrivait comme étant une misère de position. Par exemple, nos interlocuteurs nous ont indiqué la présence, dans leur village, de « bêtiots », « de vieux garçons » ou de « filles un peu simples » qui vivraient (ou auraient vécu) dans le plus total dénuement. La référence implicite à l’inadaptation sociale, à l’arriération mentale et au quotient intellectuel était fréquemment présente dans leur description de la réalité (y compris chez les plus jeunes) et elle renvoie à la distinction que nos sociétés (et les sciences sociales) établissent entre le normal et le pathologique. En somme, les frontières du handicap sont particulièrement poreuses ; les problèmes de santé et les difficultés matérielles se cumulent quand nous avions affaire à des individus sans supports. Or, pour étudier cette période d’instabilité au cours de laquelle les repères se brouillent, nous pourrions admettre, comme c’est le cas dans certaines recherches portant sur le handicap17, que chaque ensemble culturel serait en mesure de proposer des représentations du monde, des modes de prise en charge et des interactions. Ces biais culturels orienteraient l’attitude des individus et semblent indiquer que la dureté des conditions de vie ne saurait se limiter à une liste de besoins non satisfaits.
20Parmi les personnes qui ont été rencontrées, les personnes fragilisées par la maladie (et celles qui étaient atteintes d’un handicap) étaient probablement les plus vulnérables et leur statut n’était pas toujours forcément bien établi. Bien qu’elles fassent l’objet d’une attitude plutôt bienveillante de la part de la population locale, ces personnes occupent une position très inconfortable qu’elles vivent douloureusement. Cela étant dit, il faut tout de même reconnaître que les administrations interprètent souvent la réglementation en leur faveur et que les travailleurs sociaux effectuent tout un travail d’accompagnement. Enfin, des commissions locales se réunissent régulièrement pour résoudre les cas plus urgents. Elles examinent à la loupe les dossiers des demandeurs et les décisions qu’elles prennent font apparaître des ordres de jugement et des topiques de justification comme la compassion ou le mérite18. Lorsqu’elles envisagent d’attribuer une aide financière, elles prennent en considération le nombre de personnes à charge, les droits déjà ouverts et le dossier des demandeurs. Elles calculent le montant d’une aide à accorder ou, en délivrant une carte d’invalidité, elles définissent de fait l’aptitude des plus pauvres au travail. Ces décisions ont un impact très important sur les destins individuels car elles déterminent le montant des aides financières qui leur seront accordées.
21Au-delà des décisions prises pour au cas par cas, nous sommes en mesure d’évaluer les moyens utilisés pour lutter contre la pauvreté et de dresser rapidement le bilan d’une politique. Prenant acte des lois de décentralisation, nous avons consacré à ces questions certains développements de cet ouvrage en soulignant l’existence d’ordres locaux19. Ayant pour titre « Aptitude des pauvres au travail et ordres locaux : de l’opacité à l’employabilité », notre formalisation théorique est partie de l’hypothèse selon laquelle il existait en France un modèle d’administration territoriale20. Tout en insistant sur le fait que l’introduction des dispositifs d’insertion professionnelle aurait inauguré des formes de coopération inédites entre les professionnels de l’action sociale (elles se fondent généralement sur des réseaux de partenaires qui agissent sur un territoire d’intervention et ciblent des destinataires), nous avons été progressivement conduits à considérer que les décisions prises localement seraient le résultat d’un processus de négociation à l’issue duquel sont aménagées des zones de responsabilité. Ce mécanisme est bien connu des spécialistes de la sociologie des organisations et il serait particulièrement présent dans le champ de l’insertion et dans celui du handicap : « au sein d’une coopération obligée, chacun des acteurs a besoin des autres pour atteindre en commun son propre but. Cette relation de coopération structurée, ce véritable construit humain contingent qu’est l’organisation faite de stratégies particulières, débouche sur l’une des notions centrales de l’analyse stratégique : le système d’action concret21 ».
22Faire appel à une sociologie du handicap et s’intéresser aux franges et aux marges de la pauvreté ne correspond pas seulement au choix d’une posture plus incisive car les observations faites sur le terrain montrent qu’entre l’activité et l’inactivité, il existerait des situations intermédiaires (ou de liminalité) au cours desquelles les individus doivent accepter de changer de statut et à faire appel à des organismes spécialisés. Mais la réalité de leur prise en charge n’est pas toujours aussi évidente. Alors qu’ils devraient faire l’objet d’un suivi régulier, j’ai pu constater que les plus démunis auraient parfois tendance à se détourner des aides sociales ou d’attendre trop longtemps avant d’envisager d’être assistés, de peur de porter une étiquette. Au fur et à mesure que leur isolement se prolonge, les difficultés économiques ont de réelles incidences sur la santé, y compris sur la santé mentale. Dans ce cas, certaines personnes se replient souvent sur leur univers domestique ; elles vivent parfois sous l’emprise de leur famille. Elles ont l’impression d’être sous une chape de plomb et expriment le sentiment de ne guère pouvoir évoluer de façon autonome. Un élément tout à fait remarquable lorsqu’on reprend les notes et les extraits d’entretien réside d’ailleurs dans la manière dont elles perçoivent le fonctionnement des administrations. À l’image d’un modèle panoptique qui serait capable d’exercer une microphysique du pouvoir et de maintenir l’ordre social en l’état22, elles imaginent souvent que la société et les institutions forment un système qui serait capable de contrôler et de surveiller leurs comportements. Leur crainte des pouvoirs établis est renforcée par le fait qu’en percevant des prestations sociales, certains allocataires doivent témoigner d’un véritable effort d’insertion pour continuer à bénéficier d’un minimum de ressources garanties.
Des stratégies d’adaptation à découvrir
23Fort heureusement, les plus pauvres parviennent à s’adapter, tant bien que mal, à ces situations contraignantes. Dans la mesure où il leur est difficile d’intégrer rapidement le monde du travail, ils doivent apprendre à faire prévaloir leurs droits. Cependant, les relations qu’ils établissent avec les travailleurs sociaux ne vont pas toujours forcément de soi et elles procèdent tantôt de l’échange, tantôt du conflit. Certains parviennent à établir des relations personnalisées, ils acceptent un suivi médical régulier et souhaitent participer spontanément à une formation professionnelle, tandis que d’autres adoptent une attitude de retrait ou auraient tendance à se détourner des dispositifs institutionnels pour bricoler des solutions alternatives. Quand le déclassement se heurte à l’honneur, on apprend donc les règles implicites de l’assistance, on en contourne d’autres ou on aménage des espaces de liberté en lisière des sentiers balisés. Même si nous ne sommes jamais à l’abri d’appréciations subjectives, de telles pratiques nous invitent à penser que, selon leur univers culturel de référence ou leur position sur le marché du travail, les comportements des individus et leurs modes d’adaptation varient sensiblement.
24De façon à décrire la diversité de ces itinéraires et étudier plus en détail les modes d’adaptation et de résistance au stigmate, il m’a semblé utile de dessiner des situations idéal-typiques en repérant des occurrences. Construite à partir des données recueillies sur le terrain et d’un modèle théorique qui retrace la genèse des systèmes de protection sociale23, cette classification s’inscrit dans la continuité des travaux portant sur les manifestations contemporaines de la pauvreté car elle vise « à expliciter les effets d’ordre macrosociologique, sur les attitudes et les comportements des individus et, en conséquence, les espaces de liberté, même limités, dont ils disposent pour donner du sens à leur expérience sociale24 ». En fait, notre typologie complète les analyses déjà proposées par Dominique Schnapper et Serge Paugam. Elle distingue trois groupes d’individus qualifiés d’employables immédiats, de fragiles et de rebelles. la différence des employables immédiats (groupe 1) qui sont très proches du monde du travail ou pour lesquels le versement d’une aide sociale se présentait d’emblée comme une rampe d’accès vers l’emploi (nous avons finalement les manifestations concrètes de la précarité économique et du travail en miettes), fragiles et rebelles (groupes 2 et 3) sont des types construits empiriquement en recueillant des témoignages et des biographies.
25Les fragiles, que l’on retrouvait déjà dans les premiers travaux réalisés par Serge Paugam25, occupent une position très inconfortable qu’ils vivent douloureusement. Cette catégorie est constituée d’individus qui vivent leur inactivité comme un déclassement social. Qu’elles aient travaillé auparavant dans une usine, dirigé une exploitation agricole, occupé un emploi dans une entreprise commerciale ou effectué des travaux temporaires, là n’est pas la question. L’élément qui caractérise avant tout ces personnes réside dans le fait qu’elles se sentent prisonnières de leur situation et qu’elles se perçoivent comme des inutiles au monde. En règle générale, leur absence de participation à l’activité économique se traduit par une forme de repli sur soi qui entraîne un affaiblissement des liens sociaux, et, à terme, une forme de découragement. Leur dépendance (progressive et inéluctable) vis-à-vis des transferts sociaux se traduit par le sentiment d’être pris dans un engrenage. A moins de retrouver du travail ou de quitter leur région d’origine, la vie quotidienne de ces personnes isolées se résume souvent à subvenir à leurs besoins immédiats. Dans la mesure où elles se considèrent incapables d’améliorer leurs conditions de vie en raison de leurs difficultés matérielles, elles rentrent peu à peu dans le cadre des dispositifs mis en place et rejoignent peu à peu les rangs de l’assistance. Dans ces conditions, leur avenir dépend de leur capacité à mettre en place des stratégies de survie mais il peut être parfois être entre les mains des différents organismes qui sont chargés de leur venir en aide. On peut même penser que leur statut pourrait varier au gré des changements de législation et, qu’en raison de l’application des lois de décentralisation, il pourrait également évoluer en fonction des décisions prises localement par les responsables de l’action sociale et les opérateurs des politiques d’insertion.
26À la différence de ces personnes qui vivent l’expérience de la pauvreté comme un déclassement, les itinéraires des individus qualifiés de rebelles se situent en marge des dispositifs publics et des normes communément admises. Dans notre échantillon qui comprenait au total 250 individus, ils formaient un noyau dur. Bien qu’ils aient en commun le fait d’être mobiles, peu conformistes ou d’être parfois jugés comme des publics difficiles par les travailleurs sociaux, ce qui caractérise ces personnes aux parcours atypiques (on y rencontre notamment des marginaux, d’anciens routards, des nomades sédentarisés et des néo-ruraux), réside dans leur capacité d’adaptation et de résistance au stigmate. Refoulées en dehors du monde du travail à la suite d’une série d’échecs répétés ou d’un événement personnel (maladie, licenciement économique, décès d’un proche, incarcération…), ces personnes souhaitent généralement faire table rase d’un lourd passé et, en règle générale, elles ont trouvé refuge à la campagne parce qu’elles souhaitaient avant tout se réinsérer et construire un projet professionnel original. Ce phénomène qui s’apparente à une forme de « retour à la nature » est particulièrement visible dans les régions qui, des années durant, ont connu un déclin économique particulièrement important et se reconvertissent aujourd’hui dans des activités de tourisme vert, loin des grandes concentrations urbaines. En fait, il y a eu ici un véritable retournement de situation qui est à mettre au crédit des idéologies liées à la défense de l’environnement. Et le phénomène semblerait s’être étendu à la plupart des zones rurales. Tel était d’ailleurs le cas dans notre terrain d’étude. Dans les villages et les hameaux où je les ai rencontrés, ces hommes et ces femmes souhaitaient vivre à l’écart des nuisances urbaines. Ils se caractérisaient par un style de vie non-conformiste et élaboraient tout un discours, parfois très critique, à l’encontre des dirigeants politiques et des institutions. Même si leur intégration à la société locale n’est pas forcément évidente, ces personnes considèrent cependant que leur situation est passagère et qu’elle devrait aller en s’améliorant. Bien que certains d’entre elles dépendent assez largement des prestations sociales pour bénéficier d’un revenu, d’autres mettaient en place de véritables stratégies en essayant, non sans peine, de se s’installer à leur compte comme éleveurs ou artisans. Les uns s’initiaient à l’agriculture biologique, tandis que les autres participaient des échanges de services. En combinant plusieurs activités et en constituant des réseaux informels, ils aménagent des espaces d’autonomie en faisant appel à leur savoir-faire pratique, à leur créativité et à leur imagination. Parce qu’elles défendent une autre vision de l’agriculture et du développement, ces jeunes générations renvoient en tout cas du monde rural français une autre image sociale. Nous consacrerons à ces issues de crise la dernière partie de cet ouvrage.
Notes de bas de page
1 P. Maclouf (dir.), La pauvreté dans le monde rural, Paris, L’Harmattan, 1986.
2 M. Berthod-Wurmser, R. Ollivier, M. Raymond (IGAS), S. Villers, D. Fabre (CGAAER), Pauvreté, précarité, solidarité en milieu rural, Paris, Inspection Générale des Affaires sociales et CGAAER (Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la Pêche), septembre 2009.
3 Pour plus de précisions, voir également : A. Pagès, « Exclusions et vulnérabilités. Solidarités et dépendances », Informations sociales, Paris, CNAF, mars-avril 2011, No 164, PP. 88-96.
4 Données INSEE 2004.
5 D’après les informations recueillies par la mission de l’IGAS et du CGAAER à partir des données de l’INSEE et de la Direction Générale des Impôts, les taux de pauvreté atteignent par exemple 20,2 % des ménages habitant dans les bassins de vie ruraux du département du Nord, 17,3 % dans les zones rurales de l’Aisne, 19,5 % des ménages des zones rurales de la Creuse, 21,6 % de ceux du département Cantal, 17,9 % dans le Lot et Garonne, 21,1 % dans les secteurs ruraux (et viticoles) de l’Aude, 19,6 % dans l’Hérault, 17,6 % dans le Vaucluse et 21,4 % en Corse.
6 J.-L. Brangeon, G. Jégouzo, B. Roze, Richesse et pauvreté en agriculture, Paris, Economica, 1998.
7 Voir notamment N. Mathieu, P. Duboscq (dir.), Voyage en France par les pays ruraux de faible densité, Editions du CNRS, Toulouse, 1985.
Plus récemment : N. Mathieu, « Les approches géographiques de l’exclusion sociale », Economie rurale, 1997, no 242. pp. 21-27.
Il me semble enfin très important de saluer la mémoire et les travaux d’Emmanuelle Bonerandi, maître de conférences en géographie à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Disparue soudainement en janvier 2011, Emmanuelle Bonerandi a apporté une contribution à l’étude des modes de vie des populations qui résident dans les bassins ruraux industrialisés et, depuis ces dernières années, avait proposé une analyse des nouvelles dimensions de la précarité économique dans les secteurs ruraux et périurbains de la région Rhône-Alpes et du département de l’Ain.
8 A. Sauvy, « Dépeuplement rural et peuplement rationnel », Travaux et documents de l’INED, Cahiers no 8, 1949.
9 A.M. Guillemard, La vieillesse et l’Etat, Paris, PUF, 1980
10 R. Salais et autres, L’invention du chômage, Paris, PUF, 1986.
11 G. Simmel, Les pauvres, Paris, PUF, Coll. Quadrige, 1998 (édition originale, 1908).
12 Voir notamment : C. Bec, L’assistance en démocratie, Paris, Belin, 1998.
13 S. Paugam, La disqualification sociale. Essai sur la nouvelle pauvreté, Paris, PUF, 1991. S. Paugam, Les formes élémentaires de la pauvreté, Paris, PUF, 2005.
14 A. Pagès, La pauvreté en milieu rural, Thèse pour le doctorat en sociologie, Université Paris V René Descartes, janvier 2000.
15 L’objectif de ce premier travail réalisé en 1995 était d’effectuer un premier repérage en essayant de connaître la structure des bénéficiaires des prestations de solidarité versées par les caisses de la Mutualité Sociale Agricole et de croiser ces données avec des données nationales.
16 L’opacité désigne simultanément une mise en place sociale, la défense d’une zone d’incertitude et le maintien de droits irrationnels au sens où l’entendait Weber.
17 M. Calvez, Le handicap comme situation de seuil. Eléments pour une sociologie de la liminalité, Sciences sociales et santé, vol XII, no 1, mars 1994, pp. 61-84.
18 I. Astier, RMI et souci d’insertion, Paris, Desclée de Brower, 1997.
D. Fassin Charité bien ordonnée. Principes de justice et pratiques de jugement dans l’attribution des aides d’urgence, Revue française de sociologie, no 42-3, 2001, pp. 437-475.
19 Au sujet des modes de régulation locaux : E. Friedberg, Le pouvoir et la règle. Dynamiques de l’action organisée, Paris, Seuil, 1993, pp. 167-183.
20 P. Grémion, Le pouvoir périphérique. Bureaucrates et notables dans le système politique français, Paris, Seuil, 1976.
21 A. Blanc, Les handicapés au travail. Analyse sociologique d’un dispositif d’insertion professionnelle, Paris, Dunod, 1999, p. 63.
22 À propos du Panopticon conçu par J. Bentham : M. Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Galllimard, 1975.
23 A. de Swaan, Sous l’aile protectrice de l’Etat, Paris, PUF, 1995.
24 D. Schnapper, La compréhension sociologique. Démarche de l’analyse typologique, Paris, PUF, 1999, p. 53.
25 S. Paugam, La disqualification sociale, op. cit., 4ème édition, pp. 53-82.
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La pauvreté en milieu rural
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