Le sexe sans poésie
La délinquance sexuelle à Cuenca à l'époque moderne (1542-1616)
p. 137-149
Texte intégral
1Le titre bizarre que nous avons choisi pour la présente étude ne renvoie pas seulement par antithèse à un fameux recueil de poèmes érotiques du Siècle d'or à l'élaboration duquel est attaché le nom de l'hispaniste à qui cet hommage est adressé1. Notre titre veut aussi, en passant du terrain de l'érotisme à celui de la sexualité, du domaine des représentations à celui des comportements observables dans les sociétés réelles, souligner le poids d'une absence : l'histoire de la sexualité en Espagne est proprement inexistante. Nous en ignorons à peu près tout, y compris pour l'époque la plus prestigieuse, celle de « l'hégémonie espagnole », celle des Cervantès, des Gongora, des Lope de Vega et des Calderon, encore que pour cette période, il est vrai, nous possédions une masse non négligeable de documents décemment édités ainsi que d'études qui, malgré un point de vue volontiers particulier, témoignent néanmoins de la féconde extension du thème, de son intérêt, de son attrait.
2Mais tout cela demeure très insuffisant. En dépit de la persistance de ce genre de curiosité, la vie sexuelle des Espagnols du Siècle d'Or est bien loin de nous avoir livré tous ses secrets. Elle a en effet presque toujours été perçue à travers des sources littéraires, abondantes mais à la manipulation délicate2, et n'a pas encore fait l'objet d'enquêtes systématiques dans les nombreux dépôts d'archives susceptibles de livrer des informations sérielles ou quantifiables. Nous pensons bien entendu aux archives ecclésiastiques, si peu explorées encore à l'heure actuelle, mais il en existe d'autres, notariales et criminelles notamment, qui revêtent pour la connaissance d'un sujet comme celui qui nous retient aujourd'hui une importance capitale. C'est avec le secours de ce dernier type de sources que nous allons tenter de soulever un coin de ce voile d'ignorance et de fausse pudeur qui jusqu'à maintenant a préservé de toute atteinte l'intimité de tant d'hommes et de femmes à jamais couchée dans d'innombrables liasses closes aux feuillets jaunis. La matière est fort étendue, l'espace imparti pour la loger, des plus réduits. Que le lecteur veuille bien nous payer d'indulgence et prendre ces lignes pour ce qu'elles sont : une simple introduction descriptive.
I
3Alors qu'elles abondent pour l'ancienne couronne d’Aragon, les archives criminelles n'ont que rarement été conservées dans celles de Castille et encore, lorsqu'elles existent, se présentent-elles dans un état si lacunaire et désordonné (avant le XVIIIe siècle) que la peur de s'y perdre et d'y perdre son temps décourage volontiers l'enquêteur le plus obstiné. Une série de hasards a fait que la ville de Cuenca possède, mêlée aux minutes des anciens notaires de la cité, une importante collection de procès criminels provenant du greffe de la justice civile.
4Ces affaires, fort variées et encore plus maltraitées par le temps, correspondent à une période longue d'un siècle environ, allant des années 1530 aux années 1640. Parmi ce bon millier de dossiers, en désordre et souvent incomplets, se trouvent 120 procès pour attentats divers en matière de mœurs qui constituent les sources de la présente étude. Le premier date de 1542, le dernier de 16163. La répartition chronologique de notre échantillon est la suivante :
TABLEAU I - Chronologie des délits (tous types confondus)
1542-1546 | 10 | 1582-1586 | 12 |
1547-1551 | 8 | 1587-1591 | 4 |
1552-1556 | 16 | 1592-1596 | 14 |
1557-1561 | 8 | 1597-1601 | 12 |
1562-1566 | 5 | 1602-1606 | 8 |
1567-1571 | 5 | 1607-1611 | 6 |
1572-1576 | 4 | 1612-1616 | 4 |
1577-1581 | 2 | TOTAL | 120 |
5L'on remarquera la dépression, pour ainsi dire, des années 1560-1580. Mais il faut se garder de vouloir tirer trop de conslusions de ce tableau. Les chiffres sont trop faibles et surtout, l'échantillon nous apparaît comme trop incomplet pour en déduire une quelconque périodisantion des moments de tiédeur et des montées de fièvre dans la ville du Júcar. Malheureusement pour nous, rien ne peut nous permettre d'évaluer les lacunes avec exactitude, ni même de détecter pour quelles périodes elles sont les plus importantes.
6Cuenca avait vers 1540 quelque 8 700 habitants possédant un domicile fixe (clergé régulier exclu)4. En 1560, ils étaient 13 000 environ, de même que durant les années 1580, chiffre qui s'était encore un peu accru à la fin du siècle : en 1597 furent recensés 3083 vecinos5. Mais, et pour le thème qui nous retient aujourd’hui ceci est essentiel, il s'agissait d'une ville « industrielle » (drapière) et exportatrice de laine, tête d'une des grandes cañadas de la Mesta, à la population fort mêlée et qui attirait saisonnièrement d'importants afflux de main-d’œuvre extérieure, particulièrement nombreuse au cours des mois de juin et de juillet, époque où la laine était lavée avant d'être exportée. Nous n'allons pas nous étendre sur les caractéristiques d'une telle population. Les rapports liant notre sujet d'investigation et l'existence d'un fort contingent d'hommes jeunes, dépourvus de compagne légale et peu ou point enracinés dans la vie locale, sautent aux yeux.
7C'est partant de ces considérations, ainsi que d'autres plus techniques (mais nous n'allons pas ennuyer le lecteur avec l'exposé circonstancié de nos tentatives de vérification) que nous pensons pouvoir avancer que les pertes doivent être estimées à 70 % ou même 80 % du total des procès. En d'autres termes, cela signifie que notre échantillon retient entre le tiers et le cinquième des affaires de mœurs ayant été jugées. C'est peu, mais c'est déjà quelque chose et en tout état de cause, il faut bien se contenter de ce que les archives ont heureusement préservé. Quittons par conséquent sans plus tarder le terrain de la périodisation des flux pour passer à l'analyse typologique des délits qui, elle, va s'avérer infiniment plus féconde.
TABLEAU II - Typologie des délits

8Ce tableau appelle plusieurs remarques.
9Les délits, on le voit, ont été classés par ordre décroissant d'importance quantitative et non qualitative car du point de vue de la gravité de l'acte, l'adultère était un des moins répréhensibles (nous ne nous posons pas le problème du déshonneur que la chose entraînait pour les femmes impliquées dans ce genre d'affaires) alors que l'amancebamiento, mais surtout la séduction de jeunes filles, le viol ou l'inceste l'étaient infiniment plus. De même, parmi les délits que nous avons regroupés sous la rubrique « mauvaise vie » nous avons classé aussi bien des désordres survenant couramment dans les tavernes, dans les auberges ou dans le quartier du bordel (la plupart du temps ils mettaient en scène les classiques acteurs de la vie picaresque, des gens sans honneur) que de très graves attentats perpétrés à l'encontre d'honnêtes épouses, de maisons respectables, délits qui étaient plutôt le fait d'une certaine jeunesse dorée dissolue, des mâles des clans les plus en vue dominant la cité.
10On ne s'étonnera pas de constater l'absence de la bigamie. La répression de ce délit incombait en effet au Saint-Office lequel l'avait pour ainsi dire complètement annexé en Castille dès la fin des années 1540 (antérieurement pour la couronne d'Aragon) non sans avoir dû livrer une rude bataille avec les juridictions épiscopale et civile6. C'est donc dans les archives de l'Inquisition de Cuenca qu'on trouve la très importante série de procès correspondants qui attendent encore qu'un historien s'y intéresse.
11En revanche, il est plus anormal de ne trouver aucun cas de sodomie, crime qui dans la couronne de Castille échappait entièrement au Saint-Office depuis les années 15107. La sodomie ou pecado nefando, qui incluait aussi bien les contacts sexuels avec des animaux (sodomía bestial) que l'homosexualité pure et simple ou encore les actes « contre nature » au cours de rapports hétérosexuels, fut extrêmement poursuivie par les juges civils castillans, et avec la plus grande sévérité (l'homosexualité masculine principalement et, pour certains tribunaux, exclusivement)8. L'absence totale de procès de ce type dans les fonds conservés à Cuenca ne relève d'aucune explication convaincante, d'autant plus que nous possédons le témoignage d'un jeune homme brûlé pour ce crime à Valence en 1574 montrant, s'il en était besoin, que dans la ville du Júcar les pratiques homosexuelles étaient loin d'être inconnues9. Il faut donc déplorer les lacunes des sources mais aussi, constatant l'inexistence de dénonciations dans l'état actuel de nos connaissances, conclure à une forte étanchéité des milieux marginaux où pouvait le plus proliférer le « péché abominable » (travailleurs saisonniers, pauvres, etc.) ainsi qu'à une complicité sans faille, au sein des milieux intégrés, entre maîtres et serviteurs (Église, noblesse) ou entre maîtres-patrons et apprentis (artisanat et commerce).
12Enfin, notre dernière remarque concerne le clergé. Les cas répertoriés dans notre tableau impliquant des ecclésiastiques peuvent en effet surprendre dans la mesure où les hommes d'Église ne comparaissaient pas devant des cours séculières. L'Inquisition avait du reste pris en charge la répression de l'important délit de sollicitation (important par le nombre de cas mais surtout eu égard à la conjoncture contre-réformiste du moment) ainsi que d'autres infractions plus rarement constatées, comme le mariage des prêtres10. Aussi ne s'agit-il pas, dans notre statistique, de procès intentés directement à des religieux ou, du moins, de poursuites motivées par un délit strictement sexuel. Dans les cas d'adultère, c'est la femme fautive qui est poursuivie, c'est son procès que nous possédons. Nous avons seulement souligné le fait que le partenaire incriminé est un ecclésiastique, mais il va de soi qu’il ne relevait pas de la justice du corrégidor mais de celle de son évêque. En revanche, dans les autres affaires notées « infractions d'ecclésiatiques », c'est bien cette catégorie de la population qui est visée, mais seulement pour des demandes de réparations découlant d’affaires sexuelles : telle ancienne maîtresse d’un curé qui lui demande une pension pour élever l'enfant qu'il lui a fait, par exemple. Il est cependant une importante exception : le cas du chanoine Pedro Rodríguez del Pozo, responsable des pires désordres nocturnes, que nous retrouverons plus bas. Ce type de causes, qui mobilise souvent de très nombreux témoins, jette une lumière des plus concrètes et des plus intéressantes sur les mœurs cléricales à cette époque cruciale où tout un monde, qu'on appellera pré-tridentin, est probablement en train de disparaître.
13Au terme de ces différentes mises au point, force nous est de constater que nos archives ne nous permettent de connaître qu'un éventail fort réduit de pratiques sexuelles illégitimes ou périphériques. Ce sont justement les plus quotidiennes, les plus banales que nous allons saisir, celles qui correspondent aux habitudes physiques et mentales les plus enracinées dans la vie collective. C'est ce qui fait leur intérêt.
14Globalement, près de 86 pour cent des procès (et plus de 90 pour cent si nous incluons les viols) concernent deux grandes familles, ou sortes, de pratiques. Nous avons d'un côté l'adultère et le concubinage (46,6 %) autrement dit, la forme d'illégitimité la plus massive, la plus discrète aussi dans la mesure où la femme est consentante et ne porte pas plainte. Nous y reviendrons. De l'autre côté, le groupe de délits incluant la séduction de jeunes filles, la « mauvaise vie » et le viol, remarquablement équilibré par rapport au premier (44,1 % des causes conservées) concerne une sexualité d'exception, pour ainsi dire, marquée par le scandale, par une violence plurielle et volontiers excessive. Elle était riche en répercussions sociales déstabilisatrices mais profondément ancrée (du moins telle est notre impression) dans le gestus social du sexe. De la sorte, elle n’était pas primordialement subversive. Cet enracinement des facteurs centrifuges représenta le plus grand obstacle pour l'implantation de la nouvelle discipline des corps passant par une nouvelle criminalisation de cette sorte de violence. C'est alors qu'elle deviendra une des formes majeures de la subversion sociale, une des grandes figures du désordre. Mais l'histoire de ce combat qui débute durant la seconde moitié du XVIe siècle reste à faire.
II
15Notre analyse des comportements sexuels illégitimes débutera par un aperçu global de la localisation sociale des acteurs. Celui-ci nous est donné par le tableau III, à partir duquel nous allons mettre en relief les aspects qui nous paraissent mériter la plus grande attention.
TABLEAU III - Sociologie

16L'ensemble des 120 procès permet d'isoler 348 personnes directement impliquées dans les pratiques incriminées, soit une moyenne de presque trois intervenants par affaire. On voit que nous sommes loin (comment dirons-nous ?) de l'orgie permanente, mais aussi que la sexualité des marges possède son petit piment de pluralité. Et lorsque nous aurons dit que nos acteurs sont 214 hommes (61,5 %) et 134 femmes, on aura compris que la figure de base réunissait deux hommes et une femme plutôt que le contraire. De là à penser que ces prouesses pouvaient servir d'exutoire pour une certaine homosexualité masculine inavouée il n'y a qu'un pas, que cependant nous nous garderons bien de franchir. Nous citerons en revanche un cas exceptionnel qui ne confirme pas obligatoirement la règle. En mai 1544, Melchor de Cólliga, pescador, en compagnie de Juan de Peñalver, herrero et de Miguel de Rojas, tejedor, emmenèrent sur les rives du Júcar cinq femmes « a merendar » et nous savons qu’au moins l'une d'entre elles, Catalina Alvarez (la seule qui soit identifiée, car c'est son mari qui porte plainte) eut des rapports sexuels avec deux des galants au cours de cette partie de campagne11. Mais nous sommes en 1544...
17Sexualité relativement plurielle, peut-être, mais certainement sexualité violente. La violence est partout présente, non seulement dans les viols, qui sont atroces, mais dans les figures les plus inattendues de la séduction. Cette violence est principalement le fait des hommes et ne se cantonne pas à la seule sphère du sexuel. Au contraire, elle est première, ou fondatrice, dirons-nous, d'un style de rapports réglant le jeu des solidarités, d'une manière commune de marquer les frontières, la primauté des mâles dans un espace raréfié où la transgression sexuelle, bien qu'elle ne soit pas le seul élément à prendre en compte, joue un rôle essentiel. C'est pourquoi nous omettrons d’entreprendre ici l'analyse de cette réalité plurielle et complexe.
18Car nous nous en tiendrons à la seule étude des femmes et laisserons celle des acteurs masculins pour une autre occasion, les limitations d'espace nous contraignant à faire un choix. Elles sont donc 134, soit 38,5 % de notre échantillon. La liste des professions est conforme à ce qu'on pouvait attendre connaissant la ville et l'époque. 31 d'entre elles (23 % de la population féminine) n'ont pas de profession, ce qui ne veut pas dire grand-chose, car les femmes travaillaient de mille manières, sinon qu’elles n’assument pas la responsabilité de compétences rémunérées. Ces dernières, nous les trouvons dans notre liste, pour de petits contingents, et elles sont classiques : les femmes hortelanas, labradoras, pastoras, tenderas, panaderas ou especieras, mesoneras ou taberneras, comadres, figurent dans tous les recensements de population urbaine, dans des proportions comparables aux nôtres. Nous remarquerons néanmoins le poids relatif des métiers du textile, parfaitement en accord avec la vocation drapière de la ville de Cuenca. Le second contingent féminin par ordre de grandeur correspond à la domesticité. Ce fort pourcentage de servantes (18 % des femmes) reflète bien un des traits caractéristiques de la condition des filles du peuple, placées dans des maisons, nobles, bourgeoises, mais aussi d'artisans petits ou moyens, dès leur plus jeune âge (dès 8 ans, mais le plus souvent 12). Il reflète aussi, car il est clairement surdéterminé, une autre servitude plus douloureuse, celle d'être la cible préférée de la lubricité des maîtres.
19Au troisième rang viennent les prostituées et assimilées (13,5 %). En effet, les femmes du « público » étaient fort peu nombreuses à Cuenca, semble-t-il. En mars 1571 elles n'étaient que deux12. Deux ans plus tard elles étaient trois. C'était à l'évidence insuffisant pour une ville comme la nôtre. Mais il y avait les périphériques, si l'on peut dire, telle Maria Lucas, de 26 ans, célibataire, qui vivait « de hilar y de hacer costura » en compagnie de sa mère, Ana López de Palacios qui lui servait de maquerelle. C'est ce que nous apprenons grâce au procès intenté contre elle par le corrégidor en février 1597 car elle « vive con mucha libertad y escándalo de los vecinos del barrio donde vive porque entran en su casa a todas horas mucha gente de diferentes hábitos a tratar con la susodicha torpe y deshonestamente »13. Les auberges et les tavernes faisaient probablement office d'annexes du bordel dans bien des cas. Plusieurs affaires en témoignent dont celle-ci, qui date de 1603. Le 24 mars de cette année le corrégidor mit en prison Yuste de Castro, tabernero, car chez lui « se hacen muchos embustes e bellaquerías ansí de juegos, de comidas desordenadas como de otras maldades » au nombre desquelles est citée l'activité de Petronila de Hergueta (elle a abandonné depuis un an le domicile conjugal) et d'une autre femme mariée (c'est pourquoi son nom n'est pas donné), « mujeres de buen parecer », car « con ellas entran hombres casados y pobres oficiales con muchos hijos y allí gastan sus haciendas »14.
20Nous trouvons quatre veuves seulement et c'est par elles que nous allons commencer. Nous disons seulement car l'idée que les veuves (malgré la tutelle paternelle ou fraternelle qu'elles devaient subir en principe) jouissaient d'une plus grande liberté de mouvement semble bien établie et en conséquence, eu égard à leur grand nombre (elles représentaient 18,1 % des vecinos de Cuenca en 1537 et 15,6 % en 1586) et à leur non moins grande pauvreté (60 % en moyenne sont qualifiées de « pobres ») l'on pouvait s'attendre à les voir plus présentes sur ce front L'on en voit de vertueuses, comme celle qui en 1616 sut résister héroïquement aux assauts du plus turbulent séducteur du moment Andrés del Moral, lequel entra dans sa maison par une fenêtre, « se llegó a ella que estaba asentada en una mesa y allí forcejó con ella procurando alzarla las faldas y tener cuenta carnal con ella, y traía los calzones caídos ». Mais « esta testigo se defendió con una espada »15. Il y en a qui eurent moins de chance, telle Isabel de Alarcón qui en mai 1595 a dû quitter son Buenache de la Sierra pour s'installer à Cuenca, fuyant le déshonneur causé par son accouchement alors qu'elle est veuve « y en tal hábito anda »16. Tout d'un coup « se publicó por el lugar que Francisco del Pozo la tenía preñada y que el susodicho la había empreñado en el campo, segando la susodicha con el dicho Francisco del Pozo ». Celui-ci ne veut pas entendre parler de mariage. Il paiera l'entretien de l'enfant. Le père de la veuve est conscient que sa fille « por causa de haber parido está deshonrada y no se ha casado ni se casará si no fuese con mucha pérdida de su honor ». Néanmoins il refuse de garder le nouveau-né afin que « no tuviese ocasión el dicho Francisco del Pozo de empreñarla otra vez a su hija ni tuviese cuenta con ella ». Parions qu'une fois dans la capitale de la province elle finira mal. Mais ce que disait le père de l'infortunée Isabel était sans doute plus vrai à la campagne qu'à la ville, où le passage du temps n'avait fait qu'accentuer la pression du code de l'honneur lié à la sexualité. Où María de Ormallones sut mieux s'y prendre. Car en 1542 cette dernière, alors qu'elle était veuve, avait accouché à Cuenca d'une fillette dont le père était un certain licencié en médecine qui s'était empressé de vider les lieux sitôt la bonne nouvelle parvenue jusqu'à ses oreilles17. Il déclarerait pour justifier son refus de payer quoi que ce fût que « por las tres veces que se echó con ella » on n'allait pas lui faire croire que l'enfant était de lui, sans compter que pour ces trois fois « le dio veinte e ocho o veinte e nueve maravedís ». Car le nouveau mari de la veuve, Cristóbal de Orbaneja, le poursuivit afin qu'il remboursât le montant les frais entraînés par « la crianza de la criatura ».
21À l'inverse des veuves, les célibataires sont légion (60 %). Rien d'étonnant à cela dans la mesure où, d'une part la virginité des jeunes filles était extrêmement surveillée pour les raisons sociales que chacun connaît et donc toute infraction dans ce domaine était suivie de représailles et d'autre part, la majorité des femmes « libres » était célibataire. C'est la série de procès pour « rompimiento y corrupción » de jeunes filles qui présente le plus grand intérêt. L'on y voit merveilleusement bien fonctionner les mécanismes de solidarité qui protègent les personnes du sexe (ou qui à l'inverse les exposent, lorsqu'elles viennent de la campagne et ne sont pas intégrées à ceux de la ville), l'on y saisit le rôle joué par la circulation des femmes dans les rapports entre les clans, la vitalité de certaines dynamiques de pouvoir. L’on y voit plus, aussi, et autre chose.
22Par exemple Isabel de Villanueva, fille de Martín Rubio, paysan de Santa María del Campo, si belle que « se la pedían [a su padre] por mujer para se casar con ella mancebos ricos e hidalgos, sin ninguna dote »18. Mais le 20 mai 1554, a onze heures du soir, Pedro de Floresta, âgé de 50 ans, marié et oncle de la jeune fille, « escaló las dichas casas del dicho Martín Rubio y entró en ellas por encima de las paredes y llevó robada a Isabel de Villanueva, siendo doncella virgen, honesta y honrada y recogida... ». Condamné à mort pour enlèvement de vierge et inceste, poursuivi par la Santa Hermandad, il se réfugia avec Isabel dans l'église de son village, El Cañavate où, « como es muy emparentado en la dicha villa, vinieron en su favor más de cien hombres armados a sacarle de la dicha iglesia e aunque los dichos alcaldes de Alcañavate le pudieran prender y sacar de la iglesia e dar favor e ayuda a los dichos alcaldes de hermandad, como eran sus parientes, disimulaban e consentían y le subían comida cuando la pedía ». Laissons le séducteur aux prises avec la justice et rapportons plutôt quelques extraits de son long plaidoyer.
23Au moment des faits, il logeait chez Martín Rubio car il était « enseñando a tejer mantelería » aux deux filles de ce dernier.
Bajando un día a almorzar de la cámara do tejían, abajando la escalera abajó una hija del dicho Martín Rubio que se llama Isabela (...) e le echó los brazos a los hombros y este confesante le dijo estad queda y abajaron a almorzar y después, tomados a la cámara do tejían le dijo la dicha Isabel (...) : « Si vos hiciésedes lo que yo querría, teneros ya por quien sois » y este confesante le dijo : « ¿ Para qué os queréis vos echar a perder conmigo, siendo yo viejo y casado e teniendo hijos e mujer, pues yo no puedo gozar de vos ni vos de mí ? » y la dicha Isabel Rubia dijo : « Más preciaría tener de vos un muchacho que del Emperador porque tengo confianza que habéis de matar a vuestra mujer » y est confesante respondió : « Nunca Dios quiera que yo mate mi mujer que es madre de mis hijos e temo que hay Dios en el cielo e infierno para castigar los que mal hacen » (...) e otro día le hizo [ella] caer encima de una cadira e le tomó en su mano su miembro a este confesante e se lo sacó de la bragueta e le dijo que se echase con ella, que le daría dineros e un anillo de plata.
24Il résista à cet assaut, ainsi qu'au suivant où, dit-il, elle « Le sacó arrastrando desnudo de la cama e dio en el suelo con él » et au troisième au cours duquel « tornó a echar mano deste confesante e dio con él en la cama ». Au quatrième il fut vaincu et ne la trouvant pas vierge, elle lui avoua que c'était un « estudiante deudo suyo » qui la « corrompió e hubo su virginidad ». La passion qui les liait désormais prenait un tour des plus scabreux. Pedro de Floresta continue : « Un día, hora de mediodía, estando juntos este confesante e la dicha Isabel Rubia, teniéndola arrimada a un telar donde la susodicha tejía, teniendo que hacer con ella carnalmente, lo vio el dicho Martín Rubio, padre de la dicha Isabel Rubia y lo disimuló y este confesante, como lo vio tan cerca, se apartó de la dicha Isabel Rubia y se atacó la bragueta delante del dicho su padre »19. Au vu de toutes les pièces, notre impression est que l'accusé dit pour une bonne part la vérité.
III
25Nous tenons, pour finir, à commenter brièvement les trois cas, au caractère exceptionnel, placés à la fin du tableau II (inceste, traite des blanches et « folklore ») ne serait-ce qu'en raison de leur singularité qui les distingue et les rend par définition attrayants. Néanmoins, prenons garde à ne pas mal interpréter le facteur quantitatif : l'unicité de chacune de ces affaires ne leur ôte pas, loin s'en faut, le côté exemplaire, n'en supprime pas, bien au contraire, les aspects révélateurs de l'existence de nombreuses pratiques enfouies, secrètes, difficiles à saisir à travers les archives. Par conséquent, nous n’aurons pas affaire ici (car rien ne nous autorise à l'affirmer) à des pratiques ressortissant à une sexualité d'exception à l'instar de celles que nous avons signalées plus haut. Nous sommes simplement placés devant des cas individuels, uniques, à prendre pour autant de signes révélateurs de réalités encore mal perçues, car mal documentées, en raison certainement de la plus grande résistance qu'elles offrent à toute forme de publicité.
26L'inceste est une de celles-là, c'est la raison pour laquelle nous sommes si mal renseignés à son sujet. L'affaire que nous allons évoquer fut jugée à Cuenca en 1570. Elle sanctionne des amours coupables entre frère et sœur ou plus exactement entre demi-frères20. Alvaro de Mata, pastelero, âgé de 40 ans, et Francisca Hernández, de moins de 25 ans, furent conduits dans les prisons de la ville un soir de la fin du mois de juillet 1569 par le teniente de corregidor Diego de Miranda car ils vivaient sous le même toit alors qu'ils étaient célibataires et il les avait trouvés « desnudos en una cama » (c'est la formule stéréotypée d'arrestation des concubins qui devaient être pris la main dans le sac, si l'on veut bien nous passer l'expression). Ils étaient originaires d'Astorga et résidaient à Cuenca depuis un an et demi. Francisca déclara qu'Alvaro de Mata l’avait emmenée de sa maragatería natale (où elle était servante chez le corrégidor) « con palabra de casamiento » mais que divers contretemps avaient retardé cette nécessaire normalisation de la situation. En réalité l'affaire de concubinage serait vite abandonnée au profit de l'inceste car de nombreux témoins déposèrent dans ce sens : les prévenus étaient frères parce que c'est ainsi qu'ils s'étaient toujours présentés et comme tels ils se traitaient en public aussi bien qu’en privé. Francisca expliqua alors qu'Alvaro, absent d'Astorga depuis dix-sept ans, s’était présenté un beau jour chez le corrégidor pour la réclamer, disant être son frère et désirant « casarla y remediarla ». C'est alors que, en dépit de la farouche résistance qu'elle ne manqua pas de lui opposer « viniendo por el camino tuvo el dicho Alvaro de Mata acceso camal con ella » lui disant « que si se quería venir con él, que la trataría bien y lo haría bien con ella ». Tout cela fut nié par le prévenu qui avoua avoir menti sur le degré de parenté afin de pouvoir sortir la fille de la maison du corregidor afin de l'établir, par pur esprit de charité chrétienne, mais il reconnut le harcèlement sexuel et la proposition de vie commune et d'assistance.
27Nous ne suivrons pas davantage le déroulement de ce procès très compliqué, en raison principalement de la difficulté qu'il y eut à établir la parenté des prévenus. Ce qui détermina l'action de la justice, ce furent les plaintes des voisins scandalisés qui de plus en plus nombreux et de plus en plus fort disaient « que tenían que ser quemados » (intéressante extension populaire du modèle de châtiment réservé principalement à l'hérésie). En réalité la hargne du voisinage avait été provoquée par une grave dégradation des rapports entretenus par les concubins incestueux qui conduisit leur relation sur la voie du scandale et donc de l'inadmissible. Francisca était devenue jalouse. Dès lors qu'elle s'était trouvée enceinte, quelque chose avait changé dans l'attitude de son frère qui lui faisait craindre le pire. Elle se mit à le désavouer en public, à lui manquer au respect en même temps qu'elle chassait de la maison les femmes qui venaient trouver son frère (n'oublions pas qu'il avait une boutique chez lui, c'était rue de la Pellejería, mauvais quartier du reste). Les témoins sont à ce sujet très explicites. L'un d'entre eux (le troisième à comparaître, c'est une voisine) résume bien la situation : « Y tratando con ella, si veía entrar algunas mujeres, decía : “¿ Qué tengo yo de deprender, señora, de mi hermano, que mete a las putas en mi casa ? Mas enfin, yo tengo de ser la señora y poseedora de todo y las otras se irán para putas, que esta hacienda de mi hermano para mí es” ». Les biens en question n'étaient pas très abondants, mais méritaient tout de même quelque considération : une maison à Astorga, une vigne moyenne et quinze ruches à Cuenca, plus tout ce qu'il avait occulté : « mucha hacienda en trigo, dinero, ajuar y mucha ropa buena » aux dires de l'alguacil. Il possédait en outre trois livres, dont deux en latin (seul « un Virgilio » est identifié). Il fut condamné à deux cents coups de fouet, six ans de galères (commués par la suite en exil et 50 ducats) et 50 ducats d'amende. Sa demi-sœur, au bannissement perpétuel de la ville de Cuenca et de son district, à cent coups de fouet et à 6 000 maravedís (16 ducats) d'amende. Ils furent fouettés le 16 février 1570 au cours du traditionnel parcours de l'infamie, « sacados de la dicha cárcel y prisión donde estaban, caballeros en sendos asnos de albarda, desnudos en carnes hasta las cinturas y con sendas sogas de esparto a las gargantas que les ataba pies y manos ». Le pregón précédant chaque série de coups commençait par ces mots : « Esta es la justicia que manda hacer Su Majestad y el Señor Corregidor... » et finissait ainsi : « Quien tal hizo que tal pague », selon le formulaire en vigueur.
28Bien des traits du discours des différents témoins, du climat de cette histoire nous ont convaincu de sa relative banalité, mais nous n'allons pas spéculer à ce propos. Trois facteurs nous paraissent mériter qu'on les souligne. En premier lieu, l'arrière-plan social de ces deux vies ne manque pas d'intérêt. Nous y retrouvons la fille pauvre, orpheline depuis longtemps au moment où se présente son demi-frère, sans protection, privée du bénéfice des solidarités fondamentales dans le cadre urbain typique d'une ville industrielle qui est un pôle d'attraction (les années 1570, le meilleur moment de Cuenca). L’on y voit aussi autre chose : de la lecture du procès se dégage l'impression que les milieux populaires pouvaient tolérer ce genre d'écarts pourvu qu'il ne s'en suivît aucun scandale. Les prévenus vivaient sans se cacher (dans le quartier de la boucherie, à côté de la zone du bordel, certes), recevaient de nombreux amis, étaient de petits commerçants sans histoires. La première fausse note, la grossesse de Francisca, fut très mal accueillie par le voisinage : l'évidence palpable de la copulation incestueuse fut perçue comme une menace. L'exhibitionnisme agressif de la jeune femme, visant la réputation des épouses des artisans du quartier, acheva de mettre le feu aux poudres.
29Enfin, notre histoire, mais nous ne l'avons pas fait sentir jusqu'ici, tant il est difficile de transformer en discours historique l'extraordinaire présence des palpitations concrètes du passé que conservent parfois certains documents forts, notre histoire, enfin, est une histoire d'amour. À travers elle est affirmée, dans une absence totale de discours de repentir ou de culpabilisation, avec une étrange positivité, la vitalité de sentiments et de liens de solidarité dont nous avons aujourd'hui perdu la clé, dont nous mesurons mal le dynamisme.
30La seconde affaire singulière que nous allons exposer – la traite des blanches – possède une dimension plus généralement sociale. Le 23 mars 1549, le corrégidor de Cuenca, le licencié Villafañe, informé « que Alonso de Mata, padre de las mozas, ha vendido a muchas mozas a moriscos de Valencia y otras partes sin Ucencia de sus padres o curadores », demande l'ouverture d'un enquête21. Les témoins convoqués confirment ces dires, en particulier Luis Valle de Madrid, caballero et regidor, qui fait une déposition accablante. Il précise en particulier que Mata a remis certaines des jeunes filles qui lui sont confiées à des rouliers (carreteros) du royaume de Valence « que las sacan a reinos extraños donde podrían entregarlas a infieles y ponerlas en partes públicas donde se hagan malas mujeres ». Il se fait payer pour cela (deux réaux par jeune fille, avouera-t-il) en sus de ce qu'il reçoit de chacune afin qu'il trouve à les placer comme domestiques dans quelque maison de la ville ou de la région.
31Notre homme était en effet le « padre de los mozos y de las mozas », autrement dit le préposé municipal au placement des orphelins qui se présentaient sans ressources, quittant les villages de la tierra où rien ni personne ne les retenait. C'est évidemment pour les filles en priorité qu'était prévu ce service rémunéré par les propres demandeurs, les garçons pouvant circuler sans mettre à tout moment leur honneur en péril22. À ces jeunes orphelines (elles avaient entre 10 et 20 ans, parfois un peu plus) venaient s'ajouter d'autres fillettes qui ne l’étaient point mais dont les parents se débarrassaient, pour le dire brutalement, au gré des terribles conjonctures de ce monde précaire. C'est l'une de ces dernières, dont les parents vivaient dans le village de Ribagorda, qui causa la perte d'Alonso de Mata, la mère venant la réclamer alors qu'il l'avait déjà acheminée vers Valence en compagnie de deux morisques.
32Cette sinistre affaire, au demeurant fort embrouillée, parle d'elle-même et nous ne la commenterons pas davantage. Au-delà de l’illustration particulière, mais peu surprenante tant ces pratiques sont récurrentes à travers les âges, qu'elle offre de l'incidence de la paupérisation sur la prolifération des formes de l’amour vénal, elle nous livre quelques précieux renseignements à propos de l'existence de réseaux de prostitution organisés sur le fonctionnement desquels nous ne savons rien. Dans le cas présent, d’autres indices épars trouvés dans les procès inquisitoriaux de Valence, nous font croire à la réalité de ce qu’on pourrait appeler une « filière morisque levantine » (elle s'étendrait jusqu'à Carthagène) à débouché oriental.
33Notre dernière histoire aurait pu être drôle si elle ne finissait pas dans la tragédie. Dans la nuit du 12 au 13 mars 1583, dans le hameau de la Fresneda, un certain Martín de Torrecilla fut tué d'un coup de soc de charrue qui lui fut porté à la tête par son meilleur ami, Pedro López23. Les deux jeunes gens s'étaient retrouvés chez le tisserand Juan de Aparicio, en compagnie d'autres camarades, dans le but de passer une agréable soirée autour d'un bon feu. Alors qu'ils étaient de la sorte « a la lumbre pasando tiempo y regocijándose en buena conversación », trois des garçons s'assoupirent et deux autres en profitèrent pour leur introduire « la mano por la bragueta » et suggérer pendant cette leste manipulation : « a este bien le pudiera atar la pija y llevarlo a la fuente ». Ils décidèrent de nouer les parties de celui qui semblait le plus profondément endormi, Martín de Torrecilla. C'est Juan de Aparicio qui mena à bien l'opération, donnant ensuite la ficelle à Pedro López, lequel tira trop fort lorsque son ami se réveilla, lui faisant mal. S'ensuivit un échange verbal fort désagréable qui termina sur un défi. Martín de Torrecilla lança à Pedro López « que saliesen afuera », ajoutant : « mas no osaréis, que no seréis hombre para ello, porque si salís os daré de coces ». Une limite dangereuse venait d'être franchie. On était passé du jeu sexuel au défi sur la valía, du floklore à l'honneur. L'issue de la « quistión » fut fatale à l'offensé. Nous ne saurions dire à quel rituel populaire de jeunesse, à quel type de chahut peut être intégré cet épisode navrant. Chacun aura perçu l'intérêt des connexions symboliques s'y établissant entre « porteur » et « non-porteur », entre exhibitionnisme et castration, sur fond métaphorique bovin bien compréhensible.
34Nous nous garderons de conclure. Le montage statistique que nous avons proposé est par endroits trop fragile, notre interprétation trop volontiers outrée, sinon sophistiquée, pour que nous ne désirions pas conseiller au lecteur une prudente expectative. Cette histoire, nous l'avons dit, reste à faire. Demeure la matière concrète venue des archives et les pistes multiples qu'elle peut suggérer. Il y a aussi le plaisir que nous avons pris à ce court voyage et qui, nous l'espérons, sera partagé.
Notes de bas de page
1 Pierre Alzieu, Robert Jammes, Yvan Lissorgues, Floresta de poesías eróticas del Siglo de Oro, Toulouse, 1975 (rééd. à Toulouse en 1984 et à Barcelone en 1985, sous le titre Poesía erótica del Siglo de Oro).
2 Et encore la plupart de ces études souffrent-elles d'un point de vue extrêmement latéral (la mauvaise vie, le cloaque, l'exclusion) et délibérément descriptif. Voir, par exemple, José Deleito y Piñuela, La mala vida en la España de Felipe N, Madrid, 1948 (plusieurs fois réédité depuis cette date, en particulier en livre de poche, chez Alianza, en 1987) ou cet autre ouvrage d'un auteur qui n'a rien de commun avec le premier : Pedro Herrera Puga, Sociedad y delincuencia en el Siglo de Oro, Madrid, 1974 (sur l'extraordinaire Compendio du P. de León). Mais toute la bibliographie ne se réduit pas à ce genre de productions et outre les travaux des démographes, où il y a beaucoup à prendre, nous pourrions avancer une bonne trentaine de références à des ouvrages, individuels ou collectifs, d'une tenue scientifique remarquable.
3 Ces procès sont conservés à 1'Archivo Histórico Provincial de Cuenca, dans la section des notaires.
4 Le recensement date de 1537. Archivo Municipal de Cuenca, leg. 1498, no 24 (multiplicateur du feu : 4,5).
5 Archivo General de Simancas, Expedientes de Hacienda, leg. 89, no 1 (recensements de 1561 et de 1597) ; leg. 87, no 1 (recensement de 1586).
6 Sur ce transfert de compétences, voir Henry Charles Lea, Historia de la Inquisición española, III, Madrid, 1983, pp. 727-739.
7 Sur la juridiction inquisitoriale en matière de crimes « contre nature » on consultera H. C. Lea, op. cit., pp. 775-784. Voir également, Bartolomé Bennassar, L'Inquisition espagnole, XVe-XIXe siècle, Paris, 1979, pp. 339-369 et Raphaël Carrasco, Inquisición y represión sexual en Valencia, Barcelone, 1986, pp. 30-65.
8 On connaît, grâce au Compendio du P. de León, S. I., la répression sévillane de l'homosexualité durant les années 1578-1616. Ce texte prodigieux a été édité par Pedro Herrera Puga sous le titre Grandeza y miseria en Andalucía, Grenade, 1981 (voir p. 393-600).
9 Ce témoignage se trouve à l'Archivo Histórico Nacional de Madrid, Inquisición, lib° 913, fol. 64 r°-75 r°.
10 Sur la sollicitation, voir H. C. Lea, op. cit., pp. 473-519 et, pour Cuenca en particulier, Adelina Sarrión Mora, Sexualidad y confesión. Los procesos de solicitación en el tribunal de la Inquisición de Cuenca (siglos xvi-xix ). thèse soutenue à l'Universidad Autónoma de Madrid en 1993, exemplaire dactylographié.
11 Archivo Histórico Provincial (Cuenca), Protocolos, leg. 2220.
12 Ibid., leg. 2236, no 1. L'inspection fut motivée par une affaire criminelle passionnante que nous ne pouvons malheureusement pas rapporter.
13 Ibid., leg. 2246, no 1.
14 Ibid., leg. 2255. Ce procès est un des plus intéressants pour la connaissance de ces milieux ainsi que des thèmes moralisateurs accompagnant les campagnes de répression qui marquèrent la venue du nouveau siècle.
15 Ibid., leg. 2232, no 2.
16 Ibid., leg. 2249.
17 Ibid., leg. 2251.
18 Ibid., leg. 2225.
19 Ibid. Nous avons modernisé l'orthographe et la morphologie verbale, commo nous l'avons fait pour toutes les autres citations de cet article.
20 Archivo Histórico Provincial (Cuenca), Protocolos, leg. 2234, no 1.
21 Ibid., leg. 2222.
22 La circulation des jeunes et le monde de la domesticité dans l'Espagne du Siècle d'or n'ont pas encore été bien étudiés. On pourra lire, bien que bâtie sur des sources littéraires, l'étude de Miguel Herrero, Oficios populares en la sociedad de Lope de Vega, Madrid, 1977 (mais rédigé pour l'essentiel dans les années 1930), pp. 23-88 et, pour les padres de mozas en part., pp. 49 sq.
23 Archivo Histórico Provincial (Cuenca), Protocolos, leg. 2240, no 2.
Auteur
Université de Strasbourg II
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