Conclusion de la deuxième partie

1Au-delà des conséquences tangibles et positives du rapatriement sur la population juive et la ville de Toulouse, il importe de dégager ses impacts sur le fait communautaire lui-même. À un moment où la notion traditionnelle de Communauté israélite se trouve en crise, le contexte du rapatriement donne, à l'échelle de Toulouse, de l'ampleur à Tune des institutions communautaires, le FSJU. Placé par ses fonctions au cœur du processus d'aide à l'insertion des nouveaux venus, il acquiert une force inédite, puisqu'il se met à assumer de fait non seulement les besoins concrets des hommes mais aussi leurs aspirations intellectuelles. Face à une situation d'urgence qui pourrait menacer la Communauté, il en assure la sauvegarde matérielle et spirituelle. Il se veut architecte d'une Communauté nouvelle, à laquelle il donne un sens différent de celui proposé par les religieux, voire les anciens cadres. Puisant dans son expérience d'œuvre sociale, le FSJU propose une conception sécularisée de la Communauté, collectivité d'hommes qui se reconnaissent comme juifs et ont en commun un certain nombre de besoins (cultuels, culturels, sociaux) spécifiques auxquels doivent répondre les organisations communautaires. Outre qu'elle ne définit pas vraiment ce qui fait le lien entre les individus, cette perception se trouve confrontée à un terrible défi. Car s'il est relativement simple de répondre aux besoins matériels des hommes, que va devenir la Communauté, une fois l'urgence dépassée ? À cela, répond la notion de besoin culturel, dans lequel est inclus le culte. C'est bien autour de cette idée que Ton va tenter de donner un centre de gravité à la Communauté nouvelle. La logique interne du processus communautaire est ici largement épaulée par le contexte intellectuel de ce début des années soixante, qui s'interroge avec ferveur sur la place et le rôle de la culture dans la société moderne.