Chapitre IV. De l’incultum à l’agrosystème : La construction des terroirs
p. 245-333
Texte intégral
1Les terroirs se définissent comme une unité écologique à l’intérieur d’un finage, autrement dit comme un ensemble de parcelles homogènes caractérisées par une même structure et dynamique écologiques ainsi que par un même type d’aménagement agricole1. Dans leur genèse, le rôle des sociétés rurales est capital. La formule de P. Blanchemanche « bâtisseurs de paysages »2 résume bien le long travail de construction qui fut celui des paysans médiévaux. Passer de l’essartage à l’agrosystème est un cheminement lent qui suppose à la fois la maîtrise de systèmes technologiques souvent complexes et celle de processus d’anthropisation, d’humanisation du milieu végétal3. Ce cheminement est parfois incomplet : le défrichement génère des terroirs dont la prise de possession n’est que partielle ou provisoire. En Languedoc, c’est le cas des terroirs de garrigues et de montagnes. Structures majeures du paysage rural dont ils forgent l’identité, les terroirs s’adaptent et s’intègrent à la variété des composants abiotiques et biologiques ainsi qu’à la diversité des productions agricoles sur laquelle repose l’équilibre global des subsistances. Entre le IXe et le XIIIe siècle, l’existence de plusieurs vagues et de plusieurs types d’offensive contre l’inculte façonne un nouvel espace rural où l’élaboration de jeunes terroirs divers révèle la vigueur du mouvement. La mosaïque végétale décrite au chapitre précédent ne peut qu’engendrer un paysage agraire aux multiples facettes.
La formation des terroirs alluvionnaires de la plaine et des moyennes vallées fluviatiles (Xe-XIIIe siècle)
2Ouvrir ce chapitre par la formation des terroirs alluvionnaires répond tout simplement à la richesse du dossier. Les actes éclairent tout particulièrement les zones humides, riches, où l’agriculture intensive trouve une place de choix. Les travaux de M. Bourin-Derruau ont bien mis en évidence que le gain des rivages à l’ager constitue l’un des grands acquis des XIe et XIIe siècles4. Ces rivages correspondent à un profil morphologique particulier, car les vallées fluviatiles languedociennes sont toutes sculptées de manière similaire en quatre marches d’escalier et portent ainsi la marque conjuguée des systèmes morphologiques glaciaires du Quaternaire et de l’action de l’homme. L’archéologie en saisit l’évolution sur la longue durée : Montagnac, dans la moyenne vallée de l’Hérault, et la Madeleine à Béziers5, dans la basse plaine au bord de l’Orb, localisés tous deux dans le même environnement écologique et géomorphologique, se succèdent dans le temps ; le premier est daté de 1040 ± 60 BP, soit en date calibrée par la dendrochronologie de 880-1140 A.D.6, le deuxième de la fin du XIIIe siècle. Suivre la construction des terroirs alluvionnaires, c’est d’abord tenter de reconstituer l’état initial du paysage avant que l’herminette et l’araire des paysans ne le transforment.
La ripisylve d’avant l’an Mil
Une flore mésophile encore peu anthropique
3Dans la flore anthracologique mise au jour à Montagnac (tabl. 21), les taxons mésophiles, Abies alba, Corylus avellana, Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior et Ulmus campestris, sont majoritaires à plus de 70 %. Une telle prépondérance n’a pas été retrouvée pour les autres sites contemporains du Languedoc où les pourcentages sont largement plus faibles. Mais il est vrai que le seul gisement qui soit véritablement sur une basse terrasse alluviale est justement Montagnac, car le bois de La Conseillère, où a eu lieu la fouille, est à moins de 500 mètres du cours de l’Hérault et encore plus proche de l’actuelle ripisylve. Par son implantation près de sols frais, humides, régulièrement inondés, il répond aux conditions nécessaires pour maintenir une formation mésophile à basse altitude7. Le caractère peu xérophile de la formation est encore accentué par la prééminence du Chêne à feuillage caduc (22 %) sur le Chêne vert et la présence d’espèces de la ripisylve méditerranéenne Populus nigra et Fraxinus oxyphylla. Une observation supplémentaire va dans le même sens : Populus nigra remonte plus facilement vers le nord que Populus alba.
4La chênaie-hêtraie de Montagnac n’a pas encore été éradiquée par la grande offensive forestière du Moyen Âge central. En effet, le Noisetier occupe une place importante, alors que c’est une essence pionnière, précédant la reconstitution climacique des chênaies ou hêtraies dégradées de l’étage supraméditerranéen ou montagnard. Il indique que ce boisement a déjà été défriché antérieurement aux Xe-XIIe siècles, mais que, par la suite, l’évolution a été progressive et non pas régressive. Il y a là un très intéressant point de repère de l’évolution sur le long terme de la ripisylve : la reconstitution de la chênaie caducifoliée de Lunel-Viel à partir des IIe-IIIe siècles après J.-C.8 trouverait là un écho tout à fait intéressant. L’absence de taxons cultivés, corrélée à la prégnance des taxons d’affinité médioeuropéenne, montre que la chênaie-hêtraie de Montagnac a déjà pu être intégrée à l’espace rural, mais que cette intégration n’a été que provisoire. La chronologie de la conquête des rivages établie par la documentation écrite-je la détaillerai plus loin-resserre la datation de la flore de Montagnac à la fin des Xe-XIe siècles. Son caractère encore peu anthropique permet de la rattacher à des formations connues. De même que l’ethnologie étaye parfois le raisonnement de l’historien, ici l’écologie actuelle offre un modèle sur lequel s’appuie l’interprétation anthracologique.
Le modèle écologique de la hêtraie riveraine caussenarde
5En 1963, dans les Grands Causses, C. Vanden Berghen décrit sur les sols sableux des terrasses alluviales du Tarn et de la Dourbie, une hêtraie riveraine (Buxeto-Fagetum Salvietosum glutinosae) dont « la composition floristique présente une homogénéité et une originalité telle qu’il est possible d’y reconnaître un groupement végétal parfaitement caractérisé »9. Cette forêt riveraine, développée de façon optimale, est formée d’arbres hauts de 20 à 25 mètres. Fagus sylvatica est l’essence dominante dans la strate arborée. Il est suivi de Tilia platyphylla, Acer opalus, Acer campestre, Quercus pubescens et Populus alba. Le sous-bois arbustif comprend Buxus sempervirens (non dominant), Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Ligustrum vulgare, Hedera helix. Les herbacées se séparent en deux groupes : les thermophiles avec Polygonatum odoratum, Helleborus foetidus, Lithospermum purpureo-caeruleum, Rubia peregrina... et les montagnardes Geranium nodosum, Lilium martagon, Knautia sylvatica...
6Les observations du botaniste belge ont été complétées par deux relevés floristiques effectués en mai 1987 dans la vallée de la Dourbie (350 m d’altitude), en aval de la Roque-Sainte-Marguerite, sur la rive droite de la rivière. Le premier est une coupe de la route au cours d’eau, en descendant sur la basse terrasse, près du lit de la Dourbie. Le second part également de la route mais remonte sur une cinquantaine de mètres le piémont montagneux (versant nord).
Relevé no 1
Strate arborée
Acer campestre, Acer monspessulanum, Acer opalus, Alnus glutinosa, Castanea sativa (rare), Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior, Pinus sylvestris, Populus sp., Quercus pubescens, Salix sp., Tilia platyphylla, Ulmuscampestris.
Strate arbustive
Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Coronilla emerus, Corylus avellana, Cytisus sessilifolius, Geranium sanguineum, Geranium nodosum, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Vincasp.
Relevé no 2
Acer monspessulanum, Aphyllanthes monspeliensis, Coronilla emerus, Corylus avellana, Cytisus sessiliflorus, Jasminum sp., Juniperus commuais, Melica uniflora, Phillyrea sp., Rhamnus carthatica, Tilia platyphylla.
7Les deux flores diffèrent quelque peu de celle décrite ci-dessus par C. Vanden Berghen. Elles signalent une hêtraie beaucoup moins homogène, largement mélangée à la chênaie caducifoliée pubescente supraméditerranéenne. La présence de Castanea sativa et de Pinus sylvestris témoigne de l’action de l’homme et de la dégradation de la formation. Les relevés mettent également en valeur l’importance du facteur microclimatique adret-ubac et le phénomène d’inversion d’étage puisque le second relevé, en versant, est plus xérophile que celui de la vallée encaissée.
8Pour C. Vanden Berghen, la hêtraie riveraine, malgré la proximité du cours d’eau, paraît plus xérique que la hêtraie calcicole à buis car « la discontinuité de la strate arbustive et la nature arénacée du sol, qui se dessèche fortement en surface durant les mois d’été, expliquent ce caractère »10. Autre différence, la strate arbustive est plus ouverte dans la hêtraie riveraine que dans la hêtraie calcicole. De plus, l’inondation des stations lors des crues exceptionnelles apporte des débris de toutes natures qui échouent sur le sol au moment du retrait des eaux, enrichissant la hêtraie riveraine en matières organiques et azotées facilement minéralisées. Enfin, les spectres phytogéographiques comparés des deux hêtraies sont très ressemblants, mais la hêtraie riveraine comporte davantage d’espèces mésophiles.
9La flore de Montagnac est très proche du modèle écologique qui vient d’être exposé. Le relevé no 1 effectué dans la vallée de la Dourbie, qui n’est qu’un état dérivé car, moins homogène, de la hêtraie riveraine, présente des affinités certaines avec l’assemblage héraultais. De tous les sites étudiés, Montagnac est celui qui donne le meilleur cliché de la ripisylve mésophile antérieure à la déforestation médiévale. Nul doute que des boisements de ce type (chênaie-hêtraie ou hêtraie) couvraient, vers l’an Mil, les berges des autres cours d’eaux languedociens et le littoral lagunaire avant de disparaître sous les assauts des paysans.
Le gain des rivages
La stabilisation des cours d’eau
10Stabiliser et endiguer les cours d’eau est indispensable pour en coloniser les rives et y pratiquer l’agriculture. Les textes attestent de variations régulières du débit des eaux, y compris pour des fleuves imposants11, et de changements subits, plus violents, qui occasionnent des dégâts12. Ils n’ignorent pas non plus le tracé des anciens lits : Aqua mortua, Librontis Vetulis13. Ni l’existence d’îles aujourd’hui disparues. Ainsi sur l’Hérault, à Paulhan, les moulins des Laures sont cédés cum insulis14 ; à la hauteur de Saint-Thibéry, en 990, une île sépare deux anciens bras du fleuve15 ; et plus bas l’insula de Caillan porte un bois16 etc. Ces nombreuses îles, changeantes, naturellement irriguées, régulièrement inondées, offrent de multiples possibilités d’exploitation : pâture, prairie, cultures... Mais, à la différence de la Catalogne17, les chartes languedociennes restent muettes sur ce point pourtant fort intéressant. Les fleuves de moindre importance connaissent aussi de tels déplacements : ainsi le Lez entre Castelnau et Montpellier, vers Novigens ou Sémalen18. La microtoponymie, le parcellaire, le réseau viaire, les clichés IGN ou les cartes confirment que tous les fleuves languedociens, surtout lorsqu’ils atteignent la partie basse de leur cours, sont instables, jalonnés d’Irle, Ile, Angle ou Onglous. Le paysage garde souvent l’empreinte d’anciens méandres comme entre Saint-Bauzille-du-Putois et Saint-André-deBuèges, ou encore, en aval de Saint-Thibéry, aux lieux-dits Irle et Hérault Mort qui bordent une condamine. On pourrait multiplier les exemples. Pour l’Orb, en aval de Béziers, F. Cheyette et C. Duhamel-Amado ont redessiné le tracé médiéval grâce à la photointerprétation des anciens parcellaires et des chemins croisée avec l’analyse des sources écrites. Pour eux, ce tracé est antérieur à la dernière divagation de la première moitié du XIIIe siècle (vers 1235-1258)19. Les indices que j’ai pu rassembler pour l’Hérault, notamment la concentration de véritables usines de meunerie à partir de 1150 tout le long du cours, corroborent cette chronologie.
11Pour enrayer ces déplacements, on édifie des digues : à Saint-Privat-Les-Salces, les cultures sont protégées par une levée de terre20. Certaines sont bâties en dur21 car aujourd’hui encore, sur des tènements médiévaux, comme à Saint-Bauzille-de-Putois, des éléments architecturaux, difficiles à dater, subsistent encore22. Mais le principal atout mis en oeuvre pour lutter contre ces phénomènes, tout en préparant la future implantation de moulins ou de cultures, est la plantation d’arbres le long des berges et dans le lit mineur du fleuve. La conquête des rivages passe par un reboisement intelligent conjugué, dans le cas de cultures, à un drainage efficace. Une charte des Archives du Gard rend parfaitement compte de cette double exigence lors de la canalisation de la source de l’Isa (lieu non identifié) en 1071 : ut in constructione ipsius aque ductus monachi... terras et predia in ripis eidem rivo coherentibus et contiguis libere possint semper... figere, arbores plantare et de lignis seu lapidibus ad libitum voluntatem suam ripas hinc inde ipsius aque ductus construere seu edificare23. Un peu plus tardivement, les chanoines de Béziers engagent un de leurs tenanciers à grignoter sur le fleuve quelques arpents de terre grâce à la plantation d’arbres24. Lorsqu’une rive seule fait l’objet d’une transaction, elle l’est toujours cum arboribus, et parfois même cum arboribus adjacentes super Eraur25. Dès la fin du XIe siècle, la plupart des parcelles de terroirs humides sont cédées cum arboribus26. Il ne faut pas y voir un complantage mais un travail de consolidation de la rive car ces arbres ne sont pas pour la plupart des fruitiers27. Cette fixation des berges passe aussi par celle des croses et des graves, c’est-à-dire des zones d’amoncellement de matériaux grossiers, sables et graviers. Ces gravairones viennent parfois s’intercaler entre les bâtiments hydrauliques et les eaux dans l’énumération des parties constitutives du moulin. Le cartulaire de Saint-Sauveur-de-laFont à Nîmes28 en offre une bonne description. Ils sont concédés en tenures, jointives les unes des autres, pour être exploités. Sous les moulins et longeant les canaux d’irrigation, ils sont le point le plus avancé de la colonisation. Certains sont naturels, d’autres construits de toutes pièces : en Roussillon, il est fréquent que la paissière soit à engraver, c’est-à-dire à emplir de graviers ; sable, cailloux et pierres sont alors déversés pour la consolider29.
La diffusion du moulin à paissière
12Depuis l’article pionnier de M. Bloch30, le moulin à eau est l’un des sujets les plus débattus et controversés par les historiens ruralistes. En Languedoc, il est l’un des instruments privilégiés de la conquête des rivages. Avant l’an Mil, nombreux sont ceux qui voisinent avec des bois ou des palus dans le détail des biens rattachés à la donation31. Au XIe siècle, ces éléments sont désormais à forte distance ou disparaissent complètement. Ils sont remplacés par les arbres fruitiers, les prairies et les parcelles cultivées. Désormais aussi, les différentes composantes du complexe hydraulique sont détaillées : un seuil (technique ?) a été franchi. Cette transformation qui s’opère entre les IXe et XIIe siècles suppose une diffusion déjà notable du moulin. La carte en souligne la précocité (fig. 47). Dès la période carolingienne, les fiscs de Fons Agricolae, à Juvignac, sur la Mosson, en 799, de Saint-Geniès-de-Lédens, à Saint-Jean-de Fos, sur l’Hérault, en 805, comptent un ou des moulins. De simples ville aussi : Ceyras (805) en Clermontais, Madières (807-815) sur le Larzac, Campanera (813) dans la partie littorale du comté de Nîmes dite Litoraria, Parignargues (814) en Uzège, Salinelles (816) près de Sommières, Arles en Camargue (819), le domaine de l’étang Piperel au Pouget (814-840)... À cet égard, la Vaunage et la moyenne vallée de l’Hérault, régions bien éclairées par les deux cartulaires de Nîmes et d’Aniane, sont avantagées et apparaissent dûment équipées. Elles pourraient laisser croire fallacieusement que seul le haut cours des rivières est concerné. À la fin du IXe siècle, les premiers actes du Livre noir montrent un Biterrois où le moulin n’est pas un élément rarissime du paysage. De l’Andusenque à la mer et de la Camargue au bassin de l’Orb, les installations hydrauliques carolingiennes sont dispersées dans toute la région. Aucune zone originelle ou privilégiée n’apparaît. Aussi haut que remonte la documentation, les moulins sont déjà bien présents. Ces conclusions rapprochent le Bas-Languedoc du Roussillon, de la Provence, et, plus loin, de la Catalogne32.
13Qu’en est-il de la période 950-1080, tranche chronologique considérée comme ayant vu la véritable diffusion du moulin à paissière33 ? La mesure du phénomène est très délicate, d’abord parce que l’équipement carolingien est déjà conséquent, ensuite parce que la documentation, essentiellement ecclésiastique, n’enregistre le moulin qu’au gré des fluctuations du patrimoine, ce qui ne préjuge en rien de sa date de construction. L’inégale répartition des actes dans le temps selon qu’il s’agisse de la période VIIIe-IXe siècle ou XIe-XIIe siècle réduit aussi l’assurance d’une représentation exempte de déformation. Suivant la méthode d’A. Debord34, j’ai d’abord tenté de comptabiliser les fréquences de mentions de moulins et de moulins neufs sur le nombre total d’actes consultés ou d’actes mentionnant des moulins. Je n’ai obtenu aucun résultat satisfaisant. Ils sont faussés par la prise en compte de l’ensemble de la documentation sur les aménagements hydrauliques. Pour démêler ce qui pourrait être acquis ancien – antique comme Barbegal ou carolingien – des constructions nouvelles, il m’a paru judicieux de ne prendre en compte que les moulins établis sur un site ou tènement perçu comme neuf, c’est à dire à toponymie médiévale, et de laisser de côté ceux établis sur un site ou tènement à toponymie romane, même s’ils apparaissent pour la première fois après 900. En effet, ils pourraient n’être que des reconstructions ou des adjonctions postérieures à un complexe hydraulique préexistant et ne pas représenter une véritable innovation. Pour les habitats, castrum ou villa, les chartes postérieures à l’an Mil livrent presque toujours une série de mentions par le biais des localisations qui autorise les recoupements. Ce n’est pas le cas pour les moulins : un tel faisceau convergent n’est réuni que dans la seconde moitié du XIIe siècle.
14La diffusion généralisée du moulin à paissière démarre au Xe siècle (fig. 48 et 49). Au même moment, les mots désignant les éléments complémentaires de l’installation, jusque là ignorés des scribes, surgissent dans les chartes35. Avec l’an Mil, les campagnes de constructions hydrauliques s’intensifient (fig. 49), même si le moulin est moins bien enregistré par les actes. Au XIIe siècle, les mentions de moulins se densifient, mais l’édification d’équipements neufs se ralentit nettement, même si elle reste encore appréciable. Par rapport aux pays charentais, les deux graphiques des constructions neuves, de même allure générale, sont décalés d’un demi-siècle36. La mécanisation des campagnes prend racine dans le Xe siècle pour s’accélérer entre l’an Mil et 1100. Cependant, cet essor doit être nuancé car c’est au même moment que le trou documentaire est le plus important. Il est certain que la banalisation du moulin est effective entre 900 et 1100. Mais il ne faut pas sous-estimer les acquis antérieurs voilés par l’indigence documentaire : les difficultés rencontrées dans les estimations ainsi que la méthode adoptée augurent de leur importance. Passé 1100, le rythme de l’expansion s’essouffle un peu dans la mesure où l’équipement neuf se concentre principalement sur quelques sites majeurs, véritables usines hydrauliques, complexes, au détriment d’installations plus dispersées – peut-être aussi plus légères ? –, laissées désormais à l’écart par la documentation. À cet égard le cours moyen de l’Hérault, celui du Lez à l’approche de Montpellier, montrent que certains fleuves sont devenus des bassins industriels.
15Aux XIe-XIIe siècles, les grands fleuves, Orb, Vistre, Vidourle et surtout Hérault, font l’objet d’une colonisation continue jusqu’à la mer. Ils sont bien pourvus en équipements hydrauliques, parfois très denses aux abords des cités. Cependant, les cours d’eau secondaires n’ont pas été ignorés. Le Lez à la hauteur de Castelnau, la Mosson ou la Lergue sont tout aussi aménagés. Mais, et c’est peut-être là le résultat le plus intéressant, la carte atteste que la construction de moulins se fait sur le moindre filet d’eau, même au XIIe siècle : petits cours d’eau (Libron, Thongue, Gassac, Dourbie...) et simples ruisseaux (Corbières, Rieucalmès, Pallas...). Des moulins sont bâtis le long du Rhôny, des Arcs et du ruisseau de Brie-Tombarel-Saint-Martin alors que, pour les hydrologues actuels, ce sont des cours d’eau intermittents, donc non pérennes, l’été en particulier. Faut-il supposer que le régime hydrographique médiéval est différent de l’actuel ? Sans doute. Ces observations sur la localisation des moulins médiévaux sont probablement à verser au dossier d’une humidité ambiante plus élevée au Moyen Âge central qu’aujourd’hui. Elles montrent aussi les échecs de certaines implantations dues aux déplacements du lit : c’est le cas des moulins de Saint-Pierre-du-Bosc sur l’Orb37.
16Le moulin bas-languedocien ressemble à s’y méprendre à ses homologues roussillonnais ou catalans38. La rivière est barrée d’une digue, la paissière (paxeria, resclausa est plus rare), et le moulin s’établit en aval, à distance du cours d’eau39, sur un canal (aquales, quelquefois bedales) qui peut aussi servir à l’irrigation. L’ensemble est souvent complété par des pêcheries de bois40 (piscationes) et des graves (gravairones). Ce système peut être démultiplié et donner lieu à de véritables enfilades de moulins que les chartes signalent par l’emploi d’adjectifs qualificatifs et d’expressions qui sous-entendent l’existence d’un ensemble de moulins41. Dans ce cas, une seule paissière sert à plusieurs moulins ou, à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, à un seul bâtiment pourvu de plusieurs meules42. De tels ensembles, signalés dans les chartes à la fin du XIe siècle, sont encore visibles à Tiberet, à Paulhan ou à Castelnau-de-Guers. Ils sont généralement datés du XIIIe siècle43. En terrain peu pentu, ce complexe hydraulique accentue la force motrice de l’eau tout en facilitant la régulation du débit. Il contribue à la limitation des risques d’inondations printanières ou automnales. La paissière est l’élément capital de ce dispositif. Le droit d’arribaticum ou ripaticum, c’est-à-dire le droit d’accès à la rive au sens de droit d’arrimage de la paissière, est clairement défini par bon nombre d’actes44. Il conditionne la construction du moulin. D’ailleurs la plupart d’entre eux sont vendus ou accensés cum ripariis ou cum ripaticis. L’édification de la paissière, et éventuellement du vivier, se fait par la plantation de pieux consolidés par des pierres et branches d’arbres45. L’environnement du moulin s’est de plus en plus étoffé : viennent s’y greffer d’autres systèmes hydrauliques et d’autres activités, agricoles ou piscicoles, le tout formant une véritable « synergie ». Une telle situation prépare la naissance d’un artisanat rural. Instrument privilégié de la conquête des basses terrasses fluviatiles, le moulin participe directement, par sa banalisation, à la maîtrise et à la domestication de l’eau, donc à la construction de nouveaux terroirs alluvionnaires.
La création des condamines : une modernisation de l’indominicatum
17Lorsqu’on scrute les cartulaires dans le dernier quart du Xe siècle, on voit se multiplier le terme de condamine46 qui, jusque là, à une exception près47, était complètement inconnu. C’est véritablement à partir de 1040-1060 qu’il se diffuse48. Malgré tout, son emploi reste restreint puisque moins de 4 % des actes consultés recensent une condamine. Il y a là une explication logique : les condamines appartiennent à l’indominicatum qui, par définition, est rarement détaillé par les actes. Depuis le milieu du XIe siècle, la part grandissante qu’elles tiennent dans l’édifice seigneurial se lit dans la cartographie du phénomène et dans la forte persistance du nom dans la microtoponymie locale (fig. 50). Outre la chronologie que fournit la documentation écrite, d’autres arguments penchent en faveur d’une origine médiévale. Certaines condamines citées dans les chartes sont encore inscrites dans le paysage d’aujourd’hui : les condamines de Vairac appartenant à Valmagne ont légué leur nom au lieu-dit Les Condamines à Villeveyrac49 ; celles de Villeneuve-lès-Maguelone sont portées sur le compoix de 1774 sous le nom Condamine du cimetière des aires et Condamine majour et minour50. D’autres sont installées près d’anciens méandres et ignorent les tracés actuels des fleuves51. Pour l’Orb, F. Cheyette et C. Duhamel-Amado ont retrouvé par photointerprétation l’ancien cours52. Ils placent la divagation principale en 1235-1258 et datent l’armature du paysage, parcellaire et chemins, du Xe siècle. Aussi les « Condamines » de Villeneuve-lès-Béziers, de Sauvian et de Sérignan ont-elles été créées entre ces deux repères chronologiques. Deux d’entre elles53 apparaissent d’ailleurs dans la documentation avant 1150.
18Dans les textes comme sur le terrain (fig. 50), les condamines ne sont signalées qu’en plaine. Elles sont quasiment inexistantes en Garrigues ou en montagne. Ces observations, faites sur le rebord méridional du Massif central, près du littoral languedocien, rejoignent exactement celles effectuées plus au nord, vers le débouché de la Limagne, par G. Fournier en basse Auvergne54. Presque toutes les condamines sont bordées par un cours d’eau, simple rieu, parfois même aujourd’hui non pérenne, ou bien fleuves plus imposants tels l’Orb, l’Hérault ou le Vidourle55. Il n’est pas rare qu’elles soient endommagées par leurs crues soudaines56. Quelques unes sont implantées sur les îles des rivières comme à Sauvian ou à Caillan57. D’autres sont cédées avec un pré ou jouxtent un terroir de prairie58. Toutes entretiennent un lien intime avec le réseau hydrographique.
19Les condamines font l’objet de soins attentifs et constants. Leur physionomie, leur destination peut changer59, mais elles sont d’abord et avant tout de grandes parcelles consacrées à la culture intensive des céréales. Leur enclosure par de véritables murs de pierres ne paraît pas rare60. Dans un pays traditionnellement considéré comme un « openfield », cela constitue une originalité. Elles forment un terroir aux éléments jointifs61, dont l’organisation rappelle celle des quartiers céréaliers rassemblés en congrega de la réserve castrale de Sabine62 : ainsi en va-t-il à Divisan et Saint-Pierre-du-Bosc, au sud de Béziers, ou à Carcarès, dans la moyenne vallée de l’Hérault. Terroir de rivage, elles se sont installées sur les terres les plus lourdes, les plus riches, aux noms parfois évocateurs63. Situées à proximité immédiate des secteurs de cultures intensives, horts, vergers, ferragines64, les condamines appartiennent à la zone privilégiée de l’ager, celle qui voit l’adoption de méthodes culturales neuves et connaît le cycle complet des travaux agricoles65.
20Dans la seconde moitié du XIIe siècle, seul moment où les textes livrent quelques mesures, l’unité employée pour la condamine est quelquefois encore la modiée66. Les pouillés de Marseillan, Pisan et Naffrie67 comptabilisent une condamine de 31 séterées, soit 8 ha, et plusieurs grandes parcelles dominicales, interprétées comme des condamines, de 20 et 24 séterées, soit 5 et 6 ha. Malgré les allotissements et la réduction d’ensemble de la taille des parcelles, au seuil du XIIIe siècle, les dimensions d’une condamine sont largement supérieures à celles des autres pièces cultivées qui avoisinent en moyenne le quart d’hectare68. Quelle était la surface originelle de ces vastes parcelles céréalières ? Les cinq tènements « Condamines » sur l’ancien cours de l’Orb délimités par l’armature des chemins et des confronts datée du Xe siècle autorisent une restitution de leur superficie primitive :
Condamine de la Combe Grasse à Béziers : | 25 ha |
La Condamine à Sauvian : | 23 ha <x <28 ha |
La Condamine de Saint-Etienne à Villeneuve : | 50 ha |
Condamine de la Villeneuvette à Villeneuve : | 31 ha |
Les Condamines à Sérignan : | 33 ha <x <38 ha |
Moyenne : | 33 ha |
Médiane basse : | 31 ha |
Médiane haute : | 31 ha |
21Le calcul des médianes haute et basse a été effectué en raison d’une valeur aberrante (50 ha). Il vérifie la cohérence de la moyenne et corrige légèrement l’évaluation à la baisse. Les mesures d’autres tènements « Condamines » dont la datation et les contours sur le terrain sont plus flous donnent un ordre de grandeur identique69. À l’échelle des autres condamines méridionales70, les condamines languedociennes ont une superficie d’environ 30 ha vers 1030-1060 quand la moyenne biterroise tourne autour de 4,5 ha, la normale se situant entre 2 et 7 ha71.
22Il ne fait aucun doute que, comme en Catalogne, en Auvergne ou en Sabine72, les condamines appartiennent originellement à la réserve des domaines fonciers de la haute aristocratie ou des grandes abbayes73. Cependant, le mode de gestion qui préside à leur destinée aux XIe-XIIe siècles varie. De ce point de vue, il faut distinguer seigneurie ecclésiastique et seigneurie laïque. Le faire-valoir direct est encore fort à l’honneur chez la première, y compris en plein XIIe siècle : nombreuses sont les condamines ecclésiastiques qui ne sont connues que par le truchement des confronte ; la fréquence des formes génériques condamina monacorum, condamina Sancti Salvatoris, condamina Sancti Severi, condamina Sancti Césarii74, d’où sont exclues toutes références à une quelconque tenure, bénéfice, fief... et l’absence corrélative de redevances supposent que ces condamines soient exploitées, sinon par les moines eux-mêmes, du moins par les frères convers ou la familia. La persistance de corvées jusqu’à la fin du XIIe siècle doit être pro parte rattachée à l’existence de ces condamines : dans la villa de Miousses, l’une des mansio doit à Gellone trois corvées de boeufs sur une condamine75 ; quand l’évêque de Maguelone, Gotafred, et le viguier Guiraud définissent leurs attributions respectives sur l’honneur de Terrai et Bérargues à Saint-Jean-de-Védas, les condamines épiscopales sont encore clairement exploitées en faire-valoir direct76. Certaines condamines laïques, vicomtales notamment, qui transparaissent de manière similaire dans la documentation connaissent vraisemblablement aussi un tel système. Néanmoins, beaucoup - peut-être la majorité vers 1170-1190, moment où s’épanouissent les signes d’une crise des fortunes nobiliaires ? - sont alloties en tenures dans la seconde moitié du XIIe siècle : elles sont divisées en parcelles ou, comme en Auvergne, en listes accensées77 dont les plus belles sont celles du cartulaire des Guilhem78.
23La création des condamines sur les sols d’alluvions correspond à un gros investissement de la part de la noblesse régionale et des établissements ecclésiastiques qui ne restent pas, pour une fois, en dehors du phénomène. L’âpreté des conflits en dévoile l’enjeu économique. Au milieu du XIe siècle, l’un d’entre eux voit s’affronter Arnald, évêque de Maguelone, et les chanoines de Béziers au sujet des condamines de Divisan79, vieille possession domaniale de l’Église biterroise. Puis c’est au tour de l’un de ses successeurs, Gotafred, de s’opposer à la puissance vicariale pour interdire les exactions banales sur celles de Bérargues qui demeurent exclusivement, tant qu’elles ne sont pas amasées, sous le dominium épiscopal80. Le mécanisme est bien cerné : les zones jusque là incultes du capital foncier, boscs, ermes et pacages, sont mises en valeur et deviennent les moteurs de la croissance. Pour les chevaliers et les seigneurs, dont le patrimoine s’amenuise avec le flot continu des donations pieuses, c’est un moyen de redorer leur fortune81. Pour les abbayes, il s’agit de valoriser leurs biens et de renforcer leur politique de remembrement et concentration de terres82. Ce phénomène est soutenu par une reprise de la circulation monétaire et la réapparition de l’or dans les milieux de la haute aristocratie qui signalent une accumulation de capitaux83.
24Créées à l’initiative des seigneurs à partir du XIe siècle, les condamines symbolisent le dynamisme retrouvé et la modernisation de l’indominicatum. Elles sont aussi et surtout le signe le plus probant d’une colonisation réussie des zones humides puisqu’elles occupent les basses terrasses quaternaires ou bien d’anciens bras morts, justement là où la situation morphologique et édaphique favorise le maintien de boisements mésophiles, tels ceux de Montagnac. Chronologiquement, leur apparition coïncide exactement avec l’éradication des formations mésophiles de basse altitude, telle qu’elle est enregistrée par la bioarchéologie.
Le rivage maîtrisé et remodelé
25À partir de la fin du XIe siècle, les bords de rivière entrent progressivement dans l’ager médiéval. La construction de ces terroirs passe par toute une série d’aménagements que le développement et la diffusion de nouvelles techniques rendent désormais possibles. C’est à la création d’une nouvelle architecture agraire qu’ils donnent naissance. Ces mutations se perçoivent de manière spectaculaire dans les textes comme dans les paléoflores.
Une ripisylve humanisée et artificielle
26Béziers est implanté sur un éperon rocheux dominant l’Orb. C’est une cité antique et prestigieuse dont l’histoire diffère de celle de petits sites ruraux, tel Montagnac. Au XIIIe siècle, l’humanisation du paysage est probablement déjà terminée et soumise à d’autres contingences que dans les campagnes avoisinantes. La perspective anthracologique s’en trouve un peu faussée. Néanmoins, d’un point de vue phytogéographique, Béziers (tabl. 22) offre en raccourci une bonne photographie de l’évolution régressive des formations mésophiles couvrant les berges des rivières aux alentours de l’an Mil et de l’état final vers lequel devaient également tendre les zones plus rurales. En effet, si quelques éléments mésophiles perdurent avec Abies alba et Ilex aquifolium, ils occupent désormais une position marginale. La formation forestière principale est une chênaie caducifoliée qui domine à plus de 30 %. La chênaie d’yeuse reste très minoritaire. Les compagnes thermophiles du Chêne vert, l’Alaterne, le Pistachier lentisque et surtout l’Arbousier, font certes une apparition, mais qui demeure discrète. Elles témoignent toutefois que le processus de dégradation est enclenché.
27Le grand changement réside dans l’importance des taxons anthropogènes : Frêne, Figuier, Roseau, Saule, Vigne auxquels il faut peut-être ajouter le Marronnier84 sous toute réserve. Ils représentent près d’un tiers du total. La Vigne et le Figuier, comme l’attestent les cartulaires, sont plantés en terroirs de monoculture. Le Frêne, le Roseau et le Saule, sont favorisés par les paysans et parfois même font l’objet d’une véritable culture. On dispose à ce sujet de plusieurs preuves textuelles, notamment pour le Saule85. La capacité de cette essence à supporter une submersion temporaire par l’eau courante, voire à survivre longtemps dans de l’eau dépourvue d’oxygène dissout86, en font un arbre de colonisation par excellence des zones humides ou marécageuses. Il maintient la future terre arable en place, tout en l’asséchant. Le Frêne de Béziers est de type méditerranéen, et non plus montagnard, ce qui recoupe l’évolution d’ensemble vers une ripisylve plus xérophile et presque totalement anthropique. Dans un tel contexte, il est probable que la forêt pubescente est sinon jardinée du moins entretenue régulièrement.
28À la chênaie-hêtraie encore très mésophile de l’an Mil succède au XIIIe siècle une formation végétale beaucoup plus xérophile où les résultats des défrichements sont particulièrement patents. La réussite de la colonisation des zones humides languedociennes est éclatante. Peu de paysages ont subi une métamorphose aussi radicale en un temps aussi bref. En deux siècles, les marqueurs d’humidité ambiante ont disparu, les formations forestières caducifoliées du bord des eaux se sont réduites comme une peau de chagrin, les fruitiers et les arbres utiles ont fait leur apparition et occupent maintenant une bonne partie des terres basses, faits également entérinés par l’analyse textuelle. Dernier vestige d’une végétation encore mal dominée, les boisements mésophiles ont cédé la place à un paysage organisé et construit.
Le remodelage des vallées fluviatiles
29Les profondes transformations du couvert végétal s’accompagnent de tout un travail non moins visible, et tout aussi essentiel, de canalisation, d’aménagement et de remodelage des cours d’eau. En région méditerranéenne, lorsqu’on parle de terrasse, l’image qui s’impose immédiatement à l’esprit est celle de ces immenses gradins partant à l’assaut de pentes raides rocailleuses, fruits d’un pénible et long travail d’épierrement et de terrassement du sol. Pourtant, une fois la couverture végétale enlevée, la nécessité d’enrayer les phénomènes d’érosion et de ravinement est tout aussi indispensable pour les condamines et les prairies au fil de l’eau que pour les terres sèches et pauvres des versants de garrigue. Les bords de rivières et de lagunes connaissent eux aussi, mais sous une forme un peu différente, le système de l’agriculture « de pente ». La morphologie des terrasses quaternaires, découpées en quatre marches d’escalier, se prête idéalement à de telles réalisations : les hommes du XIIe siècle prennent appui sur leurs dénivellations pour véritablement reprofiler les vallées fluviatiles.
30Dans les actes de la pratique courante, l’aménagement des déclivités se concrétise par la diffusion du terme faïsse (faissa, faxia, fascia), traditionnellement synonyme de « culture en terrasse ». Une approche sémantique montre que cette acception est loin d’être aussi systématique. Le sens premier, dérivé du latin classique fascia, est celui de fagot et il est encore en vigueur au XIIe siècle87. Le second emploi de faissa est plus flou. Comme pour pecia, le mot est accompagné d’un qualificatif précisant le type d’exploitation88 ou est intégré à une locution. Il s’agit donc d’un terme générique pour désigner les parcelles. La rareté du mot plaide pour un usage distinct, plus restreint que pecia. L’étymologie et l’ethnologie89 en font des parcelles allongées, des bandes de terre. Comme le vocabulaire médiéval possède un mot propre pour désigner les parcelles laniérées, longia, la faïsse est donc une parcelle allongée sur sol en déclivité qui a fait l’objet d’aménagements légers (simple talus de terre) ou plus importants (cultures en gradins). Elle ne correspond ni à un système de culture original, ni encore à une architecture unique.
31La cartographie des faïsses recensées par la documentation écrite et par la microtoponymie (fig. 51) confirme cette interprétation. Elle montre clairement que le terme ne signifie pas toujours « culture en terrasse » puisqu’il est présent du bord de la mer ou du rivage des étangs jusqu’aux hautes vallées montagnardes. Les faïsses repérées au fil des actes sont concentrées dans le Biterrois-Agadès, la moyenne vallée de l’Hérault, et l’ouest du pays de Montpellier où elles apparaissent parfois par grappes de points. Certaines sont même construites en pleine Camargue90. Celles pointées par la microtoponymie sont beaucoup plus régulièrement réparties dans tout le territoire. Cette différence reflète en grande partie les lacunes de la documentation écrite, moins abondante dans l’arrière-pays. Néanmoins, l’aire de répartition des faïsses est bien la basse-plaine languedocienne et le cours moyen de l’Hérault avec quelques incursions sur le Causse d’Aumelas, l’Espinouse, les Garrigues et la bordure méridionale du Massif central : la faïsse est un phénomène du plat-pays.
32L’examen attentif des confronts entérine le lien entre faïsses et construction des terroirs humides. En effet, les faïsses jouxtent les berges d’un ruisseau, d’un fleuve ou d’un étang91 ; ou bien elles se sont implantées près d’une vernède, d’une condamine et sont bien souvent bordées de canaux d’irrigation92. D’autres appartiennent à un terroir de prairie93. Chronologiquement, les toutes premières mentions remontent au début du IXe siècle94. Puis c’est le silence jusque vers 1030. Le cartulaire de Nîmes, si riche en documents du Xe siècle, n’en compte pas une seule. Les deux seules faïsses connues durant cette longue période creuse datent des alentours de l’an Mil95. Ce sont les années 1040-1080 qui marquent l’expansion du terme96. Elle ne se dément pas même passé 1200. La périodisation du phénomène révèle que l’aménagement des déclivités s’effectue pour sa plus grande part dans la seconde moitié du XIe siècle pour ne s’achever qu’au siècle suivant. L’apparition des faïsses vers 1030-1040 est une réponse à la colonisation des rivages.
33L’exploitation de ces parcelles correspond à des techniques de mise en valeur précises dont les descriptions modernes donnent une idée. Aux XVIIe-XXe siècles, P. Blanchemanche décrit trois procédés qui ont certainement été aussi utilisés par les médiévaux97. Dans les trois cas, la dénivellation entre deux terrasses facilite l’assise technique de telles architectures agraires. Le premier consiste à relever les terres de labour au-dessus des prairies avec les déblais des fossés : cette opération requiert l’établissement de rigoles pour l’écoulement des eaux qui feront ensuite l’objet d’un entretien régulier. Le second est le gazonnement de talus, surtout employé pour s’abstenir de construire des murs de soutènement, notamment après avoir remonté les terres entraînées par les grosses pluies98. Cette pratique est en quelque sorte un début d’écobuage et les gazons sont réimplantés au lieu d’être brûlés sur place. Dans un pays où seuls les rivages sont aptes à un terroir de prairies, le gazonnement de talus offre l’avantage de disposer d’herbe supplémentaire pour les troupeaux ou le petit bétail : voilà qui explique peut-être la locution si courante dans les chartes médiévales faissa cum prato. Le dernier procédé pour fixer terres et talus est plus classique. J’en ai déjà fait état pour l’endiguement des cours d’eau : c’est la plantation de haies, surtout lorsque la terre est trop meuble99. Saules et osiers ne se contentent pas de coloniser les graves, les gravairones des textes, et les limons des basses terrasses, ils contiennent et soutiennent la terre arable par le talutage des berges. Le diagramme anthracologique de Béziers-la-Madeleine où les essences anthropogènes occupent une part grandissante (tabl. 22) en offre une bonne illustration. Lors des transactions, il est bien souvent enjoint au preneur de planter la rive d’arbres100, et parfois en rangs suffisamment serrés pour former un bois101. À l’époque moderne, P. Blanchemanche note que ces arbres sont cultivés en têtard et que les haies ainsi constituées sont plantées sur le tertre provenant du déblai d’un fossé102. À cette pratique se rattachent les faissa plantada, faissa cum bosco de bords d’eau ou celles qui doivent en redevance de fustis boschi quartum103.
34Que cultive-t-on dans ces faïsses de rivage ? Car elles sont productives puisque grevées de taxes104. L’une d’entre elles, la tasque, est couramment le signe d’une mise en valeur récente, ce qui conforte encore plus le lien entre édification de terroirs de pente et défrichement de la ripisylve. On y pratique principalement la céréaliculture, seule ou en complantage. Cette agriculture est une agriculture sédentaire et continue : lors de l’engagement d’une faïsse du finage de Moure, dans la plaine agathoise, l’une des clauses du contrat énumère le cycle complet des travaux de préparation du champ : guéret, sadonat, fumure et retrofumure105.
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35À partir du XIe siècle, l’attaque des boisements mésophiles relictuels localisés le long des thalwegs des cours d’eau ou des lagunes littorales passe en partie par des travaux d’endiguement et de régularisation des eaux dont le moulin à paissière est le principal instrument. Elle passe aussi par l’assainissement, la surélévation, la consolidation et le talutage des terres meubles nouvellement gagnées à la culture dont les faïsses sont un des éléments primordiaux. Après déforestation, les terrasses quaternaires se prêtent naturellement à de telles transformations. Les vastes condamines sont l’un des signes les plus visibles du gain de terres alluvionnaires consacrées à la céréaliculture intensive. Ce processus bouleverse totalement les données écologiques : la hêtraie ou chênaie hêtraie mésophile de l’époque précastrale est quasiment éradiquée au XIIIe siècle au profit de formations méditerranéennes dégradées et jardinées qui jouxtent des plantations de saules, d’osiers, de figuiers. Depuis le Néolithique, notamment à l’époque gallo-romaine, les rivages ont déjà été mis en valeur. Mais au Moyen Age, la conquête prend un tour définitif puisqu’elle ne sortira plus de l’espace agraire. À l’heure actuelle, la majorité des tènements « Condamines » sont encore cultivés. Ce paysage humide de fond de vallée s’est construit progressivement en trois phases parfaitement reconnaissables (fig. 52). À son sujet, je ne suis pas loin de partager l’opinion de F. Menant à propos du paysage de la plaine du Pô qui présente avec son cousin languedocien des parentés certaines. Il y voit « un chef-d'œuvre de réflexion et d’habileté. Un milieu aussi artificiel ne peut qu’avoir été très fortement marqué par l’histoire : il a été en fait construit minutieusement, en fonction de préoccupations de rentabilité économique, par un grand nombre de générations successives ; l’essentiel de l’œuvre s’est accompli entre le XIIe et le XVIe siècle »106.
À la conquête des zones humides et marécageuses (IXe-XIIIe siècle)
36Lorsque Charles le Simple confirme à l’abbaye de Psalmodi en 909 la donation du fisc royal bordant la côte entre Rhône et petite Camargue, il prend soin de le circonscrire minutieusement : c’est là l’une des plus belles et des plus complètes descriptions médiévales du paysage languedocien107. La zone littorale ainsi dépeinte comprend d’abord la plage où l’on pêche et où l’on ramasse les matériaux apportés par le Rhône, le cordon à la végétation dunaire troué de passes et de graus, les étangs parfois salés et les cours d’eau bordés de frondaisons où l’on chasse au gibier à poil et à plume, les palus où croissent arbustes et joncs et enfin les terroirs de pâture ou d’herbage, de céréaliculture, de pisciculture. Cette photographie carolingienne met déjà l’accent sur l’une des caractéristiques principales de ce milieu : l’eau ; eau douce des fleuves qui recouvrent périodiquement les terres y déposant leurs limons, eau saumâtre des marais qu’il faut drainer, eau des étangs qu’il faut soit maîtriser soit assécher, eau salée de la mer. L’édification de terroirs culturaux dans ce secteur passe donc obligatoirement par la domestication de l’eau. Celle-ci est ancienne : l’acte de Charles le Simple le prouve. L’exposition consacrée aux étangs en 1986 l’avait déjà montré108. Mais elle n’est pas encore totale et complète.
La transformation du paysage végétal littoral
37Pour comprendre l’évolution d’ensemble de la végétation littorale entre la période carolingienne et le seuil du XIIIe siècle, je m’appuierai sur les deux sites archéologiques camarguais d’Augery et de Psalmodi. Leur situation bioclimatique dans le mésoméditerranéen chaud les place à la croisée de plusieurs séries de végétation bien différentes. Le processus d’humanisation du milieu est alors plus complexe et plus délicat à appréhender que pour les gisements d’un strict mésoméditerranéen. Mais il ressort toutefois que, dès la période carolingienne, l’intégration des zones palustres à l’ager est enclenchée.
L’extension des formations halophiles (Augery de Corrèges VIIIe-début Xe siècle)
38À Augery de Corrège (tabl. 23), en Grande Camargue, l’anthracoanalyse restitue en filigrane la végétation des sables dont le bois des Rièges est aujourd’hui le meilleur représentant109 : le Pin pignon, la Filaire, le Pistachier et le Genévrier de Phénicie sont tous de bons fixateurs du système dunaire, troué de passes et de graus. Il ferme au sud, est et ouest les étangs littoraux. La présence de Pinus pinea montre que la strate arborée de cette association est non négligeable. La Filaire, sans aucun doute Phillyrea angustifolia, fait référence au Phillyreetum de Camargue, groupement préforestier de cette région110.
39Mais la grande caractéristique de la flore carolingienne est la prédominance sur l’ensemble du site de la végétation halophile à Tamaris et Monocotylédones. En dehors d’Arundo donax et de Phragmites communie, l’analyse anthracologique n’a pu établir de détermination spécifique pour les autres Monocotylédones en raison du caractère peu discriminant de l’anatomie de leurs faisceaux de bois. Cependant, étant donné ces identifications et l’implantation camarguaise de l’habitat, la majorité des Monocotylédones appartient aux groupements de type sansouire, roselière, et, dans une moindre mesure, prés salés : salicornes, scirpes et Glumiflores (Cypéracées et Joncacées)111. En milieu juxtalitorral de sables, de marais plus ou moins saumâtres, d’étangs d’eau douce ou salée, temporaires ou permanents, le Tamaris a un rôle primordial à jouer dans la construction du paysage : il assèche les zones amphibies et fixe les dunes et les « radeaux », c’est-à-dire les surfaces exondées séparées par des étangs peu profonds qui échappent à une salinité excessive. Les phytosociologues de la Camargue insistent à maintes reprises sur le fait que Tamarix gallica est une essence pionnière, préludant à l’extension de groupements arbustifs ou arborescents112. La plantation de tamaris au bord des fossés, des talus, des roubines ou des rives en consolide le sol : en 1179, Raimonde engage son champ de Sérignan et interdit clairement au bénéficiaire de couper les tamaris et les joncs de la rive, craignant l’affaissement de son terrain si la couverture végétale disparaît113 ; Arnaud Drochi vend au chapitre d’Agde son champ de Tamaris114. Au tournant du XIIIe siècle, tamaris et tamarissières sont protégés115. Dans les documents modernes concernant le terroir de Lattes, P. Blanchemanche constate lors des travaux de réfection consécutifs aux inondations qu’il est obligatoire de replanter les tamaris bordant les digues116. À Augery comme ailleurs, l’essence participe directement à l’atterrissement des terrains saumâtres.
40Corollaire de la prépondérance d’une végétation halophile, la représentation de la strate arborée est faible : la chênaie mixte117 et la ripisylve avec Alnus sp., Cornus sp., Ligustrum vulgare, Populus sp., Quercus pubescens, Salix sp., Tamarix sp. auxquels se joint certainement Fagus sylvatica, sont déjà notablement dégradées. Le diagramme palynologique offre une image identique : H. Triat-Laval et M. Malléa excluent la présence d’un riche couvert forestier aux environs immédiats du site118. L’action humaine médiévale est ici décisive : elle favorise sur cailloutis et poudingues pliocènes ou quaternaires siliceuses (Costière du Gard et de la Crau), les peuplements à Arbousier, Bruyère arborée, Cistes et, sur calcaire, les buxaies et assemblages à Bruyère et Pin d’Alep. Les derniers lambeaux de forêt repérés aux IXe-Xe siècles sont presque totalement éradiqués. Ils sont aujourd’hui absents du paysage. Enclenché surtout depuis le Néolithique, le processus de dégradation de la chênaie caducifoliée au profit de la chênaie sempervirente, puis des garrigues, a entraîné la diminution des taxons arboréens.
41La première phase de défrichement médiévale au IXe siècle se traduit en Grande Camargue par l’expansion de zones salées et de phramigtaies consécutives au déboisement. Disséquant les revenus fonciers des Porcelet, M. Aurell i Cardona constate que la Tête de la Camargue « contient des terroirs situés dans un périmètre tout proche d’Arles et qui ont été l’objet de la part de ses habitants des premiers travaux d’aménagement et de dessèchement depuis les temps reculés de l’éveil économique du Haut Moyen Âge »119. H. Triat-Laval observe aux Frignants et à Augery du Rhône de Saint-Férréol120 à partir de l’époque romaine un essor des Chénopodiacées liées aux milieux halophiles bien identifiés par l’anthracoanalyse, c’est-à-dire une extension des sols de la Camargue lagunomarine. L’augmentation concomitante des Ombellifères, des Graminées de type Céréales et de leurs commensales conjuguée au déclin de Plantago et Artemisia « modulent cette interprétation dans le sens de remontées salines au niveau des sansouires créées lors de la déforestation et correspond à l’extension des marais salants sous l’impulsion des abbayes cisterciennes dès le XIIIe siècle »121. Elle déclare également que « l’emprise du sel et de l’agriculture semblent aller de pair dans cette partie de la Camargue. Le fait que les terres basses et salées sont apparues au rythme même de l’édification des cordons alluviaux propices à l’agriculture fournit une explication en admettant que ces cordons ont été cultivés au fur et à mesure de leur formation »122. Pour R. Molinier, « tout aplanissement en rapport avec l’installation de cultures expose à des remontées de sels »123. À Augery de Corrège, l’extension des sansouires et des phragmitaies doit être reliée à une colonisation du milieu. En effet l’un des premiers résultats de l’analyse sporopollinique du gisement est une augmentation régulière des céréales124. Cette indication est confirmée par la paléocarpologie125.
42Le paysage carolingien camarguais tel que le décrivent les charbons de bois accrédite la thèse d’une croissance agricole forte durant le Haut Moyen Age126. Cependant, il reste encore quelques lambeaux de ripisylve et de chênaie mixte qui disparaîtront lors de la seconde attaque forestière vers l’an Mil127. La confrontation de l’ensemble des résultats anthracologiques, dont une partie seulement est présentée ici, avec ceux de la paléocarpologie et de la palynologie précisera sans aucun doute ces premières interprétations.
Déboisements et cultures en Petite Camargue (IVe-début XIIIe siècle)
43À Psalmodi (tabl. 24, 25, 26), en petite Camargue, les faits rapportés à la phase la plus ancienne, la période paléochrétienne-Haut Moyen Âge (IVe-VIIe-Xe siècle), photographient un paysage déboisé où le Pin d’Alep occupe une place oscillant de l/4 à l/3 du total. La prépondérance écrasante de cette essence est la caractéristique principale de la végétation psalmodienne. Elle est synonyme d’une recolonisation rapide sur les faciès dégradés de la chênaie mixte. La présence de Rosmarinus officinalis, d’Erica sp. et de Phillyrea sp. renvoie à une brousse de type Rosmarino-Ericion, dernière formation régressive buissonnante avant l’établissement des pelouses. Le Pin d’Alep y germe naturellement atténuant l’aridité ambiante et facilitant à terme la croissance d’espèces de sous-bois ou d’arbustes comme Pistacia lentiscus, Quercus coccifera, Rhamnus alaternus et Smilax aspera. Sur le long terme, ces espèces préludent à la réinstallation de la forêt. La constitution d’un paraclimax à Pinus halepensis indique que les déboisements psalmodiens sont anciens et que l’emprise humaine est forte, contrairement à Augery où l’action de l’homme est plus récente.
44Comme en Grande Camargue, la chênaie mixte est faiblement représentée, avec une prépondérance de la formation marcescente et de son cortège floristique, Buxus sempervirens, Crataegus monogyna, Prunus mahaleb, Prunus spinosa et Sorbus aria-domestica au détriment de la chênaie sempervirente accompagnée d’Arbutus unedo, Juniperus sp., Rhamnus alaternus. Les sols profonds et alluvionnaires des bords du Vistre et ceux décarbonatés des Costières favorisent le Chêne pubescent, tout comme son intégration régulière aux boisements des bords d’eau. Ceux-ci, médiocres, sont composés de Salix sp., Fraxinus oxyphylla, Ulmus campestris, mais aussi d’essences mésophiles, Fagus sylvatica et Corylus avellana. Comme à Marsillargues, les déforestations carolingiennes ne paraissent guère affecter ces assemblages.
45La capacité de la société rurale du Haut Moyen Âge à forger un agrosystème se lit dans l’existence précoce de terroirs culturaux. Psalmodi est le seul site languedocien qui ait livré dès le Haut Moyen Âge des espèces anthropogènes : Ficus carica, Pirus communis, Prunus avium, Prunus amygdalus, Olea europaea, Vitis vinifera. Bien qu’identifié anthracologiquement après l’an Mil, il faut rajouter à cette liste le Noyer, présent à Marsillargues dès l’époque romaine et caractérisé carpologiquement à Augery128. À l’état sauvage, le Mérisier et le Poirier ne sont pas à leur place dans l’étage mésoméditerranéen inférieur : le premier est un compagnon du Hêtre en montagne et le second vit dans les zones collinéennes. Leur culture n’est attestée dans les cartulaires que postérieurement au Xe siècle. La xylologie ne différencie pas l’espèce sauvage de l’espèce cultivée : il n’est pas exclu que ces taxons survivent à l’état subspontané dans les associations mésophiles relictuelles. En revanche, pour l’Amandier, la grosseur des pores, très nettement supérieure à la normale, implique une culture et des soins intensifs tels qu’une taille régulière, des façons fréquentes, et même, une irrigation.
46Les défrichements du Moyen Âge central attaquent d’abord et surtout les pineraies ouvertes à Pin d’Alep dont le pourcentage chute notablement. Ils affectent aussi la ripisylve et la transforment en formation jardinée où Ulmus campestris est sur-représenté. Mais la colonisation des palus demeure encore le principal front pionnier, même si l’anthracoanalyse du gisement psalmodien, à la différence du cartulaire, le passe quelque peu sous silence puisque la végétation halophile et dunaire (Tamarix sp., Monocotylédone et Juniperus sp.) n’y apparaît qu’en filigrane, hormis en T93 C4. Corrélativement, le gonflement des terroirs se poursuit : cultures et arboriculture continuent leur progression pour représenter près de 20 % du total. Cette prépondérance de taxons cultivés est l’une des grandes caractéristiques des flores du littoral languedocien oriental étudiées tant par l’anthracologie129 que par la palynologie130. Les gisements contemporains (Lunel-Viel, Saint-Saturnin, Montagnac) n’ont pas livré d’indices d’humanisation du milieu aussi forts. Un taux aussi conséquent de ligneux arboricoles ne se retrouve pour le moment que dans les flores postérieures à 1150.
47À Psalmodi, la variété des essences fructicoles conjuguée à la forte proportion de Rosacées, l’Amandier en particulier dans T73 C23, dévoile la vocation arboricole et polyculturale de la plaine littorale. Il y a une dizaine d’années, N. Planchais soulignait déjà l’importance des Rosacées médiévales pour l’ager régional malgré leur difficile identification palynologique131. L’archéologie des champs, menée récemment dans la plaine nîmoise par L. Vidal, confirme l’existence précoce d’une arboriculture fruitière importante132. Il y a là un phénomène primordial peu mis en lumière par les cartulaires régionaux que les disciplines naturalistes rétablissent pleinement. L’identification d’Olea sp. mérite quelques commentaires car, pour l’heure, seul le site de Lastours (XIIe siècle) en a livré, ce qui est conforme à l’évolution de la zone montagnarde vers la fructiculture. La détermination de cette espèce près du littoral languedocien oriental (Psalmodi, Mauguio, Augery) est plus surprenante et il faut donc imaginer des oliveraies dans les zones basses, y compris dans les secteurs de palus, sur sols drainés et irrigués. Ce résultat est en accord avec les données synthétiques actuelles sur l’espèce dont l’essor dans la plaine et le long du littoral languedociens est récent133. La palette fructicole révèle potentiellement deux types d’exploitation : une arboriculture sèche ou irriguée à oliviers et amandiers, en partie complantée à la vigne, dont témoigne l’archéologie des champs134, et une arboriculture beaucoup plus humide de verger ou de potager avec le Figuier, le Mérisier, le Noyer et le Poirier. Le premier type est consécutif aux déforestations de la chênaie mixte ou des pineraies, le second rend plutôt compte de gains sur sols profonds occupés par la chênaie pubescente ou par les boisements mésophiles de bords d’eau.
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48Les analyses anthracologiques d’Augery et de Psalmodi, confortées par d’autres études biologiques, offrent l’image d’un paysage déboisé et fortement humanisé dès la période carolingienne : la chênaie est déjà altérée et localement remplacée par un paraclimax à Pin d’Alep, la ripisylve s’est réduite, les faciès à Monocotylédones sont importants. Même s’il reste des zones vierges de toute attaque forestière qui ne disparaissent qu’avec la seconde vague de colonisation, vers l’an Mil, la phase de déboisement du Haut Moyen Âge est indéniable. Elle fortifie les acquis du colloque de Flaran et révèle la précocité de la pression démographique. Sous l’impulsion des abbayes comme Psalmodi, mais sans doute aussi de groupes de paysans dynamiques comme à Augery, l’intégration des régions saumâtres à l’espace agraire est enclenchée et constitue l’un des fronts pionniers de colonisation. À Augery, implanté au coeur de la Camargue, elle s’effectue au profit de terroirs de prairie et de céréaliculture. À Psalmodi, dont le finage est largement ouvert à l’ouest sur la plaine, elle se réalise plutôt en faveur de la fructiculture ou de la viticulture, accentuant la vocation des zones basses à une exploitation de ce type. Elle est facilitée par l’évolution des milieux humides, qui, à partir de l’étape « c » de Marsillargues, deviennent de moins en moins saumâtres135. Mais l’analyse anthracologique n’enregistre par définition que la progression des ligneux, non celle des Graminées. C’est donc vers les textes qu’il faut se tourner pour décomposer entièrement le processus d’appropriation de terrains halophiles.
Du palus à la faïsse : l’édification des terroirs
49En Grande comme en Petite Camargue, la colonisation des palus est l’une des facettes de la phase médiévale de construction du paysage. Entreprise dès la période carolingienne, elle trouve son plein épanouissement au tournant du XIe siècle. Intégrer les palus à l’espace agraire est complexe et requiert plusieurs opérations différentes visant à déboiser136, puis à drainer, à assécher et à désaliniser la terre tout en la consolidant. Les contemporains avaient conscience de la durée importante et de l’intensité de ce labeur visant à préparer le sol137. Sous une forme quelque peu différente, la seconde phase d’exploitation de saltus décrite à Marsillargues est aussi lisible près du littoral.
Drainer et désaliniser
50En milieu saumâtre ou humide, l’un des plus anciens dispositifs employés pour drainer et assécher le terrain consiste à creuser un fossé autour ou au milieu de la parcelle que l’on souhaite bonifier138. Nombreux sont les champs de la plaine qui, dès l’époque carolingienne, sont bordés sur un ou deux côtés d’un tel dispositif139. Au XIIe siècle, il s’est apparemment complètement généralisé et les terres sont décrites vallo in medio. Fossa ou vallum sont cédés avec la pièce cultivée et servent de bornes de propriété. À l’origine, le vallum est un fossé surmonté d’un talus destiné à la défense. Dans le contexte des terroirs, et non pas de l’habitat, le terme se galvaude et devient peu à peu synonyme de fossa surtout à partir du XIe siècle. En effet, aux IXe-Xe siècles, bien qu’il ait perdu son sens militaire, il garde encore la notion de clôture140. Certains actes sont explicites sur le rôle de ces fossés dans la canalisation et le drainage des eaux141. Comme en Italie padane142, les infrastructures antiques sont réutilisées car les documents parlent de fossatos antiquos, de vallatum vetulum ou encore de fossa Godesca143. Mais ces belles constructions sans doute maçonnées demeurent l’exception : la plupart des drains sont de simples saignées creusées directement dans la terre144. À Augery de Corrèges, la fouille a mis au jour tout un réseau de fossés en liaison avec les structures d’habitat dégagées. Les roselières et les phragmites, bien identifiés anthracologiquement, devaient border ces canaux, roubines et fossés où l’eau douce circule. En effet, il est parfois difficile d’après le vocabulaire de différencier fossé de drainage et canal d’irrigation145. D’ailleurs, souvent la liaison avec le moulin est exprimée146.
Irriguer les prairies et les champs
51Drainer les palus est une nécessité pour conquérir de nouveaux terroirs. Irriguer les herbages ou les champs en est une autre afin de maintenir une certaine humidité tout en facilitant la désalinisation. Les eaux de pluie recueillies dans les drains forment une réserve d’eau qui peut éventuellement pallier le déficit hydrique. Néanmoins un tel procédé n’a pas pour vocation l’arrosage des parcelles. Les premiers témoignages de dérivation ou de captage des eaux remontent au IXe siècle147. Encore une fois, il convient de souligner la précocité du phénomène. Le développement du réseau suit à peu de chose près celui des moulins. Car c’est autour d’eux que viennent se greffer les canaux d’irrigation. Les eaux canalisées (aquis eductibus ou deductibus) s’opposent de façon rhétorique aux eaux courantes (aquis decursibus). Le circuit est double avec deux conduits différents pour l’arrivée et le départ car les documents distinguent les eaux amenées et ramenées148. L’irrigation n’est pas une pratique limitée à la basse-plaine : les exploitations agricoles de Garrigues et des contreforts montagneux la connaissent aussi. M. Bourin a bien montré que ce sont en priorité les terroirs horticoles de la zone subcastrale qui bénéficient de l’irrigation149. Viennent ensuite les parcelles de céréaliculture intensive ou de prairie150. On sait peu de chose sur l’organisation du système d’irrigation avant le XIIIe siècle. Les deux documents communaux d’Aniane, bien que datés de 1293 et de 1577151 et concernant la moyenne vallée de l’Hérault, comportent quelques précisions intéressantes. D’abord que le réseau des canaux était très dense. C’est aussi le cas en Lombardie152. À l’époque moderne, P. Blanchemanche constate que les roubines fourmillent par centaines sur le terroir de Lattes153. La seconde indication concerne les périodes d’arrosage qui sont limitées : si en 1293 il n’en est pas même fait état, en 1577 on apprend que l’arrosage se fait tous les deux jours du lever du soleil jusqu’à 10 h entre mai et septembre. Les documents lattois modernes fournissent des précisions identiques154. Quoique ne mentionnant pas une quelconque irrigation, une charte du monastère Saint-Sauveur-de-la-Font à Nîmes, datée de 1162, corrobore ces éléments plus récents155. Elle laisse supposer que le système était largement usité à l’échelle de la région.
52Les paysans construisent aussi des puits pour capter l’eau. Dès le Xe siècle dans les cités, il est un complément quasi obligé de l’hort ou de la treille attenant au mansus cum curie156. A la même époque, la campagne en compte déjà : certaines ville ou certains alleux sont cédés cum puteis, rivis,fontis et molinis et molinaribus157. La plupart du temps, ils sont dits in ipsa villa, dans le noyau habité, près des cultures potagères et des ferragines158. On les trouve aussi au milieu des parcelles céréalicoles ou aux marges des terroirs159. Par conséquent, ils ne sont pas réservés aux parcelles choyées de la zone castrale ou subcastrale. Ces puits sont généralement privés car ils sont appelés du nom de leur propriétaire160. Lorsqu’ils sont cités en confront, ils paraissent appartenir en commun à plusieurs personnes, lesquelles se partageraient l’investissement à la manière des moulins. Il existe quelques rares puits qui semblent communautaires tel celui d’Ardessan161 ou de Mirtiago près de Rogues. Cependant, il est délicat de se prononcer sur la diffusion de cette installation, notamment près des palus, car les indices demeurent trop épars.
Construire une faïsse
53J’ai précédemment établi que l’agriculture de pente concerne aussi la basse-plaine et que la création des faïsses est une réponse originale à la colonisation des zones humides en argumentant d’ailleurs que certaines faïsses étaient édifiées au cœur de la Camargue162. Dans un milieu de ce type, il est quasiment nécessaire de consolider la terre et de rehausser le niveau du sol. Je donnerai encore une fois la parole aux documents modernes par l’intermédiaire de P. Blanchemanche car ils contiennent des descriptions très précieuses des techniques de construction employées163 : « Il sera tracé une grande maire (fossé) dans le milieu de la palus qui partira de la Mosson et remontera à travers celle-ci sur 500 mètres... La terre extraite permet de rehausser le niveau du terrain. Mais le plus souvent des saignées parallèles, de dimension plus réduites, sont creusées à travers la parcelle. Et c’est cette technique qui lui donne une morphologie particulière, en lanières, telles les faïsses d’un pré du petit Saint-Sauveur longeant le chemin allant de Lattes à Pérols. Notons que le compoix de Mauguio (1653) fait état à de nombreuses reprises de ces parcelles en lanières surélevées de près de deux mètres que l’on peut encore observer aujourd’hui. » Et plus loin « les baux d’affermage ne manquent pas de rappeler la clause de roubinage, consistant à curer les fossés, à les débarrasser des obstacles pouvant entraver l’écoulement des eaux (branches et troncs de saules, d’osiers, etc.). Et on imagine sans peine que les matériaux extraits de ces travaux de curage ont, au fil des siècles, non seulement rehaussé le niveau des basses terres humides, mais ont aussi constitué une source d’engrais non négligeable ».
Une colonisation en deux temps
54Les milieux halophiles se prêtent difficilement d’emblée à la céréaliculture ou à la fructiculture : leur vocation naturelle les destine dans un premier temps à des pâturages. À partir de l’an Mil, les chartes psalmodiennes attestent que cette construction se fait en plusieurs étapes : après défrichement, les terres marécageuses, plus ou moins salines, sont d’abord vouées à la prairie et ce n’est que dans un deuxième temps, après un drainage suffisant, qu’elles sont mises en culture164. Le seigneur ne s’y trompe pas qui alourdit son prélèvement en fonction du degré d’humanisation atteint. Mais bien souvent, les paysans en restent au stade du pratum in palude ou ad paludes. Les dimensions atteintes par ces parcelles sont alors immenses165. Parfois, c’est un véritable finage villageois qui surgit : ainsi, aux environs de Lattes, le castrum de Palude166. À Augery, le Pâturin annuel et la Luzerne minette prouvent que ces prairies sont pâturées ou fauchées167. Les analyses archéozoologiques confirment l’importance et l’originalité de l’élevage qui, dans ce secteur, s’oriente plus vers les bovidés (boeuf-taureau) que vers les ovicaprins ou les suidés168.
55Sans en avoir de preuves irréfutables, j’ai tendance à penser que le défrichement des palus littoraux au Moyen Âge n’implique pas forcément une prise de possession continue et totale. Je m’appuie essentiellement sur deux arguments. Le premier concerne la culture de l’avoine attestée à la fois par les textes et par la paléocarpologie. Dans le chapitre suivant consacré aux terroirs de montagne et de garrigues, je montrerai que cette céréale est associée à un rythme triennal syncopé et à une agriculture itinérante. Si je n’ai de pas trace écrite d’une rotation sur trois ans dans le secteur des palus, l’importance des herbages et la présence de l’avoine me laissent augurer que le littoral a aussi connu un système syncopé. L’autre argument est tiré des documents postérieurs : d’après les baux d’affermage modernes, P. Blanchemanche caractérise l’agriculture lattoise par la succession jachère-céréales-friche169 ; pour lui la stabilité des herbages indique en réalité des travaux d’assèchement intenses de terrains marécageux et l’équilibre entre prés et terres résulte d’un va-etvient lié directement au système de rotation. Ces indices, certes fugaces, n’en vont pas moins dans le sens d’une colonisation parfois non pérenne.
L’assèchement des pièces d’eau stagnante
56La maîtrise des eaux dormantes constitue le dernier volet de la bonification des terrains littoraux. Elle a donné lieu à des réalisations parfois spectaculaires. Les problèmes techniques, logistiques, financiers que posait l’assèchement des grandes pièces d’eau en a repoussé l’exécution au XIIIe siècle. Je m’attacherai ici surtout à en développer certains aspects plus méconnus et modestes.
Une importante réserve naturelle
57Les étangs sont un élément fondamental du paysage médiéval languedocien. Ceux du littoral d’abord, séparés de la mer par un cordon, ceux des vallées fluviatiles ensuite. Grâce à des anomalies parcellaires, la photographie aérienne en repère beaucoup, tel le fameux étang Piperel près du Pouget connu des sources écrites dès le Xe siècle, ou, plus au sud celui de la plaine de l’Estang, équitablement partagé entre Puilacher et Tressan, et, encore plus bas, dans la plaine biterroise, ceux de Saint-Aubin et Saint-Paul à Lespignan, de Poussan à Béziers, de la Voûte ou de Fach à Puisserguier, et bien d’autres encore. Tous présentent un dessin géométrique dont l’étoile rayonnante de Montady est l’exemple le plus connu. Ils soulignent la forme des anciennes cuvettes palustres. Ces dépressions, fréquentes dans tout le plat-pays, sont d’origine endoréique. Elles ont été façonnées par les tassements post-sédimentaires et surcreusées par les processus nivéo-éoliens durant le Würm170. Les autres pièces d’eau sont plus modestes et s’apparentent à des mares ou à des lavagnes. La microtoponymie les égrène sous la forme « Estagnols » comme la villa quam vocant Stagnole171 aujourd’hui l’Estagnol, au nord de SaintGuilhem-le-Désert. Il faut imaginer le Languedoc des Xe-XIIe siècles riche d’une multitude d’étendues d’eau, vastes étangs des systèmes lagunaires ou simples mares de l’arrière-pays. Une telle abondance favorise localement le maintien d’une humidité ambiante élevée, donc la persistance de boisements mésophiles à basse-altitude.
58Quelle étendue couvraient-ils ? Il est difficile d’apporter une réponse globale car il faudrait coupler systématiquement l’analyse textuelle, archéologique et cadastrale pour chaque étang de façon à dater avec précision les structures encore visibles si l’on veut avancer un chiffre cohérent. Une telle étude a été faite pour Ouveilhan : 200 ha étaient sous les eaux, soit environ 7 % du territoire communal172. Cette estimation recoupe celles que j’ai effectuées au Pouget (4 % soit 56 ha), à Tressan (4,5 % soit 16 ha) et Puilacher (7 % soit 16 ha). Dans les trois cas, les étangs étaient encore en eau aux XIe-XIIe siècles. C’est au XIIIe siècle, au moment où le sentiment communautaire arrive à maturité et où les terroirs sont pleins, que la plupart ont été définitivement asséchés173. A Montady, P. Carrière parle d’imitation d’un modèle local, celui de Puisserguier. Étant donné la répétition de ces structures géométriques et régulières jusque dans la moyenne vallée de l’Hérault ou aux marges septentrionales du Biterrois, on peut sans doute parler de modèle régional.
59Ces étangs constituent une réserve naturelle dont les usages sont codifiés. Le Jus piscandi et capiendi pisces et aves174, c’est-à-dire le droit de pêche et de chasse au gibier d’eau, surtout les oiseaux, sont les deux formes principales d’exploitation de leurs ressources. Les pêcheries sont établies dès la période carolingienne, notamment en Camargue et dans la région de Maguelone175. Plus tard, aux XIe et surtout XIIe siècles, la pisciculture se perfectionne avec les maniguières176. Le sel est lui aussi exploité très tôt. La pleine propriété et les droits sur les étangs, qui font l’objet d’âpres conflits, appartiennent à l’origine à la grande aristocratie laïque ou aux abbayes comblées par les souverains carolingiens telles Aniane ou Psalmodi. Nobles et religieux contrôlent ainsi le pulmentum, c’est-à-dire les redevances sur la navigation et les produits de la pêche, sur quasiment tout le littoral entre Frontignan et les Saintes-Maries-de-la-Mer. Ces droits ont souvent été récupérés par les cisterciens, comme à Mèze.
Un système original de mise en valeur
60À mi-chemin entre un assèchement définitif et un maintien en eau avec l’établissement de pêcheries, le système d’assec-évolage semble bien être connu à la fin du XIIe siècle en Bas-Languedoc. En effet, un acte du cartulaire de Valmagne décrit parfaitement l’exploitation de l’étang de Tortoreria au finage de Vairac, non loin du monastère : cum opus fuerit reficere et purgare fulcos aquarios qui vulgo dicuntur rees per quos possitis aquas dirivare et stagnum desiccare et sic ad ultimum culturam redigere ; si autem molendinos construere in predicto stagno ut de ipsn aqua in aliquo vestro loco volueritis aut arbores plantare sive pisces nutrare et ex inde trahere....vobis concedimus177. La pièce d’eau de Tortoreria est dotée d’un dispositif permanent de vidange, les rechs (rees) qu’il faut entretenir (reficere et purgare) pour éviter l’accumulation de toutes sortes de dépôts. Ce dispositif permet l’assèchement complet par le détournement (derivare) des eaux. L’étang est ensuite remis en culture. L’emploi du verbe redigere, où le préfixe remarque la répétition, suppose que l’étang connaisse un cycle plus ou moins régulier où une phase consacrée à la pisciculture alterne avec une période d’assec. J’interprète pour ma part le terme cultura dans une perspective agricole non piscicole. Du Cange et Niermeyer ne donnent pas d’exemples d’acception autre. Il faut donc conclure que pendant l’assec, l’étang est emblavé.
61Je n’ai pas d’autres preuves formelles de l’existence d’une rotation pisciculture et céréaliculture, si ce n’est quelques indices ténus, comme pour l’étang de Maladuno à Béziers178, qui n’excluent pas l’interprétation d’un assèchement pérenne. Cette alternance représente une étape ultime dans le processus d’intégration des pièces d’eau aux terroirs agricoles. Le drainage définitif intervient fréquemment au XIIIe siècle179. Ce système d’assec-évolage rappelle celui traditionnellement en vigueur dans la Dombes où l’étang est barré d’une digue munie de vannes, de fossés et biefs par lesquels l’eau s’écoule dans ce qui est appelé une rivière de détourne180. Dans cette région, il correspond à la colonisation d’un relief, de faciès géomorphologiques particuliers. En Languedoc aussi. Il y aurait là une réponse adaptée à un milieu spécifique qui tient encore à l’époque une place importante. Passé 1200, la disparition des étangs contribue à l’aridification du paysage languedocien.
Les édifices travertineux
62L’histoire des édifices travertineux et des écosystèmes fluviatiles, palustres ou lacustres, dans lesquels ils se développent n’a été abordée dans son ensemble que récemment. Grâce à l’incitation de l’ATP du PIREN, des chercheurs d’horizons différents ont pu élaborer en 1988 une première synthèse qui prend en compte la période historique181. Elle a sans doute bien vieilli, mais c’est, à ma connaissance, l’un des rares documents généraux sur le sujet à l’époque médiévale. Je m’y référerai donc en réactualisant les travaux déjà menés182.
63Dans cette perspective, deux sites languedociens ont été étudiés : Gabian et Saint-Guilhem-le-Désert. Ce dernier a fait l’objet d’un sondage par J. Gasco à la hauteur du premier dôme de tufs. Il a décelé la présence d’une basse terrasse historique (post-romaine-antérieure au Xe siècle). La fondation du monastère par Guilhem dans un « désert » a vraisembla blement notablement perturbé le fonctionnement des marécages et du paléo-lac lié au travertin, marécages plus anciens non encore fossilisés par le colluvionnement anthropique. En effet, l’abbaye est directement construite sur le dôme du second travertin. Sans doute a-t-il fallu entreprendre des travaux d’assainissement des berges du Verdus et construire un dispositif hydraulique dont certains éléments, encore visibles aujourd’hui, sont difficiles à dater en l’absence de témoignages écrits antérieurs au XIIIe siècle et de fouilles archéologiques. À Valbonne, la macroflore médiévale antérieure à l’implantation monastique témoigne que le tuf, actif durant les XIe-XIIe siècles, est constamment imprégné d’humidité favorisée par la présence de sables et marnes sous-jacents183. Malheureusement, l’indigence des témoignages écrits interdit d’aller plus loin en Languedoc. C’est vers la Provence qu’il faut se tourner pour avoir un point de comparaison. En effet, la vallée de l’Huveaune compte d’importants barrages de tufs (Auriol, Pont-de-Joux, Roquevaire) et le cartulaire victorin de Marseille fournit des précisions intéressantes quant au processus d’anthropisation de telles formations durant le Moyen Âge central.
64Durant la première moitié du XIe siècle, le dossier de textes atteste l’existence d’un terroir irrigué et exploité tout le long de l’Huveaune (tabl. 27). Les berges du cours d’eau ont fait aussi l’objet d’aménagements hydrauliques : construction de moulins, de bédals... Pour M. Zerner184, qui s’appuie sur la constitution du Grand cartulaire, lorsque les moines prennent pied dans la basse vallée vers 1000-1030, vers le Gué de Marguerite, ils reconstruisent plutôt qu’ils ne construisent. Ils améliorent un dispositif plus ancien que la documentation ne permet pas de dater plus précisément. De même, à Saint-Zacharie et Auriol, les déguerpissements et dons en faveur de Saint-Victor font état de moulins déjà construits. Ces indices affermissent les conclusions languedociennes sur la précoce diffusion du moulin à paissière185. Je noterai aussi l’existence de plusieurs condamines jouxtant le fleuve, existence exactement contemporaine de leurs homologues languedociennes avec lesquelles elles partagent aussi une localisation identique186. Il faudrait entreprendre une enquête générale à ce sujet en Provence qui irait au-delà de la simple coïncidence et entérinerait le lien entre condamine et déforestation de la ripisylve.
Dates | References | Mentions concernant la vallee de l’huveaune |
984 | no 70, p. 97 | Mention de la villa d’Auriol |
1001 | no 69, p. 96 | Mention de la villa d’Auriol |
1030 (vers) | no 20, p. 26 | Moulin sur l’Huveaune au confluent avec le Jarret près du gué par lequel on accède à Cavaillan ; le Jarret se jette dans le bédal du moulin ; don de la dîme du moulin, des jardins et des prés du terroir susdit |
1030 (vers) | no 21, p. 27 | Moulin sur l’Huveaune au lieu-dit Gué Sainte-Marguerite ; dérivation très explicitement détaillée |
1030 (vers) | no 22, p. 28 | Droit de pêche sur l’Huveaune à la hauteur du Jarret |
1030 (vers) | no 106, p. 134 | Vigne dans le terroir du castrum d’Auriol au lieu-dit Plantiers |
1030 (vers) | no 101, p. 126 | Don d’un alleu dans le terroir du castrum d’Auriol confrontant l’Huveaune, d’une condamine au delà du palus et d’un devès sur l’eau de ce fleuve |
1035 | no 57, p. 84 | Don du castrum d’Auriol avec tous les moulins qui s’y rattachent, les jardins et les pêcheries |
1040 | no 58, p. 86 | Don du castrum d’Auriol avec tous les moulins qui s’y rattachent, les jardins et les pêcheries |
1056 | no 1073, p. 541 | Don de la villa de Lasa (Roquevaire) avec l’église Saint-Vincent |
1060 (vers) | no 466, p. 468 | Don d’une vigne située près de l’Huveaune |
1062 ( ?) | no 35, p. 54 | Don d’un jardin, d’un pré et d’une terre confrontant les canaux d’irrigation ou l’Huveaune |
1065-1073 | no 67, p. 94 | Don d’une partie du castrum d’Auriol avec les eaux courantes et stagnantes et les moulins |
1065-1073 | no 93, p. 119 | Vente d’une terre confrontant l’Huveaune au lieu-dit Quart |
1065-1079 | no 39, p. 58 | Vente d’une terre confrontant l’Huveaune |
1065-1079 | no 102, p. 129 | Vente d’une terre confrontant l’Huveaune vers Saint-Zacharie |
1065-1079 | no 104, p. 132 | Moulin sur l’Huveaune vers Saint-Zacharie |
1070 (vers) | no 105, p. 132 | Moulin sur l’Huveaune vers Saint-Zacharie |
1076 | no 87, p. 115 | Condamine confrontant l’Huveaune |
1077 | no 88, p. 116 | Don de la dîme d’un champ jouxtant l’Huveaune et un jardin |
1079 | no 38, p. 57 | Don des droits sur les eaux de l’Huveaune et ses affluents depuis la source jusqu’à la mer ; interdiction faite à quiconque de dévier l’eau de ce fleuve, de construire un moulin ou toute autre construction de nature à entraver le cours du fleuve |
1080 (vers) | no 1087, p. 554 | Don d’une terre confrontant un jardin, l’Huveaune et le bédal qui va au moulin de Saint-Geniès |
XIe siècle | no 37, p. 55 | Don d’une terre confrontant l’Huveaune vers Ressac |
XIe siècle | no 89, p. 117 | Mention d’une terre confrontant l’Huveaune |
1177 | no 759, p. 102 | Controverse au sujet des moulins et des eaux de l’Huveaune |
65Dans son article sur la croissance agricole en Provence, M. Zerner conclut que « tous les dossiers prouvent que les moines mirent la main sur des terres déjà aménagées ». C’est un point de vue que je ne partage pas entièrement. Certes, les rivages de l’Huveaune ne sont pas, vers l’an Mil, vierges de toute colonisation. Mais il existe encore, à la fin du Xe siècle, des terres à valoriser le long du fleuve. En effet, la donation par l’archevêque d’Arles, Raimbaud de Reillane, à l’abbaye Saint-Victor de Marseille d’un alleu à Auriol renferme une description partielle du paysage tout à fait intéressante : totam condaminam, que fuit de Bonefacio, in palude de ultra Vuelna et plus loin devesum in aqua qui vocatur Vuelna187. Un défens et un palus avoisinent encore l’Huveaune, signe d’une possibilité d’extension des cultures. Le terme palus désigne en Languedoc oriental les marais plus ou moins saumâtres du littoral. Mon interprétation est que ce marécage fonctionne en liaison avec les travertins holocènes d’Auriol repérés par J. Vaudour188. Il correspond probablement aux sols noirs hydromorphes situés à l’amont des tufs, plus difficiles à drainer que les sols calcimagnésiques en aval des barrages. Cela n’est pas sans rappeler l’attaque tardive, vers 1030 et 1060, des sols alluvionnaires des basses terrasses languedociennes189. Quoiqu’il en soit, cette indication, précieuse, montre que la dégradation des milieux fluviatiles travertineux n’est pas encore irréversible au début du XIe siècle. C’est une conclusion essentielle qui corrobore les résultats de l’anthracoanalyse quant à la persistance de boisements mésophiles en bords de rivière et ceux des recherches sur la macroflore travertineuse de Valbonne190. La disparition des écosystèmes humides dépendants des tufs est l’un des facteurs qui aggrave l’évolution vers un environnement plus sec. À partir de 1060-1070, les titres de propriété dont celui, global, des droits sur l’Huveaune par le vicomte de Marseille en 1079, révèle que la création et la reconstruction des terroirs humides irrigués a atteint sa pleine maturité. L’essentiel des aménagements et des structures agricoles est mis en place.
66Le rôle de conservatoire floristique joué par les travertins est encore fort mal connu. Ce pourrait être le cas pour Laurus nobilis, le Laurier noble, identifié à Montagnac et Psalmodi. Cette espèce, unique représentante languedocienne de la famille des Lauracées, caractérise la laurisylve, formation de milieu chaud et humide. Souvent planté dans les parcs, le laurier se ressème avec une grande facilité dans les chênaies du voisinage, révèlant, sans jamais dominer, l’existence d’anciennes plantations d’ornement. Pour J. Braun-Blanquet, c’est un faciès anthropogène et dégradé de la chênaie d’yeuse et ce n’est donc pas une essence spontanée de la contrée191. Cependant, dans les tufs antéchalcolithiques de Meyrargues (Bouches-du-Rhône), P. Roiron caractérise une ripisylve à Peuplier et un boisement mixte à Chêne caducifolié et Laurier. Le sousbois comprend Hedera helix, Smilax aspera et Vitis vinifera (sauvage)192. Cette végétation est affine de celle de l’étage collinéen actuel des Préalpes qui correspond à la série mésoméditerranéenne du Chêne pubescent193. Les tufs holocènes du Martinet près de Montpellier ont livré une flore identique à celle de Meyrargues, riche en lianes de toute sorte (Clématite, Salsepareille, Vigne), mais où les essences arborées, comme le Chêne pubescent et le Peuplier, sont absentes194. D’autres analyses auront à préciser et à définir ce rôle. Mais ces premières indications sur l’histoire des édifices travertineux montre que le sujet est riche de découvertes.
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67La croissance agraire carolingienne donne un premier élan durable et profond à la transformation des paysages littoraux : les formations arborées, déjà altérées, continuent à diminuer pour être remplacées par un paraclimax à Pin d’Alep ou disparaissent quasiment au seuil de l’an Mil ; corrélativement les cultures, céréales et arbres fruitiers progressent. La vocation de la plaine orientale à la fructiculture, pleinement révélée par les disciplines naturalistes, est affirmée dès cette époque. Au seuil de l’an Mil, l’intégration des palus à l’espace agraire se poursuit. Elle est portée par la maîtrise de techniques particulières de drainage et de consolidation du sol qui constituent autant de réponses en adéquation avec le milieu environnant. L’agriculture de pente concerne aussi le secteur des marais. Cette prise de possession est lente et progressive puisqu’elle passe d’abord par les herbages avant les céréales. Elle n’est sans doute pas systématiquement pérenne. La domestication des secteurs saumâtres ou marécageux s’achève avec l’assèchement au tournant du XIIIe siècle des pièces d’eau dormante et des systèmes lacustres liés aux formations travertineuses. Loin d’apparaître répulsive ou désertique195, la côte, son cordon, ses plans d’eau contigus, ses sansouires, est au contraire l’objet d’un fort processus d’anthropisation et de maîtrise du milieu qui aboutit à bâtir un paysage agraire original par sa structure « en pente », son mode de gestion (construction en deux temps sans doute non totalement pérenne) et par le type de plantation (fructiculture).
Les terroirs de garrigues et de montagne : une colonisation partielle (Xe-XIIe siècle)
68En se lançant toujours plus haut à la conquête des versants et des plateaux, les paysans de l’an Mil font éclater la maille de l’habitat. Au-delà des plaines, l’éclosion d’un habitat dispersé matérialise les fronts pionniers de colonisation. Cette dilatation de l’espace rural aux marges des finages conduit ici à l’élaboration de terroirs qui ne sont que partiellement ou provisoirement intégrés à l’ager car, sous l’effet de la pression démographique, ce sont des milieux fragiles ou en équilibre instable qui sont attaqués et détériorés. Les pentes accusées en constituent un pour lequel « il n’y a pas de solution intermédiaire entre l’abandon et l’aménagement intégral »196. Les reliefs tabulaires des Garrigues et les replats en sont un autre à l’interface du cultum et de l’incultum, de la forêt et des champs, en situation périphérique et incertaine. Avant d’en retracer l’évolution, il faut examiner la cellule productive de ce secteur : le manse. Décortiquer son organisation et sa structure participe à la compréhension de ces paysages.
Le manse, élément dynamique du paysage
Un vecteur de la réorganisation seigneuriale
69E. Magnou-Nortier et M. Bourin-Derruau ont montré combien les structures foncières des reliefs s’opposent à celles du plat-pays197. Dans la plaine, une bonne partie du territoire cultivé se répartit en parcelles et les seigneurs rationalisent leur production par la création d’une réserve moderne tournée vers des secteurs de profits spécialisés, céréaliculture intensive pour les condamines, viticulture pour les clos. Le fractionnement et la dissolution de la tenure originelle sont partout flagrantes et, depuis le Xe siècle, le terme lui-même désigne de plus en plus le corps d’exploitation habité ou la seule maison. Au contraire, dans les reliefs, le manse fait plus que perdurer : il domine. La tenure est encore souvent intacte et compacte et le sens ancien d’exploitation rurale se maintient. Elle se définit comme une unité homogène et complexe. Cet antagonisme s’accentue encore après 1050 lorsque les écarts se multiplient198. Il n’est pas spécifique au Languedoc. En Auvergne aussi, la plaine, anciennement occupée, contraste avec les montagnes où l’occupation du sol n’a pris son essor qu’à partir de l’époque carolingienne et où règne l’habitat dispersé en manses199. En Gévaudan, la résistance de l’habitat dispersé explique que le sens d’exploitation rurale ait encore cours au XVe siècle200. Devant une telle similitude, on peut se demander si toutes les marges du Massif central n’évoluent pas de façon identique.
70Comme le souligne M. Bourin-Derruau, l’archaïsme des termes n’est pas synonyme d’immobilisme et la stabilité des structures foncières ne veut pas dire fossilisation. Dans les reliefs, l’encellulement des hommes s’opère au rythme des défrichements et la persistance des termes masque une réorganisation profonde de la seigneurie qui s’adapte aux conditions économiques créées par la croissance agraire. Le manse, « actif », est l’instrument de la colonisation201. Dans la mesure où le mouvement n’est pas encadré, à quelques exceptions notables, par les seigneurs, l’initiative en revient aux paysans, aux familles plus dynamiques ou plus démunies parties, individuellement et spontanément, s’installer aux confins du territoire. L’ont-elles fait dans un cadre déjà seigneurial, à l’image des cours pionnières de Sabine202 ou des tenures partiaires, ou bien sont-elles alleutières et le fruit de leurs efforts a-t-il été insidieusement enserré dans les rets de la seigneurie ? Je penche plutôt en faveur de la seconde solution. D’abord à cause du décalage chronologique entre l’apparition des écarts dans la documentation et la chronologie des rythmes et des formes des déforestations établie par la palynologie et l’anthracologie, appuyée aussi par des indications textuelles. Ensuite parce que les zones pionnières sont favorables « à la formation de l’alleu paysan, se défaisant sous les coups du sort, mais renaissant sans cesse aux marges des pouvoirs, dans les terroirs menacés par l’envahisseur, ou pris sur la friche »203. C’est le cas en Auvergne, en Provence et surtout en Catalogne204. Dans toute la Gaule du Midi, P. Bonnassie insiste sur le rôle majeur des paysans alleutiers dans l’assaut contre l’inculte, même si, pour C. Duhamel-Amado, on ne peut que supposer leur existence dans l’arrière-pays languedocien205. Il témoigne d’un effort continu du monde paysan pour conquérir une liberté économique précaire. Cette captation des alleux par les seigneurs n’est pas démentie par l’évolution du prélèvement seigneurial : l’apparition de redevances partiaires à l’extrême fin du Xe siècle et leur généralisation à partir de 1030-1060 est concomitante de l’offensive forestière du XIe siècle206. Ce manse, élément moteur des structures foncières, n’est pas uniforme et présente plusieurs faciès.
Une définition écologique
71En opposition avec les terroirs volontiers monoculturaux de la plaine, surtout en Biterrois, le manse est une exploitation polyculturale et vivrière. Grâce à l’examen minutieux des longues litanies de biens afférents à la tenure, une certaine diversité est perceptible dans la structure et dans l’implantation au sein de l’écosystème médiéval. On peut caractériser trois grands types. Le premier rassemble les manses qui produisent des céréales et du vin. S’y ajoutent fréquemment l’arboriculture et le jardinage-maraîchage. L’élevage est présent sans être systématique car les terrains de parcours ne sont parfois pas inventoriés et la chênaie ou la garrigue souvent totalement absentes. Localisés en plaine ou en bassin, en pays de vieille occupation humaine, ils sont complètement intégrés à l’agrosystème et n’ont plus aucun lien avec la silva207. La moyenne vallée de l’Hérault en est à cet égard fort bien pourvue. Lorsque le manse n’a pas de toponyme propre, il est malaisé de distinguer ceux qui sont véritablement des écarts de ceux, nombreux, dont la tête de l’exploitation est dans un hameau ou un village in ipsa villa et les cultures disséminées dans le finage. Contrairement aux deux catégories suivantes, la corrélation avec la mise en valeur du sol est délicate à établir : elle ne se saisit bien que rarement, lorsque l’appellation du manse fait référence à la situation topographique ou écologique originelle.
72En second lieu viennent les manses liés à la ripisylve, en bordure de fleuve, d’étang ou de lagune. Leur position écologique détermine leur orientation principale. Dans les zones amphibies du littoral, ils sont tournés vers la pêche, la chasse au gibier d’eau, l’exploitation du sel, la prairie et l’élevage extensif dans les palus adjacents208. Plus au nord, ils jouxtent les berges des cours d’eau comme en témoigne leur microtoponyme en Fraisse, Joncasse ou Plage209. Entre 950 et 1030, ils ne comportent encore que des bois, des droits sur les eaux, une pêcherie et parfois un moulin. Passé 1100, lorsque la conquête des rivages est achevée, ils constituent un agrosystème de pointe. Les cultures horticoles ou viticoles, plus rarement céréalicoles, y sont intensives et soignées et la prairie irriguée. Le moulin et les canaux d’irrigation y sont systématiquement adjoints. Le manse de La Cabrairesse à Aniane, le long du ruisseau des Corbières, en est le meilleur représentant210.
73La dernière classe est de très loin la plus nombreuse. Elle comprend les manses liés aux groupements forestiers des étages supraméditerranéen et mésoméditerranéen supérieur : formations mixtes à Chêne vert et Chêne pubescent, boisements plus mésophiles ne comprenant que le Chêne pubescent et parfois aussi, vers le nord, le Hêtre. Leur toponyme en Rouvière, Blaquière, plus rarement en Yeuse ou Fage211, traduit parfaitement leur implantation bioclimatique. Dans leur structure, les bois comptent beaucoup et la précision mansus cum bosco n’est pas rare212. Logiquement, l’exploitation est centrée sur l’élevage et les ressources forestières. Si la viticulture y est encore parfois essentielle, la céréaliculture n’y joue plus qu’un rôle d’appoint ; quelquefois même, elle est totalement absente213. Ici les énumérations mettent l’accent sur la trilogie prata-pascua-bosci ou sur la silva assortie fréquemment de garriga et de rivi et lacci sur le Causse, points d’eau indispensables à l’alimentation du bétail214. Fréquemment installés à mi-pente des bassins et des plateaux de Garrigues ou des Causses, leur finage, fort étendu, couvre à la fois le penchant des montagnes laissé à la viticulture, le relief tabulaire où s’étendent les pâturages et la silva, et un bout de terrain plat destiné au blé et aux légumes. Au seuil du XIIIe siècle, lorsque les terroirs sont pleins, ils comptent un devès215. Le manse de la Rouvière à Vailhauquès, déjà rencontré216, est un exemple significatif. S’il n’était si répandu dans les Garrigues et bassins de moyennes vallées (Mosson, Vidourle, etc.), un tel système pourrait être qualifié de « montagnard ». En effet, compte tenu des décalages altitudinaux, il est très proche de ce qu’observent les historiens dans les montagnes méridionales, à des époques plus tardives il est vrai217.
74Par leur localisation, ces trois structures correspondent bien aux trois fronts pionniers cartographiés au chapitre précédent. Ainsi le manse est à la fois une structure sociale et une réalité écologique dont les éléments se combinent pour former un système fonctionnel. Cette cellule organique, vivante, est loin de n’être qu’une unité fiscale et qu’une superstructure administrative218.
L’étendue du manse
75Il est essentiel d’estimer la superficie du manse. D’après les indications concernant le terroir de Cambous, M. Bourin-Derruau l’évalue en moyenne à 50 ha dans la moyenne vallée de l’Hérault219. En repérant sur la carte les quatre voies citées comme confronts du manse de la Roque220, j’aboutis à environ 56 ha dans les Garrigues (Cne de Saint-Bauzille-de-Montmel). Les deux calculs se rejoignent. Ils sont effectués d’après les tenants et aboutissants, non d’après les chiffres fournis par la documentation, ce qui les rend plus fiables malgré leur très petit nombre. Dans la basse plaine, la taille du manse chute comme en témoigne l’inventaire des fiefs que tient Raimond de Torrenes de l’évêque de Maguelone qui autorise la reconstitution partielle du manse des deux frères Martin, Guilhem et Pons, grâce à l’énumération d’un certain nombre de terres221. L’ensemble des parcelles cultivées couvre une superficie d’au moins 25,75 ha. Ce calcul doit être révisé à la hausse puisque il n’est pas sûr que la totalité des terres de ce manse aient été comptabilisées : les prairies et le saltus sont absents. Au voisinage de la cité montpelliéraine, le manse couvre une surface plus que conséquente, surtout si l’on songe que la moyenne des parcelles est d’à peine 40 ares vers 1180222. Mais il est vrai que cette estimation recouvre des disparités et que les parcelles à défricher dans les Garrigues sont plus vastes. Néanmoins, une cinquantaine d’hectares compacts dans l’arrière-pays pour une trentaine plus au sud, le manse est encore une grande exploitation au XIIe siècle. J.-P. Poly en Provence arrive également à cet ordre de grandeur, mais deux siècles plus tôt223. Une agriculture extensive conjuguée à une vocation pastorale et à un système de culture original que je détaillerai dans un instant expliquent cette grande taille.
À l’assaut des pentes pierreuses (XIe-XIIe siècle)
76Les lunettes et les gradins ne constituent pas le seul type d’agriculture de pente dans le Languedoc médiéval224, mais, comme dans tout le pourtour de la Méditerranée et même au-delà, les paysages de terrasse revêtent une intensité particulière parce qu’ils sont un vivant témoignage de l’effort et du labeur des hommes. Dès 1975, P. Bonnassie réclame que « l’étude et la datation des terrasses méditerranéennes deviennent l’un des objectifs privilégiés de l’archéologie agraire » et préconise avec raison l’emploi de la méthode phytogéographique225. Plus de vingt ans après, force est de constater que ni les historiens, ni les archéologues, ni les phytogéographes n’ont consacré de monographie et de synthèse approfondie à la question. Le difficile casse-tête de la datation des structures encore visibles reste donc entier. L’information la meilleure vient pour l’instant des géographes et ethnologues226. Pourtant, en Languedoc comme ailleurs, la colonisation des versants et des piémonts passe obligatoirement par des travaux de terrassement, d’épierrement et de dérivation des eaux pour enrayer les phénomènes d’érosion et de ravinement dus aux pluies automnales et printanières. Or les sources écrites sont presque muettes sur la construction ou la reconstruction de ces terroirs qui s’opère durant la seconde vague de défrichement forestier, celle qui, au XIe siècle, entraîne les hommes toujours plus haut.
Un paysage de plus en plus tourmenté
77Dans la description cadastrale d’un bien et de ses confronts, l’emploi de plus en plus fréquent, à partir du milieu du XIe siècle, des prépositions sub ou subtus et super pour le circonscrire dans son environnement immédiat repère des parcelles où la dénivellation est importante227. De même, la référence à la topographie du terminium ou des possessions avoisinantes exprime la colonisation de zones accidentées : podium, podiolum, mons et les noms composés avec ces deux racines Puéchaut, Montaut, Montels, etc., comba, comballa, vallis, etc. abondent passé l’an Mil, surtout dans la moyenne vallée de l’Hérault, les Garrigues et le glacis biterrois. S’ils n’impliquent pas forcément des aménagements de pentes ou des terrasses de culture, ces indices marquent toutefois l’intégration progressive des déclivités dans l’ager médiéval Avec la polarisation de l’espace au Xe siècle, puis l’enchâtellement au XIe siècle, la migration de l’habitat au plus haut point du terroir est perceptible au travers d’expressions telles que celles-ci : subtus ecclesia Sancta Perpetua vinea... et subtus vilare jamdicto est ipse campus228. Elles suggèrent un étagement des proches cultures depuis le coeur du village jusqu’au pied de l’éminence et rappellent la création au Latium de terroirs de huerta en terrasses à proximité de l’habitat perché229. Mais le signe le plus sûr d’un aménagement des pentes, ce sont les faïsses.
L’aménagement des pentes
78J’ai consacré un certain nombre de pages aux faïsses de rivage, en terrain meuble car elles sont, de loin, les plus abondantes dans le Languedoc médiéval. Il est temps que je m’occupe de celles construites sur de petits puechs isolés ou à flanc de coteaux, sur des sols rocailleux, dont la microtoponymie a gardé la trace (fig. 51). Leur implantation est conforme à la géographie des fronts de colonisation. L’ensemble des techniques de « préparation du sol » des terrasses de culture sont décrites grâce aux descriptions modernes par P. Blanchemanche230. Elles requièrent d’abord un long et pénible travail de terrassement à la houe ou au pic, puis l’épierrement de la future parcelle et un transport de terre pour aplanir et épaissir le sol. L’étape suivante est la construction d’un soutènement par un talus de terre ou un muret de pierre. Puis vient l’élaboration d’un système de drainage pour les eaux souterraines et plus superficielles, comme pour l’irrigation. Ce dispositif complexe de dérivation est aussi indispensable, sinon plus, que l’édification de lunettes puisqu’il garantit en grande partie la stabilité des gradins et facilite la croissance de l’appareil radiculaire des plantes. Un bon dispositif hydraulique est également crucial pour enrayer l’érosion des terres. Dans la vallée de l’Andarax en Espagne médiévale, les recherches archéologiques montrent l’importance des galeries souterraines dans le captage et l’évacuation des eaux231. Cette succession d’opérations donne naissance à deux paysages particuliers en fonction du pendage, du substrat et des proportions respectives de la pierre et de la terre arable.
79Les faïsses de dénivellation moyenne n’instaurent pas encore un véritable système de culture en terrasse au sens traditionnel du terme. Elles se rapprochent plutôt du rittochino, l’un des plus anciens sistemazioni collinari de l’Italie232 où les champs de 50 à 80 m sont séparés par un fossé et un rideau d’arbres. Elles se localisent plus spécialement sur les formations collinéennes argileuses. Les puechs ou combes du glacis biterrois constitués d’alluvions du Quaternaire ancien ou récent ou de dépôts meubles du Tertiaire correspondent parfaitement bien à un système de ce type. Et en effet, dans le Bédérès-Agadès, les documents médiévaux rendent compte de gains à la culture de petits accidents de terrain, de replat233. Là où la dénivellation est forte, parfois supérieure à 30-40 %, on édifie de véritables gradins. Les escaliers de géants que sont certaines faïsses s’intallent au flanc des massifs montagneux et au piémont des plateaux des Garrigues. Dans les hautes-vallées montagnardes et dans les bassins de garrigue, la mise en valeur et le défrichement des versants dépend de la maîtrise de fortes dénivellations. Les actes médiévaux en ont conscience : unam fasciam de terra de vertice montis usque in strata publica234. La faïsse d’Arboras au Val Durant est située dans une étroite vallée au relief particulièrement pentu235. Certaines préfigurent les bancels cévenols236.
80Par rapport aux faïsses de terroirs humides et alluvionnaires qui portent du blé parfois en monoculture, la vocation première des faïsses de versants est logiquement tournée vers la viticulture et l’arboriculture fruitière sèche en raison de leur exposition à flanc de coteau et de la légèreté des sols. La plantation d’arbres reste l’un des moyens privilégiés pour étayer et consolider les aménagements de pente tout en limitant l’érosion du sol. Les documents écrits ne permettent pas de vérifier cette assertion car, pour les terrasses de ce type, l’information est rare sur les produits et leur taxation237. À l’époque moderne, le complantage est d’un usage quasi systématique238. Mais la céréaliculture n’est pas totalement exclue : elle y occupe une place intercalaire et secondaire comme complément alimentaire239.
81La construction des terrasses est une réponse en adéquation avec la morphologie régionale à la pression démographique du XIe siècle. L’attaque des flancs de coteaux modèle un nouveau paysage où l’arbre joue un rôle clef. Il présente beaucoup plus d’affinité avec la Catalogne qu’avec l’Italie latiale où seuls les terroirs de jardins et de huerta font l’objet de travaux approfondis de terrassement. Ces faïsses de l’arrièrepays s’intègrent bien dans un système où la polyculture vivrière reste prépondérante. Il reste encore à en saisir la structure et le rythme.
Un système d’exploitation syncopée
82Dans la construction d’un terroir, la gestion des rapports de la trilogie agraire, ager-saltus-silva est déterminante. En Languedoc, l’équilibre de la production des terroirs de Garrigues et de montagnes repose sur un système de culture complexe où se combinent des éléments technologiques et humains et des éléments écologiques. Ce système est un exemple de ce que R. Fossier appelle des « systèmes de culture syncopée », c’est-à-dire des systèmes où une organisation interne du terroir est reconnue sans qu’elle soit totale, à la différence des cultures assolées240. En effet, l’offensive forestière contre les massifs de garrigues et les boisements de versants et de plateaux implique une forme de mise en valeur adaptée à ce milieu spécifique et fragile. Pour en cerner toute l’originalité, il me faut d’abord dresser sommairement la liste des grains cultivés dans tout le Languedoc durant le Moyen Âge central. À partir de ces données, je pourrai alors mieux en dégager le rythme.
L’éventail des grains emblavés
83Au delà d’un simple catalogue, j’ai tenté un dénombrement quantitatif de l’importance respective des céréales emblavées (fig. 53). Comme tout essai chiffré pour les époques médiévales hautes, celui-ci ne satisferait sans doute guère un statisticien car il est tributaire de la localisation, du type de bien et de la nature de la redevance. Il suppose aussi que les prestations en nature reflètent la production réelle des terroirs. On peut encore l’espérer au XIIe siècle car l’administration seigneuriale n’a pas les pesanteurs du XIIIe ou du XIVe siècle. Non loin du Languedoc, en Gévaudan, où la stabilité des structures agraires est forte, les terriers de la fin du Moyen Âge renvoient encore une image à peu près fidèle de l’agriculture241. L’aspect évolutif n’est pas pris en compte car l’échantillonnage était trop peu étendu pour espérer dégager une quelconque variation. Il s’agit simplement de donner un ordre de grandeur très grossier pour le XIIe siècle.
84En Languedoc, le paysan est un mangeur d’orge242 : au XIIe siècle, l’escourgeon d’hiver qui s’oppose à la paumelle, l’orge de printemps, non rencontrée dans les sources, représenterait environ la moitié des grains cultivés. Cette prédominance, qui se marque jusque dans l’onomastique médiévale, est logique : les faibles exigences pédologiques de l’orge et sa résistance à la sécheresse en font la céréale idéale en région calcaire. C’est d’ailleurs le cas de presque tous les pays du bassin méditerranéen243.
85Céréale la plus anciennement mentionnée, le froment occupe environ le quart des emblavures. Il s’agit vraisemblablement de Triticum aestivocompactum, le blé tendre hérisson, identifié par l’analyse carpologique à Lunel-Viel dont la culture est largement répandue dans la France méridionale durant le Moyen Âge244. Ce froment est généralement un froment d’hiver. Cependant, les froments médiévaux regroupent aussi des variétés de printemps, posant ainsi le problème des blés alternatifs : sur les bords de la Méditerranée, triticum désigne quelquefois un blé particulier comme le blé rouge, froment de printemps, par opposition au frumentum d’hiver245. La faible différenciation notée dans les chartes entre triticum, peu usité, et frumentum correspondrait alors à cette distinction246.
86Vient ensuite l’avoine : c’est une surprise sur les bords de la Méditerranée où le climat est traditionnellement considéré comme défavorable en raison de la sécheresse puisque c’est une céréale de trémois qui n’est pas mise en terre avant mars247. Cependant, en Provence, N. Coulet récuse cette affirmation et montre que l’avoine n’est pas ensemencée au printemps, mais en hiver. Il conclut « qu’aucun déterminisme climatique ne courbe donc sous la loi le paysan de Basse-Provence, l’astreignant à alterner froment et jachère »248. En Languedoc, l’avoine n’a pas été caractérisée à Lunel-Viel alors qu’elle a été déterminée à Montaigut et au Castlar, dans la réserve d’un bâtiment incendié, où l’on a pu prouver qu’il s’agissait bien d’une céréale de printemps249. Avenu sativa est déjà présente dans le Lattes gallo-romain250. Appelée tantôt civada tantôt avena, elle surgit dans les cartulaires vers 1030-1060 pour être quasiment sur un pied d’égalité avec le froment en nombre d’occurrences dans les actes du XIIe siècle (1/4 environ).
87La technique du méteil est employée en Bas-Languedoc dès le XIe siècle251. Elle se développe surtout durant le XIIe siècle pour triompher au siècle suivant252. Ce blé mitadenc ou mescla se compose de deux parts de froment pour une part d’orge253. Ces proportions sont très variables en Agadès : 3/4 ou 4/5 de froment pour 1/4 ou 1/5 d’orge, moitié-moitié ou encore inversées à 2/3 d’orge pour 1/3 de froment. La part du blé mitadenc dans la céréaliculture au XIIe siècle n’est pas très élevée : moins de 10 %. Ce pourcentage doit être corrigé à la hausse car un certain nombre de biens cédés ad panem et vinum ou qui doivent du pain en redevance paient également un cens en setiers d’orge et de froment. Il faut souligner que les deux céréales sont semées et moissonnées en semble sur la même pièce de terre : les redevances des parcelles sont directement exprimées en mescla ou bladum inter frumentum et ordeum254.
88Avant de refermer le catalogue, il faut mentionner pour mémoire le millet comme culture secondaire. Les chartes y font surtout allusion par le biais de la microtoponymie qui démontre sa culture en terroirs homogènes, sur les sols riches et humides des bords de l’eau255. C’est le seigle qui clôt cette liste. Il n’a droit qu’à la portion congrue puisque trois citations seulement ont été recensées256. Cette piètre place du Secale cereale dans l’agriculture médiévale languedocienne demeure étonnante, étant donné ses qualités de résistance et de frugalité qui en font une plante bien adaptée aux contextes difficiles. Cela l’est d’autant plus qu’à l’époque moderne le seigle devient le brillant second du froment257.
89Cet inventaire du bladum languedocien au XIIe siècle dénote une recherche de diversification culturale pour assurer au paysan une meilleure gestion des aléas climatiques tout en lui procurant une alimentation plus variée. Deux innovations importantes doivent retenir l’attention : le développement des semis à grains mêlés et surtout la part conséquente de l’avoine dès le XIe siècle dans la répartition des emblavures. Cette place de l’avoine dans l’agriculture languedocienne est a priori étonnante et appelle une explication. En effet, céréale de printemps, l’avoine est cultivée à la même époque sur les sols riches de la France du nord en rotation triennale avec une céréale d’hiver258. Qu’en est-il en Languedoc ? À quel type de cycle se rattache-elle et dans quels terroirs est-elle semée ?
L’avoine : une culture de relief en rotation triennale
90Les terres privilégiées pour la plantation d’avoine sont celles des reliefs compartimentés, là où le manse perdure encore au XIIe siècle et où le castrum n’a pas su rassembler ni même sans doute polariser l’habitat : zone tabulaire des Garrigues avec le bassin sédimentaire de SaintMartin-de-Londres, plateau du Larzac (La Vacquerie, Rogues), hautes vallées montagnardes (vallée de la Buège, de la Virenque, de l’Hérault), Causse d’Aumelas (Valmagne, Grémian). Quelques incursions le long des étangs : Mèze et Marsillargues. Quelques points dans la moyenne vallée de l’Hérault comme Vendémian, Paulhan ou Aspiran, mais pas au-delà dans la basse-plaine biterroise ou montpelliéraine. Pas de civada au fil des chartes agathoises et une seule en Biterrois.
91L’exemple du Rouergue conforte l’équivalence entre avoine et zone montagnarde. Aux XIe-XIIe siècles, le relevé des céréales cultivées dans cette région est le suivant : orge d’hiver, froment, seigle, épeautre pour les blés d’hiver ; palmoule, l’orge de printemps dite paumelle, et avoine pour les semences de printemps. La répartition des emblavures quantifiée à partir des cens seigneuriaux au XIe siècle (fig. 54) est sans équivoque : l’avoine est prépondérante à plus de la moitié, notamment en haute montagne ; elle est logiquement suivie par le seigle puis par le froment. Étant donné l’importance des semis de printemps, cette liste rouergate suggère l’usage précoce de la rotation à jachère triennale, céréales d’hiver et avoine ou paumelle de printemps.
92Or à côté du cycle biennal classique ou aménagé par la culture des légumineuses, les chartes languedociennes attestent l’existence d’un rythme ternaire des cultures. Il se localise principalement sur les terres pauvres de l’arrière-pays. Ces témoignages sont logiquement en accord avec la géographie des mentions d’avoine, mais sont tout à fait déconcertants si on les compare à ceux concernant la France du nord. Comme au Latium259, l’expression ad tres fruges, per tres blados, ad tertium annum ou le nombre d’années tertiaires apparaissant dans les cens ou les mises en gages260 signalent cette technique. Ainsi en 1094-1114, Guilhem Pierre de la Roche Fourcade qui part en pèlerinage au Saint-Sépulcre engage auprès d’Aniane le quart qu’il tient en fief honoré sur le manse de La Rouvière. Il précise et teneant in pignora tres annos usque dum habeant tres blatos receptos261. Une mise en gage d’une terre à Lézignan-la-Cèbe spécifie que le terme de rachat est festivitas Sancti Michaelis secundo blato annullato tracto262.
93Ces citations ne font généralement pas référence à une terre céréalière, mais à l’ensemble d’une unité d’exploitation agricole, le manse. Les semailles d’avoine pourraient être de simples cultures d’appoint sans rotation triennale. Cependant, la régularité des prestations versées par le biais des albergues ou des cens en nature, tout comme les précisions en nombre d’années, font penser à un cycle tout à fait habituel et démentent cette assertion. Ces redevances sont toujours acquittées en avoine seule, sans mélange, ce qui exclut l’intercalation de celle-ci sur un même champ parmi des cultures en rythme biennal. Enfin, il est tout de même frappant de constater que les manses du cartulaire de Maguelone qui doivent un mouton la troisième année, l’année de jachère par conséquent, soient des manses producteurs d’avoine. Ainsi, les reliefs languedociens et rouergats se révèlent-ils comme la zone géographique où sont associés de manière cohérente la culture de l’avoine et le rythme triennal au sein d’un type d’exploitation rurale spécifique : le manse.
94L’idée d’une extension plus grande d’un système ternaire jusqu’aux franges du Bas-Languedoc est étayée par les travaux des historiens, ethnologues et géographes. Beaucoup d’entre eux signalent des îlots de rotation triennale dans les montagnes méridionales263 : Provence, Pyrénées, Mont d’Aubrac, région d’Aurillac, Albigeois et plus près de nous Causse et Ségala, Aveyron sud, Uzège... Ils sont généralement considérés comme des reliques d’un système triennal ancien qui aurait rétrogradé. Pour G. Duby, la pénétration d’un rythme en trois temps a certainement été plus profonde qu’on ne le suppose d’ordinaire dans le Midi médiéval264.
95Le cycle le plus habituel est le suivant : jachère avec parfois cultures dérobées de légumineuses, céréales d’hiver, orge ou froment ou seigle, et enfin semis de printemps presque toujours consacrés à l’avoine. À l’époque moderne, le Languedoc abandonne le système méditerranéen biennal pour une rotation de type continental à froment-seigle-avoine, mais dès le XIVe siècle, le Piscénois connaît la rotation triennale265.
96Il est bien évident que plusieurs facteurs se conjuguent pour faire des reliefs languedociens l’aire privilégiée de cette technique agraire. Les bouleversements sociaux des années 1000-1030 constituent l’un de ces facteurs car l’augmentation d’Avena sativa est portée par le développement du groupe des milites266. L’avoine est presque toujours associée aux redevances banales les plus répandues, les albergues. Elles sont dues aux caballarii, les bien nommés : c’est le receptum ad civata toujours complémentaire du receptum ad erba267. Le lien n’est parfois pas intelligible. Nombreux sont les manses ou apendaries dont les prestations comprennent un cens en setiers d’avoine et une albergue, comme ceux répertoriés dans le rôle de Psalmodi en 1171 ou des Guilhem de Montpellier en 1201268 L’importance de l’avoine au XIIe siècle est par conséquent l’une des conséquences directes des transformations sociales et économiques de l’encellulement. Elle est explicitement destinée en priorité à l’alimentation des chevaux des milites : vicarius... habebit civadam equo suo269.
97Ce n’est sans doute pas un hasard si la quasi-totalité des mentions d’avoine et de rotations triennales, en dehors des cas littoraux, sont dans l’aire d’influence des Guilhelm : Guilhem de Montpellier dans les Garrigues montpelliéraines et le Causse d’Aumelas ; lignages apparentés ou alliés (Lodévois, Haute-vallée de l’Hérault)270. Ce réseau aristocratique complexe, autour duquel gravitent nombre de milites, impose de lourdes albergues aux manses qui forment dans ce secteur l’essence même de la seigneurie. Se détournant semble-t-il de la transhumance à la différence des monastères de l’arrière-pays, les Guilhelmide diffusent un système de culture original adapté aux nouvelles données sociales du XIe siècle. Étant donné l’extension géographique de cette technique, il est probable que le lignage montpelliérain l’a importé des montagnes méridionales. Les recherches de C. Amado-Duhamel sur les liens entre les familles auvergnates et languedociennes accréditent cette hypothèse271.
98Le facteur climatique est un autre élément déterminant : la permanence de boisements mésophiles le long de l’Hérault, sur le Larzac et les bordures caussenardes témoigne d’une humidité ambiante plus élevée que l’actuelle272. Dans ces conditions, la sécheresse estivale, fortement atténuée, n’est plus un obstacle insurmontable à la plantation d’avoine, s’il agit bien d’une semence de trémois. De même que les essences mésophiles, et le Hêtre en particulier, se rencontrent à basse-altitude, l’avoine se répand plus facilement dans ces zones humides, comme la bordure méridionale du Massif central ou la moyenne vallée de l’Hérault. Sans aller jusqu’à dire que la répartition biogéographique du Hêtre au Moyen Âge rejoint celle de l’avoine, il y a là certainement deux aspects complémentaires d’un régime climatique qui ne se laisse que peu cerner. Il convient de souligner qu’à l’heure actuelle les pluies sont plus abondantes et mieux réparties dans les Garrigues, malgré le caractère méditerranéen du climat, que dans la zone littorale273. Tous ces éléments réunis se conjuguent pour favoriser le développement d’un cycle cultural ternaire dans lequel l’avoine joue un rôle clef. Maintenant que l’existence de ce cycle est acquise, il faut en décortiquer le mécanisme.
Une gestion syncopée de l’itinérance
99Le cycle triennal qui se développe au XIe siècle en Languedoc est tout à fait particulier. On aurait pu s’attendre à le trouver dans les terres riches, grasses d’alluvions, gagnées sur le fleuve au détriment des boisements mixtes à hêtres, chênes blancs et noisetiers. Irriguées et fumées, elles ressemblent aux limons de Picardie et d’Ile de France. Il n’en n’est rien et les actes résistent à cette idée. Ce rythme ternaire a cours sur les sols légers de l’arrière-pays. Force est d’admettre que les manses de l’arrière-pays languedocien ou du littoral marécageux ont fonctionné en grande partie sur un rythme triennal à céréales d’hiver, orge ou froment, avoine et jachère. Ce système est un système souple et original de céréaliculture extensive sans assolement : dans une partie du terroir, céréales d’hiver et de printemps alternent ; l’autre partie est laissée longtemps en friche ; elle est régénérée par la fumure des ovins en pâture. Les terres ne sont vouées à la céréaliculture que peu de temps : très vite elles sont abandonnées car cette agriculture est une agriculture intermittente et itinérante sur essartage temporaire. L’espace agricole se déplace tous les ans. Elle n’a absolument rien à voir avec ce que l’on entend traditionnellement par assolement triennal dans la France du nord. Au contraire, c’est un système complexe adapté à la vocation à la fois agricole et sylvopastorale des exploitations de Garrigues ou de montagne. Le fait que l’on parle de cycle triennal se justifie globalement, au niveau de l’ensemble du manse : tout le finage est géré de façon cohérente de cette manière. Dans le détail des parcelles, le rythme est évidemment plus distendu.
100Les friches de longue durée, indispensables dans une telle perspective, sont vraisemblablement les aussedates des textes qui encore une fois ne se rencontrent que dans les reliefs ou la moyenne vallée de l’Hérault. Le terme d’aussedates est, à une exception près, toujours employé au pluriel. Il donne parfois son nom à un tènement ou manse274, signe que toute une partie de l’ager n’est pas cultivée et que de surcroît, il s’agit bien de longs intervalles de repos. Ces aussedates sont parfois cédées en parts comme les garrigues ou les moulins, ce qui montre leur unité et leur cohérence sur le plan de l’exploitation et de la gestion culturale275. Elles confrontent fréquemment à la fois des devès, bois ou ermes et des pièces labourées276. Leur place est donc aux franges de l’espace agraire. Le diagramme d’analyse pollinique de Marsillargues277, au bord de l’étang de Mauguio, les enregistre : la période médiévale, et plus particulièrement le Moyen Âge central, est caractérisée par l’importance des Cupressacées, spécialement du Genévrier, essence pionnière s’installant sur les stades post-culturaux.
101Dans un tel système, le déplacement fréquent des cultures sur une vaste surface gagnée par essartage temporaire compense l’épuisement rapide de terres somme toute trop pauvres pour supporter longtemps un tel rythme. Dans les reliefs comme le long du chapelet d’étangs littoraux, le processus de défrichement en cours autorise une telle pratique grâce à l’importance des surfaces vierges nouvellement gagnées par rompude sur la forêt ou les marais. Ainsi s’explique sans doute la taille importante du manse dans l’arrière-pays278 qui sert alors d’assiette aux redevances seigneuriales en avoine, la parcelle seule ne pouvant répondre à cette imposition. En Provence, N. Coulet observe aussi que la majorité des terres cultivées en rotation triennale sont de vastes terres279, notamment celles des affars de bastides. Aux marges du terroir, au contact du saltus, loin de l’habitat permanent, le rythme ternaire est dominant en Provence. Essartages temporaires et longues friches s’accordent parfaitement avec une telle organisation. La pratique d’une agriculture itinérante sur brûlis contrebalance le peu de labours pratiqués dans ce type de terroir. T. Sclafert280 note que les membres de l’Ordre de Malte qui dans la Provence du XIVe siècle pratiquent un rythme ternaire ne garachent qu’un tiers des terres, soit celles ensemencées en bons blés (froment, orge). Pour G. Duby, la culture itinérante entrecoupée de très longs repos, en particulier dans les quartiers récemment gagnés sur les friches, est une pratique courante au Moyen Âge : les Garrigues provençales et languedociennes ont été colonisées de cette façon281. Dès l’époque carolingienne, J.-P. Devroey note que l’avoine est une plante pionnière, s’adaptant aux sols les plus pauvres et gagnant à l’agriculture des terres marginales récemment défrichées ou mises temporairement en culture dans le cadre de l’écobuage282.
102Cette conclusion sur la rotation triennale des cultures associée à une exploitation extensive rejoint d’une certaine manière les idées de L. White et de F. Sigaut sur la supériorité réelle de l’assolement triennal classique de la France du nord283. Le calcul de L. White repris sur W. de Henley montre que l’adoption du rythme triennal par rapport au biennal n’est un véritable progrès que dans la mesure où son principal avantage réside dans l’obtention d’une avoine gratuite en quelque sorte sans augmentation du cheptel de trait et dans une meilleure répartition des travaux tout au long de l’année. Mais la productivité de la terre demeure rigoureusement identique dans les deux systèmes. Simplement, en triennal, la surface ensemencée et exploitée est plus grande, ce qui est ici le cas. Ce système en trois temps est également lié à l’essartage temporaire : C. Parain estime que l’assolement triennal de l’Europe tempérée s’est développé au Moyen Âge soit sur l’assolement biennal méditerranéen, soit sur des systèmes de cultures temporaires tels que celui que je viens de décrire284. De même, dans la Provence du XIVe siècle, T. Sclafert se fondant sur le rapport semence-récolte constate que les hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem préfèrent deux termes et non trois sur leurs meilleurs champs, c’est-à-dire ceux des terrasses alluviales ou fluvio-glaciaires qui bordent les rivières, car les rendements y sont plus élevés. C’est exactement le même cas de figure pour les condamines biterroises ou montpelliéraines.
103L’itinérance de ce système illustre les réflexions de F. Sigaut sur les défrichements par le feu285 : il écrit que les opérations d’essartages temporaires n’impliquent presque aucun travail du sol, ce qui n’est pas sans faciliter l’adoption d’une telle méthode culturale. Par ailleurs, les systèmes sur essartage temporaire qu’il a étudiés présentent la succession culturale suivante : céréales d’hiver, surtout froment dans le Midi, suivies par une céréale de printemps, presque toujours l’avoine parfois ressemée deux ou trois années de suite. Enfin, décrivant les effets physiques du feu sur les sols basiques, il conclut que l’excès de calcaire, comme dans les Grands Causses ou les reliefs tabulaires de Garrigues, bloque les principaux éléments fertilisants sous forme inassimilable : l’écobuage y exerce alors un effet positif.
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104À partir des années 1030, la généralisation du cycle triennal en liaison avec la part grandissante de l’avoine dans les emblavures amène la mise en place d’un nouvel agrosystème dans les reliefs et le long des marais littoraux du Languedoc. Dans ces secteurs, la forte permanence d’un habitat dispersé, les manses, colonisant les franges de l’ager médiéval, répond mieux que dans la basse-plaine aux conditions nécessitées par la pratique d’une céréaliculture extensive itinérante. La cellule sociale sur laquelle repose cet agrosystème est donc le manse, mais non pas un manse archaïque, alourdi par le poids de l’héritage carolingien, mais une cellule dynamique, écologique, qui a su s’adapter aux bouleversements économiques et sociaux issus de l’an Mil et à la conjoncture agraire du Moyen Âge central. Le mouvement d’offensive forestière qui entraîne l’intégration des versants et des palus à l’espace cultivé donne une assise solide à la diffusion progressive du système puisque l’importance des surfaces vierges autorise la pratique d’une agriculture temporaire sur brûlis. Elle explique la grande taille du manse. Dans ce processus, les seigneuries modernes, telles celle des Guilhem de Montpellier, jouent un rôle probablement important. Ici, ce n’est pas le grand domaine qui innove, mais les petites exploitations rurales. Ce mode de production original à double emblavement représente un bel effort d’humanisation et de maîtrise d’un milieu peu favorisé, tout comme la création des escaliers de géant. Il s’oppose à celui de la basse-plaine caractérisé par la recherche d’une intensification céréalicole corrélée à une volonté d’améliorer les rendements dans des terroirs organisés autour du castrum286. Cette opposition régionale entre plaine et reliefs s’instaure au XIe siècle avec la révolution castrale : elle perdurera jusqu’au seuil de l’époque moderne287. Comme le suggère N. Coulet288, il faudrait entreprendre une enquête de géographie historique sur les rotations de culture dans la France méridionale pour déterminer si les cas languedociens et provençaux constituent ou non une exception.
Des constructions mineures, mais originales
105À côté, des grands terroirs alluvionnaires ou des systèmes cohérents des reliefs, la documentation bioarchéologique révèle d’autres formations ou d’autres évolutions, beaucoup plus discrètes et, pour cette raison, jamais notées par les scribes contemporains. Généralement liées à un faciès pédologique ou édaphique très local, elles participent aussi à l’élaboration du paysage languedocien par de petites touches originales qui accentuent encore la mosaïque des terroirs. Étant donné l’état de la recherche, le processus d’intégration de ces faciès à l’ager ne peut être décrit. Tout au plus, le travail du paysan est-il discernable par le biais d’évolutions régressive ou progressive du milieu naturel. Certaines de ces formations sont appelées à un bel avenir : c’est le cas du Pin d’Alep ; d’autres interrogent plus longuement l’historien et le botaniste.
Les dépôts villafranchiens (IXe-XIIIe siècle)
La reconnaissance de formations arbustives calcifuges
106À plusieurs reprises, dans l’étage mésoméditerranéen inférieur ou à la limite entre le mésoméditerranéen inférieur et supérieur, des groupements calcifuges ont été repérés. Arbutus unedo et Erica arborea, les deux principaux représentants de ces formations, ont été identifiés à Lunel Viel, Béziers, Psalmodi et Augery (tabl. 13, 14, 22, 23, 24, 25, 26). Les quatre gisements sont tous localisés à proximité immédiate de sables et d’argiles pliocènes ou de formations villafranchiennes pauvres en carbonate de calcium (fig. 18). Malgré l’absence de critères anatomiques discriminatoires, je pense qu’une partie des Erica sp. de Psalmodi doivent être des Erica arborea ou scoparia étant donné la palette phytogéographique caractérisée. Ces taxons sont accompagnés de Ciste, de cf. Pistacia sp. à Augery, de cf. Cytisus sp. à Lunel-Viel et de Filaire dans tous les gisements sauf à Béziers. Ils évoquent singulièrement le sous-bois de la subéraie.
107Dans le diagramme palynologique de Marsillargues289, Bruyère arborée et Châtaignier sont en pleine progression vers 1300 ± 60 (Haut Moyen Âge), alors que le Chêne liège régresse et s’éclipse complètement au moment des première mises en valeur carolingiennes. L’Arbousier et le Ciste à feuille de Sauge sont présents de façon sporadique durant toute la séquence. Toutes ces essences font référence à des assemblages silicicoles. L’auteur corrèle les forts pourcentages des essences calcifuges, et de la Bruyère arborée notamment, à la proximité des terrasses villafranchiennes décarbonatées du bassin du Lez290. Aux alentours de Mauguio, ces terrasses, plus ou moins humides, sont propices à des groupements de ce type. Des stations relictuelles (Mare de Grammont, bois de Doscare) en témoignaient récemment encore.
Relictuelles ?
108Le sondage de Sète conduit N. Planchais à aller encore plus loin dans cette direction puisqu’elle conclut que « le Chêne vert a établi son hégémonie au cours du subboréal au détriment de forêts originelles assez différentes des actuelles. Il n’est pas impossible qu’une ceinture discontinue de subéraies ait existé tout le long du littoral méditerranéen français pendant la période atlantique »291. Ce résultat, très original pour le Languedoc, attribue au Chêne liège un rôle climacique appréciable. À Marsillargues et à Palavas, la subéraie, encore tout à fait conséquente au début du subatlantique, décline peu à peu au profit du Chêne vert. Son éradication définitive daterait donc du Haut Moyen Âge et serait à interpréter sur la longue durée, d’autant que le Chêne liège requiert un climat relativement chaud et une certaine humidité292, ce qui rejoindrait les conclusions relatives à la persistance de boisements mésophiles indicatifs d’une hygrométrie élevée en plaine. Mais à l’exception du gisement roussillonnais de Caramany, je n’ai pour l’instant pas identifié le Chêne liège.
109La disparition de la subéraie profiterait d’abord aux associations à Arbousier, Ciste ou Bruyère (Erica arborea), puis au Châtaignier qui, pour N. Planchais, serait cultivé293. À Marsillargues, la courbe ascendante de Castanea croise celle décroissante de Quercus suber. Dans les diagrammes anthracologiques, l’apparition d’un saltus calcifuge au IXe (Augery-Psalmodi) puis XIe-XIIe siècles (Lunel-Viel, Béziers) scande l’interprétation historique du sondage pollinique294. La déforestation des formations calcifuges profiterait aussi au Pin d’Alep : à Sète sa représentation démarre au moment où celle de Quercus suber décroît et, dans les diagrammes anthracologiques, elle est nulle avant le Haut Moyen Âge.
110Malgré tout, l’étendue exacte des formations silicicoles au Moyen Âge et leur rôle dans l’édification du paysage languedocien, s’il est réel, demandent encore à être mieux éclaircis. Les idées que je viens d’exposer en dévoilent les potentialités éventuelles. La vraisemblable disparition de la subéraie du littoral marque sans aucun doute un tournant dans l’évolution des structures de végétation calcifuge. Les études ultérieures auront à concrétiser ou à démentir ces spéculations.
La mise en place locale de nouvelles formations arborées (Xe-XIIIe siècle)
Le cas du Marronnier d’Inde
111La détermination d’Aesculus hippocastaneum pour un unique fragment carbonisé à Béziers au XIIIe siècle n’a pas été sans me surprendre, et encore le mot est-il relativement faible. De peur de m’être trompée, je l’ai faite vérifier par différents membres de l’équipe qui l’ont tous confirmée. En effet, le Marronnier d’Inde est un arbre dont toutes les flores et traités de botanique295 indiquent qu’il a été introduit en France au XVIIe siècle, très précisément en 1615 à Paris.
112J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une pollution postérieure et que mes échantillons n’étaient pas médiévaux. Pourtant les archéologues affirmaient qu’une intrusion était impossible puisque le silo était hermétiquement clos par un bouchon de pierre296. Devant ce dilemme, j’ai pris le parti d’envoyer une partie des charbons au centre des faibles Radioactivités de Gif-sur-Yvette en vue d’une datation au C14. J’ai exclu du lot l’unique fragment de Marronnier gardé à titre de témoignage, pensant le confier ultérieurement au tandétron. Le résultat de la mesure d’âge est 940 ± 50 BP, soit en date calibrée par la dendrochronologie 920-1300 apr. J.-C. D’après G. Delibrias qui a effectué l’analyse et à laquelle j’avais soumis le problème « ce résultat est plutôt en accord avec les données archéologiques qu’anthracologiques »297. Il prouve au moins que les charbons envoyés à Gif-sur-Yvette sont bien médiévaux. Je considère donc que la flore mise au jour date bien du XIIIe siècle, comme l’indiquent les pégaus découverts au fond du silo.
113Mais la question du fameux Marronnier n’est pas pour autant résolue. L’infiltration postérieure, toujours envisageable, est cependant très sérieusement remise en question. J’ai alors tenté de rassembler toutes les indications sur le sujet. La famille des Hippocastanacées est connue depuis l’Éocène298. Le Marronnier, lui, est identifié dans les flores pliocènes européennes299. N’ayant pas pu résister aux glaciations quaternaires, il disparaît. En effet, aucune détermination de cette essence durant le Postglaciaire n’apparaît dans les analyses palynologiques classiques ou anthracologiques, même au titre de pollution. Cependant, la palynologie archéologique nuance ce point de vue. En effet, les carottages effectués près de l’épave de la Madrague de Giens au large de Toulon300 ont livré à la base de la séquence, soit pratiquement au moment de naufrage (Ie siècle av. J.-C.), des pollens d’Aesculus sp. Cette essence a également été identifiée dans les échantillons prélevés sur l’épave romaine de Planier III au large de Marseille (Ie siècle av. J.-C.)301. De même, Aesculus sp. a été repéré dans les sédiments terrestres d’une basse terrasse würmienne de l’Huveaune302. La dernière référence est inédite et concerne la France du nord. À Moulins-sur-Céphons dans l’Indre (motte artificielle des XIe-XIIe siècles), des pollens fossiles d’Aesculus sp. ont été reconnus dans le sol d’un atelier de potier situé sous la motte303.
114Le dossier bibliographique s’enrichit peu à peu. Il fortifie l’hypothèse a priori farfelue d’une introduction en France méditerranéenne antérieure au XVIIe siècle. Pour d’autres essences réputées introduites – ce fut le cas du Pin d’Alep sur lequel je vais m’attarder dans un instant –, les palynologues rassemblent de plus en plus d’arguments en faveur de l’indigénat304. Cependant, face à une telle situation, je me garderai bien d’adopter une position tranchée : j’attendrai que les identifications et les analyses se multiplient dans un sens ou dans l’autre pour tirer des conclusions définitives sur l’indigénat ou l’introduction aléatoire ou non du Marronnier en France. Toutefois, ces résultats montrent que la flore médiévale et moderne n’est pas forcément très bien connue et qu’il y a là tout un pan d’histoire à défricher sur l’évolution de certains taxons tels le Mûrier noir et blanc, le Micocoulier, le Pin pignon sans parler des fruitiers (Pêcher, Abricotier, etc.).
La propagation médiévale du Pin d’Alep
115Dans les gisements du mésoméditerranéen inférieur implantés hors des terrasses alluviales, l’importance du Pin d’Alep a été soulignée à maintes reprises. Présent à Augery dès les IXe-Xe siècles, l’arbre trouve son plein développement en petite Camargue à Psalmodi (IVe-XIIe siècle). À Lunel-Viel, il n’a été identifié que dans le seul silo 78 où il domine à plus de 40 % dans un contexte très thermophile (Pin Pignon, Chêne vert, Genévrier, absence du Chêne pubescent...). Cette situation confère une originalité à cette structure en regard de l’ensemble des autres silos beaucoup plus mésophiles. Le Pin d’Alep se cantonne donc au Moyen Âge à la zone mésoméditerranéenne inférieure orientale, alors qu’aujourd’hui, il recolonise facilement les faciès dégradés de la chênaie mixte dans toute la ceinture mésoméditerranéenne supérieure.
116L’essence est indigène à la région méditerranéenne305. Elle accepte tous les sols, mais préfère les terrains marno-calcaire, tels ceux des envi rons de Lunel-Viel : terrasses villafranchiennes décarbonatées de la plaine ou marnes oligocènes de la région de Restinclière. L’opinion selon laquelle le Pin d’Alep constituerait un climax à part entière le long du littoral est ancienne. Elle a encore été réaffirmée avec force tant en Provence306 qu’en Languedoc307. Très pyrophyte, il recolonise les terrains dégradés ou abandonnés plus rapidement que le Chêne vert, constituant à sa place une forêt de substitution ou paraclimax. J’ai, à plusieurs occasions, interprété sa présence comme l’indice indirect et différé d’une ouverture forestière. Mais malgré la facilité avec laquelle il germe et la rapidité de sa croissance, l’extension du Pin d’Alep est récente.
117Depuis le Néolithique, le processus de dégradation de la chênaie caducifoliée se caractérise en Languedoc par la quasi absence du Pin d’Alep. En macrorestes, il est très peu représenté dans les sites pré ou protohistoriques308 et n’apparaît pas dans les niveaux tardo-romains régionaux sauf à Ornaisons309. En revanche, il est repéré par l’analyse pollinique310. Le peu d’études anthracologiques de sites du mésoméditerranéen en Languedoc est certainement l’une des raisons de cette faible représentation. Mais elle ne suffit pas à tout expliquer. L’instantané qu’offrent les études anthracologiques médiévales montre que la diffusion de ce taxon avant la période carolingienne se limite à quelques aires locales très réduites du Languedoc oriental. Je souscrirai en faveur de la seconde hypothèse proposée par L. Chabal pour expliquer l’extension du Pin d’Alep, à savoir une expansion sur stades post-culturaux dénudés de leur couverture boisée pour la première fois au plus tard au Moyen Âge311. Ce schéma s’accorde avec la conjoncture médiévale et est conforme à l’évolution d’ensemble de la végétation et des écosystèmes tels que la décrivent à la fois les charbons de bois et les textes.
118Les résultats anthracologiques conjugués à la proximité du modèle provençal font de la Camargue l’une des têtes de pont idéales pour la propagation médiévale de l’arbre. À Psalmodi, il n’est pas exclu que son implantation soit ancienne et remonte à la période paléochrétienne (tabl. 24 et 26). À l’appui de cette affirmation viennent un certain nombre d’indications. Le grand bois de la Pineta appartenant à la silva Godesca aux portes de la Camargue, mentionné dans la documentation écrite carolingienne312 est un bois de pins313 : il est plus que probable, étant donné sa position géographique en retrait du cordon littoral et des sols maritimes où Pinus pinea s’implante314, qu’il s’agit d’une formation à pins d’Alep. Dans cette perspective, il est logique que le Pin d’Alep s’installe à Lunel-Viel au tournant de l’an Mil. La diversité géologique et pédologique du terroir facilite sa diffusion. Étant donnée l’implantation du village au croisement de la plaine et des Garrigues, il est logique de placer l’ager et une partie du bas saltus dans le domaine alluvionnaire et la partie principale du saltus et la silva dans le système collinéen. Dans une telle optique, la colonisation des zones de friches ou jachère autour du terroir cultivé est éminemment favorable à l’arbre. Ces constatations recoupent ce que l’on sait de la cartographie des conquêtes forestières régionales aux XIe et XIIe siècles315.
119À partir de la zone littorale orientale, la propagation du Pin d’Alep s’effectue au rythme des attaques de la chênaie mixte. Mais la progression est lente car, au XIIIe siècle, l’essence n’est pas encore déterminée dans les sites de garrigues (Saint-Victor-des-Oules, Cassan et même à Béziers). Par conséquent je situe la grande expansion du Pin d’Alep après le croît démographique et la colonisation des XIe-XIIIe siècles. Comme en Provence316, c’est aux XIVe-XVe siècles avec les cassures économiques, le déclin démographique et la réorganisation des structures agraires317 que l’arbre a conquis, jusque dans l’étage mésoméditerranéen supérieur, la place qui est aujourd’hui la sienne. Cette interprétation demande à être confortée par des analyses ultérieures.
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120Les paysans médiévaux ont bien été des « bâtisseurs de paysage » : la création de nouveaux terroirs en bordure des cours d’eau ou sur le penchant des montagnes, le gain à la culture de façon provisoire ou syncopée de terres situées dans les sansouires, les marais ou dans les garrigues de l’arrière-pays, l’originalité de quelques formations végétales donnant localement lieu à des constructions mineures, mais intéressantes, en constituent autant de preuves, dont certaines sont encore visibles aujourd’hui. Les processus qui président à l’édification d’un nouvel espace rural ont pu généralement être décrits et suivis. Mais il est en revanche plus difficile d’en apprécier l’impact en termes de volume. Pourtant, malgré les difficultés et l’audace de l’entreprise, il faut la tenter pour cerner l’échelle et l’ampleur de la colonisation agraire avant de clore le dossier. Ce sont les manses et les condamines qui fournissent les bases de cette très grossière estimation chiffrée. En effet, les condamines forment la part principale des terroirs neufs de rivages : 173 ont été recensées, dont 141 localisées, auxquelles s’ajoutent 69 toponymes (fig. 50) dont 9 seulement apparaissent aussi dans la documentation écrite. La superficie moyenne de ces parcelles étant d’une trentaine d’hectares, ce sont donc approximativement 7 200 ha de bonnes terres céréalières qui ont été essartées le long des rivières. Le récolement de tous les manses de replat ou de versant nouvellement créés et individualisés dans la documentation, à l’exclusion des écarts de plaine, offre un ordre de grandeur pour les défrichements dans les Garrigues et les montagnes. Malgré les fluctuations probables de la taille du manse sur la longue durée, évaluée à 50 ha en moyenne, et le fait que la mesure concerne plutôt la pression anthropique que le défrichement proprement dit puisque au sein du manse se côtoient terres cultivées et incultes, le calcul a été effectué. Le résultat est 16 950 ha sachant que 339 manses ont été décomptés. Si l’on tient également compte des manses neufs de bords de cours d’eau, 4 350 ha s’ajoutent aux 24 173 ha déjà considérés. Au total, les terroirs colonisés ou humanisés durant les XIe-XIIe siècles couvrent une superficie d’environ 30 000 ha dont 1/3 en plaine et 2/3 dans les reliefs. Cette évaluation, partielle et minimale, correspond à 2,5 % de la superficie des deux départements de l’Hérault et du Gard. Elle aurait pu paraître dérisoire si la répartition géographique de la documentation écrite, essentiellement concentrée dans les plaines et les moyennes vallées, ne venait infirmer cette idée : l’emprise des médiévaux sur le paysage, leur prise de possession du sol, se sont bien considérablement affermies entre les XIe et XIIe siècles.
Notes de bas de page
1 G. Bertrand, « Pour une histoire écologique de la France rurale », G. Duby et A. Wallon, sous la direction de, Histoire de la France rurale, t. 1, La formation des campagnes françaises des origines à 1340, Paris, Le Seuil, 1975, pp. 34-113.
2 P. Blanchemanche, Bâtisseurs de paysages. Terrassement, épierrement et petite hydraulique agricoles en Europe, XVIIe-XIXe siècles, Paris, Maison des sciences de l’homme, 1990.
3 Le terme d’anthropisation peut prêter à confusion : il ne s’agit pas de dire que la forêt médiévale est vierge de toute mise en valeur ni qu’elle constitue la « forêt originelle » ou la « forêt climacique ». Encore moins qu’elle est « sauvage ». Simplement, dans la longue histoire des relations entre l’homme et la végétation, qui débute au moins dès le Néolithique, les médiévaux s’attaquent à des boisements en équilibre relatif et donnent un coup d’accélérateur à des processus enclenchés quelques milliers d’années auparavant. En ce sens, il y a anthropisation, c’est-à-dire passage volontaire par étapes dues à une chaîne d’opérations humaines d’un état forestier, plus ou moins stabilisé, à un état cultural, pastoral ou autre, à une gestion consciente et cohérente du milieu : aux yeux des contemporains, ce sont des boisements neufs qu’ils éradiquent ou qu’ils exploitent.
4 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (Xe-XIVe siècle), Paris, 1987, t. 1, Du château au village (Xe-XIIe siècle), pp. 171-179.
5 Montagnac, site fouillé par C. Pellecuer, a fait l’objet d’une publication C. Pellecuer, « Un groupe de sarcophages monolithes découvert à Montagnac (Hérault) », Archéologie en Languedoc, 1986, no 4, pp. 173-188. Les résultats de la fouille de sauvetage programmée dirigée par C. Olive et D. Ugolini à Béziers demeurent pour l’instant inédits.
6 La mesure du taux de C14 a été réalisée par G. Delibrias au Centre des faibles radioactivité de Gif-sur-Yvette sous la référence Gif-6637. Je l’en remercie vivement.
7 Cf. supra, pp. 221-237.
8 L. Chabal et A. Durand, « Etude anthracologique pour une histoire du paysage », dans C. Raynaud, dir., F. Brien-Poitevin, L. Chabal, P. Columeau, M.-F. Diot, A. Durand, Y. Manniez et M.-P. Ruas, Le village gallo-romain et médiéval de Lunel-Viel (Hérault). La fouille du quartier ouest (1981-1983), Annales littéraires de l’université de Besançon, 422, Paris, 1990, pp. 315-337.
9 C. Vanden Berghen, Etude sur la végétation des Grands Causses du Massif Central de la France, Bruxelles, Société royale de botanique de Belgique, mémoire 1, 1963.
10 C. Vanden Berghen, Etude..., op. cit., p. 62.
11 [...] quando ecrescit aqua cart. An. no 92, p. 231 (1182) ; fustam et ligna que flumen tibi attulerit propter cregudas cart. Béz. no 298, p. 428 (1184).
12 [...] de tali materia facial que contra impetum inundantis fluminis non resistat cart. Guill. no 62, p. 109 (1125) ; tres rumpudas quas inundacio fluminis Orbi olim fecit cart. Béz. no 269, p. 380 (1179) ; si ripa fugerit de aqua, paxeria sequatur ripant cart. Valm. reg.A f° 144v (1195) ; si quando dictant paxeriam quodlibet loco aliquo infortunio rumpi contigeret cart. Valm. reg.A f° 136v et 144v (derniers tiersXIIesiècle)
13 . Cart. Béz. no 99, p. 132 (vers 1095) ; cart. Ag. no 129, p. 127 (1212) et no 414, p. 408 (1212).
14 Cart. Valm. reg.A f° 156r (1195).
15 B.N. lat.12760, no 9 f° 399 et H.G.L. t. V, no 149, col. 314.
16 B.N. lat.9999, no 86 f° 88v (1163).
17 R. Marti, « Les insulae medievals catalanes », Bolleti de la Societat arqueologica Lul-Liana, t. 44, 1988, pp. 111-123.
18 Cart. Mag. no 96, p. 189 (1157) ; no 97, p. 190 (1157) ; no 182, p. 334 (1182) ; no 184, p. 335 (1183) ; A.D. Hérault G2098 (1190) et G4359 (1190), etc.
19 F. Cheyette et C. Duhamel-Amado, « Organisation d’un terroir et d’un habitat concentré : un exemple languedocien », Habitats fortifiés et organisation de l’espace en Méditerranée médiévale, Actes de la Table ronde tenue à Lyon les 4-5 mai 1982, Lyon, GISMaison de l’Orient, 1983, pp. 35-44.
20 Sunt termini vel confinia istius honoris ab aggere fluvii qui ascendit usque ad vineam Stephani cart. Gell. no 203, p. 176 (1101-1102).
21 Vercheriam quoque Bernardi Gandalmari quam Guillelmus destruxit ad formant prions status reficiat ; et si Bernardus malit eam de petra et calce facere faciat ut alitudinem adjacentis ripe non excedat cart. Guill. no 61, p. 105 (1125).
22 B. Phalip, communication orale.
23 A.D. Gard 1J456.
24 [...] donamus... ipsum complantum riparie... sicut molionatum est de tribus molionis in intus versus aquam. Et totum acrescementum quod ibi facere potueritis usque ad aquam de riparia nostra ad aliam ripariam vestram cart. Béz. no 153, p. 208 (1142). En 1197, l’ordre de Malte agit de manière similaire A.D. Bouches-du-Rhône 56H4510 (1197).
25 Cart. Gell. no 310, p. 256 (1097) ; no 484, p. 393 (1100-1102) ; no 481, p. 390 (1112).
26 Les exemples ne manquent pas de champs ou de vignes cum arboribus qui jouxtent un rieu, un fleuve, une rive, ou dont on sait qu’ils sont dans un terroir de rivage. Ainsi les berges des bonnes terres céréalières de l’Orb près de Béziers à Saint-Pierre du Bosc, à Garissou ou à Campagnan sont-elles bordées par des arbres cart. Béz. no 99, p. 132 (1095) ; ib. no 365, p. 551 (1130) ; ib. no 343, p. 507 (1203). Même chose pour le vignoble humide de plaine A.D. Haute-Garonne H Malte Pézenas XI, no 109 (1183) ; A.D. Haute-Garonne H Malte St-Félix XX, no 132 (1207), etc.
27 [...] in omnibus arboribus non fructiferis que sunt in riparia predicti mansi sunt cart. An. no 154, p. 294 (1181-1215).
28 A.D. Gard H1 (1185), H665 (vers 1175), H699 (1154), (1156), (1162), (1168), (1174), (vers 1175), H700 (1207).
29 S. Caucanas, Moulins et irrigation en Roussillon du IXe au XIVe siècle, Paris, CNRS, 1995, p. 120.
30 M. Bloch, « Avènement et conquête du moulin à eau », Annales d’histoire économique et sociale, t. 7, 1935, pp. 538-563. Le point historiographique a été fait par D. Lohrman, « L’histoire du moulin à eau avant et après M. Bloch », H. Atsma et A. Burguière, sous la coordination de, M. Bloch aujourd’hui. Histoire comparée et Sciences sociales, Paris, Ecole pratique des hautes études, 1990, pp. 339-348.
31 B.N. lat.12760, no 9 f° 399 et H.G.L., t. V, no 149, col. 314 (990) ; A.D. Gard H106 f° 26v (993) et f° 199v (1054) ; B.N. Baluze, vol. 46 f° 197 (1054) ; cart. Gell. no 13, p. 16 (999) ; no 242, p. 204 (1098) et no 369, p. 300 (1104).
32 S. Caucanas, « Les premières mentions de moulins en Roussillon », M. Grau et O. Poisson, éd., Etudes roussillonnaises offertes à Pierre Ponsich. Mélanges d’archéologie, d’histoire et d’histoire de l’art du Roussillon et de la Cerdagne, Perpignan, Le Publicateur, 1987, pp. 167-174 et Moulin..., op. cit., pp. 13-18. H. Amouric, Moulins et meunerie en basse Provence occidentale du Moyen Age à l’ère industrielle, thèse de 3e cycle, Université de Provence, 1984. P. Bonnassie, La Catalogne..., op. cit., p. 459.
33 R. Fossier, « L’équipement en moulins et l’encadrement des hommes », L’Histoire des sciences et des techniques doit-elle intéresser les historiens ? Colloque organisé par la Société française d’histoire des sciences et des techniques, Centre de recherches historiques et juridiques de l’université de Paris I, 8-9 mai 1981, Paris, 1982, pp. 230-248.
34 A. Debord, La société laïque dans les pays de la Charente, Paris, Picard, 1984, p. 323.
35 Resclausa cart. Béz. no 19, p. 14 et H.G.L. t. V, no 58, col. 161 (933) ; paxeria B.N. lat., vol. 40 f° 171r et H.G.L. t. V, no 67, col. 175 (936 acte faux) et no 125, col. 273 (972) ; aquale B.N. lat.9999, no 18 f° 19v (954-982).
36 A. Debord, La société laïque..., op. cit., pp. 322-324.
37 Cart. Béz. no 99, p. 132 (vers 1095), no 101, pp. 13-139 (1097) et carte IGN 1/25 000.
38 P. Bonnassie, La Catalogne..., op. cit., pp. 460-461. S. Caucanas, Moulins..., op. cit., pp. 123-155.
39 [...] aqua ad molendinum Bernardi decurrat, super fluvium, ripariam subtus molendinis disent les actes.
40 [...] ex nemore quantum opus fuerit ad reficienda piscatoria cart. Guill. no 442, p. 622 (1123). Ces pêcheries, véritables nasses pour les poissons, représentent une ressource alimentaire importante.
41 Molendinus medius, primus molendinus, ambo molendini sunt juxta unum tectum ou sub eodem cart. An. no 138, p. 280 (1114-1130), no 11, p. 145 (1175) ; cart. Béz, no 326, p. 478 (1196) ; cart. Mag. no 185, p. 337 (1184), no 222, p. 400 (1193), no 239, p. 427 (1196), no 253, p. 473 (1201).
42 Cart. Gell. no 19, p. 22 (1030-1031) ; cart. Béz. n" 230, p. 317 (1170) et no 267, p. 376 (1178) ; cart. Valm. reg. A f° 136v et f° 144v (dernier tiers XIIe siècle).
43 B. Phalip, communication orale.
44 Cart. An. no 222, p. 353 (1127) ; no 235, p. 363 (1155) et priv. pap. no 12, p. 101 (1154) ; no 13, p. 104 (1154) ; cart. Mag. no 131, p. 253 (1167) ; cart. Valm. reg.A f° 136v (1191) et 144r (1195) ; cart. Béz. no 322, p. 470 (1194).
45 Cart. Gell. no 19, p. 22 (1030-1031) ; cart. Guill. no 442, p. 622 (1123). Il s’agit là de la première technique sur pilotis décrite par S. Caucanas, Moulins..., op. cit., pp. 124-126.
46 B.N. lat.9999, no 18 f° 19v (954-982) ; cart. Béz. no 43, pp. 43-44 (vers 978) ; cart. Lod. no 11, p. 14 et Gallia Christiana, t. 6, Instr., col. 268, (988) ; cart. Béz. no 46, p. 48 et H.G.L. t. 5, no 149, col. 314 (990) ; B.N. lat.12760, no 9 f° 399 et H.G.L ib. (990).
47 Ce sont les trois condamines de Divisan répertoriées dans le bref d’Ansefred auxVIIe-IXe siècles voir cart. Béz. no 56, p. 63 et J.-P. Poly, « Régime domanial et rapports de productions féodalistes dans le Midi de la France (VIIIe-Xe siècle) », Structures féodales et féodalisme dans l’Occident méditerranéen(Xe-XIIIesiècles), (Rome, 1978), Paris-Rome, 1980, pp. 305-326.
48 Cart. Béz. no 63, p. 72 (1036) ; cart. An. no 47, p. 187 (1040-1067) ; cart. Nim. no 146, p. 234 (1043-1060) ; cart. Mag. no 29, p. 43 (vers 1055) ; cart. Béz. no 70, p. 85 (1057), no 71, p. 87 (1061) et no 72, p. 90 (après 1061).
49 Cart. Valm. Registre B Vairac, no 11 f° 140r (seconde moitié XIIe siècle).
50 Cart. Mag. no 29, p. 43 (vers 1055), no 128, p. 248 (1166) et no 220, p. 396 (1193) et F.R. Hamlin, Les noms de lieux du département de l’Hérault. Nouveau dictionnaire topographique et étymologique, Poussan, abbé Cabrol, 1983, p. 115.
51 Condamina qui est in loco ubi solebat currere aqua vocata Orbis et nunc est aqua mortua cart. Béz. no 99, p. 132 (vers 1095).
52 F. Cheyette et C. Duhamel-Amado, Organisation..., op. cit.
53 Cart. An. no 47, p. 187 (1040-1067) Sauvian ; cart.Béz. no 122, p. 170 (débutXIIe siècle) Villeneuve-lès-Béziers.
54 G. Fournier, Le peuplement rural en basse Auvergne durant le Haut Moyen Âge, Paris, 1962, p. 298.
55 [...] ipsa condamina que affrontai de aquilone in rivo que vocant Percello Grisso cart. Béz., no 43, p. 43 (vers 978) ; condamina cum fonte. Et tenet de via que pergit Afferigoled usque ad Rivo Sicco... et situm alodem cum ipsa ribaria cart. An. no 239, p. 366 (1066-1094) ; condamina in ripa Riusec ib. no 247, p. 374 et no 237, p. 365 (1094-1108) ; condaminas et vineas quas habeo prope ripam Amantionis cart. Guill. no 94, p. 173 (1121) ; duos campos que sunt justa condaminam nostram juxta Roveia cart. An. no 278, p. 404 (1122) ; engagement d’une condatnine... confronte... d’autan le fleuve d’Eraud A.D. Haute-Garonne H Malte 105B f° 82v, no 61 (1168) ; in condamina de riparia cart. Val. registre A f° 113v (1182) ; unam condaminam... que terminatur ab aquilone cum subreverso aque que venit de Vercarreta et cum terra Stephani de Monterotundo, ipsa aqua in medio discurrente, et a vento cum flumine Amantionis cart. Mag. no 185, p. 337 (1184), etc.
56 [...] tres rumpudas quas inundacio fluminis Orbi olim fecit in ipsis duabus condaminis cart. Béz. no 269, p. 380 (1179).
57 Cart. Ag. no 83, p. 85 (1187) et no 85, p. 88 (1211) ; cart. Béz. no 359, p. 540 (1216).
58 [...] et ipso pradeto quod se tenet ab ipsa condamina cart. Béz. no 43, p. 44 (vers 978) ; condaminam de prato A.D. Hérault G277 cart. épiscopal de Béziers (1134) ; suam partem illius prati quod se tenet et coharet condaminae Sancti Stephani cart. Ag. no 206, p. 195 (1167) ; illam condaminam cum prato A.D. Haute-Garonne H Malte, Pézenas IV, no 39 (1184) ; condamina canonicorum de prato cart. Mag. no 220, p. 396 (1193).
59 [...] ipsos maliolos que sunt conplantandi et edificati et in antea erint in ipsas condaminas cart. Béz. no 63, p. 72 (1036) ; vineam que condamfuit condamina A.D. Gard H164 (1188).
60 [...] mittimus in pignore... condaminam... Et in hoc pignore suscripsimus precium quod vos expenderitis in clausura condatnine si eam clausura lapidum claudere volueritis cart. Mag. no 61, p. 121 (1135).
61 [...] condamina cum fonte... de alio capite determinât ea condamina que est de fevo Raimundi Marvioli et de alia parte determinat in ipsa condamina de Sancto cart. An. no 239, p. 366 (1066-1094) ; peciam unam de terra laboriva que est in confrontaria condaminarum Sancti Petri cart. Mag. no 21, p. 33 (1101) ; partem totius ipsius campi... qui affrontat de altano in condamina episcopi, de aquilone in pasturali condamine Guillelmi Siguarii cart. Béz. no 162, p. 223 (1148) ; illam condaminam nostram de Melgorio... que tenet... ex corina cum condamina Petri de Melgorio cart. Mag. no 140, p. 269 (1169) ; ipsa condamina... Que affrontat ex circio et altano in condaminarum Biterrensis episcopi cart. Béz. no 302, p. 434 (1185).
62 P. Toubert, Les structures du Latium médiéval : le Latium méridional et la Sabine du IXe à la fin du XIIe siècle, Paris-Rome, 1973, t. 1, pp. 499-501.
63 [...] condaminam... ad Combam Grassam cart. Béz. no 216, p. 294 (1166), no 226, p. 309 (1169), no 294, p. 418 (1183), no 297, p. 424 (1184), no 338, p. 498 (1201) et A.D. Hérault G471 (1179).
64 [...] tota ferragine et viridario que sunt juxta condaminam B.N. Doat, vol. 166 f° 247r (1138) ; de ortis de condamina A.D. Gard H106 f° 87v (1171) ; quendam ortum que se tenet a circio cum condamina Sancti Severi B.N. lat.9999, no 91 f° 93r (1176) ; Hcc condamina affrontat... ab aquilone in prato de viridario et in ortis novis A.D. Haute-Garonne H Malte Pézenas XVI, no 159 (1186).
65 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 1, pp. 174-179.
66 A.D. Hérault G277 cart. épiscopal de Béziers (1148).
67 Cart. Ag. no 281, p. 254 et no 356, p. 330 (fin XIIe siècle).
68 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 2, pp. 28-29.
69 La Condamine à Florensac sur un ancien méandre de l’Hérault, Les Condamines à Puilacher au bord d’un étang asséché, Les Condamines de Montpeyroux près du Lagamas et en limite communale, les Condamines de Popian le long de l’Aurelle.
70 J.-P. Poly, La Provence et la société féodale (879-1166) : contribution à l’étude des structures dites féodales dans le Midi de la France, Paris, Bordas, 1976, p. 110 et R. Fossier, Enfance de l’Europe Xe-XIIe siècles. Aspects économiques et sociaux, Paris, PUF, 1982, t. 1, p. 159.
71 M. Bourin-Derruau, ib., t. 1, p. 43.
72 P. Bonnassie, La Catalogne..., pp. 244-245. ; G. Fournier, Le peuplement..., op. cit., pp. 297-298 ; P. Toubert, Les structures..., op. cit., 1973, pp. 499-500.
73 [...] maso dominico... cum ipsos ortos et cum ipsa ferragina et cum ipsa vinea dominica et cum ipsas condaminas B.N. lat.9999, no 18 fo19v (952-982) ; guirpisco... ipsam ecclesiam... cum ipsa villa... quam injuste et violenter vi abstuli et totum ejus dominium ex integro... cum ipsas condaminas cart. Béz. no 46, p. 48, B.N.lat.12760 f° 399 et H.G.L., t. 5, no 149, col. 314 (990) ; ipsum mansum majorem... cum duas condaminas cart. Nîm. no 104, p. 164 (1007) ; quamdiu episcopus habebit condaminas vel masatam vel aliam dominicaturam in suo dominio cart. Mag. no 25, p. 38 (1080-1104) ; dominium integrum tocius condamine ib, no 45, p. 92 (1125). Et aussi cette villa appelée Condamina citée dans la donation de saint Fulcran en 988 dont l’origine domaniale est certaine cart. Lod. no 11, p. 24.
74 Cart. An. no 239, p. 366 (1066-1094) ; cart. Mag. no 21, p. 33 (1101) ; cart. An. no 302, p. 424 (1114) et no 282, p. 407 (1120) ; cart. Ag. no 175, p. 171 (1164) ; B.N. lat.9999, no 98 f° 99v (1167) et no 19 f° 24r (1173) ; cart. Ag. no 206, p. 195 (1167) ; Teulet t. I, no 545, p. 213 (XIIe siècle), etc.
75 Pro mansione que est extra mansos... faciunt tres bovarios in condamina cart. Gell. no 499, p. 410 (vers 1140).
76 [...] si episcopus condaminas vel masatam quem habebat Girau vellet donare ad masoarium qui dat alterius terra venire habere, predictus Girau in ipso manso ommem usaticum sicut in aliis mansis et quamdiu episcopus habebit condaminas vel masatam vel aliam dominicaturam in suo dominio non habebit predictus Girau quicquam... sive in aliqua dominicatura episcopi nec accipere nec ordinare nec ministrare nisi quantum episcopus voluerit cart. Mag. no 25, p. 38(1080-1104).
77 G. Fournier, Le peuplement..., op. cit., p. 298.
78 Cart. Guill. no 284, p. 451 (XIIe siècle) et no 288, p. 462 (1201).
79 Cart. Béz. no 70, pp. 84-87 (1057), no 71, pp. 87-89 (1061) et no 72, pp. 90-91 (après 1061).
80 Cart. Mag. no 25, p. 38 (1080-1104).
81 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., p. 172.
82 M.-C. Alliès, « Les possessions de l’abbaye d’Aniane dans les diocèses de Béziers et d’Agde (792-1216) », Béziers et le Biterrois, Actes du 43e Congrès de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Montpellier, pp. 125-128. A. Castaldo, L’église d’Agde (Xe au XIIIe siècle), Travaux et recherches de la faculté de Droit et des Sciences économiques de Paris, no 20, Paris, PUF, 1970.
83 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., p. 111.
84 Cf. infra, p. 327-329.
85 Cf. infra, p. 348-350.
86 P. Duchaufour, Précis de pédologie, Paris, Masson, 1960, p. 43.
87 Certains cens dus à Notre-Dame-de-Nîmes, aux monastères de Gellone ou de Psalmodi, ou à Raimond de Cassagnes, seigneur rouergat, comportent des faixum de ligna, faisse lignea et fais de palea, d’erba ou de fallas voire des faisiculum herbe cart. Nim. no 51, p. 88 (936-954) ; cart. Gell. no 361, p. 294 (1122) et no 529, p. 450 (après 1140) ; Brunei no 75, pp. 75-76 (vers 1155) ; A.D. Gard H106 f° 84v et sq. (1171). Je ne suis pas l’interprétation de P. Blanchemanche, Bâtisseurs..., op. cit., p. 184 selon laquelle faissa s’appliquerait aussi à l’espace où l’équivalent d’un fagot de bois ou d’une gerbe de céréales serait récolté. Outre la petitesse de la parcelle, les unités de mesures languedociennes sont suffisamment riches et précises pour évacuer cette hypothèse.
88 [..] fascia de terra cart. Gell no 57, p. 54 (987-988) et Doat, vol. 40f° 19r (989) pour les deux plus anciennes ; faissa de terra laborativa A.D. Hérault G277, no 45 cart. St-Jacques (1095) ; faxa de vinea cart. Bez. no 114, p. 158 (1110) ; faissa de bosco cart. Gell. no 195, p. 170 (1102), no 157, p. 136 (1122) ; faxia plantada cart. Bez. no 100, p. 134 (1097).
89 P. Blanchemanche, Bâtisseurs..., op. cit., pp. 84 et 183-184. P. Cayla, Dictionnaire des institutions, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc de 1535 à 1648, Montpellier, Faculté des Lettres de Montpellier et Société d’Etudes scientifiques de Sète, 1964, p. 311. F.R. Hamlin, Les noms de lieux..., op. cit., p. 151.
90 A.D. Bouches-du-Rhône 56H4120 (1190).
91 [...] faxiam de terra laborativa... ultra rivum Lironis A.D. Hérault G277 cart. St-Jacques (1095) ; campum qui est ultra flumen Lironis... cum ipsa faissa plantata que tenet se cum ipso campo cart. Béz. no 100, p. 134 (1097) ; una faixia de terra que affrontat... ex altano in flumine Orbis ib., no 122, p. 170 (début XIIe siècle) ; unius faxiae... de illa quae est juxta Libron cart. Ag. no 218, p. 203 (1108) ; faisant terre que in riparia fluminis Arauris cum bosco cart. Gell. no 556, p. 482 (1142) ; faixia affrontat... ex parte altani in riparia quant vocant rivo Cavallarii cart. Ag. no 134, p. 133 (1146-1157) ; faissa del Estanol de Vicens A.D. Haute-Garonne H Malte St-Félix XXII, no 143 (1149) ; campus qui vocatur Faxia affrontat... in flumine Orbi cart. Béz. no 289, p. 411 (1183 ?).
92 [...] faxam de alode quam habeo ad Aregiam cart. Béz. no 114, p. 159 (1110) et ad Vernetum alia faixia terre no 122, p. 170 (début XIIe siècle) ;condamina... affrontat... ex aquilone in una faixia Sancti Saturnini cart. Ag. no 183, p. 178 (1171) ; in tota illa faxia totius illius condamine cart. Béz. no 310, p. 446 (1190.)
93 Et aliam faissam in terminio quod est juxta pratum cart. Valm. reg.A f° 15r (1137) ; ad Pratos unam faxam terrae cart. Ag. no 300, p. 269 (1140).
94 A.D. Hérault G277 cart. St-Jacques (règne de Lothaire) ; cart. Gell. no 4, p. 5 (807-815).
95 Cart. Béz. no 43, p. 44 (978) ; cart. Gell. no 57, p. 54 (987-988).
96 Cart. An. no 47, pp. 186-187 (1040-1067) ; cart. Nim. no 136, p. 219 (1043-1060) ; cart. Gell. no 387, p. 323 (1077-1099).
97 P. Blanchemanche, Bâtisseurs..., op. cit., pp. 28-32 et 63-65.
98 La technique est décrite à Montagnac au XVIIe siècle : M. Lapart est tenu d’enlever la terre qui est le long du pred et la jeter dans une rompude confrontant ledit pred plus de faire les gazonnades tout le long pour retenir les terres de la hauteur que lesdites terres le demandent et qui sera jugée convenable plus de planter en vigne ladite rompude A.D. Hérault IIE 51/60 d’apr. P. Blanchemanche, Bâtisseurs..., op. cit., pp. 29-30.
99 P. Blanchemanche, Les bâtisseurs..., op. cit., p. 30.
100 A.D. Bouches-du-Rhône 56H4510 (1197).
101 Tres rumpudas quas inundaciofluminis Orbi olim fecit in ipsis duabus condaminis mets... sicut terminatas et melioratas modo sunt... adfaciendum ibi ripariatn et nemorem cart. Béz. no 269, p. 380 (1179).
102 P. Blanchemanche, ib., p. 32.
103 Cart. Béz. no 100, p. 134 (1097) et no 122, p. 171 (début du XIIe siècle) ; cart. Gell. no 556, p. 482(1142).
104 (...) usaticus et decimum cart. An. no 47, p. 187 (1040-1067) et no 302, pp. 423-424 (1094-1108). tasca et quartum cart. Béz. no 122, p. 171 (début XIIe siècle) ; cart. Ag, no 218, p. 203 (1108) ; cart. An. no 287, p. 411 (1127) ; cart. Gell. no 376, p. 306 (1130) ; cart. Valm. reg.A f° 15r (1137) ; cart. Ag. no 147, p. 146 (1145).
105 Cart. Ag. no 237, pp. 216-217 (1147).
106 F. Menant, « Agriculture et environnement : le moment communal dans l’Italie padane », L. Segre, a cura di, Agricoltura ambiente e sviluppo economico nella storia europea, Milano, Instituto nazionale di storia deU’agricoltura, Università degli studi di Milano, F. Angeli, 1993, pp. 83-96.
107 [...] fiscus regius, sive in terra, sive in aqua fuit... cum ipsa plagia que est in mari habilis ad piscandum a consoa scilicet calva usque ad consoam altam et usque ad rabinam que vulgo appelatur Bosoenna et usque in medium fluvium maioris Rhodani sicuti descendit in mare ; sub tali tenore quod quidquid excrescens Rodanus a prenominata Bosoenna descendendo intrans in profundum mare, vel ipsum mare a flumine Rodani usque in consoam Calvam et usque ad predictas eccelsias ejusdem silve et item usque in consoam altam sive prefatam Bosoennam suis inundationibus seu alluvionibus semper reliquerit terrenum arenosum, nemorosum, arbustiferum, virgunculosum, biblosum, palustricum, lacus, stagna dulcia vel salsa, quidquid etiam poterit esse aptum pascuis, piscationibus, venationibus, aucupationibus, agriculturis, pratis, edificiis... A.D. Gard H106 f° 3 v et H114 (vidimus 1203) édité dans P. Lauer, Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France (893-923), Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1949, pp. 132-136.
108 Les étangs à l’époque médiévale d’Aigues-Mortes à Maguelone, Catalogue d’exposition, Lattes, Musée archéologique de Lattes, 1986.
109 R. Molinier et G. Talion, « La Camargue, pays de dunes et Vers la Forêt en Camargue », La terre et la vie, vol. 19,1965, pp. 3-134 et 135-185.
110 Ib.
111 R. Molinier, Mme Viano, Mme Leforestier, J.-P. Devaux, « Etudes phytosociologiques et écologiques en Camargue et sur le plan du Bourg », Annales de la faculté des Sciences de Marseille, t. 36,1964, pp. 1-95. R. Molinier et G. Talion, La Camargue..., op. cit.
112 C. Flahaut, « Boisement des sables littoraux du département de l’Hérault », Annales de la Société d’horticulture et d’histoire naturelle du département de l’Hérault, t. 55, 3, 1924, pp. 126-134. R. Molinier et G. Talion, La Camargue..., op. cit.
113 [...] medietatem de nostro campo... qui affrontat... ah aquilone in riparia, et non debetis ibi abcindere scilicet in ipsa riparia vigeriam et tamarizes cart. Béz. no 192, p. 259 (1179).
114 Et campus de Tamaris cart. Agat. no 383, p. 372 (1202).
115 En 1181, à Pérols, Raimond, comte de Toulouse, fait don de quecumque jura habeo vel habere debeo in tamarineyra de Perolis A.D. Hérault G1453 Evêché de Maguelone ; arbores et tamarises non abcidant et ligna inde non extrahant nec exportent cart. Mag. no 325 bis, p. 131 (1214.)
116 P. Blanchemanche, « Aperçu de l’exploitation agricole du terroir de Lattes du XVe au XIXe siècle », Lattara, t. 5, 1992, pp. 27-34.
117 Cf. supra, pp. 210-211.
118 H. Triat-Laval et M. Malléa, « Analyse sporopollinique de sédiments médiévaux à Augery, Camargue, France », P. Leveau et M. Provansal, sous la direction de, Archéologie et environnement : de la Sainte-Victoire aux Alpilles, Travaux du centre C. Jullian, no 14, Aix-en-Provence, Publications de T Université de Provence, 1993, pp. 387-390.
119 M. Aurell i Cardona, Une famille de la noblesse provençale au Moyen Âge : Les Porcelet, Archives du Sud, 1986, pp. 70-71.
120 Site près du cours principal du Rhône et différent du site anthracologique.
121 H. Triat-Laval, Contribution pollenanalytique à l’histoire tardi- et post-glaciaire de la végétation de la Basse Vallée du Rhône, Thèse d’état, Université d’Aix-Marseille III, 1978, pp. 187-192.
122 Ib., p. 191.
123 R. Molinier et al., Etudes..., op. cit.
124 H. Trial-Laval et Mallea, Analyse..., op. cit.
125 M.-P. Ruas, Analyse carpologique du site d’Augery de Corrège s, inédit.
126 La croissance agricole du Haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie, Actes des 10e Journées internationales d’histoire médiévale et moderne tenues au Centre culturel de l’abbaye de Flaran les 9-11 septembre 1988, Auch, Comité départemental du Tourisme du Gers, 1990.
127 Cf. supra chapitre III.
128 N. Planchais, « Palynologie lagunaire de l’étang de Mauguio. Paléoenvironnement végétal et évolution anthropique », Pollen et spores, vol. 24, no 1, 1982, pp. 93-118. M.-P. Ruas, Analyse carpologique du site d’Augery de Corrèges, inédit.
129 Les résultats anthracologiques préliminaires effectués sur la flore de Mauguio (Xe-XIe siècles) recoupent sur ce point ceux de Psalmodi, avec un fort taux de présence de Prunus genre Cerasus et d’Olea sp.
130 N. Planchais, Palynologie..., op. cit.
131 N. Planchais, ib.
132 L. Vidal, thèse en cours sur les parcellaires antiques et médiévaux languedociens et « Traces matérielles de la mise en valeur et de l’aménagement des campagnes aux portes de Nîmes : les parcellaires antiques de la plaine du Vistre », Les formes du paysage, t. 2, Archéologie des parcellaires, Actes du colloque tenu à Orléans les 28-30 mars 1996, Paris, Errance, pp. 57-66.
133 P. Leveau, C. Heinz, H. Laval, P. Marinval, J. Médus, « Les origines de l’oléiculture en Gaule du Sud. Données historiques, archéologiques et botaniques », Revue d’archéométrie, 15, 1991, pp. 83-94.
134 L. Vidal, op. cit.
135 N. Planchais, Palynologie..., op. cit.
136 Si ipse boscus vel ipsa omnia prata in terrain laborativam versa fuerint tam de ipsis quam de terra que ibi est... omnem decimam... reddam eo modo si paludes eidem Tanmrzeto pertinentes in eundem usum verse fuerint inde similiter decimationem prestabo... De bosco qui vulgo dicitur Morterium nuncupatur in... ruptione ipsius bosci vel pratorum future sunt et omnium reddituum eodem modo decimationem Sancto Petro dono... A.D. Gard H106 f° 55r (1141).
137 [...] tringita carterias de prato in multis laboribus et expensis de paludibus incultis et sterilibus desicaverit et ad praturn aptum et cultum redegerit A.D. Gard H106 f° 40v (1158).
138 [...] vindimus... silvam... et maria... et exceptamus de predicta venditione omnia fossata seu vallata que recipiunt et in futurum recipient aquam de fossa dominorum de Portu... Et dicta maria confrontantur ab oriente cum maribus Psalmodii et ab occidenté cum maribus Poncii de Sozeto A.D Hér. 56H1 (1146). Il semble que le terme de mare au pluriel désigne ici les marais et étangs plus au moins saumâtres du littoral vers Mauguio et Desports ; lors des dites donations, les terroirs donnés étaient salés de leur nature pour avoir été couverts par la mer qui depuis s’est retirée pour les bonifier et les rendre cultes, les propriétaires furent obligés de faire construire un canal tiré de la brassière de la Fourque... lequel petit canal va parcourant lesdits terroirs par les tours et détours qu’il fait iceux pour y apporter les eaux douces et servir l’usage des hommes A.D. Bouches-du-Rhône 56H788 (1196-1215).
139 [...] vinea... de parte aquilonis infrontat in ipsa fossa cart. Ag no 50, p. 57 (824) ; donamus... vineam... de meridie affrontat in terra Sancto Nazario et abet dextros 18 cum ipso vallo cart. Béz. no 28, p. 23 (959) ; dono... vineam... et de altano habet dextras 10 et infrontat in via que discurrit de Agathe ad Marcilliano cum ipso vallo B.N. lat.9999, no 14 f° 16r (1010) ; dono... quinque sestariatas terre... Una affrontat... de aquilone in ipso vallo qui est inter istas ambas terras cart. Béz. no 118, p. 164 (1118).
140 [...] trilia clausa a vallo... terra vacua clausa a vallo A.D. Gard H106 f° 14r (823).
141 Denique si Rostagnus de Arsaz testibus probare poterit Guillelmum, patrem istius, licentiam ei dedisse sepem contra fossatum paludis ex quo dampnum timebat, libere, si vult, faciat cart. Guill. no 62, p. 109 (1125) ; omnia fossata seu vallata que recipiunt aquam de fossa dominorum de Portu A.D. Hérault 56H1 (1146) ; sicuti aqua discurrit usque ad caminum de Turtureira... usque ad fossarium campi Guillelmi de Lubissano et usque ad fontem cart. Guill. no 479, p. 665 (1165).
142 F. Menant, Campagnes lombardes au Moyen Âge : l’économie et la société rurales dans la région de Bergame, de Crémone et de Brescia du Xe au XIIIe siècle, Bibliothèque de l’Ecole française de Rome, fasc.281, Rome, Ecole française de Rome, 1993, p. 173.
143 A.D. Gard G22 (898), H218 (1101) ; cart. Valm. reg.A f° 139v (1174) ; A.D. Gard H66 (1182), (1193).
144 A.D. Gard H665 (1160), H66 et H80 (1161), G377 (1165-1200), (1167) ; cart. Valm. reg.A f° 15v (1168) ; A.D. Gard G300 (1170), (1176), H45 (1171), G235 (1171), H66 (1182), etc.
145 [...] ortum cum terra in qua est et cum arboribus... qui tenetur ab aquilone cum condamina G. Maltos vallato ipius orti in medio et a circio cum prato subscripto, aqua in medio que venit de Veiruna et a corina cum via que intrat ad molendinos predictos et a vento cum aquali quod est super molendinos istos cart. Mag. no 185, p. 337 (1184).
146 [...] alia (terra) quam tenet P. Garnerii... confrontata ex duabus partibus cum alio honore quondam Bernardi de Jeneda et ex alia cum vallato descendenti ad mollendina cart. Mag. no 9, p. 11 (1073).
147 H.G.L. t. V, no 22, col. 75 (813) ; A.D. Gard H106 f° 14r (823) ; cart. An. no 123, p. 266 (830-838) ; H.G.L. t. II, no 119, col. 245 (844) ; cart. An. no 318, p. 436 (889-890) ; cart. Béz. no 6, p. 5 (889) ; cart. Nim. no 7, p. 15 (896) ; A.D. Gard G22 (898).
148 [...] nostram quartam partent... cum... et aqueductibus et reductibus cart. Nim. no 154, p. 246 (1078) ; in aquae ductibus et reductibus cart. Ag. no 389, p. 379 (1187).
149 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 1, pp. 168-169 cum ortis et ortalibus cum aquis aquarumve reductibus earum cart. Béz. no 39, p. 39 (977) ; in ortis et ortalibus cum aqueductibus eorum cari. Nim. no 155, p. 248 (1078) ; duos clausos cum arboribus et pertinentiis quis... Unus quorum confrontat ab oriente in camino de Ucecia, ab occidente in aquali. Aller ab occidente in aquali, a circio cum nostri condamine A.D. Gard H194 (1202).
150 A.D. Gard H194 (1202).
151 A.D. Hérault Aniane AA3 1293 et AA2 (1566).
152 F. Menant, Campagnes..., op. cit., pp. 173-174.
153 P. Blanchemanche, Aperçu..., op. cit.
154 P. Blanchemanche, Aperçu..., op. cit.
155 [...] vendo et trado... medietatem diei veneris ab ortu solis usque ad eadem horam die sabbati quem habeo in molendino superiori de Fonte propter magisterium A.D. Gard H699 (1162).
156 Cart. Nim. no 69, p. 115 (973), no 85, p. 137 (991), no 99, p. 156 (1002) ; cart. Béz. no 92, p. 121 (1092), no 131, p. 181 (1129) ; cart. Guill. no 162, p. 297 (1170).
157 [...] in villa Bernices... que ipsa puteum fuerit... et ad Poteum Majore in villa Bernices... casale a sisca cuberta cart. Nim. no 25, p. 47 (925) ; in villas quae dicunt Boiano et Tampuniano cum ipsa ecclesia tota, cum cellis et sacrariis cimiteriis, cum casis et casalibus, cum terris et vineis, cum exeis et regressiis, cum ortis et ortalibus atque oglatis, cum puteis, rivis, et fontis, molinis et molinaribus, aquis aquarumve decursibus earum, silvis, garricis cart. Béz. no 20, p. 15 et H.G.L. t. 5, no 68, col. 176 (937) ; quantum infra ipsas villas vel in eorum terminios habeo... id est in mansis coopvrtis... cultis et incultis, arboribus pomiferis et impomiferis, oglatis, cum ipsos puteos et cum ipsos torcularios qui ibidem sunt cart. Nim. no 108, p. 171 (1011).
158 [...] unum mansum... cum horto, ferragia et cum puteis cart. Ag. no 254, p. 228 (1107) ; una pecia orti cum puteo et domo H.G.L. t. 8, no 90, III, col. 436 (1197).
159 Pecia que est ad puteum Odalrico... de uno aspero que est ad puteum que vocant Voirando cart. An. no 47, pp. 188-189 (1040-1067) ; dono autem ultra flumen Riusec contra puteum in unam apennariam similiter quartum ib., no 237, p. 374 (1094-1108) ; sicut vadit via de Romeo mortuo usque ad puteum de Margollargues et de puteo sicut vadit strata in comba de Mariollagues ib., no 251, p. 376 (1094-1108) ; campus de Puteo Haute-Garonne H Malte St-Félix XVIII, no 59 (1148) ; Alia (pecia terra) vero est ad puteum et confrontatur de oriente cum terra Adalaicis cart. An. no 94, p. 233 (1157) ; duas pecias terre... sub puteo A.D. Gard G351 (1160) ; in campo de Puteo cart. Ag. no 58, p. 62 (1165) et no 369, p. 351 (1165) ; alia pecia que confrontatur... cum terra Guillelmi Bernardi que vocatur de Puteo cart. Guill. no 236, p. 392 (1171) ; manso de Puteo A.D. Hérault G1517 (1180) ; in terminio de Puteo cart. An. no 172, p. 308 (1211-1213).
160 [...] ad puteum Odalrico cart. An. no 47, p. 188-189 (1040-1067) ; De Puteo marino cart. Guill. no 279, p. 445 (XIIe siècle) ; cart. Valm. Reg. B f° 164r (1163) et f° 164v (1197) ; puteum ipsius Petri de Lazaro cart. Mag no 158, p. 291 (1173) ; in puteo sancti Fructuosi B.N. lat.9999, no 97 f° 98v (1173-1192) ; ad puteum Martinum A.D. Bouches-du-Rhône 56H4119 (1192).
161 [...] ilium puteum qui ipsam villam adaquat vel aliis villis circa commanentibus cart. Nim. no 4, p. 9 (889). Puteus villanus A.D. Gard G330 (1190).
162 Cf. supra, p. 270.
163 P. Blanchemanche, Aperçu..., op. cit.
164 Si vero palus predicte gardie ad pratum redierit, habebitis septimum denarium pro unaquaque carteriata et si palus seu pratum ad agriculturam redierit undecimum bladi et vini et Uni et omnium fructuum inde provenentium A.D. Gard H106 f° 74r (1121) et Si ipse boscus vel ipsa omnia prata in terram laborativam versa fuerint tam de ipsis quam de terra que ibi est... omnem decimam... reddam eo modo si paludes eidem Tamarzeto pertinentes in eundem usum verse fuerint inde similiter decimationem prestabo... De bosco qui vulgo dicitur Morterium nuncupatur in... ruptione ipsius bosci vel pratorum future sunt et omnium reddituum eodem modo Sancto Petro dono... ib. f° 55r (1141) et encore f° 74v (1190).
165 Teulet, t.I, no 133, p. 71 (1153) 2 quarterées ; B.N. Doat, vol. 256 f° 160r (1158) autant qu’il est suffisant pour 8 bœufs ; A.D. Gard H106 f° 40v (1158) 30 quarterées ; B.N. Doat, vol. 255 f° 190r (1160) 60 modiées, chiffre exceptionnel. F. Menant, Campagnes..., op. cit., p. 173 observe « qu’au stade initial de la bonification, les fossés délimitent des parcelles très vastes, où le bois, et au mieux le pré, continuent pour longtemps à tenir une place importante ».
166 Première mention, Teulet, t. I, no 70, p. 50 (1140).
167 M.-P. Ruas, Analyse carpologique du site d’Augery de Corriges, inédit.
168 A. Gardeisen, « Etat de l’élevage dans le Haut Moyen Âge camarguais et en milieu lagunaire », R. Durand, texte réunis par, L’homme, l’animal domestique et l’environnement du Moyen Age au XVIIIe siècle, Nantes, Centre de recherches sur l’histoire du Monde atlantique, Enquêtes et documents, no 19, Ouest Editions, 1993, pp. 141-162.
169 P. Blanchemanche, Aperçu..., op. cit.
170 P. Ambert, « Les dépressions nivéo-éoliennes de Basse-Provence », Comptes rendus à l’Académie des Sciences de Paris, t. 279, série D, 1974, pp. 727-729. P. Carrière, « Le dessèchement et l’aménagement hydraulique de l’étang de Montady (Hérault) », Bulletin de la société languedocienne de géographie, t. 14, fasc. 2-3,1980, pp. 99-229.
171 Cart. Gell. no 4, p. 5 (807-815) et no 77, p. 69 (1025-1046).
172 G. Larguier, Mémoires historiques sur la cure et les curés d’Ouveilhan composés par Me Joseh Amadou édités, annotés et suivis de Un Millénaire d’histoire Ouveillanaise, 1977.
173 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 2, pp. 15-19.
174 Cart. Valm. reg.A f° 138r (1168).
175 H.G.L. t. II, no 26, col. (814), no 122, col. 252 (844) ; cart. An. dipl. no 10, p. 56 (822), no 13, p. 63 (837) et no 11, p. 58 (852), priv. pap., no 1, p. 78 (965-978) ; A.D. Gard H106 f° 3v (909) et H114 (vidimus 1203) édité dans P. Lauer, Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France (893-923), Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1949, pp. 132-136.
176 Cart. An. no 99, p. 239 (fin XIIe siècle) ; A.D. Hérault G1793 (1172) et cart. Mag no 164, p. 303 (1174), no 333, p. 126 (1213).
177 Cart. Valm. reg.A f° 108v (1182).
178 [...] campo de estagno Maladuno qui vocatur Pratum episcopi cart. Bez. no 201, p. 275 (1162).
179 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 2, pp. 15-19.
180 C. Benoît, Les étangs de la Dombes au Moyen Âge, Paris, Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1992, notamment, pp. 33-50.
181 J. Vaudour, sous la direction de, Les édifices travertineux et l’histoire de l’environnement dans le Midi de la France (Provence, Languedoc, Roussillon), Travaux U.A.no 903-CNRS et ΑΤΡ-Piren Histoire de l’environnement, Travaux, no 17, Aix-en-Provence, Université d’Aix-Marseille II, Laboratoire de géographie physique, 1988.
182 A. Durand, « Apport des sources historiques du Moyen Âge central à l’histoire des travertins du Midi de la France (900-vers 1215) », J. Vaudour, sous la direction de, Les édifices..., op. cit., pp. 108-115.
183 M. Farizier, Recherches sur les macroflorcs des tufs quaternaires du Sud de la France, Diplôme de l’EPHE, Montpellier, 1980.
184 M. Zerner, « Sur la croissance agricole en Provence », La croissance agricole du Haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie, Actes des 10e Journées internationales d’histoire médiévale et moderne tenues au Centre culturel de l’abbaye de Flaran des 9-11 septembre 1988, Auch, Comité départemental du Tourisme du Gers, 1990, pp. 153-167.
185 Cf. supra, pp. 253-259.
186 Cf. supra, pp. 259-266.
187 Cart. Mars. no 101, pp. 127 et 129 (1033).
188 J. Vaudour, « Le complexe travertineux d’Auriol (Bouches-du-Rhône) », Livret-Guide de l’excursion en Basse-Provence « Tufs et travertins holocènes des Bouches-du-Rhône », Aix-en-Provence, 1985, pp. 52-55.
189 Cf. supra, pp. 259-266.
190 M. Farizier, Recherches..., op. cit.
191 J. Braun-Blanquet, « La forêt d’yeuse languedocienne, (Quercion ilicis). Monographie phytosociologique », Mémoires de la société d’étude des sciences naturelles de Nîmes, no 5, Montpellier, Mari-Lavit, 1936, p. 22.
192 P. Roiron, « La flore des tufs quaternaires de Meyrargues », J. Vaudour, sous la direction de, Les édifices..., op. cit., pp. 55-61.
193 P. Ozenda, La végétation de la chaîne alpine dans l’espace montagnard européen, Paris, Masson, 1985.
194 P. Roiron, communication orale.
195 M. Bourin-Derruau, Villages..., t. 2, op. cit., p. 12 souligne aussi le caractère non répulsif du littoral bas-languedocien en suggérant que l’abandon d’un entretien régulier des lagunes et étangs lors de la dépopulation du bas Moyen Âge serait l’une des raisons de l’apogée moderne du paludisme. Pour M. Ambert, la fermeture des graus postérieurement aux XIIIe-XIVe siècles favorise également la propagation de cette maladie voir « Le milieu naturel des étangs à l’époque médiévale », Les étangs à l’époque médiévale d’Aigues-Mortes à Maguelone, catalogue d’exposition, Lattes, Musée archéologique de Lattes, 1986, pp. 19-29.
196 G. Bertrand, Pour une histoire,..,ορ. cit.
197 E. Magnou-Nortier, La société laïque et l’église dans la province ecclésiastique de Narbonne (zone cispyrénéenne) de la fin du VIIIe à la fin du XIe siècle, Toulouse, Publications de l’université du Mirail, 1974, pp. 147-152. M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 1, pp. 111-115.
198 Cf. supra pp. 117-121.
199 G. Fournier, Le peuplement rural en Basse-Auvergne durant le Haut Moyen Âge, Paris, PUF, 1962, pp. 245-251 et 260-262.
200 J.-C. Hélas, « Le manse en Gévaudan au milieu du XIVe siècle », Cadre de vie et société ans le Midi médiéval. Hommage à Charles Higounet, Annales du Midi, t. 102, 1990, pp. 175-178.
201 Cf. supra pp. 198-202. J’emprunte à formule à C. Duhamel-Amado qui a si bien traduit ma pensée.
202 P. Toubert, Les structures du Latium médiéval : le Latium méridional et la Sabine du IXe à la fin du XIIe siècle, Rome, 1973, p. 455 et pp. 461-462, « Il sistema curtense : la produzione e lo scambio interno in Italia nei secoli VIII, IX e X », Storia d’italia, Annali 6, Economia naturelle, economia monetaria, A cura di R. Romano e Ugo Tucci, G. Einaudi editore, 1983, pp. 5-63 et, « La part du grand domaine dans le décollage économique de l’Occident (VIIIe-Xe siècles) », La croissance agricole du Haut Moyen Âge. Chronologie, modalités, géographie, Actes des10e Journées internationales d’histoire médiévale et moderne tenues au Centre culturel de l’abbaye de Flaran des 9-11 septembre 1988, Auch, Comité départemental du tourisme du Gers, 1990, pp. 52-86.
203 C. Duhamel-Amado, « L’alleu paysan a-t-il existé en France méridionale autour de l’an Mil ? » R. Delort, sous la direction de, La France de l’an Mil, Paris, Le Seuil, 1990, pp. 142-161.
204 P. Bonnassie, La Catalogne..., op. cit., pp. 224-242, 436-445 et 573-589 et pp. 816-824. C. Lauranson-Rosaz, L’Auvergne et ses martes (Veley, Gévaudan) du VIIIe au XIe siècle. La fin d’un monde antique, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, 1987, pp. 397-408. J.-P. Poly, La Provence et la société féodale 879-1166. Contribution à l’étude des structures dites féodales dans le Midi, Paris, Bordas, 1976, pp. 87-89 et 130-135. L. To Figueras, « Le mas catalan du XIIe siècle : genèse et évolution d’une structure d’encadrement et d’asservissement de la paysannerie », Cahiers de civilisation médiévale, t. 36, 1993, pp. 151-177.
205 C. Duhamel-Amado, L’alleu..., op. cit.
206 A. Durand, Paysages, terroirs et peuplement dans les campagnes du Languedoc médiéval (Xe-XIIe siècles), Thèse de l’université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, 1991, pp. 220-222.
207 [...] mansos duos... cum casis, casaliciis, exeis, ortis, oglatis, campis, vineis, molinis, molinaribus, arboribus pomiferis et impomiferis, aquis, aquarum vel decursibus earum cart. An. no 245, p. 372 (968) ; mansum et apendaria... cum ortis et exeviis et regressis earum sive cum distillicidiis illorum cum campis et vineis cultis vel incultis, arboribus pomiferis et impomiferis aquis (trou) vel eductibus earum A.D. Gard H106 f° 7r (1003) ; manso uno... cum terris et vineis, et cum quantum ad ipum mansum aspicit cart. Nim. no 105, p. 166 (1009) ; duos mansos cum hominibus et feminis... cum terris, vineis, ortis, ortalicis, cultis et incultis, pratis, pascuis, oglatis, arboribus pomiferis et impomiferis, aquis, aquarumve decursibus, exeis et regressis cart. An. no 293, p. 417 (1094-1108) ; mansum... cum omnibus adjacenciis, terris cultis et incultis, vineis, ortis, arboribus pomiferis, aquis aquarumve decursibus, ib. no 152, p. 292 (1036-1061) ; mansum de Planis cum apennaria... cum ominibus et feminis et terris et vineis et arboribus pomiferis et impomiferis cart. Gell. no 532, p. 453 (1156) ; totam illam partem de mansi de Podols... sit in terris, vineis, pratis aquis, pascuis, heremis, cultis et incultis cart. Mag. no 221, p. 398 (1183) ; mansum qui vocatur mansum de la Lausa... cum ommibus terris, vineis, casalibus, localibus, pratis, pascuis, heremis et cum omnibus cultis et incultis, ib. no 224, p. 404 (1194).
208 [...] totum et ab integrum cum campos, cum vineas, cum boscos, cum piscatorias, cum salinas, cum terras cultas et incultas... Et in ipso Palaizo atio manso cart. Conq. no 17, p. 22 (998-1010) ; mansus... cum vineis et campis... cum hortis et cum pratis, cum hennis et garricis, cum palustribus et siccis A.D. Gard H106 f° 6r(Xe-XIe siècle) ; Quidquid infra istos mansos... sive sint prata, paludes, condamine, parranes, aque, ripie, ripatica, insuie, venationes, piscationes, jus piscandi, tesure, arbores, pascua, pasturalia, henni, garrice, culta et inculta A.D. Gard H76 (1202).
209 [...] manso que vocatur Rovoria... et teneat ipsum mansum... exceptis medietatem de ipso bosco et medietatem de ipsa qua cum ipsa piscatoria cart. Gell. no 174, p. 155 (984-991) ; no 173, p. 154 (999) et no 5, p. 7 (vers 1005) ; mansum unum de Plaias... cum ipsum medium flumen et ipsos molinos et cum ipsum boscum, ib. no 13, p. 16 (999) ; mansus... secus decursus Aurauris... cum... cultis et incultis, boscis, aquis aquarumque decursibus, molendinis, piscatoriis, ib. no 369, p. 300 (1104) et no 531, p. 452 (1133).
210 [...] in atio modo in medietate prefati mansi habuimus sive in hominibus vel feminis, in terris, in vineis, in ortis, in arboribus fructibus et in ripariis, in aquis jamque ductibus, in molendinis, in molaribus cart. An. no 125, p. 268 (1158). Et encore mansum de Jonchario cum hommes et feminis cum ortis et parranis A.D. Bouches-du-Rhône 56H4360 (1183).
211 [...] mansus... cum rovoria cart. Gell. no 125, p. 108 (vers 1070) ; mansum de Roveria cart. An. no 58, p. 198 (1100) ; mansis scilicet de Vaisseria cart. Gell. no 463, p. 376 (1105) ; mansum Felgairetas... et medietatem faginei nemoris quod Fajaobscura vocatur... quod est juxta predictum mansum cart. Silv. no 357, pp. 281-282 (1138) ; el tneig de la Blaqueira, A.D. Bouches-du-Rhône H Malte Ste-Eulalie, XV, no 4 (1183) ; mansum de Elzeto... cum campis, heremis, pratis, pascuis, garrigis, ripperiis, nemoribus, patuis, cultis et incultis A.D. Gard H38 (1205).
212 [...] caput mansum unum cum boscho cart. Gell. no 5, p. 7 (1005) ; mansum cum omni adjacencias suas... cum ipsos boscos quod ad ipsum pertinent cart. An. no 132, p. 275 (1020-1036) ; Petrum Duranti de Valle et alios mansos de Valle possessores octo porcos empascatrabamus in boscos de Valle ib. no 331, p. 445 (1153).
213 [...] mansum... cum ingressis et regressis cum pascuis, boscis, aquis, lapidibus cart. Gell. no 483, p. 392 (1101).
214 [...] mansos II... cum terris cultis et vineas, cultas et incultas, pratis, pascuis, silvis, garriciis, arboribus pomiferis et impomiferis, aquis aquarum vel deductibus earum cart. Nim. no 55, p. 94 (957) ; ipse mansus... quantum ibidem habemus... id est in casis, casalicis, curtis, oglatis, ortis, pratis, pascuis, silvis, garrucis, arboribus pomiferis et impomiferis, aquis aquarum vel decursibus earum cart. Gell. no 81, p. 72 (982) ; mansum qui vocatur Cantalupus... tam condrictum quant ermum in pascuis et boschis, in montibus et vallibus, in planis, in petris et avenchis, in rivis et lacchis ib. no 34, p. 35 (1027-1033) ; manso uno cum curte et orto cum arbores et exavo et regresso earum et cum terras et vineas, cultas et incultas, pratis, pascuis, silvis, garriciis, arboribus pomiferis et inpomiferis, aquis aquarum vel deductibus earum cart. Nim. no 123, p. 195 (1031-1057) ; mansus... cum terris cultis et incultis, cum vineis, cum decimis, cum pascuis, cum ortis, cum arboribus pomiferis et impomiferis, cum silvis, garrigas, cum aquis aquarumve decursibus cart. An. no 115, p. 257 (1036-1059) ; mansum que appellatur Cumbas... cum cultis et incultis, cum pascuis, silvis, egressus et ingressus cart. Gell. n” 69, p. 63 (vers 1070) ; mansum de Arborles... cum cultis et incultis, cum pascuis et hermis ib. no 202, p. 175 (1077-1099), etc.
215 [...] mansum de la Roca cum casalibus, campis, vineis, nemoribus, garricis, devesis, ortis, arboribus, riperiis, hermis et condrictis A.D. Hérault 58H190 (1205).
216 Cf. supra p. 201.
217 G. Fournier et P.-F. Fournier, « La vie pastorale dans les montagnes du centre de la France », Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, t. 91, no 676, 1983, pp. 199-358. J.-C. Hélas, « Les paysages gévaudanais du XVesiècle : l’apport des terriers », Le paysage rural : réalités et représentations, Actes du10e congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public tenu à Lille 18-19 mai 1979 publiés dans la Revue du Nord, t. 62, no 244, 1980, pp. 233-246.
218 E. Magnou-Nortier, « La terre, la rente et le pouvoir dans les pays de Languedoc pendant le Haut Moyen Âge, 2e partie : la question du manse et de la fiscalité foncière », Francia, t. 10, 1982, pp. 21-66. « À propos de la villa et du manse dans les sources méridionales du Haut Moyen Âge », Annales du Midi, t. 96, 1984, pp. 85-91. « L’impôt foncier du terroir de Saint-Julien de Psalmodi d’après les rôles de 1171 et de 1198 », Cahiers de civilisation médiévale, t. 29, 1986, pp. 207-230. « Les pagenses, notables et fermiers du fisc durant le haut moyen âge », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 65, 1987, pp. 237-256. « Le grand domaine, des maîtres, des doctrines, des questions », Francia, t. 15, 1987, pp. 659-699.
219 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 1, p. 114.
220 A.D. Hérault 58H190 (1205). Si deux des voies confrontent directement le manse de la Roque, les deux autres sont in medio de deux honneurs qui eux bordent directement le manse. L’une est sans aucun doute l’ancien chemin partant du castrum de Montlaur : il sépare effectivement en deux les biens de Béranger, seigneur dudit castrum. La limite septentrionale de cet honneur est matérialisée par une ancienne sente. L’autre voie est moins repérable mais la limite paroissiale en fournit le terminus ante quem.
221 Cart. Mag. no 106, pp. 204-205 (1129-1158).
222 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 2, pp. 28-30.
223 J.-P. Poly, La Provence..., op. cit., pp. 110-111.
224 Cf. supra pp. 268-273.
225 P. Bonnassie, La Catalogne..., op. cit., p. 447.
226 J.-F. Blanc, Paysages et paysans des terrasses de l’Ardèche, Annonay, J.-F. Blanc, 1984. P. Blanchemanche, Bâtisseurs de paysages. Terrassement, épierrement, et petite hydraulique agricoles en Europe (XVIIe-XIXe siècles), Paris, Maison des sciences de l’homme, 1990.
227 Pour les plus anciennes super ipsa via... longia cart. Nim. no 22, p. 39 (923) ; supra ipsa villa... vinea ib. no 53, p. 106 (963) ; ubi vocant Canito super campos ib. no 109, pp. 172-173 (1015) ; ipsa terra super via a dextra manu cart. Gell. no 269, p. 223 et no 271, p. 224 (1031-1046) ; ipsas vineas... quas haheo super Fontes et super viam que vadit als Banquetos ib. no 187, p. 165 (1077-1099) ; ipsas terras que sunt super caminum qui de Margarita ad Canons discurrit cart. Nim. no 175, p. 284 (1080-1096).
228 Cart. Nim. no 10, pp. 20-21 (905). Et encore : ipse campus subtus ipsa Meliorata... alia vinea ubi vocant subtus ViUanova ib. no 44 p. 75-76 (943) ; ipsos complantarios que sunt subtus S. Amantio cart. An. no 314, p. 433 (978).
229 P. Toubert, Les structures..., op. cit., p. 286.
230 P. Blanchemanche, Les bâtisseurs..., op. cit., pp. 80-132.
231 A. Bazzana, M. Bertrand, P. Cressier, P. Guichard et Y. Montmessin, « L’hydraulique agraire dans l’Espagne médiévale », A. de Reparaz, éd., L’eau et les hommes en Méditerranée, Paris, CNRS, 1987, pp. 43-66.
232 R. Landi, « Sistemazioni collinari », Italia agricola, juillet-septembre, 1980, pp. 122-142.
233 [...] ad Asperos una faxia terre cart. Béz. no 122, p. 170 (début XIIesiècle) ; ipsam faxam de vinea desuper Costam siccam... et faxam totam de vinea quem habeo ad ipsas Combas ib. no 114, p. 158-159 (1110) ; ad Podium Caminum... in faxia Poncii de Aviaz cart. Ag. no 159, p. 155 (1128) ; una faxia de terra ad Podium Biterrense cart. Béz. no 198, p. 268 (1160).
234 Cart. Gell. no 57, p. 54 (987-988).
235 [...] ipsa faissa... in terminio de valle Junant et tenet de campo desuper stratum usque in aquam que currit per vallem Junant cart. Gell. no 195, p. 170 (1102).
236 [...] faissa... in Castanedo A.D. Bouches-du-Rhône 56H4920 (1138) Aujac.
237 Deux mentions en tout et pour tout, cart. Gell. no 499, p. 408 (fin XIe-début XIIe siècle) et cart. Valm. reg.B Vairac no 11, f° 140v (XIIe siècle).
238 P. Blanchemanche, Les bâtisseurs..., op. cit., pp. 132-145.
239 Ainsi cette faïsse, non localisée, mais située dans une région de plateaux ou de montagnes unam faissam de terra in qua potest cadere unum modium de annona cart. Gell. no 387, p. 323 (1077-1099).
240 R. Fossier, séminaire, Aix-en-Provence, 1996.
241 J.-C. Hélas, Les paysages gévaudanais…,op. cit.
242 E. Le Roy Ladurie, Les paysans de Languedoc, t. 1, Paris, EHESS, 2e éd., 1985, pp. 179-184. M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 2, pp. 25-26.
243 P. Bonnassie, La Catalogne..., op. cit., p. 94 et p. 250. M. Van der Veen, « An early médieval hilltop seulement in Molise : the plant remains from D85 », Papers of the British School at Rome, t. 53, 1985, pp. 211-224. G. Cornet, Le paysan et son outil. Essai d’histoire technique des céréales (France, VIIIe-XVe siècle), Rome, Collection de l’École française de Rome, vol. 165,1992, pp. 256-265.
244 M.-P. Ruas, « Analyse des paléo-semences carbonisées », C. Raynaud, F. Brien-Poitevin, L. Chabal, P. Columeau, M.-F. Diot, A. Durand, Y. Manniez et M.-P. Ruas, Le village gallo-romain et médiéval de Lunel-Viel (Hérault). La fouille du quartier ouest (1981-1983), Besançon, Annales littéraires de l’Université de Besançon, vol. 422, 1990, pp. 96-104 et « Les plantes exploitées en France d’après les semences archéologiques », Plantes et cultures nouvelles en Europe occidentale, au Moyen Âge et à l’époque moderne, Actes des 12e Journées internationales d’histoire médiévale et moderne tenues au Centre culturel de l’abbaye de Flaran les 11-13 septembre 1990, Valence-sur-Baïse, Centre culturel de l’abbaye de Flaran, 1992, pp. 9-35.
245 G. Cornet, Le paysan..., op. cit., p. 210.
246 [...] quartam partent tocius decimacionis in frumento et ordeo et in Omni tritico, blado et omnibus leguminibus cart. Mag. no 31, p. 67 (1109).
247 E. Bénévent, « La vieille économie provençale », Revue de géographie alpine, t. 26, 1938, pp. 531-569 et D. Faucher, « Polyculture ancienne et assolement triennal dans la France méridionale », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, t. 5, 1934, pp. 241-255.
248 N. Coulet, « Rotation de culture en Basse-Provence », Techniques et sources documentaires, Actes de la Table ronde organisée à Aix-en-Provence par G. Démians d’Archimbaud, IRM, Aix-en-Provence, 1985, pp. 201-205.
249 M.-P. Ruas, Un grenier incendié au XIVe siècle dans le village perché « Le Castlar » à Durfort (Tarn) : apports paléoethnographiques des semences carbonisées, Mémoire de l’EHESS, Paris, 1989.
250 R. Buxo i Capdevila, Recherches sur les données carpologiques du site de Lattes (Hérault), DEA, Université de Montpellier III, 1988, p. 21.
251 B.N. Doat, vol. 58, fol. 110r (1037).
252 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 2, p. 26.
253 La formulation habituelle est mescla unde sunt duas partes frumenti et tercia ordei notamment dans cart. Guill. no 53, p. 94 (1138) ; cart. An. no 78, p. 216 (1136) et no 79, p. 217 (1136) ; cart. Béz. no 201, p. 275 (1162).
254 L’analyse carpologique effectuée par M. Van der Veen, An early..., op. cit. sur un habitat méditerranéen de Molise en Italie (VIe-lXe siècle) aboutit à une conclusion similaire.
255 Citations de la céréale, cart. Nim. no 131, p. 209 (1039-1077) ; A.D. Hérault reg.A fol. 150r (1151) et fol. 150v (1160) ; A.D. Haute-Garonne H Malte St-Félix, 18, no 90 (1183) ; cart. Ag. no 361, p. 338 (1234). Microtoponymes, cart. Guill. no 277, p. 444 (XIIe siècle) et no 478, p. 663 (1166) ; cart. An. no 170, p. 306 (1175) ;
256 Trois citations seulement, cart. Valm. reg.A fol. 150r (1151) et fol. 150v (1160) ; A.D. Haute-Garonne H Malte 105B fol. 182r no 16 (1209).
257 E. Le Roy Ladurie, Les paysans..., p. 183.
258 R. Fossier, Les hommes et la terre en Picardie jusqu’à la fin du XIIIe siècle, Amiens, 1989, 2e éd., pp. 129-132.
259 P. Toubert, Les structures..., op. cit., pp. 247-248.
260 Cart. Gell. no 323, p. 267 (1051-1071) et no 259, p. 217 (1077-1099) ; cart. Mag. no 51, p. 101-102 (1109-1129) et no 81, p. 163 (1151) ; cart. Ag. no 174, p. 170 (1141) ; A.D. Haute-Garonne H Malte Pézenas 10 no 96, (1180-1223) ; cart. Béz. no 279, p. 396 (1181) ; A.D. Gard Fonds Boifils de Massanes (1183) ; Teulet, I, no 525, p. 212 (XIIe siècle) ; cart. Guill. no 140, p. 274 (XIIe siècle).
261 Cart. An. no 60, p. 200 (1094-1114).
262 A.D. Haute-Garonne H Malte Pézenas 7 no 70 (1157).
263 N. Coulet, Rotations..., op. cit. G. Duby, « Techniques et rendements dans les Alpes du Sud en 1338 », Annales du Midi, t. 70, 1958, p. 405. D. Faucher, « L’assolement triennal en France », Études rurales, no 1-4, 1961, pp. 7-17. C. Higounet, « Une carte agricole de l’Albigeois vers 1260 », Annales du Midi, t. 70,1958, pp. 65-71. J.-C. Hélas, Les paysages gévaudanais..., op. cit. E. Le Roy Ladurie, Les paysans..., op. cit., pp. 76-77. T. Sclafert, « Usages agraires dans les régions provençales avant le XVIIIe siècle », Revue de géographie alpine, t. 29, 1941, pp. 471-492. F. Sigaut, « Pour une cartographie des assolements en France au début du XXe siècle », Annales ESC, t. 31, 1976, pp. 631-643.
264 G. Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval, Paris, 1962, p. 181.
265 E. Le Roy Ladurie, Les paysans..., op. cit., pp. 183-184 et M. Gramain, « Usages et techniques agraires dans la région de Pézenas aux environs de 1300 », Études sur Pézenas et sa région, t. 2, 1970, pp. 7-15.
266 Ce lien a déjà été souligné par N. Wizun, Les communautés d’habitants du Rouergue du XIe au XIIIe siècle, Mémoire de maîtrise, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 1983, pp. 47 et 81.
267 Pour les plus anciennes, cart. Gell. no 136, p. 117 (1042) ; cart. Béz. no 65, p. 74-75 (vers 1050) et no 66, p. 84 (vers 1056) ; A.D. Hérault G277 (1077-1094).
268 A.D. Gard H106 f° 84v ; cart. Guill. no 302, p. 486.
269 Cart. Guill. no 100, p. 209 (1103-1104).
270 C. Duhamel-Amado, « Pouvoirs et noblesse dans la Gothie : formation du réseau aristocratique biterrois au Xe siècle », La Catalogne et la France méridionale autour de l’an Mil, Actes du colloque Hugues Capot 987-1987 de Barcelone (2-5 juillet 1987), Barcelone, Generalitat de Catalunya, 1991, pp. 160-173.
271 C. Duhamel-Amado, « Aux origines des Guilhems de Montpellier (Xe-XIe siècle). Questions généalogiques et retour à l’historiographie », Études sur l’Hérault, n.s.7-8, 1991-1992, pp. 89-108 et La famille aristocratique languedocienne. Parenté et patrimoine dans les vicomtés de Béziers et d’Age (900-1170), Thèse d’état, Université de Paris IV-Sorbonne, 1995, t. II, Portraits de familles, pp. 391-426.
272 Cf. supra pp. 236 et 244. A. Durand et J.-L. Vernet, « Anthracologie et paysages forestiers médiévaux. À propos de quatre sites languedociens », Annales du Midi, 99 (1987), pp. 397-405 et A. Durand, « Dynamique biogéographique des boisements forestiers en Languedoc durant le Moyen Âge : l’impact de l’an Mil », Les charbons de bois, les anciens écosystèmes et le rôle de l’homme, Actes du colloque de Montpellier, 10-13 septembre 1991, Bulletin de la société botanique de France, t. 139,1992, pp. 627-636.
273 R. Dugrand, La Garrigue nord-montpelliéraine. Essai d’explication d’un paysage, Paris, 1964.
274 Au singulier, cart. Gell. no 446, p. 363 (1077-1099), au pluriel, cart. Guill. no 466, p. 647 (XIIe siècle) et n” 547, p. 729 (1118) ; cart. None. no 38, p. 49 (1195) ; A.D. HauteGaronne H Malte 105B f° 136r no 54 (1210) et fo75r no 32 (1210) ; cart. An. no 16, p. 151 (1212).
275 A.D. Haute-Garonne H Malte Pézenas V no 56 (1165-1215) et XII, no 134 (1192).
276 Cart. An. no 170, p. 305 (1175) ; A.D. Bouches-du-Rhône 56H4363 (1200) ; A.D. Haute-Garonne H Malte 105B f° 136r (1210) et f° 75r (1210).
277 N. Planchais, « Palynologie lagunaire de l’étang de Mauguio. Paléoenvironnement végétal et évolution anthropique », Pollen et spores, t. 24, 1982, pp. 93-118.
278 Cf. supra pp. 307-308.
279 N. Coulet Rotations..., op. cit.
280 T. Sclafert, Usages..., op. cit.
281 G. Duby, L’économie..., op. cit., pp. 177 et 180.
282 J.-P. Devroey, « La céréaliculture dans le monde franc », L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, Settimane di studio del centro italiano di studi sull’alto medioevo, Spoleto (30 mars-5 aprile 1989), Spolète, XXXVII, 1990, pp. 221-253
283 L. White, Technologie médiévale et transformations sociales, Paris, 1969, pp. 78-79 et F. Sigaut, L’agriculture..., op. cit.
284 C. Parain, Outils, ethnies et développement historique, Paris, 1979, p. 63.
285 F. Sigaut, L’agriculture..., op. cit., pp. 19, 29, 118, 124, 111.
286 M. Bourin-Derruau, Villages..., op. cit., t. 1., pp. 162-179.
287 T. Sclafert, Usages..., op. cit. E. Le Roy Ladurie, Les paysans..., op. cit., pp. 180-184.
288 N. Coulet, Rotations..., op. cit.
289 N. Planchais, Palynologie..., op. cit.
290 N. Planchais, communication orale, 1986.
291 N. Planchais, « Premiers résultats d’analyse pollinique de sédiments versiliens en Languedoc », Le Quaternaire, Géodynamique, Stratigraphie et Environnement, Actes du 9e Congrès international de l’inqua tenu à Christchurch, supplément au Bulletin de l’Association française pour l’étude du Quaternaire, t. 36, 1973, pp. 146-152. A. Pons, M. Reille, H. Triat, M. Couteaux, G. Jalut, S. Ôner, N. Planchais, et J.-L. Vernet, « Les données historiques et l’étude de la flore méditerranéenne », La flore du Bassin méditerranéen. Essai de systématique synthétique, Actes du Colloque international du CNRS, no 235 tenu à Montpellier les 4-8 juin 1974, Paris, CNRS, 1975, pp. 305-326.
292 G. Dupias, Végétation des Pyrénées, notice détaillée de la partie pyrénéenne des feuilles de, collection C Bayonne - 69, Tarbes - 70, Toulouse - 71, Carcassonne - 72, Luz - 76, Foix - 77 et Perpignan - 78 carte de la végétation de la France au 1/200000e, Paris, CNRS, 1985, pp. 73-74.
293 Cf. infra pp. 346-348.
294 Cf. supra pp. 180-183, première création de saltusau IXe siècle suivie au Xe siècle d’une exploitation et deuxième vague de déforestation au XIe siècle également suivie d’une exploitation.
295 G. Bonnier, Grande Flore de France, Paris, Belin, 1990, vol. 3, p. 198. H. Coste, Flore de la France, Paris, 1901, t. 1, p. 265. P. Fournier, Les quatre flores de France, Paris, 1990, p. 640. M. Guinochet, R. de Vilmorin, Flore de France, Paris, CNRS, 1975, p. 377 indique seulement que l’arbre est naturalisé dans toute la France.
296 O. Ginouvez et L. Schneider, communication orale. J’ai depuis eu l’occasion d’en rediscuter avec D. Garcia qui se montre beaucoup moins affirmatif.
297 G. Delibrias, in litteris. La référence de la datation de Béziers est Gif-7453.
298 M. Chadefaud et L. Emberger, Traité de Botanique systématique, t. II, Les végétaux vasculaires, Paris, Masson et Cie, 1960, pp. 658-659. Les auteurs ajoutent que l’essence est endémique dans les Balkans et la Pologne.
299 F. Pax, « Fossile Pflanzen von Trebnitz Jahresber », Schles. Ces. Vaterl. Cuit., t. 84, 1906, pp. 53-56. G. Depape, « Le monde des plantes à l’apparition de l’homme en Europe occidentale. Flores récentes de France, des Pays-Bas, d’Angleterre », Annales de la Société scientifique de Bruxelles, série B, Sciences physiques et naturelles, t. 47, 1928. W. Szafer, « La flore pliocène de Kcróscienko (Pologne) », Polska akademia umiejetnoscied, Roszprày Wydziatu matematycznoprzyrodniczego, t. 72, B no 2, 1946, p. 133. A. Pons, Contribution palynologique à l’étude de la flore et de la végétation pliocènes de la région rhodanienne, Thèse d’État, Université de Montpellier, 1964.
300 M. Girard, « Résultats préliminaires de l’analyse pollinique », A. Tchernia, P. Pomey, M. Hesnard, M. Couvert, M.-F. Giacobbi, M. Girard, E. Hamon, F. Laubenheimer, F. Lécaille, A. Carrier-Guillomet, A. Chéné, J.-M. Gassend, G. Réveillac et M. Rival, L’épave romaine de la Madrague de Giens (Var). Campagnes 1972-1975, 34e supplément à Gallia, Paris, CNRS, 1978, pp. 112-116.
301 A. Tchernia, M. Girard, F. Poplin, « Pollens et ossements animaux de l’épave romaine 3 de Planier (Provence) », L’exploitation de la mer. La mer, moyen d’échange et de communication, Actes des 6e rencontres internationales d’archéologie et d’histoire tenues à Antibes en octobre 1985, Juan-les-Pins, apdca, 1986, pp. 231-256.
302 J. Bernard, Première contribution de l’analyse pollinique de sédiments marins à la connaissance de l’histoire quaternaire de la végétation provençale, Thèse de spécialité, Université d’Aix-Marseille III, 1971, pp. 72-98.
303 A. Querrien et Bui-Thi-Mai, communication orale. Il faut préciser qu’en palynologie le matériel fossile se différencie bien du matériel actuel, ce qui n’est pas le cas des charbons, et que le pollen d’Aesculus sp. est parfaitement identifiable.
304 J. Renault-Miskovsky, Bui-Thi-Mai, M. Girard, « À propos de l’indigénat ou de l’introduction de juglans et Platanus dans l’Ouest de l’Europe au Quaternaire », Revue de Paléoécologie, vol. spécial, Genève, 1984, pp. 155-178.
305 J.-L. Vernet, « Analyse de charbons de bois de niveaux Boréal et Atlantique de l’abri de Châteauneuf-les-Martigues », Bulletin du Muséum d’Histoire naturelle de Marseille, t. 31, 1971, pp. 97-103 et « Étude sur l’histoire de la végétation du Sud-Est de la France au Quaternaire d’après les charbons de bois principalement », Paléobiologie continentale, vol. 4, no 1, 1973, p. 53. J. Renault-Miskovsky, « Analyse pollinique des sédiments post-glaciaires de l’abri de Châteauneuf-les-Martigues », Bulletin de l’association française pour l’étude du Quaternaire, t. 26, 1971, pp. 33-42. H. Triat-Laval, « Analyse pollinique de la tourbière de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) », Ecologia mediterranea, t. 1, 1975, pp. 109-121. F. Brunner, L’indigénat du Pin d’Alep (Pinus halepensis Mill.) en Languedoc par l’étude des pollens des sédiments versiliens de la lagune de Palavas, DEA, Université des Sciences et Techniques du Languedoc, Montpellier II, 1979.
306 H. Triat-Laval, Contribution pollenanalytique à l’histoire tardi-et post-glaciaire de la végétation de la Basse Vallée du Rhône, thèse d’État, université d’Aix-Marseille III, 1978. P. Ozenda, La végétation de la chaîne alpine dans l’espace montagnard européen, Paris, Masson, 1985.
307 J.-L. Vernet, Étude..., op. cit.
308 J.-L. Vernet, « La végétation du bassin de l’Aude, entre Pyrénées et Massif Central, au Tardiglaciaire, d’après l’analyse anthracologique », Review of Paleobotany and Palynology, t. 30, 1980, pp. 33-55. L. Chabal, Forêt et sociétés en Languedoc (Néolithique final, Antiquité tardive). L’anthracologie, méthode et paléoécologie, Paris, Documents d’archéologie française no 63, 1997.
309 J.-L. Vernet, « Analyse anthracologique de la fosse 1 tardo-romaine de Médor (Ornaisons, Aude) », J. Guilaine, J. Vaquer, J. Coularou et F. Treinen-Claustre, coord., Ornaisons-Médor. Archéologie et écologie d’un site de l’âge du Cuivre, de l’Age du Bronze final et de l’Antiquité tardive, Toulouse-Carcassonne, Centre d’anthropologie des sociétés rurales, Archéologie en terre d’Aude, 1989, pp. 245-246.
310 F. Brunner, L’indigénat..., op. cit. N. Planchais, « La caractérisation palynologique de la période de Fontbouisse dans la Plaine languedocienne », Comptes rendus à l’Académie des Sciences de Paris, t. 308, série 2,1989, pp. 265-268.
311 L. Chabal, « Étude paléoécologique de l’occupation gallo-romaine », C. Raynaud, F. Brien-Poitevin, L. Chabal, P. Columeau, M.-F. Diot, A. Durand, Y. Manniez et M.-P. Ruas, Le village gallo-romain et médiéval de Lunel-Viel (Hérault). La fouille du quartier ouest (1981-1983), Besançon, Annales littéraires de l’Université de Besançon, vol. 422, 1990.
312 H.G.L. t. 2, no 122, col. 252 (844) ; A.D. Gard H106 f° 3v (909), f° 24r (1125) ; H.G.L. t. VIII, no 20, VI, col. 305 (1174) et A.D. Gard H66 et H80 (1183).
313 C. Higounet, « Les forêts de l’Europe occidentale du Ve au XIe siècle », Agricoltura rurale e monde rurale in Occidente nell’alto medioevo, Settimani di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, XIII, Spoleto, 1965, Spoleto, 1966, pp. 343-398.
314 R. Molinier et G. Talion, « La Camargue, pays de dunes et Vers la Forêt en Camargue », La terre et la vie, vol. 19, 1965, pp. 3-134 et 135-185.
315 Cf. supra pp. 189-193.
316 J. Bernard, « Analyse pollinique du remplissage versilien de la grotte sous-marine de la Trémie (Cassis, Bouches-du-Rhône) », Comptes rendus à l’Académie des Sciences de Paris, t. 274,1972, pp. 46-49.
317 M. Bourin-Derruau, Villages médiévaux en Bas-Languedoc : genèse d’une sociabilité (XeXIVe siècle), t. II, La démocratie au village (XIIIe-XIVe siècle), Paris, L’Harmattan, 1987.
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