Le site de Béthoncourt (Doubs) : cassage du minerai
p. 81-83
Texte intégral
Localisation géographique
1Les mines sont situées dans la forêt de Salignonsale à l'ouest de Montbéliard (Doubs) dans la forêt communale de Bethoncourt (fig. 88 et 88a).
Contexte géologique
2Les anciennes mines de Bethoncourt (Doubs) sont situées dans les calcaires tabulaires du Jurassique supérieur (Séquanien). Le minerai de fer sidérolithique se trouve dans des argiles rouges ou bolus, concentrées dans des poches karstiques ou étalées en nappes à la surface des calcaires ou encore remanié dans des brèches calcaires (fig. 89). Des failles d'orientation nord-sud traversent ces formations. Elles ont favorisé les phénomènes d'érosion et accéléré les processus de karstification comme dans la forêt du Salignonsale (Morin et Rosenthal, 1995, pp. 201-210).
Historique
3Les premiers témoignages attestés d'extraction minière datent du XVIe siècle. Ils sont subordonnés à l'ouverture en 1590 de la forge de Chagey (Haute-Saône) puis de sa dépendance à Audincourt (Doubs). Frédéric, Comte de Montbéliard, Duc de Wurtemberg autorise les frères Nicolas et Joseph Morlot à créer une forge et un haut fourneau à Chagey, avec engagement de retour à la Seigneurie. Il leur accorde le droit de tirer les mines. Vers 1619, sous le règne de Louis-Frédéric, la forge d'Audincourt voit le jour. Ces deux établissement vont rapidement augmenter leur production. La demande en minerai est considérable pour l'époque. Bien souvent, les deux forges se partagent les marchés et les gisements comme celui de Bethoncourt (ADD E 278 1742).
4Les premières exploitations eurent lieu à ciel ouvert et sont mentionnées dans les documents d'archives du XIXe siècle sous le vocable de grabonnières. Le grabon est une terre argileuse jaunâtre rendant entre 1/3 et 1/2 du volume du vide en minerai lavé (Archives DRIRE Franche-Comté 1862). Celles-ci étaient placées dans le voisinage d'affleurements qui ont été atteints par des puits temporaires de 10 à 20 m de profondeur. L'exploitation a été rendue à peu près impossible dans ces conditions, par suite de l'enfoncement du gîte sous les masses supérieures (...) (Archives DRIRE Franche-Comté 1862).
5A Bethoncourt, le jaunot, nom donné par les mineurs à une brèche argilo-calcaire de couleur jaune était souvent associé au grabon. Le jaunot renferme également des grains de minerai de fer mais en quantité moindre. L’exploitation se termine dans la deuxième moitié du XIXe siècle (Thirria, 1834, tome 6, pp. 32-37).
Archéologie
6Les mines de la forêt de Salignonsale exploitaient un minerai pisolithique intégré dans les fissures et les boyaux d'un calcaire karstique et un minerai d'altération fortement induré de type sidérolithique recouvrant l'ensemble (fig. 90).
7L'exploitation était menée à ciel ouvert par évidement vertical des remplissages interstitiels.
8Les mineurs de l’époque ont mis au jour un lapiaz encore visible dans le paysage. Progressivement les exploitations se sont enfoncées dans le sous-sol en suivant les galeries horizontales qui s'amorcent à la base d'anciens entonnoirs de dissolution et de gouffres.
9A des profondeurs variant entre 5 et 15 m, s'étend un réseau de galeries étroites et ramifiées dont le gabarit n'excède pas 1 m. Ces galeries sont reliées au jour par des puits circulaires artificiels de 1,5 à 2 m de diamètre forés depuis la surface au pic et à la pointerolle (fig. 91).
10Ces puits, soigneusement aménagés, avaient pour fonction l'aérage et l'évacuation du minerai. Leur emplacement situé parfois à quelques mètres de l'accès principal, coïncide le plus souvent à un carrefour, une bifurcation ou un changement important de topographie dans le réseau souterrain. Cette position peut s'expliquer par la morphologie complexe des conduits et leur exiguïté, elle permettait aussi de contrôler l'exploitation en surface et ainsi de rationaliser l'extraction.
11L'accès principal aux réseaux est situé à la base des puits naturels ou le long de parois calcaires dégagées par les travaux d'extraction préalables. L'abattage s'effectuait à la houe ou au pic dont les traces sont encore visibles sur les parois. Le minerai pisolithique était évacué à l'extérieur dans des paniers et véhiculé jusqu'aux lavoirs.
12Les formations de recouvrement du minerai pisolithique, ou jaunot, étaient extraites par carrières situées au nord de la zone parallèlement à l'axe du versant.
13Cette brèche fortement indurée était directement concassée au pied des fronts de taille (fig. 92) Les sédiments issus du concassage étaient triés sur place comme en témoigne la présence de haldes caillouteuses grano-classées (fig. 93).
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